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Billet spirituel - Page 22

  • Les Rameaux

                      Le long récit de la Passion selon St Matthieu est traversé de la lumière de la Résurrection malgré le caractère sombre du récit.          

                      C’est Jésus qui le déclare : « car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. » (Mat 26/31-32) Jésus cite le prophète Zacharie sur la mort du berger et la dispersion du troupeau mais il ajoute une annonce de sa Résurrection et donne rendez-vous aux apôtres en Galilée.

                      Peu avant, lors de l’institution de l’eucharistie, Jésus avait déclaré : «Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. » (Mat 26/27-29) La coupe est donc à la fois la coupe du Sang de l’Alliance versé sur la Croix mais aussi la coupe de la joie du Royaume inauguré, tant par la mort que par la résurrection du Sauveur.

                      Puis au moment de la mort de Jésus, Matthieu signale des faits et les amplifie en ayant recours à des images bien spécifiques et significatives : «  À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure… Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! » (Mat. 27/45-54) Ces images – terre tremblante, rochers fendus, morts ressuscitant, Jérusalem la Ville Sainte…- sont dans la littérature apocalyptique le signe que le vieux monde craque sous la poussée du monde nouveau, sous la poussée du Royaume. On retrouvera d’ailleurs des signes semblables lors de la venue de l’ange de la Résurrection au chapitre 28. La mort de Jésus et sa résurrection sont l’inauguration du monde nouveau, monde nouveau où nous sommes dans chaque eucharistie, chaque eucharistie où nous buvons le vin « nouveau » avec le Christ…  « Jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. »… C’est un des sens de la communion au calice.

                      Enfin, on reparle de résurrection à la fin, quand les juifs demandent une garde pour que les disciples ne viennent pas enlever le corps : « Le lendemain, après le jour de la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : “Trois jours après, je ressusciterai.” Alors, donne l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : “Il est ressuscité d’entre les morts.” Cette dernière imposture serait pire que la première. » (Mt 27/62-64)

  • Saint Joseph

    la Bible « réservoir de surprises. »

         Quand on fréquente régulièrement la Bible, quand on l’habite sous la douce conduite de l’Esprit Saint, on découvre avec étonnement et émerveillement que le texte saint est le texte de toutes les surprises et que Dieu qui donne la Loi si solennellement, est le premier à ne pas l’appliquer et à mettre ses disciples dans la contradiction ou le tracas « des lois contraires ».

         C’est l’aîné qui reçoit l’élection pour la transmettre… c’est pour cela que c’est Juda qui est choisi et non Ruben l’aîné, c’est Jacob qui porte la promesse à Abraham… il est le cadet, ce n’est pas Absalon qui règne mais … Salomon !

         Vous vous souvenez de l’importance capitale de la circoncision donnée à Abraham pour marquer l’appartenance au peuple élu. Eh bien ! Moïse n’a pas fait circoncire son fils ! C’est Cipporah son épouse – une madianite !!! étrangère, haro sur les mariages avec les étrangères dans le Deutéronome ! – C’est Cipporah qui le circoncit ![1]

         Et le mariage de Marie et de Joseph. Quand le mariage est célébré, les époux retournent chez leurs parents pour un an pour n’habiter ensemble qu’à la fin de ce délai.

         Et voilà Marie… enceinte – les relations conjugales étaient interdites pendant cette année – « avant qu’ils n’aient habité ensemble ». Erreur de calendrier de l’Esprit Saint ? Perplexité des deux époux, perplexité du mari qui « s’embelerlificote » entre les lois à appliquer.

         Dieu aime visiblement jouer avec les lois et les situations paradoxales, contradictoires… C’est ce qui a perdu les chefs d’Israël : ils avaient tellement formulé les lois selon lesquelles Dieu devait intervenir que lorsqu’Il s’est incarné, - ce n’était pas prévu - , ils ont refusé le fait, préférant « des réalités plus fidèles à la loi. »

         Le père Philippe Lefèbvre dans le livre qu’il consacre à Joseph en tire une loi capitale pour comprendre la Bible mais aussi pour comprendre ce qui nous arrive parfois dans notre vie de disciple :

         « Une situation contradictoire, paradoxale, est toujours féconde quand elle arrive chez ceux qui cherchent une vérité plus profonde et plus large ».

    Texte magnifique, près, règle de vie spirituelle.

    Avis magnifiquement illustrée par l’avis donné par l’Ange à Joseph :

    « C’est contradictoire mais prend chez toi ton épouse et prends soin de l’enfant en l’adoptant : tu lui donneras son Nom. »

        D’ailleurs un peu plus tard, il faudra partir rapidement en Egypte… où Dieu a interdit de retourner (Nb 14/2-4, Dt 17/16)… et pourtant il est écrit : « D’Egypte, j’ai rappelé mon fils » ! (Os. 11/1) en Mt 2/15.

     

    [1] Voir le livre de l’Exode

  • Quelques mots pour nous lancer dans le carême

    Nous commençons ce soir une longue période d’intense vie chrétienne : 90 jours !

    90 jours composés des 40 jours du Carême, des 40 jours du temps pascal avec le Ressuscité et 10 jours entre Ascension et Pentecôte dans l’attente du don renouvelé de l’Esprit Saint qui vient accomplir toutes choses !!

                Ces 90 jours sont les jours du mystère pascal aussi bien dans sa face de mort au péché que dans celle de Vie Nouvelle, toute orientée et façonnée par Dieu, sous l’inspiration bienfaisante de l’Esprit. Trois mois centraux de notre année chrétienne.

                Ce mystère pascal, c’est notre bien le plus précieux depuis notre baptême qui nous l’a fait vivre réellement sous le mode du sacrement. Depuis ce jour, toute notre vie est pascale. Toute notre vie est accueil du Seigneur Ressuscité Lumineux, Vivant, Splendide et plein d’amour à notre égard. Toute notre vie est façonnée par sa main, toute notre vie est Passage, sans cesse renouvelé, de la mort à la Vie, des ténèbres à la Lumière, de l’amour de nous-mêmes à l’amour de Dieu. Alors pourquoi ce carême ?

