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Sanctuaire Notre-Dame de Bonsecours - Page 3

  • Homélie de Monseigneur Papin

    pour le 150ème ANNIVERSAIRE DU COURONNEMENT DE NOTRE DAME DE BONSECOURS

    (10 octobre 2015)

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    Dans la première lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un passage, saint Paul utilise un vocabulaire sportif pour parler de celui qui annonce l’Evangile. De même que les coureurs du stade s’imposent une rude discipline pour se donner toutes les chances de remporter la couronne du vainqueur, de même le missionnaire de l’Evangile doit s’imposer une discipline de vie s’il veut être fidèle à son baptême et remporter non pas une couronne de laurier mais une couronne qui ne se fane pas, autrement dit recevoir en héritage la vie éternelle. Paul s’élève ici contre ceux qui se glorifient eux-mêmes d’annoncer l’Evangile et veulent en tirer honneur dès ici-bas. Ce n’est pas sa vision de l’évangélisateur, lui qui a connu tant de désagréments et affronté tellement de dangers au cours de ses voyages missionnaires. Annoncer l’Evangile fut son seul objectif. Il n’a jamais voulu s’en glorifier lui-même ni en tirer un quelconque avantage. Aussi, de sa prison romaine, il put écrire à son disciple et ami Timothée : « Le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse » (2 Tm 4,78). La couronne promise au témoin fidèle, on ne se la donne pas à soi-même. On la reçoit du Seigneur.

    Frères et sœurs, chers amis, nous célébrons ce soir le 150ème anniversaire du couronnement de la Vierge Notre Dame de Bonsecours dont l’histoire nous a été rappelée avant la messe. Parler de couronnement de la Vierge Marie peut nous paraître non seulement d’un autre âge, mais aussi tellement éloigné de ce qu’elle fut, femme et mère discrète, accompagnant son fils humblement et dans la foi depuis Bethléem jusqu’au Golgotha. Aussi, pour comprendre avec justesse un tel couronnement, laissons-nous éclairer par un autre couronnement, celui de Jésus, au moment de sa Passion. Couronne d’épines, tressée et posée sur sa tête par les soldats de Pilate en même temps qu’ils le revêtaient d’un manteau rouge et plaçaient dans sa main un roseau en forme de sceptre dérisoire. Que pouvait-il y avoir de royal chez cet homme que l’on moquait et sur lequel on crachait en lui disant : « Salut, roi des Juifs » ? Il faudra la résurrection et le don de l’Esprit Saint pour que la signification de cette mise en scène  paradoxalement royale soit clairement manifestée.

    Ce qu’il y a de royal en Jésus couronné d’épines, c’est l’amour, un amour incandescent, un amour porté à l’extrême, qui l’a conduit librement à sa Passion. Amour indéfectible envers son Père auquel il se remet en toute confiance : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46). Amour miséricordieux pour ceux qui le font mourir : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). C’est dans l’événement de sa Passion et de sa Croix que Jésus advient véritablement comme Roi comme en témoigne sa parole à l’un des deux larrons : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis » Saint Jean a su exprimer cela merveilleusement en proclamant dans son évangile que l’élévation de Jésus sur la Croix fut dans le même mouvement son élévation dans la gloire.

    Nous comprenons alors, à la lumière du Christ, que le couronnement de Marie ne contredit pas ce qu’elle a été et ce qu’elle demeure à jamais. Marie a été totalement habitée par l’amour de Dieu, mettant toute sa foi en lui comme en témoigne son fiat au jour de l’Annonciation. De même que transparaît sa charité discrète au jour de la Visitation lorsqu’elle partit en hâte auprès de sa vieille cousine Elisabeth pour l’aider dans les dernières semaines de sa grossesse. Ou encore aux noces de Cana lorsqu’elle s’aperçut que le vin venait à manquer et que cela pouvait ternir la fête. Marie pleine de foi, Marie très aimante dans les beaux jours de la vie de son Fils comme dans les jours d’inquiétude et d’épreuves, jusqu’au pied de la Croix où elle se tint debout, Stabat Mater Dolorosa, avant de recevoir sur ses genoux le corps de son Fils. « Un glaive te transpercera l’âme », avait prophétisé le vieux Syméon lors de la Présentation de Jésus au temple. La mémoire de Notre Dame des Douleurs au lendemain de la fête de la Croix Glorieuse célèbre la Compassion de Marie, c’est-à-dire l’écho dans son cœur de la Passion de son Fils. Ayant été pleinement associée à sa Passion, elle l’est pleinement à sa résurrection et à son Royaume. C’est pourquoi l’événement de sa mort fut aussi celui de son Assomption dans sa gloire. Voilà ce que signifie son couronnement. Marie, Reine des cieux !

    « La première en chemin, Marie, tu nous entraines », chantons-nous parfois. Celle que Jésus nous a donnée pour mère au pied de la Croix nous montre son Fils et nous entraîne à sa suite. Elle nous invite à écouter sa Parole et à la mettre en pratique afin que, nous aussi, nous vivions fidèlement dans la foi, l’espérance et la charité. Alors, comme à Marie, comme à Paul et comme à la multitude des disciples bienheureux du Christ, la couronne de justice nous est promise et nous sera remise par le Seigneur. Telle est notre espérance.

    « Nous te saluons, Marie, couronnée d’étoiles…
    Emportée dans la gloire, sainte Reine des cieux,
    Tu nous accueilleras un jour auprès de Dieu » 
    AMEN.

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  • Recevoir la couronne de vie.

    Conférence du jeudi 8 octobre par le Père Jacques Bombardier 

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                Introduction.

                Au XVIIè un grand seigneur romain, le comte Alexandre Sforza Pallavicini (mort en 1638) avait légué une forte somme au chapitre de St Pierre pour confectionner deux ou trois couronnes d’or par an à des statues de la Vierge.

                Sur la demande Mgr Lavigerie, le Pape Pie IX, par un bref du 27 mai 1864, accorda une couronne à Bonsecours. L’évêque était désigné comme représentant du pape pour couronner en son nom la statue. On agrandissait alors le chœur de l’église de Bonsecours : on hâta les travaux pour que le couronnement ait lieu en 1865 comme le Pape le demandait.

                La célébration eut lieu le 3 septembre 1865 présidée par le Cardinal Césaire Matthieu (1796-1834-1875), alors archevêque de Besançon avec Mgr Lavigerie de Nancy et Dupont des Loges de Metz.

                Nous fêtons cette année le 150ème anniversaire de cette célébration. Mais quel est le sens de cet acte de couronner la statue de la Vierge ? Qu’est-ce qu’être couronné dans le Bible ? Quel sens spirituel nos livres saints donnent –ils à cet acte ?

