Assomption de la Vierge Marie
Dans notre liturgie catholique, il y a comme deux cycles qui se croisent et s’unissent l’un l’autre : d’une part, le cycle de la Vierge Marie qui commence le 8 septembre par la nativité de la Vierge et s’achève le 22 août par son couronnement dans son Assomption et, d’autre part, le cycle du Christ qui commence à la naissance de Noël et s’achève à la fin de l’année liturgique, par la fête du Christ Roi, Seigneur des temps et de l’Univers. Leur croisement et leur profonde unité se fait à l’Annonciation quand le Fils de Dieu prend de Marie notre chair d’être humain comme homme et par là, s’insère totalement dans notre histoire humaine.
Marie apparaît ainsi comme le tournant de notre histoire humaine : elle accueille dans la foi le Fils de Dieu en elle, lui qui porte en lui tout le cosmos, elle lui donne sa chair et ainsi, elle est la 1ère personne humaine totalement sauvée.
Les deux cycles entrecroisés nous enseignent que « Marie est à la fois la suprême réalisation de l’Ancienne Alliance et la 1ère anticipation des réalités ultimes de la Nouvelle Alliance » dans sa résurrection et son élévation dans le ciel divin fêtées aujourd’hui ; mais elle est aussi – en même temps - « préfiguration de l’Église née sur la Croix du côté ouvert du Christ le Nouvel Adam » et préfiguration, dans sa chair ressuscité et glorifiée,« de la réalité du cosmos dans la pleine et actuelle lumière de l’amour de Dieu ».[1]
L’histoire du salut que nous célébrons sans cesse dans la liturgie quotidienne n’est pas une histoire abstraite ! Elle s’enracine dans la chair humaine, celle de Marie et du Christ son Fils, cette chair avec tout son poids historique : c’est encore Bouyer qui écrit : « L’Eternel entre dans le temps à un moment précis. L’infini accepte les limitations inévitables d’une époque, d’une civilisation, d’une race, d’un peuple, d’une famille déterminée. »[2] Le christianisme n’est pas un mythe, si noble soit cette tradition littéraire qui nous vient des origines de notre humanité : « la Parole biblique, événement créateur et recréateur est foncièrement historique. »[3]
Le fiat de Marie à l’annonciation et son fiat silencieux au pied de la croix de son fils expriment sa liberté humaine et sa coopération personnelle à l’oeuvre de Dieu… acquiescement libre auquel nous sommes nous aussi appelés ! Marie l’a fait la première parfaitement, c’est pourquoi elle est appelée dans les litanies mariales « Trône de la Sagesse » : femme en qui repose la Sagesse incarnée en Christ, « réalisation personnelle de la sagesse divine au coeur de l’histoire »[4]. Cette représentation de « Marie Trône de la Sagesse » et ce titre étaient inscrits dans les sceaux des universités du Moyen Age où l’on devenait plus savant – en science, en philosophie et en théologie - pour coopérer davantage à l’oeuvre salutaire de Dieu, à sa SAGESSE.
Car cette histoire humaine a un sens et un but. Et dans cette histoire, la fête mariale d’aujourd’hui dans la mouvance de la fête christique de la Résurrection, nous rappelle avec force « que c’est la fin qui éclaire le commencement, c’est l’histoire du salut qui commande notre connaissance de Dieu et du monde en lui. »
Si la fête de la nativité de Marie est pour sa mère une fête horizontale , si je puis dire, comme toute sa vie et la nôtre… dans l’horizon de cette terre, la fête de l’Assomption en ce jour, au contraire, est une fête verticale comme le fut la nativité de Jésus, sa croix et sa Résurrection. L’histoire humaine est horizontale et l’histoire biblique aussi qui se déroule en elle, avec ou contre d’ailleurs.
