Le Temps est limité
Billet spirituel
En écho à la seconde lecture du ce 3è dimanche dans le temps (B)
Deux des trois lectures de ce dimanche sont faciles à comprendre : la facile prédication de Jonas à Ninive… à la surprise du prophète et le magnifique appel des premiers disciples sur les bords du lac de Tibériade. Simon (dont le nom signifie Celui qui écoute) et André (=le viril) puis Jacques (= le redressé) et Jean (=Dieu fait grâce)… leurs quatre noms définissent un vrai disciple du Christ : un homme qui écoute la Parole, suit le Seigneur avec virilité, se laisse redresser et tout cela dans la grâce que Dieu donne.
Mais la seconde lecture elle est difficile. « Le Temps est limité » dit St Paul. « Limité » difficile à traduire. C’est le mot employé pour dire qu’on cargue les voiles d’un bateau ; one ne replie pas complètement on baisse la voilure. C’est l’idée de « resserrer » ou de « concentrer ». Le temps est concentré. Prenez une feuille de papier et plier la jusqu’à ce que vous obteniez une petit carré. Toute la surface de la feuille est comme ramassée dans ce point : en touchant cette petite surface c’est toute la feuille que vous atteignez. Eh bien ! depuis la Résurrection du Seigneur, le temps est ainsi : chaque minute, contient la fin possible du monde ; chaque minute est habitée par la Présence du Seigneur qui peut se révéler d’un instant à l’autre. Chaque minute de ce temps est dense de l’éternité qui peut en jaillir.
D’où la suite : si tu es marié, tu dois vivre profondément en aimant ta femme mais le cœur vigilant sachant que l’éternité est là et qu’il faut être prêt à l’accueillir. Tu vis marié comme n’étant pas uniquement marié, comme disciple qui attend le maître et qui est marié pour l’attendre ! Tu ne peux pas mettre toute ton énergie dans l’achat de bien… alors que d’une minute à l’autre le Maître peut être là !
Tu ne peux pas profiter du monde comme si c’était le monde était tout ! Tu sais que le Seigneur que tu aimes, peut être là d’un instant à l’autre. Ce monde n’est pas mauvais… Dieu l’a fait… mais tu peux vivre de telle sorte que le Seigneur te surprenne, t’apparaisse, se montre à toi… alors que tu t’occupes de choses secondaires, appelées à disparaître !
Car bien que bon, ce monde passe : le monde invisible affleure derrière ce monde si beau … derrière ce monde déjà si beau, il y a plus beau, le monde invisible, le monde divin, Dieu lui-même prêt à se manifester. Alors elle passe la figure de ce monde mais toi qui profite comme il convient de ce monde que Dieu t’a donné, ton centre d’intérêt est le monde invisible qui vient, le Seigneur qui vient. Victor Hugo – qui est loin d’être d’un père de l’Eglise ! – le dit magnifiquement : « Sous le monde réel, il existe un monde idéal qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumé à voir dans les choses plus que les choses. » ( préface des Odes et Ballades)