     

                Avant de parcourir la Bible, donnons tout de suite le sens du couronnement tel que la piété et la théologie l’ont compris depuis le lancement de la théologie mariale au concile d’Ephèse en 431 :

                Par le Couronnement de la Vierge, Mère de Dieu,  - sans être elle-même divine mais divinisée comme tout homme est appelé à l’être - , est placée par Dieu au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes. Le premier témoignage de cette vision se trouve dans les mosaïques anciennes, IVè/Vè siècles, de la basilique Ste Marie Majeure à Rome. Les litanies de la Vierge l’explicitent : Reine des Anges, 
Reine des Patriarches,
 Reine des Prophètes,  Reine des Apôtres, Reine des Martyrs, Reine des Confesseurs, Reine des Vierges, Reine de tous les Saints.

                Le Couronnement de tout disciple – « Dieu lui-même sera ta couronne » dit Isaïe - est l’expression de sa divinisation et de l’accomplissement de son être et de sa vocation au sein de l’œuvre du dessein de Dieu.

                Marie est la première couronnée puisqu’elle a accompli totalement son parcours humain, morte et ressuscitée aussitôt après une vie tout entière donnée, dans la foi et l’espérance,  à l’œuvre de Dieu.

     

                C’est le moment, dans un premier temps,  de partir à la découverte dans la Bible.

    La surprise, c’est la très grande quantité de références bibliques tant dans l’ancien que dans le nouveau Testament. Ce n’est pas du tout un thème marginal.

                          

                Dans l’Ancien Testament, la couronne (il existe 6 mots différents pour désigner les différentes formes de couronnes !) se rencontre souvent ; faisons rapidement l’inventaire :

    1 – zèr :  La couronne désigne la bordure ornementale probablement tressée, qui entoure l'arche, l'autel des parfums et la table des pains de proposition (Ex 25/11 et 30/5). La couronne souligne ici la préciosité sacrée des objets de culte.

    2.  nèzèr.  Le mot désigne primitivement le bandeau/turban pour retenir les cheveux; il s'y ajoute l'idée de séparation et de consécration, soit royale (2 Sa 1/10, 2 R 11/12 ), soit sacerdotale (Ex 29/6 et ss ). Dans ce dernier cas et pour le grand prêtre, le turban, large de deux doigts, fixé par des attaches et rehaussé d'une plaque d'or sur le devant du turban, sur laquelle il est gravé: «Consacré à JHVH» (Ex 28/37. Evoqué en Sir 45/12 pour le grand prêtre Aaron : « un diadème d’or par-dessus le turban, portant, gravée, l’inscription de consécration, décoration superbe, travail magnifique, délices pour les yeux que ces ornements. »). C'est le « turban à la fleur d’or » remis par Moïse à Aaron (Le 8/9).

                Les sens plus ordinaires ou négatifs :

    3. kéther. Couronne, sans idée de consécration (Est 1/11 2/17 6/9). On le retrouve aussi dans Pr14/18 dans un sens profane et symbolique : « La part des niais, c’est la folie ; les gens avisés se font du savoir une couronne. »

    4. atârâh . Il s’agit de la Couronne des rois, juifs ou étrangers (Ps 21:4,Est 8:15 etc.), ou celle que l'on tressait lors des banquets et des fêtes (Ez 23/42).  Souvent un sens négatif : Dans Is. 28/1,3,  on parle de la «couronne orgueilleuse des buveurs d'Éphraïm» : c’est une condamnation cinglante de la capitale royale, Samarie, qui dominait comme une couronne la fertile plaine d'Éphraïm et donnait au royaume l'exemple des excès de vin.

    Dans 2 Sa 12/26-31 =1Ch 20/2 et ss, il s’agit de la couronne des idoles: «David enleva la couronne du roi des Ammonites; elle pesait un talent d'or; on la mit sur la tête de David»;

                diadêma  désigne le plus souvent la couronne royale, l'insigne du souverain 1Ma 1/9 : « tous les officiers d’Alexandre ceignirent le diadème à sa mort. » 6/15, 8/14, 12/39 13/32; c'était une sorte d'étroit bandeau autour du front, et l'on pouvait en ceindre plusieurs pour marquer plusieurs royaumes: 1 Ma 11/13 « Ptolémée fit son entrée à Antioche et ceignit le diadème de l’Asie de sorte qu’il mit à son front deux diadèmes, celui de l’Egypte et celui de l’Asie ».  Ainsi s'expliquent les diadèmes du Roi des rois :Ap 19/12 « sur sa tête de nombreux diadèmes »… mais aussi « les 7 diadèmes » du dragon usurpateur  (Ap 12/3 ou « les dix diadèmes » du même  13/1).

     

    5 - La couronne peut  aussi avoir un sens figuré, symbolique et spirituel : Is. 28/5 « Ce jour-là C’est le Seigneur Sabaoth qui deviendra une couronne de splendeur et un superbe diadème pour le reste de son peuple. ». Dieu lui-même est l’ornement d’un peuple redevenu fidèle.L'âge peut devenir couronne d’honneur ! Pr 16/31 : « C’est une couronne d’honneur que des cheveux blancs, sur les chemins de la justice, on la trouve. » Couronne d’honneur aussi que Dieu donne : dans le Ps 8/8 « A peine  fis-tu l’homme  moindre qu’un dieu : tu le couronnes de gloire et de beauté ».  Ps 102/ 4 : « N’oublie aucun des bienfaits de Dieu lui qui te couronne d’amour et de tendresse. ».

                Le mot « couronne » est souvent employé symboliquement: équité (Job 29/14), vertu (Pr 12/4), bienfaits divins Ps 64/12 « Tu couronnes un année de bienfaits »,  récompense de la sagesse Sir 1/18,  6/31 : « le couronnement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, elle fait fleurir bien-être et santé. » Adressé à l’homme qui cherche la sagesse : « Comme un vêtement d’apparat tu la revêtiras, tu la ceindras comme un diadème de joie. » 19/8 : « le sage – laissé à son conseil 15/14 - trouve le bonheur et une couronne de joie » 17/23 : « un jour le juge se lèvera et les récompensera, sur leur tête il fera venir leur récompense ».

     

    6. qodqod. Sommet de la tête.  Les fiancés portaient une couronne, la couronne des noces : Dans leCt des Ct 3/11, nous lisons : « Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l’a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son cœur. » On lit dans Is.61/10, « Je suis plein d’allégresse en Dieu, mon âme

    exulte en mon Dieu, car il m’a revêtue du vêtement du salut, il m’a drapée dans un manteau de justice, comme l’époux qui coiffe un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux. » C’est Jérusalem qui parle !

