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Billet spirituel - Page 24

  • Du Carême à Pâques

    Avec mes voeux de bon et saint carême pour tous les paroissiens et lecteurs du blog de la paroisse St Pierre, je vous envoie cette présentation unifiée des évangiles du carême que nous lirons dans l'année A car nous accompagnons vers son baptême une catéchumène de la paroisse qui a été appelée hier, premier dimanche de carême, au baptême par notre évêque avec 15 autres personnes du diocèse. Priez le Seigneur pour elle et pour toute notre communauté qui l'accueille avec joie.    P Jacques Bombardier

    Le Carême

         Un chemin vers Pâques pour redonner la première place au Christ dans notre vie. Il n’aurait pas dû la perdre… mais de petite négligence en petite négligence, nous nous sommes éloignés de lui sans nous en rendre compte tout à fait ! C’est le moment de reprendre notre vie en mains …

    Et pour cela de contempler le Christ. Voici donc 40 jours en suivant le Christ !

     

    1er dimanche : Jésus, l’homme humble

         Jésus est au désert pendant 40 jours dans le jeûne et la prière. Il y subit 3 tentations majeures : la tentation de la nourriture, du pouvoir jusqu’à tenter Dieu et d’une manière triomphale d’être le Messie. Jésus est vainqueur par la Parole de Dieu … En lui, nous recevons le pouvoir de vaincre la tentation.

     

    2ème dimanche : Jésus, le Dieu Homme

         Jésus est sur le mont Thabor avec Pierre, Jacques et Jean. Il est transfiguré… c’est-à-dire, il laisse apparaître dans son corps sa divinité. Les 3 apôtres voient Jésus dans sa réalité profonde de Dieu et homme, la divinité étant habituellement voilée sous l’humanité. Les apôtres voient ce que nous sommes tous appelés à devenir dans la Résurrection finale.

     

    3ème dimanche : Jésus le Messie

         Jésus est en Samarie, au bord d’un puits. Il y rencontre une samaritaine, curieuse, un peu goyeuse, intriguée, de mœurs légères. Jésus parle avec elle après lui avoir demandé de l’eau. Il lui apprend Le Don de Dieu : l’Eau Vive de l’Esprit Saint qui sera donnée à chaque disciple et qui jaillira en lui comme une source vive. Cette Eau Vive, c’est le Messie Jésus qui la donne. La femme est bouleversée, appelle les habitants du village : Jésus reste deux jours chez eux !

    Prière spécifique pour les catéchumènes

     

     4ème dimanche : Jésus guérit l’aveugle né

         Jésus est à Jérusalem, dans le Temple avec apôtres et disciples. Jésus guérit un aveugle-né en faisant de la boue avec sa salive – comme Dieu avait fait dans la genèse en modelant l’homme avec de la boue. Puis il ‘envoie se laver à la piscine de Siloë, une longue marche ! L’homme est guéri et dans les différentes rencontres avec le Christ, il progresse tant dans la foi qu’à la fin, il déclare sa foi au Christ et se prosterne devant lui ! Il a acquis aussi beaucoup de liberté face aux autorités juives qui refusent de croire et l’excluent du Temple. Jésus nous guérit de notre cécité spirituelle pour voir et contempler son Mystère et proclamer notre foi. Il est aussi celui qui nous donne la liberté face au regard des autres.

    Prière spécifique pour les catéchumènes

     

    5ème dimanche : Jésus ressuscite Lazare.

         Jésus est à Béthanie, à côté de Jérusalem, là où il allait très souvent quand il était dans la ville Sainte. Son ami Lazare est mort. Ses deux sœurs, Marthe et Marie amies intimes de Jésus, l’ont prévenu. Il est arrivé après la mort de Lazare. Jésus dialogue avec les deux femmes, les accompagne au tombeau, pleure avec elles puis annonce qu’il est lui-même la Résurrection. Et pour assurer sa Parole, il réanime Lazare et le fait sortir du tombeau !! « Lazare, viens dehors ! et le mort sortit ». Jésus est venu pour délivrer les hommes de la mort et les conduire à la Résurrection dont le baptême est la première expérience.

    Prière spécifique pour les catéchumènes

     

    6ème dimanche : Jésus entre à Jérusalem, la foule le reconnait comme Messie. Dimanche dit des Rameaux 

         Jésus entre à Jérusalem monté sur un âne, monture royale, et la foule l’acclame avec des branchages, des manteaux sur le sol et des chants messianiques. Ensuite, on lit l’Evangile de la Passion. C’est dans la mort et la résurrection de Jésus que se situe le cœur de la foi chrétienne et de la foi au Messie Jésus.

     

    Jeudi Saint

         Nous prenons avec Jésus son dernier repas avec ses apôtres et disciples. Nous célébrons l’Eucharistie qu’il a célébrée pour la première fois ce soir-là. Nous goûtons une unité intime unique, chacun avec Jésus et une unité unique entre nous qui communions à lui : nous devenons ensemble son Corps ecclésial.`

          

    Vendredi Saint 

         Nous vivons heure par heure avec Jésus. Nous le suivons dans sa Passion, nous nous approchons de la Croix pour la vénérer et nous communions pour être un avec Lui.

     

    Samedi saint

         Le jour est sans célébration. Le Christ est mort : son âme est aux Enfers avec les morts pour les sauver, son corps est au tombeau et la terre est silencieuse après le drame du Vendredi. La divinité du Seigneur est toujours unie au corps et à l’âme de la nature humaine de Jésus.

    Le catéchumène reçoit l’onction de catéchumènes.

         Dans la nuit, l’Eglise fête la Résurrection du Seigneur, d’abord autour d’un feu et du Cierge Pascal, colonne de cire qui brûle dans la nuit comme le Ressuscité ou la colonne de nuée du désert. On lit les Ecritures jusqu’à l’annonce de la Résurrection. On bénit l’eau des baptêmes, on célèbre les baptêmes, la communauté renouvelle sa foi et célèbre l’eucharistie. C’est la joie de Pâques.

     

  • La fête de la Présentation au Temple (2 février)

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                Un mot revient souvent dans cette fête : le mot LUMIERE. Il y a même une trilogie très intéressante à méditer dans le cantique de Siméon : « car mes yeux ont vu ton salut, lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

                De quelle lumière s’agit-il ?

                Certainement pas de la lumière du soleil de la lune ou des étoiles… on la connaît depuis longtemps ! Certainement pas celle où Dieu habite, la lumière inaccessible de la divinité, « du Père des lumières » comme l’appelle St Jacques. Lumière divine inaccessible à l’homme qui ne peut même la regarder sans mourir.

                Il doit s’agir de cette « lumière du premier jour » - « Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut (et non est) »[1] - lumière donnée par Dieu à l’homme qui fut retirée en raison du refus de l’homme d’entrer dans le projet d’alliance de Dieu.

                La lumière du Dessein de Dieu devenue invisible aux hommes sauf aux justes – «  car une lumière est semée pour le juste »[2] - dispersée dans le chaos des événements de l’histoire se réalise peu à peu et vainc les ténèbres jusqu’à la victoire finale dans la Résurrection du Christ.

                Le Dessein de Dieu, St Jean nous dit en parle dans son prologue [3] « En le Verbe était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » Cette lumière divine pour les hommes, elle est dans le Christ, elle vainc les ténèbres, les oppositions et elle est donnée d’abord mystérieusement aux hommes, durant l’histoire du salut, avant l’incarnation du Verbe, « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde."[4]

             C’est la lumière qu’est le Christ lui-même : Siméon le déclare prophétiquement dans son cantique, Jésus l’annoncera : « De nouveau, Jésus leur parla : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »[5]

                C’est la lumière en laquelle nous sommes transformés. « Car Dieu qui a dit : Du milieu des ténèbres brillera la lumière, a lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ….Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit. » [6]

                Voilà donc le salut annoncé par Siméon ; la lumière du dessein de Dieu nous est révélée par le juste Siméon : la lumière divine est dans le Christ incarné ; par notre communion au Christ, elle nous atteint et nous, nations, sommes « transformées » par cette lumière au point de refléter la « gloire du Christ » l’Israël nouveau.

