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Le Baptême du Seigneur

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » Voilà l’oracle d’Isaïe que nous avons entendu en ce jour où nous fêtons le baptême de notre Seigneur.

Et cet oracle a de quoi nous questionner sur ce Dieu qui nous réunit aujourd’hui : Aurions-nous pour Dieu un Dieu inaccessible ? Un Dieu distant de sa création ? Si ses « chemins sont élevés au-dessus de nos chemins, » et ses « pensées, au-dessus de nos pensées. » ?

Et pour répondre à nos doutes, et nous affermir dans la foi, il nous est donné aujourd’hui de faire un bond de trente ans dans l’histoire du Christ. Trente ans dont nous ne savons que peu de choses. Trente ans à vivre perdu dans cette petite bourgade du Nord d’Israël, dont on ne parle nulle part… Lorsque Philippe ira voir Nathanaël et lui dira avoir rencontré le sauveur, ce dernier lui dira : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Jn 1,43-46. Trente ans de pétrissage de l’amour de Dieu humblement caché dans notre pauvre et faible, pâte humaine.

Et nous voici aujourd’hui à Béthanie-de-Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait (Jn, I 28) et il nous est donné d’assister au baptême de notre Seigneur Jésus Christ. Première manifestation publique du Christ, moment qui réunit de façon rare la Sainte Trinité (L’autre fois sera lors de la Transfiguration) et qui nous fait entendre le Père s’adresser à son Fils : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. ». Entrée dans la vie publique sobre mais solennelle où le Christ, pour sauver notre humanité, vient recevoir, de façon surprenante, le baptême de St Jean.

Oui évènement surprenant, à priori, ce baptême du Christ par Jean qui baptisait en vue du repentir et du pardon. Jésus n’a pourtant jamais péché, alors pourquoi demande-t-il le baptême à celui qui ne se juge pas digne d’enlever ses sandales, Lui qui, agenouillé, humblement courbé, lavera les pieds de ses apôtres à la veille de sa Passion ?
Pour répondre à cette question, écoutons la réponse d’un évêque des premiers temps, saint Chromace d’Aquilée ; « Parce que notre Seigneur était venu donner le baptême nouveau pour le salut du genre humain et la rémission de tous les péchés, lui-même a voulu être baptisé le premier, non pour dépouiller le péché, puisqu’il n’avait pas commis de péché, mais pour sanctifier les eaux du baptême afin de détruire les péchés de tous les croyants renés par le baptême. Lui, le Seigneur, fut donc baptisé dans l’eau pour que, par le baptême, nous soyons lavés de tous nos péchés »(saint Chromace d’Aquilée : sermon XXXIV pour l’Epiphanie, 157).

Surprenant, mais en accord total avec sa mission salvatrice qui est d’arracher notre humanité au péché. Par son baptême, Jésus se range humblement parmi les pécheurs, Lui qui n’a jamais péché, Il devient ainsi l’Agneau de Dieu qui prend, en plus de notre humanité, le péché du monde pour nous sauver définitivement de la faute, du pêché et de la mort. Ce baptême annonce et prépare son baptême dans la mort qui nous ouvrira les portes de la Vie Eternelle, les portes du Royaume et ces deux baptêmes encadrent sa vie publique.

On est bien loin d’un Dieu distant et inaccessible.
Plus encore, ce baptême s'est passé à Béthanie-de-Transjordanie.

Frères et sœurs, il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’être à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, en Jordanie, là même où la tradition considère que St Jean Baptiste donnait sa prédication et où le Christ reçût le baptême de St Jean. Or cet endroit est un lieu désert, situé à proximité de la mer morte, c’est-à-dire au point le plus bas de notre planète (- 450 m) ... Comme si Dieu voulait toucher tout homme jusqu’au plus profond de la terre, jusqu’au plus profond de leur âme ; apporter la vie même jusqu’à la mer morte, ce n’est pas peu dire ! Mais Christ n’ira-t-il pas au plus profond des enfers pour libérer Adam et notre humanité et lui offrir la Vie Eternelle ? Dieu vient, non seulement se révéler au point le plus bas de notre terre, mais aussi, en Jésus, « de condition divine » Il vient s’abaisser au point de prendre « condition d’esclave », notre plus vile condition, pour sauver chacun de nous et nous dire tout son amour, toute l’importance que nous avons pour Lui. Et ce cri d’amour s’est entendre à Noël lorsque notre Dieu, fait homme, est né, prenant notre condition mortelle. Il s’achèvera sur la Croix dans un dernier soupir d’amour pour chacun de nous. Il vient s’abaisser, par amour, au point de laver les pieds de ses disciples, prenant la fonction dégradante de l’esclave pour « ré-élever » sa création. Le créateur vient se faire esclave de sa créature pour lui rendre sa dignité de création divine et sa mort sur la croix rendra possible l’ouverture des cieux à tous ceux qui croient en Lui.

Voilà comment Dieu n’est pas distant mais tout proche de chacun de nous.
Et justement, alors que le Christ ressort de l’apnée du baptême, les cieux se déchirent et l’Esprit descend sur le Christ et le Père fait entendre sa voix pour s’adresser à son Fils et l’envoyer en mission… : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. ». Rare moment, où une véritable théophanie (Manifestation de Dieu) trinitaire nous donne la pleine mesure du mystère ainsi manifesté : Dieu nous donne son bien le plus cher, son « Fils bien-aimé » ; en qui, Il « trouve sa joie » pour nous sauver toutes et tous. Désormais, le ciel n’est plus séparé de la terre. Le Christ en descendant parmi nous, l’a ouvert, pour nous, à tout jamais.

La descente de l’Esprit Saint sur Jésus ouvre l’ère nouvelle du Salut. Et avec le don de l’Esprit, le Messie apporte aux hommes le pardon définitif de leurs péchés : « Voici le Dieu qui nous sauve : ayons confiance, n’ayons plus de crainte. » (Isaïe)

Enfin, prêtons attention, frères et sœurs à toute la tendresse de Dieu dans ses paroles : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Tendresse de Dieu pour son Fils, mais aussi tendresse de Dieu pour nous. Car par le baptême nous sommes, nous-aussi, fils de Dieu. En donnant à Jésus notre humanité, Dieu nous donne son bien le plus cher, son trésor le plus précieux, son Jésus bien-aimé qui lui apporte toute joie : Il nous donne TOUT !… Que l’amour de Dieu est bon ! Que l’amour de Dieu est grand ! Et il est offert à chacun de nous au travers de ce don unique de son Fils.

Avec le Christ, aujourd’hui, c’est le moment de renaître et de porter des fruits. C’est le moment d’aimer Dieu, au travers du plus grand commandement qui est d’aimer son prochain et de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Amen.

Jean Marie Blondel, diacre

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