Vendredi Saint - Prière du matin
Bien chers frères et sœurs,
Ce matin, suivons l’index de Jean-Baptiste et regardons !
L'office de la Passion sera en ligne pour 15h.
COMME UN AGNEAU INNOCENT, IL EST CONDUIT À LA MORT
sans beauté ni éclat, nous L'avons vu : Il n'avait plus rien d'un homme.
Or c'était nos péchés qu'il portait, nos douleurs dont il était affligé.
Il a été retranché de la terre des vivants;
broyé par la souffrance criait sur la Croix :
"Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."
« Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort. »[1]
« Ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. » [2]
Les 2 premiers chapitres de la première épitre aux corinthiens sont une magnifique méditation de St Paul sur la Croix du Seigneur, Croix dont il ne convient pas d’adoucir le caractère inouï, intempestif, critique de tout discours humain, même de sagesse. C’est un fait planté dans l’histoire des hommes qui empêche la réflexion humaine de tourner en rond, de vouloir tout expliquer, tout dominer par puissance, d’oublier l’amour qui est premier. C’est une contestation radicale et violente du désir humain de dominer.
Car Dieu ne domine pas !
Ecoutons Saint Paul dans la 1ère épitre aux corinthiens :
St Paul ose à peine parler de la Croix par peur d’en atténuer la force. Il parle craintif et tremblant.
« Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » [3]
Pour St Paul, ce fait de la crucifixion de Jésus rencontre forcément l’opposition des sagesses humaines, juive ou païennes. Mais Dieu l’a voulu ainsi ! C’est le caractère intempestif, inassimilable de la Foi Chrétienne, un coin enfoncé dans la sagesse humaine !
« Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. L’Écriture dit en effet : Je mènerai à sa perte la sagesse des sages, et l’intelligence des intelligents, je la rejetterai. Où est-il, le sage ? Où est-il, le scribe ? Où est-il, le raisonneur d’ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l’a-t-il pas rendue folle ? Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile. Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »[4]
Et pourtant, cette folie de la Croix est une véritable sagesse, une véritable connaissance du secret de la vie, un véritable mode de vie, la vérité secrète de l’histoire… ce qui veut dire que tout ce qui est puissance, volonté de dominer, de tout expliquer et tout transformer, toute arrogance est folie mortelle et vouée l’échec immanquablement car opposé à la pensée et au mode d’agir de Dieu manifesté dans le Christ et dans le Christ crucifié.
« Pourtant, c’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction. Au contraire, ce dont nous parlons, c’est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire. Aucun de ceux qui dirigent ce monde ne l’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu. »[5]
En effet, que reste-t-il de ceux qui ont rejeté Jésus, les chefs des prêtres et le autorités du peuple saint ? La Jérusalem que nous voyons aujourd’hui est une ville arable reconstruite par Soliman le Magnifique. Le Temple n’existe plus si ce n’est quelques restes de l’esplanade… le tout détruit en 70, c’est-à-dire 40 ans après la Croix. S’intéresserait-on à Pilate aujourd’hui si ce n’était pas le procurateur qui a condamné Jésus ?... Que de puissances réputées invincibles, anéanties en un instant ! Et même à notre époque !
St Paul fera l’expérience concrète de la Croix dans sa propre vie. Il a un faiblesse de caractère, de tempérament – nous ne savons pas exactement quoi – qui l’handicape dans sa mission d’apôtre. Ecoutons-le raconter [6]:
« Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Et St Paul en tire cette loi pour sa vie : « C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »
Un peu avant, dans la même épitre [7], St Paul expérimentait dans sa propre vie apostolique dure et affronté sans cesse aux difficultés et aux dangers, le « même loi de la Croix ». Ecoutons :
« Car Dieu qui a dit : Du milieu des ténèbres brillera la lumière, a lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous.
En toute circonstance,
nous sommes dans la détresse, mais sans être angoissés ;
nous sommes déconcertés, mais non désemparés ;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ;
terrassés, mais non pas anéantis. »
Toutes ces situations à la limite où le salut de l’apôtre arrive dans les événements les plus imprévisibles. Cela lui paraît même une loi de l‘apostolat :
« Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. » C’est une manière de vivre la Pâque du Christ en soi. « En effet, nous, les vivants, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre condition charnelle vouée à la mort. Ainsi la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous. »
Le Psaume 36[8] chante déjà ce renversement divin qui est tellement manifesté à la Croix.
ILS S'ACHARNENT CONTRE LA VIE DU JUSTE ET CONDAMNENT UN SANG INNOCENT
Les lèvres du Juste redisent la Sagesse
et sa bouche énonce le droit.
La loi de son Dieu est dans son cœur ;
il va, sans craindre les faux pas.
