la Sainte Trinité
Un seul Dieu est. Tel est le grand message de l’Ancien Testament d’Israël légué à l’humanité et tenu envers et contre tout pendant tant de siècles depuis le Buisson ardent de Moïse, au milieu de difficultés immenses.
Un seul Dieu est amour. Tel est l’accomplissement du Nouveau Testament révélé par Jésus aux apôtres et aux disciples sur la Croix authentifiée par la Résurrection ; et confessé envers et contre tout, dans la joie comme dans la persécution, sous les railleries comme sous le mépris.
Un seul Dieu est amour.
Amour en lui-même :
Jésus nous a parlé tant de fois de son Père avec lequel il passait de longues nuits d’intimité, avec lequel il vivait tout instant de sa vie. « Le Père ne me laisse jamais seul ». Et Jésus a révélé tardivement la mystérieuse présence de l’Esprit Saint, le lien entre le Père et lui, « l’intimité sacrée de Dieu » dont parle Romano Guardini.
Mais aussi Amour donné :
Dieu aurait pu arrêter là sa manifestation. Et il serait resté devant nous le Dieu trois fois Saint, inaccessible, que « nulle parole ne peut dire ». Et il faut le reconnaître : Dieu est ainsi pour tant de croyants, même chrétiens. Il est le Dieu devant qui on se tient, peut-être on se tient à carreau, à qui on rend visite le dimanche, le Dieu qui n’intervient pas dans nos vies.
Mais – c’était la fête de dimanche dernier - « le Christ nous a envoyé celui qui est en Dieu « la proximité » entre le Père et le Fils : le St Esprit. Il est l’intimité sacrée de Dieu lui-même,... le lien, le baiser de Dieu.
Il est l’intériorité de l’inaccessible » pour nous, pour qu’il vienne habiter en nous, St Paul ne dit-il pas : « vous êtes le Temple de l’Esprit Saint »1.
Et Dieu est venu à nous et en nous comme CONSOLATEUR.
Un mot biblique méconnu.
Chez St Paul, le mot « consolation ou consolateur » est souvent associé au nom même de Dieu : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, Dans toutes nos détresses, il nous console; ainsi, nous pouvons consoler tous ceux qui sont dans la détresse, grâce à la consolation que nous recevons nous-mêmes de Dieu. En effet, de même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même, par le Christ, nous sommes largement consolés », c’est dans la 2ème épître aux Corinthiens.2 Et dans les Romains : « Que le Dieu de la persévérance et de la consolation vous donne d’avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres selon Jésus-Christ. »3
Mais c’est surtout la grande annonce du prophète Isaïe que nous lisons en Avent « Consolez, consolez, mon peuple dit le Seigneur.4» Et tout le livre d’Isaïe qui s’ouvre ainsi, parle de la mission de Jean-Baptiste, de la tendresse de Dieu et de la venue du Serviteur souffrant ! Et la même annonce jaillit à la fin du livre d’Isaïe5 : « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez. Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. »
Dieu nous console, c’est-à-dire Dieu nous aime avec miséricorde et prend un soin infini de nous : l’Esprit répandu en nos cœurs nous unit au Christ Unique de Dieu.
Ecoutez Romano Guardini exprimer cette consolation divine dont nous sommes l’objet :
« Dieu est venu à nous, en nous afin de nous rénover par la nouvelle naissance que nous recevons de lui. Sa main touche aux racines de notre vie. Il est le Créateur œuvrant dans la liberté de la pure plénitude d’amour. C’est ainsi qu’il sait consoler.6
Comment la consolation a-t-elle lieu ? Non pas certes par raison ou par calcul. Discourir et prouver ne console pas et laisse froid. ..
Il y a dans la consolation divine quelque chose de vivant : une proximité, une action, un commencement, un renouvellement... Dieu sait reconnaître ce qui est à vif ou aride... Il s’avance jusqu’au centre vital, jusqu’aux profondeurs où jaillit la vie. Celle-ci est lassée : Dieu consolateur fait alliance avec elle, ouvre à la vie un champ libre, la fait sortir d’elle même pour qu’elle se redresse, recommence à sourdre et trouve sa voie à travers toutes les ruines et tous les déserts à l’intérieur de ce cœur humain.
Voilà ce qu’est consoler pour Dieu : éveiller, créer, faire naître, donner et appeler l’autre à ce qu’il a de meilleur... agir en lui mais précisément, par là, rendre libre. La consolation divine délivre, soutient, dilate mais de telle sorte que le consolé se redresse à partir de son propre centre et recommence... Dieu touche ton âme et tout est renouvelé... La réalité est demeurée ce qu’elle était et pourtant tout est rénové et tu es convaincu qu’il vaut la peine, divinement la peine d’exister et de persévérer. 7»
Comme le chante le poème de Pentecôte, cette consolation divine se fait dans la vie quotidienne, « au milieu du travail, si je m’ouvre à Dieu, une présence m’apporte le repos ; dans la chaleur et l’accablement, un souffle rafraîchissant vient de lui et fait jaillir la consolation même dans la souffrance et le chagrin... »
Cette consolation est celle du Dieu Vivant venu en moi... aujourd’hui. Telle est la splendeur du Dieu Trinité qui console.
Amen.
- 1 1 Co. 3/16 et 6/19
- 2 2Co1/3-5
- 3 Rom. 5/15
- 4 Isaïe 40/1
- 5 Isaïe 66/10-13
- 6 Romano Guardini Le Dieu Vivant 1991, Artège 2022 p. 126 7 p.124à127
Commentaires
Oh Dieu
Toi qui est, unique ,
Amour ,en toi-même et amour donné,
Esprit Saint ,baiser donné,
Tu as touché mon âme et tout mon étre est renouvelé,
Redressé;
Douce Trinité donne nous ,croyants consolés,
D'être attentifs et proches de ceux et celles de notre entourage
Qui cherchent dans
Malheurs et combats
Une présence pacifiante et un souffle de fraîcheur!
Merci! Amen!