Epiphanie 2023

         Nous continuons notre contemplation du mystère de Noël, aujourd’hui, à travers les yeux et le cœur des mages qui s’approchent et adorent.

         Voyons l’histoire.

 

         Un peu de temps a passé depuis la crèche… nous sommes dans une maison,…l’enfant a grandi, il peut avoir autour de deux ans comme l’indique le massacre des Sts Innocents : en effet,  Hérode  qui « se fait préciser par les mages le moment où a brillé l’étoile » (Mt 2/7) « envoie exécuter tous les enfants dans Bethléem et dans toutes ses frontières, de deux ans et en dessous selon le moment qu’il s’était fait préciser par les mages. » (Mt 2/16) 

         Ces Mages, nous les connaissons assez bien par les historiens de l’époque et par Hérodote. Prêtres, astrologues autant qu’astronomes, médecins… les mages sont des sages, des curieux du ciel et il n’est pas étonnant que Dieu ait pu leur faire signe… dans le ciel justement ! La conjonction d’astres ou l’apparition d’un astre nouveau dans un ciel plutôt immuable, était toujours vue comme une annonce de la naissance d’un homme exceptionnel.

 

         Mais la manière de présenter de l’événement par St Matthieu nous fait découvrir un enseignement très riche pour nous, leurs descendants spirituels, dans notre cheminement de foi. 

         Regardons de plus près.

         Ces Mages, païens intrigués et mis en route par cet événement astrologique, ne savent pas bien ce qu’ils cherchent ni vraiment où chercher !  Ils parlent un personnage exceptionnel, un grand homme, un roi. C’est pourquoi, suivant la direction indiquée par l’étoile, ils sont à Jérusalem chez le roi !

         Dans cette démarche des mages, Matthieu nous montre que les païens ont besoin d’Israël et des Stes Ecritures juives pour découvrir QUI ils cherchent en fait. C’est le point capital : c’est Israël – à travers son histoire, la révélation que le peuple a reçue et de Dieu et portée dans l’histoire – c’est Israël qui sait QUI est l’homme exceptionnel qui vient de naître – le Messie du Seigneur – et qui sait OÙ il faut le chercher : à Bethléem, selon l’oracle de Michée. Comme dit Jésus à la Samaritaine avec une certaine brutalité : « Nous adorons nous qui nous savons, car le salut vient des juifs ». (Jean 4/22)

 

         Mais, le renseignement pris, il faut y aller ! Remarquons tout de suite que ceux qui ont su qui était né et où, ne se dérangent pas ! Personne ne bouge ! Tout le drame de l’Evangile est déjà là !

Les mages eux partent mais Ils se sentent démunis… jusqu’à ce que Dieu vienne  à leur secours par une étoile qui les guide : retenons ce point capitale : non seulement Dieu fait signe mais si l’homme répond, Dieu l’aide à trouver son chemin !

         Et nous voici devant la maison de la sainte famille. Joseph et Marie avaient donc continué à résider à Bethléem depuis la naissance, pensant qu’il convenait sans doute au Messie d’habiter cette cité de David.  Ce n’est qu’au retour de l’exil en Egypte, qu’ils remonteront à Nazareth pour y habiter ; la cité en effet n’est pas dans le territoire d’Archélaüs qui règne sur la Judée – Archélaüs, pire que son père Hérode. (Mt 2/21-22).

         Ce qui est vécu aujourd’hui dans la maison de Bethléem n’est pas une jolie histoire pour les enfants. St Paul dans l’épitre nous l’enseigne et rejoint St Matthieu : « le mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps et à la même promesse que els juifs ». Pendant des siècles, Dieu a tout fait pour séparer son peuple – les juifs – des nations païennes. Mais maintenant, dans le Christ, « par l’annonce de l’Evangile », « les deux peuples sont réunis en un seul homme nouveau » dit encore St Paul (Eph. 2/15). 

         L’enfant Jésus reçoit la visite des juifs d’abord – les bergers - puis des païens - les mages. Les païens n’ont pas un chemin direct vers le Christ, qui se passerait d’Israël. Ils sont unis au peuple saint, à son histoire, à ses promesses PAR LE CHRIST et reçoivent de cette union réalisée dans le Christ, tous les dons promis par Dieu à Abraham. Chaque peuple et chaque personne a son histoire propre. Mais par le Christ, nous héritons de l’Histoire sainte qui devient la nôtre. Lire la Bible, c’est apprendre en quelque sorte notre langue maternelle. 

         La bénédiction promise à Abraham qui se réalise en un enfant – celui de la promesse – Jésus, Fils de David;  la relation nouvelle promise d’une communion entre l’homme et Dieu se réalise dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme, en une seule personne… le 3^ème élément de la promesse sera connu quand Jésus commencera à prêcher : la terre promise, c’est le Royaume de Dieu.

 

         « En ta descendance se béniront toutes les nations de la terre. » avait dit Dieu à Abraham. Ce sera accompli sur la Croix – où, dit St Paul, le Christ « a abattu le mur de séparation entre juifs et païens » (Eph 2/14).

         S’il est accompli sur la Croix, ce mystère d’union de toute l‘humanité en Dieu s’inaugure, aujourd’hui, dans l’humble maison de Bethléem. Amen