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24 ème dimanche A

Voilà une fête bien étrange qui nous est donnée de célébrer aujourd’hui. En effet, comment peut-on glorifier une croix ? La croix qui est un instrument de torture inventé par les hommes pour faire souffrir et pour faire mourir. En plus, la plupart d’entre nous ose arborer une croix, quelquefois par dévotion d’autres fois parce que c’est simplement la mode. Imagine-t-on les américains se promener avec une chaise électrique autour du cou ? Ou bien certains de nos concitoyens, nostalgiques de la peine de mort avoir une guillotine en pendentif ? Car il faut bien le dire, la croix n’est pas à l’honneur de l’humanité qui l’a inventée. C’est un instrument ignoble destiné à faire mourir à petit feu des hommes et des femmes et qui est toujours utilisé.

Ainsi, la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix que la liturgie nous invite à célébrer aujourd’hui, nous place au cœur du paradoxe chrétien qui considère ce signe de malédiction qu’est la croix comme une source de bénédiction et de salut. Comment la vie peut-elle jaillir de la mort ? La joie, de la souffrance ? Ces questions sont tellement vitales qu’on ne peut les ignorer. Elles reviennent lancinantes, surtout peut-être dans les moments d’épreuves.
Et c’est l'Évangile de ce jour qui nous rappelle, des paroles même du Christ lui-même, la signification de ce grand mystère : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3, 16-17). Et comme l’écrit St Paul dans son épitre aux Philippiens : Le Fils de Dieu s'est fait vulnérable, prenant la condition de serviteur, obéissant jusqu'à la mort et la mort sur une croix (cf. Ph 2, 6-11).  Et c'est par cette Croix que nous sommes sauvés.
Car ce qu’il y a d’extraordinaire dans la croix que nous vénérons aujourd’hui, c’est qu’elle a été visitée par Dieu. Le Verbe éternel de Dieu, son Fils Jésus s’est laissé clouer à la croix. Ainsi, en recevant la visite de Dieu, auquel elle n’était pas destinée, elle a été sublimée, transfigurée. Elle a été transfigurée par l’amour, en signe d’amour. Dieu seul pouvait faire d’un instrument de mort un instrument de vie. Dieu seul pouvait faire d’un instrument de haine un instrument d’amour d’où nous tirons notre fierté de chrétiens.
Oui, l'instrument de supplice qui manifesta, le Vendredi-Saint, le jugement de Dieu sur le monde, est devenu source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de paix. « Pour être guéris du péché, regardons le Christ crucifié ! » disait saint Augustin (Traités sur St Jean, XII, 11). En levant les yeux vers le Crucifié, nous adorons Celui qui est venu enlever le péché du monde et nous donner la vie éternelle. Et l'Église nous invite à vénérer avec fierté cette Croix glorieuse pour que le monde puisse voir jusqu'où est allé l'amour du Crucifié pour les hommes, pour tous les hommes. Elle nous invite à rendre grâce à Dieu parce que d'un arbre qui apportait la mort, a surgi à nouveau la vie. C'est sur ce bois que Jésus nous révèle sa souveraine majesté, nous révèle qu'Il est exalté dans la gloire.
Oui, « Venez, adorons-le ! ». Au milieu de nous se trouve Celui qui nous a aimés jusqu'à donner sa vie pour nous, Celui qui invite tout être humain à s’approcher de lui avec confiance.
Voilà pourquoi cette croix est devenue notre gloire. Voilà pourquoi nous sommes fiers de la porter et de la fêter.
Et cette Croix que nous fêtons aujourd’hui invite tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui souffrent dans leur cœur ou dans leur corps, tous ceux qui lutte pour la justice et pour l’amour à lever les yeux vers elle pour y trouver la source de la vie, la source du salut, la source de leur force face à l’adversité, la source de leur de leur espérance dans leurs peines et leurs épreuves.
L'Église a reçu la mission de montrer à tous ce visage aimant de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Mais cet amour est parfois insupportable pour ceux qui renient Dieu. Récemment, j’ai visionné un film de présentation de l’Oeuvre d’Orient dans lequel des vidéos de Daech sont reprises, on y voit des jihadistes s’acharnant à arracher les croix des Eglises, à casser celles-ci, à les bruler, à les détruire. Que de haine ! Que d’acharnement ! N’est-ce pas la réalité de la lutte du bien contre le mal ? N’est-ce pas une illustration de la haine que Jésus a dû subir lors de son chemin de Croix ? La Croix du Christ, notre Croix dont nous sommes si fiers, symbolise l’Amour infini de notre Dieu et sa victoire sur le mal et la mort, apparaît pour les suppos de satan comme un symbole insoutenable qu’il faut détruire, mais rien n’y fera, l’Amour a vaincu la haine sur la Croix
Mais si ces exemples sont flagrants, ils ne nous dédouanent pas de notre permanent devoir de conversion. Ne nous croyons pas à l’abri du mal, tout au contraire, mais regardons avec lucidité nos pauvres limites. Notre conversion à l’Amour donné sur la Croix passe par la reconnaissance du mal, de la violence, de la mort à l’œuvre en nous et autour de nous. Il s’agit alors pour chacun de nous de regarder la Croix, sans méconnaitre notre misère, notre péché. Ce serait nous priver de l’expérience du salut, du pardon à recevoir et à donner.
En nous tournant vers la Croix, nous contemplons le Fils de Dieu qui s’est livré pour nous dans une passion, qui passa certes par la grande, l’incommensurable souffrance, mais fut une passion d’amour. Nous le contemplons avec son cœur transpercé, un livre ouvert d’où se lit le message d’amour d’un Dieu qui se révèle en se livrant sans réserve. Voilà le centre de notre foi : croire en Jésus, Fils de Dieu, qui nous a aimé et s’est livré par amour pour nous, et pour tous les hommes.
Frères et sœurs, ce que nous portons au monde au travers de cette Croix, c’est notre foi en ce crucifié du Golgotha qui a restauré notre dignité d’hommes et de femmes, notre dignité d'enfants de Dieu, de créatures façonnées à l’image de Dieu, ternies par le péché, qui nous est rendue. En Lui, toute notre humanité qui est réconciliée dans l’amour.
Quel splendide symbole portons-nous en arborant une croix autour du cou ou sur nos vêtements. Quel magnifique signe faisons-nous en nous signant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Amen

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Jean-Marie Blondel, diacre

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