5ème dimanche de Pâques C
« Le Christ est ressuscité ! » Nous chantons souvent ce tropaire de Pâques, au chant d’entrée, après la consécration… C’est ce mystère que nous contemplons durant ce temps pascal. Il y a un danger : c’est celui de croire que le Christ ressuscité, assis à la droite du Père, est inactif. Notre credo peut alors ressembler à un catalogue de vérités qui se suivent comme des « tableaux » ; quand on en a posé un, on attend le suivant … ce sera l’Ascension !
Non ! L’acte de la résurrection a introduit dans notre vieux monde un dynamisme de nouveauté, de renouvellement, de transformation inouï. « Par la résurrection d’entre les morts,…toute la situation du monde et de l’homme s’est transformée de fond en comble. La crise la plus intime et la plus décisive du monde a déjà éclaté. ».[1] Cette résurrection est à l’œuvre sans cesse, depuis la résurrection du Seigneur, fortement et discrètement à la fois, jusqu’à l’achèvement que sera l’avènement glorieux de Jésus. Jusqu’à l’établissement définitif du Royaume de Dieu. « La bienheureuse espérance que nous attendons ». Comme le dit le texte de l’Apocalypse lu ce matin, en ce moment, « Dieu fait toutes choses nouvelles ». Le monde nouveau ne vient pas d’un coup – comme l’attendait Israël et peut-être nous-mêmes… Il vient dans le secret.
Jésus l’avait dit : « Quand je serai élevé de terre, - on dirait avec l’Evangile de St Jean d‘aujourd’hui quand je serai glorifié sur la croix – quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi. » Eh bien en ce moment, Jésus Vivant attire tout à lui, sans cesse : cœur par cœur humain, mais aussi la création, jusqu’au caillou. Tout doit être incorporé au Christ pour devenir l’homme nouveau, la terre nouvelle et les cieux nouveaux. L’Apocalypse ce matin est claire : « j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, le 1er ciel et la 1ère terre s’en sont allés… » La préface dira tout à l’heure : « Le monde ancien est détruit, la création déchue est renouvelée et dans le Christ, nous est rendue la Vie en plénitude. ».
Et Jésus Ressuscité agit dans le monde par son Eglise. « Il ne l’abandonne pas à sa solitude… il continue à se tourner vers le monde, il ne cesse d’être présent à son Eglise, il poursuit son édification et lui ouvre un espace vital dans le monde. »[2] Glorifié maintenant, le Christ est toujours « présent à l’univers en y faisant valoir ses droits… Son but est d’intégrer le monde dans sa sphère corporelle, dans le Corps du Christ ou pour parler comme St Paul dans le plérôme du Christ ».[3]
Le récit des actes des Apôtres lu ce matin en est bien l’illustration. Paul et Barnabé sont dans le sud de la Turquie actuelle, lors de leur 1er voyage apostolique. La mission est rendue fructueuse : quand ils racontent leur mission aux chrétiens d’Antioche ils disent « tout ce que Dieu avant avec eux et comment il avait ouvert aux nations la porte de ma foi. ». Ils ont bien conscience que Dieu ouvre la porte du cœur pour qu’on puisse accueillir ce qu’ils ont à annoncer du Christ !... même si l’évangélisation fut difficile et que Paul fut lapidé !
Et Jésus ressuscité agit dans le monde par ses sacrements. Il faudrait en parler plus longuement, ce n’est pas possible ce matin. Qu’un citation nous résume ce point : Au tournant du carême, le lundi 4, l’Eglise prie ainsi : « Dieu, Tu rénoves le monde par la force inexprimable de tes sacrements ».[4]
Enfin, l’Evangile de ce jour, nous rappelle que le seul signe apparent de l’avènement du Royaume en secret dans ce monde, c’est l’amour fraternel des disciples conquis par le Christ. Car c’est amour vient de Lui : « Aimez vous comme je vous ai aimés, c’est-à-dire de l’amour même dans je vous ai aimés. » Il faut aimer de l’amour même de Jésus déposé dans notre cœur par l’Esprit reçu dans les sacrements. St Jean de la Croix exprime cela en disant : « Le plus petit acte de pur amour a plus de prix aux yeux de Dieu, il est plus profitable à l'Eglise et à l'âme elle-même que toutes les autres œuvres réunies. » Nous savons tout le progrès qui est attendu de nous dans nos communautés mais aussi, dans notre Grande Eglise, en matière de charité fraternelle signe du Royaume qui vient. Amen.
[1] Heinrich Schlier Sur la Résurrection de Jésus p. 68-69
[2] idem p. 71
[3] idem p. 72. Le plérôme Eph 1, 2/21-23) C’est la plénitude du Christ dans son cops qui est l’Eglise.
[4] Oraison de collecte du lundi 4ème semaine du carême.