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Billet spirituel - Page 25

  • Le Saint Sacrement

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               Chaque année, la liturgie souligne un aspect de ce mystère extraordinaire de l’Eucharistie du Seigneur. Cette année, c’est le sacrifice… et les textes sont complexes. Voici quelques points pour aider à la compréhension.

          « Ceci est le Sang de l’Alliance » : cette expression est présente dans la première lecture quand Moïse scelle la première Alliance entre Dieu et son peuple au Sinaï. Il a offert des taureaux et recueilli le sang (symbole de la vie). Il asperge le peuple avec ce sang après avoir fait la lecture des Dix Paroles de Vie. Cette alliance, elle est à la vie et à la mort… Israël en recevant ce sang et en s’offrant pour accomplir la Loi, se lie à Dieu à la vie à la mort.

            Cette formule « Ceci est mon sang » ne se retrouve ensuite que dans l’Evangile de la cène… comme chez St Marc.  Il s’agit maintenant de l’Alliance « nouvelle et éternelle » comme l’annonçait Jérémie. Et il s’agit du Sang du Christ « mon sang » qui sera versé le lendemain sur la Croix.

            Entre ces deux moments, il y a ce dont parle l’épitre aux Hébreux. Face à la parfaite fidélité de Dieu à son alliance, il y a… la parfaite infidélité d’Israël, son péché, sa recherche d’autres dieux, son oubli de vivre selon la Parole de Dieu. Le peuple a bien conscience de ses manques… aussi chaque année, il demande pardon à la fête du Grand Pardon (Yom Kippour) ou plutôt le Grand Prêtre intercède pour le peuple auprès de Dieu. On offre des taureaux… on garde le sang, le grand prêtre entre dans le Saint des Saints et il dépose ce sang sur l’arche d’alliance, sur la plaque d’or qui la recouvre et qu’on appelle le propitiatoire. En rapprochant le sang et le propitiatoire où Dieu est il réunit le peuple (symbolisé par le sang), renouvelle l’alliance et demande pardon pour tous. Mais ce n’est pas très efficace dit l’auteur des hébreux et puis cela ne purifie que de l’extérieur.

                      Tandis qu’avec le Christ ! D’abord il EST LUI-MÊME l’ALLIANCE : vrai Dieu et vrai homme en un seul personne, il a réconcilié en lui, Dieu et tous les hommes dont il s’est fait solidaire (consubstantiel) par son incarnation. (voir Gaudium et Spes 22) Et ce Christ, il s’offre au Père : « non pas ma volonté mais la tienne » (à l’agonie) « Me voici je viens faire ta volonté » (Ps 39).  Malgré la haine des hommes qu’il reçoit, la violence et la souffrance qu’il subit, il s’offre à Dieu et rouvre aux hommes le chemin de l’offrande d’eux mêmes. Plus même : cette haine, il la détruit dans son amour immense et pardonne à tous : « Père, dit le fils, Dieu lui-même, pardonne leur » !! et le fils est exaucé au matin de Pâques. Ce n’est pas le poids du sang ou de la souffrance qui nous sauvent mais l’amour du Christ qui s’offre au Père, pardonne au cœur même de cette souffrance que les hommes lui font subir ! Et cette offrande du Christ, ce sacrifice est une fois pour toutes, il nous sauve de l’intérieur. A l’eucharistie, nous sommes rendus contemporains de l’événement unique du salut : en communiant nous le recevons, mais pour communier il faut d’abord s’offrir avec le Christ au Père dans l’Esprit : « Par lui, avec lui et en Lui, à toi Dieu le Père…. »

  • Sur l’Evangile de la Vigne (Jean 15)

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                Déjà Isaïe avait parlé de la Vigne de Dieu, « son Bien Aimé » (Isaïe 5)… vigne qu’il avait plantée avec soin, avec amour, dont il attendait un bon cru et qui n’a donné que du verjus. « La vigne du Seigneur Sabaoth, c’est la maison d’Israël.Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. » La vigne désignait dans ce texte le peuple pris dans son ensemble.

                Ici Jésus change la perspective : c’est Lui le cep, nous sommes les sarments. Le Père est toujours le vigneron qui agit pour que cette vigne donne du fruit. Ce qui prime ici c’est la relation personnelle du Christ/cep avec les fidèles qui sont les sarments. Ce qui est privilégié par Jésus c’est la relation d’intimité entre lui et chacun de ses disciples.    

                La description de cette intimité va se poursuivre dans les discours de la Cène dont ce chapitre 15, lu en partie aujourd’hui, est extrait. Le Père vient demeurer avec le Fils dans chaque disciple fidèle aux enseignements de Jésus. Ils font leur demeure chez le disciple !

                C’est la fin, le sommet de l’enseignement de Jésus : inhabitation de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. ! Dieu Trinité d’Amour n’est pas seulement devant moi il est en moi si je suis en état de grâce. L’amour du Père pour le Fils, redu au Père par le Fils dans la communion de l’Esprit Saint se passe en moi, j’y suis même associé par union au Christ – « une seule chair avec Lui » - à cette circulation d’amour divin.

                On peut même faire un pas de plus : c’est l’oraison des offrandes de ce dimanche qui permet de la faire. Je cite : « Seigneur dans l’admirable échange du sacrifice eucharistique, tu nous fais participer à ta propre nature divine. ». Cette Présence de Dieu en nous, préparée par le baptême et rendue possible par la confirmation, se réalise dans la communion au sacrifice eucharistique (une seule chair avec le Christ) : l’inhabitation de Dieu en nous nous transforme peu à peu, à la mesure que nous nous laissons faire, en Celui qui nous habite. « Devenez ce que vous recevez » disait St Augustin aux chrétiens qu’il communiait.

