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Dimanche 5 avril - Pour la prière du soir.

 

RAMEAUX - OFFICE DU SOIR

 

Commentaire de l’icône [1]

 

            Je vous propose de regarder cette icône. Ce n’est pas une illustration de la fête ! C’est, comme toute icône, une « vision du mystère » dans toute sa profondeur biblique et mystique, saisie en une seule vision. Je ne répète pas ce qui est écrit dans le commentaire de l’Evangile de ce matin sur la joyeuse entrée de Jésus à Jérusalem.

 

 

            Une forteresse – Jérusalem présentée comme une forteresse fermée au Seigneur -, et, assis sur un ânon, le Christ qui bénit ; derrière, les apôtres et, devant le Christ, un arbre sur le mont ; sur cet arbre, quelques enfants coupent des rameaux et les jettent à terre ; sous l’ânon encore d’autres enfants regardent vers le Christ, d’autres étendent leurs vêtements ; et, à la sortie de la forteresse des Juifs, des hommes et des femmes et des enfants portant eux aussi des rameaux.

         Au centre de l’image, le Christ. Il a un nimbe en forme de croix sur les bras de laquelle on peut lire trois lettres grecques qui composent le nom que le Seigneur a révélé à Moïse sur le Sinaï : Je suis Celui qui suis (Exode 3, 13-14) : le Christ est lui-même Dieu. Sa tunique pourpre et son manteau bleu mettent en évidence sa double nature: humaine et divine.

         Il tient entre ses mains le rouleau de parchemin, « la cédule de notre dette, dont les conditions nous étaient défavorables » comme dit St Paul (Colossiens 2, 14), document que le Seigneur a supprimé par son incarnation et les souffrances de sa passion.

 

         Ecoutons Romanos le Mélode commenter cette scène : [2]

         « Nous croyions avoir trouvé dans la Loi notre libération, mais nous étions des esclaves caricaturés par cette loi ; nous avions fait ensuite confiance aux prophètes, mais ils nous laissèrent une bouche amère. C’est pourquoi nous tombons à genoux avec les enfants en disant : aie pitié de nous pécheurs, nous qui avons consenti à ce que tu sois mis sur la croix, déchire ce parchemin. »

 

         Romanos fait répondre ainsi le Créateur à cette supplication :

         « Ô, créature issue de mes mains, je savais que la Loi n’aurait pu te sauver, et c’est pourquoi je suis venu en personne. Je n’attendais pas de la Loi qu’elle te sauve, car je ne t’avais pas créé pour cela ; je n’en attendais pas plus des prophètes, qui étaient comme toi mes créatures. Il m’appartient à moi seul de te libérer de ta lourde dette (...). Peut-être ai-je aimé les anges autant qu’il m’est possible ? Il n’y a que toi, malheureux, que j’ai aimé aussi fort. J’ai dissimulé ma gloire et moi, le riche, je me suis fait spontanément pauvre, car je t’aime beaucoup. »

 

         Le Christ est assis sur un âne : quelquefois à califourchon, c’est-à-dire de la façon la plus naturelle. Mais, le plus souvent, il est assis « d’une manière féminine », ce qui indique qu’il siège plutôt sur un trône. Il bénit de la main droite et regarde ses apôtres.  

         Tel est le Christ Roi. Il n’entre pas à Jérusalem sur un magnifique carrosse, comme les autres rois; il n’a pas levé d’impôts et ne s’est pas entouré de gardes armés de lances, mais il a voulu que son entrée comme roi soit pacifique, joyeuse et douce.

