Samedi Soir de la 4ème semaine de Pâques
Bien chers frères et sœurs du blog paroissial,
La lecture et la méditation des chapitres 14 à 17 de St Jean commence ce soir et vont nous accompagner jusqu’à Pentecôte. Ce sont les entretiens les plus intimes et les plus profonds du Christ avec les siens, la « substantifique moelle » de l’enseignement de Jésus.
Bien à vous.
HYMNE
La Sagesse éternelle nous invite au festin.
Elle a dressé la table et préparé le pain.
Prenez mangez la Pâque, le Pain qui donne Vie.
Prenez buvez voici mon Sang, la Coupe du Salut.
Chantons notre victoire, la Pâque du Seigneur.
L’Agneau qui nous protège nous ouvre le chemin.
Quittons la servitude où nous tient le péché
Pour la Terre Promise où Dieu nous rend la Vie.
Le Christ est notre Pâque livré pour nos péchés.
Il a scellé l’Alliance dans sa Chair et son Sang.
Nous partageons la coupe et nous rompons le Pain
Proclamant sa victoire : « Gloire au Seigneur qui vient ».
Tu entres dans ta Pâque Jésus Agneau de Dieu.
Tu quittes notre monde et nous ouvre le Ciel.
A Toi Louange et Gloire, Jésus, Tu es Seigneur !
Fais de nous ton Royaume où Jésus est tout en tous.
Intentions de prière :
- Seigneur trois fois saint, guide et inspire les gouvernants pour la délicate mise en place des phases successives du déconfinement dans tous les secteurs de notre pays. Que tout se passe dans la recherche du bien commun, le respect et la responsabilité de chacun, dans une attention toujours nouvelle envers les plus démunis.
- Action de grâces pour l'inventivité, les multiples initiatives dans de nombreux domaines pour aider à la reprise et au relèvement ...
- Nous prions pour tous ceux qui luttent encore contre la maladie et pour tous les malades ; Que force, confiance et paix leur soient donnés.
- Nous prions pour les soignants et les chercheurs que le découragement ne les gagne pas.
On peut relire l’épître de ce matin.
Psaume 97
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël ;
la terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez.
Ljubljana, ancien monastère de l'ordre des chevaliers teutoniques
Lecture de l’Evangile de Jésus Christ selon St Jean 14/7-14, ICI
Commentaire
Nous continuons la lecture de l’entretien de Jésus avec les siens au dernier repas du Jeudi Saint. Je ne vous cache pas que nous entrons dans des textes difficiles qui méritent attention : c’est le cœur de notre foi, la relation dans la Sainte Trinité et l’inhabitation divine de Dieu en nous et de nous en Dieu. J’espère que mes explications vous aideront. N’hésitez pas à me poser des questions par courriel. J’essayerai de vous répondre.
- v. 7 : « si vous me connaissiez vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu ». Cette parole de Jésus nous fait nous souvenir du prologue 1/18 : « Nul n’a jamais vu Dieu... » et de la force de son attestation dans le discours sur le Pain de vie : 6/46 : « c’est que nul n’a vu le Père si ce n’est celui qui vient de Dieu. Lui, il a vu le Père ». Si on connaît vraiment Jésus – et ce sera possible réellement après la Résurrection – on pourra rencontrer en Lui le Père et le connaître. Cette possibilité est une joie de Jésus pour les siens, - le but de sa mission -, joie qu’ils ont du mal à entendre et à saisir.
- v. 8 : Oui, visiblement, Philippe n’a pas saisi ce que Jésus avait dit à ce sujet.
- v. 9-11 : Jésus répond avec une certaine tristesse, peut-être un accablement : « Je suis avec vous depuis si longtemps et cependant, Philippe, tu ne m’as pas reconnu. Celui qui m’a vu a vu le Père ! Pourquoi dis-tu < Montre nous le Père > ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous ai dites, je ne les dis pas de moi-même ! (souvenons-nous de 7/17-18; 8/26; 12/49-50). Au contraire, c’est le Père qui demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. Croyez moi, je suis dans le Père et le Père est en moi. » Ensuite, au verset 15, il fera la promesse de l’Esprit Paraclet.
Le verbe « connaître » est central : précisons le vocabulaire.
Employé au temps du parfait pour la connaissance de Jésus par les disciples, ce qui veut dire qu’elle est supposée acquise !