                Voilà l’extraordinaire don de Dieu qui nous est fait. « Si tu savais le Don de Dieu… »disait Jésus à la Samaritaine…

  • Le bon pasteur

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                Evangile du Bon Pasteur.

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        Le 4ème dimanche de Pâques nous fait entendre chaque année un extrait des paroles de Jésus sur le Bon Pasteur qu’il est pour nous. Et c’est aussi le dimanche où nous prions pour les vocations sacerdotales… En France dans une situation critique.

        Si nous voulons comprendre pourquoi le prêtre est essentiel dans l’expérience chrétienne, il nous faut partir du salut. Qu’est-ce qu’être sauvé ?

         Le salut est un Nom dit St Pierre, et ce Nom c’est celui de Jésus de Nazareth. Le salut, c’est donc une PERsonne par une théorie, un savoir, une philosophie, une morale, une position ou engagement  politique… Une PERSONNE. Et une personne, cela se rencontre.

         Si le salut est une personne, être sauvé c’est être une seule chair avec elle, ÊTRE SAUVE, C’EST ÊTRE UNE SEULE CHAIR AVEC LE CHRIST.

         Comment ? Ce salut, il est  donné pas conquis. Dieu est toujours à l’initiative, à la source de tout. Nous sommes nous, toujours dans l’attitude de la réception ou du refus. Ce salut – c’est-à-dire la communion avec le Christ – nous est donné par les sacrements de l’initiation : le baptême et la confirmation –«  Nul à moins de renaître de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans la Royaume de Dieu » dit Jésus à Nicodème (Jean 3), baptême et confirmation POUR communier dans l ‘Eucharistie et S’OFFRIR avec le Christ au Père : - « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. » dit Jésus (Jean 6).

         Dans l’Eucharistie qui est le centre de la vie chrétienne – sommet et source de tout selon le Concile Vatican II- nous sommes une seule chair, une seule vie avec le Christ et nous pouvons nous offrir au Père avec lui. Tel est le culte en esprit et en vérité dont veut le Père. (Jean 4).

          Ce Corps et ce Sang, cette vie divine, il faut bien que quelqu’un la donne au nom du Christ. Ce salut qu’on ne prend pas, qu’on ne conquiert pas,  mais qu’on reçoit : il faut bien quelqu’un qui le donne ! Le sacerdoce des prêtres a été inauguré par le Seigneur en même temps qu’il créait l’eucharistie. Le prêtre a la charge de ces missions fondamentales : donner l’eucharistie, le pardon et le sacrement des malades  au Nom du Christ et veiller à l’unité du troupeau. Les autres sacrements peuvent être donnés aussi par les diacres et la confirmation par l’évêque.

          Tout le peuple de Dieu est PRÊTRE chargé de la prière et de s’offrir à Dieu avec le Christ dans l’eucharistie afin que tout revienne à Dieu. Et au sein de ce peuple de prêtres, certains sont préposés au don du salut au Nom du Christ, à la célébration et au don de l’eucharistie pour que tous ne fassent qu’une seule chair, un seul Corps avec le Christ.

  • Saint Thomas

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                      A propos de l’Evangile de Thomas.

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                      C’est le soir de Pâques – le soir du premier Jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche – que Jésus se montre aux siens. Thomas est absent… et il devra attendre le dimanche suivant pour rencontrer le Christ ! et de dimanche et dimanche…jusqu’à ce dimanche 12 avril 2015, à Nancy. Le dimanche, c’est le Jour du Seigneur, le Jour où on le rencontre longuement, où l’on se fait disciple, où l’on se laisse construire, façonner, affermir par le Maître. Un chrétien, c’est un homme qui va à la rencontre du Seigneur, le dimanche. Arrêtons de nous mentir en minimisant cette rencontre hebdomadaire : nous voyons bien que ceux qui ne fréquentent pas ou plus le Seigneur le dimanche perdent peu à peu la foi : regardons et écoutons autour de nous et cessons de parler de « croyant non pratiquant ». Cela n’existe pas. 

                      « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Dernière parole de Jésus. Paradoxe : pour découvrir qui est le Christ, la foi est le meilleur moyen de connaissance, le moyen adapté.

                      D’abord, l’acte de foi est ce que nous faisons le plus souvent, des centaines de fois dans la journée : nous lisons le journal et nous croyons – sans vérifier -  ce qui y est dit. Pour beaucoup, c’est même plus sûr que l’Evangile !… Mais nous nous faisons mutuellement confiance, nous nous croyons mutuellement… et c’est pourquoi le mensonge qui détruit cette possibilité, cette confiance, est très grave. S’il faut tout vérifier à longueur de journée, c’est la folie qui nous guette !

                      Croire dans la vie religieuse, est une application de cet acte de foi humain : il s’agit de faire confiance au témoignage des apôtres et des disciples qui ont vu le Seigneur mort et le Seigneur vivant. Les récits sont importants : leur incrédulité aussi ! Leurs efforts pour se tourner vers cette nouveauté avec leurs difficultés… les détails qu’ils donnent… Pas de preuves mais « faisceau de probabilités convergentes » dit Newman.

