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Billet spirituel - Page 25

  • Nuit de Noël

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    Sermon de la nuit de Noël 2014

             Nous voici donc rassemblés ce soir autour d’un « nouveau-né emmailloté, couché dans une mangeoire ». Humble histoire : un jeune couple arrivé à Bethléem, installé dans une des maisons de leur famille ; la jeune femme est prête à accoucher : on l’installe dans la grotte qui est l’étable de la maison ; elle sera au chaud, les femmes pourront s’occuper d’elle dans le calme et hors du monde des hommes car, comme le dit St Luc, « ce n’était pas une place pour eux dans la salle commune ».

             Nous sommes autour de cet enfant… comme le furent tant d’hommes et de femmes depuis 2000 ans chaque année ! Que vient-on chercher dans la visite à cet enfant comme les autres ?

             Certes toute naissance apporte la joie d’une vie nouvelle et de promesses nouvelles. On se réjouit de ce que la vie continue, plus forte que tous les obstacles et Dieu sait que depuis que l’humanité existe, la vie a rencontré des obstacles de mort et elle les a vaincus ! C’est sans doute la joie des habitants de la maison de Bethléem : il est né un fils à Joseph ! Dieu en soit béni !

             Mais cela ne suffit pas à expliquer cette persistance depuis tant de siècles autour de cet enfant-là, si petit, si faible, si fragile. Que peut-il apporter ? Qui est-il pour être à ce point regardé, admiré ou refusé avec mépris, prié ou rejeté dans le folklore ? Peut-il quelque chose pour enrayer la tristesse de ce monde qui nous guette ou nous envahit ?

             La tristesse… qui ne se sent pas vulnérable devant elle aujourd’hui malgré les flons-flons de la soit disant fête ? Il y a quelques décennies, notre société en se libérant du christianisme, pensait retrouver une liberté illimitée que l’Eglise lui refusait. Le Pape Benoît XVI écrit : « les plaisirs interdits perdirent vite leur attrait dès l’instant où ils ne furent plus interdits. Même poussés à l’extrême et indéfiniment renouvelés, ils semblent fades parce qu’ils sont tous finis et que nous avons besoin d’infini. Aussi voyons-nous aujourd’hui précisément dans le visage des jeunes gens une étrange amertume, une résignation qui est bien loin du départ juvénile dans l’inconnu. La racine la plus profonde de cette tristesse, c’est l’absence d’une grande espérance, l’inaccessibilité du Grand Amour. » Et le Pape d’ajouter prophétiquement car il écrit cela en 1986, on croirait lire un commentaire de l’actualité de ces derniers jours : « Ainsi se concrétise davantage cette vérité que la tristesse conduit à la mort : seul le flirt avec la mort, le jeu cruel delà violence est suffisamment excitant pour créer un semblant de satisfaction. »[1]

             Comment un enfant peut-il nous guérir de cette tristesse, de ce vide qui conduit à la violence et à la mort ? Comment peut-il faire naître ou confirmer en nous une espérance ?

             C’est d’abord une expérience étonnante  que nous faisons : l’espérance ne naît pas en nous à la suite d’un raisonnement… l’espérance,  elle est sans raison ! Elle surgit comme cela…en nous, elle ne donne pas de solutions mais elle ouvre des passages, elle est ouverture à l’avenir, elle redonne confiance… Et nous croyants, nous savons que cette espérance qui est offerte à tout homme, est un don de Dieu : elle rend modeste mais souple, capable de nouveauté, confiant et elle se nourrit de ce qui l’attaque : pas d’espérance sans combat, sans volonté, sans décision.

             La tristesse de l’homme se nourrit d’une illusion : « vouloir être dieu par lui-même, se débarrasser du surveillant qu’est Dieu, reprendre en soi le Dieu projeté au ciel et dominer soi-même la création à l’égal de Dieu. »[2] D’où d’ailleurs une vie surexcitée d’activités, d’invention, de nouveauté sans cesse recherchée… L’enfant de la crèche est là devant nous dans le silence, la paix qui rien en trouble et en venant parmi nous, si nous l’accueillons, il nous fait devenir Dieu en lui : - « Par lui, dit une préface de Noël, s’accomplit l’échange merveilleux où nous sommes sauvés : il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».

             La tristesse de l’homme se nourrit du mépris de lui-même. Aujourd’hui, il y a une curieuse haine de la part de l’homme contre sa propre grandeur. L’homme se considère comme « l’ennemi de la vie, de l’équilibre de la création, comme la créature manquée… » L’enfant de la crèche qui est Dieu fait homme nous dit au contraire la grande dignité de chaque homme  - « lorsque ton Fils prend la condition de l’homme dit la préface, la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse » - de chaque homme, de chaque enfant.

             La tristesse de l’homme se nourrit de la déception devant la vie : on avait cru qu’on serait heureux par la possession infinie de biens nouveaux… ce n’est plus vraiment possible et cette course semble en panne. On avait cru être heureux en étant comme tout le monde, dans l’indolence, en créant le vide des convictions religieuses, des raisons spirituelles de vivre, en les renvoyant dans le privé ou dans la dérision, la moquerie, en interdisant toute expression particulière – voyez l’affaire des crèches -… et voilà que le vide produit la violence et la mort. L’enfant de la crèche nous parle par son silence : sa simple présence humble, discrète, chaleureuse défie, dans la paix, la société désespérée qui est la nôtre… tellement que certains ne voudraient plus la voir !


    [1] Retraite prêchée par le cardinal Ratzinger en 1986 à Rimini « Regarder le Christ ».

    [2] idem p. 88

  • enseignement du 11 déc. 2014 (résumé)

             Au niveau humain

             - L’espoir a un objet, alors que l’espérance n’en a pas. L’espoir vise un futur, escompté ; l’espérance se vit au présent. L’espérance ne donne pas de solutions, mais elle ouvre des passages. L’espérance ne résout pas les problèmes, mais elle découvre un passage là où l’on croyait ne pas pouvoir passer... Des millions d’hommes ont vécu et vivent  cette espérance. Nous en sommes les fils aujourd’hui. Pour nous chrétiens, La Bible est le livre des passages, le livre de l’espérance… passage de la mer rouge, passage du tombeau.

