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LUNDI soir de la 2ème SEMAINE de PÂQUES

Bien chers amis du blog,

Nous nous retrouvons pour notre prière du soir qui nous unit dans la célébration eucharistique. Nous allons méditer cette semaine, dans le chant, le sermon de Méliton de Sardes, un des tout premiers textes qui commentent la Pâque : Meliton a été évêque de Sardes – ville citée dans l’Apocalypse – de 140 à 180. Vous pourrez faire connaissance avec lui dans la biographie ci-dessous. Puis nous commenterons l’Evangile du jour qui sera introduit par un psaume.

 

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Tableau de Crijn Hendricksz VOLMARIJN 1604-1645)

 

CHRIST Ô PAQUE NOUVELLE 
NOUS TE CHANTONS ALLELUIA
ALLELUIA ALLELUIA

Pâque nouvelle, célébrée en figures par l’ancienne Loi.
Temporaire est la figure, éternelle est la grâce.
Corruptible l’Agneau, incorruptible le Seigneur
Immolé comme Agneau, ressuscité comme Dieu !

Tout le texte du sermon montre la beauté de la Pâque chrétienne, dans la continuité de la Pâque juive mais avec une différence de taille : la Pâque juive – acte réel de Dieu en Egypte – annonce un acte plus merveilleux du même Dieu par le Christ : le salut de la mort et du péché pour tous les hommes, délivrance annoncée par la sortie d’Egypte et pleinement accomplie dans l’action du Christ. Ainsi la 1ère Pâque est figure de la 2ème Pâque qui en est l’accomplissement. L’hymne est centrée sur l’Agneau pascal.

 

O Christ notre Pâque, en Toi s’accomplissent les figures.
En Abel tu fus tué, en Isaac tu fus lié
En Joseph tu fus vendu, En Moïse tu fus exposé
En l’agneau, tu fus immolé, en David persécuté.

D’autres figures : Abel, Isaac, Joseph, Moïse, David, l’agneau immolé de chaque pâque juive. Ces « figures » sont historiques et un fait de leur vie a préfiguré le Christ.

 

On peut relire avant le psaume,  l’épitre du matin pour avoir toute la liturgie de la Parole du jour.

 

Psaume 2

Pourquoi ce tumulte des nations, La révolte des hommes contre Dieu.
ce vain murmure des peuples ?
Les rois de la terre se dressent,
les grands se liguent entre eux
contre le Seigneur et son messie :
« Faisons sauter nos chaînes,
rejetons ces entraves ! »

Celui qui règne dans les cieux s'en amuse, Réponse de Dieu, humour, force et envoi du Messie
le Seigneur les tourne en dérision ;
puis il leur parle avec fureur
et sa colère les épouvante :
« Moi, j'ai sacré mon roi
sur Sion, ma sainte montagne. »

Je proclame le décret du Seigneur ! + Ce Messie est son Fils
Il m'a dit : « Tu es mon fils ;
moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.
Demande, et je te donne en héritage les nations, Il est le Roi des nations que Dieu lui donne
pour domaine la terre tout entière.
Tu les détruiras de ton sceptre de fer,
tu les briseras comme un vase de potier. »

Maintenant, rois, comprenez,
reprenez-vous
, juges de la terre.
Servez le Seigneur avec crainte,
rendez-lui votre hommage en tremblant.
Qu'il s'irrite et vous êtes perdus :
soudain sa colère éclatera.
Heureux qui trouve en lui son refuge !

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3, 1 – 8 (c'est ici)

Commentaire 

v.1 : qui est Nicodème le visiteur de Jésus ? Il nous est bien connu par l’Evangile et par les écrits juifs contemporains du Christ. Nicodème est un des premiers disciples de Jésus. Il est pharisien et membre du sanhédrin. Il apparaît trois fois dans St Jean : il vient l’interroger en Jean 3, il prend sa défense lorsque Jésus est malmené par les pharisiens en Jean 7/45-51, enfin il aide Joseph d’Arimathie lors de la descente de la croix du corps de Jésus et sa mise au tombeau en Jean 19/39-42. 

Pour la tradition chrétienne antique, c'est l'un des trois dirigeants pharisiens qui sont secrètement disciples de Jésus avec Gamaliel l’Ancien  et Joseph d'Arimathie.

Son nom est formé en grec ancien sur les deux noms de nikê, « victoire » et dêmos, « peuple ». C’est probablement la translitération du nom hébreu, « Niqdamon » ou « NaKdemon » qui nous est bien connu par les textes juifs.