                      Contre preuve : depuis 1836 – date de la première Vie de Jésus de Strauss – toutes les présentations qu’on nous donne de Jésus sont rationalistes : pour mieux connaître Jésus, il faut supprimer la foi. Alors pas de divinité de Jésus, pas de naissance virginale, pas de miracles, pas de résurrection… Qu’est-ce qui reste ? Un maître de morale qui est tantôt un révolutionnaire politique tantôt un anarchiste tantôt un doux épicurien…La Croix n’a pas de sens… et surtout pas du martyre – ils sont tous fanatiques. Chaque livre reprend ces idées, inlassablement… Croyez vous que 2 milliards d’hommes sur la terre font confiance au Christ jusqu’à être tué pour lui uniquement pour ce pauvre homme que nous montrent Duquesne, Lenoir, Renan et autres….. Sans la foi, Jésus est incompris. C’est comme vouloir parler d’un homme sans interroger sa femme sous prétexte que, comme elle l‘aime, elle est impliquée envers lui et lui fait confiance. Allez à l’état civil ce sera plus simple.

  • Le jeune homme de l'Evangile de Marc....

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             Dans la passion de St marc au chapitre 14 : « À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. »

             Voilà un épisode que l’on ne retrouve que dans l’Evangile de St Marc. C’est comme une signature. Marc – tout jeune – suivait de loin les événements au jardin des Oliviers. Quand les apôtres s’enfuirent tous pour ne pas être arrêtés avec Jésus, lui reste. Du coup, les soldats veulent l’arrêter. Lui se sauve en lâchant le drap. Elément autobiographique… mais plus aussi.

             Il y a un autre jeune homme arrêté celui-là : c’est Jésus. Les soldats le tiennent, pensent-ils. Mais les soldats auront beau monter la garde au tombeau, il ne leur restera entre les mains … que le drap du suaire laissé par le Christ au matin de Pâques !

             Ainsi au moment le plus dramatique de la Passion, - l’arrestation du maître – Marc par ce petit événement nous découvre la suite de l’histoire : ils tiennent bien Jésus maintenant, mais il leur échappera par sa résurrection. N’ayez pas peur.

             « Dis nous Marie, qu’as-tu vu au tombeau ?
             J’ai vu les Anges ses témoins et le suaire.
             Le Christ mon espérance est ressuscité ! »

                                        Prose de la messe de Pâques.

  • la Résurrection de Lazare

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         A propos de l’évangile de la Résurrection de Lazare.

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                La liturgie de ce dimanche nous fait lire en première lecture un passage du prophète Ezéchiel où Dieu déclare solennellement : « Voici que je vais ouvrir vos tombeaux ; vous saurez que je suis le Seigneur quand j’ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux »[1] … et nous montre Jésus faire ouvrir le tombeau de Lazare à Béthanie et faire remonter le mort : « Lazare viens dehors ! Et le mort sortit. »

                Promesse divine… et réalisation divine. Juste avant d’accomplir ce geste, Jésus qui a pleuré, prie avec grande solennité comme s’il accomplissait vraiment ce pourquoi il est venu : « Père je te rends grâce car tu m’as exaucé… » La réanimation de Lazare atteste les mots qu’il vient de dire : « Je suis la Résurrection et la Vie ».

                Entre ces deux moments séparés de presque 600 ans, il y a un long cheminement d’Israël. Dans le prophète Ezéchiel, on parle d’ouvrir les tombeaux et de ramener les exilés sur leur terre : c’est encore dans le cadre d’un vison uniquement terrestre de la vie humaine sans au-delà. Ouvrir les tombeaux, faire revivre, cela veut d’abord dire revenir sur notre terre d’une manière miraculeuse grâce à Dieu.

                Mais peu à peu, la promesse – ouvrir les tombeaux – va trouver tout son sens : d’abord dans le cri de Job contre la vision uniquement terrestre de la vie humaine et son appel: « je sais, moi, que mon Sauveur est vivant et qu’au dernier jour, je surgirai de la terre et je verrai Dieu mon rédempteur. Et quand je le regarderai,  Il ne se détournera pas de moi. »

                Puis c’est la réflexion des sages qui fera déclarer au livre de la Sagesse : « Dieu  a créé l’homme pour une existence impérissable. »

                Puis la réflexion des pharisiens qui a abouti à la foi proclamée par Marthe : « Je sais que mon frère ressuscitera au dernier jour »… foi à laquelle, nous le savons depuis l’entretien  avec les sadducéens sur le sujet,-  Jésus adhère.

                Et puis c’est l’action d’aujourd’hui. Commencée avec les apôtres : « Lazare dort »… expression qu’ils comprennent de travers. Jésus doit alors préciser « Lazare est mort » … et s’il parle de sommeil, comme pour la fille de Jaïre, c’est que la mort est désormais un sommeil jusqu’au réveil de la résurrection… Le cimetière signifie étymologiquement « dortoir. »

                Puis c’est l’acte de la résurrection. 600 ans ! Pour bouleverser la vision des fils d’Israël et ouvrir l’au-delà.

                Voilà pourquoi Jésus est venu : pour libérer l’homme de la mort que le péché avait introduite dans la création bonne et exempte de mort que Dieu avait confiée à l’homme. La Résurrection de Lazare ouvre bien le temps e la Passion, de la morte t de la Résurrection du Seigneur, l’acte central de notre foi.



    [1] Ez 37/12-14

  • La samaritaine

    Billet spirituel
                La samaritaine, 3ème dimanche de carême de l’année A.

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    Catacombe, Rome IVème siècle

                Quel merveilleux conteur que Jean ! En l’écoutant, nous sommes assis au puits de Jacob, nous écoutons cet étrange dialogue entre la samaritaine, femme de mœurs légères (venir chercher de l’eau à midi ! cela ne trompe personne !!) et Jésus le pur maître, fatigué et assoiffé.