           - D’où vient l’espérance ? Elle survient en nous. L’espérance n’est pas au bout d’une argumentation, d’un raisonnement La source de l’espérance est plus intérieure, plus existentielle. C’est plus une attitude, une manière d’être.

             Au niveau chrétien : l’espérance théologale(vient de Dieu pour retourner à Dieu)habite et transforme la capacité humaine d’espérer. L’espérance théologale naît de Pâques.

             * L’espérance est l’ouverture de l’avenir. La résurrection du Christ ouvre l’avenirLà où l’on croit que la porte est définitivement fermée, que la mort a eu le dernier mot, que la pierre du tombeau bouche l’horizon..., l’espérance ouvre l’avenir. Le récit du tombeau vide  « Le récit laisse l’histoire de Jésus ouverte ; la pierre tombale qui bouche l’horizon de toute vie ne s’est pas refermée sur la vie de Jésus. L’histoire de sa vie terrestre ne dit pas le dernier mot sur sa destinée. Le récit renvoie le lecteur, qui cherche la solution de l’énigme, à la méditation silencieuse de sa vie et de sa parole. L’ouverture du récit sur l’espérance de la résurrection s’exprime dans son registre symbolique : le tombeau n’est pas seulement montré vide, mais ouvert.[1]» Le corps de Jésus n’est plus contenu dans le lieu de la mort : vide du tombeau. Mais il y a plus : le tombeau est ouvert. Ouvert pour que l’on puisse constater qu’il est vide, certes. Mais ouvert aussi pour emmener le lecteur ailleurs : « Il n’est pas ici... Il est ressuscité... Il vous précède en Galilée », tel est le message délivré par l’ange près du tombeau dans les Evangiles. Sortir de la mort, c’est être précédé...marcher à la suite du Ressuscité.

             * Que fait l’espérance théologale ?

    L’espérance vient remettre en route ce qui était bloqué, arrêté. Elle ouvre des passages. Elle permet de voir autrement le réel et remet en route.  Le passage de la Mer Rouge, dans le livre de l’Exode, montre cela à merveille : Il a fallu mettre les pieds dans l’eau, pénétrer dans la mer, pour que les eaux s’ouvrent. C’était une aventure d’une audace folle.Comme l’écrit la philosophe juive Catherine Chalier, « que traverser la mer Rouge à pied sec soit possible, nul ne le sait avant de s’y être engagé ; ce n’est qu’une fois la traversée accomplie qu’on estime que cela était une possibilité.[2]» L’espérance a ouvert un chemin dans la mer, mais nous ne le savons que parce que nous nous y sommes engagés.

             * L’espérance a aussi une force créatrice aussi dans le domaine des relations. L’espérance a le pouvoir de décloisonner. Une rencontre peut advenir avec ceux dont on n’attendait rien, ou qu’on ne voyait même pas. Le pardon est signe d’espérance ; il dit : « Tu vaux mieux que tes actes ; je ne t’enferme pas dans ce que tu as fait. Tu es capabled’autre chose »

    * Comment se vit l’espérance ? L’espérance, passée par le mystère pascal, est « sans garanties », elle est ouverture au don gratuit de Dieu. C’est ce qui leur donne une certaine légèreté. L’espérance est sans garantie, sans « assurances tous risques » - c’est sa force. Cela suppose souplesse et engagement, une certaine « grâce » aux deux sens du terme : elle est donnée, elle survient, je ne peux produire moi-même l’espérance, je ne peux me la donner à moi-même, je ne peux que l’accueillir ; et elle est gracieuse au sens de charmante car elle n’est pas crispée ni tendue.

             * Le secret de l’espérance, c’est de nous faire vivre « tendus vers »... un horizon... tout en étant « détendus » ! Saint Paul, associe l’espérance à la persévérance. Romains 5,4 : « La tribulation engendre la persévérance, la persévérance engendre une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée engendre l’espérance ». L’espérance a la possibilité de se nourrir de ce qui l’attaque.           

             - Le contenu de l’espérance est « d’avoir part à la gloire de Dieu » c’est-à-dire à la communion avec Dieu, à la divinisation de tout notre être dans la béatitude divine. Car Dieu tient toujours les promesses qu’il fait. « Aujourd’hui, Tu seras avec moi dans le paradis »



    [1] Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Cerf, 1993, p.358

    [2] Catherine Chalier, Présence de l’espoir, Seuil, 2013, p.80.

  • L'espérance d’Abraham

    Abraham est vieux, il n’a pas eu d’enfant de Sarah, il vit à Ur en Chaldée dans une civilisation prospère, riche, confortable…

    Dieu lui dit : « Quitte ton pays ta parenté,
    Va vers le pays que je te montrerai »

    Abraham partit avec Sarah et une partie de ses biens.
    Lot son neveu partit avec lui mais des heurts se produisirent
    Entre les bergers de Lot et ceux d’Abraham. Ils durent se séparer.

    Dieu dit à Abraham : «  Sors et regarde le ciel ;
    compte les étoiles si tu peux. Regarde le rivage de la mer,
    Compte les grains de sable. Ta descendance sera aussi nombreuse
    que les étoiles et le sable des mers. »

    Abraham, dans sa détresse, dit à Dieu :
    « Comment cela sera-t-il ? Tu ne m’as pas donné d’enfant »        

    Selon la coutume, puisque Sarah se savait trop vieille pour enfanter, elle encouragea Abraham à donner la vie à un enfant avec sa servante Agar. Cela semblait plus réaliste! Agar enfanta Ismaël et ainsi Abraham eut un fils.

    Dieu visita alors Abraham et Sarah et il leur dit :
    « Quand je passerai l’an prochain,
    Sarah aura un enfant. » Sarah qui avait entendu
    Se mit à rire : elle était si vieille et Abraham si vieux !
    Avoir un enfant… impossible !

    Une année plus tard, Abraham et Sarah avaient un fils : ISAAC dont le nom signifie : « Dieu m’a donné de quoi rire » ! L’enfant grandit. Abraham le couvait.