En effet, les écrits juifs nous renseignent sur ce mystérieux personnage :  Nicodème ben Gorion est un riche habitant de Jérusalem ayant vécu à l’époque du Christ. Il est, selon le Talmud à la tête de l'une des trois plus grandes fortunes du pays au moment du siège de Jérusalem en 70. Les récits du Talmud de Babylone parlent eux aussi de sa richesse fabuleuse ainsi que de son activité en faveur de ceux qui venaient en pèlerinage au Temple de Jérusalem. Selon un traité, Nakdimon Ben Gourion et deux autres propriétaires possédaient dans leurs greniers, des réserves de nourriture qui auraient suffi pour soutenir un siège pendant vingt-et-un ans, mais, comme ils étaient en faveur de l'apaisement avec la puissance romaine, leurs réserves de grains, d'huile et de bois auraient été brûlées par les Zélotes. Un autre texte,  parle abondamment des citernes de Nakdimon Ben Gourion, destinées à abreuver la masse des pèlerins qui envahissaient la Ville Sainte à l'occasion des trois pèlerinages. Un riche bienfaiteur donc, fidèle à la Loi.

 

v. 2 : Nicodème vient trouver Jésus de nuit. On peut donner plusieurs significations à cette mention :

- Nicodème ne voudrait pas donner de publicité à sa démarche : on le comprend : lui, le maître en Israël, venir trouver l’humble charpentier de Nazareth, que les notables juifs ne regardent pas spécialement d’un bon oeil. 

- Mais la nuit est aussi un temps de rencontre privilégiée avec Dieu : « Un des commandements de la tradition juive indique que la Torah doit être lue de nuit. » Rappelons que pour Jean, Nicodème est associé à la nuit : on le retrouvera en Jn 19, 39, lors de l’ensevelissement de Jésus, le soir. On peut aussi remarquer que l’entretien avec Nicodème commence sur cette mention de la nuit, et finit sur la lumière : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3, 21)

 

Où sommes-nous ? IL est difficile de le dire. A Jérusalem ? On sait que Jésus à des connaissances dans la ville haute des riches (il y passera la nuit du jeudi saint)… ou à Béthanie où Jésus logeait ?

 

La manière dont Nicodème parle nous fait découvrir l’idée qu’il se fait de Jésus ; il l’appelle « Rabbi » : c’est-à-dire maître. C’est déjà assez extraordinaire pour un notable juif, maître en Israël comme dira Jésus plus tard, de reconnaître en Jésus, de famille modeste, de Galilée en plus dont il ne sort rien de bon pour un judéen, qui n’a pas fait d’étude un « rabbi », un maître.

De plus il ajoute qu’il reconnaît que Jésus est venu « en maître » mais en plus « de la part de Dieu » ! Et enfin, il découvre ce qui l’a conduit à découvrir cela, ce sont les œuvres  de Jésus – qu’il appelle « signes » - qu’il a comprises comme celles du Grand Prophète annoncé par Moïse en Deutéronome 18/18 : « Et le Seigneur me dit alors : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. »

 

Tout cela est magnifique… mais tout cela est de l’Ancien Testament et pensé dans une suite continue et dans le même registre de l’Ancien Testament.  Il n’y a rien de neuf.

 

v. 3 : D’où la surprenante réponse de Jésus.

« A moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Règne de Dieu » précédé de « en vérité, en vérité » qui dans la bouche de Jésus souligne toujours un enseignement majeur !

« Voir le Règne de Dieu » expression unique en St Jean mais fréquente dans les synoptiques. Le Royaume de Dieu, c’est « Dieu Tout en Tous » dit St Paul. C’est donc la communion parfaite retrouvée avec Dieu, pour chaque homme totalement et pour tous les hommes. Cette communion parfaite entre Dieu et l’homme est magnifiquement et totalement réalisée en Jésus, Vrai Dieu et Vrai homme en une seule personne. Elle se donne à la Croix et dans la Résurrection quand Jésus remet l’Esprit Saint qui assure cette communion en unissant chaque homme au Christ et en faisant vivre le Christ en Lui. Toutes les paraboles de Jésus sont là pour évoquer ce royaume mystérieux, présent en Jésus et encore à venir en, l’humanité.

La réponse de Jésus est donc : on entre en communion parfaite avec Dieu non pas de nos propres forces et dans la continuité parfaite avec la pratique de la Loi reçue de Moïse mais par une naissance nouvelle d’en haut. Cette naissance opère un saut qualitatif entre la Loi et la Nouveauté christique.