                Et Jésus va lui parler de l’Esprit Saint et de lui le Messie, la première personne à qui il confiera « je le suis, moi qui te parle » ! Quelle audace ! Il l’a conduit au cœur du mystère à partir de l’humble eau du puits de Jacob.

                L’Eau vive, Eau qui donne la vie, qui donne l’Esprit … comme plus tard  le Pain de Vie donnera le Christ Ressuscité.

                L’Eau vive… insaisissable comme l’Esprit… Comme le « vent »… « Regarde le vent, tu ne sais ni d’où il vient ni où il va ; il en est de même pour tout homme qui vit dans l’Esprit. » … comme le feu. Tous les symboles habituels de l’Esprit Saint sonty insaisissables ! Qui peut tenir l’Esprit, re-tenir l’Esprit ? C’est lui qui nous tient, qui nous envahit, qui circule en nous et irrigue notre être. Et cette Eau Vive donnée par le Christ, elle jaillit en nous, elle devient une eau jaillissante pour la Vie Eternelle, - comme la belle source de Jérusalem, la source du Gihon - pour nous rendre éternels. L’Esprit nous divinise.

                Et le Père désire que les hommes deviennent des adorateurs « en esprit et en vérité »… en Esprit et en Vérité : des hommes qui adorent dans l’Esprit Saint et selon le Christ Messie qui est la Vérité. L’Esprit fait venir en nous le Christ maître de Vérité et nous tourne vers le Père par le Christ. Ainsi l’Eau vive donne la vie éternelle en nous donnant Dieu, en faisant de nous une demeure de Dieu, un Temple – alors le Garizim ou Jérusalem peu importe ! – où l’adoration est enfin parfaite.

                Comme nous l’avons appris du Christ Vérité,

                            Unis par le même Esprit qui conduit notre prière,

                                       Nous osons dire : Notre Père.

  • Le Temps est limité

    Billet spirituel

                En écho à la seconde lecture du ce 3è dimanche dans le temps (B)

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                Deux des trois lectures de ce dimanche sont faciles à comprendre : la facile prédication de Jonas à Ninive… à la surprise du prophète et le magnifique appel des premiers disciples sur les bords du lac de Tibériade. Simon (dont le nom signifie Celui qui écoute) et André (=le viril) puis Jacques (= le redressé) et Jean (=Dieu fait grâce)… leurs quatre noms définissent un vrai disciple du Christ : un homme qui écoute la Parole, suit le Seigneur avec virilité, se laisse redresser et tout cela dans la grâce que Dieu donne.

                Mais la seconde lecture elle est difficile. « Le Temps est limité » dit St Paul. « Limité » difficile à traduire. C’est le mot employé pour dire qu’on cargue les voiles d’un bateau ; one ne replie pas complètement on baisse la voilure. C’est l’idée de « resserrer » ou de « concentrer ». Le temps est concentré. Prenez une feuille de papier et plier la jusqu’à ce que vous obteniez une petit carré. Toute la surface de la feuille est comme ramassée dans ce point : en touchant cette petite surface c’est toute la feuille que vous atteignez. Eh bien ! depuis la Résurrection du Seigneur,  le temps est ainsi : chaque minute, contient la fin possible du monde ; chaque minute est habitée par la Présence du Seigneur qui peut se révéler d’un instant à l’autre. Chaque minute de ce temps est dense de l’éternité qui peut en jaillir.

                D’où la suite : si tu es marié, tu dois vivre profondément en aimant ta femme mais le cœur vigilant sachant que l’éternité est là et qu’il faut être prêt à l’accueillir. Tu vis marié comme n’étant pas uniquement marié, comme disciple qui attend le maître et qui est marié pour l’attendre ! Tu ne peux pas mettre toute ton énergie dans l’achat de bien… alors que d’une minute à l’autre le Maître peut être là !

                Tu ne peux pas profiter du monde comme si c’était le monde était tout ! Tu sais que le Seigneur que tu aimes, peut être là d’un instant à l’autre. Ce monde n’est pas mauvais… Dieu l’a fait… mais tu peux vivre de telle sorte que le Seigneur te surprenne, t’apparaisse, se montre à toi… alors que tu t’occupes de choses secondaires, appelées à disparaître !

                Car bien que bon, ce monde passe : le monde invisible affleure derrière ce monde si beau … derrière ce monde déjà si beau, il y a plus beau, le monde invisible, le monde divin, Dieu lui-même prêt à se manifester. Alors elle passe la figure de ce monde mais toi qui profite comme il convient de ce monde que Dieu t’a donné, ton centre d’intérêt est le monde invisible qui vient, le Seigneur qui vient. Victor Hugo – qui est loin d’être d’un père de l’Eglise ! – le dit magnifiquement : « Sous le monde réel, il existe un monde idéal qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumé à voir dans les choses plus que les choses. » ( préface des Odes et Ballades)

  • Vœux pour 2015

                Bien chers amis… paroissiens, amis, lecteurs de ce blog. Je vous laisse quelques instants avec des vues de notre crèche de St Pierre réalisée par plusieurs familles autour de Georges Le Tallec notre diacre.

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           Le salut est pour tous les hommes. Dieu veille sur tous avec la même sollicitude, avec la même affection. Il espère que les hommes vont accueillir le don qu’il fait de lui-même, en nous envoyant son Fils !

