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La Transfiguration

Regardons le Christ Transfiguré à travers le regard des 3 apôtres puisqu’ils sont les seuls à avoir vu le Christ dans sa splendeur de gloire, tel que nous le verrons à la fin des temps. St Marc nous transmet l’expérience de Pierre : « il est métamorphosé devant nous, ses vêtements sont devenus étincelants, extrêmement blancs, plus qu’un foulon sur la terre peut blanchir. » (v.3) Le Christ montre sa nature humaine – comme la nôtre - divinisée par sa nature divine. C’est l’œuvre de Dieu accomplie : le Nouvel Adam est venu dans la chair humaine pour l’introduire dans la communion avec Dieu et ainsi la diviniser. Cet événement sur le mont Thabor annonce la fin des temps et la venue définitive du Royaume.

 

Mais attention ! Jésus ne vient pas sauver nos âmes comme on l’a trop dit ! Le salut en Christ atteint tout l’homme, corps et âme ! Le corps de Jésus est lui-même tout entier saisi et transformé. 

Nous avons beaucoup de mal à recevoir ce message… depuis le 16ème siècle, la Renaissance et le siècle dit des lumières, rationaliste et positiviste… dans le prolongement de Descartes.

En ces siècles s’opéra une rupture profonde dans notre culture occidentale, cela n’affecta pas l’Orient en effet. Alors que jusque-là, on pensait l’homme naturel dans la nature, en profonde unité avec elle, terre nourricière, l’homme fut alors séparé de la nature qui fut regardée comme une matière à dominer, à transformer, parfaitement extérieure à l’homme qui, lui, fut placé au centre de tout, pour tout dominer. Avec Descartes, la matière devient inerte, mécanique et le propre de l’homme, c’est sa pensée. La base de tout est : « je pense donc je suis ». D’un même mouvement,  l’homme fut séparé de la nature – comme replié sur sa pensée – et il remplaça Dieu, par sa pensée,  comme point d’appui central et unique. Comme le reproche Pascal à Descartes : « Je ne puis pardonner à Descartes ; il voudrait bien, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu, mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela il n’a plus que faire de Dieu ».  

La phase ultime de cette pensée nous fut donnée quelque temps avant le 1er confinement avec l’homme « immortel » grâce aux nombreuses prothèses qui allaient pouvoir se substituer aux organes humains défaillants… et durant le confinement, dans la manière dont les anciens furent traités : médicalement comme il faut, mais humainement d’une manière effroyable, totalement isolés, et cela en raison d’une médecine qui regarde le corps comme une mécanique, les soins comme des moyens de réparation hautement techniques… l’homme étant selon Mr Descartes « une chose qui pense »… la chose étant tout ce qui n’est pas la raison… et la raison étant le tout de l’homme.

Nous sommes façonnés par des siècles de cet enseignement que notre Eglise refusa énergiquement  mais sans réussir à y répondre vraiment et pertinemment.

Tout le monde, alors,  se contenta du soin de son âme, de son intériorité, des valeurs spirituelles et la création devint simplement la « nature » et fut livrée à la technique triomphante… avec les jardins pour le romantisme. Mais regardez comme un jardin à la Française tyrannise la nature !

 

Alors on parlait surtout de la survie de l’âme, sauvée par la Croix et la souffrance du Christ ; s’il ressuscitait,  c’était son dernier miracle qui confirmait son message. Et on attendait la vie éternelle des âmes.

 

La Transfiguration, annonce du salut accompli, transfiguration autant de l’âme que du corps – même si pour nous ce n’est pas en même temps – et la résurrection n’était pas qu’un miracle de plus.

 

Non ! Nous annonçons la vie éternelle de l’âme et du corps de l’homme et de la femme. Et en même temps, parce que nous sommes inséparables de la création, nous annonçons « une terre nouvelle et des cieux nouveaux ». C’est toute la création qui est appelée à la résurrection : comme dit St Paul : «  Si un homme est en Christ, création nouvelle. »… et non pas : « créature nouvelle » comme on traduit habituellement !

 

Car ce corps humain, nous le regardons et nous l’admirons comme un « microcosme » : 

« l'homme est un petit monde qui contient les mêmes éléments qui remplissent l'univers » écrit St Grégoire de Nysse ou bien Ste Hildegarde de Bingen : « L’homme contient en lui le ciel et la terre et les autres choses créées, et il est une forme unique. »

 

Et en plus, c’est vrai, nous sommes intrinsèquement liés à la matière et c’est pourquoi à la matière, est promis le salut de la résurrection  : notre corps a du minéral, du chimique, du carbone, de l’eau, beaucoup d’eau. L’astrobiologiste Carl Sagan déclare : « l’azote dans notre ADN, le calcium de nos dents, le fer dans le sang, le carbone de nos tartes aux pommes ont été faits à l’intérieur d’étoiles qui se sont effondrées. Nous sommes faits de poussières d’étoiles. » 

Mais du coup aussi, la destinée de l’homme et la destinée de la nature sont liées profondément. Le sort de l’un entraine le sort de l’autre. Le réveil écologique est en train de le découvrir et de faire sauter les certitudes de cette idéologie née à la Renaissance et si dévastatrice. Le début du carême nous l’a rappelé : « souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » Ce n’est pas une menace, c’est une évidence. Ce n’est pas un mépris car la matière est bonne, selon le mot de Dieu dans la Genèse, « car Dieu vit que cela était bon. » Et la matière est bénie de Dieu avant même l’arrivée de l’homme !

Mais cette annonce du commencement du carême doit être entendue avec celle de Pâques : Christ est ressuscité et en lui, tout, homme femme et nature sont ressuscités, promis à la Gloire divine montrée aujourd’hui dans le Christ sur le mont Thabor. Le Dieu qui me crée, qui nous crée sans cesse à partir de rien saura bien nous ressusciter à la fin des temps. Ce ne sera pas plus difficile que de créer Amen.

LOUANGE À TOI JÉSUS TRANSFIGURÉ, LES DISCIPLES ONT VU TA GLOIRE.

POUR QU’EN TA CROIX ILS TE CONTEMPLENT, TOI LA SPLENDEUR DU PÈRE.

 

2. Voici que Moïse et Élie ' apparus dans la gloire, 
S'entretenaient avec lui ' de son exode à Jérusalem,

Car le Fils de l'homme sera livré aux bourreaux,
Il sera mis à mort ' mais le troisième jour il ressuscitera. 

 

4. Dieu ' personne ne l'a jamais vu,
Mais le Fils qui est dans le sein du Père ' lui, nous l'a révélé 
Et nous avons vu la gloire qu'il tient de son Père,

Comme Fils Unique ' plein de grâce et de vérité. 

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