                Nous voyons déjà, rien que dans l’Ancien testament, la richesse de cette « couronne ». Passons maintenant au Nouveau testament.                     

                Voici en détails,  les couronnes dont il est parlé dans le Nouveau Testament. A cela s’ajoutent pour une véritable méditation chrétienne,

                Les 2 couronnes du Christ :

                La couronne d’épines. Mat 27/29 Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s’agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs !
 (cf aussi Mc 15/17, 
Jn 19/2,5 ). C’est la couronne de la dérision, de l’insulte, de l’infamie. La couronne d'épines imposée à Jésus est bien la couronne royale, parodie comme le manteau de pourpre et le sceptre de roseau, mais aussi douloureuse que dérisoire.

                La couronne d’or du Juge : Apo 14/14  « Je regardai, et voici, il y avait une nuée blanche, et sur la nuée était assis quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et dans sa main une faucille tranchante. »  C’est la couronne de la gloire humiliée       

                … Les  6 couronnes destinées aux chrétiens

    … indiquées ici dans l’ordre des livres bibliques de notre Nouveau testament. Nulle part on établit une liste ordonnée selon l’importance.

    1 - Couronne impérissable :

                St Paul compare la couronne impérissable qui attend les disciples à la couronne qui se fane que reçoivent les coureurs du stade. Il s’inspire là des jeux isthmiques de Corinthe qu’il a vus quand il séjournait dans le ville, au printemps. 1 Co. 9/24 -27 « Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. »

                Cette couronne, c’est donc la victoire remportée sur soi-même dans la discipline spirituelle que le croyant s’impose à lui-même. C’est le contraire du laisser-aller. La suite du Christ suppose un combat.

    2 - Couronne de joie :

                Cette couronne est décrite dans l’épitre aux Philippiens:
4/1 C’est pourquoi, mes bien–aimés, et très chers frères, vous qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien aimés ! »… ou 1 Thessaloniciens 
2/19 « Quelle est, en effet, notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est–ce pas vous aussi, devant notre Seigneur Jésus, lors de son avènement ? »

                Notre couronne de joie, c’est toute la peine prise à l’annonce de l’Evangile et à l’expansion de la Bonne Nouvelle. La joie infinie  de connaître le  Christ et de l’annoncer. Joie de la terre d’abord et joie du ciel dans la connaissance du Christ comme je suis connu, selon St Jean.

     

    3 - Couronne de justice :

    2è Tm 4/6-8 « Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse »

                Ici l’apôtre exprime sa confiance que le bon combat de la persévérance qu’il a mené dans sa vie pour faire connaître le Christ et attendre ardemment sa venue –gardant la foi, ayant couru pour l’Evangile et son désir de la venue du Seigneur – sera récompensé par le Seigneur  qui lui remettra la couronne de Justice, reconnaissant par là la sainteté de la vie de Paul.

     

    4 - Couronne de vie

    « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu. » (Jc. 1/12) rejoint par St Jean  dans l’Apocalypse :

    « À l’ange de l’Église qui est à Smyrne, écris : Ainsi parle celui qui est le Premier et le Dernier, celui qui était mort et qui est entré dans la vie : Je sais ta détresse et ta pauvreté ; pourtant tu es riche ! Sois sans aucune crainte pour ce que tu vas souffrir. Voici que le diable va jeter en prison certains des vôtres pour vous mettre à l’épreuve, et vous serez dans la détresse pendant dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de la vie. » (Apo. 2/10)

                St Jacques exalte ici la personne qui supporte les afflictions. Lorsqu’un tel homme aura supporté la tentation, il recevra la couronne de vie. La couronne ici n’est pas le diadème du roi, mais la couronne de la victoire qui sera donnée le jour du jugement au tribunal de Christ. Idem pour l’Eglise de Smyrne qui aura tenu bon jusqu’au bout.

     

    5 - Couronne de gloire

    « Soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévouement ; non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau. Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 P. 5/2-4)

     Pierre  évoque la couronne de ceux qui auront bien rempli leur charge pastorale.

     

    6 - Couronnes d'or des 24 vieillards: 

    « Tout autour de ce Trône, vingt-quatre trônes, où siègent vingt-quatre Anciens portant des vêtements blancs et, sur leurs têtes, des couronnes d’or.Les vingt-quatre Anciens se jettent devant Celui qui siège sur le Trône, ils se prosternent face à celui qui vit pour les siècles des siècles ; ils lancent leur couronne devant le Trône en disant :« Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé. » (Apo. 4/4 et 10)

                Les 24 vieillards – les 12 ancêtres des tribus d’Israël et les 12 apôtres, deux fois 12, deux fois la plénitude - symbolisent tous les rachetés à la fois de l’Ancienne Alliance et de la Nouvelle. Le fait qu’ils portent des couronnes d’or et qu’ils soient assis sur des trônes suggère qu’il s’agit de sauvés, divinisés.

                « Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas »[1] Ainsi s’exprime St Pierre dans sa première lettre. Et l’Apocalypse présente les élus avec une couronne d’or.[2]

                Le croyant est donc appelé à la Couronne de Gloire, la couronne d’or ! La Vierge Marie, la disciple la plus parfaite du Seigneur sur cette terre, a reçu cette couronne de Gloire. St Jean, dans l’Apocalypse[3], décrit Marie Ressuscitée dans la splendeur du Soleil, la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

     

             Récapitulons en conclusion notre moisson

                Selon l’Ancien Testament, la couronne indique une séparation, une « mise à part » des objets du culte, mais aussi des prêtres, des rois et des prophètes, une idée de consécration.

                Au sens figuré ou symbolique, elle est signe de noblesse, de fidélité à Dieu. Dieu lui-même devient couronne de son peuple !

                C’est la couronne des fiancés et des noces (encore comme cela dans le rite du mariage oriental).

                Enfin, être couronné, signifie avoir accompli parfaitement sa vie, par la vertu, les bienfaits, la fidélité, la vieillesse, la sagesse recherchée, trouvée, vécue et enseignée.

     

                Le Nouveau testament hérite de cette vision et l’enrichit en la précisant :

                Tout le peuple est appelé à être couronné (les 24 vieillards) c’est-à-dire divinisé par participation à la nature de Dieu comme dit St Pierre ( précision de l’AT qui disait : « Dieu lui-même sera ta couronne »)…

                A la suite de son maître… qui a connu la couronne de dérision (épines) et la couronne de gloire de la victoire.