    Dieu dit à Abraham : « Cet enfant, Isaac,
    Donne le moi en sacrifice sur le mont Moriah ! »

    Abraham obéit à Dieu, prit son fils, du bois pour l’holocauste, un couteau pour le sacrifice et partit avec son âne et son fils vers le mont Moriah. En route, Isaac questionna son père : il y avait tout pour le sacrifice… sauf l’agneau. Abraham répondit : ‘Dieu y pourvoira ». Arrivé au Mont, Abraham prépara son fils pour le sacrifice.

    Dieu se manifesta à Abraham par son Ange, arrêta le couteau
    Fournit un bélier pris dans un buisson et
    Reconnut la foi d’Abraham, sa confiance… 

    St Paul dans l’épitre aux Romains commente ainsi l’histoire d’Abraham : 

    « Espérant contre toute espérance, Abraham a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole. Il n’a pas faibli dans la foi quand, presque centenaire, il considéra que son corps était déjà marqué par la mort et que Sara ne pouvait plus enfanter. Devant la promesse de Dieu, il n’hésita pas, il ne manqua pas de foi, mais il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis. Et voilà pourquoi il lui fut accordé d’être juste.

    En disant que cela lui fut accordé, l’Écriture ne s’intéresse pas seulement à lui Abraham, mais aussi à nous, car cela nous sera accordé puisque nous croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur.

    Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.

    Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

    Romains 4/18-21 et 5/1-5

  • L'espérance selon Charles Péguy

    Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu

    Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance
    Et je n’en reviens pas.
    Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
    Cette petite fille espérance.
    Immortelle 

    Car mes trois vertus, dit Dieu.
    Les trois vertus mes créatures.
    Mes filles mes enfants.
    Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
    De la race des hommes.
    La Foi est une Epouse fidèle.
    La Charité est une Mère.
    Une mère ardente, pleine de cœur.
    Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
    L’Espérance est une petite fille de rien du tout.
    Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière.
    Qui joue encore avec le bonhomme Janvier. (…)

    Et l’on n’a pas d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention que pour les deux grandes sœurs. (…) Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
    La petite, celle qui va encore à l’école.
    Et qui marche.
    Perdue dans les jupes de ses sœurs.
    Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.
    Au milieu.
    Entre elles deux.
    Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut. (…) 

    C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. (…) 

    Il* pense à ses trois enfants, qui en ce moment-ci même jouent au coin du feu.
    Jouent-ils, travaillent-ils, on n’en sait rien. (…)
    Pour les enfants jouer, travailler, se reposer, s’arrêter, courir, c’est tout un.
    Ensemble. (…)

    L’espérance aussi est celle qui s’amuse tout le temps… 

    * le père de famille

  • L'espérance selon Maurice Zundel

    Extrait d’un sermon de 1955 à Lausanne.

    (in Ton visage ma lumière, 90 sermons inédits MAME Paris 2011, p 149)

                Il est certain que la Bonne Nouvelle de l’Evangile, ce n’est pas de nous promettre quelque chose que nous allons toucher, ce n’est pas d’être pour nous une consolation, un refuge, une espèce d’opium contre la douleur et contre la mort. C’est quelque chose d’immense, […] quelque chose qui s’adresse au plus haut de notre être intelligent et de notre cœur, quelque chose qui ne fait appel qu’à notre générosité.

                Voilà, Dieu nous est livré, faites-en ce que vous voulez ! Dieu vous est livré ! Il risque tout. Vous pouvez Le tuer, Il est sans défense, vous pouvez Le crucifier : Il est sans appel. Il vous fait crédit… Tout est là.

                […]Il faut simplement regarder la Croix ! Et, devant la Croix qui est notre unique espérance, lire le Cœur de Dieu. Voilà ce qu’est Dieu ! Il n’est pas là une menace embusquée au milieu de votre chemin. Il est les deux bras liés de l’Amour que vous seuls pouvez délier. Car, s’Il doit ressusciter, Il ne le peut que dans votre vie, dans votre cœur et dans votre amour.

                Alors, je n’ai pas besoin de m’occuper de mon destin, de l’Autre Vie. Il y a quelque chose de tellement plus brûlant aujourd’hui : il faut que je m’occupe de  cette Autre Vie dans la mienne, de cette Vie confiée à la mienne, de cette vie qui donne à mon existence sa véritable dimension : c’est une dimension de générosité comme le suggère ce mot admirable lu sur une tombe : « L’Homme, l’homme est l’espoir de Dieu ! »

  • Veillez !

    Billet spirituel

                Premier dimanche de l’Avent de l’année St Marc

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                Le mot « Avent » vient delà contraction du mot « avènement ». Le temps liturgique qui commence est dominé par l’Avènement du Seigneur, les Avènements. Le premier a eu lieu il ya un peu plus de 2000 ans, dans le secret de l’étable de la maison de Bethléem. Un événement inouï : Dieu assume une nature humaine dans le sein de Marie ; il va vivre tout comme nous sans le péché pour introduire cette nature humaine semblable à la nôtre dans la divinité par la mort et la résurrection. Mais vous l’avez sans doute remarqué : ce n’est pas de cet avènement que parle les lectures e ce jour !

                Notre nourriture scripturaire est centré ce dimanche encore sur l’Avènement de la fin des temps, le dernier Avènement du Seigneur : celui dans la Gloire, qui mettra fin à l’histoire pour inaugurer définitivement le Royaume de Dieu. St Paul insiste : ce Royaume qui fut la prédication de Jésus a été inauguré sur cette terre par la Résurrection du Seigneur. Et ce Royaume il gagne les cœurs humains, un  à un… dans le long temps de l’histoire de l’Eglise… Et à l’inauguration définitive de la fin des temps, chacun ressuscitera… à son rang… le Christ d’abord, la Vierge Marie ensuite – c’est d’ailleurs le même épitre que celui de l’Assomption – jusqu’à ce que tout lui soit soumis. Et alors, « Dieu sera tout en tous ». Voilà l’Avènement du Royaume accompli. Nous chanterons tout à l’heure : « l’Esprit et l’Epouse disent : Viens, que vienne ta grâce, que ce monde passe et Tu seras tout en tous. » Ce sont les dernières lignes de l’Apocalypse donc de toute la Bible.

