VIGILE 2022
Comme chaque année à la vigile pascale, l’Eglise nous conduit au tombeau vide avec les saintes femmes. Elles sont déconcertées, dit St Luc, en voyant le tombeau vide et en ne trouvant pas « le Seigneur Jésus »: cette formule est unique dans l’Evangile mais fréquente dans les Actes des Apôtres: elle dit la nouvelle condition de Jésus: il est SEIGNEUR, sa divinité est maintenant manifeste. Il est appelé comme Dieu, le Vivant: « Pourquoi cherchez-vous LE VIVANT parmi les morts ? » demandent les messagers en vêtements éblouissants.
Dans le message des anges aux saintes femmes, St Luc note un enseignement particulier; après la question : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? il n’est pas ici, il est ressuscité. », les anges ajoutent: « RAPPELEZ-VOUS CE QU’IL VOUS A DIT QUAND IL ETAIT ENCORE EN GALILÉE. » Ainsi, pour comprendre le tombeau vide, pour comprendre de l’intérieur le mystère pascal, il faut se rappeler les enseignements de Jésus. Il a tout dit à ses apôtres et aux disciples, la clé de compréhension est dans son enseignement.
Quel est donc son enseignement ? reprenons quelques éléments :
* Jésus leur a dit« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé; c’est un baptême que j’ai à recevoir et comme cela me pèse jusqu’à ce qu’il soit accompli. » (12/49) . Cette confidence, Jésus la fait aux siens quand il était en Galilée.... un peu après qu’il ait commencé à annoncer qu’il devait souffrir. Le Seigneur ici livre son cœur, son cœur passionné, embrasé par sa mission et par le salut qu’il apporte , tout à la fois feu du jugement et de l’Esprit de Pentecôte, baptême de sa mort sur la croix et baptême des disciples pour leur salut.
* De plus, ce qui s’est passé au soir du vendredi saint, n’est pas dû au hasard; au tombeau, les anges rappellent aux femmes les paroles de Jésus: « Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour il ressuscite . Mais par les confidences du Maître, nous savons que cette œuvre douloureuse du salut ne lui était pas arrachée; au contraire, elle était profondément désirée par le Christ; c’était le foyer secret de toute sa vie et il avait hâte de l’accomplir ; il avait hâte d’aimer « jusqu’au bout », il avait hâte de sauver. Cette hâte nous impressionne et nous émeut.
* Quelques heures avant de mourir, Jésus se confie encore aux siens qui ne saisissent pas sur le fait, toute la portée des propos du maître: « Lorsque la femme enfante, elle est dans l’affliction puisque son heure est venue; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son accablement, elle est toute à la joie d’avoir mis un homme au monde. » (Jn 16/21)
Cette parole que Jésus adresse aux disciples vaut déjà pour lui. Il a devant lui son Heure, Heure jusque là différée et maintenait advenue. Il sait que cette Heure est douloureuse... Au début du repas pascal, Il a déclaré « Mon âme est troublée et que dirai-je ? Père sauve-moi de cette heure ! Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu. Père glorifie ton Nom. » Mais maintenant il compare sa passion et sa résurrection à un enfantement: l’enfantement de l’homme nouveau, de l’homme sauvé, corps et âme et il affirme qu’il goûtera la joie de cet enfantement, oubliant les douleurs de sa passion, tout comme la femme enceinte oublie ses douleurs quand l’enfant est là.
Mais cette parole, Jésus l’adresse aussi aux disciples...à notre Eglise ce soir.
D’abord parce que nous venons de vivre avec le Christ, les événements de sa passion et en cette nuit de résurrection, nous goûtons la joie de l’enfantement accompli ; nous nous réjouissons avec le Christ, de sa joie même. « Et cette joie, rien, pas même la mort, ne pourra nous la ravir. » (bénédiction finale de tout à l’heure)
Mais en plus ce soir, notre Eglise va enfanter des fils à son Seigneur par le baptême de JOHANN et d’ISMAËL. Ce baptême, le Seigneur l’a désiré d’un grand désir pour eux; ce baptême, Jésus leur en a acquis la grâce en mourant pour eux sur la Croix; et maintenant, il se réjouit de le voir s’accomplir car comme le dit le Concile, « quand le prêtre baptise c’est le Christ qui baptise par lui. »
L’Eglise – c’est-à-dire nous -, l’Eglise aussi comme une mère, tressaille d’enfanter des fils de la Résurrection à son Seigneur, comme le proclame la prière de la bénédiction de l’eau baptismale: « Et maintenait Seigneur regarde ton Eglise, multiplie ses générations... C’est la prière d’une Epouse à son Epoux pour enfanter de nombreux fils...Multiplie ses générations ! Que l’Esprit Saint féconde ces eaux qui doivent à nouveau enfanter les hommes comme naguère, l’Esprit a fécondé le sein de la Vierge Marie . Que de cette fontaine sacrée, comme d’un sein maternel très pur, émergent des enfants de Dieu. »
Johann et Ismaël, vous nous réjouissez beaucoup ce soir en demandant le baptême; vous nous rappelez que l’Eglise est faite pour enfanter des enfants à son Epoux et par là, diffuser la puissance de la Résurrection; c’est sa raison d’être, ce doit être sa passion comme c’est celle de son Epoux. Et nous sommes heureux de vous accueillir sous peu comme nos frères bien aimés, héritiers de la même grâce que nous.
Vous nous rajeunissez aussi car vous nous rappelez la joie de notre propre baptême et vous ravivez en nous le désir d’y être encore plus fidèles.
Oui ! Comme le dit la bénédiction finale de cette messe: « ils sont finis les jours de la Passion: suivons maintenant tous ensemble les pas du Ressuscité...jusqu’à son Royaume où nous posséderons enfin la joie parfaite. ».
Oui ! notre joie si grande déjà sur cette terre ne pourra être parfaitement épanouie que dans le Royaume que nous attendons. Maranatha ! Viens Seigneur Jésus !
Amen.