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La Transfiguration

       Frères et soeurs, le texte de l’Evangile que nous venons d’entendre est bien mystérieux: nombreux sont les détails dont la signification nous échappent. Pourquoi le Seigneur ne prend-il avec lui que Pierre Jacques et Jean ? Que veut dire Pierre en parlant de dresser trois tentes ? Pourquoi gardent-ils le secret en descendant de la montagne ?  Mais en nous faisant lire ce texte, Parole proclamée dans l’assemblée liturgique, la Ste Eglise veut surtout que nous entrions avec Pierre Jean et Jacques dans le Mystère de Dieu. C’est AUJOURD’HUI que ce texte S’ACCOMPLIT comme le disait Jésus dans la synagogue de Nazareth après avoir lu le prophète Isaïe.. Que découvrons-nous ? Nous sommes Invités à VOIR et à ENTENDRE.

       Nous voyons d’abord la beauté du Seigneur Jésus. Son mystère profond se fait voir: son humanité sainte est comme embrasée par la divinité, voilée jusque-là. Il est métamorphosé dit St Marc : « Ses vêtements deviennent étincelants, extrêmement blancs, tellement que foulon sur terre ne peut ainsi blanchir.

        Son humanité est comme autrefois le buisson ardent: elle brûle mais ne se consume pas. C’est la Gloire du Seigneur qui apparaît; c’est sa vraie personnalité de Dieu-homme, personnalité unique, qui est manifestée. C’est elle que nous confessons quand nous disons que Jésus est « vrai Dieu et vrai homme, en une seule personne ». Le concile de Chalcédoine en donnant ces quelques mots pour dire le Christ dans sa vérité, n’a pas expliqué: il s’est contenté de maintenir entier le mystère de Jésus, que nous avons sans cesse tentation de réduire à nos petites proportions.

       Ce qui est passionnant pour nous, ce n’est pas que Jésus soit humain: c’est qu’il soit cette personne humano-divine, cet humain embrasé par la divinité et ce Dieu ayant assumé notre pauvre chair humaine, sans la détruire mais en la glorifiant. C’est ce mystère-là qui est fascinant et qu’on ne se lasse pas de contempler et d’aimer.... Et à côté de cette lumière, les pauvres reconstitutions de Jésus à la mode en ce moment, sont bien tristes, fades et sans intérêt. Elles ne sont qu’un pâle reflet de nous-mêmes, Jésus à notre image.

 

       Le texte nous donne aussi à entendre: tout d’abord la conversation entre Jésus, Moïse et Elie. De quoi parlent-ils ?  Dans St Marc, nous ne savons pas. Le mystère demeure entier. C’est sans doute pour que nous attachions à la seule parole qui compte : celle du Père qui va retentir.

Il nous faut aller dans l’Evangile de St Luc pour saisir le secret de cet entretien ; l’évangile nous dit qu’ils parlent de « l’exode de Jésus qui doit s’accomplir à Jérusalem ». Quel beau mot  ! La mort de Jésus va être un exode: une sortie de ce monde pour aller vers Dieu et la terre promise du Paradis. Ce sera aussi une délivrance comme le premier exode, ce sera une nouvelle naissance. On comprend que l’Eglise nous fasse lire ce texte  quelques semaines avant Pâques: comme le dit la préface de ce jour : « il nous révélait ainsi que sa passion le conduirait à la Gloire de la Résurrection. »

       Mais ce qui est le plus important à entendre, c’est la Parole du Père. Cette parole nous fait entrer dans l’intimité de la Trinité Sainte.

       Nous sommes pris dans la Nuée avec les apôtres, c’est-à-dire, comme le pensaient les Pères de l’Eglise, dans l’Ombre de l’Esprit Saint. « Survient une nuée  qui le couvre de son ombre. »: même expression que l’ange pour parler à Marie de la venue de l’Esprit Saint sur elle dans l’évangile de St Luc. Nous sommes avec les apôtres pris dans l’Esprit. Et l’Esprit nous a conduit à voir la splendeur de Jésus ; devant nos yeux, la beauté du Seigneur Jésus transfiguré, le Messie transfiguré.

       Et la parole du Père retentit: « Celui-ci est mon Fils, l’Aimé, écoutez-le ! ». Nous entendons l’identité véritable de Jésus: il est le Fils, l’Aimé du Père. Nous découvrons un aspect de l’intimité divine: l’amour éperdu du Père pour son Fils et son désir que nous l’aimions nous aussi en l’écoutant comme il convient. Comme au baptême, Dieu nous fait entre progressivement dans son intimité, « dans sa gloire » pour parler comme l’Evangile.

       Peu à peu, nous découvrons cette qualité de l’amour divin: un amour de don mutuel sans rien garder pour soi. Le Père aime le Fils en se donnant tout entier à Lui, il n’est que don. Le Fils se reçoit tout entier du Père et se donne à Lui sans rien garder pour soi et l’Esprit est ce don et ce baiser du Père du Fils: pur don, pure réception, pure union.

       Voilà notre Dieu, voilà l’amour où nous sommes appelés à vivre éternellement, voilà comment nous devons aimer dès maintenant.

 

       Depuis le premier péché, une immense nostalgie habite le cœur de l’homme : nostalgie de plénitude qui le taraude sans qu’il sache vraiment qui pourrait le combler.

Cette nostalgie de plénitude est encore agrandie par les années de petite enfance que nous avons passées dans l’intimité divine depuis notre baptême et avant notre âge de raison.  C’est cette nostalgie de plénitude – ce souvenir de plénitude - qui nous rend si fragiles à la tentation : nous cherchons à combler ce vide immense en nous par la nourriture et la possession des biens, par la gloire humaine, par le pouvoir. L’Evangile d’aujourd’hui est bien dans la continuité de celui des tentations au désert de dimanche dernier : mais aujourd’hui nous voyons qui peut combler ce cœur humain. St Augustin dans les Confessions l’a magnifiquement dit : « Tu nous as faits pour Toi Seigneur et notre cœur st sans repos tant qu’il ne demeure en Toi ».

       Que la lecture de cette page d’Evangile vécue dans la Sainte Liturgie, nous bouleverse au fond de notre coeur: qu’elle brise en nous les résistances du vieil homme qui veut garder tout pour soi ! Nous allons recevoir le Corps ressuscité du Seigneur : qu’il achève en nous la transfiguration de notre être commencée au baptême..  Amen.

Commentaires

  • Fils et filles bien aimés ,voilà que tu nous veux unis à ton mystère ,toi Christ, notre montagne;
    Là,tu ne nous laisses pas seuls .
    Avec les apôtres et les patriarches comme compagnonnage,
    tu nous fais entrer ds ton intimité ,prémice du mystère Pascal, dans le secret de la nuée enveloppante...
    Comme il est bon d'être ici ...
    En ce bref moment de consolation,
    avant le choc de Ta
    RESURRECTION BIENHEUREUSE !!!
    Évènement central ,chemin de vérité et Vie
    Pour l'humanité.

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