                C’est deux avènements vous le retrouverez dans la préface : « Il est déjà venu… pour accomplir le dessein de ton amour… Il viendra de nouveau dans la Gloire … pour que nous obtenions les biens que nous espérons en veillant dans la foi. »

                Voilà le Troisième Avènement : c’est celui de notre temps, du secret de votre temps, dans les cœurs d’aujourd’hui. « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il m’ouvre, j’entrerai chez prendre mon souper avec lui et lui avec moi » C’est un verset du début de l’Apocalypse : il annonce les nombreuses visites que Jésus fait à chaque membre de son peuple. «  Dieu nous visite souvent écrit tristement Tauler un mystique strasbourgeois du XVè, mais comme nous ne sommes pas chez nous, il ne peut pas demeurer. » « Nous ne sommes pas chez nous »… agités, extérieurs à nous-mêmes, préoccupés de mille choses, inquiets, jacassant, peu attentifs… d’où l’appel de l’Evangile d’aujourd’hui : veillez ! soyez attentifs, guettez le Seigneur, ayez au fond de votre cœur cette préoccupation constante de sa présence, de sa venue intime dans la Parole de Dieu que nous lisons, dans la parole que nous recevons d’un frère ou d’une sœur, dans une espérance qui tout à coup jaillit dans notre cœur en difficulté, dans une paix qui nous envahit soudain… Veillez.

  • Pour le jour de l’anniversaire de la consécration de l’église St Pierre

    Billet spirituel

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    Plan de la maison de Doura Europos
    On remarquera l'entrée de la maison en bas à gauche et la cour d'entrée. En haut à droite le baptistère et à gauche la grande salle pour l'eucharistie (avec la sacristie derrière l'autel) ainsi que la bibliothèque entre le baptistère et la grande salle.

                Il y a 129 ans cette année que le nonce apostolique consacrait notre église St Pierre en 1885. Je voudrais méditer sur ce fait que l’Eglise, c’est le peuple de Dieu et que le bâtiment s’appelle « église » en raison du peuple qui s’y rassemble.

                Au commencement – de l’histoire et d’aujourd’hui – : le peuple de Dieu, la communauté locale, l’EGLISE DE DIEU comme dit St Paul dans ses épitres. Quelle soit nombreuse ou petite, la communauté locale est l’Eglise de Dieu.

                Dans les premières années de l’évangélisation, comme à Thessalonique par exemple dont nous lisons la première épitre en ce moment, la communauté est peu nombreuses : 15, 20 personnes, 30 peut-être. Elle se réunit le dimanche – c’est le plus vieux rite chrétien – dans la maison de l’un ou de l’autre, pourvu qu’elle soit un peu grande pour accueillir tout le monde. Le livre des Actes des Apôtres nous apprend qu’à Troas la communauté se rassemblait dans l’appartement d’un chrétien au 3ème étage d’une insula romaine.

                Au cours du 2ème siècle, dans la seconde partie, on commença à aménager des maisons existantes pour qu’elles soient plus commodes pour les assemblées. On construisit ensuite des « maisons églises » dont l’extérieur ne différait en rien d’une maison ordinaire – le christianisme est encore clandestin jusqu’à l’édit de Constantin en 313- mais dont l’intérieur était adapté aux célébrations : une entrée, un baptistère et une grande salle pour l’eucharistie ainsi qu’une bibliothèque comme dans les synagogues. L’archéologie nous a fait découvrir une telle maison, couverte de fresques illustrant le baptême et l’eucharistie, à Douta Europos en Syrie et une autre à Citra à Constantine en  Algérie.

                Avec l’édit de Constantin, le culte put devenir public. Constantin choisit le genre « basilique » pour les grandes constructions qu’il offrit à l’Eglise : A Rome, sur la tombe de St Pierre et St Paul, en Terre Sainte, sur le tombeau et devant le Golgotha ainsi qu’à Bethléem. Les chrétiens peu nombreux ( peut-être 10% de la population de l’Empire) et plutôt pauvres n’auraient jamais pu bâtir de telles splendeurs. Et l’Eglise entérina le choix impérial : la basilique – édifice romain public et civil – devint moyennant quelques changements le modèle du bâtiment où les chrétiens prirent l’habitude de se retrouver : un édifice rectangulaire – de tailles diverses - avec sur un petit côté, une abside tournée vers l’Est. Parfois la salle rectangulaire a trois nefs, séparées par des piliers. C’est le modèle qui s’est perpétué dans les styles romains, romans, gothiques et baroques.

                Mais la même théologie portait la construction : l’Eglise, c’était le peuple de Dieu qui se rassemblait dans la basilique qu’on appela peut à peu l’église. C’est la sainteté du peuple qui communique sa sainteté à l’édifice, c’est Dieu qui habite ce peuple qui communique sa sainteté à l’édifice : le bâtiment est le lieu où habite le peuple de Dieu et Dieu lui-même dans le St Sacrement.

  • les noces

    Billet spirituel

                En écho avec l’Evangile du 28è dimanche dans le temps A

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             La parabole de ce dimanche est magnifique : alors qu’on s’approche de la Passion, Jésus parle de cet événement comme « des noces qu’un roi organise pour son fils ». Cette phrase a des résonnances messianiques et prophétiques que la liturgie nous a rappelées en nous faisant lire dans Isaïe l’annonce du « festin messianique »

               Chaque messe anticipe dans le temps ce festin : « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau » dit l’Apocalypse, à quoi fait allusion le prêtre quand il dit, avant la communion, « heureux les invités au repas du seigneur »… un peu plus plat et moins poétique je le concède… hélas !

             A chaque eucharistie, le Royaume deDieu s’ouvre pour les croyants assemblés et la participation à l’eucharistie les fait participer à la vie du Royaume : communion vivifiante avec Dieu, louange adressée à Dieu avec tous les anges et tous les élus, rencontre avec tous nos défunts qui sont des vivants, réception du Christ et de l’Esprit pour la joie de la vie dans les humbles conditions terrestres. Le temps est comme suspendu et l’Eternité le pénètre.

            Voilà à quoi le Roi – notre Père – invite tous les hommes… et voilà à quoi se dérobent beaucoup d’invités ! Dieu n’exclut personne… ce sont ceux qui ne viennent pas qui s’excluent  eux-mêmes ! Ils nous manquent et nous souffrons de l’absence de nos  enfants, petits-enfants, amis… voisins… L’absence tient de l’incompréhension, de la paresse, de la mode (aujourd’hui, cela ne sa fait plus d’aller à la messe comme il y a 50 ans cela se faisait ! le poids social…) ou tout simplement, du refus de Dieu, le vieux péché de l’homme qui le rend si triste.