                C’est que vous le savez bien, le temps, le tumulte de la vie, l’insouciance et l’indifférence de cœurs qui n’aiment pas assez, … tout cela fait que nous perdons de vue ce Bien précieux entre tous, nous nous y habituons ou ce qui serait pire, nous nous soustrayons à son action en nous.

                Le carême est d’abord le temps du souvenir joyeux de l‘amour pascal que Dieu nous porte. Commençons ce Carême dans l’action de grâce pour notre baptême, « pour avoir été arrachés au mal, aux ténèbres et à la mort, pour être plantés dans le royaume lumineux du Christ. » Le carême, c’est le temps de la gratitude : laissons-la monter du fond de notre cœur vers Dieu, laissons cette gratitude envahir notre âme pour que tout ce que nous entreprendrons comme effort de sainteté soit dans ce climat de joyeuse gratitude pour Dieu qui nous a tant aimés, le premier.

                Le Carême est aussi le temps de l’espérance réaffirmée : nous ne pouvons pas grand-chose pour nous faire être un peu mieux ! Notre médiocrité nous accable parfois au-delà de toute mesure : mais le carême nous fait nous tourner avec une confiance accrue vers le Seigneur Victorieux du mal, toujours, ce Seigneur éblouissant de Vie et d’Amour que nous rencontrerons dans la prière, la communion ou la méditation des Ecritures qui sont les lettres d’affection qu’il nous a adressées depuis si longtemps !

                Dans ce climat de douce gratitude peuvent alors s’exercer les œuvres de conversion du carême. Ce sont celles que Jésus lui-même nous indique : une prière intime avec lui, plus longue et plus donnée de notre part. Un jeûne de ce qui nous encombre (nourriture, objets,) de ce qui nous rend esclaves (passivité devant la télévision, abus du portable et abus d’Internet), un jeûne pour briser nos chaînes secrètes, en un mot un jeûne pour aller avec plus de fraîcheur et de jeunesse enthousiaste à la rencontre du Christ. Enfin, partage, générosité renouvelée, limite imposée à notre égoïsme ou à notre instinct de possession.

                Le résultat, au bout de 40 jours ? Un chrétien renouvelé, rajeuni, heureux de croire, enthousiaste de vivre avec le Christ et de chanter avec lui les louanges du Père. Cette transformation manifestera pleinement que dans le Carême, c’est la force de Pâques qui agit et que le but de ces jours est de devenir davantage vivants de la Vie nouvelle qui jaillit sans cesse du Christ.

                Commencez votre chemin pascal ce soir. Allons ! Tout de suite ne marche, c’est le sens des cendres que vous venez chercher maintenant auprès du Christ.

     

                Bon et saint carême à tous.

     

    Père Jacques Bombardier curé.

  • Les Béatitudes

    Ce texte extraordinaire qui ouvre l’enseignement de Jésus n’est pas simple que cela à comprendre. Dans la catéchèse des enfants, par exemple, c’est difficile de les faire entrer dans la pensée de Jésus.

    Je vous propose quelques pistes pour « entrer » dans cet enseignement, - elles ne sont pas exclusives les unes des autres - pour mieux le comprendre et surtout pour mieux en vivre en l’appliquant.

    Notons déjà la solennité de l’introduction de St Matthieu : Jésus monte dans la montagne, les foules le suivent, Jésus s’assoit, les disciples aussi et il commence à parler.

         1ère entrée : « Les pauvres de cœur »… dans la version syrienne de l’Evangile, il est donné : « Heureux les pauvres dans l’Esprit (spiration/souffle) ». Le traducteur explicite : « dépouillés dans l’Esprit, emportés par l’Esprit dans le royaume des Cieux. »[1] La pauvreté du cœur est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous ; certes nous devons collaborer mais l’acteur principal et efficace est l’Esprit Saint.

           2ème entrée : les pauvres de cœur, qui sont –ils ? Comme pour un ordinateur : cliquons sur « pauvres de cœur ». Aussitôt apparaissent les autres béatitudes : un pauvre de cœur, c’est un doux, un compatissant, un miséricordieux, un passionné de la justice en Dieu, autrement dit la sainteté - un artisan de paix, un homme qui accepte d’être persécuté pour défendre la justice, qui accepte de porter l’ignominie du Christ dans la persécution.

          3ème entrée : Ces Béatitudes sont en fait le portrait du Christ. Il est le pauvre qui n’a pas où reposer sa tête… sinon la croix, le compatissant à toutes les misères des hommes ses contemporains, parfois remué jusqu’aux entrailles devant le drame humain, doux dans sa passion, doux et humble de cœur, Saint, trois fois saint devant Dieu le Père et les hommes, miséricordieux pour tout homme repentant, artisan de paix intérieure, entre les païens et les juifs réunis en un seul peuple, persécuté et majestueux dans sa passion… Les Béatitudes sont d’abord le portrait de Jésus que l’on contemple… et que l’Esprit Saint va nous faire réaliser en nous, selon notre personnalité. Un chrétien, c’est un homme des Béatitudes. Alors le Royaume de Dieu lui sera ouvert, il sera consolé par Dieu lui-même, il sera Fils de Dieu dans le fils, il possédera la Terre Promise….

          Enfin 4ème entrée : Le mot qui revient le plus est « Heureux » ou « Réjouissez-vous ». La vie chrétienne, c’est d’abord un bonheur de vivre ! C’est un bonheur de vivre « juste » dans la condition humaine. C’est un bonheur de grandir, de s’élever dans l’humanité et la délicatesse du cœur, c’est un bonheur de savoir comment et où conduire sa vie… c’est un bonheur de savoir que seul Dieu comble le cœur de l’homme.

     

    [1] Patrick Calame Les évangiles dans le langue de Jésus. Ed. FX de Guibert p. 49

  • La joie de Noël

    « Elle enfante son fils, le premier né, elle l’emmaillote et l’installe dans une mangeoire, car ce n’était pas une place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2/7)

       Voilà le récit de l’événement que nous célébrons ce soir, cet événement qui est centre de l’histoire, à partir duquel nous comptons les années. Une phrase… 3 verbes « enfante, emmaillote, installe »… pas un mot de trop. On ne peut pas plus simple, plus modeste, plus discret. C’est toujours ainsi quand Dieu agit. Jamais dans le paraître, l’éclat inutile, le tumulte…comme pour Elie le prophète… le murmure d’une brise légère et Dieu est là.