          Que ce fait historique – la venue de Jésus sous Hérode, son séjour parmi nous jusqu’au 7 avril 30 et sa réusrrection – soit pour tous le socle de l’espérance !... Même en cette période quelque peu attristée de notre Europe.

           L’espérance, vous le savez bien, survient en nous tout à coup, comme ça. Elle n’est pas au bout d’une argumentation, d’un raisonnement, elle n’a pas de raisons. Il faut se laisser faire, sa laisser emporter.

         Elle est ouverture au don gratuit de Dieu. C’est sa légèreté etsa force.  L’espérance est « sans garanties ».

           L’espérance vient remettre en route ce qui était bloqué, arrêté. Elle ouvre des passages.  Elle permet de voir autrement la réalité, les événements de ma vie.

           L’espérance met en route, et elle se découvre elle-même sur la route. 

    Le passage de la Mer Rouge, c’était une aventure d’une audace folle : l’espérance a ouvert un chemin dans la mer, mais nous ne le savons que parce que le peuple –nous -  nous y sommes engagés.

           L’espérance est une grande force de renouvellement.

     

    L’espérance ce n’est pas attendre, c’est croire qu’on est attendu.
                        C’est croire que Dieu attend quelque chose de nous, de moi. 

    Nous ne sommes pas des marionnettes dans la main de Dieu.
    Dieu ne tire pas les ficelles de l’histoire 

    « Dieu a laissé l’homme au gouvernement de lui-même. »
    dit la Bible en Sirac le Sage et Jésus lui-même dit :
    « Heureux les doux,  ils posséderont la terre. »
    « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés « fils de Dieu ».

    Et il attend qu’ AVEC LA PAIX QU’IL ME DONNE,
    JE SOIS un artisan de paix, JOIE, d’ESPERANCE de  autour de
    moi ?

     

    bonne et sainte année 2015 à tous.         
    Père Jacques Bombardier

  • La Sainte Famille

    Billet spirituel                          

    En écho à l’évangile du Jour de la Ste Famille (année B)

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                « Il n’y a que des vieux »… dans les lectures de ce dimanche !  Abraham, Sarah, Siméon, Anne … Alors comment en pas méditer sur la vieillesse… Notons rapidement pour commencer que c’est un des problèmes majeurs de notre temps : beaucoup de personnes âgées…  alors que le monde médiatique, publicitaire ne valorise que la jeunesse… provoquant comme une exclusion réciproque jeunes/vieux…  Mais regardons la Bible et l’action de Dieu.

                Premier étonnement : quand Dieu commence son dessein d’amour pour ramener les hommes à Lui, Il ne choisit pas un jeune homme mais un vieillard ABRAM. Et Lui qui veut créer un peuple, il choisit un couple âgé stérile ! Comment comprendre ? C’est sans doute que l’avancement en âge correspond chez un être humain qui se laisse faire par Dieu à une avancée dans la sainteté et la disponibilité à l’œuvre de Dieu en soi et par soi.

    Ne nous trompons pas : sauf accident, nous avons la vieillesse de notre vie ! Tout ce qui n’a pas été corrigé durant l’âge actif, tout défaut qui n’a pas été dominé, les ressentiments qui n’ont été dépassés, l’aigreur qui n’a pas été adoucie, l’inquiétude dominée… tout cela éclate dans le grand âge, sans pudeur, sans retenue – nous n’avons plus la force – et rend notre vie insupportable à notre entourage !

                Rien de tel chez Abraham ou Siméon, ou Anne : leur travail spirituel sur eux-mêmes dans la grâce te la force de Dieu, les a faits « monter vers Dieu » dans une confiance totale en Lui. L’épitre aux Hébreux souligne cette foi d’Abraham, cette confiance en Dieu même dans les choses impossibles : avoir un enfant quand on est vieux puis l’offrir en sacrifice alors que la promesse divine repose sur lui ! Commentant cette même vie, St Paul parlera de l’espérance d’Abraham : une foi qui s’exprime dans l’espérance indéfectible dans les promesses de Dieu… « Espérant contre toute espérance ».

                Nous commençons à percevoir ce que nous devons entretenir en nous pour faire de notre vieillesse une montée vers le Seigneur : la « foi/ confiance » totale en Dieu, l’espérance parfaite en Dieu qui tient ses promesses, un abandon à l’œuvre de Dieu en nous, une collaboration à la grâce pour convertir notre être. Dans le fond, il faut aussi savoir abandonner au cours de la vie, ce qui doit être abandonné, au moment où il faut, quand Dieu le demande, ce qui est inutile, espérance vide, futilité, perte de temps …

                Un des points de l’espérance est celui-ci qui éclate bien dans les vies des anciens que nous regardons aujourd’hui : jusqu’à la fin, Dieu fait du neuf, de l’inattendu, Dieu est  nouveau, imprévisible, extraordinairement prévenant… pour Abraham une grande descendance, pour Siméon tenir les Salut dans ses bras, pour Anne voir la Face de Dieu comme le dit le nom de son père Phanuel…

                Et si l’homme âgé, si la femme âgée regarde le monde, ses enfants, petits enfants, neveux… dans cette lumière divine qui l’habite, il est capable de discerner ce qui est bon sans pour autant bénir bêtement toute nouveauté, mais il peut voir ce que Dieu fait en son temps, dans sa vie et celle d’autrui. Il est libéré de la tristesse.