               Mais il ne suffit pas de venir… il faut aussi « revêtir la robe nuptiale », la belle robe et l’anneau offerts au prodigue qui rentre à la maison, la robe magnifiquement blanche du Christ transfiguré sur le Tabor, le vêtement resplendissant du Ressuscité… le signe du baptême et de la volonté de s’engager loyalement sur la voie de l’Evangile.

  • La vigne...

    Billet spirituel

                En écho des lectures du 27è dimanche dans l’année A

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                La vigne : on en voit beaucoup en terre Sainte, elle court sur la terre pour garder fraicheur et humidité, surtout en Judée où Isaïe nous entraine … Un bon vigneron : il retire les pierres qui poussent facilement en Judée, construit un muret de protection, une tour… met un bon plan.. attend une bonne récolte… Elle donne du verjus… Sanction : la vigne sera détruite. C’est ainsi qu’Isaïe harangue son peuple et lui montre la déception de Dieu « son ami » devant l’infidélité du peuple. Et c’est vrai – la Bible ne ment pas et rappelle sans cesse - cette infidélité répétée , durable d’Israël.

                Sept siècle plus tard,  un autre ami de Dieu reprend cette image de la vigne : il raconte à travers l’histoire des déboires d’un vigneron avec ses ouvriers toute l’histoire du salut et il prophétise sa propre mort ! Il se déclare plus que l’ami, le Fils, l’Héritier et il annonce que les ouvriers de la vigne – son peuple – va le mettre à mort ! Il sait et il dévoile ce qui se prépare : un désir faussé, une volonté d’accaparer un bien, une violence pour y parvenir… un monde de domination et de convoitise comme dit la Bible, un monde de désir faussé, de rivalité violente avec Dieu qui est pris pour l’ennemi, une horrible histoire de mise à mort pour avoir un bien, comme l’histoire des hommes  - hélas - en connaît des centaines !

                Mais Jésus fait plus que dévoiler son histoire et les mécanismes de péché qui la réalisent. Il annonce aussi sa victoire inattendue : « la pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue le pierre d’angle » (Ps 117)  c’est-à-dire la pierre centrale sur qui tout repose ou dont tout dépend. Retour inouï de situation !

               Jésus dévoile aussi le vrai visage du Père : il n’est pas le rival de l’homme, il n’est pas celui qui exerce la violence contre l’homme et il est celui qui est victime de la violence  mortifère humaine. Dieu est Victime et du côté des victimes. C’est les hommes qui sont violents et dans la mort. Et seule la mort et la résurrection du Christ-victime de la violence mortelle des hommes peut arrêter ce cycle de mort.

               Et toutes les béatitudes chantent la voie du Royaume : heureux les doux, heureux, les miséricordieux, heureux les humbles, heureux ceux qui sont persécutés pour la justice… Le cycle de la mort est dévoilé en même temps que vaincu ; le chemin d’une vie nouvelle selon le royaume est enseigné et montrée. A nous d’accueillir celui qui fut rejeté pour bâtir notre vie sur lui et construire un monde nouveau.

                L’après-midi de ce dimanche j’étais avec les actifs de la paroisse en visite à la maison de Robert Schuman. Un film présente la vie du fondateur de l’Europe. Le texte commence ainsi : « Bombardements, destructions, morts …. Pui une voix dit : Que fait-on après une guerre ? On relève les ruines, on reconstruit, on rebâtit l’industrie lourde et on prépare la prochaine guerre… 1870, 1914-1918, 1939-1945… Et bien, en 1950, un homme se lève pour dire non à cette logique infernale et proposer l’improbable : une alliance entre France et Allemagne pour le charbon et l’acier ! » Schuman est vraiment un homme d’Evangile….

  • Cantique de l'Epître aux Philippiens

    Billet spirituel  année 2014-2015  3

    Sur l’épître aux Philippiens du 26è dimanche dans le temps

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    St Paul nous livre aujourd’hui un hymne magnifique sur le Christ qui, dans une vue extraordinairement synthétique et riche,  nous offre notre profession de foi.

    Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu : à la différence d’Adam qui, lui, a cherché « à ravir comme une proie » (en grec harpagmon/ que Molière a choisi pour l’Avare Harpagon) une autre condition que la sienne en mangeant le fruit défendu qui lui rappelait qu’il n’était que créature, le Christ lui ne s’agrippe pas à sa condition divine.

    Mais au contraire, il se dépouilla lui-même(en grec ekenosev : il se vida. A donné en français le mot « kénose » pour nommer  cette action du Christ qui assume une nature humaine) en prenant la condition de serviteur. Jésus se vide de lui-même, s’anéantit en prenant une condition humaine et ainsi, il est  devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement.

    Mais plus encore, Jésus a décidé de partager notre mort pour la vaincre, il a voulu mourir lui qui, comme Dieu, pouvait s’en dispenser : il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et quelle mort, la plus ignominieuse qui soit, celle infligée à l’esclave figitif… et à mourir sur une croix.

    Et Pâques renverse cette situation : C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms: le Nom, une manière bien juive de parler ; on ne veut pas nommer Dieu, ni même prononcer le mot commun alors, on dit « Le Nom » et on ajoute, béni soit-il… et quel est ce nom ?

    afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. Le Seigneur, Kurios.  Kyrie eleison, avons-nous chanté, Seigneur prends nous en pitié. Kurios, c’est le mot choisi par les traducteurs grecs de la bible hébraïque pour dire « Dieu ». Jésus (c’est-à-dire sa dignité de Fils de Dieu mais toute sa personne, y compris cette nature humaine qu’il a pris de nous qui est elle-même divinisée, gage de notre propre divinisation) est donc DIEU à la gloire de Dieu le Père.

    Alors on comprend les premiers versets qui sont la traduction en VIE NOUVELLE CHRETIENNE DE cette foi ! Si Jésus est tel, alors….

