Premier dimanche de carême
Je voudrais ce matin aborder deux points importants que notre équipe d’animation pastorale et moi-même désirons vous proposer pour ce carême.
Faisons un constat : Depuis plus de deux années, nous vivons une situation tout à fait particulière : la pandémie a modifié profondément nos modes de vie, elle nous a divisés, elle a fait disparaître pendant un temps la célébration eucharistique, source de vie – certains ne l’ont pas reprise, peut-être pas encore ? – ainsi que la proximité fraternelle, nécessaire à la vie, en nous confinant – ce fut terrible pour certains d’entre nous, des personnes âgées en sont mortes – puis en imposant des gestes barrières, légitimes, mais graves dans leurs conséquences possibles au plan spirituel et psychique.
Et maintenant voilà la guerre à nos portes, guerre fratricide entre Caïn et Abel puisque les russes et les ukrainiens sont nés au même baptême, guerre que l’on croyait impossible dans l’euphorie générale d’une paix assurée dans une mondialisation douce, un royaume de Dieu avant l’heure, une nouvelle version de Babel. Cela nous ramène sur la terre ! Retour à la réalité ! Dans une humanité qui a toujours fait la guerre, surtout quand des psychopathes sont au pouvoir : les USA ont eu le leur, la Russie a le sien et la Chine aussi !... pour ne parler que d’eux.
Bien sûr, certaines réalités dépassent nos pouvoirs et même nos compréhensions tant les informations journalistiques qu’on nous donne, sont gouvernées plus par l’idéologie que la recherche de la vérité. Nous avons la prière.
Mais la réalité de la relation personnelle avec Dieu et de nos relations fraternelles dans la communauté paroissiale comme ailleurs, cela dépend de nous !
Voilà les deux points que nous vous proposons :
1 – Revivifier notre relation avec le Seigneur. « Revenez à moi ! » Telle est la parole prophétique qui a ouvert mercredi notre carême. Revenir… parce que nous savons que le danger qui nous guette, est celui de quitter insensiblement le Seigneur, sans même nous en rendre compte vraiment ! Chers frères et sœurs, vous venez à l’eucharistie du Seigneur le dimanche, et vous faîtes bien ! Mais dans la semaine, combien de temps consacrez-vous à Dieu ? Ayez le courage de regarder les derniers jours de votre semaine : chaque jour, combien de temps ? Combien de jours sans rien ? Combien de jours avec la prière récitée le soir en s’endormant avant la fin ! ? Combien de mois sans aucune prière si ce n’est quelques cris « au secours » quand cela ne va plus ! S’il n’y a pas de cœur à cœur régulier avec Dieu, s’il n’y a pas une relation personnelle avec le Seigneur, votre foi est en grand danger… c’est pour cette raison que la vie chrétienne de bien de nos compatriotes s’est effondrée d’un coup : il n’y avait plus que le cadre, il n’y avait plus d’âme.
Nous vous proposons une chose commune : nous nous promettons de dire au moins une fois par jour « l’angelus » en priant les uns pour les autres et d’ajouter, au moins une fois dans le carême, la participation à une eucharistie en semaine et/ou un moment d’adoration eucharistique soit le mardi de 17H15 à la messe ou le jeudi de 18H30 à 19H après la messe.
2 – Revivifier notre vie fraternelle. La vie fraternelle existe dans notre communauté. Bien des signes le montrent. Mais tous les lieux habituels de cette convivialité nous ont été enlevés : repas paroissial, pèlerinages, agapes à la sortie des messes de fête, tous les repas ou goûters des groupes de rencontres de la communauté (avec les futurs mariés, avec les catéchumènes, dans les différents groupes…)
Certes, il y a les groupes à la sortie de la messe dominicale, sortie qui dure de plus en plus longtemps…je suis de plus en plus en retard au repas de ma communauté !
Ces groupes sont bons… s’ils portent aussi le souci des autres ! Mais il y a aussi ceux qui font tout pour sortir le plus vite… avant même que j’ai eu le temps de me trouver à l’entrée du tunnel… d’ailleurs je pars de plus en plus tôt pour y être le 1er ! Et puis il y a les nouveaux arrivés depuis deux ans qui n’ont pas été assez accueillis…
Nous vous proposons « de prendre la décision de saluer avec bienveillance, avec intérêt, ceux que nous rencontrerons, quand nous arrivons à la messe (nos voisins de chaise les plus proches) et de ne pas exclure la possibilité d’échanger avec les autres après la messe au moins une fois durant ce carême. »
Et dans ces échanges fraternels, nous pouvons aussi œuvrer pour une plus grande qualité de relations fraternelles, selon ces paroles de St Aelred de Rievaulx un cistercien anglais du 12ème siècle. Il écrit : « l’amour fraternel qui doit exister entre nous prend naissance dans le Christ et se maintient conformément à l’Evangile du Christ. Nous voici toi et moi et je l’espère, en tiers entre nous, le Christ. Le fondement c’est l’amour de Dieu, c’est à lui qu’il faut rapporter tout ce que l’amour ou le sentiment d’attirance nous suggère et il faut veiller soigneusement à ce que tous les éléments (de la conversation et de la relation) conviennent à ce fondement en Dieu. » Et ceci pour entre nous : « Qu’ils se soucient les uns des autres, qu’ils prient les uns pour les autres, que chacun pleure les défaillances de l’autre comme les siennes propres, que chacun regarde les progrès de l’autre comme les siens… Quand on fait mémoire des ses frères devant Dieu, l’efficacité de la prière est à la mesure de l’élan du cœur de celui qui prie. » Amen