     

    Les préfaces de Noël et d’Epiphanie nous l’avaient déjà dit :

                « Car la révélation de ta Gloire s’est éclairée d’une lumière nouvelle dans le   mystère du Verbe Incarné. » (1)

                « Faisant renaître en LUI (le Verbe Incarné) la création déchue, il restaure toute chose. » (2)

                « Par Lui (le Verbe Incarné) s’accomplit en ce jour l’échange merveilleux : lorsque ton Fils prend la condition humaine la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse : il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels. » (3)

                et le jour de l’Epiphanie, le texte est très explicite au sujet de notre méditation :

                « Quand le Christ s’est manifesté dans notre nature mortelle, Tu nous as recrées par la lumière éternelle de sa divinité. »

     

    Tel est donc notre salut annoncé par Siméon le juste qui lit dans les événements la lumière du plan de Dieu : unie à la Lumière éternelle de la divinité présente dans le Verbe Incarné, nous sommes recréés par cette communion et nous reflétons la Gloire du Ressuscité, transformés de gloire en gloire par l’Esprit.

                On comprend la joie de St Sophrone de Jérusalem dont on lit aujourd’hui un extrait du sermon : « Allons à la rencontre du Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur, avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception y portent leurs lumières.
Si nos cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde d'une lumière éternelle en repoussant les ténèbres mauvaises ; c'est aussi et surtout pour manifester avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du Christ. 
Hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière.

C'est évident : puisque la lumière est venue dans le monde et l'a illuminé alors qu'il baignait dans les ténèbres, puisque le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités, ce mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges, c'est pour cela que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. ~

Cette lumière véritable, qui éclaire tout homme venant en ce monde, voici qu'elle vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants.

Avec le vieillard Siméon, accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Avec lui, exultons de tout notre cœur et chantons une hymne d'action de grâce à Dieu, Père des lumières, qui nous a envoyé la clarté véritable. »

     

    [1] Genèse 1/ 2

    [2] psaume 96/11

    [3] Jena 1/5

    [4] Jean 1/9

    [5] Jean 8/12

    [6] 2 Co. 4/6 et 3/18

  • Interview de St Luc

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    Journaliste : St Luc, nous aimerions faire davantage connaissance avec vous, l’auteur de l’Evangile que nous allons lire tout au long de cette année et des Actes des Apôtres dont la lecture nous accompagne chaque année durant le temps de Pâques. Merci de nous recevoir et de répondre à nos questions qui sont sans doute celles des lecteurs de votre Evangile.

     

    D’où êtes-vous originaire?

    Luc: Mon pays est la Syrie et je suis né à Antioche sur l’Oronte. C’est dans cette très grande ville que les disciples de Jésus ont reçu pour la première fois le nom de « Chrétiens ».

     

    J: Antioche est en effet une très grande ville.

    Luc: 500 000 Habitants. Ma ville natale est située dans une vaste plaine fertile au climat agréable, au bord du fleuve Oronte, bordée de deux hautes montagnes. C’est une ville cosmopolite où vivent des Grecs, des Chypriotes, des Syriens, et des Juifs, une des plus grandes colonies juives de l’Empire (50 000 juifs environ). C’est une ville de fonctionnaires, de diplomates, d’artistes, de commerçants et d’esclaves. De nombreux artistes en ont fait une ville magnifique, où l’eau coule partout. Ce qui est remarquable, c’est, en particulier, notre grande avenue de 4 km de long bordée de 4 colonnades de marbre, qui traverse la ville. Antioche est devenue la rivale d’Alexandrie d’Egypte!

     

    J: On voit poindre en vous une légitime fierté de votre ville d’origine! Vous avez fait vos études à Antioche?

    Luc: Oui, à l’université de la ville. J’ai étudié la littérature et la philosophie grecques et j’ai aussi appris la médecine. Dans le milieu des étudiants de cette époque, le bouillonnement religieux était intense. Tout le monde cherchait, s’interrogeait sur le sens de l’existence et les réponses habituelles paraissaient vieilles et sans intérêt.

     

    J: C’est dans cette atmosphère que vous êtes devenu chrétien?

    Luc: je suis païen d’origine. Vous savez à Antioche les religions sont prospères! Tout est mêlé: les déesses locales comme Astarté à qui on sacrifie des enfants et des adultes, les dieux romains: Hercule, Apollon. Les temples, très nombreux, sous le couvert d’un culte rendu au mystère de la nature et de la fécondité, sont des lieux de prostitution sacrée. Plus tous les cultes à mystère: Cybèle venue d’Asie mineure, Attis venue de Phrygie, Isis et Osiris hérités d’Egypte, Dionysios et ses orgies venu par la Grèce des profondeurs de l’Asie.

     

    J: Par quel chemin êtes-vous sorti de ce paganisme?

    Luc: C’est une grande insatisfaction devant ces religions qui m’a fait me tourner vers la religion des juifs, très nombreux, dans notre cité. J’ai fréquenté la communauté de la Synagogue de la Porte et peu à peu, j’ai lu les Ecritures juives dans le Grec de la magnifique traduction des Septante. Je suis devenu alors un « craignant Dieu ». Et puis en l’année 34 -35, des Chrétiens chassés de Jérusalem par le martyre d’Etienne et la persécution qui avait suivi, sont arrivés à Antioche. A la synagogue, ils ont commencé à parler du Christ.

     

    J: Quel a été l’accueil de cette nouveauté?

    Luc: beaucoup de débats et de discussions animées. Mais certains juifs sont devenus chrétiens. Cette communauté nouvelle d’Antioche a attiré l’attention des apôtres de Jérusalem: ils ont envoyé Barnabé, un homme remarquable. Il est venu aussi parler à la synagogue et c’est lui le premier qui m’a ébranlé. Mais celui qui m’a attiré définitivement au Christ, c’est Paul de Tarse que Barnabé avait été cherché pour l ‘aider à Antioche. C’est Paul qui m’a baptisé.

     

    J: et vous ne l’avez plus quitté!

    Luc: presque! Une grande amitié est née entre nous et de ma part, une grande dette envers le maître Paul qui m’a tant appris sur le Mystère de Dieu et associé à son apostolat.

     

    J: Vous l’avez suivi dans tous ses voyages apostoliques?

    Luc: en fait, je l’ai rejoint dans son deuxième voyage à Troas et j’ai fait avec lui tous les autres voyages, à pied, à cheval, en bateau. J’ai mis par écrit tous ces souvenirs dans le livre des Actes des Apôtres que j’ai rédigé après mon Evangile. Lors du premier voyage de Paul avec Marc et Barnabé, je n’étais pas encore chrétien. J’ai accompagné Paul dans sa première captivité à Rome et surtout dans la seconde où il a été condamné à mort en 67.

     

    J: A Rome, vous avez rencontré Pierre.

    Luc: Oui, et ce fut un grand bonheur. J’ai vécu trois ans à Rome avec Paul, Pierre, Marc, Sylvain et tous les disciples de la communauté de Rome. Je me suis beaucoup entretenu avec Pierre: il m’a parlé beaucoup de Jésus, de sa vie et de son enseignement en Galilée et à


    Jérusalem. Il m’a raconté les commencements de l’Eglise à Jérusalem, les premières prédications qu’il a faites, ce qu’il disait. Je connaissais bien la prédication de Paul que j’entendais depuis des années; à Rome, j’étais heureux d’entendre Pierre et de lire ce qu’il écrivait.

     

    J: Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire votre Evangile?