  • Nuit de Noël

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    Sermon de la nuit de Noël 2014

             Nous voici donc rassemblés ce soir autour d’un « nouveau-né emmailloté, couché dans une mangeoire ». Humble histoire : un jeune couple arrivé à Bethléem, installé dans une des maisons de leur famille ; la jeune femme est prête à accoucher : on l’installe dans la grotte qui est l’étable de la maison ; elle sera au chaud, les femmes pourront s’occuper d’elle dans le calme et hors du monde des hommes car, comme le dit St Luc, « ce n’était pas une place pour eux dans la salle commune ».

             Nous sommes autour de cet enfant… comme le furent tant d’hommes et de femmes depuis 2000 ans chaque année ! Que vient-on chercher dans la visite à cet enfant comme les autres ?

             Certes toute naissance apporte la joie d’une vie nouvelle et de promesses nouvelles. On se réjouit de ce que la vie continue, plus forte que tous les obstacles et Dieu sait que depuis que l’humanité existe, la vie a rencontré des obstacles de mort et elle les a vaincus ! C’est sans doute la joie des habitants de la maison de Bethléem : il est né un fils à Joseph ! Dieu en soit béni !

             Mais cela ne suffit pas à expliquer cette persistance depuis tant de siècles autour de cet enfant-là, si petit, si faible, si fragile. Que peut-il apporter ? Qui est-il pour être à ce point regardé, admiré ou refusé avec mépris, prié ou rejeté dans le folklore ? Peut-il quelque chose pour enrayer la tristesse de ce monde qui nous guette ou nous envahit ?

             La tristesse… qui ne se sent pas vulnérable devant elle aujourd’hui malgré les flons-flons de la soit disant fête ? Il y a quelques décennies, notre société en se libérant du christianisme, pensait retrouver une liberté illimitée que l’Eglise lui refusait. Le Pape Benoît XVI écrit : « les plaisirs interdits perdirent vite leur attrait dès l’instant où ils ne furent plus interdits. Même poussés à l’extrême et indéfiniment renouvelés, ils semblent fades parce qu’ils sont tous finis et que nous avons besoin d’infini. Aussi voyons-nous aujourd’hui précisément dans le visage des jeunes gens une étrange amertume, une résignation qui est bien loin du départ juvénile dans l’inconnu. La racine la plus profonde de cette tristesse, c’est l’absence d’une grande espérance, l’inaccessibilité du Grand Amour. » Et le Pape d’ajouter prophétiquement car il écrit cela en 1986, on croirait lire un commentaire de l’actualité de ces derniers jours : « Ainsi se concrétise davantage cette vérité que la tristesse conduit à la mort : seul le flirt avec la mort, le jeu cruel delà violence est suffisamment excitant pour créer un semblant de satisfaction. »[1]

             Comment un enfant peut-il nous guérir de cette tristesse, de ce vide qui conduit à la violence et à la mort ? Comment peut-il faire naître ou confirmer en nous une espérance ?

             C’est d’abord une expérience étonnante  que nous faisons : l’espérance ne naît pas en nous à la suite d’un raisonnement… l’espérance,  elle est sans raison ! Elle surgit comme cela…en nous, elle ne donne pas de solutions mais elle ouvre des passages, elle est ouverture à l’avenir, elle redonne confiance… Et nous croyants, nous savons que cette espérance qui est offerte à tout homme, est un don de Dieu : elle rend modeste mais souple, capable de nouveauté, confiant et elle se nourrit de ce qui l’attaque : pas d’espérance sans combat, sans volonté, sans décision.

             La tristesse de l’homme se nourrit d’une illusion : « vouloir être dieu par lui-même, se débarrasser du surveillant qu’est Dieu, reprendre en soi le Dieu projeté au ciel et dominer soi-même la création à l’égal de Dieu. »[2] D’où d’ailleurs une vie surexcitée d’activités, d’invention, de nouveauté sans cesse recherchée… L’enfant de la crèche est là devant nous dans le silence, la paix qui rien en trouble et en venant parmi nous, si nous l’accueillons, il nous fait devenir Dieu en lui : - « Par lui, dit une préface de Noël, s’accomplit l’échange merveilleux où nous sommes sauvés : il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».

             La tristesse de l’homme se nourrit du mépris de lui-même. Aujourd’hui, il y a une curieuse haine de la part de l’homme contre sa propre grandeur. L’homme se considère comme « l’ennemi de la vie, de l’équilibre de la création, comme la créature manquée… » L’enfant de la crèche qui est Dieu fait homme nous dit au contraire la grande dignité de chaque homme  - « lorsque ton Fils prend la condition de l’homme dit la préface, la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse » - de chaque homme, de chaque enfant.

             La tristesse de l’homme se nourrit de la déception devant la vie : on avait cru qu’on serait heureux par la possession infinie de biens nouveaux… ce n’est plus vraiment possible et cette course semble en panne. On avait cru être heureux en étant comme tout le monde, dans l’indolence, en créant le vide des convictions religieuses, des raisons spirituelles de vivre, en les renvoyant dans le privé ou dans la dérision, la moquerie, en interdisant toute expression particulière – voyez l’affaire des crèches -… et voilà que le vide produit la violence et la mort. L’enfant de la crèche nous parle par son silence : sa simple présence humble, discrète, chaleureuse défie, dans la paix, la société désespérée qui est la nôtre… tellement que certains ne voudraient plus la voir !


    [1] Retraite prêchée par le cardinal Ratzinger en 1986 à Rimini « Regarder le Christ ».