         Qu’avons-nous à regarder ? Un petit enfant, un bébé. L’Evangile nous ramène d’abord à une grande joie de l’humanité : mettre un enfant au monde ! L’Evangile de ce soir nous remet devant une des grandes causes de la joie de l’homme : la naissance d’un enfant, la promesse de la vie, la merveille d’un tel avènement. Il nous rappelle à notre joie de parents, de grands parents, de famille… car nous avons tous connu un tel événement.

        Qu’avons-nous à regarder ? Un jeune couple… Joseph, - il a 18 ans – il est simple même s’il est d’une illustre famille, celle du roi David de Bethléem, Marie – elle a 16 ans – sa promise, son épouse. Chez eux aussi tout est simple, discret. Leur amour n’en est pas moins fort, tendre, joyeux… ils n’ont rien à prouver… ils sont heureux, ils portent un secret incroyable en eux mais n’en disent rien. Pas de publicité, par de coup de communication, pas d’effet… pas de sexualité débridée, scandaleuse, pour frapper l’opinion ou faire moderne… pas d’amour de la transgression ni de mépris pour des coutumes… Ils n’ont pas besoin de cela pour exister, leur vie intime et intérieure est si forte qu’il n’ont pas besoin d’autre chose pour remplir leur vie et pour être comblés de joie malgré la fatigue du chemin et de la grossesse pour Marie.

        Qu’avons-nous à regarder ? l’hospitalité qui leur est donnée. Il faut être un occidental pour penser qu’ils sont à l’hôtel ! Ils sont dans leur famille, accueillis avec joie, même s’il faut se serrer un peu ! La joie de la grande famille… après celle de l’intimité… la joie de la famille élargie réunie avec tous les âges ! Autre fait simple de nos vies, la joie de se retrouver, de passer un moment ensemble, d’échanger des nouvelles, des idées, des avis même différents… la joie de se disputer un peu peut-être!

         Chers frères et sœurs, chers amis, il faut nous désencombrer pour nous accorder à la joie de Noël : notre vie s’est compliquée par commerce sûrement, par orgueil sans doute, par plaisir, par besoin de paraître, par individualisme, par l’amour de la possession d’objets – vous savez cette avalanche de cadeaux dont presque la moitié sont revendus ou échangés le lendemain de Noël - … encombrés par une surinformation inutile mais bruyante… Ce soir, l’Evangile nous ramène aux joies simples… d’abord… avant de nous introduire dans l’inouï. Il nous ramène d’abord à la belle création humble… parce que c’est Dieu qui l’a faite et nous la donne sans cesse : c’est Lui, Dieu, qui sans cesse fait naître en nous l’amour, c’est Lui Dieu qui associe les parents à la création de la vie d’un enfant, c’est Lui qui veut nous rassembler en famille… jusqu’à faire de l’humanité entière « la famille de Dieu ». C’est lui qui nous veut simple, humble comme lui. C’est lui qui nous ramène à l’ordinaire…qu’il a vécu lui-même car « après tout, il y a mieux que de faire des choses extraordinaires : c’est d’illuminer l’ordinaire de l’intérieur[1] »… d’en montrer la profondeur divine.

          Marie et Joseph contemplent leur enfant au milieu de la joie familiale de la maison où ils habitent. Ils n’ont besoin de rien d’autre. Dieu leur a découvert déjà ses secrets. Mais nous ?

         L’arrivée des bergers dans l’étable de la maison où est né Jésus apporte un surcroît de lumière. Les bergers disent ce que Dieu leur a fait découvrir alors qu’ils étaient au champ à garder leur troupeau et à contempler le silence du ciel étoîlé. L’enfant qui vient de naître… c’est le Messie tant attendu, le Sauveur. Il est le Messie Seigneur, une grande joie pour tout le peuple. Voilà que cette humble naissance, c’est rien moins que la venue de Dieu sur terre parmi les hommes… pas un petit tour et puis s’en va… non ! une union qui dure pour l’éternité. Il naît aujourd’hui pour être toujours avec nous et pour que nous soyons toujours avec Lui. C’est la Paix sur la terre par la présence de Dieu en tout homme qui l’accepte… puisque Dieu aime tout homme.

        Marie est donc la Mère de Dieu…. Joseph le père adoptif de Dieu devenu homme, … la Famille royale de David après tant de purification, donne son plus beau fruit. La longue attente n’a pas été inutile. Elle fut secrètement féconde !

        Mais alors le mariage, en retour, est saint, beau et grand… l’amour qui vient de Dieu pour embellir celui des époux est là pour les rendre infiniment heureux… et la mise au monde d’un enfant, c’est chaque fois comme l’arrivée de l’enfant de la Promesse ! C’est cette beauté simple de la vie que Dieu a épousée… et parce qu’il l’a épousée, sa beauté est plus belle encore car la grâce ne détruit pas la nature mais l’embellit et la parfait.

        Alors ne sortons pas de cet univers de la simplicité ! … pour sa beauté, sa douceur, sa Paix divine. Revenons à ce cœur, dépouillons-nous de l’inutile, du trop, de ce qui nous encombre… faisons comme Bar Timée l’aveugle, qui, pour courir vers le Christ, jette son manteau qui l’encombrait et crie : fais Seigneur que je voie ! Fais que je voie les merveilles de ma vie où tu resplendis, Seigneur, puisque tu as voulu vivre la même vie que moi. Newman définit ainsi le chrétien : « le Chrétien c’est celui qui a un sens souverain de la Présence de Dieu en lui et autour de lui. » Or Noël nous apprend que Dieu habite les simples et nobles réalités de la vie ordinaire qui sont les nôtres. C’est là qu’il nous attend et qu’il transparaît si nous regardons longtemps notre vie avec l’émerveillement de l’enfance. Amen

     

    [1] Fabrice Hadjadj Résurrection mode d’emploi p. 13

  • Oraison du 4ème dimanche

    4ème oraison : Que ta grâce, Seigneur notre Dieu, se répande en nos cœurs : par le message de l'ange, tu nous as fait connaître l'incarnation de ton Fils bien-aimé, conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu'à la gloire de la résurrection. Lui qui règne.