Contemplons le Juste par excellence, Jésus qui dit la Sagesse divine qu’il est lui-même. Toute sa vie a été menée dans la sagesse divine, il est allé « sans craindre les faux pas ».
Les impies guettent le juste,
ils cherchent à le faire mourir.
Mais le Seigneur ne saurait l'abandonner
ni le laisser condamner par ses juges.
On peur dire que Jésus a été guetté sans cesse par les « impies »
Et que les autorités n’ont rien trouvé pour le condamner… au point qu’il n’y a pas eu de procès
Espère le Seigneur,
et garde son chemin :
il t'élèvera jusqu'à posséder la terre ;
tu verras les impies déracinés.
Sans cesse le Seigneur a montré et dit son espérance indéracinable de la Présence de Dieu
En lui et avec lui, sa certitude d’être exaucé par le Père et glorifié – élevé – par Lui.
J'ai vue l'impie dans sa puissance
se déployer comme un cèdre vigoureux.
Il a passé, voici qu'il n'est plus ;
je l'ai cherché, il est introuvable.
Jérusalem détruite, le Temple détruit, l’Empire romain – le cèdre vigoureux – disparu…
Considère l'homme droit, vois l'homme intègre :
un avenir est promis aux pacifiques.
Les pécheurs seront tous déracinés,
et l'avenir des impies, anéanti.
Heureux les artisans de Paix ils seront appelés fils de Dieu.
Le Seigneur est le salut pour les justes,
leur abri au temps de la détresse.
Le Seigneur les aide et les délivre,
il les délivre de l'impie, il les sauve,
car ils cherchent en lui leur refuge.
Le salut des justes est le Seigneur.
Au matin de Pâques, quand les saintes femmes et apôtres découvriront le Christ Vivant,
Il leur faudra comprendre et confesser dans la foi ce qu’ils avaient refusé de croire quand Jésus avait parlé de sa passion de sa mort mais de sa victoire.
Se réalisera aussi ce matin-là la prophétie d’Isaïe :
« MON SERVITEUR REUSSIRA, IL MONTERA, IL SERA ELEVE
IL SERA EXALTÉ. » (ISAÏE 52/13)
Ta Croix est notre Gloire, ô Seigneur Jésus Christ.
Par elle Tu nous sauves et nous ressuscitons.
En Toi est notre vie, en Toi notre salut.
Ta mort fait de tout homme un vivant qui voit Dieu.
Toi l’arbre le plus noble où fleurit le salut.
O bois vêtu de pourpre, le Sang du Roi des rois.
La chair que tes bras porte est un fruit de douceur.
Un fruit qui donne vie par la résurrection.
Nous chantons la victoire du Christ libérateur
Qui s’offre en sacrifice que l’autel de la croix.
Le Sang et l’Eau ruissellent de son côté ouvert
Ils purifient le monde et lui donne l’Esprit.
Commentaires
Voici aujourd'hui'hui la croix sur laquelle étouffe notre Seigneur Bien -Aimé.
Folie pour confondre les sages et faiblesse pour confondre les forts.
En méditant à ses pieds à l'Office de 15h , nous chanterons déjà sa victoire éclatante .
"voici la croix d'où jaillit la vie!"
Dans le cellier de ton cœur ouvert , Jésus, je viendrai boire le vin de l'amour, du pardon, de la vraie Vie.
Voici le VENDREDI de tous les vendredis ,
Ou suis-je ?
Ou est-ce que je me situe spirituellement dans ce temps de la GLOIRE du CHRIST par sa
SAINTE CROIX ???
Comme le dit Saint Paul " c'est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses".......hélas je me sens souvent FORT hors du CHRIST , orgueilleux que je suis !
CHRIST m'appelle dans ce temps glorieux à devenir faible en acceptant avec son aide , les contraintes que m'imposent les personnes et les événements , les persécutions provoquées par des êtres ennemis du CHRIST , les situations angoissantes ( covid 19 ) .
Ce temps est bénit de DIEU pour que je devienne frère du CHRIST dans cet temps de sa PASSION en acceptant d’être ne serais-ce qu'un seul instant SIMON de Cyrène , en acceptant ces temps parfois insupportables dans mon humanité en me confiant à la puissance du PÈRE qui LUI me permettra d'accepter d’être faible par le FILS pour que la parole de JÉSUS s'accomplisse en moi , " CE QUI IMPOSSIBLE AUX HOMMES EST POSSIBLE A DIEU " .
Ma PRIÈRE : Je me tourne aujourd'hui vers TOI SEIGNEUR en ce VENDREDI SAINT aide moi à te faire d'avantage confiance pour que ma conversion puisse être véritable .
Bonnes , belles et SAINTE fête de PÂQUES à toutes et à tous .