    Dans le Christ, on se réconforte les uns les autres… on s'encourage dans l'amour, on est en communion dans l'Esprit, on a de la tendresse et de la pitié,… et, pour que la joie de Paul soit complète :

    ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments
    recherchez l'unité.
    Ne soyez jamais intrigants ni vantards,
    mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
    Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres.
    Voilà les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus !

  • Nativité de la sainte Vierge

    Billet spirituel 

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       Une Nativité… une naissance comme toutes les autres, que l’on peut contempler de bien des manières !   Une naissance… tout banalement… mais ceux et celles d’entre vous qui ont donné naissance à un enfant me contrediront : une naissance n’est jamais banale ! Toujours unique, un enfant est une destinée unique, nouvelle, un enrichissement… Et les parents sont eux même transformés par cet avènement.

       La Bible parle ainsi de la naissance, elle qui est comme une immense histoire d’engendrements. C’est comme l’acte majeur de toute vie. La Généalogie selon St Matthieu que je viens de lire en témoigne ! On a même conscience de toutes les vies que chaque être humain contient : ainsi quand on parle du meurtre d’Abel, on pleure « les vies » d’Abel, non seulement celle du juste tuée par Caïn mais de toutes les vies contenues en Abel et qui du fait de sa mort, ne viendront jamais au monde et manqueront toujours à l’humanité.

       On peut aussi regarder la naissance de Marie dans son contexte historique : voilà une petite fille qui naît dans un peuple asservi depuis des siècles et sous domination romaine ! Un peuple qui a perdu sa pleine liberté depuis plusieurs siècles ! A quoi bon donner la vie ? La Bible ne pense jamais ainsi ! Car pour la pensée biblique, la vie est un don infiniment précieux, même si elle est difficile à vivre ! Elle est un don du Dieu Vivant et son arrivée au monde est toujours une bénédiction même pour un peuple en exil ou dominé.

       Revenons à la banalité. Cette petite fille Marie naît comme tout enfant… les évangiles canoniques n’en parlent pas et ont même oublié le nom des parents. Ce sont les évangiles apocryphes qui nous révèlent le nom de la mère, Anne (= la grâce) et du père, Joachim (= Dieu met debout). C’est beaucoup plus tard que l’on saura que cette petite fille est « pleine de grâce », toute sainte, sans péché et alors, sa nativité apparaîtra comme « l’aube avant le salut » ce petit trait de lumière de l’aube dans la noire nuit dont l’aube annonce la fin. Remarquez que cette naissance est encore plus cachée que celle de Noël. Car à la nativité du Christ à Bethléem, ils ont au moins deux – Marie et Joseph – à connaître l’exceptionnalité du bébé ! Ici personne. Vraiment il nous faut bien nous y faire : Quand Dieu agit, c’est dans le silence, dans le secret le plus absolu ! Quelle leçon pour nous qui vivons dans le monde de la nouvelle clinquante, sonnante, bruyante, médiatique… même pour du vent qu’on aura oublié la minute d’après ! Le proverbe le dit justement : le bien ne fait pas bruit. Aujourd’hui Dieu dans le scret fait la nouveauté la plus absolue : une femme, une nature humaine, sans péché, sans le mal, totalement disposée à œuvrer pour le bien des hommes, une nature comme au commencement dans le paradis de la Genèse… Une vraie nouveauté

  • S'offrir à Dieu avec Jérémie, Pierre, Paul...

    Billet spirituel 14-15/1

            22ème dimanche dans le temps A

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                L’Eglise dans sa liturgie a rapproché le prophète Jérémie de Jésus prédisant son rejet et sa passion à ses disciples. Jérémie, le prophète célibataire, vit à Jérusalem dans les années 600-586, dans ces décennies qui précèdent la destruction du temple et de la ville sainte et la déportation des hébreux en Babylonie. Après avoir commencé son ministère prophétique sous le doux Josias, Jérémie connaît alors un service de la Parole et du dessein de Dieu absolument terrible : son peuple rejette violemment ses conseils donnés au nom de Dieu. Il s’enfonce dans le refus, dans une politique suicidaire : la nation va dans le mur, on le sait mais on continue par orgueil, illusion, idéologie. Jérémie est frappé, jeté dans une citerne où on le laisse s’enfoncer, on le met en prison on le harcèle pour le faire céder… On comprend qu’un jour il puisse dire à Dieu : « tu m’as séduit et je me suis laissé séduire »…et puis « je ne parlerai plus… mais c’était un feu dévorant en moi ! » Jésus lui aussi va connaître pareille opposition, pareil aveuglement de la part des meilleurs du peuple ! Même orgueil, même sottise, même idéologie, … Comme dit Dieu à Jérémie :  « dans ce peuple, la fidélité est morte. On n’en parle plus ».

                      Jérémie doit découvrir que ce que Dieu attend de lui, c’est qu’il se donne tout entier à sa mission, qu’il se remette tout entier entre les mains de Dieu, qu’il s’offre à Dieu pour réaliser ce que Dieu attend de lui pour son peuple.

                      Pierre dans l’Evangile doit découvrir la même chose : parce qu’il a donné une bonne réponse il se croit arrivé, en phase avec Dieu. Jésus le ramène vite à la réalité : « Passe derrière moi Satan » Pierre doit apprendre à s’offrir à Dieu lui aussi pour accomplir vraiment sa mission : « quand tu étais jeune, tu te mettais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; maintenant, un autre te mettra ta ceinture et te conduira où tu ne voudrais pas aller. » Pierre devra apprendre à se donner à Dieu et par amour pour être celui que Dieu attend.