    @ chef d’œuvre du point de vue de la construction latine : on a là un condensé théologique admirable du plan divin de l’Incarnation rédemptrice. Le schéma est simple : on demande à Dieu la grâce qui fera obtenir l’objet de la requête principale : la gloire de la résurrection !

    @ Le mot « gratiam » est mis en tête, en valeur. C’est le mot du jour puisque c’est le mot-clé de l’Evangile du jour qui est celui de l’Annonciation. Marie est « pleine de grâce » Marie n’est pas nommée explicitement, mais elle inspire toute la prière.

    Ce thème de « l’infusion de la grâce » (infunde) est un thème très présent dans la pensée de St Grégoire le Gd inspirateur de cette oraison : la grâce est selon lui comme « une pluie fine », « une rosée douce » qui féconde l’homme et le guérit de la stérilité du péché.

    Cette grâce, elle doit conduire l’homme jusqu’au bout : le dernier verbe « « perducamur »

    @ La mention de l’Incarnation du Fils de Dieu. « Angelo nuntiante » est une expression typiquement augustinienne. On parle de cette révélation de cette incarnation et ajoute Dom Guéranger « le mystère du verbe incarné avec toutes ses immenses conséquences » qu’annonce la deuxième partie de la collecte. L’incarnation mène à la Résurrection par la croix. L’incarnation reçoit dans cette oraison toute sa dimension salvifique, Noël reçoit toute son ampleur salvifique.

    Origine : elle ne vient pas d’un formulaire d’Avent. Elle vient d’un ancien formulaire de l’Annonciation du sacramentaire grégorien. Elle est reprise au 7 octobre et chaque jour à l’Angelus.

    Pour aller plus en profondeur : Livre du Père Patrick HALA moine de Solesmes
    « la spiritualité de l’Avent à travers les collectes », éditions de Solesmes 2004 168 pages

  • Oraison du 3ème dimanche

    3ème oraison : Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère, pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau.     

    @ dans le cadre du dimanche de la joie. On est orienté pour la première fois vers Noël. Et Dieu le Père prend de l’intérêt à considérer l’attente liturgique de son Eglise et à voir la foi (fideliter) de son peuple.

     @ On demande la joie : mentionnée avec deux mots « gaudia » et « laetitia » issus du livre du prophète Zacharie et qui caractérisent la joie messianique de Jérusalem devant son Roi et son sauveur qui vient à elle. ( Za 2/10 ; 9/9 et Sophonie 3/16) On retrouve cela dans les antiennes de l’Avent aux laudes et vêpres du 3è dimanche : « Jerusalem gaude gaudio magno qui veniet tibi Salvator alleluia ». On parle aussi «  des joies d’un tel salut » « tantae salutis gaudia ». : Le « tantae » « tel » vient souligner le caractère merveilleux de ce salut. La joie est double : celle du salut éternel et celle de la solennité de Noël, solennité de ce salut, qui approche. Noël est vue comme un avant-goût de la joie du salut éternel.

    @ Les solennités qui approchent. La joie de les fêter doit être empressée « laetitia alacri » ; L’ « alacritas » signifie vivacité, ardeur, gaieté, enthousiasme. On retrouve le même thème dans des oraisons après Pâques.

    Origine : oraison de Ravenne. Rouleau 25

    Pour aller plus en profondeur : Livre du Père Patrick HALA moine de Solesmes
    « la spiritualité de l’Avent à travers les collectes », éditions de Solesmes 2004 168 pages

  • Oraison du 2ème dimanche

    2ème oraison :  Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils ; mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. Lui qui règne.       

    @ il s’agit à nouveau de « courir au-devant du Christ » (même thème au vendredi de la 2è semaine). C’est un thème du Cantique des Cantiques. Pour St Pierre Damien, c’est l’Eglise qui se presse au-devant de son Epoux, avec les lampes allumées de sa joie et de sa prière.

    @ La course est entravée par les « actus terreni » (= le souci des tâches présentes) C’est une expression favorite de St Grégoire le Gd, moine, qui se plaint sans cesse d’être entravé dans sa contemplation par « les actes terrestres » de sa mission de pasteur et de pourvoyeur de biens pour sa cité de Rome. Il s’agit donc plus du tourbillon de la vie que d’actes mauvais !, plus d’êtres submergés par les activités professionnelles qui fait vivre une vie végétative au niveau de la foi et laisse insatisfaits tant de chrétiens. L’Eglise demande donc le secours divin pour que le progrès spirituel des fidèles et leur rencontre du Christ ne soient pas empêchés : c’est le risque que soit engourdie et étouffée la perception des choses de Dieu « que donne la Sagesse ».

    @ Traduction « intelligence du cœur » en fait = don de la Sagesse, un des 7 dons. Cette perception de sagesse nous donne « de partager le sort du Christ ».

    Origine : sacramentaire gélasien.

    Pour aller plus en profondeur : Livre du Père Patrick HALA moine de Solesmes
    « la spiritualité de l’Avent à travers les collectes », éditions de Solesmes 2004 168 pages

  • 1er de l’Avent A

    778754599.jpg            Le Seigneur une fois de plus nous parle de sa venue… ou plutôt selon le mot de St Matthieu « son avènement » qui a donné le mot « Avent » : nous attendons l’avènement du Seigneur, sa venue dans la Gloire.

                Cette attente sûre de la venue Glorieuse du Fils de l’homme repose sur la venue historique, dans la condition humaine, dont nous allons fêter l’anniversaire à Noël. Ainsi les deux avènements sont liés, l’un dans la simplicité et la discrétion à Bethléem, l’autre dan la Gloire à la fin du temps, quand le Seigneur viendra inaugurer son Règne.

                Entre les deux « venues » - la discrète à Noël et la Glorieuse à la fin – il y a la venue secrète, aujourd’hui, dans le cœur des hommes devenus ses disciples… venue pour laquelle nous devons toujours être dans la veille :  « vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra »… viendra te visiter, intimement, viendra dans la Parole entendue et reçue, viendra dans l’eucharistie que je vais recevoir tout à l’heure.

                Mais cette articulation des « trois venues du Maître » crée un style de vie, un art de vie chrétien original, à la fois tendu vers l’avenir qui vient de Dieu, enraciné dans l’histoire où Il est déjà venu et vigilant à toute venue secrète et toujours imprévisible du Maître.

