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3ème dimanche de Pâques C

Ils sont repartis vaquer à leurs occupations… ceux que Jésus a appelés en premier : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jacques et Jean, et deux autres disciples… Les fidèles parmi les fidèles. Ils reprennent leur travail, comme trois ans plus tôt… Il faut bien vivre… Alors, on fait ce que l’on savait faire… La pêche pour Pierre et ses amis…

 

 

D’ailleurs, le « Je m’en vais à la pêche » de Pierre ressemble à un « tant qu’à faire, autant faire quelque chose d’utile maintenant que le maître n’est plus avec nous… ». Après tout, si Jésus est parti, Pierre et ses amis sont toujours de ce monde et la vie continue ... Ils doivent continuer à vivre même emplis de tristesse et d’incompréhension… La belle aventure est-elle terminée, la désillusion est-elle là ? Il semble bien triste ce petit matin au bord du lac de Tibériade. Et en plus ils ne pêchent rien… Même pas un petit poisson… Rien de rien… même pas quelque chose à donner à cet homme qui les interpelle.

 

Mais l’aurore n’est-elle le début de tous les possibles ? 

 

Et voilà que cet inconnu, au bord du lac leur conseille de lancer le filet sur la droite leur promettant de faire bonne pêche… Les corps sont fatigués, les muscles sont courbattus, mais dans un dernier élan, les pêcheurs obéissent… et c’est le miracle ! … Tant de poissons sont récoltés qu’ils n’arrivent pas à tout ramasser…

 

Alors, l’apôtre que Jésus aimé, reconnaît le Maître « C’est le Seigneur ! » et ce triste matin se transforme en un merveilleux commencement qui va confirmer Pierre dans son rôle de berger du troupeau des chrétiens.

 

Subtil rappel du petit matin de Pâques où le Christ apparut sans tambour ni trompettes aux femmes venues au tombeau (Elles aussi ne l’avaient pas reconnu) … Subtil rappel de cette fameuse course vers le tombeau au travers de Pierre l’impétueux qui se jette à l’eau et de Jean qui, le premier, reconnait le Maître. Subtil rappel de la résurrection, à l’aurore d’un jour nouveau où le Christ nous ouvre l’éternité !  Et, si Jean a été le premier à arriver au tombeau vide, Pierre est le premier à arriver à la nage… 

 

L’ami si cher est bien là, tranquillement présent au bord du lac, même si son apparence physique semble avoir changée…

 

Et Pierre de reprendre l’initiative. Il va chercher la pêche, les 153 poissons, comme un patron, comme le patron de l’Eglise qu’il sera… D’après certains spécialistes de l’Antiquité, cent cinquante-trois espèces de poissons étaient répertoriés à l’époque. Ce chiffre prend alors une valeur symbolique d’universalité : les apôtres découvrent leur vocation à devenir des pécheurs d’hommes, en annonçant la Bonne Nouvelle à tous les hommes, de tous les temps et de tous les espaces, « jusqu'aux extrémités du monde ». La pêche est miraculeuse. Elle préfigure le peuple de croyants que les apôtres amèneront au Christ.

 

S’en suit un repas frugal préparé par le Christ. Rappel de la dernière cène et du don précieux de l’Eucharistie, il ressemble aussi tant à celui de la multiplication des pains … Christ est venu donner en abondance… Christ est venu se donner en abondance au travers du pain de l’Eucharistie.  

 

Alors, vient le face à face avec Simon Pierre et, en écho à ses trois reniements au jour de la Passion, Jésus pose trois fois la même question à l’apôtre : « M’aimes-tu ? ». Simon-Pierre fils de Jean m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Simon-Pierre, fils de Jean toi qui m’as renié trois fois, m’aimes-tu ? Pas de reproche, pas de culpabilisation, pas de demande d’explication, Jésus connait le cœur de l’homme. Un simple « m’aimes-tu ». Lorsque quelqu’un vous demande si vous l’aimez, cela signifie qu’il attend de vous un retour à l’amour qu’il vous porte à priori. Cela veut dire qu’il vous aime et qu’il n’attend qu’une chose : votre amour.

 

Jésus aime Pierre. Jésus pardonne à Pierre. Et c’est en réponse à cet amour que Jésus, regardant Pierre, lui demande : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » De quel amour s’agit-il ? 

L’amour dont parle Jésus n’est pas une affaire d’émotion ni d’affection superficielle. Il s’agit ici de l’amour de charité, de l’amour bienveillant, de l’amour total, du don de soi. Jésus nous a donné l’exemple de cet amour, il l’a exprimé en acte en acceptant volontairement de donner sa vie pour le salut de l’humanité.

 

A vrai dire, Jésus ne doute pas de l’amour de Pierre pour lui, mais il veut l’entendre non seulement de sa bouche mais plus encore, du plus profond du cœur de Pierre, comme ont jailli de ses entrailles ses larmes de repentance... Jésus n’attend pas et ne veut pas entendre une parole vague, une parole en l’air, une vaine parole mais une parole vraie.

 

La réponse d’amour que Dieu attend de Pierre est importante, elle est nécessaire, elle est indispensable pour qu’il puisse lui confier sa mission de Pasteur de ses brebis. C’est une manière de lui dire que c’est seulement dans sa fidélité d’amour à Dieu qu’il peut accomplir sa mission. Et Pierre de répondre trois fois : « Oui, Seigneur, tu le sais ». Alors le Christ peut lui confier d’être le berger de ses brebis. Pierre aura donc une vie tout entière employée au service de son Maître : et cette vie de fidélité et de dévouement sera couronnée dans sa vieillesse par le martyre, couronnement de sa vie et de son dévouement. 

 

Et aujourd’hui le questionnement de Jésus est une manière de nous dire que la vocation de tout être humain, c’est d’aimer. Aimer Dieu d’abord, lui la source de l’amour, lui qui nous aime, c’est aussi l’aimer au travers de notre prochain en faisant sa volonté qui est de nous aimer les uns les autres.

 

Or aujourd’hui, dans l’aurore d’une nouvelle journée naissante, le Christ qui vient éclairer nos vies du soleil de sa résurrection et de son amour, pose à chacun de nous la même question : « M’aimes-tu ? » et cette question, nous invite à suivre le Seigneur sur des chemins inconnus qui nous mèneront au service de l’amour.

 

Surtout, chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de lui répondre « Oui, Seigneur, tu le sais, je t’aime », et même si nous avons le sentiment de ne pas savoir comment aimer Dieu, si nous avons peur de mal l’aimer, si nous ne nous sentons pas dignes de l’aimer, il ne faut pas avoir peur d’être aimé par lui. Car pour savoir comment aimer, il faut d’abord et peut-être essentiellement, se laisser aimer par celui- là même qui, le premier, nous a aimés, et qui chaque jour continue de nous aimer et, éternellement nous aimera à tout jamais. Alors, peu à peu, pas à pas, le Seigneur en personne nous donnera envie d’aimer et nous apprendra à le faire. « C’est un fait naturel », écrivait saint Thomas d’Aquin, « que le cœur aimant est habité par celui qu’il aime. Qui aime Dieu le possède en soi. Car qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. » et il conclut par cette belle formule : « Telle est la nature de l’amour : il transforme en l’être aimé. Aimez Dieu et vous serez tous divins ! ». Alors sautons de nos barques et plongeons dans l’océan de l’amour de Dieu. Amen

 

Jean-Marie Blondel

 

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