Le Jour de Pâques

Nous voici, chers frères et sœurs, dans le jardin qui entoure le tombeau de Jésus, en cette heure mystérieuse du « grand matin ». Le jour se lève, les premiers rayons de soleil, commencent à colorer le ciel de mille couleurs aux dégradés délicats. L’herbe, les cyclamens et les anémones rouge sang, sont recouvertes de la rosée de l’Esprit. Les Oiseaux chantent à tue-tête leurs plus beaux chants, rivalisant entre eux pour faire entendre leurs plus belles mélodies. Un jour nouveau pointe dans cette harmonie qui annonce l’inimaginable.

Et alors que les ténèbres s’effacent devant le jour, une femme, la femme fidèle et la plus aimante, Marie Magdeleine, vient prendre soin du corps de son maître, Jésus qu’elle a vu mourir ignoblement sur la Croix du supplice.

 

Nous savons tous que l’aurore est le moment de tous les possibles. Le moment qui débute une journée nouvelle. Que sera ce jour ? Que va-t-il nous faire vivre ? Qui allons-nous rencontrer ? Comment Dieu va-t-il pouvoir agir dans nos vies ? Que va-t-il encore nous donner ? Serons-nous assez disponibles à son amour pour reconnaître ses merveilles ?

Et pour Marie-Magdeleine, qui doit se rendre le cœur triste sur le tombeau du Maître, cette journée commence par un évènement si surprenant qu’il la fait courir annoncer ce qu’elle a vu aux apôtres : Le tombeau est vide : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. ». Pour elle, seul le fait est rapporté. Aucune spéculation… Aucune hypothèse, où peut-on avoir déposé le corps de son doux Jésus ?

Cet événement, relaté unanimement par les quatre Evangiles, comme s’il était la clé de tout un mystère met alors les apôtres Pierre et Jean en mouvement et quel mouvement, ils courent, ils se précipitent vers le tombeau. A quoi pensent-ils durant leur course ? Imaginent-t-ils l’inimaginable ?

Devant le tombeau, essoufflés par leur course, il faut bien se rendre compte de la réalité de l’événement. Le tombeau est vide : « les linges , posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. ». Alors, le disciple que Jésus aimait et qui aimait Jésus comprend la formidable nouvelle, l’événement qui vient de se produire. La rosée de l’Esprit vient illuminer son âme : « selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ! ». Il est ressuscité l’Amour ! Il est ressuscité notre doux Seigneur ! la mort a été vaincue : Alléluia !

Alléluia ! nous sommes aujourd’hui chers frères et sœurs face à l’événement fondamental pour notre foi. Fondamental en ce sens qu’il n’y a pas de Bonne Nouvelle, qu’il n’y a pas de salut sans la résurrection du Seigneur. On peut dire que toute la Bonne nouvelle, tout notre salut se concentrent dans le fait que le Christ est ressuscité. Et si nous ne partageons pas cette certitude, nous ne sommes pas chrétiens. Sans la résurrection, la croix n’est qu’un déboire. Notre religion n’est que doctrine, nos vies sont sans avenir et sans intérêt. Mais, pour reprendre St Paul dans sa lettre aux Romains (Rom 19-9), « Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. ».

Oui, par la résurrection, Dieu donne la preuve éclatante qu’Il est le Maître de l’univers. Voilà la réponse à nos angoisses, à nos attentes. Ici, dans la résurrection, nous avons déjà l’anticipation de notre propre victoire sur la mort, et du triomphe de la vie éternelle. Et cette victoire définitive n’est pas seulement une espérance, elle est une réalité, elle a été remportée par la victoire du Christ. La vie éternelle est déjà entrée dans le monde, d’une façon cachée il est vrai, mais elle s’est manifestée dans la résurrection du Christ. C’est une réalité bien plus vraie que la nôtre, la réalité divine, la réalité de la vie éternelle qui est entrée par le fait décisif de la résurrection dans notre réalité et notre vie humaine. 

La victoire sur la mort, réalisée déjà dans le Christ, concerne toute la création, c’est le fait central et décisif dans l’histoire du monde entier, dans l’histoire de notre humanité, le tournant décisif dans nos destinées. Une nouvelle époque a commencé avec la victoire du Christ. Le Nouvel Adam a sauvé notre humanité des ténèbres de la mort. Toutes les forces du mal qui règnent encore dans le monde, la mort, la souffrance, la méchanceté sont déjà dépossédées, déjà bafouées, déjà anéanties et écrasées par cette victoire.

C’est pourquoi toute la création est invitée à participer à la joie pascale. Un cri de triomphe, la joie de l’émancipation, de la restauration de la créature, de notre réunion avec Dieu, de notre réhabilitation, notre recréation, de notre participation à la vie éternelle s’emparent de tout notre être, âme et corps. L’éternité vient de pénétrer nos vies malgré toutes nos misères ! C’est pourquoi l’Eglise chante avec tant de joie la résurrection du Christ en ce jour béni.

Ah ! j’ai une confidence à vous faire. Dans le jardin de la résurrection, en cette aurore naissante, les premiers témoins de la résurrection du Christ étaient ces oiseaux qui chantaient à tue-tête leurs plus beaux chants, rivalisant entre eux pour faire entendre leurs plus belles mélodies. A travers eux, la création tout entière saluait la recréation du monde par la grâce de la résurrection du Christ. Et bien je sais ce que chantaient les oiseaux et je vous le confie : au jour de la résurrection et depuis, chaque matin jusqu’à la fin du monde. Ils chantent à tue-tête :

« Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie. »

Alors, allons, nous aussi, chanter la résurrection de Christ au monde !

« Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie. »

Amen