 

v. 4 : Nicodème ne doute pas … mais demande comment faire ?... Comme Abraham devant cet impossible naissance, Nicodème propose des solutions…toutes humaines ! Il force Jésus à s’expliquer.

 

v. 5 : la nouvelle naissance se fait par « l’eau et l’Esprit Saint » … L’eau et l’Esprit, le « couple » est fréquent dans l’Ecriture :

L’Esprit planait sur eaux à la Genèse pour faire jaillir la vie.

L’Esprit comme haleine est donné à l’homme pour qu’il devienne un vivant.

L’Esprit depuis la nuée fit passer la Mer Rouge à pied sec aux hébreux.

L’Esprit descendit sur Jésus dans les eaux du Jourdain lors du baptême de Jean Baptiste.

Le Baptiste avait annoncé que le Messie baptiserait dans l’Esprit.

L’eau coulera du côté du Christ tandis que l’Esprit était remis par son dernier souffle.

 

v. 6 : Puis Jésus accentue le saut qualitatif évoqué par Lui plus haut en diverses oppositions : terre/ciel, chair (c’est-à-dire humain sans l’Esprit)/Esprit ; en bas /en haut.

 

v. 7 et 8 : Suit alors un enseignement sur l’Esprit. Jésus le Messie est bien Celui qui donne l’Esprit. C’est un des grands fils conducteurs de l’Evangile de St Jean. Jésus parle de l’Esprit en Jn 3, 4 à la samaritaine, 7 annonçant qu’il le donnera, dans les enseignements du dernier repas 13-17, sur la Croix à sa mort 19, le soir de Pâques en soufflant sur les apôtres 20 ! 

Ici, Jésus commence à parler de l’Esprit,  du Souffle de l’Esprit : il en souligne la liberté, son caractère insaisissable, inconnaissable – « on en sait ni d’où il vient , ni où il va » - et son caractère imprévisible.

 

L’entrée dans le Royaume se fait donc pour tout homme par le baptême dans l’eau et l’Esprit Saint et non par la force de l’homme, par sa pratique de la Loi ni par la connaissance ce qui est pour le pharisien Nicodème la contestation radicale de tout ce qu’il pense : les pharisiens mettaient toutes leurs forces et leur espérance dans la justice obtenue par la pratique de la Loi mieux connue parce que étudiée dans les écoels proches de la synagogues et  sans cesse chaque soir entre hommes, et minutieusement développée pour que toute la vie devienne sainte. Le tout à la force de la volonté et la pression du groupe, voire un peu la police religieuse.

 

 

Méliton de Sardes est une des grandes figures de la communauté chrétienne de Sardes en Lydie, en Asie mineure, près d’Ephèse. Il est un des plus renommés défenseurs grecs de la foi chrétienne du 2ème siècle ( on appelle ces auteurs les « apologistes »). C’est l’époque où commencent  des polémiques et des controverses avec les païens et avec les juifs, très puissants à Sardes. Resté célibataire, Méliton est sans doute originaire d’une communauté judéo-chrétienne… fidèle à la Pâque juive… avec les excès parfois de cette tradition chrétienne. Mais à Sardes, la petite communauté chrétienne devait se mesurer à une très puissante synagogue et les deux lieux de culte étaient voisins !  Méliton devait situer sa communauté face à la synagogue.  L’Ancien Testament pour lui annonce la merveille de Jésus et du Nouveau Testament. Mais son accent très fort sur la nouveauté a pu laisser penser que pour lui, l’Ancien Testament n’avait plus raison d’être. Or Méliton ne pensait pas ainsi… malgré quelques dérapages d’éloquence dans cette querelle de « famille ». Preuve : Méliton vers 170 est en outre le premier Pères de l’Eglise connu à se rendre en pèlerinage en Terre Sainte pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque. 

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Chapelle de Ronchamp (Le Corbusier). Naître d’En Haut

Commentaires

  • ~Prions pour notre diocèse :son Évêque , ses diacres et prêtres dont notre curé et sa communauté de l'Oratoire St Philippe Néri.


    ~Confions tout particulièrement les prêtres âgés malades ou décédés .Que la fécondité de leur vie apostolique donnée et de leur attachement au Christ , nous obtienne des grâces , en particulier de nombreuses et saintes vocations sacerdotales.


    ~Que ce confinement renforce l'amitié et la communion de prière entre nous, comme autant de petites flammes confiantes élevées en nos maisons, rattachées au Cœur battant du Ressuscité : le Cierge Pascal brûlant dans le chœur de notre église paroissiale chaque soir à 18h et chaque dimanche à 11h.

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