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Epiphanie

Ne prenons pas trop à la légère cet épisode de la visite des Mages que St Matthieu vient de nous raconter. Ce récit a tant bercé notre enfance que nous sommes comme pris malgré nous dans les filets du conte ou de l’histoire qu’on raconte aux enfants. 

Matthieu est très sérieux quand il nous rapporte ce fait ! 

D’abord nous sommes en pleine histoire vraie. 

- Hérode est personnage bien connu, très contrasté : à la fois grand bâtisseur, avec une réel talent, organisateur hors pair mais aussi très jaloux de son pouvoir jusqu’à éliminer par des crimes crapuleux et violents, ceux de sa famille qui pourrait le gêner : épouse, enfants, collaborateurs trop ambitieux. Il est d’autant plus méfiant que son trône ne tient que par la bienveillance romaine ; il se sait détesté de ses concitoyens au point d’avoir ordonné de tuer le jour de sa mort tous les responsables des provinces pour qu’on pleure quand même le jour de sa mort ! 

 

- Les Mages aussi sont des personnages connus. On en trouve en Assyrie et en Babylonie mais, à l’époque de la naissance de Jésus, surtout dans le monde des Perses et des Mèdes. Hérodote et bien des historiens en parlent, Socrate et Platon également. Ils sont souvent associés à la religion de Zoroastre, fondateur d’une religion, né dans le Nord de l’Iran autour du 12ème siècle avant JC. Ils sont religieux, prêtres, ils pratiquent la magie – d’où leur nom – et surtout l’étude des astres. Ils sont vénérés par les populations. 

- La famille de Jésus, nous la connaissons ! Elle vit toujours à Bethléem et maintenant dans une maison pour eux seul ou peut-être toujours dans leur famille. Et Jésus approche les deux ans, il marche et joue comme un enfant de cet âge. 

Que nous St Matthieu par ce texte ? 

1 – Dieu veut se faire connaître de tout homme pas seulement des juifs son peuple ! Et pour se faire connaître, il sait faire signe. 

2 – Ce signe, il est souvent dans le monde de celui à qui Dieu veut s’adresser : Pour Syméon, sa recherche intérieure du Messie ; pour Anne, son désir de la consolation de Jérusalem ; pour Nathanaël sous son figuier, sa recherche biblique studieuse ; pour Jean et André, leur curiosité pour Jésus... Pour Moïse autrefois, ce fut le buisson qui ne se consumait pas... Jean le dit dans le prologue de son Evangile : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (v9) Et Dieu doit sans cesse solliciter les hommes, pas seulement par des miracles. Dieu cherche inlassablement les hommes selon la question à Adam : « Adam où es-tu ? Ou bien, selon une voyélisation autre, où en es-tu ? » 

3 – Selon la disposition intérieure de l’homme, il reçoit le message, il se laisse interroger par l’énigme, il cherche à comprendre, à saisir... ou bien il reste indifférent. Rabbi Baruch cherche à expliquer à un ami que Dieu est un compagnon à chercher. Un de ses petits enfants jouait avec un autre petit garçon et tout à coup il pleure : il se cache mais l’autre refuse de le chercher. Et Rabbi Baruch de s’écrier : « Dieu dit a même chose : je me cache mais personne ne vient me chercher. »1 

4 – Ensuite, après s’être interrogé, il faut que l’homme intrigué aille jusqu’au bout ! Les Mages sont allés jusqu’au bout... il a fallu préparer parler entre eux de ce qu’ils avaient vu, chercher, peut-être questionner autour d’eux et recevoir 

des moqueries, préparer ce voyage, décider d’aller questionner le roi du lieu... le tout dans une grande incertitude ! Tout était neuf, il fallait sortir du pays... et malgré tout, la question demeurait : qui cherchons-nous ? 

5 – Et que dire de leur arrivée à Jérusalem ? Accueillis... certes mais provoquant un trouble ! Et surtout, il leur fallut faire confiance aux prêtres et savants juifs, quand ils ont désigné Bethléem comme la ville où les événements ont dû se passer.... Selon les prophéties... vérification que eux juifs, ne vont pas faire ! Seul Hérode, dit vouloir aller l’adorer... mais après les mages ! 

6 – le plus étrange est encore à venir ! Ils partent encore plus dans l’inconnu...on comprend leur joie de retrouver l’étoile ! Et alors ce qu’lls voient, est encore plus étrange : une maison de village comme les autres, - à Jérusalem ils était au palais royal d’Hérode tout de même – là, dans cette toute petite cité, une simple famille et un bébé comme tous les bébés. 