    [2] idem p. 88

  • enseignement du 11 déc. 2014 (résumé)

             Au niveau humain

             - L’espoir a un objet, alors que l’espérance n’en a pas. L’espoir vise un futur, escompté ; l’espérance se vit au présent. L’espérance ne donne pas de solutions, mais elle ouvre des passages. L’espérance ne résout pas les problèmes, mais elle découvre un passage là où l’on croyait ne pas pouvoir passer... Des millions d’hommes ont vécu et vivent  cette espérance. Nous en sommes les fils aujourd’hui. Pour nous chrétiens, La Bible est le livre des passages, le livre de l’espérance… passage de la mer rouge, passage du tombeau.

           - D’où vient l’espérance ? Elle survient en nous. L’espérance n’est pas au bout d’une argumentation, d’un raisonnement La source de l’espérance est plus intérieure, plus existentielle. C’est plus une attitude, une manière d’être.

             Au niveau chrétien : l’espérance théologale(vient de Dieu pour retourner à Dieu)habite et transforme la capacité humaine d’espérer. L’espérance théologale naît de Pâques.

             * L’espérance est l’ouverture de l’avenir. La résurrection du Christ ouvre l’avenirLà où l’on croit que la porte est définitivement fermée, que la mort a eu le dernier mot, que la pierre du tombeau bouche l’horizon..., l’espérance ouvre l’avenir. Le récit du tombeau vide  « Le récit laisse l’histoire de Jésus ouverte ; la pierre tombale qui bouche l’horizon de toute vie ne s’est pas refermée sur la vie de Jésus. L’histoire de sa vie terrestre ne dit pas le dernier mot sur sa destinée. Le récit renvoie le lecteur, qui cherche la solution de l’énigme, à la méditation silencieuse de sa vie et de sa parole. L’ouverture du récit sur l’espérance de la résurrection s’exprime dans son registre symbolique : le tombeau n’est pas seulement montré vide, mais ouvert.[1]» Le corps de Jésus n’est plus contenu dans le lieu de la mort : vide du tombeau. Mais il y a plus : le tombeau est ouvert. Ouvert pour que l’on puisse constater qu’il est vide, certes. Mais ouvert aussi pour emmener le lecteur ailleurs : « Il n’est pas ici... Il est ressuscité... Il vous précède en Galilée », tel est le message délivré par l’ange près du tombeau dans les Evangiles. Sortir de la mort, c’est être précédé...marcher à la suite du Ressuscité.

             * Que fait l’espérance théologale ?

    L’espérance vient remettre en route ce qui était bloqué, arrêté. Elle ouvre des passages. Elle permet de voir autrement le réel et remet en route.  Le passage de la Mer Rouge, dans le livre de l’Exode, montre cela à merveille : Il a fallu mettre les pieds dans l’eau, pénétrer dans la mer, pour que les eaux s’ouvrent. C’était une aventure d’une audace folle.Comme l’écrit la philosophe juive Catherine Chalier, « que traverser la mer Rouge à pied sec soit possible, nul ne le sait avant de s’y être engagé ; ce n’est qu’une fois la traversée accomplie qu’on estime que cela était une possibilité.[2]» L’espérance a ouvert un chemin dans la mer, mais nous ne le savons que parce que nous nous y sommes engagés.

             * L’espérance a aussi une force créatrice aussi dans le domaine des relations. L’espérance a le pouvoir de décloisonner. Une rencontre peut advenir avec ceux dont on n’attendait rien, ou qu’on ne voyait même pas. Le pardon est signe d’espérance ; il dit : « Tu vaux mieux que tes actes ; je ne t’enferme pas dans ce que tu as fait. Tu es capabled’autre chose »

    * Comment se vit l’espérance ? L’espérance, passée par le mystère pascal, est « sans garanties », elle est ouverture au don gratuit de Dieu. C’est ce qui leur donne une certaine légèreté. L’espérance est sans garantie, sans « assurances tous risques » - c’est sa force. Cela suppose souplesse et engagement, une certaine « grâce » aux deux sens du terme : elle est donnée, elle survient, je ne peux produire moi-même l’espérance, je ne peux me la donner à moi-même, je ne peux que l’accueillir ; et elle est gracieuse au sens de charmante car elle n’est pas crispée ni tendue.

             * Le secret de l’espérance, c’est de nous faire vivre « tendus vers »... un horizon... tout en étant « détendus » ! Saint Paul, associe l’espérance à la persévérance. Romains 5,4 : « La tribulation engendre la persévérance, la persévérance engendre une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée engendre l’espérance ». L’espérance a la possibilité de se nourrir de ce qui l’attaque.           

             - Le contenu de l’espérance est « d’avoir part à la gloire de Dieu » c’est-à-dire à la communion avec Dieu, à la divinisation de tout notre être dans la béatitude divine. Car Dieu tient toujours les promesses qu’il fait. « Aujourd’hui, Tu seras avec moi dans le paradis »



    [1] Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Cerf, 1993, p.358

    [2] Catherine Chalier, Présence de l’espoir, Seuil, 2013, p.80.

  • L'espérance d’Abraham

    Abraham est vieux, il n’a pas eu d’enfant de Sarah, il vit à Ur en Chaldée dans une civilisation prospère, riche, confortable…

    Dieu lui dit : « Quitte ton pays ta parenté,
    Va vers le pays que je te montrerai »

    Abraham partit avec Sarah et une partie de ses biens.
    Lot son neveu partit avec lui mais des heurts se produisirent
    Entre les bergers de Lot et ceux d’Abraham. Ils durent se séparer.