    Luc: je l’explique très bien dans le prologue de mon Evangile. J’ai écrit ceci: « après m’être soigneusement informé de tout à partir de origines, il m’a paru bon à moi aussi d’en écrire pour toi un récit ordonné très honorable Théophile, afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus. » (1/3-4) J’avais besoin d’assurer, pour certains chrétiens, l’enseignement qu’ils avaient reçu. J’ai fait alors une enquête minutieuse: j’ai interrogé les témoins, en plus de Pierre, Jean l’apôtre, Marie la Mère de Jésus et en particulier des Chrétiens venus de l’entourage d’Hérode Antipas, j’ai lu les textes qui circulaient entre les Eglises chrétiennes, j’ai rassemblé mes propres souvenirs. Et j’ai rédigé mon texte, l’Evangile et les Actes.

     

    J: Vous avez écrit à Rome?

    Luc: Non. Après le non-lieu de Paul en 62, j’ai quitté Rome et je me suis établi en Grèce: c’est là que j’ai écrit mon Evangile et les Actes, dans les années 62-63.

  • L'Epiphanie

    Epiphanie. Mt 2/1-12.                                     

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             On peut penser que l’Evangéliste veut nous décrire le chemin de foi de ces hommes, chemin de foi qui est comme l’exemplaire parfait de tout cheminement vers Dieu et le Christ dans la foi. Cette visite des Mages est une sorte de modèle à partir duquel nous pouvons comprendre et vivre un cheminement de croyant, un chemin de foi.

    Si l’on suit cette piste de lecture, on découvre que st Matthieu nous enseigne que pour aller à Jésus, il faut 3 éléments: un signe de Dieu, Les Saintes Ecritures expliquées par la Tradition de lecture et une lumière intérieure.

    Un signe de Dieu.

    « Les Mages ont vu se lever son étoile », terme classique en astrologie pour parler d’une conjonction d’astres significative. Voilà le signe des Mages. Le signe est dans les astres puisqu’ils sont astrologues. Cela nous révèle que Dieu cherche à se faire connaître de chaque homme; et il fait signe à chacun de façon personnelle. Le signe correspond à tout homme : ce peut être le témoignage d’un ami, un événement important, heureux ou malheureux, la beauté de la nature tout à coup saisie, la foi de ses parents, l’interrogation profonde sur le sens des choses ....

    Dieu donne un signe… mais encore faut-il un cœur pour le recevoir ! Les Mages ont pu voir l’étoile parce qu’ils avaient un coeur en attente. S’ils n’avaient pas eu ce coeur attentif, ils n’auraient rien vu.

    Et cela est d’une grande importance pour nous. Pour être croyant, il nous faut maintenir notre cœur sur le qui-vive, une attente, un creux en nous qui peut nous donner le vertige. C’est une insatisfaction devant la réalité matérielle. Cela a des conséquences dans l’éducation que nous devons donner à nos enfants ou à ceux dont nous avons la charge : éveiller au mystère des choses, à la certitude que toute la réalité vraie ne se livre pas dans les apparences. Nous pouvons réfléchir : Savons nous les laisser nos enfants en attente ? ne cherchons-nous pas trop à la combler tout de suite, et cela depuis la plus tendre enfance… Prenons-nous le temps de les éveiller au mystère et au secret des choses ? ou bien tout est-il pour nous rationnel, carré, exact, sans poésie…

    Mais le signe ainsi perçu, signe qui met en chemin, en route ne suffit pas. Les Mages ont eu besoin de s’adresser au peuple d’Israël, à Jérusalem, pour savoir où aller. Les mages consultent les scribes et les savants de Jérusalem qui leur citent le prophète Michée et leur indiquent Bethléem comme lieu de naissance du Messie. Il faut les Ecritures pour aller à Jésus même si on est païen ! Et les Ecritures, on les reçoit d’Israël et de l’Eglise. Et pas simplement dans la matérialité du texte, mais dans le texte expliqué, médité par les croyants, au long des siècles, ce qu’on appelle la Tradition. L’Ecriture lue dans la Tradition d’Israël pour les Mages, l’Ecriture lue dans la Tradition de la Nouvelle Jérusalem qu’est l’Eglise pour nous autres.

    Le signe perçu, la clé de l’Ecriture donnée par la Tradition croyante, il faut encore une lumière intérieure, - l’étoile qui apparaît de nouveau dans notre texte de St Matthieu -, pour aller jusqu’au lieu précis où est le Messie. Cette lumière intérieure qui vient de Dieu conduit à Jésus et fait découvrir qui il est. Et ils l’adorent en se prosternant.. Nous savons par St Paul que « personne ne peut dire Jésus est Seigneur sans le St Esprit » et Jésus dit à Pierre  à Césarée de Philippe: « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé que je suis fils de Dieu mais mon Père qui est dans les cieux. Heureux es-tu Simon fils de Jonas. » St Matthieu ne dit rien de la foi des Mages mais les cadeaux qu’ils présentent à l’enfant disent leur foi. S’Ils offrent à Jésus, comme dit la Tradition de lecture, l’or comme à un ROI, l’encens comme à un DIEU et la myrrhe au SAUVEUR qui doit MOURIR, c’est parce que leur cœur a été illuminé de l’intérieur par Dieu lui-même qui veut se révéler à eux. Dieu seul sait bien parler de Dieu, Dieu seul sait conduire à Lui. Ce qui vaut pour les Mages aux aurores du salut, vaut pour tout homme pour tout croyant aujourd’hui, pour chacun d’entre nous.

    Voilà la lumière sur notre acte de foi que nous enseigne cet épisode des Mages. Voilà l’éducation du cœur que nous devons cultiver en nous et donner à nos enfants pour qu’ils puissent un jour suivre ce chemin personnellement : éveil du désir, sens du mystère des choses, goût d’interroger les autres et la Bible pour comprendre, attention à la lumière intérieure qui nous habite…Des attitudes du cœur qui préparent à la foi, mais qu’il faut savoir cultiver en soi et éveiller autour de nous. Amen.

  • La Visitation

    4ème dimanche d'avant, année C

    1364570600.jpg            Dans ce magnifique récit de St Luc, il y a comme deux plans : la scène extérieure telle qu’un observateur pourrait la voir….et l’événement intérieur eux deux femmes et aux deux enfants en leur sein.

                Voilà Marie qui quitte Nazareth et descend « vers le haut Pays, dans une ville de Juda » comme dit le texte réel et non la vague traduction liturgique qui aplatit tout. Car « le Haut Pays », c’est là où, du temps de David, a séjourné l’Arche d’Alliance… c’est là où asse « en hâte » la véritable arche d’Alliance qu’est Marie en qui la Parole s’incarne !

                Et Marie est accueillie avec soin, comme toujours dans le vieil Israël – Joseph sans doute aussi car on ne voit pas une femme voyager seule - : l’accolade entre Elisabeth « vieille » femme de 40 ans ou plus peut-être et Marie jeune épousée de 16 ans.

                Et puis tout à coup nous passons au plan le plus intérieur :

    Elisabeth prend la parole après avoir, comme elle en témoigne, senti en elle l’enfant, le futur Jean Baptiste, « tressaillir ». Elisabeth, envahie de l’Esprit Saint, chante sa propre joie … qui n’est pas d’avoir un enfant (et pourtant ! il fut attendu ! et demandé !) mais de se trouver devant Marie « Bénie entre toutes les femmes » et découvrir que la visite de Marie est, en fait, la visite de son Seigneur en Marie. ! « Comment ai-je ce bonheur que ma mère mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! » Employer le mot Seigneur qui désigne Dieu dans la Bible grecque est une véritable prophétie, une véritable profession de foi qui est la première publique de l’Evangile. Pour elle aussi vaut la remarque de Jésus à Pierre : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont fait découvrir cela Elisabeth, mais mon Père qui est aux cieux ». Et Elisabeth de conclure en reconnaissant la foi de Marie « qui a cru dans l’accomplissement des paroles qui lui furent dites d la part de Dieu. »

                Et Marie répond en chantant son magnificat ! Elle aussi est envahie de joie puisque toute son existence est « en Dieu son Sauveur ». Marie qui ne nie pas sa grâce : « toutes les générations me diront bienheureuse » mais qui chante Dieu qui l’a choisie… Un Dieu qui bouleverse les hommes, remet le monde à l’endroit : « Il renvoie les riches les mains vides, Il élève les humbles, comble les affamés, dépose les puissants de leur trône. »

                Ainsi Elisabeth, l’enfant Jean Baptiste, Marie exultent chacun à sa manière dans cette si intérieure rencontre. Et l’enfant Jésus ?