Mais l’oeuvre de Dieu est surgissement imprévisible, verticalité totale, c’est toujours un « événement » : le philosophe Jean-Louis Marion réfléchit : « comment définir un événement ? Comme l’impossible, ce qui n’était pas possible ou pensable avant d’apparaître effectif…. Tenu pour impossible (il) va ouvrir un nouvel horizon de possibilité. Nous nous trouvons donc toujours en retard sur l’événement … qui ne peut se prévoir a priori » mais se trouve donné par Dieu. A l’événement pascal de Jésus ressuscité déjà impensable, arrive aujourd’hui l’événement de l’Assomption de Marie :
« Christ est ressuscité pour que nous ressuscitions avec lui » affirme St Paul. Aujourd’hui, l’événement de l‘Assomption de Marie – sa résurrection et son entrée dans la gloire divine – confirme St Paul et notre espérance que la préface de ce jour chante « Marie est le commencement et l’image de ce que deviendra ton l’Eglise – c’est-à-dire nous – en sa plénitude, elle est signe d’espérance et source de réconfort pour ton peuple encore en chemin. »
Amen.
[1]Marie-Hélène Grintchenko Une approche théologique du monde : Cosmos de Louis Bouyer Parole et silence 2015 p. 276. Voir Louis Bouyer Le Trône de la Sagesse 1957 p. 187
[2]Bouyer idem p. 221-222.
[3]Bouyer Gnôsis p. 102
[4]Idem p. 279
Commentaires
Comme l'entrecroisement du cycle de Marie et celui du Christ est beau en cet "arrêt sur image" historique sur l'évènement concret et précis de l'Annonciation !!
Devant l'Ange,pendant le Fiat,
Il enracine la chair de Marie en celle de son Fils Jésus...
Marie en Jésus !
qui lui donne sa part divine,..
Jésus en Marie!
qui lui donne sa part humaine...
Mystère à la fois secret et puissant du don de la vie qui s'accomplit en Marie,comme en toute femme.
Cet évènement gestatif en Marie qui est décrit comme un nourissement mutuel dans un sermon de J.H.Newmann,le 12 je crois,m'a toujours impressionnée.
.................................................
J'ai vécu ce 15 août 24 l'office des grandes Vigiles chez les Soeurs diocésaines catholiques de rite syriaque à Eygalières dans le 13.
Elles honorent l'îcône de Marie dans sa sainte Dormition.
Personnellement ,l'image de l'Assomption me parle davantage car c'est Marie ,ressuscitant et s'élevant dans la gloire avec tout son Être, corps, âme ,esprit.
Tandis qu'au sujet de la Dormition,on laisse "en plan "sa partie corporelle,et j'ai toujours l'impression d'en oublier un morceau !!!
Marie ,
Dans ta plénitude,
Sois signe d'Espérance et de réconfort pour notre monde en chemin !
Et obtiens lui la paix !Amen.
Comme l'entrecroisement du cycle de Marie et celui du Christ est beau en cet "arrêt sur image" historique sur l'évènement concret et précis de l'Annonciation !!
Devant l'Ange,pendant le Fiat,
Il enracine la chair de Marie en celle de son Fils Jésus...
Marie en Jésus !
qui lui donne sa part divine,..
Jésus en Marie!
qui lui donne sa part humaine...
Mystère à la fois secret et puissant du don de la vie qui s'accomplit en Marie,comme en toute femme.
Cet évènement gestatif en Marie qui est décrit comme un nourissement mutuel dans un sermon de J.H.Newmann,le 12 je crois,m'a toujours impressionnée.
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J'ai vécu ce 15 août 24 l'office des grandes Vigiles chez les Soeurs diocésaines catholiques de rite syriaque à Eygalières dans le 13.
Elles honorent l'îcône de Marie dans sa sainte Dormition.
Personnellement ,l'image de l'Assomption me parle davantage car c'est Marie ,ressuscitant et s'élevant dans la gloire avec tout son Être, corps, âme ,esprit.
Tandis qu'au sujet de la Dormition,on laisse "en plan "sa partie corporelle,et j'ai toujours l'impression d'en oublier un morceau !!!
Marie ,
Dans ta plénitude,
Sois signe d'Espérance et de réconfort pour notre monde en chemin !
Et obtiens lui la paix !Amen.