Itinéraire spirituel de la Vierge Marie. 7
Présentation de Jésus au temple, Giotto, chapelle Scrovegni
Joseph, revenu de son effroi, va exercer pour Jésus sa mission de Père. Déjà lors de la circoncision de l’enfant ; huit jours après sa naissance. « Et quand sont accomplis les huit jours, pour sa circoncision, il est appelé par son nom, Jésus, comme il a été appelé par l’Ange avant qu’il ait été conçu dans le ventre de sa mère. » (Luc 2/21) Cette marque dans la chair de Jésus le fait entrer dans l’Alliance de ses pères selon le commandement donné par Dieu à Abraham et lui accorde le droit de participer un jour au culte. C’est un gage du salut et le nom qu’Il reçoit ce jour-là, rappelle ce salut et annonce la salut à venir : Jésus/ Josué/Yehoshua ou Yéshua signifie : « Dieu est généreux ou sauve ». St Matthieu nous précise que c’est Joseph qui donna à Jésus son Nom.
Quarante jours après la naissance ont lieu simultanément deux événements : la présentation de Jésus au temple pour le rachat du premier-né et la purification de Marie. Tout cela montre la fidélité stricte de la famille de Jésus aux prescriptions de la Loi. Pendant ces quarante jours qui ont suivi la naissance, Marie s’est tenue à l’écart le plus possible : elle est impure – au sens de la loi – c’est-à-dire : en donnant la vie, elle a rencontré Dieu lui permettant de continuer de créer et comme elle a saigné, elle a été mise en contact avec la vie dont le sang est le symbole. Un rite doit maintenant la réintégrer dans le monde des humains, dans la vie sociale et lui permettre de retrouver son époux. St Luc parle de ce rite (2/22) mais seulement comme en passant – « et quand sont accomplis les jours de leur purification » - et s’attache surtout au second : le rachat du premier-né et la présentation à Dieu de l’enfant. Il cite explicitement le Lévitique pour le rachat des premiers-nés du bétail et des hommes en souvenir des premiers-nés des Egyptiens lors de la délivrance d’Egypte. Les deux petites colombes sont là pour le sacrifice de rachat. Mais Luc souligne surtout le côté intérieur de la démarche des parents : Marie et Joseph viennent surtout au Temple pour consacrer l’enfant à Dieu et manifester la propriété du Seigneur sur cet enfant.
St Luc insiste sur la rencontre des jeunes parents portant l’enfant avec deux personnes âgées et saintes, Siméon (= Dieu a entendu ou celui qui écoute et obéit) et Anne (grâce, fille de Phanuel = face de Dieu). Tout est naturel et simple : les parents et l’enfant rencontrent le meilleur d’Israël, la part sainte du peuple qui attend le Messie et se trouve prête à l’accueillir dans la joie et la bénédiction. Dans ce climat intime, paisible, tout sous la mouvance de l’Esprit de Dieu, la bénédiction du vieillard élargit le rôle du Messie « à toutes les nations » tandis que sa prophétie introduit la future mission difficile de l’enfant devenu un signe de contradiction en Israël et la passion du Fils qui associera sa mère à ce sacrifice.
La prophétie de Siméon s’accomplit bien vite : la visite des nations en la personne des Mages venus d’Orient et en la fuite rendu nécessaire par la rage d’Hérode et son dessein de massacre. Le séjour en Egypte – nul ne sait où vraiment, mais le désert le long de la mer est très peuplé ! – fera déjà de Jésus un proscrit de son propre peuple. On peut deviner à travers tous ces événements les peines et les angoisses de ce jeune couple avec leur petit enfant. Cet exil momentané s’achève avec la mort du tyran en 4 avant J C , mais la succession par Archélaüs interdit un séjour plus prolongé en Judée : le jeune couple remonte à Nazareth pour s’y réinstaller.