                Luc ne nous en dit rien. Il ne tressaille pas… d’ailleurs sauf une fois, nous ne verrons jamais Jésus exulter dans l’Esprit… Jésus est égal, il ne connaît ses soubresauts de nos psychologies tantôt exultantes tantôt déprimées sans plus de raison que cela. Jésus est égal sa psychologie est paisible même si nous le voyons souvent ému devant la misère des hommes. Pour savoir ce qui se passe en l’enfant Jésus, il nous faut aujourd’hui recourir à l’auteur des Hébreux que nous venons d’entendre : lui nous dit ce qui est dans le Christ « qui entre dans le monde. Me voici Seigneur je viens faire ta volonté ». Ce qui habite le cœur de l’enfant, c’est la joie intense d’accomplir le dessein de Dieu qui est aussi le sien. Ce qui habite le cœur du Christ c’est une offrande totale de sa vie. Et cette offrande va être vécue tout au long de sa vie d’homme quand il va assumer pleinement notre nature humaine – jusqu’à la souffrance et la mort – pour nous ramener à Dieu, pour nous reconduire à notre dignité première, pour nous faire participer à la nature divine. C’es pourquoi l’auteur de Hébreux peut dire : « c’est dans cette volonté sainte que nous sommes faits saints. »

                Cette offrande la Seigneur va la renouveler, devant nous, sur l’autel de l’eucharistie : et il attend que nous aussi, nous nous joignions à lui pour cette offrande au Père, nous offrant nous-mêmes avec tout ce que nous sommes, « par Lui, avec Lui et en Lui ». Amen.

     

  • Fête du Christ Roi

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                Les Apôtres ont dû plusieurs fois abandonner leur vision du Messie. La première fois quand Jésus leur a annoncé qu’il allait souffrir et mourir de la main de son peuple. La seconde fois à la résurrection : aucun triomphe du Christ, une modestie dans les manifestations, une discrétion… même si Jésus est autre et le même à la foi ! Moins d’effet à la résurrection qu’à la Transfiguration ! Et pourtant Jésus a revendiqué le titre de « Fils de l’homme » tel que le prophète Daniel lu aujourd’hui le présente. Il a même déclaré dans son procès que bientôt « ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel »… et St Jean dans l’Apocalypse nous montre la beauté, la splendeur du Christ, sa majesté, sa puissance… mais c’est pour la fin des temps !

                Depuis l’effacement du Christ de l’Ascension, le royaume grandit invisiblement. « IL n’est pas ici, il n’est pas là, le royaume de Dieu est au milieu de/ en vous. » dit Jésus aux apôtres. En nous : le Père et le Fils par l’Esprit viennent faire en chaque baptisé leur demeure. Le cœur de chaque croyant, dit Origène repris par Ste Thérèse d’Avila, est un paradis où Dieu aime se promener et rencontrer l’homme.

                Depuis l’effacement du Christ, le Royaume grandit « de cœur à cœur ». Il grandit en nous si nous le laissons nous envahir… envahir notre cœur, notre esprit, notre âme, nos pensées, notre affectivité, notre raison… Lent cheminement où Dieu devient tout en moi.

                Depuis l’effacement du Christ, il compte sur nous pour le montrer, ce royaume et pour le DIRE. Le montrer par la nouveauté de nos vies, le dire par notre témoignage. ET là nous rencontrons une grave difficulté en France : nous ne savons plus dire notre foi, en rendre compte. Combien de fois on me dit : mon fils, ma fille, mes petits enfants m’ont critiqué la religion devant moi et je n’ai pas su quoi dire ! Dans un repas j’ai entendu dire beaucoup de mal de l’Eglise mais je n’ai pas su répondre… Dramatique ! A force de ne pas parler de religion ou de politique – selon la consigne si commune dans les familles -, on a perdu les mots et les idées. La foi, c’est comme une langue : si on ne la parle pas, on la perd ! Les mots ne viennent lus ; les idées, non plus… ou elles viennent longtemps après, trop tard …

                Même entre nous nous ne nous parlons pas ! C’est une perte pour la communauté qui s’enrichit de cet échange d ‘expériences chrétiennes multiples et variées.

                C’est un grand travail à entreprendre : que els catholiques se réapproprient leur foi, sache l’expliquer personnellement, dans un témoignage. Croyez moi si votre petit fils vous pose une question ou vous provoque et que vous pouvez lui dire : attends ! Asseyons-nous, je vais t’expliquer et que vous puissiez calmement, sans plus, lui témoigner votre expérience croyante personnelle… cela fera profondément son effet en lui ! Mais si vous ne savez pas quoi dire, il en conclura que croire ne signifie rien !

                Depuis deux ans, par les rencontres « B’Abba », B A Ba, avec un jeu de mot sur le nom du Père « Abba », la paroisse vous propose de réapprendre à exprimer votre expérience chrétienne avec du fruit pour ceux qui y ont participé.

                Nous proposons cette semaine à nouveau un temps de rencontre (mardi 24 et jeudi 26 de 20H30 à 22H) sur le thème : « qu’est-ce qu’être chrétien aujourd’hui ? » Je vous encourage vivement à y venir.

  • La Toussaint

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    Dans la prière après la communion de la messe de la Toussaint, se trouvent résumés bien des aspects de cette belle fête : au moment où la nature, après avoir donné ses plus belles couleurs et ses plus beaux fruits, glissent tout doucement vers la mort et le sommeil de l’hiver, la liturgie nous fait contempler le Ciel et nous montre l’avenir que Dieu nous a préparé : le Royaume dans toute sa beauté et sa béatitude, la Vie surabondante divine partagée avec tous les élus, la beauté inimaginable des vies de ces saints, plus brillantes et plus scintillantes que toutes pierres précieuses réunies !

     

    « Dieu qui seul es SAINT

                Toute cette fête est centrée sur Dieu. Dieu est Saint, Dieu est Dieu, totalement séparé de nous, transcendant, inconnaissable, au-delà de tout ce qu’on peut penser de Lui, Lumière au-delà de toute lumière… Totalement séparé de nous, inaccessible.

                Nous nous rappelons Isaïe dans le Temple et les Anges chantant « Saint ! Saint ! Saint ! » … avec une telle force que les verrous des portes du saint lieu en sursautaient.

     

    Toi que nous admirons et adorons en célébrant la fête de tous les Saints,

    En cette fête de la Toussaint, c’est Dieu que nous adorons ; c’est sa Présence belle qui nous saisit ; c’est sa grandeur qui est admirable, qui nous rend muet, qui nous plonge dans l’adoration silencieuse.

     

    Nous implorons ta grâce :

    Et pourtant, ce Dieu séparé de nous, inaccessible à la créature que nous sommes, nous avons l’audace de la prier.

     

    Quand Tu nous auras sanctifié, dans la consommation de l’Eucharistie, dans la plénitude de Ton Amour,

    Voilà l’inouï ! Nous ne sommes pas dieu, nous ne sommes pas saints… mais nous sommes sanctifiables ! Dieu nous sanctifie, littéralement « nous fait saints, nous fait dieu, nous divinise »« participant à la nature divine » comme dit St Pierre. Les saints que nous fêtons aujourd’hui, cette multitude faite des enfants d’Israël «  « 12 000 de chacune des 12 Tribus d’Israël » - puis la foule innombrable des païens – « Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main » - tous ces saints connus et inconnus ne le sont pas devenus par la force de leur vert mais par l’œuvre de Dieu en eux à laquelle ils ont collaboré.

