Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

32ème dimanche C

         Il y a donc des juifs à l’époque de Jésus qui ne croient pas en la Résurrection des morts. Et ce n’est pas n’importe qui : les sadducéens – descendants de Sadoc -, c’est-à-dire les Grands-Pères et les hauts dignitaires du Temple et du peuple. 

         Les Pharisiens – descendants des vaillants martyrs d’Israël qui ont combattu et sont morts pour défendre leur identité religieuse juive - pourtant, eux, confessent la Résurrection des morts au dernier jour, à la fin des temps.

 

Le 2ème frère entendu dans la 1ère lecture est catégorique : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. » Le 3ème lui déclare : «  C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver. » Il s’agit donc bien de résurrection,  de retrouver les membres de son corps que le bourreau est en train de torturer. Et le 4ème déclare lui aussi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »

         Entre les sadducéens qui nient la Résurrection et le groupe minoritaire des pharisiens qui la confesse, il y a aussi dans le peuple ceux qui n’ont pas d’opinion établie et partagent l’avis général : quand on est mort, tout l’homme disparaît et s’éteint peu à peu au schéol : le corps retourne à la terre dont il a été tiré et le souffle à Dieu qui l’a donné. Longtemps donc dans la Bible, - jusqu’à Jésus - « on a parfois parlé comme si on ne savait rien sur la destinée de l’homme au moment de la mort, Qohelet affirme lui que l’homme ne survit pas plus que l’animal… et cela n’empêchait pas l’homme d’aimer Dieu et de le servir, ce qui est une grande leçon parce qu’on ne le servait pas en vue de l’avenir mais pour lui-même »[1] et l’on prenait soin de la qualité spirituelle de l’existence humaine sur terre.

         Jésus lui prend parti pour la pensée des pharisiens. Ils les défend vigoureusement face aux Sadducéens : en St Matthieu il ajoute même à sa démonstration : « Vous vous égarez, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu.[2] » Et pour affirmer sa position, Jésus cite le livre de l’Exode – un des 5 livres de la Torah que les sadducéens reconnaissent seule comme inspirée – au buisson ardent : « Que les morts se réveillent, Moïse lui-même l’a dit au Buisson ! Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Vivants et pas des morts. Le Dieu vivant ne peut pas se dénommer en référence à des morts. Abraham, Isaac et Jacob sont toujours vivants en Dieu. 

         Mais Jésus fait plus : il donne quelques éléments de la vie des ressuscités.

         D’abord le monde d’au-delà de la mort est nouveau totalement : Jésus parle du « monde à venir » pour le distinguer de ce monde-ci. Unique dans tout le Nouveau testament. Nous avons repris ce mot dans le credo.

         Ensuite , il faut être jugé digne d’avoir part à ce monde à venir. Ce n’est pas automatique ! C’est une grâce.

         Ce monde à venir tout nouveau et donc inimaginable, est un monde où la mort n’a plus de place, où on ne se marie plus, où l’on est comme des anges, tous sont « enfants de Dieu » et « fils de la Résurrection ». Expliquons ces formules très juives :

         - on ne se marie plus. Non que le mariage soit mauvais, mais dans l’éternité, la condition humaine est totalement nouvelle et ne reproduit pas celle du monde présent.

         - être comme des anges, - Luc forge un mot unique en grec « égaux aux anges » les ressuscités sont comme ces anges dont l’unique occupation est de louer et de servir Dieu… mais aussi de ne pas mourir.  C’est ce que Jésus ajoute à la fin en disant : « Tous –Abraham, Isaac et Jacob – tous vivent pour lui mais on peut aussi lire tous ont la vie par lui » (v. 28)

         - « fils de la Résurrection » veut dire héritiers du monde nouveau et de sa vie éternelle.

 

         Nous saisissons sur le vif l’extraordinaire variété du judaïsme du temps de Jésus, travaillée par une intense ardeur de foi mais aussi d’exaspération devant une attente si longue où Dieu ne parle pas ! L’entretien de Jésus avec ses apôtres lors du dernier repas quand il essaiera de leur montrer que sa mort n’est pas la fin de tout comme ils croient ! mais que lui, comme frère aîné, va rouvrir pour eux la maison du Père, refaire le chemin pour tout homme…montrera que les apôtres ne comprennent pas. Thomas lui dit : « nous ne savons pas où tu vas »… Jésus vient de parler de la maison du Père où il y a beaucoup de demeures, je reviendrai vous prendre avec moi et vous serez là où je suis » et l’apôtre ajoute : « comment connaîtrions-nous le chemin ? ». Il n’ a rien compris mais cela nous vaut cette réponse : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Nul ne va vers le Père sans passer par moi. ». Passer… le mot de la Pâque qui est le nom de la mort désormais. 

Amen.

 

 

[1] Paul Beauchamp « Parler d’Ecritures saintes » Seuil  1987 p. 54-55

[2] Mat 22/29

Les commentaires sont fermés.