« Tu vois cette femme :… Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Il y a donc deux « amours » :
La première expérience a conduit cette femme à Jésus ; elle est venue en toute confiance – elle ne sera pas repoussée – et elle a manifesté avec ses gestes son amour pour ce maître aux pieds duquel elle est : larmes, pieds essuyés par ses cheveux, parfum. C’est ce que Jésus appelle « ta foi ». La foi est donc amour de Jésus, contact avec lui, humilité de l’approche …
La seconde expérience de l’amour est le fruit du pardon accordé : celui à qui on pardonne peu aime peu. Elle qui a beaucoup péché selon Jésus a été beaucoup pardonnée – « femme, tes péchés sont pardonnés »… et son amour pour le maître qui pardonne a donc grandi ! Il y a donc un cercle vertueux, d’un amour qui conduit à confesser ses péchés à un amour qui grandit d’avoir été pardonné.
C’est l’expérience que nous faisons dans le sacrement de la réconciliation. Nous venions à Jésus par amour et confiance en lui, nous connaissons sa miséricorde et donc nous confessons nos péchés. Et en retour, nous recevons de cette démarche, un surcroît d’amour de Jésus pour nous et un surcroît d’amour pour lui.
Mais la Parole de Jésus - « celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour »- est terrible pour Simon qui se croit juste ! Il n’a pas lavé la pieds du Christ comme l’hospitalité le voulait, n’a pas donné de baiser d’accueil, n’a pas répandu de parfum… il a accueilli Jésus comme un mufle… et dans son for intérieur, il juge la femme – dont les gestes, il est vrai, sont équivoques – et il juge le Christ, « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » C’est le fils aîné de la parabole du prodigue… comme lui, Simon juge la femme et n’a rien compris à ce qu’apporte une vraie rencontre avec le Christ… même s’il sait bien raisonner : « Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. »… il ne sait pas aimer ! Et c’est son drame affreux… celui de tous ceux qui ne se confessent jamais ! Il est devenu dur, il juge avec rudesse, il n’a aucune vision claire de lui-même, il se croit juste… son cœur s’est durci … au point de ne même plus appliqué les règles minimales de l’accueil de l’hôte !
Du coup, Simon reste chez lui dans la tristesse de son orgueil… tandis que les femmes, elles, suivent Jésus de village en village, avec le groupe des Douze. Et pourtant ces femmes ne sont guère « recommandables » : du milieu d’Hérode, affranchies, riches, pécheresses… et ce sont elles qui fiancent avec els biens dont elles disposent la mission de Jésus… Si Simon apprend cela, il s’étranglera dans sa raideur… Décidément ce Jésus est infréquentable, un homme « entretenu »… par des pécheresses de luxe.