                Et ils ont été sanctifiés… « devenus saints et enfants de Dieu »… comme l’enseigne aujourd’hui St Jean – et comment ? ils ont été sanctifiés « dans la plénitude de l’Amour de Dieu » dit l’oraison… transformés par la plénitude de l’amour divin et devenus plénitude de l’amour divin !

                Et où recevaient-ils cet amour divin ? dans la consommation de l’eucharistie… mention hélas oubliée dans la traduction française ! « Consummentes » : c’est dans la réception du Christ eucharistique – visibilité et présence de l’Amour divin pour nous et en nous, que se fait notre sanctification…

     

    Fais-nous passer de cette table où Tu nous as reçus en pèlerins

    Au banquet préparé dans ta maison. »

    …. D’où la dernière demande de l’oraison. Après avoir qualifié la table eucharistique de « table où tu nous as reçus en pèlerins » - discrète allusion à la table d’Emmaüs – nous demandons de participer  « au banquet de la maison de Dieu » - le festin messianique préparé pour tous les peuples par Dieu lui même selon la prophétie d’Isaïe.

     

    Amen.

  • « Tu es le Christ, le Messie »

    Billet spirituel

                            A propos de l’Evangile de St Marc 8/27-38

                Nous sommes au milieu de l’Evangile de St Marc… qui débutait ainsi : « Commencement de la l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. ». … le plan du texte. « Fils de Dieu » titre donné au Christ par le centurion à la mort du Seigneur ;  « Christ » titre donné au Seigneur par Pierre à Césarée de Philippe. Les premiers chapitres nous apprenaient que cet homme est « Jésus de Nazareth » avec son mystère.

                Nous sommes à Césarée de Philippe, bien loin de Jérusalem !... qui aurait pu être la ville de la révélation de la messianité de Jésus… ni à Bethléem, la ville de David ! Non, en plein pays païen, près d’une ville païenne…. Au nord de la Galilée des nations… face au grand large de la Décapole et du pays de Tyr et de Sidon.

                Pierre affirme au nom des 12 : « Tu es le Christ, le Messie »… confirmant la parole d’André tout au début de l’Evangile de Jean quand le Baptiste a fait passer ses deux disciples au Christ : « nous avons trouvé Celui dont parlent les prophètes, nous avons trouvé le Christ ». Les premiers mois passés avec Jésus ont convaincu Pierre et les 12, il est bien le Messie.

                Ces apôtres appartiennent donc  au courant juif qui attend le Messie davidique… ce qui n’est pas le cas de tous ! Il y a ceux qui attendent un Messie davidique, d’autres un Messie sacerdotal, d’autres un Maître de Justice, d’autres un Chef de guerre politique à la Maccabée,  d’autres rien du tout. Les attentes sont multiples, les écrits trouvés dans les grottes de Qûmran ont montré la grande  diversité des judaïsmes et de leurs attentes.

                Car rien dans l’Ancien Testament ne permet de définir le Messie attendu !

                Chacun a son idée du Messie, du Messie de son groupe.

                Et le Christ Jésus créée la figure messianique, toute nouvelle, absolument nouvelle, radicalement nouvelle. Bousculant toutes les petites constructions humaines qui font du neuf avec du vieux. !

                Il commence par imposer le silence : n’en parlez pas ! Jésus ne veut pas renouveler les expériences messianiques désastreuses des faux messies qui l’ont précédé et qui ont entraîné le peuple dans une catastrophe et des crucifixions inutiles.

                Ensuite il commence à présenter la véritable figure messianique : il est le Messie de David… mais il va souffrir à la manière du Mystérieux serviteur Souffrant d’Isaïe dont nous avons lu un poème en première lecture. Bientôt il ajoutera la figure sacerdotale… mais pas celle d’Aaron mais celle de Melchisédec – un obscur dont on ne parle qu’un fois dans la Bible dans la Genèse – puis il complètera par la figure du Fils de l’Homme de Daniel… On voit Jésus –contrairement à ce qu’on nous raconte jusqu’au blasphème – sait ce qu’il est … et il ne s’en laisse pas compter : « Passe derrière moi Satan » dit –il à Pierre qui s’oppose à ses vues ! Non c’est Jésus qui sait qui il est et la soit-disant communauté chrétienne qui aurait créée tout cela… elle doit passer « derrière », y compris les exégètes.

                Alors : « conformément aux Ecritures » ?  C’est la nouveauté absolue du Christ qui comme un  aimant, rassemble des textes épars et fragmentaires comme dit l’épître aux Hébreux, disséminés dans l’Ecriture, cachés dans l’Ecriture et qui en lui, avec d’autres, créent une lumière sur son être profond !

             Ce n’est pas AVANT lui qu’on sait ce qu’est le Messie. C’est LUI qui crée la figure nouvelle dont on découvre, APRES, les éléments épars et cachés dans le texte de l’Ancien Testament.

  • Eléments pour sermon du 15 août 2015 sur la première lecture de l’Apocalypse.

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    Rappelons-nous que St Jean présente souvent dans ses écrits le Nouvel Adam et la Nouvelle Eve.

         A CanaJésus s’adresse à Marie en disant « Femme » comme l’époux à son épouse

         A la croix :« Femme » idem

         Dans Apoc : une « Femme » (ch 12)

    En écho au premier couple de la création Adam et Eve.
    Pour la Nouvelle Création, Nouvel Adam et Nouvelle Eve.

    Voyons ce couple dans l’Apocalypse.

    Le Christ, d’abord,  apparaît à Jean au chapitre 1.    Voici le texte :

    « Moi, Jean, votre frère, je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette.  Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme, revêtu d’une longue tunique, une ceinture d’or à hauteur de poitrine ; sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente… et sa voix était comme la voix des grandes eaux ; il avait dans la main droite sept étoiles ; de sa bouche sortait un glaive acéré à deux tranchants. Son visage brillait comme brille le soleil dans sa puissance.

    « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. »

    Chapitre 12  la « Femme » vêtue du soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de Douze étoiles. Cette « Femme » est…

    A la fois   * l’humanité dans les douleurs de l’enfantement. Cf Paul aux Rm. 
    Elle est Eve la « Mère des Vivants ». Elle donne le Messie.

    Marie, la Fille de Sion, qui enfante le Messie

    L’Eglise qui enfante des chrétiens et qui vit une retraite au désert… en particulier pendant les persécutions, aidée par Dieu.

    Regardons là plus en détail.

    Elle est vêtue du soleil. Dieu a revêtu Adam et Eve après le péché. Dans Isaïe il revêt Jérusalem de vêtement précieux et Sion chante : «  Il m’a revêtu du manteau de la justice. » Le soleil exprime la transcendance de Dieu : Marie est habillée de Dieu, du Christ « soleil de justice », elle qui fut comblée de grâce, divinisée comme chaque humain doit l’être un  jour. Elle est dans la « lumière de Dieu ». Voici comment le Christ est décrit au chapitre 1 que j’ai lu à l’instant : « sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente ». Ainsi commente Benoît XVI, 

    « Et voici alors que la «pleine de grâce», l’«Immaculée», reflète par toute sa personne la lumière du «soleil» qui est Dieu. »

         La lune sous ses pieds : symbole de mort. La mort vaincue :

     « En effet, Marie est pleinement associée à la victoire de Jésus Christ, son Fils, sur le péché et sur la mort; elle est libre de toute ombre de mort et totalement comblée de vie. » (Benoît XVI)

          12 étoiles : les 12 tribus, les 12 apôtres.

