Courte veillée de prière du Jeudi Saint
VEILLEE AVEC LE SEIGNEUR
AU JARDIN DE GETHSEMANI
De l’évangile de St Matthieu 26/29-46
« Jésus disait : « Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Alors Jésus leur dit : « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Prenant la parole, Pierre lui dit : « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Pierre lui dit : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous les disciples dirent de même.
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. » Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.
Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles.
Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
Commentaire L’agonie à Gethsémani.
Nicolas Cabasilas écrit : « Deux choses révèlent celui qui aime vraiment : la première consiste à faire du bien à l’aimé, la seconde, de loin supérieure, consiste à souffrir pour lui. Dans ce but, et pour nous donner la preuve de son grand amour, Dieu invente son propre anéantissement, il le réalise et le fait de manière à être en mesure de souffrir des choses terribles. Ainsi par tout ce qu’il subit, Dieu convainc les hommes de son extraordinaire amour envers eux et les attire de nouveau à Lui, eux qui fuyaient le bon Seigneur parce qu’ils se croyaient haïs de Lui. »[1]
Pour savoir combien Dieu nous aime, nous avons maintenant un moyen simple et sûr : regarder combien il a souffert ! Non seulement dans son corps mais surtout dans son âme. Car la vraie passion est celle qui ne se voit pas et qui le fait s’écrier, au jardin de Gethsémani : « Mon âme est triste à mourir » [2] Jésus est mort intérieurement avant de mourir corporellement. Qui pourra jamais percevoir l’abandon, la tristesse et l’angoisse de l’âme du Christ lorsqu’il s’est senti « devenu péché », [3] lui le très innocent Fils du Père ?
C ‘est parce que Jésus porte sur lui le péché du monde … que l’attraction infinie entre le Père et le Fils est maintenant traversée par une force de répulsion terrible. Lorsqu’en été, dans les Alpes, une masse d’air froid qui descend du Nord rencontre une masse d’air chaud qui monte du sud, éclatent des tempêtes effrayantes qui bouleversent l’atmosphère : nuages et hurlements de vent, éclairs qui déchirent le ciel d’une extrémité du ciel à l’autre, coups de tonnerre qui font trembler les montagnes.
Quelque chose d’analogue se produit dans l’âme du Christ : la suprême malignité du péché s’y est télescopée avec la suprême sainteté de Dieu, le déchirant au point de lui causer une sueur de sang et d’arracher de ses lèvres une grande plainte. Le Christ est ainsi devenu « anathème »[4] séparé de Dieu, au profit de ses frères les hommes… : St Paul écrit : « il est devenu malédiction pour nous ».[5]
C’est en évoquant ce moment que Jésus avait dit ces paroles à Nicodème : « C’est ainsi que Dieu a aimé le monde. »[6]
Au début de l’Evangile, dans le Prologue, St Jean écrit : « Nous avons vu sa Gloire. »[7] Et nous demandons à l’évangéliste « où as-tu vu sa Gloire ? » Il pourrait nous répondre : « c’est sous la croix que j’ai vu sa gloire »… c’est-à-dire Dieu révélé, rayonnant ! La gloire de Dieu, c’est de nous avoir caché sa gloire en nous aimant jusqu’au bout. C’est la Gloire la plus grande que Dieu ait en dehors de lui-même, en dehors de la Trinité. Plus grande que celle de nous avoir créés et d’avoir créé tout l’univers.[8]
Maintenant qu’il est à la Droite du Père, dans la Gloire, le corps du Christ ne conserve plus les signes et les caractéristiques de sa condition mortelle. Mais il est cependant une chose qu’il conserve jalousement et qu’il montre à toute la cour céleste nous dit l’Apocalypse[9] : les signes de sa passion, ses blessures. Il en est fier parce qu’elle sont le signe de son grand amour pour la créature. » Cabasilas les appelle : « les cicatrices d’amour ».[10]
[1] Saint Nicolas Cabasilas (né en 1322 à Thessalonique - mort en 1391) est un auteur mystique byzantin du 14ème siècle. Conseiller et ami de l’empereur de Constantinople, il fut un grand théologien laïc qui marqua la renaissance culturelle et mystique de la ville et de l’Orient chrétien byzantin. La vie en Christ VI/2
[2] St Marc 14/34 ; Matthieu 26/38 ; Jean 12/27
[4] Romains 9/3 : pour reprendre un mot de St Paul, bouleversé du refus de ses frères juifs : ce qu’il accepterait d’être pour qu’ils acceptent le Christ !
[8] « Père, toi qui as merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais nous participer à la divinité de ton Fils puisqu’il a bien voulu prendre notre humanité. » oraison de la messe du jour de Noël.
[10] Raniero Cantalamesse – prédicateur de la Maison du Pape - « Nous prêchons un Jésus crucifié » éditions des Béatitudes 1996 p. 25-26 et 98
DORMEZ MAINTENANT ET REPOSEZ VOUS !
Voici qu’approche celui qui va me livrer !
La nuit où il fut livré, le Seigneur prit du pain
et il dit : « Ceci est mon Corps, prenez et mangez ! »
J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous
avant de souffrir.
Commentaires
Dans la continuité de ce qui a été exprimé ce matin : Rendons grâce à Dieu pour tous les prêtres qui assurent "la Transmission" de l'Amour de Dieu et, en remerciement, confions-les au Seigneur pour que le découragement ne les accable pas et qu'une Joie intérieure les habite.
Comme nous y invitent les paroles de la Prière Eucharistique n°2, rendons grâce à Dieu de nous inviter à "servir en Sa Présence"... et demandons lui la grâce de répondre à son appel dans la diversité de nos vies.