                Les premiers chrétiens étaient tenus dans leur quotidien par l’attente de la venue glorieuse : ils aspiraient à son retour… « Viens Seigneur Jésus ! » selon les derniers mots de l’Apocalypse. Puis… cette venue « tardant », ils se sont perdus dans l’amour du siècle et de la terre ! Déjà au 4ème siècle, si riche des grands Pères de l’Eglise... les évêques pactisent avec le pouvoir politique, même au prix de l’hérésie.

                Que dire des terreurs imaginées de l’an 1000 et des explications angoissées, nées du désir de se représenter les choses éternelles et la venue du Maître… ce que Jésus ne fait jamais et par là, nous invite à une très grande sobriété. ! Puis ce sera les trois temps de Joachim de Flore repris par Hegel au 19ème siècle… et puis tant d’autres imaginations.

                Avec le 18ème siècle arrive la sécularisation de l’espérance : l’homme prévoit l’avenir, rapatrie le désir de bonheur et de plénitude du ciel sur la terre, le bonheur de tous est maintenant non plus aux mains de Dieu mais aux mains de l’homme et surtout, du pouvoir. L’avenir est pensé dans la continuité du présent… alors que la venue du Christ est justement imprévisible et d’une autre nature : il vient du Ciel, de Dieu et non de la terre ! Il n’est pas dans la continuité… alors que les espérances séculières sont toujours dans la continuité… qui peut penser la nouveauté radicale, totale ? L’avenir de l’humanité n’est plus au Ciel mais sur la terre –sécularisé – et en même temps cet avenir de l’humanité est divinisé dans les utopies et les idéologies ! Que de morts dans nos cimetières, morts provoquées par ces utopies, ces rêves, ces idéologies ! La « régénération » par la Terreur française… l’idéologie du Progrès de la science… mais voilà que l’atome merveilleux a fait la bombe, la génétique si précieuse permet l’eugénisme aujourd’hui et tant avortements… Et que du nationalisme exacerbé –hélas encore aujourd’hui ! - du nazisme,… du marxisme sous ses différentes formes, et l’écologie radicale aujourd’hui, l’homme nouveau ou le libéralisme sauvage… enfin des millions de morts et une immense déception, une immense tristesse, peut-être même une révolte aujourd’hui. Après le tout « politique », aujourd’hui le tout « individualiste » ! L’un comme l’autre détruit et fait du mal.

                 Il est temps pour nous disciples du Christ de revenir à un sain équilibre :

    L’avenir de l’humanité, il est à Dieu et à Dieu seul !

    La politique est pour la gestion honnête et juste des affaires publiques et pour rien d’autre ! Surtout pas pour « faire rêver » ou « donner des raisons » de vivre !

    Que chacun occupe vraiment sa place, avec souci d’accomplir la volonté du Seigneur, avec ardeur et générosité, « pour le bonheur des autres », sachant que le Seigneur est le Compagnon de route et qu’il peut venir à tout instant. C’est cela la veille. C’est cela qui nous est demandé aujourd’hui par le Maître.

    Amen.

  • Les oraisons du dimanche

    Spiritualité de l’Avent

    avec les 4 oraisons des dimanches

     

             Ces oraisons anciennes composées aussitôt après la période très créatrice des Pères de l’Eglise sont d’une richesse extraordinaire. On les entend distraitement, il est parfois difficile de retenir leur enseignement à la seule écoute du dimanche… Je vous propose une présentation de chacune pour votre méditation et pour entrer dès le premier dimanche dans la saveur du temps de l’Avent. Un bon moyen est de se donner la semaine pour la savoir par cœur.

     

    Une course au-devant du Christ comme une Epouse au-devant de son Epoux

    Qui nécessite une volonté ferme et des œuvres justes

    Qui risque d’être entravée par les tâches présentes

    Qui est conduite avec une joie empressée qu’on demande (la joie de la nativité étant vue comme avant-goût du salut éternel)

    Qui donne la grâce de Noël qui s’épanouit dans la gloire de la Résurrection

    Tel est l’Avent. Bomme course !

     

    1ère oraison :  Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, pour qu’ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Royaume des cieux.         

    @ Dirige nos regards vers la seconde venue du Christ, le Jugement et l’entrée dans le royaume des cieux. D’ailleurs on ne parlera de la nativité qu’avec le lundi de la 2è semaine !

    @ De plus, il s’agit de « courir au-devant de lui » (occurentes) St Bernard de Clairvaux qui commente ainsi : «  il ne t’est pas nécessaire de traverser les mers, de pénétrer les nuages ou de franchir les montagnes : ce n’est pas un chemin très long qui t’est proposé : il te suffit de rentrer en toi-même pour courir au-devant de ton Dieu. » On retrouve ce mot à la liturgie de la Présentation au Temple, dans l’antienne qui accompagne l’allumage des cierges.

    @ « œuvres justes » (justis operibus) expression très rare dans les sacramentaires. (dans la 2è lecture, St Paul invite à rejeter les oeuvres des ténèbres (Rm 13/12) cette expression est des pères de l’Eglise : Chromace d’Aquilée, Cyprien de Carthage, Raymond Lulle.

    @ Mais dans cette course, il faut tenir : c’est l’objet de la demande : recevoir de Dieu une volonté ferme et durable.

    @ Nous « serons associés à sa droite » dans le royaume :expression moins abstraite qu’en français

     

    Origine : sacramentaire gélasien[1] ; ne se trouvait pas dans l’ancien missel comme toutes celles des dimanches de l’Avent. Dans le texte ancien à la place de tes fidèles, il y avait « la famille de Dieu »

     

    [1] Un sacramentaire est une collection d’oraison rassemblée dans un volume ou un rouleau. Le Gélasien est rattaché au Pape Gélase au 5ème siècle, l’autre à une ville Ravenne 6ème /7ème siècles, le Grégorien au Pape St Grégoire le Grand au 7ème siècle.