                Cette couronne donnée par Dieu au croyant se décline en 6 qualificatifs :

                           1 – impérissable       c’est la couronne qui récompense le combat spirituel   sur soi-même pour vivre selon l’Evangile.

                           2 – de joie                 c’est la couronne qui récompense la joie d’avoir                       annoncé l’Evangile

                           3 – de justice             c’est la persévérance dans la connaissance du Christ,   dans son annonce et dans le désir de sa venue

                           4 – de vie                  c’est le couronnement de la victoire dans la tentation et l épreuve que fait subir le monde  aux chrétiens.

                           5 – de gloire              en particulier pour les pasteurs du troupeau

                           6 – de gloire et d’or…. Couronne de gloire rouge, précise St Cyprien, pour   les martyrs et blanches pour autres disciples non martyrs.

                Le couronnement est donc perçu par toute l’Ecriture comme une « récompense » donnée par Dieu au disciple méritant. C’est le geste qui accomplit tous les combats spirituels et moraux du disciple qui attend la venue de son maître et demeure fidèle dans l’épreuve et la contradiction. C’est une vision dynamique, progressante de la vie chrétienne, le contraire de la tiédeur.

                Mais, la préface des saints nous prévient contre tout orgueil ou suffisance , lorsqu’elle déclare à Dieu : « Quand tu couronnes les mérites des saints, Tu couronnes tes propres dons. »  

                C’est Dieu qui donne la grâce de la victoire et couronne cette victoire !

                Mais il la couronne cette victoire en la mettant à notre compte (c’est cela le mérite en théologie) même si c’est sa grâce qui nous la fait obtenir avec notre combat. Il donne la vertu, le mérite de la vertu et la récompense du mérite de la vertu. C’est ce que nous demandons dans le Veni sancte spiritus : « Da virtutis meritum ». Ce qui veut dire « donne le mérite de la vertu ».

                 La liturgie, enfin, pourrait nous instruire.

     

    Dans le baptême.

                Il paraît certain aujourd’hui que dans le rite baptismal primitif (chez les tout premiers chrétiens qu’on appelle les « judéo-chrétiens »), on remettait au nouveau baptisé le vêtement blanc et une couronne, souvent de fleurs.  Cette couronne était censée montrer la présence du Christ dans le nouveau baptisé, présence de renouveau. Le Christ était ainsi pensé « comme la couronne du croyant » dans toute sa vie nouvelle de chrétien, selon la promesse en Isaïe : « Dieu sera lui-même ta couronne ».

                On a donc vêtement blanc et couronne… d’où la mention du vêtement blanc et de la couronne pour les élus de l’Apocalypse. Au moment où le texte est écrit, on pratique encore ce rite. Les premiers chrétiens rattachaient le baptême autant à Pâques qu’à la fête des Tentes : vêtement blanc, couronne, palmes à la main… rites liés à la fête des tentes.

                Pourquoi alors, cette coutume a-t-elle disparu? Cet usage typiquement juif disparaît quand l’Eglise passe massivement aux païens car la couronne était liée au culte idolâtrique chez les cultes païens de l’époque, y compris dans les cultes à mystère… De plus les prêtres païens portaient une couronne ! Cela rendait le rite équivoque. Il n’est resté que le vêtement blanc.

    Dans le mariage.

                Dans les rites orientaux, après l’échange des consentements et la bénédiction /remise des alliances, les époux sont couronnéscomme le Christ victorieux.Le symbole du couronnement indique aussi l’âge adulte de la femme et sa capacité de donner naissance. Il équivaut à la velatio – «  l’imposition du voile » - dans la culture romaine.     

                La célébration  du mariage orthodoxe se poursuit par l'office du couronnement des mariésdevant une table préparée au milieu de la nef.   Les jeunes mariés sont introduits dans la nef par le prêtre et tiennent chacun un cierge allumé, relié l'un à l'autre par un ruban. Le prêtre couronne les deux mariés, mais souvent quelqu'un tient la couronne au dessus de leur tête. Le couronnement est le signe sacramentel du mariage.  -  On lit deux textes du Nouveaux Testament. Le prêtre donne à boire une coupe de vin aux deux mariés. Puis, guidés par le prêtre, ils font, main dans la main, trois fois le tour de l'autel ou du lutrin où sont déposés les évangiles. Couronnés, ils dansent liturgiquement autour de l’autel avec le prêtre. Les nouveaux mariés vénèrent les icônes et s'embrassent l'un l'autre.  



    [1] 1 Pierre 5/2

    [2] Apo. 4/4 et 10

    [3] Apo. 12/1 et ss

  • Sainte Thérèse d'Avila

    Jeudi 15 octobre : 500ème anniversaire de la naissance de Ste Thérèse d'Avila : messe à 18H à Bonsecours et à 20H30 à Bonsecours, La vie et le cheminement spirituel de Ste Thérèse par Martine Boiché. Cette soirée introduit les deux concerts lecture des œuvres de la sainte.

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  • Lettre aux paroissiens

    3 Septembre 2015 

    Très chers paroissiens et habitués du Sanctuaire de Bonsecours,

     bs.png           Je m’adresse à vous à l’occasion du 150ème anniversaire du couronnement de la statue de Notre Dame de Bonsecours par le Bx Pape Pie IX le 3 septembre 1865 sous l’épiscopat à Nancy de Mgr Lavigerie.

                Il ne s’agit pas d’une commémoration historique qui a peu d’importance. Il s’agit de profiter de cet anniversaire pour grandir dans la ferveur de notre foi.

             Vous connaissez tous l’état du catholicisme dans notre pays… à la fois effondrement et naissance d’une foi plus intérieure naissant d’un attachement plus personnel au Christ, à une vie plus intense dans l’Esprit Saint. Certains diocèses de France sont plus ardents que d’autres qui ressemblent à la « belle au bois dormant ».Dans les semaines qui vont venir et nous conduire aux Journées du Jubilé – 8, 9 et 10 octobre 2015 –

    je vous ferai des propositions pour vous préparer personnellement ou en couple ou en petit groupe – comme vous voudrez – à cet événement. Je vous invite à bien accueillir ces propositions et à vous y engager courageusement afin que nous arrivions tous plus fervents le 10 octobre à la messe autour de notre évêque.