Et malgré cela, ils s’inclinent, adorent et offrent leurs cadeaux. Mesurez leur foi ! Qu’y a-t-il de divin et de royal dans cette scène ? Comment ne pas être humainement déçus ? Tout cela pour si peu ! 

Nous savons que « personne ne l’a jamais vu Dieu» ; nous savons que selon Isaïe, « Dieu est vraiment un Dieu qui se cache». Et il se cache même quand il se montre . Et l’incarnation voile encore davantage la face de Dieu. Dieu n’est pas évident et le silence est une qualité de Dieu. 

Seul Dieu a pu donner aux mages de croire en lui. Pout eux comme pour PIerre, vaut cette affirmation de Jésus àPierre après sa confession de foi à Césarée : « ce n’est pas la chair et le sang qui ton révélé cela mais Mon Père qui est dans les cieux. » Mais alors là, « il y a quelque chose d’infiniment plus grand que toute démonstration : une évidence éclatante, une indéfectible certitude : Dieu existe et il est présent ou, en version plus affective, « l’ami de l’époux qui entend sa voix, sa joie est grande. » 3 Ne nous dit-on pas à la fin du récit : « ils se réjouirent d’une très grande joie. » (v.9) 

St Grégoire de Nysse commente : « c’est là réellement voir Dieu que de ne trouver jamais de satiété à ce désir. »4 

7 - Et ils repartent chez eux. L’homme a rencontré Dieu. Il l’a accueilli en lui. Le sommet de la vie chrétienne est selon St Syméon le Théologien « la rencontre personnelle avec le Christ qui parle au coeur par l’Esprit Saint. »5 Il n’y a rien à dire de plus. 

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1 Martin Buber Les récits hassidiques p. 157 
3 Evdokimov L’amour fou de Dieu p. 37 
4  Idem p. 55
5  Idem p. 55

Commentaires

  • Dans mon temps de rencontre avec Dieu,que j'ai encore du mal à pratiquer fidèlement chaque jour,je rencontre des temps très divers qui alternent en nature et en intensité: un grand désir d'aimer Celui qui est la Vie suivi du "délice "de l'abandon.
    Amour et abandon cohabitent...
    L'amour fort et l'abandon plus doux ,mais aussi plus apeuré,
    L'abandon jusqu'où?...
    C'est Toi Dieu qui me le dira ,n'est ce pas, ,au fur et à mesure de notre histoire commune.
    J'éprouve rarement du dégoût mais parfois une solitude
    et un profond ennui,les distractions qui s'en mêlent...
    J'arrive à en sortir en contemplant l'icône du visage de Jésus qui souvent n'est pas loin...;surtout son REGARD " immensité où je me perds..."comme aimait le dire Elizabeth de la Trinité....
    Chez moi c'est la grande icône du Christ de Roublev...
    On a l'immense chance d'avoir beaucoup d'icônes dans notre paroisse ,ce qui peut aider à soutenir notre regard.
    Je me rabats aussi parfois sur les beaux mots d'un chant. ...
    Ou la densité de présence à Dieu de l'assemblée priante.et adorante qui m'enveloppe malgré moi.

  • Dans mon temps de rencontre avec Dieu,que j'ai encore du mal à pratiquer fidèlement chaque jour,je rencontre des temps très divers qui alternent en nature et en intensité: un grand désir d'aimer Celui qui est la Vie suivi du "délice "de l'abandon.
    Amour et abandon cohabitent...
    L'amour fort et l'abandon plus doux ,mais aussi plus apeuré,
    L'abandon jusqu'où?...
    C'est Toi Dieu qui me le dira ,n'est ce pas, ,au fur et à mesure de notre histoire commune.
    J'éprouve rarement du dégoût mais parfois une solitude
    et un profond ennui,les distractions qui s'en mêlent...
    J'arrive à en sortir en contemplant l'icône du visage de Jésus qui souvent n'est pas loin...;surtout son REGARD " immensité où je me perds..."comme aimait le dire Elizabeth de la Trinité....
    Chez moi c'est la grande icône du Christ de Roublev...
    On a l'immense chance d'avoir beaucoup d'icônes dans notre paroisse ,ce qui peut aider à soutenir notre regard.
    Je me rabats aussi parfois sur les beaux mots d'un chant. ...
    Ou la densité de présence à Dieu de l'assemblée priante.et adorante qui m'enveloppe malgré moi.

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