    « La Vierge Marie est au centre du Peuple de Dieu, de toute la communion des saints. » (Benoît XVI)

     

    En face de la Femme, le dragon rouge feu,  qui est…

    §  A la fois     Le serpent du premier jour et du péché. 7 têtes= ses multiples inventions pour tromper, 10 cornes : son pouvoir n’est pas invincible…

    §  L’adversaire du Christ/Messie prêt à le dévorer sur la croix mais qui lui échappe par la Résurrection… « enlevé auprès du trône de Dieu, le berger, le sceptre… »

    §  Satan qui persécute l’Eglise, l’expérience historique des premiers chrétiens à qui s’adresse St Jean.

     

    Aussitôt, dans les versets qui suivent la texte lu aujourd’hui,  (12/7), l’Apocalypse parle du combat entre Michel et Satan…  dont Satan sort vaincu entraînant des anges dans sa chute.

    Jean révèle ainsi aux chrétiens :

    §  La victoire acquise sur la mort et le mal par le Christ est pour sa mère, d’abord, en second comme l’expliquait St Paul dans l’épître du jour.

    §  Le combat n’est pas achevé même si la victoire est acquise : la Femme Eglise déjà dans le manteau de lumière  est aussi et encore celle qui fuit dans le désert…

    §  Le Christ et Marie sont impliqués dans ce combat auprès des croyants persécutés et Michel combat et vainc le dragon.

    §  Enfin que chacun se rappelle son avenir glorieux, avec le Christ et Marie, persévère dans la fidélité et vive tout combat, intérieur ou pour la justice et le vérité, avec le Christ et Marie.

  • L’Assomption de Marie 2

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    Toute une tradition liturgique

                Plus parlant encore, tant en Orient qu’en Occident, les solennités liturgiques qui ont pu être célébrées en l’honneur de l’Assomption ou de la Dormition.



                Dès l’époque carolingienne, le Sacramentaire d’Adrien le mentionne en disant : «Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de cette mort, elle qui engendra de sa chair ton Fils, notre Seigneur».

                Quant à la liturgie byzantine qui aime, à ce propos, parler de Dormition, s’adressant directement à Marie, elle déclare : «Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des dons qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda vierge parmi l’enfantement, de même il préserva ton corps de la corruption dans le tombeau et le glorifia par une divine translation».



                Ainsi peut-on relever toute une série de fêtes solennelles instituées en l’honneur de Marie montée au ciel, par des papes comme saint Serge Ier, saint Léon IV et saint Nicolas Ier, qui jalonnent en quelque sorte, au fil des siècles, cette constance dans la foi de l’Église à l’égard de ce que la définition dogmatique du pape Pie XII, en 1950, n’a fait en somme qu’entériner. Il n’est pas sans intérêt de noter combien cette foi s’enracine dans toute une tradition (bien antérieure à la Réforme) de l’Église indivise. Cette suite dans les siècles et cette unanimité entre l’Orient et l’Occident ne peuvent manquer d’impressionner. Si la «vox populi» est bien la «vox Dei», il importe de bien entendre ici la voix du peuple chrétien, chantant ainsi la gloire de la Mère du Christ.

    La voix des Pères

                Devant la vitalité d’une telle foi s’exprimant spontanément dans toute une liturgie, les Pères et les théologiens ne sont pas demeurés en retrait.

Ainsi saint Jean Damascène (mort en 754) interpelle la foi des fidèles : «Celle qui, pour tous, a fait jaillir la vraie vie, comment tomberait-elle au pouvoir de la mort ? Certes, comme fille d’Adam, elle se soumet à la sentence (de mort) portée contre son père, car son Fils, qui est la Vie même, ne s’y est pas dérobé. Mais, comme mère du Dieu Vivant, il est juste qu’elle soit élevée jusqu’à lui». Et il s’interroge : «Celle qui n’a commis aucun péché... comment le paradis pourrait-il ne pas la recevoir et le ciel ne pas lui ouvrir joyeusement ses portes ?» Il en conclut : «Il fallait que celle qui avait conservé sans tache sa virginité pendant l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort... Celle qui avait hébergé le Verbe de Dieu en son sein, ne pouvait qu’être logée dans la demeure de son Fils».

Toujours au VIIIe siècle, saint Germain de Constantinople (mort en 733) écrit, lui aussi, plein d’enthousiasme : «Mère de Dieu, vraiment je te le redis avec action de grâces, ton Assomption ne t’a nullement éloignée des chrétiens... Comment la dissolution de la chair aurait-elle pu te réduire en cendre et poussière, toi qui as délivré l’homme de la ruine de la mort par l’Incarnation de ton Fils ?» Et il poursuit en toute logique : «La mère de la Vie devait elle-même demeurer avec la Vie ; la mort ne pouvait être pour elle qu’un sommeil, et l’Assomption comme un réveil pour la mère de la Vie». Et il conclut à son tour : «Ainsi, morte aux choses qui finissent, tu as émigré vers les demeures incorruptibles de l’éternité où Dieu réside. Tu as été corporellement sa demeure et maintenant c’est lui qui, en retour, est devenu le lieu de ton repos».



                Dans la même ligne, et toujours en Orient, saint Modeste de Jérusalem n’hésite pas à affirmer : «À titre de très glorieuse mère du Christ, l’auteur de la Vie et de l’Immortalité, Marie est vivifiée dans l’incorruptibilité éternelle de son corps, par celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui de la manière que lui seul connaît». On comprend, relisant cela, toute la ferveur des chrétiens de Jérusalem à l’égard de la Dormition de la Vierge.

    (Texte inspiré par les Fraternités monastiques de Jérusalem)

  • L'Assomption de Marie 1

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    Le dogme de l’Assomption s’appuie tout d’abord sur une solide donnée doctrinale.


                Dieu appelle tout être humain au partage de sa divinité. L’Écriture nous enseigne que, dès sa création, l’homme a été fait à son image et comme sa ressemblance (Gn 1,26). Cette intention originelle reste bien notre destination ultime. Et elle demeure universelle. Oui, Dieu a créé l’homme incorruptible, affirme le livre de la Sagesse ; il en a fait une image de sa propre nature (2,23). On est donc déjà dans la droite ligne de la Révélation biblique en disant que Marie, que toute une tradition se plaît à appeler la Nouvelle Ève, au terme de sa course, est pleinement glorifiée, dans son âme et dans son corps, comme image et ressemblance de Celui qui l’a créée. L’apôtre Pierre lui-même ne nous rappelle-t-il pas que nous devons devenir participants de la nature divine (2 P 1,4) ? Ainsi sommes-nous tous transformés en image toujours plus glorieuse, comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit (2 Co 3,18).

Affirmer que Marie est glorifiée dans son âme et dans son corps, elle que Dieu a comblé de grâce et que l’Esprit a couverte de son ombre (Lc 1,28.35), n’est donc pas en contradiction avec la foi chrétienne. Elle la montre simplement arrivée à son terme. Au terme où il est dit que nous entrerons alors de toute notre plénitude dans toute la plénitude de Dieu (Ep 3,19)

    Tous promis à la Résurrection

             Mais ce n’est qu’avec la venue sur terre du Verbe de Dieu incarné que l’humanité apprend, émerveillée, qu’à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12). Car, nous dit Jésus, la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour (6,39).

            Quelle foi ne peut-on en effet accorder à celui qui ressuscite le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre et son ami Lazare ! Quelle promesse dès lors n’est-elle pas la nôtre, quand il nous dit qu’étant fils de Dieu, nous sommes fils de la résurrection et qu’ayant été jugés dignes d’avoir part à l’autre monde, on ne peut plus mourir (Lc 20,35-36) ?

Il n’en reste pas moins que nous devrons encore tous passer par la mort puisque nous sommes tous porteurs et coupables de ce péché qui nous voue à la mort (Rm 7,14-23).             Là pourtant ne s’arrêtent pas les promesses du Christ. Si nous écoutons attentivement ses paroles rapportées par l’Évangile, nous ne manquons pas d’être surpris. En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Notons bien le présent d’une éternité déjà donnée. Il n’est pas soumis au jugement, mais il est déjà passé de la mort à la vie. Notons plus encore le passé signifiant l’accomplissement d’une pâque déjà vécue. Quelle puissance le Seigneur n’accorde-t-il pas à cette écoute de sa parole doublée d’une parfaite foi en lui et en celui qui l’a envoyé (Jn 5,24) !