             Dans toutes les périodes difficiles de la vie de l’Eglise, Dieu a suscité les saints dont les disciples ont besoin à ce moment-là : il y a les saints cachés que Dieu seul connaît et qui sont les foyers de l’Eglise ; il y a les saints proclamés par l’Eglise : St Jean Paul II, Sainte Mère Teresa de Calcutta, St Jean XXIII et le Bienheureux Paul VI ; St Padre Pio, Bienheureux Charles de Foucault, solitaire du Sahara,  Charles de Habsbourg dernier empereur d’Autriche, artisan de paix, … Louis et Maria Beltramme-Quattorchi, époux du XXème siècle, béatifiés ensemble en 2001 … comme le seront prochainement Louis et Zélie Martin… le père René Dubroux, originaire de notre diocèse et martyrisé au Laos en 1959… et tout le patrimoine de sainteté de l’Eglise à travers les siècles ; la sainteté ne vieillit pas mais sans cesse se renouvelle et s’enrichit.

             La seule tristesse, c’est que nous, nous ne soyons pas des saints !

                      Profitons donc tous de cette préparation au Jubilé du Couronnement de notre Dame de Bonsecours pour progresser sur ce chemin de la sainteté que le Seigneur désire pour chacun de nous.

             Dans la joie de faire ce chemin avec vous,

                               Votre curé.

    Les propositions sont contenues dans le tract du Jubilé du Couronnement. Ce sont les propositions élaborées avec l’Equipe d’animation du Sanctuaire de Bonsecours.

    Dans les semaines qui précéderont l’événement, je vous fournirai des feuillets adaptés pour vous préparer personnellement à cet événement.

  • Assomption

    SANCTUAIRE NOTRE DAME DE BONSECOURS À NANCY

     

    ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

    14 ET 15 AOÛT 2015

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    Vendredi 14 août à Bonsecours

    16H-17H30 confessions            18H messe

    21H30 Procession aux flambeaux et Vigile

    Samedi 15 août

    11H St Pierre  messe

     

    17H30 à Bonsecours       Vêpres et salut du St Sacrement

     

    Animation de la liturgie : la Joie du Mélode

  • Les miracles attribués à l'intercession de Notre Dame de Bon Secours

    Conférence donnée à l’église le 22 mai 2015 par Monsieur Dominique Perrin.

    photo divers 1642.jpg

                L'évocation de cette question présente quelques difficultés dans la mesure où ce sujet n'a pas fait jusqu'à présent l'objet d'une étude d'ensemble. La documentation disponible n'a été que partiellement dépouillée. Nous disposons d'un travail de qualité pour le XVIIème siècle sous la forme d'un mémoire de maîtrise.

                Puis, au-delà, il n'y a plu grand-chose, sinon quelques informations très fragmentaires données par Mgr Jérôme, vicaire général de Nancy, dans sa monographie sur Notre Dame de Bonsecours, parue dans les années 1930.

                Pour la période contemporaine, il est possible d'utiliser comme source les ex-voto disposés dans le couloir qui longe, à droite, la nef de l'église.

     

               A l'origine de ce sanctuaire, il y a une chapelle édifiée à la fin du XVème siècle (elle est achevée en 1498), construite à proximité du lieu où s'est livrée la bataille du 5 janvier 1477. Il s'agit d'un choix tout à fait délibéré du duc de Lorraine René II, comme le montrent les lettres patentes qu'il signe en octobre 1484 et par lesquelles il accorde toutes les autorisations nécessaires pour pouvoir :

    «  audit lieu que nous voulons estre nommé et intitulé Nostre Dame de bon secours, faire eriger, edifier et construire [la dite] chapelle... en recordation et perpetuelle mémoire de la victoire que moyennant la grace de Dieu et l'aide et interception de la glorieuse vierge Marie sa mère, avons obtenue en ce dit lieu...»

                Il semble bien que cette chapelle de Notre Dame de Bon-Secours, pourvue dès le début du XVIème siècle de la statue réalisée par Mansuy Gauvain et représentant une «Vierge au manteau», symbolisant le bon secours de Marie, soit devenue assez vite un lieu de pèlerinage. Mais le service du pèlerinage est mal assuré. Bonsecours est un ermitage desservi par un chapelain qui est souvent un laïc marié et père de famille et qui ne réside pas sur place. L'office divin n'est célébré à Bonsecours que de façon occasionnelle.

     

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               La situation change manifestement au XVIIème siècle sur lequel nous sommes, à vrai dire, mieux renseigné. D'abord l'administration du sanctuaire est confiée en 1609, par décision du duc de Lorraine Henri II à des religieux, les Minimes, qui vont s'acquitter fidèlement des charges qu'ils ont acceptées.

    Nicolas Julet, provincial des Minimes écrit : « Un bien en attire un autre ; une église ou place sacrée, décemment parée, honnêtement entretenue, eschauffe nos cœurs à l'amour du vray Dieu et des saincts à l'honneur desquels ces lieux sont consacrez. Dès lors, le peuple se mity en appetit de venir plus souvent offrir ses vœux en cette saincte chapelle et y représenter ses nécessitez à Dieu et à la Vierge Mère. »

                Le sanctuaire de Notre Dame de Bon Secours accueille un nombre croissant de pèlerins de toutes conditions, attirés par les récits de miracles qui s'y produisent grâce aux prières adressées à Marie.

                C'est cette situation qui conduit, en 1629, le duc de Lorraine Charles IV, à autoriser l'agrandissement de l'ancienne chapelle. Les lettres patentes de Charles IV sont ainsi rédigées :

     « Les grands, fréquents et admirables miracles qui se font presque journellement depuis quelque temps en ça, en la Chapelle de Nostre Dame de Bon Secours lez Nancy par les merites et intercessions de la tressacrée Vierge Marie, don luy en debvons la regnaissance ont meu et excité non seulement nos sbjects, mais aussy les estrangers, d'y accourir et advoler par chacun jour, pour y faire prieres  et rendre leurs vœux en ferveur, devotion et zele qui mieux mieux. »

                et le duc de Lorraine d'ajouter :

    « Nous...avons... approuvé ledit aggrandissement de ladite Chapelle...afin d'estre Dieu beny et servy et sadite Mère honnorée, invoquée et reverée par les Pèlerins à leur consolation et pour attirer les graces et bénédictions de Dieu sur nous, sur nos pays, et particulièrement sur nostredite ville de Nancy, par la faveur, credit et entremise de sadite Mere Royne des Cieux... »

                La réputation du sanctuaire de Notre Dame d Bon Secours étant désormais bien établie, c'est donc un important mouvement de dévotion à Marie qui s'y développe. On la supplie d'intercéder auprès de son Fils pour que soit mis fin à d'innombrables maux individuels mais aussi publics.

                C'est en effet à 2 niveaux que se manifeste un tel mouvement.