    Dieu dit à Abraham : «  Sors et regarde le ciel ;
    compte les étoiles si tu peux. Regarde le rivage de la mer,
    Compte les grains de sable. Ta descendance sera aussi nombreuse
    que les étoiles et le sable des mers. »

    Abraham, dans sa détresse, dit à Dieu :
    « Comment cela sera-t-il ? Tu ne m’as pas donné d’enfant »        

    Selon la coutume, puisque Sarah se savait trop vieille pour enfanter, elle encouragea Abraham à donner la vie à un enfant avec sa servante Agar. Cela semblait plus réaliste! Agar enfanta Ismaël et ainsi Abraham eut un fils.

    Dieu visita alors Abraham et Sarah et il leur dit :
    « Quand je passerai l’an prochain,
    Sarah aura un enfant. » Sarah qui avait entendu
    Se mit à rire : elle était si vieille et Abraham si vieux !
    Avoir un enfant… impossible !

    Une année plus tard, Abraham et Sarah avaient un fils : ISAAC dont le nom signifie : « Dieu m’a donné de quoi rire » ! L’enfant grandit. Abraham le couvait.

    Dieu dit à Abraham : « Cet enfant, Isaac,
    Donne le moi en sacrifice sur le mont Moriah ! »

    Abraham obéit à Dieu, prit son fils, du bois pour l’holocauste, un couteau pour le sacrifice et partit avec son âne et son fils vers le mont Moriah. En route, Isaac questionna son père : il y avait tout pour le sacrifice… sauf l’agneau. Abraham répondit : ‘Dieu y pourvoira ». Arrivé au Mont, Abraham prépara son fils pour le sacrifice.

    Dieu se manifesta à Abraham par son Ange, arrêta le couteau
    Fournit un bélier pris dans un buisson et
    Reconnut la foi d’Abraham, sa confiance… 

    St Paul dans l’épitre aux Romains commente ainsi l’histoire d’Abraham : 

    « Espérant contre toute espérance, Abraham a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole. Il n’a pas faibli dans la foi quand, presque centenaire, il considéra que son corps était déjà marqué par la mort et que Sara ne pouvait plus enfanter. Devant la promesse de Dieu, il n’hésita pas, il ne manqua pas de foi, mais il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis. Et voilà pourquoi il lui fut accordé d’être juste.

    En disant que cela lui fut accordé, l’Écriture ne s’intéresse pas seulement à lui Abraham, mais aussi à nous, car cela nous sera accordé puisque nous croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur.

    Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.

    Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

    Romains 4/18-21 et 5/1-5

  • L'espérance selon Charles Péguy

    Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu

    Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance
    Et je n’en reviens pas.
    Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
    Cette petite fille espérance.
    Immortelle 

    Car mes trois vertus, dit Dieu.
    Les trois vertus mes créatures.
    Mes filles mes enfants.
    Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
    De la race des hommes.
    La Foi est une Epouse fidèle.
    La Charité est une Mère.
    Une mère ardente, pleine de cœur.
    Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
    L’Espérance est une petite fille de rien du tout.
    Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière.
    Qui joue encore avec le bonhomme Janvier. (…)

    Et l’on n’a pas d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention que pour les deux grandes sœurs. (…) Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
    La petite, celle qui va encore à l’école.
    Et qui marche.
    Perdue dans les jupes de ses sœurs.
    Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.
    Au milieu.
    Entre elles deux.
    Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut. (…) 

    C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. (…) 

    Il* pense à ses trois enfants, qui en ce moment-ci même jouent au coin du feu.
    Jouent-ils, travaillent-ils, on n’en sait rien. (…)
    Pour les enfants jouer, travailler, se reposer, s’arrêter, courir, c’est tout un.
    Ensemble. (…)

    L’espérance aussi est celle qui s’amuse tout le temps… 

    * le père de famille

  • L'espérance selon Maurice Zundel

    Extrait d’un sermon de 1955 à Lausanne.

    (in Ton visage ma lumière, 90 sermons inédits MAME Paris 2011, p 149)

                Il est certain que la Bonne Nouvelle de l’Evangile, ce n’est pas de nous promettre quelque chose que nous allons toucher, ce n’est pas d’être pour nous une consolation, un refuge, une espèce d’opium contre la douleur et contre la mort. C’est quelque chose d’immense, […] quelque chose qui s’adresse au plus haut de notre être intelligent et de notre cœur, quelque chose qui ne fait appel qu’à notre générosité.

                Voilà, Dieu nous est livré, faites-en ce que vous voulez ! Dieu vous est livré ! Il risque tout. Vous pouvez Le tuer, Il est sans défense, vous pouvez Le crucifier : Il est sans appel. Il vous fait crédit… Tout est là.

                […]Il faut simplement regarder la Croix ! Et, devant la Croix qui est notre unique espérance, lire le Cœur de Dieu. Voilà ce qu’est Dieu ! Il n’est pas là une menace embusquée au milieu de votre chemin. Il est les deux bras liés de l’Amour que vous seuls pouvez délier. Car, s’Il doit ressusciter, Il ne le peut que dans votre vie, dans votre cœur et dans votre amour.

                Alors, je n’ai pas besoin de m’occuper de mon destin, de l’Autre Vie. Il y a quelque chose de tellement plus brûlant aujourd’hui : il faut que je m’occupe de  cette Autre Vie dans la mienne, de cette Vie confiée à la mienne, de cette vie qui donne à mon existence sa véritable dimension : c’est une dimension de générosité comme le suggère ce mot admirable lu sur une tombe : « L’Homme, l’homme est l’espoir de Dieu ! »