    Pour aller plus en profondeur : Livre du Père Patrick HALA moine de Solesmes
    « la spiritualité de l’Avent à travers les collectes », éditions de Solesmes 2004 168 pages

  • Le Christ Roi

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             Ce dernier dimanche de l’année liturgique… comme le premier de l’Avent nous fat contempler la Venue glorieuse du Christ et l’établissement définitif du Royaume de Dieu, l’accomplissement du « Dessein de Dieu, formé en Lui dès avant la fondation du monde. »

             En cette année St Luc qui s’achève, le texte prévu pour la seconde lecture – tiré de l’épitre aux Colossiens - est source d’une très grande méditation !

             Paul – qui médite sur ce mystère depuis sa rencontre fulgurante et transformante avec le Christ sur le chemin de Damas – explicite peu à peu ce que le Seigneur lui a fait voir. Et il nous met d’abord devant la Croix.

             Parce que « la Croix nous partager l’héritage des saints dans la lumière. » Et l’épisode de l’Evangile du Bon Larron en est l’illustration magnifique : « Souviens-toi de moi quand Tu viendras dans Ton Royaume » demande le bon Larron… « aujourd’hui tu seras avec moi dans la paradis. » Mais c’est héritage nécessite que « Dieu nous arrache aux forces des ténèbres » dont nous sommes si fortement complices. Même guéris même en progrès spirituel, comme nous sommes encore vulnérables et facilement fascinés par le mal au point de l’accomplir comme si cela allait nous rendre heureux !!

             Celui qui est notre salut, c’est le Christ. Et Paul affirme : « il est l’Image du Dieu invisible ». On peut comprendre que comme homme – Verbe Incarné – il est, de fait pour nous, le Dieu invisible qui se rend visible : « Qui m’a vu a vu le Père. » dira Jésus. Mais on peut aussi comprendre que dans la Trinité, « le Fils est le resplendissement de la Gloire du Père » comme dit l’épitre aux hébreux, le Père est la lumière et le fils en est le rayonnement, l’Image. Quant à nous, il apparaît alors clairement que nous sommes à l’image de l’Image, de « celui qui est le premier né de créatures » que nous sommes.

             Ce Christ est le créateur : « tout a été créé par lui. » Mais il est aussi le but de la création: « tout a été créé pour Lui ou vers Lui ». Et tout sera récapitulé en Lui cieux, terre, monde visible, invisible… Non seulement il est le créateur mais il est aussi celui qui est l’harmonie du cosmos, qui fait de ce monde un monde non pas chaotique mais ordonné et intelligible par l’homme : « tout subsiste en Lui. » Tout est maintenu en Lui.

             Et comme récapitulateur de tout, « il est la tête de l’Eglise » qui est justement l’humanité rassemblée en un seul corps pour être parfaitement unie à Dieu. Cette Eglise qu’ll  a inaugurée en ressuscitant des morts : «  premier né d’entre les morts. »

             Enfin il est, le Christ, celui en qui repose « la plénitude divine » et pacificateur de tout « puisqu’il a établi la paix par le sang de sa croix ». Retour à la contemplation première, parfaite harmonie de cette contemplation du Christ dont la croix révèle la profondeur et la centralité dans l’histoire : tout va vers Lui et tout en découle.

  • Le Magnificat

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                « Là où est ton trésor, là sera ton cœur. » (Luc 12/34) Ainsi s’exprime Jésus dans une discussion avec les siens sur le chemin de Jérusalem. Et il poursuit en montrant aux siens ce qui est secondaire et ne doit pas constituer leur « trésor ». Le trésor, en effet, c’est ce à quoi on tient par dessus tout ! C’est là où on met tout l’élan de son être, tout son cœur au sens du 17ème siècle c’est-à-dire tout son courage, c’est ce qu’on veut vraiment, c’est ce qui en fin de compte, donne sens à notre existence. C’est ce qui nous fait « courir ».

                Dimanche dernier, devant les siens, Jésus dit le trésor de son cœur : « je suis venu apporter un feu sur la terre (Jean Baptiste l’avait annoncé : « Lui vous baptisera dans le feu et l’Esprit ».) et comme je voudrais qu’il brûle déjà. Je suis venu pour un baptême et quelle est mon angoisse jusqu’à ce qu’il ne soit accompli. » (Luc 12/49) Le trésor du Christ, c’est sa mission de donner le Feu de l’Esprit Saint par le chemin d’un baptême, un « plongeon » au sens propre dans les ténèbres, le péché et la mort des hommes pour en ressusciter.

                Aujourd’hui 15 août, c’est Elisabeth et Marie qui nous livrent « le trésor de leur cœur ». Elisabeth chante sa joie d’être mère mais surtout l’expérience inouïe de sentir l’allégresse de son enfant en son sein quand il rencontre l’enfant qui est dans le sein de la Vierge, « la Mère de son Seigneur venue à elle ».

                Et Marie lui répond par sa prière à haute voix, le Magnificat.

               Nous voyons comment prie Marie, comme une femme qui vit dans la Bible. Elle s’est constituée « un trésor de Paroles divines reçues par les prophètes et les psaumes ; elle les a passées et repassées dans son cœur, elles ont pris chair en elle et maintenant, elle les redit à Dieu comme des Paroles divines qui, incarnées en elle, sont capables d’exprimer tout son être, tout son trésor intérieur.

                Marie exulte du plus profond de son être : elle ne prie pas seulement devant Dieu mais EN DIEU : « mon esprit exulte EN Dieu mon Sauveur ». Elle se sait si petite qu’elle ne s’aperçoit pas d’elle-même; elle est toute fascinée par Le Très-Haut, possédé par Lui, ce qu’il est et ce qu’Il lui donne. En ce sens, elle est encore plus humble que le publicain de la parabole: elle s’est perdue de vue en exultant et en magnifiant Dieu alors que le publicain est encore un peu centré sur lui, en ne faisant que demander pardon de ses péchés. Il a une juste attitude devant Dieu mais n’a pas encore accédé à la véritable humilité.

                Et sa joie confesse le don extraordinaire qui lui a été fait : « Le Puissant a regardé soin humble servante et a fait pour moi des merveilles. » La Vierge Marie, dans son cantique du Magnificat, se déclare d’emblée « l’humble servante » du Seigneur... ce qu’elle avait dit à l’ange de l’Annonciation: « je suis la servante du Seigneur qu’il me soit fait selon votre parole ». Marie se présente comme l’humble servante de Dieu.