     Il y a d'abord les particuliers qui implorent Marie pour obtenir la guérison de toutes sortes de maladie. Il s'agit de soulager « les corps travaillez des fièvres les plus malignes, voire tenaillez des douleurs les plus insignes. » Dès cette époque, on a déjà observé qu'il n'y a pas seulement des maux physiques, comme le montre l'exemple d'une femme dont il est dit qu' « elle se trouve malade tant du corps comme de l'imagination. »

                On peut jouter que la maladie est parfois perçue comme résultant d'un sort jeté sur le malade. Nous disposons, pour la première moitié du XVIIème siècle, d'un ouvrage précieux rédigé par le provincial des Minimes de Lorraine Nicolas Julet, déjà mentionné, qui publie en 1630 un livre intitulé : « Miracles et grâces de Notre Dame de Bon Secours ».

                Cet ouvrage constitue, pour une part, un recueil de récits de guérisons miraculeuses. Nicolas Julet y montre, à travers les exemples présentés, ce qui conduit les fidèles malades à se rendre au sanctuaire de Notre » Dame de Bon Secours. Il montre que la première raison est l'écho des faits qui s'y produisent rapportés par la rumeur publique. On trouve dans ses récits des formules telles que « le bruit qui s'espendait des miracles, lesquels se faisaient à Notre Dame de Bon-Secours », ou encore « cette patiente... se souvient... de ce qu'entendait dire de la Chapelle de Nostre Dame ».

                Il y a les malades qui se rendent eux-mêmes à Notre Dame de Bon Secours et ceux qui y font prier pour eux s'ils ne peuvent se déplacer, à la suite de pieux conseils qu'ils ont pu recevoir, ou bien sous une inspiration divine directe qui leur dicte la conduite à tenir. Une chose frappe dans les récits de Nicolas Julet, c'est que le recours à l'intercession de la Vierge Marie est tentée en désespoir de cause, après que les personnes souffrant de maladies aient essayé tous les remèdes possibles de l'époque.

                On dispose notamment d'un long récit de l'histoire d'une dame souffrant « avec de très grandes douleurs par tout le corps », à la suite d'un sort qui lui aurait été jeté par des femmes soupçonnées d'être des sorcières, à l'instigation d'une fille huguenote qui aimait l'homme que cette dame avait épousé. Pour la soulager, on a recours à tous les moyens disponibles. On fait appel aux médecins tant catholiques, huguenots que juifs. Il y a l'intervention des chirurgiens qui «retaillent » la patiente «bien quinze ou seize fois par toutes les cuisses ». On consulte des exorcistes. On fait venir, à l'insu de la dame, des devins et magiciens. Or tout cela reste vain.  Alors, dit le texte :

    « Hors d'espérance de mieux par les voies que nous avons dictes ...elle se en dévotion (meue à ce par une inspiration divine) d'aller en pèlerinage à nostre Dame de Bon Secours, où elle fit deux neufvaines, pressant la Vierge par ses dévotes et ferventtes prières de l'ayder en ce très piteux estat. Cette saincte Dame qui se plaist à nous bien faire et obliger tout le monde exauça ses oraisons e sorte que sa dernière neufvaine parachevée dans la chapelle... elle s'en retourna à Metz saine et gaillarde et parfaitement guarie ».

     Le rédacteur du texte conclut en ces termes :

    «Et le tout à la consolation des catholiques qui bénissent Dieu et la Vierge ouvriers de es grandes merveilles et à l'estonnement des huguenots et juifs qui sont contraints de croire, bien qu'ils ne dédaignent pas le confesser que c'est Dieu qui fait des choses que la nature ne peut mais à l'instance de sa très béniste mère, tousiours et de tout temps victorieuse et triomphante en ses combats contre les démons et tous ceux de son party ».

                Dans beaucoup de récits, on retrouve cette idée que l'impuissance des hommes conduit à se tourner vers lez ciel. Voici, brièvement formulés, quelques exemples :

    « Cette pauvre créature voyant l'industrie humaine ne rien pouvoir pour sa consolation trouva bon de porter ses yeux et ses vœux sur la Vierge »,

     ou bien :

    « Desespérant en ce piteux estat des remèdes ordinaires dont l'art et la nature estoient courtes, il en veut espérer et attendre du ciel ».

                Le fait que ces récits soient faits par un religieux explique une présentation, qu'on, peut qualifier d'orthodoxe, des miracles. C'est bien Dieu qui guérit par l'intercession de la Vierge Marie qualifiée de «Thrésorière de  toute grâce » ou encore de « très chère Médiatrice du Seigneur ». C'est bien l'action conjuguée du Seigneur et de Marie qui opère le miracle : « Ce n'est pas la nature qui opère, peut-on lire, « mais le Dieu de la nature auquel toutes les choses se rendent souples: sa saincte mère a bonne part à ce pourvoir absolu »

    ou encore :

    « la dextre de Dieu et la bénignité de la Verge a fait des merveilles ».

    Le rédacteur du texte dit encore à propos de guérison d'une femme :

    « Vrayment ceux qui la virent après son pèlerinage pouvoient bien dire en bénissant le nom et le pouvoir de Nostre Dame.. . Le bon Dieu et sa Mère ont besogné ».

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                Un deuxième niveau de cette dévotion à la Vierge est celui des pouvoirs publics que les événements conduisent aussi à se mettre sous la protection de Marie. Au printemps 1630, la Lorraine et Nancy sont frappés par une épidémie de peste qui se prolonge en 1631 et contre laquelle on ne dispose à cette époque aucun moyen de lutte efficace. On ne peut que se borner à isoler les pestiférés pour tenter de limiter les effets de la contagion. C'est ainsi que les malades sont relégués au clos de l'Asné, près de Maréville.

                Alors, dans ces conditions, par une délibération solennelle du 14 juin 1631, le Conseil de Ville de Nancy décide de faire un vœu à Marie : « L'expérience journalière nous faisant voir que le remède le plus prompt à toutes sortes de maux est d'avoir recours à l'Immaculée et toute puissante Vierge, mère de Dieu, par les mérites et intercessions de la quelle l'on recongnoist que Dieu justement irrité contre les pescheurs apaisait son ire et détournoit les fléaux que méritoirement il décoche contre eux affin de les retirer du bourbier où leur indignité les plongent... Nous avons, affin d'apaiser son ire et retirer les fléaux desquels il nous mena ce et pour en détourner le coup, comme pour garantir la ville, et tout le pays, trouvé n'y avoir plus assuré t convenable momyen que de lui en demander très humblement pardon et supplier sa Très Sainte Mère, ainsi que nous faisons, d'interposer son nautoité et crédir pour empescher le mal de s'accroître et esteindre le fezu de contagion et austres qui s'allument ez quatre coins de la ville et en tout le pays, avec menace d'embraser le reste sy nous n'y apportons l'eau d'une sainte repentance et remedions. »

                Le texte du vœu se trouve gravé sur le monument adossé au mur sur le côté droit de la nef. C'est la ville de Nancy qui sy exprime en ces termes :

                « J'ai voulu et j'ai dû me lier plus étroitement par la solennité d'un vœu afin que, quand la terrible contagion...se répand impunément de toute part, vous en réprimiez le cours, et qu'ayant apaisé votre Fils(vous seule, en votre qualité de mère, avez coutume de le fléchir) vous arrachiez les verges de sa main vengeresse. » On reconnaît là la terrible théologie de la vengeance que Dieu exercerait à l'encontre des hommes.

