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20ème dimanche C

         « Les yeux fixés sur Jésus ».

         Ce matin, l’Evangile de St Luc nous donne trois confidences de Jésus ; c’est comme si pour une fois, le Seigneur nous ouvrait son cœur intime. Notre maître est secret, il marche souvent en tête du groupe des apôtres, il les impressionne au point qu’ils ont « peur » de poser des questions… Il y a comme une sévérité, comme une gravité… Aujourd’hui le Seigneur parle.

 

         Il dit sa mission : « je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il brûle déjà. » Puis il révèle comment ce fera ce don : « Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Ce don se fera dans sa Pâque qu’il appelle « baptême » et enfin ce que va produire sa mission : «Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » 

         D’un point de vue humain, nous pouvons noter que notre maître est une personnalité passionnée, ardente : il est venu apporter un feu et il piaffe qu’il ne brûle déjà… pas tellement de l’impatience … plutôt un désir ardent de faire ce don aux hommes. Cela explique la hâte que nous découvrons dans l’évangile selon st Marc avec la répétition de l’adverbe « aussitôt » dès le commencement du ministère de Jésus.

         Il y a aussi de l’angoisse aussi dans le cœur du Christ devant sa passion … La sœur Jeanne d’Arc traduit : « combien  je suis oppressé jusqu’à ce qu’il soit accompli » Cet événement pèse donc sur lui au point d’envahir sa conscience humaine et de concentrer sur lui ses énergies. Cette « oppression » vient peut-être aussi de la dernière phrase : la conscience d’être une personne « clivante » sur laquelle on va se diviser jusqu’au sein des familles.

         Expliquons. Je suis venu apporter un « feu ».  Aussitôt dans votre cœur familier de la Bible tout de suite plein de références au feu vous viennent à l’esprit :

- le feu de la Pentecôte dans les langues de feu sur la tête de chaque apôtre

- le feu de la manifestation de Dieu à Moïse, à Elie

- l’enlèvement d’Elie entre Jéricho et la Mer Morte dans un char de feu

- Le feu des séraphins ces anges de feu qui entourent Dieu

- Le fleuve de feu qui coule devant l’Ancien des Jours dans le prophète Daniel

         Le « feu » c’est donc le feu de l’Esprit. Jésus est venu pour nous redonner de feu du souffle divin que nous avions reçu à la création et que nous avions perdu dans notre refus de l’obéissance due à Dieu. C’est le Don par excellence, c’est l’accomplissement du Dessein de Dieu que les hommes reçoivent à nouveau et en plénitude le Don du Souffle divin. Et ce Don se fait dans la baptême de la Passion du Seigneur : Mort/résurrection/ et don de l’Esprit sont un seule t même acte sauveur. Le salut, c’est d’être saisi par l’Esprit et de vivre de ce feu.

         Je suis venu apporter la division. Bien sûr Jésus ne veut pas cette division et ne la donne pas ! Mais devant la personnalité de Jésus et son message, les hommes se divisent. C’est déjà un fait du vivant de Jésus. Et Jésus annonce que ce sera ainsi jusqu’à la fin des temps.

         Non que Dieu l’ait voulu ! Non que nous ayons à la désirer ou la provoquer !

         Mais nous devons accepter que ce soit ainsi. Et qu’il ne faille pas sans cesse adapter le message pour le rendre recevable !... ce que notre Eglise fait tout le temps depuis tant d’années… Au point que le message du Christ est devenu insignifiant, perdu dans le discours ambiant… adapté à aujourd’hui ! Comme si Jésus pouvait être inadapté à l’homme !!!! Et quand le message appauvri, arrangé, est porté en plus par des chrétiens tiédasses, profil bas pour passer inaperçus, sans feu ni ardeur… 

         L’Evangile est neuf et comme tel, par son origine, il est étrange, en contradiction avec le discours enfermé du monde : enfermé dans la raison réduite à la science, enfermé dans un homme qui prétend tout gouverner tout seul… Ne voyez-vous pas comme tout cela est vieux, usé, fini… désespéramment en crise… ?

         D’ailleurs comme le vieux, symboliquement,  ça brûle de partout. Amen

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