    Par la puissance de la Parole éternelle

            Mais il y a mieux encore. Dans sa controverse avec les juifs incrédules, au cœur même de la Ville Sainte, au milieu du Temple (Jn 8,2.59), Jésus proclame : En vérité, en vérité je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort (8,51). On se récrie en le traitant de possédé. Mais Jésus redit de plus belle : En vérité, en vérité je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort (8,52). Quelle promesse le Fils de Dieu ne lance-t-il pas ici, à l’adresse de quiconque saurait parfaitement garder sa parole ! Cette parole écoutée, gardée et pratiquée dont il dit aussi, explicitement, qu’elle donne de devenir en vérité et son frère et sa sœur et sa mère.

     

                Le sommet de la Révélation en ce domaine est atteint quand Jésus, à l’heure même de ressusciter Lazare, pourtant mort depuis quatre jours déjà, proclame : Je suis la Résurrection et la Vie. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et il ajoute, de manière stupéfiante : Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. C’est bien à chacun de nous que s’adresse, comme à Marthe, l’interrogation du Seigneur : Crois-tu cela ? (Jn 11,25-26). Jamais Jésus n’est allé aussi loin dans ses promesses de vie éternelle.



                Si donc quelqu’un, réellement, vit et croit parfaitement en lui, non seulement il vivra, parce qu’il ressuscitera, mais encore il ne mourra jamais ! Avons-nous jamais véritablement pris la mesure de telles paroles de Vie de la part de Celui qui est le Seigneur de la gloire (1 Co 2,8) ?

    (Texte inspiré par les Fraternités monastiques de Jérusalem)

     

  • Apprendre à vivre chrétiennement

    Billet spirituel                                                                                                                            Ephésiens 4/1-5

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         Après la présentation du dessein de Dieu  (il y a 15 jours) et la contemplation de l’accomplissement (dimanche dernier), St Paul dans l’épître d’aujourd’hui invite ses lecteurs à montrer la nouveauté de leur vie dans le Christ, non pas avec des mots ou des sentiments mais dans les actes. Paul reste fidèle au judaïsme : la réponse à Dieu se manifeste dans les actes que l’on fait pour accomplir ce que Dieu demande. Les éphésiens à qui l’apôtre s’adresse, petit noyau de communauté dans une grande ville de 200 000 habitants, a besoin d’apprendre comment on vit chrétiennement. Ils ont reçu l’Evangile… mais qui n’est pas encore écrit dans les Evangiles, ils ont été formés par l’apôtre Paul pendant quelques mois, … et les voilà lancés ! On comprend que Paul, sans orgueil, puisse leur dire  à eux qui cherchent comment vivre en chrétien concrètement: « imitez moi, moi j’imite le Christ. » C’est pourquoi dans les épitres, il explique souvent comment il fait, en détail, pour aider ses lecteurs et fidèles.

    Aujourd’hui dans le texte Paul insiste sur quelques points seulement :

    -  dans un monde orgueilleux comment le monde romain, fier de sa réussite et de ses conquêtes, orgueilleux de sa culture, il appelle les disciples à l’humilité.

    -       Dans un monde dur et violent, où la vie humaine compte peu et où les répressions sont violentes et sans proportion, ils les appellent à la douceur. Et nous percevons bien qui est le modèle : « Venez à moi vous tous car je suis doux et humble de cœur » disait Jésus.

    -       Plus modestement, il les appelle à « se supporter les uns les autres »… et à tout faire pour garder l’unité. L’unité de la communauté chrétienne – déjà menacée – ne se fait pas toute seule !! IL faut que chaque disciple la veuille et la garde.

    Bel examen de conscience pour nous aussi ! Humilité… au milieu des mondanités et des désirs de gloire de toutes sortes… douceur y compris vis à vis de nos frères ! Apprendre à se supporter dans la communauté, dans les familles, les groupes au lieu de s’exclure… Garder l’unité nous qui aimons tant les divisions qui se subdivisent à l’infini… Moi je suis pour Paul ; moi pour Pierre  Si nous sommes devenus créatures nouvelles, il faut que cela se voit !

       Alors en avant pour les efforts afin de traduire dans nos vies cette nouveauté… au moment où le mode de vie inspiré du christianisme s’efface dans la société française qui, du moins pour certains, le refuse. L’écart va se creuser et nous devons apprendre à gérer notre différence, à l’aimer et à l’assumer courageusement…pour ne pas forcément vivre comme tout le monde dans tous les domaines.

         Enfin, dernier point, que m’inspirent Evangile et première lecture. Dans les deux cas, les dons apportés ne suffisent pas pour nourrir le peuple affamé. Mais réalisés sous la parole du prophète ou passés dans les mains du Christ, les pauvres dons en fait, suffisent largement à tous ! De même pour nos efforts : il sont trop petits, trop fragiles… mais offerts au Christ et passés dans ses mains, ils produiront par la grâce - «  qui opère avec grande puissance » comme dit la prière d’aujourd’hui sur les offrandes – de bons fruits de sainteté en « sanctifiant notre vie de tous les jours » comme dit encore l’oraison.

  • Une seule humanité unie en Dieu

    Billet spirituel

                                        En écho à Ephésiens 2/13 et ss

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                      Dans ces versets, Paul explicite le dessein de Dieu de créer une humanité nouvelle et UNE dont l’Eglise sur cette terre, est l’annonce et le commencement de réalisation.

                      Paul part de la division qui existe entre les juifs et les païens, division à la fois sociologique (6 millions de juifs dans la vaste Empire) et religieuse.

                      Qui est « Le juif » dont parle Paul dans le texte d’aujourd’hui ? C’est le fils d’Adam pécheur repris par Dieu en Abraham. Avec Abraham, l’homme qui donne foi à Dieu et accomplit ce que Dieu lui demande, Dieu fonde un nouveau peuple qu’il va façonner pour accomplir son dessein : réunir toute l’humanité en un seul peuple de Dieu. Par la foi, le don des Dix Paroles de vie sur le Sinaï, la formation des prophètes, peu à peu, avec beaucoup de difficultés mais aussi de réussite, Dieu forge un  peuple nouveau, témoin au milieu de tous, de la fidélité à Dieu et de la bonté de Dieu. C’est dans ce peuple que naîtra le Messie réalisateur de l’unité de l’humanité en Dieu. 

                      Qui est « le païen » ? C’est le fils d’Adam pécheur non repris, laissé à lui-même… superstitieux, idolâtre, idolâtre de la nature  de moralité douteuse, ne sachant pas vraiment ce qui est bien et ce qui est mal… C’est aussi le « persécuteur d’Israël », le « païen » c’est l’Assyrie, la Babylonie, les Perses, les Grecs, les Romains… tous ceux qui ont dominé Israël depuis 6 siècles !

                      Pour préserver l’identité de ce petit peuple nouveau perdu au milieu des autres, Dieu lui a donné des règles de protection (les prescriptions de la loi mosaïque comme dit Paul) : pas de mariage mixte païen/juif ; pas de table commune  on plus.

                      Les relations entre ces deux types d’homme sont difficiles… Paul parle d’ « un mur de haine »… les païens méprisants les Juifs… et les juifs le leur rendant bien !