                Le vœu de la Ville de Nancy consistait en la promesse de faire dire chaque semaine une messe basse en l'honneur de Marie, et une messe, dite haute, chaque année, le lendemain de la fête de l'Assomption. Il serait hasardeux d'avancer que ce vœu d Nancy à la Vierge a eu des effets miraculeux sur le cours de l'épidémie de peste.

     On  cite bien un répit durant des années 1632-34, mais la peste frappe de nouveau avec intensité à partir de 1635 pour ne s'atténuer, puis disparaître après 1640. Mais le vœu fait à Marie est fidèlement respecté jusqu'en 1791.

                On peut noter également que les princes de la maison de Lorraine, eux-mêmes, ne manquent pas de venir se placer sous la protection de la Vierge. On retiendra ici seulement que les princes lorrains qui, à la tête des armées impériales, combattent victorieusement contre les Turcs, notamment dans la seconde moitié du XVIIème siècle, viennent déposer à Notre Dame de Bon Secours les drapeaux enlevés à l'ennemi, en signe d'action de grâces.

                Le prince Charles de Lorraine (le futur duc Charles V) fait apposer une plaque sur laquelle est gravée une longue inscription en latin pour célébrer le retournement de la situation militaire en faveur des armées chrétiennes. La conclusion de cette inscription peut être ainsi traduite :

     « CET HEUREUX CHANGEMENT DE NOTRE FORTUNE , TOUTE L'EUROPE L'ATTRIBUE A NOTRE PRINCE, MAIS POUR LUI, C'EST A VOUS

    O PUISSANTE ARBITRE DES BATAILLES, QU' ON LE DOIT.

    ET IL EST CERTAIN QU'IL NE CHERCHE A TIRER AUCUNE GLOIRE DE CETTE DEPOUILLE QUELCONQUE DES INFIDELES QUE LE FAIT QU'ELLE SOIT AUPR78S DE VOUS COMME LE SIGNE D'UN COEUR FIDELE ET UN MONUMENT PERPETUEL DE LA SOUMISSION QU'IL VOUS JUREE.

                Pour le futur Charles V, le doute n'est pas permis : c'est bien à la protection de la Vierge Marie, qui se voit qualifiée de « Puissante arbitre des batailles », qu'il doit la victoire remportée sur les Mahométans.

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                Si nous sommes assez bien renseignés sur le XVIIème siècle, il n'en va pas de même pour le XVIIIème siècle pour lequel nous n'avons pas de documentation aisément accessible. Les rares auteurs d'ouvrages sur Notre Dame de Bonsecours mettent l'accent sur la destruction de l'ancienne chapelle et la construction d'un nouvel édifice, qui est comme on le sait l'église actuelle, par la volonté du roi de Pologne Stanislas Leszczynski devenu duc de Lorraine en 1737.

                On sait que le pèlerinage à Notre Dame de Bons Secours reste florissant, mais les témoignages sur des miracles qui seraient attribués à l'intercession de la Vierge Marie font défaut. La Révolution française constitue pour le sanctuaire de Notre Dame Bonsecours une très rude épreuve. Nous n'avons pas à faire ici le récit des tribulations de 'époque révolutionnaire. Nous retiendrons seulement le fait que l'église, devenue bien national, est vendue en 1798 à un brasseur qui envisageait la destruction. Selon une tradition bien établie, une mobilisation de la population du secteur et des régions environnantes fit échec à ce projet et la vente fut résiliée.

                Le XIXème  siècle voit se produire une véritable renaissance de Notre Dame de Bonsecours, surtout à partir de son érection en paroisse de plein exercice en 1844, et grâce à l'activité inlassable du curé qui y était nommé, l'abbé& Nicolas-Jules Morel. Notre Dame de Bonsecours redevient un centre actif de pèlerinage, où se déroulent d'imposantes cérémonies dont la plus fameuse est celle du couronnement d la Vierge de Bon Secours, le 3 septembre 1865.

                Pour la période postérieure à 1870, la principale attestation de la dévotion populaire à Marie est constituée par les ex-voto disposés, comme il a été dit, dans le couloir parallèle à la nef de l'église. On en compte environ 600. Le plus ancien, semble-il, concerne un événement historique majeur, la guerre de 1870.

                Sur une plaque ornée d'une croix de lorraine, on peut lire :

     POUR NOTRE DAME DE BONSECOURS

     NANCY DELIVREE EN 1477

     SAUVEE DE L'ANNEXION EN 1870

     MERCI FILIAL A MARIE

                Le plus grand nombre de ces ex-voto concerne le demi-siècle qui va de 1870 à 1920 (en tenant compte du fait qu'une partie d'entre eux ne sont pas datés). Beaucoup d'entre eux ne sont pas explicites sur les raisons qui ont conduit les fidèles à la faire apposer . On trouve souvent la formule « reconnaissance à Marie » ou « reconnaissance pour grâce obtenue », sans autre précision.

                Néanmoins certains ex-voto mentionnent clairement une guérison obtenue par l'intercession de Marie. Telle ou telle formule rejoint directement les récits antérieurs qui ont été évoqués. Un ex-voto porte l'inscription suivante : « La science était impuissante, Marie m'a guéri (1910) ». On voit bien que ces inscriptions ont été rédigées par les fidèles eux-mêmes. Leur reconnaissance s'adresse à la seule personne de la Vierge, à qui sont attribuées directement les grâces reçues sans qu'il soit fait mention de son intercession au près de Dieu. 

    10% des ex-voto concernent le guerre 1914-18. On sait combien les Nancéiens ont afflué à Notre Dame de Bonsecours dans les moments cruciaux du conflit. Une plaque, d'une dimension respectable, est due aux paroissiens de Bonsecours. Elle est dédiée à leur céleste patronne avec cette formule latine :

    « Sub Dei Genitricis Praesidium Confugimus

    et a periculis cunstis liberavit nos »,

    ce qu'on peut traduire par : « Nous nous sommes réfugiés sous la protection de la Mère de Dieu et elle nous a délivré de tous les périls ».

