Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Fête de la sainte Famille

         Nous connaissons très bien ce texte de st Luc que nous relirons encore le 2 février prochain pour la Fête de la présentation de Jésus au Temple. Ce vieux monsieur est touchant dans son désir, confié à Dieu, de voir le Messie… si touchant que Dieu l’exauce et l’assure qu’il ne verra pas la mort avant d’avoir vu le Messie : mieux même il le porte dans ses bras et peut chanter sa joie.

         Pourtant, ce texte de st Luc recèle bien d’autres richesses que je voudrais évoquer aujourd’hui.

 

         La première phrase est mystérieuse : « Lorsque furent remplis les jours de la purification d’eux selon la Loi de Moïse, … ». Cette phrase a sans doute une portée plus vaste. En effet, « si l’on additionne les unes aux autres les différentes périodes qui ont eu lieu depuis la première annonce de Gabriel à Zacharie, au tout début de l’Evangile de Luc, on arrive à un total de 70 semaines.»[1] 

         Ce chiffre n’est pas un hasard.

 

         Celui qui lit, le prophète Daniel au chapitre 9 retrouve ce chiffre de 70 semaines d’années : Daniel pleure sur la chute de Jérusalem et lit le prophète Jérémie qui en parle ! Et à ce moment, l’ange Gabriel rejoint Daniel pour le consoler : nous sommes « La première année du règne de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui était devenu roi des Chaldéens » (v.1), et Daniel écrit : « je déchiffrais dans les livres le nombre d’années qui, selon la parole adressée par le Seigneur au prophète Jérémie, devaient s’écouler avant que prenne fin la ruine de Jérusalem : soixante-dix ans. » (v.2). Et Daniel se lamente et demande pardon pour le peuple quand Gabriel surgit : « je parlais encore dans ma prière quand Gabriel… s’approcha de moi d’un vol rapide à l’heure de l’offrande du soir. Il m’instruisit, me parlant en ces termes : « Daniel, je suis sorti maintenant pour ouvrir ton intelligence. Dès le début de ta supplication, une parole a surgi, et je suis venu te l’annoncer, car toi, tu es aimé de Dieu. Comprends la parole et cherche à comprendre l’apparition. » (v. 21-23)

 

         L’Ange Gabriel explique que cette période de temps de 70 semaines d’années est nécessaire pour qu’apparaisse « un Prince Messie » et avec lui, dans un drame, l’apparition de la justice de Dieu. « A travers ces quelques mots, c’est toute l’attente messianique d’un peuple qui est condensée. Attente d’un Messie, d’un roi qui délivrera Jérusalem et Israël, le peuple de la promesse, du joug sous lequel il est maintenu. Les temps sont accomplis. »

         70 semaines après l’annonce de Jean Baptiste à Zacharie, le jour fixé est arrivé. » Et Siméon dont le nom signifie « Dieu a entendu », attend la Consolation d’Israël, annoncée elle aussi par le prophète Isaïe.

         Anne parle de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem !

 

         Et quand Siméon prend l’enfant dans ses bras, il comprend ce qui lui arrive d’une manière si étonnante : la consolation du peuple, la délivrance d’Israël, l’élu attendu pour accomplir le salut promis, il le porte dans ses bras et il le dit : « mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » (v.31-32)

 

         Mais l’accomplissement de la promesse est déroutant : car l’ange Gabriel dans le livre de Daniel, a prédit ce salut mais dans le drame : « car après un temps, le messie sera supprimé, la ville et le sanctuaire détruits »… même si le messie « consolidera une alliance avec une grand nombre »

 

         C’est pourquoi la mission de Siméon ne s’arrête pas à la louange : après la louange et l’action de grâce pour le temps du salut enfin arrivé, vient la prophétie : tout le peuple d’Israël n’acceptera pas cette bonne nouvelle. Et cette division du peuple d’Israël est un déchirement, autant pour Siméon que pour Marie à qui il l’annonce. 

 

         Ainsi Dieu est fidèle à son dessein : il offre le salut à un homme qui doit l’accepter dans sa pleine liberté et Dieu a accepté d’avance qu’on puisse le refuser. Ainsi ce tout simple événement de la présentation de Jésus au temple, si discret, revêt une très grande solennité par les paroles de Siméon et d’Anne.  

         A aucun moment, nous ne sommes dans une pieuse et tendre histoire : le massacre des innocents et la prophétie de Siméon éclairant celles de Daniel et de Jérémie, nous ouvre au douloureux accomplissement du dessein de Dieu et du drame de la liberté humaine.

         Amen.

 

[1] Cf article de la Croix de 2014 par Jean-Pierre Rosa : Syméon, l’accomplissement d’une promesse ».

Les commentaires sont fermés.