5ème dimanche de Pâques B
Je suis bien heureux chers frères et sœurs… Notre mirabellier porte beaucoup de fruits… La récolte promet d’être bonne cette année ! Quelle chance malgré les gels tardifs que nous venons d’avoir ! Certes je le soigne avec attention mon mirabellier qui pousse fièrement en plein centre-ville, je le taille régulièrement et y prête une attention toute particulière…. Une fierté !
Et justement, en ce dimanche du temps pascal, notre Seigneur Jésus nous rappelle que : « Ce qui fait la gloire de son Père, c’est que nous portions beaucoup de fruits et que vous soyons pour lui des disciples. ». Que nous soyons les sarments féconds dont sa vigne a besoin.
Oui, Dieu jamais n’a cessé d’attendre les fruits de sa vigne ; mais elle n’a pas toujours donné les fruits souhaités. Ainsi, au lieu d’écouter les prophètes, qu’il a envoyés, les vignerons l’ont maltraitée. Comble de l’amour, il envoie son fils bien-aimé ; en réponse, les chefs du peuple vont mettre le comble à leur infidélité, en tuant le fils dont la vigne est l’héritage. Mais ce qu’Israël n’a pu donner à Dieu, Jésus le lui donne. Il est la vigne qui rend le cep authentique, digne de ce nom. Il porte du fruit en abondance en donnant sa vie, en versant son sang, suprême preuve d’amour, et le vin, fruit de la vigne est, dans le mystère eucharistique, le signe sacramentel de ce sang versé pour sceller l’Alliance nouvelle ; il est pour nous le moyen de communier à l’amour de Jésus et de demeurer en LUI, sarments féconds car : sans fruit pas de salut !
Qu’il signifie au sens propre la fécondité ou au sens figuré le résultat obtenu, le mot fruit désigne ce qui est produit par un être vivant, car si Dieu plante et sème, comme l’homme, on ne dit pas qu’il porte du fruit : il récolte les fruits qui doivent manifester sa gloire. Et comme Jésus nous l’enseigne aujourd’hui, Dieu réclame des fruits de sa vigne, toute inertie est condamnable, les sarments improductifs sont jetés au feu et ils y brûlent, mais les serments féconds seront émondés pour qu’ils en produisent encore plus : telle est la manière divine, la surabondance, qui suppose la purification continuelle du disciple.
Dès lors, notre fécondité retient l’attention du Père qui vient alors nous émonder afin que nous portions davantage de fruits : « tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage ». Nous avons ici la promesse de la sainteté ! N’est-ce pas merveilleux ? Tout se passe comme si tout élan franc et sincère de notre part pour faire la volonté de Dieu, pour devenir ses disciples, dans le détachement et l’humilité, en suivant les pas de son Fils, nous introduisait dans la spirale vertueuse de la sainteté ! Quelle magnifique promesse ! Magnifique promesse qui ne peut être vécu que si nous acceptons aussi de nous laisser émonder, purifier par Dieu lui-même. Le chemin de sainteté n’est pas un long fleuve tranquille, mais un combat permanent qui ne peut être gagné que par la volonté permanente de se remettre en question sous la douce conduite de Dieu. Et pour ce faire, seul l’enseignement reçu des Ecritures et la pratique des sacrements peuvent nous guider vers le bon chemin.
Mais, si nous regardons nos vies et l’histoire de notre Eglise : Combien d’œuvres humaines, combien d’initiatives personnelles n’ont pas abouties ! Combien de beaux projets qui semblaient si prometteurs sont tombés à l’eau, même si nous pensions qu’ils étaient bons pour annoncer les merveilles de Dieu ? Alors interrogeons-nous : étaient-ils bâtis sur la prière et sur le discernement à la lumière de l’Esprit ? Etaient-t-ils volonté de Dieu ? Ont-ils été construits à partir de l’enseignement du Christ ? L’homme quand il oublie de se faire guider par Dieu se coupe lui-même du Cep et ses actions ne sont bonnes que pour le feu. Nos églises vides, qui pourraient nous faire douter de l’avenir, ne sont-elles pas l’émondage que Dieu entreprend pour que nous convertissions nos cœurs à sa volonté et que nous repartions dans une meilleure direction ?
C’est pourquoi, chers frères et sœurs, n’oublions pas que la condition pour porter des fruits et avoir part au salut avec le Christ est de demeurer en Lui « la vraie vigne ». C’est ce sur quoi Jésus insiste dans le passage d’Evangile que nous venons d’entendre. Le verbe demeurer et ses déclinaisons y apparaissent d’ailleurs 8 fois. Cela montre combien il n’est pas possible d’être disciple du Christ sans entretenir une relation intime avec Lui, sans demeurer en Lui. Christ doit être notre guide dans tout ce que nous entreprenons. Nous devons penser avec Lui, respirer avec Lui, laisser battre notre cœur à son rythme, aimer avec Lui. C’est notre condition pour réussir !
Et la première conséquence qui découle de cette constatation est de tout faire pour demeurer en Lien avec le Christ. En d’autres termes, comme nous l’enseigne St Jean Aujourd’hui : de « rester fidèle à ses commandements » et de poursuivre : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ». Seuls l’amour vécu en actes et en vérité et la marche à sa suite, dans la lumière et la foi donnent sens et valeur à nos existences.
La question toute simple pour tester le poids de l’authenticité de nos vies revient donc à nous demander chaque matin : « suis-je bien décidé aujourd’hui à croire et à aimer ? » Si oui, nous pouvons être sûrs que nos sarments porteront des fruits.
La seconde conséquence consiste à nous laisser émonder et nourrir par le Christ. Pas toujours facile ! Il est vrai que tout ce qui nous est retranché n’est pas toujours facile à supporter ! Mais il est sûr aussi que tout ce qui est soumis à la mort débouche sur la vie de Dieu. La gloire de Dieu est que nous portions non seulement « beaucoup de fruits » mais encore un « fruit qui demeure ».
Le combat spirituel que cela impose doit nous pousser à ajuster nos âmes au son diapason de l’amour du Christ. Réconciliation, Eucharistie, enseignement du Christ et prière, sont là comme la sève qui nourrit le sarment et produit sa fécondité. Elles sont notre viatique pour notre chemin de sainteté et ainsi, nourris par ses délicats nectars, les fruits de nos actions seront beaux et bons, au gout du Seigneur, et nous Lui permettrons de demeurer et d’agir en nous, serviteurs inutiles.
Amen
Jean-Marie Blondel diacre