                On ne peut manquer d'évoquer l'ex-voto offert par le général de Castelnau qui commandait en 1914 l'armée française d&éployée en Lorraine. Cet ex-voto, apposé dans le choeur de l'église, témoigne de la reconnaissance à Marie de ce chef militaire :

     A Notre Dame de Bon-Secours  Eternelle gratitude. » Cette invocation est suivie d'une citation du psaume 126 : « Si le Seigneur ne garde la ville, C'est en vain que veillent les gardes. »

                Ces démarches témoignent de la conviction de ceux qui les ont faites que si Nancy a pu être victorieusement défendue et a échappé ainsi à l'occupation allemande, elle le doit à la protection de la Vierge Marie.

                Passé 1920, les ex-voto se font plus rares. La plus belle inscription de l'époque d l'entre deux guerres mérite d'être citée : elle date de 1933 « Notre Dame de Bonsecours qui m'avez protégé, Qui avez exaucé mon vœu, Etendez votre protection sur ceux qui ont fait fleurir sous mes pas l'affection et l'amitié ».

                La seconde Guerre mondiale ne suscite nullement un mouvement comparable à celui de 1914-18. Après1945, la pratique des ex-voto s'éteint. Le dernier qui gravé dans la pierre date de 1959.

                Notre Dame de Bonsecours est alors de moins en moins perçue comme un lieu de pèlerinage où les fidèles viennent se mettre sous la protection de la Vierge. Mais si les pèlerins se font plus rares, si les témoignages sur les grâces reçues ne sont plus guère recueillis, il n'en reste pas moins que les prières adressées à Notre Dame de Bonsecours ne demeurent pas sans effet.

                Il continue de se produire là des guérisons que la science s'avère incapable d'expliquer, ce dont témoigne une bannière brodée en l'honneur de Marie, datant de 2011, visible dans le couloir des ex-voto.

                La grâce de Dieu est toujours féconde. Encore faut-il la solliciter avec foi pour qu'elle puisse être agissante.

    
Dominique Perrin

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  • Fête de Notre Dame de Bonsecours le 22 mai

    à 18H30

    Conférence : les miracles à Bonsecours,

    procession par le cloître des ex votos,

    prière pour les malades et messe.

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  • SOLENNITE DE SAINTE MARIE MERE DE DIEU

    COMMENCEMENT DE L’ANNEE A BONSECOURS

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    MERCREDI 31 DECEMBRE 

    17H30 VÊPRES ET 18H MESSE

    Action de grâce pour l’année écoulée.

     

    JEUDI 1ER JANVIER 2015 

    11H MESSE

    Pour offrir l’année qui commence.

    Animation des chants par la Chorale « La joie du Mélode »

  • Immaculée Conception

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    IMMACULEE CONCEPTION A BONSECOURS

    16H CHAPELET
    16H30-18H30 ADORATION ET CONFESSIONS
    18H3O VEPRES
    19H MESSE.

  • Nativité de la Vierge

    samedi 6 septembre à Bonsecours,

    anniversaire de la dédicace du sanctuaire et fête de la Nativité de la sainte Vierge 17H30 vêpres de la fête et messe à 18h.

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  • Sanctuaire Notre Dame de Bonsecours 2014-2015

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    150ème  Anniversaire du Couronnement de la Vierge Marie

    par le Bienheureux Pape Pie IX

    3 septembre 1865 

    « Le Seigneur pourrait naître mille fois à Bethléem : s’il ne naît pas dans ton cœur,

    cela ne te sert à rien »

    Bienheureux Jean Tauler XIVème siècle

    Le calendrier des fêtes est sur cette page

  • Une année de renouvellement spirituel…

    A BONSECOURS pour préparer le 150è anniversaire du couronnement de la Vierge par le Bienheureux Pape Pie IX.

    6 septembre 2014 - 10 octobre 2015

       « Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 Pierre 5/2) Ainsi s’exprime St Pierre dans sa première lettre. Le croyant est donc appelé à la Couronne de Gloire ! La Vierge Marie, la disciple la plus parfaite du Seigneur sur cette terre, a reçu cette couronne de Gloire. St Jean, dans l’Apocalypse (Apo. 12/1 et ss), décrit Marie Ressuscitée dans la splendeur du Soleil, la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles. La préface des saints le déclare : «Quand tu couronnes les mérites des Saints, Seigneur, Tu couronnes tes propres dons ».

        Comment recevoir cette couronne promise ?

        Nous vous proposons un cheminement durant toute cette année 2014-2015 pour répondre à cette question en nous laissant guider par ce thème : « « Le Seigneur pourrait naître mille fois à Bethléem : s’il ne naît pas dans ton cœur cela ne te sert à rien » Bienheureux Jean Tauler XVIème siècle

    Toutes les étapes de la préparation, c'est ici

    1ère étape :

    Samedi 6 septembre 2014   Inauguration de l’année
    17H30 vêpres et  18H messe Nativité de Marie

    Qui seront nos guides spirituels ?

    Au XIIIème siècle en Flandres, de nombreux chrétiens – hommes et surtout femmes –souhaitent vivre une vie chrétienne plus approfondie, plus personnelle, plus libre des contraintes légales.

    Ainsi naissent dans le pays des BEGUINAGES : un béguinage est une communauté autonome de femmes, vivant librement entre elles, sous la conduite d’une des leurs, priant, travaillant et servant les pauvres ; c’est aussi l’ensemble de petites maisons individuelles avec une petit jardin, généralement construites autour d'une cour arborée, avec une chapelle  et comprenant aussi des ateliers utilisés par la communauté, et une infirmerie. Très vite on mène une intense vie mystique dans ces béguinages. Ce mode de vie s’étend en Belgique actuelle, en Alsace, en Lorraine. Des figures spirituelles en émergent : Hadewijch d’Anvers, Ruusbroec l’admirable, Maître Eckart, Le Bienheureux Jean Tauler… Bx Thomas à Kempis. Une idée forte les habite : Le Seigneur doit naître et se développer en chaque disciple pour qu’il deviennent un autre Christ. Pour cette naissance en nous du Verbe, il faut faire de la place en nous, apprendre à vivre dans le silence de l’étable de Bethléem, un  peu à l ‘écart, faire de la place au Christ.

    Cette naissance en l’homme qui accueille le Verbe est pour lui un véritable printemps, une joie pleinement respirée, partagée joyeusement, … même si le chemin du dépouillement nécessaire st rude.

    Plusieurs béguinages ont existé en Lorraine : à Bar le Duc jusqu’au XVIè notamment et à St Dié dès le XIIIè siècle.