Employé au futur pour la connaissance de Dieu : elle va venir dans l’événement de Pâque,
Puis, au présent comme si c’était déjà en acte ! Ce qui ne manque pas de dérouter...surtout que cette connaissance en acte est associée à la vision, au présent !! Alors que toute la Bible proclame que Dieu est invisible et caché (cf Is 45,15) comme l’affirmait le prologue 1,18.
Pourtant, c’est le désir de l’homme de voir Dieu, exprimé par le psaume 41,2 où le priant désire voir la face de Dieu avec beaucoup de hardiesse. Songeons aux précautions prises par Dieu avec Moïse afin qu’il ne le voie que de dos !! Ex 33,22ss ou Elie 1 R 19,13.
Connaître exprime bien plus qu’une démarche intellectuelle, - même si ce n’est pas exclu – mais une très réelle intimité entre deux personnes. Connaitre le Père, c’est en St Jean l’équivalent de connaître le Nom dans Ancien Testament et encore en Jn13,3. Connaître le Père, c’est « naître avec Lui, en Lui ».
Voir renvoie à une théophanie : la demande de Philippe « Montre nous le Père » nous rappelle la demande « Montre-moi ta Gloire » de Moïse en Ex 33,18.
Jésus reprend Philippe non pas à cause de sa demande de voir mais parce qu’il a demandé à Jésus comme si le Père et Jésus étaient deux ! Alors que Jésus dit au présent « vous voyez le Père » (v 7), Philippe attend encore de voir. Jésus est la théophanie/manifestation parfaite du Père. Voilà ce que Philippe n’a pas saisi.
« Qui m’a vu a vu le Père » : le verbe au parfait-présent signifie une action qui dure. D’où la traduction au présent en français.
En Jean 12,45, Jésus avait dit: « celui qui me voit (verbe theoréo, c’est-à-dire vision liée à la foi) voit Celui qui m’a envoyé » : cela était plausible pour tous; dans l’envoyé, on peut voir l’envoyeur.
Mais ici, Jésus dit « le Père » - non plus Celui qui m’a envoyé - et l’effet est saisissant : il s’agit ici d’une vision face à face, plénière, exhaustive... comme celle du Fils en 6,45-46 !!
S’agit-il d’une vision optique, comme si Dieu pouvait être l’objet de notre vue ? Non mais selon le Père Dufour « une saisie dans la foi qui a la force d’une évidence... à travers le Fils, le croyant est en présence du Père lui-même. »
C’est vrai encore aujourd’hui pour nous devant le St Sacrement exposé comme à la communion.
En revanche tout ce que nous disons du Père doit être vérifié sur le Fils dans son action – ce sont les œuvres du Père – comme dans les paroles – ce sont les paroles du Père -.
Jésus fonde le « voir » sur le fait que le Père habite en lui. (10-11).
Ainsi les versets d’aujourd’hui assument et explicitent ce que Jésus disait en 6,45-46: « c’est que nul n’a vu le Père si ce n’est celui qui vient de Dieu. Lui, il a vu le Père ». Aujourd’hui on peut ajouter : « étant le seul à avoir la vision du Père, il est celui qui le donne à voir ».
Le but de Jésus est de montrer le Père et d’y conduire les croyants et c’est par son adhésion à Jésus que le croyant l’atteint.
- v. 12-14 : L’ayant atteint, les conséquences se font voir : le disciple sera capable de faire les mêmes œuvres que le Fils et même de plus grandes ! L’annonce de l’Evangile à toute la création et la fondation d‘un peuple saint fidèle à Dieu – l’Eglise – est une plus grande œuvre aux yeux de Jésus. Mais cela n’est possible que si les fidèles prient le Père - par le Fils ou au nom du Fils -, lui demandent de pouvoir réaliser les œuvres de Dieu. Et la réussite des disciples demandant et accomplissant l’œuvre de l’annonce du salut rend Gloire à Dieu et au Fils.
Prions la Vierge Marie,
Demandons lui la grâce d’entrer avec son aide dans le mystère merveilleux de son Fils et de notre Dieu Unique et UN en trois personnes.
Cathédrale de Tolède
Commentaires
Il est bien clair que ces versets de Saint Jean nous emmènent au coeur du mystère de la Trinité.
Il faut se résoudre, mais ce n'est pas forcément évident, à se représenter ce qu'est cette réalité qui nous dépasse et qui est pourtant au centre de notre foi.
Prions pour que nous parvenions à effectuer ce nécessaire dépassement de notre raison et pour croire réellement que le Christ habite en nous.