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Vigile Pascale

         Cette grande nuit de la vigile pascale nous fait vivre cet événement majeur de la vie de l’humanité : la résurrection de Jésus, autrement dit la victoire de Jésus sur la mort et surtout la communion possible de l’homme tout entier – âme et corps - avec Dieu dans l’amour.

         Tout repose sur ce fait inouï que Dieu aime l’homme, lui parle et désire lui faire partager sa vie. C’est l’étrangeté de l’appel à Abraham entendu ce soir : ce n’est pas Abraham qui avait cherché Dieu, c’est Dieu qui le cherche lui parle et lui propose une alliance. C’est Dieu qui créé la relation… et puisqu’il crée une relation entre l’homme et Lui l’Eternel, cela implique un « pour toujours ».

C’est ce que dit Jésus aux sadducéens qui nient la résurrection : « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants ». Benoît XVI écrit : «  Ceux que Dieu a appelés font eux-mêmes partie intégrante de la notion de Dieu. Ce serait faire de Dieu un dieu des morts… que de déclarer morts ceux qui appartiennent à celui qui est la Vie. »[1]

 

         Notre foi en l’immortalité de l’âme et la résurrection de l’homme tout entier, corps et âme, repose sur ce fait : Dieu veut nouer avec l’homme une alliance éternelle ; il est le Créateur et sa puissance est capable de rendre éternelle la matière. C’est ce que dit l’auteur de la lettre aux hébreux : « Abraham pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration. » (11/19).

         Croire en Dieu signifie donc croire en la résurrection des morts. C’est le dialogue avec le Créateur dans la foi qui fait de nous un être éternel. C’est le dialogue confiant et amoureux avec le Seigneur Jésus qui fait de nous des êtres éternels… puisque nous communions dans l’intimité de l’eucharistie avec Celui qui a dit : « Je suis la Résurrection et la Vie ». En plus, il a prié : « Père, je veux que mes disciples soient là où Je suis », et où est-il ? St Jean nous répond dans la prologue : « le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père ». Voilà « où » est Jésus :  dans le sein du Père ; c’est lui  qui a promis aussi à ses disciples : « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »[2] 

 

         Cette pensée nous aide aussi à comprendre ce qu’est le ciel. Le Ciel – ou le paradis ou le Royaume si vous voulez – ce n’est pas un lieu. C’est le Christ. 

         C’est aussi cela le mystère de la Résurrection si on le prend dans toute son extension : la résurrection, c’est l‘entrée dans la gloire de la nature humaine de Jésus, la divinisation de sa nature humaine… Et ainsi, par le Christ remonté auprès du Père à l’Ascension, l’homme est entré en Dieu. Benoît XVI commente : « Dans le Christ [ressuscité], l’homme, l’être humain auquel nous avons tous part – Jésus est consubstantiel à nous selon l’humanité, dit le concile de Chalcédoine – l’être humain est entré dans l’intimité de Dieu d’une manière inédite et nouvelle. Cela veut dire que l’homme peut trouver un espace en Dieu pour toujours…C’est bien plus audacieux, bien plus grand : [le Ciel,] c’est l’homme qui prend place en Dieu sur le fondement de l’interpénétration de l’humanité et de la divinité dans l’homme Jésus. »[3]… Ou encore plus direct : « Le Christ est lui-même ce que nous appelons Ciel. Car le Ciel n’est pas un espace mais une personne. La personne de Celui en qui Dieu et l’homme sont UN pour toujours, sans séparation. »[4]

 

         Et tout cela commence maintenant, dès le baptême, et dans la communion eucharistique !  

         Dans la prière sacerdotale du chapitre 17 de St Jean, Jésus dit[5] : « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé Jésus Christ » 

         et, quelques mois avant, il avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour ». 

 

Chers baptisés dans quelques instants, 

chers frères et sœurs, 

 

Oui ! Dans la Résurrection de Jésus, la promesse faite à Abraham, malgré toutes les difficultés faites par les hommes, en Egypte et même au sein du peuple saint, Dieu l’a réalisée en ressuscitant Jésus, comme le dit St Paul. 

Jésus est le descendant promis, cadeau inouï de Dieu !

En Lui, Dieu et homme comme nous,  nous sommes unis à Dieu – voilà la bénédiction - .

Et le Christ est la Terre Promise : il est le Ciel de notre vie ; il est notre éternité, en lui et par lui, incorporé à lui nous serons en Dieu. 

Et cela commence dès maintenant, depuis notre baptême. Tout est neuf en nous et la célébration de cette semaine sainte a rendu à nos vies toutes les couleurs de la Création nouvelle.

 

 Amen

 

 

[1] Dans La mort et l’Au-delà Fayard 1979 p. 127

[2] Jn 14/1-4

[3] Dogme et annonce  2012 p. 329

[4] Dieu nous est proche 2012

[5] Jean 17/3 et Jean 6/54

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