Deuxième dimanche de l'avent
Nous voici, en ce deuxième dimanche de l’Avent, nourris par un évangile particulièrement précis tant au niveau des dates (En référence aux personnages cités) que des lieux. De quoi éliminer de l’esprit de nos contemporains tout doute par rapport à la véracité des faits...
On rencontre : l’empereur romain, Tibère, qui a régné vers les années 20-30 après Jésus-Christ ; Ponce Pilate le procurateur (Gouverneur) de Judée de 26 à 36 que l’on retrouvera de triste mémoire lors de la Passion du Christ ; Hérode Antipas, tétrarque (Titre donné par Rome à des princes trop peu importants pour être appelés rois) tétrarque de Galilée et de Pérée depuis 4 avant Jésus-Christ jusqu’à 39 après Jésus-Christ ; Philippe, tétrarque de région au Nord – Nord Est de la Palestine, à cheval sur la Syrie ; Lysanias tétrarque d'Abilene en Syrie, à l’ouest de Damas. Il régna de 4 avant Jésus-Christ jusqu’à sa mort en 34; Anne le grand prêtre de l’an 6 à l’an 15.
Empereur romain, gouverneur et princes des Juifs, qui ont exercé leur pouvoir en des lieux précis qui nous ramènent en Palestine, en Syrie, au Liban...... Nous ne sommes pas sur une légende (...)
Lieux précis dirigés par des personnages certainement très importants puisqu’ils nous amènent à Jean le Baptiste à qui « la parole de Dieu fut adressée dans le désert ». Quel contraste ! Quel humour de Luc ! Car tous ces personnages importants, gouvernant en maître sur les peuples ; entourés de courtisans, habitant des palais luxueux, nourris de plats raffinés ; drapés de fin tissus ; couronnés d’or ; juchés sur leurs trônes, n’ont pas reçu la parole de Dieu, eux. Mais ils nous conduisent à Jean. Jean, vivant seul dans le désert, vêtu de peau de bête, se nourrissant de sauterelles, qui, au point le plus bas de la terre est la « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »
Quel contraste ! Qui doit nous pousser à la conversion. Car rencontrer la figure de St Jean-Baptiste, c'est se laisser bousculer dans nos modes de vie, trop imprégnés du monde, c’est se laisser habiter, dominer par la Parole de Dieu dans toutes nos actions.
Jean est un personnage charnière. Il se situe à la charnière entre deux mondes, celui de l'ancienne et de la nouvelle Alliance et il nous invite aujourd’hui encore à vivre dans un nouveau monde, celui de la conversion et de la foi qui seuls nous permettront de voir « le salut de Dieu » !
Et pour cela, si l’on en croit St Jean, il nous faut des talents d’entrepreneurs en Génie civil et la volonté de se ressourcer au désert.
Des talents d’entrepreneurs en Génie Civil : des mots mêmes de Jean le Baptiste, il nous faut en effet : Préparer les chemins du Seigneur et pour cela : rendre droits ses sentiers ; Combler les ravins ; abaisser les montagnes et les collines ; rendre droits les passages tortueux ; aplanir les chemins rocailleux. Si vous êtes comme moi, chaque fois que j’évoque ces actions, je me vois avec pelle et pioche à la main et le visage couvert de sueur en train de déblayer le terrain et les mains abimées par des ampoules... Car ce sont autant d’actions qui demandent force, courage, endurance et volonté... Le Royaume ne se gagne pas sans effort et sans une volonté déterminée de changer nos vies et nos façons d’être. C’est bien pourquoi toutes ces comparaisons nous montrent combien le travail de conversion est une rude tâche.
Et pour être disponible à la volonté de Dieu, Jean s’est retiré au désert. Il confirme combien le désert est important pour se remettre dans les pas de Dieu : Le désert est en effet un lieu vide et délaissé où l’on se trouve face à soi-même, c’est aussi le lieu où errent les démons (Mat, 12,43 ;et Lc 8,29) ; une région solitaire et dangereuse (II Co, 11,26 ; He 11,38), un lieu d'épreuves où Jésus jeûna et subit Lui-même la tentation (Mat 4 11 ; Mc, 1 13 ; Lc 4,2). Mais c’est surtout le lieu de la prière que Jésus affectionnait beaucoup pour s’isoler et reprendre force dans le cœur à cœur avec son Père (Mc 1,35, 6,31, 6,35 et Lc 5,16). C’est pourquoi le désert est le lieu privilégié de rencontre avec Dieu.
Ainsi, si nous voulons, nous aussi, entreprendre le travail de conversion indispensable pour accueillir le Seigneur dans nos vies, il nous faut suivre l’exemple et l’enseignement de Jean le Baptiste, le plus grand des prophètes. Il nous faut savoir entreprendre les travaux d’assainissement, de nivellement de nos vies en nous retirant, nous aussi au désert. Nous retirer dans le désert ? Comment est-ce possible ? En écoutant le Christ qui nous le conseille en nous invitant à « nous retirer dans notre pièce la plus retirée, loin du tumulte de nos vies et de nos villes, fermer la porte, et prier notre Père qui est présent dans le secret ; Là notre Père nous écoutera et nous guidera, nous donnera la force de la conversion. » (Mt 6,1-6.16-18)
Or nous en avons des travaux à faire dans nos cœurs, dans nos âmes pour nous ajuster au Seigneur. Que de ravins à combler ; que d’encombrants à mettre à la décharge ; que de comportements à rendre droits, de travers à redresser...
A ce sujet, Origène écrivait : « Pour quiconque est destiné à croire au Christ Jésus, il faut qu'auparavant l'esprit et la puissance de Jean viennent en son âme pour préparer au Seigneur un peuple parfait et, dans les aspérités du cœur, aplanir les chemins et redresser les sentiers. Ce n'est pas seulement en ce temps-là que les routes furent aplanies et les sentiers redressés, mais aujourd'hui encore l'esprit et la puissance de Jean précèdent l'avènement du Seigneur Sauveur » (Origène : Homélies sur l’évangile selon saint Luc, IV 6).
Ainsi, Jean en se situant à la charnière entre l'ancienne et la nouvelle Alliance, nous invite à nous mettre à la charnière entre notre ancienne vie, occupée par le monde et une nouvelle vie emplie par le Christ. Il nous invite à basculer dans le royaume de l’Amour. Amour qui ne progressera, comme Paul nous l’enseigne, que par : « la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui nous feront discerner ce qui est plus important. ». Ce qui est important étant de faire la volonté de Dieu, comme Jésus nous l’enseigne.
Alors frères et sœurs, mettons-nous au travail pour que nous quittions notre robe de tristesse et de misère, et que nous revêtions la parure de la gloire de Dieu pour toujours.
Pour nous aider, le sacrement de la réconciliation nous est offert pour ajuster nos vies à la volonté de Dieu. Il est là pour nous aider à faire dans nos vies le ménage nécessaire pour les rendre droites. Saurons-nous le pratiquer avant la venue de l’enfant Jésus pour que nos âmes soient capables de l’accueillir telle un berceau apprêté pour un nouveau-né, paraît d’amour et de joie ?
Amen.
Jean-Marie Blondel, diacre