                Elle est humble dans le fait qu’elle reconnaît en toute vérité les dons que Dieu lui fait et qu’elle en dit l’ampleur sans fausse hésitation: « Le Très-Haut ( servante elle est la Très bas) a fait pour moi des merveilles, toutes les générations me diront bienheureuse. » Elle sait la mesure du don de Dieu d’être la mère du Fils de Dieu. Elle sait la mesure du don et sait qu’elle sera, à cause de cela, toujours dans le cœur des croyants dont toutes les générations la proclameront bienheureuse.      Voilà la véritable humilité: un regard juste sur soi, un sens calme de sa petitesse, une reconnaissance loyale et limpide des dons que Dieu a faits, une action de grâce joyeuse et filiale pour Dieu qui a tant comblé, sans raison, sans mérite de notre part.

     

                Cette humilité est NECESSAIRE pour aller à Dieu, ce désir d’humilité au moins. Car Dieu est lui-même humble – « je suis doux et humble de cœur »  dit Jésus l’Image parfaite du Père – et il est le Dieu des humbles : c’est ce que les saints du judaïsme après l’exil ont découvert et vécu, eux les « pauvres du Seigneur »… que Jésus déclare heureux.

                Le Dieu dont parle ensuite Marie est un Dieu qui est le Dieu des humbles : d’où le renversement des puissants, l’exaltation des humbles, le renvoie des superbes, des riches les mains vides alors que les mains des affamés sont comblées. Marie vit déjà de l’enseignement radical de Jésus  - « qui s’élève sera abaissé » - enseignement qui est en fait le grand combat spirituel de chaque croyant. Et ce combat n’est pas seulement contre les vanités ridicules dont le pharisien est un bel exemple et que la société humaine nous offre si souvent ! C’est un combat pour atteindre vraiment la limpidité du cœur et être débarrassé des vanités secrètes qui sont un frein à la pleine réalisation surnaturelle de notre personne.

                Enfin Marie nous livre la dernière merveille de Dieu à ses yeux : Dieu s’est souvenu, lui le Dieu fidèle, de sa promesse à Abraham ; il s’est souvenu et il a réalisé ce qu’il avait promis. Abraham par l’enfant qu’elle va mettre au monde, aura des enfants aussi nombreux que les étoiles du ciel puisque « ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Ephésiens 3/6)

    « Que faisons - nous de vivre en nous-mêmes,... de nous glorifier en la connaissance que nous avons ? que sommes-nous ? Que savons-nous ? Nous savons quelque chose des langues et des sciences humaines.... et quand tout cela serait en sa perfection, qu’est-ce au regard de ce à quoi nous sommes appelés ? Nous sommes appelés à des choses plus grandes. Nous sommes appelés à connaître non seulement ce monde mais l’auteur du monde et à vivre en Lui et de Lui une vie sans fin....Appelés à un si rare objet, à une vie si haute, à une félicité si grande, ne revalons pas nos esprits à choses si basses, ne mettons pas notre plaisir en une vanité si petite que nous-mêmes....O vision de Dieu! C’est notre vie pour jamais: ne nous contentons de rien moins. »   Cardinal Pierre de Bérulle. 17ème siècle français.

  • LA PRIERE DU SEIGNEUR

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    Commentaire :

    NOTRE / PERE / QUI ES AUX CIEUX

               Soulignons d’emblée le contraste entre l’appellation « Père » qui indique que Dieu prend soin de nous et « aux Cieux » expression typiquement biblique, non abstraite et qui signifie « hors de la portée de l’homme », « mystérieux », « inaccessible », « au-delà de tout » ….

                Notre et non pas mon: Père de tous les hommes ; nous sommes donc tous frères. Seul Jésus peut dire « Mon Père » comme Fils unique.

                Dieu Mystère, inaccessible à l’homme ! Mais, écrit St Cyrille de Jérusalem, « sous prétexte que je suis incapable de boire tout le fleuve, me priverai-je d’en prendre modestement ce qu’il m’en faut ? Ou encore, sous prétexte qu’entré dans un grand verger je ne puis en manger tous les fruits qui s’y trouvent, veux-tu que j’en sorte finalement avec la faim ? »

                « Comme Moïse, cachons-nous dans le creux du rocher, c’est-à-dire en quelque page de l’Ecriture pour saisir, au moins indirectement, et comme en passant, un éclat de sa Gloire, quelque manifestation de sa vie. » (Cantalamessa).

                « En quel sens, demande St Ambroise, Dieu se promenait-il dans le paradis puisqu’il est toujours présent partout ? Cela signifie, je pense, que Dieu manifeste sa présence dans les différents textes des divines Ecritures où l’on rencontre partout sa présence. » ( De Paradiso 14,18)

     

    QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE

    Texte transcrit – de saveur très juive – et non traduit. Cela signifie : Que ton Nom soit connu, aimé, loué de tous les hommes. ! Qu’ils le respectent comme un nom saint !

     

    QUE TON REGNE VIENNE

    Le règne de Dieu accompli, achevé, c’est, dit St Paul « Dieu tout en tous. »

                Que Dieu soit présent dans les cœurs des hommes. Que la Paix y règne, l’harmonie, l’équilibre. Que Dieu soit aussi de plus en plus accueilli par les hommes ! Que vienne le paradis, la fin des temps ! Que la présence de Dieu dans les cœurs, entre les hommes et dans la nature, apporte paix, douceur, miséricorde et justice.

     

    QUE TA VOLONTE SOIT FAITE   SUR LA TERRE COMME AU CIEL

                Jésus parle souvent de la volonté de Dieu : « La volonté de Dieu est de sauver tous les hommes » ( Jn 3/16-17) « que je ne perde aucun de ceux que le Père m’a donnés et que je les ressuscite au dernier jour » (Jean 6)

                La volonté de Dieu, ce sont aussi les conseils donnés pour notre vie dans l’Evangile et par l’Eglise ( Jn14/21)

                La volonté de Dieu, l’homme peut la refuser. C’est pourquoi on prie pour qu’elle se fasse!

