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Fête de la chaire de Saint Pierre

Comme chaque année, nous voici revenus à Césarée de Philippe pour fêter la chaire de Pierre, saint patron de notre paroisse. Nous voici de nouveau dans cette ville en effervescence que le Christ a choisie pour faire de Pierre la première pierre de son édifice mystique : l’Eglise des chrétiens. Et si cette scène se déroule dans un lieu en plein chantier. Elle se déroule aussi, comme le précise la suite de l’évangile, quelques jours avant la Transfiguration de notre Seigneur. Et, en préparant cette homélie, j’ai découvert que cette mission unique, confiée par Jésus à Pierre, d’être la première pierre de son Eglise, s’est très probablement déroulée au moment de la fête des tentes : Sukkôt, au jour du Grand Pardon : Yom Kippour, l’une des fêtes principales du judaïsme.

 

Sukkôt signifie « des cabanes ». Cette fête rend mémoire aux 40 ans vécus par les hébreux dans le désert. 40 ans durant lesquels, ils étaient nomades et vivaient dans des abris qu’ils pouvaient démonter et remonter au moment où ils changeaient de lieu de campement.

Yom Kippour, commémore l’épisode biblique de l’Ancien Testament dans lequel Dieu pardonna aux Hébreux d’avoir façonné puis adoré un Veau d’or après leur fuite de l’Égypte. Une grâce totale qui fut accordée au prophète Moïse suite à deux périodes de 40 jours de prières sur le mont Sinaï pour tenter d’expier ce péché au nom du peuple juif. Elle est marquée par la prière et le repentir, et est considérée comme la fête la plus importante du judaïsme.

Et c’est le jour du Grand Pardon, où notamment, le grand prêtre prononce solennellement et secrètement le Nom de Dieu dans le Temple. Ainsi, en lançant la question : « Pour vous, qui. Suis-je ? » Jésus se fait l'écho de la grande antienne que chante la liturgie de ce jour de fête : « Qui est un Dieu pareil à toi ? ». Il se fait, plus encore, l'écho de la grande Révélation concernant le nom de Dieu lui-même faite à Moïse sur le Sinaï : « Je suis celui qui Suis »

C'est donc en tant que Fils de Dieu que Jésus pose à ses disciples la question sur son identité : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ?».

Les apôtres font donc, au mieux, la réponse humaine qu'ils peuvent faire en proclamant ce qu'ils pensent eux-mêmes ou ce que pensent les gens.

Jésus est un prophète et peut-être même, le Grand Annonciateur de celui qui va venir « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » annonce le prophète Malachie (Ml 3, 23).

Et à cette question franche, directe, Dieu nous invite à lui répondre en toute liberté « Pour vous qui suis-je ? » ! Aucune religion au monde n'a osé une chose pareille !

Par la bouche du Verbe Incarné, Dieu Lui-même interroge l'homme, aujourd'hui. Il interroge chacun de nous. Quelle dignité nous est ainsi accordée par la question que le Seigneur nous adresse ! Quel respect de notre liberté, dans cette interrogation sur les pensées de notre cœur à son sujet !

Mais Jésus ne se contente pas de cette réponse, sur l’opinion des gens, il interroge donc les disciples personnellement, il ne veut pas qu’ils aient une opinion erronée de sa vraie nature : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Il les invite ainsi à avoir de lui une opinion plus exacte, en leur laissant entendre que l’opinion précédente était bien inférieure à sa véritable dignité. Il leur demande donc un jugement différent ; il les interroge de nouveau pour les éloigner des idées de la foule qui, après avoir vu s’accomplir des miracles supérieurs à la puissance de l’homme, estimait néanmoins que Jésus était un homme.

A ce sujet, saint Jean Chrysostome disait : « Dans son questionnement, Jésus demande à ses disciples et à nous-mêmes : « Pour vous qui êtes toujours avec moi, et qui avez vu mes prodiges, vous qui grâce à moi en avez fait un grand nombre, vous qui en avez vus de plus grands que ceux qui ont été accomplis devant les foules ; vous pouvez avoir de moi une idée plus parfaite. » Et de fait il leur pose cette question après qu’il ait accompli devant eux de nombreux miracles, après que déjà il leur ait révélé des vérités sublimes, donné des preuves nombreuses de sa divinité et de son unité avec le Père » (saint Jean Chrysostome : homélie LIV sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

Et, la question vise d'abord le premier des apôtres, celui-là même qu'il veut instituer aujourd'hui comme nouvelle tête d'un nouvel Israël.

Alors, Dieu le Père lui-même investit Pierre d'une parole pleine de lumière révélatrice, car nul ne connaît le Fils, sinon le Père (Mt 11,27) et nul ne peut venir à Jésus sinon par un don du Père : « Tu es le Christ, » déclare Simon, « Le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16,16).

Une telle parole n'est pas trouvée, elle est reçue. Et c'est pourquoi, tout en restant Simon, Il devient Pierre. La pierre sur laquelle Jésus fondera son Eglise : « tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ». Pierre dit une parole qu'aucune voix humaine n'avait encore prononcée : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. ». Il reconnaît dans la foi, la nature divine du Christ. Il peut donc être investi de la charge de bâtir son Eglise. Pierre n'a pas seulement confessé le Christ, mais il l'a aussi proclamé Fils de Dieu. En araméen, Pierre se dit « Kaïpha », c’est-à-dire, si l’on transcrit littéralement : Caïphe. Ainsi, Jésus donne à Pierre le nom du Grand prêtre régnant. Il lui confie alors les clefs que normalement le Grand Prêtre portait pour lier ou délier les vœux et les serments. Il l’institue réellement comme le nouveau Grand Prêtre de son Eglise naissante, le nouvel Israël.

Son Église peut alors être bâtie sur la pierre de cette confession. « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. ». Dieu ne peut bâtir que sur le roc de notre foi ferme en Lui et l’Eglise bâtie sur Pierre dure depuis maintenant plus de 2000 ans, toujours debout, toujours vivante.

Quand on a confiance en quelqu’un, on lui donne les clés de sa maison, sachant qu’il saura en prendre soin. Aujourd’hui, Jésus donne à Pierre « les clés du royaume des Cieux ». Il confie à un homme les clefs du ciel. Il dévoile aussi la grandeur incomparable de notre Eglise, qui par Lui se plaît à nous sauver.

En confiant à Pierre, et par là-même à l’Eglise, le double pouvoir de « lier » et de « délier », il lui donne le pouvoir de faire rayonner la vie par le sacrement de l’Eucharistie et à faire reculer le mal par le sacrement du Pardon. Il nous demande aussi, à nous membres de l’Eglise, membres de son corps mystique, de proclamer au monde les vérités de son enseignement qui seules peuvent changer le cours de l’histoire et à dénoncer les erreurs qui trop souvent peuvent emprisonner et éloigner de la vérité la foule des hommes qui ignorent ou refusent l’Amour de Dieu.

La tâche est immense, nombre de nos frères dans la foi s’y sont attelés, pierres vivantes de notre Eglise. Chaque fois qu’ils ont posé un acte d’Espérance, de Foi ou de Charité, ils ont bâti l’édifice de l’Eglise mystique fondée par Jésus sur l’apôtre Pierre. Ils ont gagné leur place dans la maison du Père. Frères et sœurs, soyons de ces justes.

Amen.

Jean Marie Blondel

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