                      C’est pourquoi St Paul aujourd’hui nous « exhorte à nous offrir à Dieu en sacrifice saint, c’est cela l’adoration véritable. » Et cet appel de Paul, nous pouvons le réaliser tout particulièrement dans notre participation sacerdotale à l’eucharistie. Nous exerçons notre sacerdoce baptismal en nous offrant à Dieu avec le Christ que le prêtre en notre nom offre au Père ! Après avoir été faits par l’Esprit Saint, dans la communion, « un seul Corps et un seul Esprit avec le Christ », « par lui, avec lui et en lui » nous nous offrons au Père », nous nous donnons à lui. Au lieu de nous garder pour nous, nous nous donnons. « Celui qui garde sa vie, dit Jésus dans l’Evangile aujourd’hui, la perdra, celui qui la perdra en mon nom, la gardera ». Le péché c’est de nous garder pour nous même au lieu de vivre pour Dieu. Et le service du prochain révèle si nous nous donnons ! Il faut laisser Dieu nous arracher à nous-mêmes. D’où la magnifique prière de St Ignace : « Prends Seigneur et reçois toute la liberté, ma mémoire, mo intelligence,  tout ce que j’ai. C’est toi qui le es a donnés je et les rends. Fais en ce que tu veux. » J’aime surtout qu’Ignace sachant combien cela nous est difficile le de nous donner, commence par dire à Dieu ; « prends »…puisque je ne peux pas, ne sais pas me donner. Amen

  • C'est en paraboles que je parlerai...

    Billet spirituel 33

                En écho à l’Evangile St Mat. 13/35 « C ‘est en paraboles que je parlerai, je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde depuis les origines » selon la traduction liturgique).

     

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                Jésus dévoile donc à son peuple les projets de Dieu pour l’humanité, projets contenu dans la Lumière du premier jour de création mais cachés dans l’histoire des hommes et du monde depuis la rupture entre Adam –porteur « premier » de cette connaissance – et Dieu.

    « L’homme[1]… était destiné dès sa création à être le réceptacle de la lumière primordiale et à la faire rayonner dans les mondes, exerçant ainsi sa fonction de partenaire du Créateur qui lui confie le projet divin. La faute d’Adam a ruiné cette perspective (aggravée par ses successeurs) et l’homme est devenu « un vase brisé ». Toutefois le sujet essentiel du livre de la Genèse n’est pas ce constat de faillite mais le travail de réparation du réceptacle… Les conséquences de la faute d’Adam ne sont pas irréparables » (23)… mais pour cela l’homme a besoin de la lumière primordiale.

    Où la trouver ?

    La lumière ne pouvant plus être dans le vase brisé d’Adam, s’est réfugiée dans la Parole de Dieu.... Quant aux débris du « vase », ils ont néanmoins gardé des étincelles sans lesquelles ils ne pourraient plus continuer à exister, la lumière primordiale étant la vitalité intérieure de l’univers. Ces étincelles entrainées avec les débris du vase dans le monde du chaos, ne rayonnent plus sur les mondes mais sont occultées, incarcérées dans les forces réfractaires au Projet divin… L’homme doit maintenant libérer la lumière et la ramener à sa source, la Parole de Dieu. Ce travail spirituel est celui accompli par les Justes… Les étincelles enfouies dans l’opacité du monde sont retenues comme la terre retient en elle des graines semées prêtes à germer comme il est dit dans le psaume : une lumière est semée pour le juste et pour les cœurs droits, joie ! » (p. 23 - 24)

                Et Jésus est Le Juste par excellence. Par le moyen caché des paraboles, il parle du projet divin qu’il appelle « LE ROYAUME DE DIEU » c’est-à-dire la pleine communion entre Dieu et l’humanité, Dieu tout en tous. Reprenant cet enseignement et le complétant par l’enseignement secret aux disciples « à la maison » comme dit St Marc,  St Jean et St Paul explicitent l’enseignement secret des paraboles. Voici quelques  exemples de cet enseignement explicite :

    En St Jean :

    « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu…tout fut fait par lui… En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière dans les ténèbres brille (présent) et les ténèbres ne l’ont pas saisie (aux 2 sens : comprendre et empêcher le rayonnement). Le Verbe était la lumière qui illumine tout homme en venant dans le monde. » (Jean 1/1, 3-5 ; 9)

    « Tel est le jugement : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière car leurs œuvres étaient mauvaises… Mais qui fait la vérité vient à la lumière. » (3/19-21)

    « C’est moi la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie. » (7/12)

                En St Paul :

    Rm 8/28-30 : « Nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son Dessein. Car ceux que d’avance Il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; ceux qu’il a justifiés ; il les a aussi glorifiés. » (la gloire étant le divin dans l’être humain, l’Infini dans le fini, Dieu en l’homme)

     

    1 Co. 1/24   : « C’est le Christ puissance de Dieu, sagesse de Dieu… » 2/6-9 et 10- 16  « Pourtant c’est bien de sagesse que nous parlons… d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu’aucun prince de ce monde n’a connue… mais comme il est écrit, nous annonçons ce que l’œil  n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélée par l’Esprit, l’Esprit en effet sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu… Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais L’Esprit qui vient de Dieu pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits… Qui en effet a connu la pensée du Seigneur pour pouvoir l’instruire ? Et nous l’avons, nous, la pensée du Christ. »

     

    Eph. 1/4 – 5 et 9-10 : « C’est ainsi que le Père nous a élus dans le Christ, dès avant la fondation du monde pour être saints et immaculés en sa Présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ… Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, de Dessein bienveillant qu’il avait formé en lui par avance pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul chef le Christ. »

    3/4 – 5 et 8-11 «  A me lire vous pouvez vous rendre compte de l’intelligence que j’ai du Mystère du Christ. Ce Mystère n’avaient pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l’Esprit… A moi, le moindre de tous les saints, a été confiée cette grâce là d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ et de mettre en pleine lumière la dispensation du Mystère : il a été tenu caché des siècles en Dieu, Créateur de toutes choses, pour que les Principautés et les Puissances célestes aient connaissance maintenant par le moyen de l’Eglise, de la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

    2ème Tim. 1/9-10 « A nous donnée avant tous les siècles, cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur Jésus Christ qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Evangile. »



    [1] LES MOISSONS DE LUMIERE   Méditations sur les lectures hebdomadaires de la Torah     David SAADA 

  • Nous rendre présents à la présence de Dieu...

    Billet spirituel 31

    Sur l’Evangile de dimanche, le Semeur.

