Il m’importe fort peu d’être jugé
Billet Spirituel 22
En écho avec 1ère aux Corinthiens 4/1-5
« pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou ce que pense les hommes » écrit St Paul aux Corinthiens. Heureux homme qui est libre ainsi !
Car nous devons nous l’avouer : nous vivons presque tout le temps sous le regard des autres : nous faisons des comparaisons, nous nous estimons face aux autres, nous imitons les paroles, les gestes, les attitudes d’autrui… nous copions ce que nous avons vu faire chez d’autres, chez les saints, chez les personnes que nous admirons. Nous agissons par mimétisme, mimétisme du désir, des gestes, des paroles, pour nous faire bien voir du chef, du leader du groupe… Nous craignons le « qu’en dira-t-on ? »
Tout cela tue l’âme, la rend inquiète, frileuse, pusillanime, médisante, jalouse, envieuse…
« Bien plus ajoute St Paul, je ne me juge pas moi-même ».
Nous savons bien mon plus terrible juge, c’est moi-même ! Je ne me pardonne pas telle ou telle chose. Nous ne nous pardonnons pas de ne pas arriver à la perfection que nous nous sommes fabriquée avec des lambeaux divers : telle règle, telle exemple de famille, tel ami , tel saint… Un véritable habit d’arlequin qui ne nous va pas du tout, irréalisable, insupportable, encombrant comme l’armure de Saül donnée à David : il ne pouvait même plus avancer !! Paul en sait quelque chose lui qui s’était fabriqué dans le judaïsme une perfection dont il était fier : rappelez vous dans les Philippiens : « Quant à la Loi, un pharisien, quant au zèle un persécuteur de l’Eglise ; quant à la justice que peut donner la loi, un homme irréprochable. » (3/5-6)
Aussi la phrase suivante est capitale : « Ma conscience ne me reproche rien, mais j’en suis pas juste pour autant ». Paul a raison : au niveau de notre conscience nous ne savons pas vraiment ce qui nous fait agir : le bien ? l’ego ? ce que la Bible appelle la domination ? La convoitise ?
« Mon juge c’est le Seigneur »
Paul a raison : nous devons ne pas nous attacher aux regards des autres et chercher seulement le regard du Seigneur : un regard juste qui nous connaît, un regard miséricordieux, un regard de tendresse et de bienveillance, un regard de pardon. Seul le regard du Père nous grandit et nous apaise. Le regard des hommes nous tue, il est comme dit Jean-Christophe Rufin « le linceul de la liberté. »