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1er dimanche de carême

Chaque année, le premier dimanche de Carême, nous lisons le récit des Tentations chez l'un des trois évangélistes synoptiques ; cette année, nous les lisons dans Saint Marc, c'est-à-dire dans la version la plus discrète. nous avons tous remarqué la concision du passage d’évangile que nous venons d’entendre : « Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient. ». Et c’est tout.

Marc ne nous précise pas quelles tentations Jésus a dû affronter, mais la suite de son évangile nous permet de les deviner : ce sont toutes les fois où il a dû dire non ; parce que les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes, et que, homme lui-même, il a dû faire sans cesse le choix de la fidélité à son Père.

Et aujourd’hui, juste après la grâce du baptême et de la théophanie qui l’a accompagnée, rare moment de la révélation de la Trinité, Jésus se voit poussé au Désert par l’Esprit, ce n’est pas de sa propre volonté qu’il y va mais bien inspiré par l’Esprit, comme envoyé en mission, en formation, si je puis m’exprimer ainsi. Et ce récit annonce la lutte de Jésus contre le mal dont il sortira victorieux par sa mort et sa résurrection. Le voilà confronté aux tentations de satan pendant quarante jours. Il y est soumis à l’épreuve comme le véritable disciple du Seigneur qu’il est.

Ainsi, au cœur du désert, deux voix se sont fait entendre : Au moment de son baptême, c’est la voix du Père qui a retenti et a révélé sa véritable identité : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.» (Mc 1,11). Dans la tentation, une autre voix s’est manifestée et a parlé d’un autre chemin, différent, apparemment plus glorieux et plus fascinant. Là où le Père parle du sacrifice et du don, l’autre fait miroiter la seule réalisation de soi ; là où le Père parle de service et d’humilité, l’autre parle de pouvoir et de domination ; là où le Père dévoile sa vérité, l’autre parle de mensonge et de duperie.

L’épreuve de Jésus au désert est bien celle de tout homme qui oscille trop souvent entre l’écoute de la parole du Père et la séduction des mots du tentateur. Il ne nous faut pas un long examen de conscience pour voir que nous sommes tous confrontés à ces choix vitaux...

Oui, la vie à la suite du Christ est une lutte de chaque instant pour écouter la parole de Dieu et la mettre en pratique. Et ce choix est à faire au quotidien, à inscrire dans les moments les plus simples de l’existence, pour qu’elle devienne la réalisation de notre baptême : « Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ. » nous le rappelle St Pierre dans son épitre.
Et nous sommes invités en ce premier dimanche de Carême à faire le choix de suivre les pas du Christ pour combattre le mal qui habite en nous et refuser les tentations de ce monde, tout comme Lui l’a fait dans le désert. Aujourd’hui, « Le chef combat pour apprendre aux soldats à combattre » (saint Augustin).

Nous sommes invités au combat intérieur qui doit recentrer nos vies sur le Christ. Et ce n’est que soutenus par Lui que nous obtiendrons la victoire, nourris, fortifiés par sa présence en nous, que nous obtiendrons la victoire : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, car tu es le Dieu qui me sauve. » (Ps 24) Chante le psaume de ce jour.

« Enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route, » voilà donc les demandes que nous devons faire aujourd’hui à Dieu pour qu’Il nous soutienne dans notre carême, voilà les chemins de conversion de notre carême.

« Enseigne-moi tes voies » : Le combat de la Vie se passe dans le désert, lieu vide et délaissé, comme on en trouve en Juda ou le long de la Mer Morte. C’est lieu où rien d’extérieur ne se passe (Ou presque rien car les fabuleux levés et couchés de soleil qui se passent dans le désert, sont autant de signes de la Beauté de Dieu qui ne peuvent que nous remettre sur le bon chemin). C’est un lieu à rien ne se passe mais où tant de choses intérieures se révèlent. C’est le lieu de la vérité ; c’est le lieu de la simplification, où celui qui y passe est obligé de se délester de tout ce qui l’encombre pour avancer. Le désert nous ramène à l’essentiel. Il nous révèle la vérité sur Dieu et sur nous-mêmes. Ainsi Israël a marché quarante ans au désert, éprouvé par Dieu pour être prêt à entrer en Terre Promise. Chemin faisant, il a dû abandonner ses idoles. Il a dû apprendre à ne plus s’appuyer sur ses propres forces mais sur Dieu seul. Dans sa marche au désert, il a compris que son Dieu ne l’abandonnait pas, mais marchait avec lui.

C’est pourquoi nous devons faire de ce saint temps de carême un temps de retrait du monde, un temps d’abandon de nos idoles, c’est-à-dire de tout ce qui nous encombre pour avancer sur les chemins de Dieu : Gloriole, petits projets égoïstes qui ne mènent à rien, réalisation de soi, pouvoir, domination, mensonge et duperie. Faut-il poursuivre la liste ? Nous devons en faire un temps de refus des séductions du tentateur. Voilà le chemin à suivre

Alors, chers frères et soeurs, profitons de ces jours bénis pour recentrer nos vies sur l’unique nécessaire, sur l’unique viatique : la volonté de Dieu, sa Parole et son Eucharistie. Isolons-nous de ce monde et nous retirant dans notre chambre la plus reculée pour prier Dieu, en donnant gratuitement pour nos frères dans le besoin, sans que notre main gauche sache ce que la main droite a donné, en jeûnant joyeusement de notre société, loin des tapages de la publicité ou des nouvelles sans intérêt, mais attentifs aux besoins essentiels de notre monde parmi lesquels est l’annonce de l’Amour incarné ! En d’autres termes : convertissons-nous et croyons à l’Evangile !

Acceptons de faire de ce carême une traversée du désert, qui loin de nous attrister doit être accueillie comme un temps joyeux, qui va nous permettre de nous délester de ce qui nous encombre, de nous appuyer plus que jamais sur la volonté du Seigneur, afin de grandir toujours plus dans la liberté des enfants de Dieu. Mais attention n’oublions pas que si le désert est le lieu où l’on est face à Dieu, c’est le lieu où le satan se déchaine. Et plus nous nous approchons de Dieu, plus il se déchaine. Ne soyons pas dupe, le combat est rude, mais la victoire tellement belle. Le Christ n’a-t-il pas vaincu la mort pour nous donner la vie ? Alors ne baissons pas la garde mais faisons une sainte expérience du désert un moment de purification qui conduit à la rencontre du Dieu Amour.

Amen

Jean-Marie Blondel, diacre

 

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