4ème dimanche de l'Avent
Il y a quatre dimanches, au début de ce merveilleux temps de l’attente, le temps de l’Avent, voilà que, pour commencer notre préparation à la venue du Christ, il nous était proposé d’être des veilleurs prêts à tous moments à recevoir Dieu lors de son retour ou de notre rencontre privilégiée avec Lui. Le dimanche suivant, c’est St Jean Baptiste qui nous invitait à la conversion ; dimanche dernier, le même St Jean nous invitait à « rendre droits les chemins du Seigneur », faisant allusion au prophète Isaïe, nous donnant son exemple d’humilité et de droiture du cœur nécessaires pour accueillir Dieu : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas (...) et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. », en d’autres termes, je ne suis pas digne d’être son esclave...
Aujourd’hui, comme l’aboutissement de tous ces conseils destinés à nous rendre totalement disponibles à cette rencontre avec Dieu qui tôt ou tard se fera, et de la vivre comme le plus merveilleux moment de notre propre existence, nous voici emmenés à Nazareth, cette ville inconnue de l’Ancien Testament, autant dire : au milieu de nulle part, et nous entrons dans l’intimité d’une jeune fille, vierge, Marie, qui subitement voit sa vie bouleversée par l’annonce qu’un Ange lui fait : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ». Nous voici en présence de celle qui découvre qu’elle va être la Mère de Dieu, l’Eve Nouvelle grâce à qui Dieu vient sauver notre condition humaine.
Or pour accepter avec tant de docilité l’annonce faite par l’Ange, elle devait avoir tout son être en attente pour accepter que Dieu fasse jaillir en elle la vie, qui nous ouvre à tous la vie éternelle !
Elle devait avoir un cœur droit, paisible, sans méandres pour recevoir sans crainte l’annonce faite par l’Ange, qui pourtant venait bousculer sa vie, tous ses projets. Elle devait avoir l’âme pure pour être fécondée par l’Amour infini. « Combien cette union fut grande en Marie : c’était non seulement à la volonté, mais aussi la chair de Marie que Dieu s’unissait, de façon à produire de la substance de Dieu et de celle de Marie un seul être, le Christ » (saint Bernard : Homélie III Missus est, 4).
Elle était « Comblée-de-Grâce » de la salutation même de l’Ange et son humble acceptation de la volonté de Dieu « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » en est la preuve flagrante. Pour engendrer celui qui « ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu » elle accepte d’être la « servante du Seigneur », c’est-à-dire l’esclave du Très Haut disponible à sa volonté. C’est justement ce qui fait d’elle l’exemple parfait de toute sainteté.
C’est pourquoi, parmi les saints, Marie, la Mère du Seigneur est le miroir de la sainteté à la quelle nous sommes toutes et tous appelés.
Elle nous dévoile tout le programme de sa vie : ne pas se mettre elle-même au centre, mais faire place à Dieu, rencontré tant dans la prière que dans le service du prochain afin que le monde devienne bon. Marie est grande précisément parce qu’elle ne veut pas se rendre elle-même grande, mais elle veut rendre Dieu grand. Elle est humble : elle ne veut être rien d’autre que « la servante du Seigneur » (cf. Lc 1, 38. 48). Elle sait qu’elle contribue au salut du monde, non pas en accomplissant son œuvre, mais seulement en se mettant pleinement à la disposition des initiatives de Dieu. Elle est une femme d’espérance : uniquement parce qu’elle croit aux promesses de Dieu et qu’elle attend le salut d’Israël ; l’ange peut venir chez elle et l’appeler au service décisif de ces promesses.
Benoît XVI disait de Marie : « C’est une femme de foi : « Heureuse celle qui a cru », lui dira Élisabeth (Lc 1, 45). Le Magnificat qu’elle chantera lors de sa rencontre avec Elisabeth est, pour ainsi dire, portrait de son âme. Il est entièrement brodé de fils de l’Écriture Sainte, de fils tirés de la Parole de Dieu. On voit ainsi apparaître que, dans la Parole de Dieu, Marie est vraiment chez elle, elle en sort et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu.
Il se manifeste ainsi que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée. » (Benoît XVI, enc. Deus caritas est, 25 décembre 2005, n° 41)
Enfin, Marie est une femme qui aime. Comment pourrait-il en être autrement ? Comme croyante qui, dans la foi, pense avec les pensées de Dieu et veut avec la volonté de Dieu, elle ne peut qu’être une femme qui aime. Elle se précipitera à l’aide de sa cousine âgée qui a conçu, elle aussi, un fils. Elle s’inquiétera de la disparition de son fils à Jérusalem, heureuse de le retrouver sain et sauf. Elle percevra les besoins des époux à Cana et elle les présente à Jésus. Elle respectera les choix de vie de son fils, gardant dans son cœur les événements qu’elle ne comprenait pas. Elle sera seule, en pleurs, au pied de la Croix, espérant contre toute espérance. Et certainement, elle exultera d’une joie sans limite à la résurrection de son Fils, récompensée pour l’éternité pour tant d’amour.
Voilà chers frères et sœurs, celle qui aujourd’hui a accompagné notre cheminement vers la crèche de Bethléem dans laquelle nous allons adorer notre Sauveur en la personne de ce frêle nouveau-né que Marie va enfanter.
Voilà le chemin de sainteté qu’elle nous trace, elle l’immaculée : Foi, écoute, disponibilité, fidélité, service, humilité, attention au prochain, effacement, confiance, espérance, amour et joie sans limite.
Que le Seigneur dans sa grande miséricorde nous donne la joie de mettre nos pas dans ceux de Marie, à notre humble mesure, avec nos forces limitées, mais avec toute notre volonté, afin que, nous aussi, nous allions exultant d’allégresse, vénérer son Fils bienaimé dans la crèche.
Amen.