Le Saint Sacrement
année B
Chaque année, la liturgie souligne un aspect de ce mystère extraordinaire de l’Eucharistie du Seigneur. Cette année, c’est le sacrifice… et les textes sont complexes. Voici quelques points pour aider à la compréhension.
« Ceci est le Sang de l’Alliance » : cette expression est présente dans la première lecture quand Moïse scelle la première Alliance entre Dieu et son peuple au Sinaï. Il a offert des taureaux et recueilli le sang (symbole de la vie). Il asperge le peuple avec ce sang après avoir fait la lecture des Dix Paroles de Vie. Cette alliance, elle est à la vie et à la mort… Israël en recevant ce sang et en s’offrant pour accomplir la Loi, se lie à Dieu à la vie à la mort.
Cette formule « Ceci est mon sang » ne se retrouve ensuite que dans l’Evangile de la cène… comme chez St Marc. Il s’agit maintenant de l’Alliance « nouvelle et éternelle » comme l’annonçait Jérémie. Et il s’agit du Sang du Christ « mon sang » qui sera versé le lendemain sur la Croix.
Entre ces deux moments, il y a ce dont parle l’épitre aux Hébreux. Face à la parfaite fidélité de Dieu à son alliance, il y a… la parfaite infidélité d’Israël, son péché, sa recherche d’autres dieux, son oubli de vivre selon la Parole de Dieu. Le peuple a bien conscience de ses manques… aussi chaque année, il demande pardon à la fête du Grand Pardon (Yom Kippour) ou plutôt le Grand Prêtre intercède pour le peuple auprès de Dieu. On offre des taureaux… on garde le sang, le grand prêtre entre dans le Saint des Saints et il dépose ce sang sur l’arche d’alliance, sur la plaque d’or qui la recouvre et qu’on appelle le propitiatoire. En rapprochant le sang et le propitiatoire où Dieu est il réunit le peuple (symbolisé par le sang), renouvelle l’alliance et demande pardon pour tous. Mais ce n’est pas très efficace dit l’auteur des hébreux et puis cela ne purifie que de l’extérieur.
Tandis qu’avec le Christ ! D’abord il EST LUI-MÊME l’ALLIANCE : vrai Dieu et vrai homme en un seul personne, il a réconcilié en lui, Dieu et tous les hommes dont il s’est fait solidaire (consubstantiel) par son incarnation. (voir Gaudium et Spes 22) Et ce Christ, il s’offre au Père : « non pas ma volonté mais la tienne » (à l’agonie) « Me voici je viens faire ta volonté » (Ps 39). Malgré la haine des hommes qu’il reçoit, la violence et la souffrance qu’il subit, il s’offre à Dieu et rouvre aux hommes le chemin de l’offrande d’eux mêmes. Plus même : cette haine, il la détruit dans son amour immense et pardonne à tous : « Père, dit le fils, Dieu lui-même, pardonne leur » !! et le fils est exaucé au matin de Pâques. Ce n’est pas le poids du sang ou de la souffrance qui nous sauvent mais l’amour du Christ qui s’offre au Père, pardonne au cœur même de cette souffrance que les hommes lui font subir ! Et cette offrande du Christ, ce sacrifice est une fois pour toutes, il nous sauve de l’intérieur. A l’eucharistie, nous sommes rendus contemporains de l’événement unique du salut : en communiant nous le recevons, mais pour communier il faut d’abord s’offrir avec le Christ au Père dans l’Esprit : « Par lui, avec lui et en Lui, à toi Dieu le Père…. »