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23ème dimanche C

gisant de Saint Mansuy transféré en la cathédrale de Toul

 

         En ce 4 septembre, notre diocèse honore avec gratitude St Mansuy son 1er évêque au milieu du 4ème siècle.

         Dès la fin du 3ème siècle et au début du 4ème siècle, l’Evangile apporté à Toul et dans notre région, par des militaires avec l’exemple de la fidélité à la foi jusqu’au martyre,  de la légion thébéenne – c’est-à-dire copte - (massacrée fin 3ème à Agaune en Suise)

        

Le passage à Toul de St Athanase partant en exil à Trêves 335 fut sans doute un moment important tant cet évêque était brûlant de foi. Il a sans doute parlé de St Antoine du désert – père des moines - dont il publiera la vie en 365.

         Sans doute aussi, bien des voyageurs chrétiens anonymes ont semé la Parole.

         Tout cela produisit de beaux fruits : vers milieu du 4ème siècle : des ctés chrétiennes : Toul, Sion , Naix-aux-Forges (Nasium), Boviolles dans le Barrois, Grand, Deneuvre près de Baccarat, Soulosses… Certains villas gallo-romaines de campagne… suffisamment pour que l’évêque itinérant de la région Mansuy - se fixe à Toul créant ainsi une Eglise particulière et un siège épiscopal. Un des nombreux ermites de la région - St Amon - sera son successeur dans le dernier tiers du siècle.

         Un exemple significatif de fruit de cet annonce évangélique: En 370 – du vivant donc de St Mansuy - dans une villa des environs de Toul, naît dans une famille aisée et cultivée de l’aristocratie gallo-romaine qui connaît plusieurs consuls, Honorat qui vers 12 ans désire et demande le baptême qu’il recevra à 20 ans en 390… suivi de peu par son frère aîné Venance… tous deux attirés par la vie monastique dont avait parlé St Athanase qu’ils mènent d’abord dans la villa paternelle avant d’entreprendre un voyage chez les moines d’Orient avant de s’installer à Lérins.

 

Mais la question capitale est la suivante : comment se fait-il que des gallo-romains se laissent toucher par la Parole Evangélique qui leur est totalement étrangère… ? à la différence du monde juif, familier des prophètes, de la promesse à Abraham… 

et que, de plus,  cette annonce ne rencontre pas d’opposition !... Mais une fidélité au Christ jusqu’au martyre entre 363 et 365 sous Julien l’Apostat pour Elophe et ses compagnons.

 

Voici une ébauche de réponse en 3 points :

Nos ancêtres évangélisateurs – nouveaux chrétiens - reposaient tout entiers et fondamentalement sur la Parole de Dieu, le message qu’ils portaient et apportaient.

 

Pour eux…

 

         - 1 - La Parole de Dieu est efficace parce qu’elle est la Parole de Dieu… à condition de ne pas la bricoler, la paraphraser, l’adapter… Et cette Parole réalise ce qu’elle annonce…  selon le mot de l’épitre aux Hébreux 4/12-13» : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. » 

            Nos ancêtres surtout à cette époque, annoncent le mystère pascal dans toute sa rudesse. Ils ne prouvent rien, ils disent la Pâque, parlent de Jésus, racontent sa vie, transmettent St Paul, St Jean … et ils vivent comme ils disent, au moins autant qu’on peut… acceptant l’opprobre, la perte de leur renommée, parfois la perte de leur vie. Ils prennent leur croix comme dit Jésus portant sa honte et son apparent échec.

         Et cette Parole bouleverse vraiment profondément certains cœurs … et l’Eglise de Jésus est née.

         Comme nous sommes loin de cette force… nous qui bricolons, atténuons, mettons en doute cette Parole, nuançons, voulant avoir l’air intelligent, …

 

Pour eux …

 

         - 2 - La foi est un don de Dieu. La vraie foi, pas la vague croyance de tous les jours, celle que nous pratiquons : dire « je crois », chez nous aujourd’hui, cela veut dire qu’on fait confiance… sans trop y croire ! C’est un vague assentiment qui relève plus du doute, de la vague incertitude que de la foi vraie. D’où l’importance de l’enseignement du livre de la Sagesse lu de ce jour : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Les réflexions des mortels sont incertaines et nos pensées, instables…   Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre… Et qui aurait connu ta volonté,
 si tu n’avais pas donné la Sagesse
 et envoyé d’en haut ton Esprit
Saint ?
 C’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît
 et, par la Sagesse, ont été sauvés. »
 

         Mais c’est aussi St Paul dans la 1ère aux corinthiens lu en ce moment en semaine : « L’homme, par ses seules capacités,
 n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu ;
pour lui ce n’est que folie et il ne peut pas comprendre
 car c’est par l’Esprit qu’on examine toute chose….Car il est écrit :
Qui a connu la pensée du Seigneur
 et qui pourra l’instruire ?
Eh bien nous, nous avons la pensée du Christ ! »
 

         C’est Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui : on ne peut pas suivre le Christ si on ne renonce pas à soi-même… et dans le soi-même il y a la confiance en sa seule raison qui doit être abandonnée. La foi, c’est donner sa confiance d’abord à la Parole de Dieu pour pouvoir se servir ensuite de sa raison éclairée par cette Parole/sagesse de Dieu pour comprendre ce qui est dit. 

            Voilà ce que faisaient  nos ancêtres. Voilà ce que nous ne faisons plus vraiment.

 

- 3 -  Peut-être y étaient–ils aidés auprès de païens par la conscience de l’enfermement de leur pensée dans une raison humaine fermée à Dieu ; de « l’usure ultime »  d’une culture - comme dit Venance Fortunat et Paulin de Nole au 4ème siècle- culture qui tourne en rond avec ses idées, sans s’ouvrir au monde divin et nouveau qu’on ne peut connaître que par la foi ; de la sottise des discours sur les dieux païens, à ‘image des hommes !,  seulement un verbiage comme l’est de nos jours le discours creux et nauséabond sur les valeurs – idoles creuses d’aujourd’hui - … valeurs qu’on bafoue en même temps qu’on les loue. Peut-être aussi les gallo-romains avaient-ils un sentiment de décadence, de fin d’un modèle… 100 ans plus tard tout s’effondrera…

 

            Les 1ers chrétiens savaient que  la foi chrétienne était arrivée partout à contretemps, comme une surprenante étrangeté et plus profondément, comme le contraire du désir humain… Comme le dit St Paul « Scandale pour les juifs, folie pour les païens ». Ils ne désiraient rien en changer, affrontant la contradiction du monde déchu. 

         Et peut être, certains gallo-romains trouvaient avec surprise que ce qui leur était annoncé, c’était précisément ce qu’ils attendaient.

 

 

Prions pour que notre Eglise – c’est-à-dire nous aussi – ait l’audace de croire en l’efficacité de la Parole pour oser la dire telle qu’elle,  à notre monde d’aujourd’hui, quelque soit le prix. Cela suppose que la même Eglise retrouve d’abord sa foi réelle et profonde, et cesse d’être fascinée par une raison enfermée dans son monde clos et une culture dont l’essoufflement n’est que trop visible. Amen

 

Commentaires

  • "Seigneur,
    Augmente en nous la foi" !
    Par un effort accru d' une lect quotidienne de la Parole qui alimente notre prière ,notre réflexion,
    Mais une foi qui dépasse notre raison humaine
    et nous débarrasse le plus possible
    de tout orgueil.
    Ainsi nous pourrons ,avec st Jérôme,
    Et l'Esprit Saint demeurer
    "Réfugiés dans l'Excriture comme dans les plaies du Seigneur Jésus..."

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