19ème dimanche A
Elie un homme de feu. 9ème siècle av . JC. Il vit principalement dans le Royaume du Nord, sous le roi Achab et sa terrible épouse –Jézabel. Il souffre très profondément de l’infidélité du peuple de Dieu à son Dieu, infidélité du peuple encouragée par le roi et surtout son épouse, princesse phénicienne, de Sidon. On ne renie pas vraiment le Seigneur mais on prie aussi les idoles en particulier Astarté la grande déesse des Sidoniens. On ne renie pas Dieu on vit comme s’il n’existait pas !
Elie vient de convoquer tout le peuple sur le mont Carmel. Il a fait découvrir que le Dieu d’Israël était le vrai Dieu car lui seul a répondu à la prière d’Elie et mis le feu au sacrifice préparé alors que les dieux païens n’ont pas répondu !
Puis Elie va trop loin, fait ce que Dieu lui reprochera : il massacre les 450 prophètes de Baal. Jézabel le recherche… pour le faire périr.
il s’enfuit à l’Horeb…. Le chemin est pénible, c’est loin… Elie déprime… il lui faut l’encouragement de Dieu par son Ange pour qu’il aille jusqu’au bout.
Et c’est le récit d’aujourd’hui. Notre texte abrège trop :
- il a d’abord un dialogue : « que fais-tu là ? » demande Dieu. Et Elie répond : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. »
- Dieu alors lui annonce qu’il va passer devant lui. Qu’Elie se prépare ! Mais contrairement à ses passages antérieurs, Dieu n’est ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu …. mais dans « le murmure silencieux d’une brise légère », ou « la voix de fin silence d’une brise légère », … Difficile à traduire…le bruit du slience… Dieu ne se dit donc pas dans les cris du sacrifice du Carmel, dans les cris de prophètes de Baal qui se tailladaient les corps et hurlaient mais aussi dans les cris de violence d’Elie.
D’ailleurs les apôtres vont faire une expérience comparable devant Jésus qui marche sur les eaux : eux qui attendent une manifestation en gloire et en force du Messie, une manifestation divine tonitruante pour écraser tout le monde dans l’adoration… sont devant une manifestation qui les surprend et les effraye, sans bruit,… dans le secret de la nuit, pour eux seuls !... manifestation aussi silencieuse que la multiplication des pains.
Elie est ensuite corrigé par Dieu : pour une 2ème fois, il lui demande pourquoi il est là ! Selon Dieu il ne devait donc pas y être ! Et à la même réponse d’Elie, Dieu le renvoie avec des missions à accomplir et lui rappelle « Mais je garderai en Israël un reste de sept mille hommes : tous les genoux qui n’auront pas fléchi devant Baal et toutes les bouches qui ne lui auront pas donné de baiser ! » Elie n’est pas tout seul comme il croit.
De même, quand Pierre regarde le Christ et s’en remet à son commandement – « dis-moi de venir à toi » – tout va bien. Mais qu’il pense à lui ou manifeste même intérieurement une méfiance ou une crainte, le voilà qui coule !
Il y a un autre Elie dans les lectures d’aujourd’hui : Paul.
Paul qui avoue : « C'est la vérité que je dis dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint : j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même, pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du Christ. ». C’est capital d’entendre dire cela : tant de fois nous voyons Paul sévère avec ses coreligionnaires juifs, les invectivant avec force … qu’il est capital que nous comprenions d’où vient cette « violence » : comme Elie, d’un amour passionné pour son peuple et d’une déception, d’un scandale devant une telle apostasie… La presse que Paul exerce vis à vis de ses frères est motivée par l’amour pour eux !... par l’incohérence impensable de leur réaction : « Ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen. »
Cette passion qui anime Elie et Paul à 10 siècles l’un de l’autre devant l’infidélité du peuple nous interroge : nous n’avons pas leur violence mais avons-nous leur amour pour nos frères chrétiens apostats ? Sommes-nous bouleversés par cet état de fait dans notre pays comme en Europe ? Comment gérons-nous cette très difficile situation d’être pris entre le scandale honteux que présente le fait de renier un Dieu qui ne leur a fait que du Bien depuis tant de siècles et l’amour fraternel qui leur est dû, malgré leur sottise si souvent crasse, leur égarement dont ils souffrent déjà et leur entêtement à couler coûte que coûte, même en voyant déjà les conséquences dramatiques de ce refus ? Ou pire, devant leur morne indifférence ? Leur stupéfaction devant notre surprise ? Amen.
Commentaires
*N'étant pas partie en vacances cet été ,
J'ai suivi avec bonheur les jmj de AàZ sur kto.
J'ai perçu de nombreuses fois ds les catéchèses des évêques ou du st Père la demande d'exercer ce cœur à cœur silencieux avec Dieu pour se laisser faire et ...sanctifier.
Le bruit du silence avec Dieu d'1 million de jeunes assoiffés de silence,
a été impressionnant pour moi.et derrière l'écran c'est comme si j'entendais le murmure de la brise divine ,la voix de fin silence promise par Dieu à son prophète; tout en percevant derrière comme une clameur ,...rien n'est parfait...la clameur de ceux qui ne voulaient,ou ne pouvaient pas, rester bouche fermée.
L'eccueil c'est aussi par ailleurs que la vie de silence ne soit qu'extérieure et reste" pleine de soi même" ."NON PAS MOI, MAIS TOI SEIGNEUR ! "C'est le grand combat de la prière.
**Pour revenir à Paul et à la question du P.Bombardier,
concernant la situation difficile de gérer à la fois un amour vrai pour Dieu et le respect auquel ont droit ceux qui le rejettent,le haïssent ou pire lui sont indifférents,
vivons ensemble , nous sommes tous "mêlés"mais cultivons le bon grain en nous,exhortons notre proche à le cultiver aussi;c'est notre part d'évangélisation, et pas la moindre.Faisons le avec une joie patiente qui s'offre et pardonne.