                Les quatre premières demandes ont décentré le priant de lui-même. Au lieu de formuler tout de suite ses demandes, le priant conduit par Jésus se tourne vers le Père, le contemple dans sa proximité si souvent expérimentée mais aussi dans sa vie divine, hors de toute portée humaine, de toute compréhension humaine. Puis le priant fait sien le Dessein de Dieu : la venue du Règne, la reconnaissance de Dieu par tous, la volonté salvifique de Dieu.

     

    DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN DE CE JOUR

                Trois sens, fruit de la méditation d’Israël sur le séjour au désert, sur le don de la Parole au Sinaï et de la Manne. Le Pain de chaque jour, c’est…

                * la nourriture terrestre, don de Dieu et fruit de la terre et du travail des hommes. Elle nourrit notre corps.

                * La Parole de Dieu qui nourrit notre intelligence, notre mémoire et notre cœur. Dans le monde biblique, on appelle le texte choisi de la lecture publique de la Parole de Dieu pour chaque semaine, la « parasha » c’est-à-dire « la bouchée du jour ».

                * le Corps eucharistique du Christ qui nourrit notre âme. C’est le Pain de Vie.

     

    PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES

    COMME NOUS PARDONNONS AUSSI À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES

                Normalement selon le texte, que Dieu nous remette nos dettes COMME NOUS LES AVONS REMISES à ceux qui nous devaient. La condition pour être pardonné par Dieu est de pardonner à ceux qui nous ont offensés.

     

    ET NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION MAIS DELIVRE-NOUS DU MAL

                Nous sommes tentés de faire le mal, c’est notre condition humaine. Jésus lui-même a été tenté. Nous demandons à Dieu de résister à cette tentation, de ne pas entrer en tentation, de ne pas succomber. Nous ne sommes pas maître du premier mouvement qui est celui de la tentation, mais comme dit Ste Bernadette, nous sommes maître du second mouvement : vais-je suivre cette tentation… ou lui résister ? Le mal est tapi à ta porte, dit Dieu à Caïn, tu dois lui résister. .. ou lui résisteras-tu ?

               Nous demandons d’être délivrés du Mal, de l’Esprit du Mal ou, comme l’appelle Jésus,   Satan, l’Adversaire,   le diviseur, le Menteur depuis les origines, le Prince du Mensonge…

  • La question de confiance.

    Questio.jpgCe dimanche dans l’Evangile, Jésus pose la question de confiance aux apôtres : « Pour vous qui suis-je ? » Cette question lui tient à cœur puisqu’il prie avant de la poser, c’est dans prière qu’il la pose. C’est donc une étape clé pour les apôtres. Ils fréquentent Jésus depuis quelques mois, ils l’entendent prêcher, parler du Royaume, ils voient les miracles, sa tendresse pour tous, sa prière… Alors qui suis-je pour vous ?

    Pierre répond avec ses mots et sa pensée. La preuve du caractère personnelle de cette réponse est que, selon St Matthieu, Pierres e trompe complètement sur Jésus.

    Cette question, Jésus la pose à chacun d’entre nous.

    Cher lecteur de ce blog, cher paroissien, que vas-tu répondre ?

    Attention ! Pas de réponse toutes faites, ces mots qu’on dit mais qui ne représentent rien pour nous, ces mots passe-partout, ces mots conventionnels qui sont hors de moi...

    Non ! Une vraie réponse personnelle… comme cette malade visitée, au moment de recevoir l’eucharistie : qui est Jésus pour vous ? Réponse comme un cri : « Tout ».

    Oui une vraie réponse…   ou rien.

  • La pécheresse pardonnée : St Luc 7/36-50

    9268898image57-jpg.jpg            « Tu vois cette femme :… Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Il y a donc deux « amours » :

                La première expérience a conduit cette femme à Jésus ; elle est venue en toute confiance – elle ne sera pas repoussée – et elle a manifesté avec ses gestes son amour pour ce maître aux pieds duquel elle est : larmes, pieds essuyés par ses cheveux, parfum. C’est ce que Jésus appelle « ta foi ». La foi est donc amour de Jésus, contact avec lui, humilité de l’approche …

                La seconde expérience de l’amour est le fruit du pardon accordé : celui à qui on pardonne peu aime peu. Elle qui a beaucoup péché selon Jésus a été beaucoup pardonnée – « femme, tes péchés sont pardonnés »… et son amour pour le maître qui pardonne a donc grandi ! Il y a donc un cercle vertueux, d’un amour qui conduit à confesser ses péchés à un amour qui grandit d’avoir été pardonné.

    C’est l’expérience que nous faisons dans le sacrement de la réconciliation. Nous venions à Jésus par amour et confiance en lui, nous connaissons sa miséricorde et donc nous confessons nos péchés. Et en retour, nous recevons de cette démarche, un surcroît d’amour de Jésus pour nous et un surcroît d’amour pour lui.

                Mais la Parole de Jésus - « celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour »- est terrible pour Simon qui se croit juste ! Il n’a pas lavé la pieds du Christ comme l’hospitalité le voulait, n’a pas donné de baiser d’accueil, n’a pas répandu de parfum… il a accueilli Jésus comme un mufle… et dans son for intérieur, il juge la femme – dont les gestes, il est vrai, sont équivoques – et il juge le Christ, « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » C’est le fils aîné de la parabole du prodigue… comme lui, Simon juge la femme et n’a rien compris à ce qu’apporte une vraie rencontre avec le Christ… même s’il sait bien raisonner : « Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. »… il ne sait pas aimer ! Et c’est son drame affreux… celui de tous ceux qui ne se confessent jamais ! Il est devenu dur, il juge avec rudesse, il n’a aucune vision claire de lui-même, il se croit juste… son cœur s’est durci … au point de ne même plus appliqué les règles minimales de l’accueil de l’hôte !

                Du coup, Simon reste chez lui dans la tristesse de son orgueil… tandis que les femmes, elles, suivent Jésus de village en village, avec le groupe des Douze. Et pourtant ces femmes ne sont guère « recommandables » : du milieu d’Hérode, affranchies, riches, pécheresses… et ce sont elles qui fiancent avec els biens dont elles disposent la mission de Jésus… Si Simon apprend cela, il s’étranglera dans sa raideur… Décidément ce Jésus est infréquentable, un homme « entretenu »… par des pécheresses de luxe.