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                Sous ses dehors bucoliques et paisibles, l’Evangile de ce dimanche est un rappel à l’ordre rude de la part du Seigneur Jésus. La mauvaise terre… c’est que « regardant, ils ne voient pas, entendant ils n’écoutent pas… ce peuple a le cœur alourdi… ils ne veulent pas voir, ils ne veulent pas entendre sinon je les aurais guéris. » (d’après Isaïe cité par le Christ)

                A mon tour de raconter une parabole : il y a quelques années, j’assistais à un concert promenade à la cathédrale de Nancy. Nous étions arrêtés devant un magnifique tableau qu’un guide fort compétent nous présentait avec détails mais aussi ferveur. Derrière moi, dans mon dos, trois bonnes amies qui papotaient sans arrêt… sur la manière la plus facile de cuire des pommes de terre sans qu’elles attachent. Voilà que la présentation cesse… on commence à écouter de l’orgue… une de mes amies me tape sur l’épaule : « Qu’est-ce qu’il a dit ? » Je lui réponds : « tu n’avais qu’à écouter au lieu de parler d’autre chose ».

                Voilà ce que le Seigneur veut nous faire découvrir : nous ne sommes pas présents au présent, à ce que nous vivons dans l’instant. Nous sommes ailleurs, distraits de pensées inutiles, dans le passé ou le futur… en tout cas, pas dans le présent où Dieu est, nous parle, nous attend et nous comble ! Alors nous sommes  des gens d’un moment… on écoute l’Evangile et puis on pense à autre chose, des gens de peu de profondeur, la Parole n’a pas le temps d’entrer en nous que nous sommes déjà partis ailleurs, des gens étouffés par les ronces de toutes ces pensées inutiles et fatigantes, tueuses de la Parole… Le Seigneur souhaite que nous apprenions à contrôler nos pensées, à nous forcer à être attentifs à ce qui se passe dans le présent, dans la rencontre où je suis, dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans l’attention sérieuse à la personne qui me parle…  en évitant les distractions mais aussi les réactions d’humeur à fleur de peau qui nous empêchent d’écouter jusqu’au bout quelqu’un ou même le Seigneur ! Dans la grâce, à force d’exercices d’attention, chacun peut progresser … dans la vie intérieure, dans la vie d’intimité avec le Seigneur. C’est à ce prix.

  • FÊTE DE SAINT PIERRE ET SAINT PAUL

    Billet spirituel 31

                En écho à la Fête de St Pierre et St Paul.

     

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                Je voudrais commenter deux des qualificatifs donnés à l’Eglise : « je crois en l’Eglise UNE, sainte, CATHOLIQUE et apostolique ».

                On traduit volontiers « catholique » par universel… Mais le mot « universel » est trop abstrait et trop statique pour rendre compte de la dynamique qu’il y a dans le mot « catholique ». L’Eglise est catholique en ce sens qu’elle est faite pour toutes les nations, son accomplissement se réalise dans l’accueil de la Bonne Nouvelle par toutes les nations, cultures, langues…accueil dont la Pentecôte est le commencement.       Jésus, nous venons de l’entendre, fonde son Eglise à Césarée de Philippe, dans le Nord e la Galilée, dans une ville entièrement païenne et très éloignée de Jérusalem. « Vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judéen en Samarie et jusqu’aux extrémités du monde. »

                Mais quel contraste ! Tout l’Ancien Testament est centré sur un seul peuple : le peuple d’Israël dont toutes les lois voulues par Dieu (interdiction des mariages entre juifs et païens, règles alimentaires qui empêchent tout repas en commun…) existent pour préserver cette unité, cette immunité du seul peuple de Dieu au milieu des nations pour lesquelles il est témoin de Dieu. Mais avec Jésus, ces barrières protectrices tombent ; elles étaient pour un moment. Et même si Jésus a commencé à ne « s’adresser qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » très vite, il accueille des païens dans son peuple. Et pourtant, il ne s’agit pas d’oublier les sources juives : « Pierre, dira la préface tout à l’heure, s’est adressé d’abord aux circoncis et Paul aux païens…chacun ayant travaillé pour rassembler l’unique peuple de Dieu » qui bien qu’ouvert dynamiquement vers toutes les nations, n’oublie pas ses sources juives : « toutes nos sources sont à Sion » chante le psaume.

                Masi quelle difficulté pour les hommes d’être « catholique », capable de recevoir, d’intégrer, d’aimer le meilleur des cultures humaines sauvées par l’Evangile ! Quelle tentation de repli sur sa culture, sa nation… Pas étonnant que le premier don fait à Pierre à Césarée, c’est la possibilité de pardonner aux hommes !

                Le 20ème siècle a accumulé les morts au nom de la nation exacerbée en nationalisme ! Quand St Pie X ou Benoît XV refusent de bénir les armées en 1914 ou cherchent par tous les moyens d’arrêter la guerre, en France on les prend pour des papes « boches » et en Allemagne, pour des soutiens des Français. Nos frères protestants n’ont pas échappé au repli national quand ils ont rompu avec la papauté et les églises évangéliques se sont trouvées sous ta tutelle d’un état nazi lors de la dernière guerre ! Que dire du repli national des Eglises orthodoxes qui étalent devant nous dans l’émigration, leur difficile union … ou de l’inféodation du patriarcat de Moscou à la politique russe, récemment en Ukraine et surtout en Crimée par exemple !

                Mais pour qu’il y ait une catholicité dynamique et unie, il faut un centre ! C’est ce centre que Jésus fonde aujourd’hui sur Pierre : « tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ». Un fondement personnel donné à l’unité dans la personne de Pierre qui vient de confesser sa foi. Au nom des Douze apôtres ! Car la catholicité qui a un centre d’unité – Pierre – n’a pas un centre d’unité solitaire ! Cette promesse de la possibilité du pardon  sera remise aussi au collège des Douze apôtres… L’unité de l’Eglise repose sur une personne – Pierre et ses successeurs – mais sur Pierre, une personne unie au Douze apôtres qui sont tous ensemble les gardiens de la catholicité de l’Eglise. Quel admirable équilibre voulu par le Christ dans un gouvernement unique de cette immense communauté qu’est l’Eglise du Christ ! Quel appui extraordinaire dans le 20ème siècle et 21ème, hélas tout aussi tyrannique et persécuteur des Chrétiens, quel appui extraordinaire de ne pas être livré au pouvoir politique de son pays mais d’avoir son centre hors du pays ! Quelle source de liberté ! C’est d’ailleurs pourquoi tous les régimes tyranniques – y compris celui de notre pays à la révolution et en 1905 – ont cherché à créer des églises nationales coupées de Rome !