         Mais, là encore, le Mélode nous enseigne :

« Voici notre Roi, doux et pacifique, assis sur un ânon, qui vient pour subir la passion et éradiquer les passions. Le Verbe est assis sur un animal, car il veut sauver les êtres dotés de raison. Et l’on pouvait voir, juché sur l’ânon, Celui qui est porté par les chérubins et qui avait transporté jusqu’au ciel Elie sur un char de feu, riche par essence devenu pauvre par choix, faible par choix mais qui sait donner de la force à tous ceux qui croient en lui. Béni sois-tu, toi qui viens pour rappeler Adam. »

 

            L’ânon de notre icône avance, plein d’assurance. L’âne représente l’aspect instinctif de l’homme, dont la vie se déroule entièrement sur le plan terrestre et sensible. L’esprit chevauche la matière, qui doit lui être soumise, comme le Christ chevauche l’âne.

         Le palmier est l’image du Christ qui comble le vide entre le mont de Dieu - la Divinité - et la ville - l’humanité.

         Le Dimanche des Rameaux est aussi la fête des enfants.[3] Eux, ils ne se demandent pas « Qui est celui-là ? » mais ce sont eux qui, par leurs acclamations, « Hosanna au Fils de David » vont susciter l’indignation des Scribes et des Pharisiens.

 

         En regardant l’ensemble de l’icône, on voit la montagne contre Jérusalem, la ville close entre ses murs. Isaïe disait : « Il ne se fera plus de mal, il n’y aura plus de dommages sur ma montagne sacrée (= le mont des Oliviers qui « concurrence le mont Sion sur lequel est construite Jérusalem qui se ferme à Jésus), parce que le pays sera comblé par la connaissance du Seigneur ».[4]

         Le visage du Christ est tourné vers la montagne, vers les apôtres, vers le peuple nouveau « Il a sur ses épaules le signe de la royauté et qu’on lui a donné ces noms : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de la paix ».[5]

 

[1] Inspiré de Gaetano PASSARELLI : La Fête des enfants : regards sur la fête et sur l’iconographie de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Communio 34 – 1 Janvier 2009 p. 71 et suivantes.

[2] ROMANOS LE MELODE, Hymnes,  Rome 1981. (sec. VI) Romain le Mélode ou l’Hymnographe né vers 493 et décédé après 555 fut un moine, compositeur d’hymnes liturgiques et poète byzantin.

[3] Qui ne sont pas cités dans l’Evangile mais ajoutés très tôt par les chrétiens… comme les rois mages ! en raison du mot « enfants d’Israël » qui désigne le peuple….

[4] Isaïe 11, 9.

[5] Isaïe 9/2, 5 Texte lu à Noël.

 

Et maintenant une belle hymne pour enraciner cette contemplation en notre cœur :

Sion crie d’allégresse : Voici venir son Roi !
Vois le salut du monde s’avancer vers la Croix
Accours avec des palmes, acclame ton Seigneur
Celui qui ressuscite s’avance vers la mort.

Le Désiré des peuples entre à Jérusalem !
Venant à sa rencontre, les enfants d’Israël
Acclament son triomphe et chantent « Hosannah ! »
Au ciel sur la terre, Gloire au Seigneur qui vient. 

Réjouis-toi Eglise, signée du Sang de Dieu.
Ton Bien Aimé s’avance aux noces de la Croix.
Accueille sa tendresse, ô Bien Aimée du Roi !
Sa mort te fait revivre l’amour des premiers jours. 

Tu entres dans ta Pâque, Jésus Agneau de Dieu
Tu quittes notre monde et tu retournes au Père ;
A toi louange et Gloire, Jésus, tu es Seigneur !
Tu ouvres à tous les hommes le chemin du salut. 

Ta Croix est notre Gloire, ô Seigneur Jésus Christ
Par elle, Tu nous sauves et nous ressuscitons.
En Toi est notre vie, en Toi notre Salut.
Ta mort fait de tout homme un vivant qui voit Dieu.

Commentaires

  • ORA sine LABORA.
    La louange reste l'antidote absolu du mal incarné par la désepérance, particulièrement forte en ces temps d'inquiétude que nous traversons et dans laquelle il voudrait nous enfermer.

    Encore merci Jacques pour cet accompagnement de chaque jour.

    Deo gracias

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