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Sermon Christ 3  « Une seule personne »

         Nous avons successivement contemplé la parfaite humanité de Jésus par laquelle il est consubstantiel à nous et sa parfaite divinité qu’il partage comme un seul être divin, avec le Père et l’Esprit « qui est aussi Seigneur » c’est-à-dire Dieu, comme dit le credo, : il est consubstantiel au Père.

         Aujourd’hui je voudrais contempler avec vous l’Unique Personne du Christ. Rappelez-vous le concile de Chalcédoine disait en 451: « A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, que nous devons reconnaître en deux natures… les propriétés de chaque nature n’étant nullement supprimées mais plutôt concourant à former une seule personne et une seule hypostase. »

  

       Le « mot » est lâché : une seule « hypostase » mot grec qui signifie un seul sujet qui tient par lui-même avec ses qualités propres). Le mot a été traduit en latin par « persona » par le fondateur de la théologie en latin, Tertullien au tournant du 2ème/3ème siècle pour traduire en latin St Léon le Grand l’a repris. L’inconvénient du mot latin était d’être trop léger  - il désignait le masque de l’acteur de théâtre -… mais admis, il fut chargé de tout le sens d’hypostase.

         Avant le Concile de Chalcédoine, une étape de compréhension avait été franchie au Concile d’Ephèse en 431. Deux avis s’affrontaient alors dans l’Eglise : selon le patriarche de Constantinople Nestorius, Marie était mère seulement de l’homme Jésus, de sa nature humaine ; l’autre avis était que Marie était mère de Dieu… c’est-à-dire mère du créateur ! 

         Le concile trancha à la quasi unanimité des pères : Marie est Mère de Dieu, théotokos. Si Marie n’est mère QUE de l’homme Jésus,  Jésus n’est plus une personne mais deux : une personne humaine et une personne divine ! Le Concile a confessé unanimement, après bien des débats, que Marie était Mère de Dieu alors même qu’elle n’a enfanté que la nature humaine de Jésus : en effet, dans le corps de Marie Verbe divin a assumé la nature humaine et Marie n’a enfanté qu’un être, Jésus, une seule personne, un seul sujet humano-divin. Chaque fois que nous prions l’Ave Maria, « sainte Marie Mère de Dieu », bien sûr nous nous adressons à Marie mais surtout, nous confessions qu’elle est la mère de l’unique personne humano-divine de Jésus.

         Jésus « n’est pas une idée, un problème historique, ni même un personnage de l’histoire, mais une personne vivante : l’expérience de Paul sur le chemin de Damas est capitale : renversé par la lumière éblouissante, Paul demande : « Qui es-tu Seigneur ?  Il sait donc qu’il est devant Dieu ! Je suis Jésus que tu persécutes. » Imaginez le choc pour Paul : non seulement il est vivant ce maître des chrétiens qu’il persécute, mais il est rayonnant comme Dieu – Paul lui dit Seigneur !... le mot qui lui vient tout de suite à l’esprit … et toucher aux disciples de ce Jésus, c’est le persécuter lui !

         Tele st le Christ que nous rencontrons, chacun, dans l’eucharistie ; nous rencontrons quelqu’un pour de vrai comme Paul ! Nous ne faisons pas que de nous souvenir d’un personnage historique ! Nous rencontrons Quelqu’un de vivant, une personne unique, Dieu et homme à la fois, en un seul « Je ». C’est notre expérience à tous, il nous faut « réaliser » ce que cela veut dire. Le jour où vous vous direz vraiment, convaincu, que vous rencontrez à l’eucharistie, personnellement l’unique personne humano-divine de Jésus, vous changerez : vous passerez d’une connaissance impersonnelle de la personne de Jésus à une connaissance personnelle de l’unique personne de Jésus.

         Bien des questions demeuraient encore mystérieuses au sujet de cette unique personne de Jésus ; la dernière question qu’on s’est posée à son sujet est celle-ci :  on s’est demandé s’il y avait une ou deux volontés dans le Christ… La méditation de l’agonie de Jésus a fait découvrir que le Christ avait deux volontés – humaine et divine – l’humaine s’unissant à la divine pour ne faire qu’un, l’agonie de Jésus – « Père que ce calice passe loin de moi (volonté humaine) mais non ce que je veux mais ce que tu veux » (elle s‘unit librement à la divine). Ce fut l’œuvre du concile de Constantinople III en 681.

         Le concept de personne a évolué dans la chrétienne. St Augustin a beaucoup réfléchi sur la personne dans le mystère de la Trinité, découvrant que « être une personne, c’est être en relation ! » On ne se construit pas tout seul mais, le suns par les autres, en recevant et en se donnant. Attention ! c’est capital pour nous.

         L’individu qui domine la pensée occidentale depuis Rousseau et les Lumières, au contraire, est celui qui se pense autosuffisant !  Tout seul –  les relations sont accidentelles. Le problème est qu’il y a d’autres individus : alors que faire ? C’est le fameux contrat social de Rousseau où on définit un cadre pour tout de même avoir des relations limitées avec les autres…il faut bien ! Les bobos sont un bel exemple de cet individualisme exacerbé …. que Rousseau avait si bien décrit !

         Non, la personne est l’être qui s’ouvre à l’autre. Dans la confession du Dieu Trinité, les Personnes divines, inaltérables et inséparables de l’essence divine en formant l’unique Dieu, sont en relation structurellement : St Augustin dit qu’en Dieu, 

il y a l’Amant, l’Aimé et l’Amour. Le Père est l’aimant, source de tout, le Fils est l’aimé et l’Esprit Saint l’amour qui les unit. le Père est celui qui se donne tout entier au Fils, le Fils celui qui se reçoit tout entier du Père et l’aime en retour dans une donation totale, cette relation se faisant dans l’amour de l’Esprit qui est le sceau de cette donation mutuelle. 

         La relation que la personne humano-divine de Jésus entretient avec nous est une relation qui nous fait exister dans l’amour par lui et pour lui  : « il m’aimé et s’est livré pour moi »[1]… comme le Fils peut dire pour lui-même : le Père m’aime et se livre à moi !...Et moi je me donne à Lui. Comme Jésus le demande à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? »

         Permettez-moi de terminer ces 3 sermons sur le Christ par cette invitation du Pape François qui répercute en son nom,  celles de St Jean-Paul II ou de Benoît XVI – c’est dans l’encyclique Evangelii Gaudium au n° 3 : « J’invite chaque chrétien en quelque lieu ou situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer, par Lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un peut penser que cette invitation n’est pas pour lui parce que personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur. »  Amen.

         

[1] Galates 2/20

Commentaires

  • Par la prière et les sacrements, notamment l'Eucharistie ,me voilà unie avec la complicité de l'esprit,à la seule et unique personne duChrist.
    Cette expérience est la source pour moi de la vraie vie en Lui et avec Lui.
    Dans la respiration notamment :recevoir par l'inspire et donner ,abandonner par l'expire.
    Et il me semble qu'auprès du prochain c'est ,ou du moins ça devrait être, le même processus d'échange...

    Et il me semble encore, mais peut -être que je me trompe,que c'est ce qui s'est passé, et que nous revivons chaque Avent ,pendant le temps propice de la grossesse de Marie.
    La Mère et l'Enfant se nourrissant l'un de l'autre tout en gardant leur spécificité.
    Marie puisant la divinité de Jésus et Jésus la sainte humanité de Sa Mère.!


    ***St J.H Newman y fait allusion ds un de ses 12 sermonss sur le Christ .me semble-t-il.

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