2ème dimanche du carême
Dimanche dernier, l’Eglise nous faisait contempler l’humanité parfaite de Jésus. Jésus est bien « fils d’Adam » comme dit St Luc dans sa généalogie. Et comme Adam, Jésus est tenté par le mal, il veut faire l’expérience de la tentation mais, lui, reste fidèle au Père et vainc le Mal. Et lui n’est pas exclu du paradis… « les anges le servaient » note St Marc. Mais Jésus nous apparaît comme un homme, faible, mortel, tenté : il est bien « comme nous », de notre condition humaine sauf le péché.
Aujourd’hui, le même Jésus apparaît dans sa splendeur divine, sa nature humaine est divinisée et le Dieu-Homme apparaît dans sa beauté insupportable au regard, éblouissante: « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante mot à mot « blanc d’éclair, comme l’éclair. » St Matthieu est plus précis : « son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blanc comme la lumière. » C’est la seule fois où Jésus se montrera comme cela jusqu’à sa venue à la fin des temps.
On voit que ces deux dimanches nous font voir toute l’histoire du salut récapitulée en Jésus, de la création et du paradis à la venue glorieuse à la fin des temps… et donc aussi notre avenir : ce que Jésus nous montre, c’est aussi ce que nous serons quand nous le verrons tel qu’il est, selon la 1ère épitre de st Jean. Mais aussi de St Paul dans l’épitre de ce jour : « Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux
d’où nous attendons comme sauveur
le Seigneur Jésus Christ,
lui qui transformera nos pauvres corps
à l’image de son corps glorieux »
La récapitulation de l’histoire dans le Christ se continue aussi par les deux personnages qui accompagnent Jésus : Moïse et Elie, Elie enlevé au ciel près de Jéricho et Moïse sans tombeau, enlevé lui aussi dans le ciel selon le judaïsme. Ils sont tous deux témoins du Messie : Moïse a annoncé la venue du Grand Prophète et Elie est appelé à précéder le Messie. Et de quoi parlent-ils ? St Luc dit « de son exode qu’il devait accomplir à Jérusalem ». Exode : le mot est choisi à dessein. Il évoque bien entendu la sortie d’Egypte, la libération des forces d’oppression et e la mort programmée par Pharaon, l’expérience du Sinaï et du don des Paroles de vie. Mais cet exode passé doit être « accompli par le Christ à Jérusalem » pour libérer les hommes du Mal, de la Mort et leur ouvrir la terre promise du Royaume de Dieu. Ainsi apparaît l’unique Dessein de Dieu promis à Abraham, réalisé progressivement dans l’histoire et accompli dans la Pâque du Christ, c’est la proclamation triomphale de St Paul dans la synagogue d’Antioche de Pisidie « Et nous, nous vous annonçons cette Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères, Dieu l’a pleinement accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus. ». La Promesse à Abraham dont la 1ère lecture nous parlait.
Et les dimanches suivants vont prolonger cette présentation du salut qui nous est faite en même temps qu’aux catéchumènes : il nous faut nous aussi passer par cette Exode avec Jésus, de la mort à la vie, du péché à la bonté, de la haine à l’amour, de la division à la communion, du mépris à la gratitude…
Cet exode – notre Pâques en Christ – c’est l’Esprit Saint qui l’accomplit en nous : c’est ce que Jésus enseignera à la samaritaine devant nous dimanche prochain. L’Eau Vive jaillissant pour la vie éternelle et faisant du disciple un véritable adorateur du Père en Esprit et en Vérité –c’est-à-dire en Christ, c’est l’Esprit Saint.
Pour accueillir le Christ en nous et recevoir son illumination intérieure nous avons besoin de la guérison de notre cécité spirituelle, nés aveugles que nous sommes tous, aveugles à Dieu, à son œuvre, à sa présence, à la compréhension de l’histoire. Ce sera l’Evangile dans 15 jours.
Enfin dans 3 semaines, la libération complète ne peut être accomplie si la mort n’est pas vaincue ! Et l résurrection de Lazare nous annonce la victoire de Jésus sur la mort qui n’est plus fin de tout mais chemin vers le Père, chemin vers la maison du Père où il y a beaucoup de béatitude – plus que du bonheur - puisque l’homme sauvé est là où est Jésus, c’est-à-dire « dans le sein du Père ».
« Récapituler, réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ, toutes choses du ciel et de la terre », ressaisir tout dans le Christ, « tout réconcilier par le Christ et pour le Christ »… toutes des expressions de St Paul pour dire le dessein de Dieu dans lequel le baptême dans l’Esprit nous fait entrer. St Luc en bon disciple de St Paul montre dans son évangile comment Jésus réalise ce dessein divin dans lequel nous sommes tous entrés – Johann et les catéchumènes de cette année vont y entrer bientôt – et la liturgie poursuit son point de vue dans le choix judicieux et très ancien de cette séquence d’Evangile pour la carême.