Ascension 2021

Cette fête est en demi-teinte ! Pouvons-nous nous réjouir ? Cela ne doit pas être si simple puisque l’oraison du jour demande à Dieu de « nous ouvrir à la joie de cette fête » ! Regardons de plus près ses nombreuses dimensions :

 

 

- c’est certainement une fin : cesse aujourd’hui la présence visible de Jésus auprès des apôtres. Ils sont introduits dans le régime normal de la relation avec Jésus ressuscité jusqu’au Royaume : le régime de la foi et non celui de la vision dans la communion qui est le régime du Royaume. Mais cela n’a pas l’air de les affecter : même s’ils s’attardent à la vison du départ, ils reviennent tout joyeux à Jérusalem car le Seigneur qui était devant eux, est maintenant EN EUX.

 

- C’est aussi un accomplissement de la mission du Christ : il est venu – par son Incarnation - nous chercher pour nous ramener au Père en rouvrant à nouveau le chemin et l’accès  à Dieu, tous deux fermés depuis le refus de l’homme. Et pour cela il est descendu au plus bas comme le disait St Paul dans l’épître dans l’humiliation de la croix, la mort et la descente au séjour des morts. Aujourd’hui nous fêtons son « exaltation », son « élévation » comme il disait : et ce n’est que justice. Celui que les hommes ont tant méprisé et humilié aujourd’hui reçoit la Gloire du Nom au-dessus de tout Nom devant qui tout genou fléchit. Cette Gloire du crucifié doit nous réjouir pour Lui.

Cet accomplissement avait été prédit : rappelez-vous i Jésus s’était nommé toujours le Fils de l’homme, citant le prophète Daniel. Aujourd’hui il accompli toute la destinée de ce Fils de l’homme selon le prophète : la vision commence ainsi : « Je continuai à regarder : des trônes furent disposés, et un Ancien des jours prit place ; son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée ; son trône était fait de flammes de feu, avec des roues de feu ardent. Un fleuve de feu coulait, qui jaillissait devant lui. Des milliers de milliers le servaient, des myriades de myriades se tenaient devant lui. » Nous sommes bien au Ciel devant l’Eternel.  Puis la vision se poursuit : « Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’à l’Ancien des Jours, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. » Voilà ce qui s’accomplit aujourd’hui. Le Fils revient au Père, partageant son pouvoir divin, - c’est ce que veut dire « assis à sa droite » car nous savons bien que Dieu n’a ni droite ni gauche ! - et c’est l’inauguration solennelle du Royaume des Cieux. Le Christ « remplit l’univers » disait St Paul. Durant sa vie mortelle, Jésus était dans le monde, dans le cosmos. Maintenant, Ressuscité, il tient le cosmos dans sa main. C’est qui sommes en lui.

- Mais Jésus, Le Fils de l’homme, ressuscité est élevé en Dieu avec son corps d’homme. Il y a donc un homme en Dieu, une nature humaine complètement divinisée, « devenue par grâce ce que le Fils de Dieu est par nature » comme dit St Maxime le Confesseur. Ainsi la poussière dont nous sommes faits, est destinée non plus à retourner à la poussière mais à la Gloire. « Ce que St Paul annonce avec joie  : « En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » Cette fête est donc aussi notre fête qui comme le chante la préface, «  le Christ ne s’évade pas de notre condition humaine mais en entrant le 1^er dans le Royaume, il nous donne à nous  l’Eglise son Corps, l’espérance de le rejoindre un jour. » 

- Alors que devons-nous faire ? La dernière prière de cette messe le dit explicitement : « mets en nos cœurs un grand désir de vivre avec le Christ en qui notre nature humaine est déjà près de Toi. »Echo à St Paul dans l’épitre du jour : « « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.

Un grand désir de vivre avec le Christ notre vie quotidienne, Rechercher les « réalités d’en haut »: qu’est-ce que ces réalités d’en haut ? Ce « vivre avec le Christ » sur la terre et au ciel.

C’est à la fois donner la 1^ère place à Dieu – « lever les yeux vers Dieu » , faire son Trésor de l’enseignement divin et d’aimer la Parole divine, faire nôtre la joie de le prier simplement, d’être en sa Présence, c’est chercher à vivre au plus haut niveau spirituel et moral possibles, au milieu d’une monde vulgaire, souvent salace et bien médiocre, c’est de « choisir toujours le meilleur… » « davantage » comme disait St Ignace de Loyola. … et le tout sans orgueil ni recherche de soi… et avec patience !

Vous savez bien comme moi qu’il n’y a pas trop d’une vie pour progresser un peu sur ce chemin des « choses/réalités d’en haut. »… D’où la nécessité de commencer aujourd’hui.