                      Le Christ change tout. Il s’est d’abord consacré uniquement avec ses apôtres, « aux brebis perdues de la maison d’Israël »… avant de commencer à s’adresser aux païens. Les apôtres, après la résurrection feront de même ! Paul lui-même commence toujours dans une ville à s’adresser aux juifs. Puis avec le petit noyau qui a cru il fonde une communauté chrétienne avec les païens qui arrivent à la foi. Alors on comprend pourquoi Jésus a supprimé toutes les règles alimentaires qui séparaient les deux peuples : « Maintenant en Christ, il n’y a plus ni juif, ni grec, ni esclave ni homme libre ni homme ni femme mais vous êtes tous frères ne Jésus Christ. ». Du Juif comme du Païen, Jésus fait un seul HOMME NOUVEAU. Et du juif et du païen, il fait UN SEUL CORPS, l’EGLISE. « Il a abattu le mur de la haine, en sa croix, il a tué la haine ». Ce que Paul contemple c’est cette merveilleuse possibilité dans le Christ de recréer UNE SEULE HUMANITÉ UNIE EN DIEU,  et dès maintenant ! Les chrétiens vont donner, dans l’Empire, ce témoignage de charité entre hommes si différents par la culture mais unis dans la foi, par une égalité absolue.

  • Le dessein de Dieu

    Billet spirituel

                A partir du cantique qui ouvre l'épitre aux Ephésiens.

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                Quel texte extraordinaire ! Entre la rencontre de st Paul avec le Christ sur le chemin de Damas en 34-35 – rencontre ô combien violente et brutale – et la rédaction de cette épître au cours de la captivité à Césarée vers 60, il s’est passé presque 30 ans de méditation de  St Paul pour « digérer » ce qu’il a reçu de Dieu.

                Ce poème commence « avant la fondation du monde » et s’achève à la « récapitulation de tout dans le Christ, à la fin des temps et à l’accomplissement du Royaume » ! « Chacun de nous a été choisi avant la création »… et « a été prédestiné à devenir un fils, une fille adoptif/ve de Dieu dans le Christ ». Quelle centralité du Christ ! « Par Lui » « en Lui » ponctuent le texte avec force. Mais aussi quel sens de la création : Dieu crée les hommes pour faire d’eux ses enfants dans le Christ, récapitulant, incorporant, tout en lui dans le Royaume qui est la création accomplie. L’épitre aux Colossiens qui est de la même période précise : « tout a été créé par Lui et vers Lui et tout subsiste en Lui. » Nous avons dans le cœur, en lisant ce texte de Paul,  toutes les paraboles du Royaume que Jésus a enseignées qui nous montraient les petits débuts du Royaume mais aussi la splendeur de son accomplissement final : « l’arbre où tous les oiseaux viennent faire leur nid ! »

                Ce dessein divin, Dieu l’avait donné à l’homme dès le premier jour de la Création : c’est la lumière du premier jour. (Gn1/2) Mais l’homme n’a pu la recevoir puisqu’il a rompu avec Dieu. Aussi Jésus en donnant les paraboles – lumière cachée sur le dessein de Dieu – affirme qu’ « il révèle des choses cachées depuis les origines. » (Mt 13/35)

                Ce dessein se réalise dans l’histoire.

                Il doit s’affronter aux ténèbres, au péché et au refus des hommes : secrètement … «  Le Verbe était la Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. La lumière est venue dans le monde (avant l’incarnation dans le texte de St Jean) et brille dans les  ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. ». Le Christ rencontre l’opposition humaine et se trouve rejeté mis à mort. Et ce rejet devient pardon des hommes.

                Histoire aussi parce que les juifs ont été les premiers à attendre le Christ : c’est le « nous » des versets  11-12. Puis les païens ont été associés à la même promesse comme dit l’épitre aux Romains : ce sont les versets 13-14 de notre cantique.

                Concluons en retenant deux aspects pour notre vie chrétienne :

                1 – apprendre à penser et à situer tous les actes de notre vie dans ce dessein divin, loin de nos « politiques » mondaines, de nos logiques humaines, de nos intérêts. Tout voir et tout penser pour tout agir dans cette perspective qui donne sens et fécondité à notre vie.

                2 – Un refrain revient sans cette dans ce cantique : « à la louange de sa Gloire ». Franchement quand on nous voit vivre, est-ce si sûr que nous vivons « à la louange de la Gloire de Dieu » ?

  • Nul n'est prophète en son pays

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    Billet spirituel

                                        A propos de Marc 6/1-6

     

                      « Il vint dans sa patrie ». Voici donc Jésus à Nazareth pour quelques jours au milieu de sa famille et de son village. Le Sabbat, il est à la synagogue. La synagogue ? Une école pour étudier entre hommes la Parole de Dieu chaque jour au coucher du soleil ; étude commune pour échanger sur la Parole du seigneur avec les maîtres du passé et les hommes du village. «  Là où il y a quatre fils d’Israël, dit le proverbe, il y a cinq avis ! »Mieux connaître la Parole pour mieux la mettre en pratique. Une école de prière aussi, surtout le sabbat où se déroulent les trois offices. Une école… en lorrain, la synagogue se dit la « schoule » comme à Lunéville…La schoule… die schule en allemand, l’école. La communauté d’une synagogue n’est pas très nombreuse, tout le monde se connaît. Jésus revient chez lui : normalement, on lui donne la parole pour le commentaire des textes du jour… ce que tout homme sait faire depuis sa Bar Mitswa.

                      « Ils étaient choqués à son sujet. » : ils l’ont bien connu pendant trente ans, ils savant qu’i n’a pas étudié dans les écoles des grands rabbins de Jérusalem. Comme tout homme il a étudié à l’école de la synagogue[1], il sait lire, écrire, commenter l’Ecriture… Mais comme dit Marc un peu plus loin, Jésus parle « avec autorité ». Quand un israélite explique l’Ecriture, il se réfère à des autorités – tel ou tel rabbi célèbre, tel maître connu des contemporains -, il cite d’autres frères. Jésus lui, parle de lui-même : « Vous avez appris … mais moi, je vous dis :… » Ils admirent et en même tems doutent, sont choqués… « Il est l’artisan »… et non pas seulement le charpentier. Dans les évangiles, il y a plus de comparaisons avec la construction de maison qu’avec le charpente[2]. « Il est LE fils de Marie », Joseph est déjà mort… « UN frère de Jacques, José, Simon et Jude ». La Sœur Jeanne d’Arc commente : « Dans ce milieu d’ancienne polygamie qui donne plus d’importance au clan et à la tribu qu’à la famille étroite, le mot frère a un sens très large de cousins ou parents. D’ailleurs il n’existe pas de mot ni hébreu ni araméen pour dire « cousin ». Et Jacques et José ont une autre mère que la Vierge Marie puisqu’elle est nommée à la croix « Marie, mère de Jacques et de José » (Mt 27/56, MC 15/40) pour la différencier de Marie mère de Jésus et de Marie Madeleine. Ce qui est intéressant, c’est de noter que dans les Douze apôtres il est possible qu’il y ait des « cousins de Jésus » : Jacques dit le petit (le mineur), Simon et Jude… qui est sans doute le même que Thaddée de Marc 3/18. On lui donne son surnom pour ne pas le confondre avec l’autre Judas…

                      « Il est pour eux une occasion de chute ». Et Jésus confirme en avouant son échec : « un prophète n’est méprisé que dans son patrie, parmi ses proches et dans sa maison. ». La faiblesse du Christ qui n’impose rien mais propose et accepte donc le refus de l’homme. Il ne vient pas en puissance. Leur absence de confiance et de foi interdit tout miracle car la miracle n’est pas pour conduire à la foi mais pour répondre à la confiance totale exprimée par l »’homme dans sa foi en Jésus.

                      St Paul dans l’épitre du jour explicite ce fait capitale : « Ma puissance se déploie dans ta faiblesse » répond Dieu à Paul qui se plaint de sa faiblesse. D’où sa conviction : « Je me glorifierai de mes faiblesses pour la puissance du Christ établisse en moi sa demeure. » Le chrétien témoin n’a pas de puissance ; il est comme il est, fort et faible, avec des blessures et des défauts et des péchés… Mais habite en lui le Christ. Et c’est dans cette présence, que nous témoignons. Dieu habite ce disciple mais ne lui enlève pas ses défauts, ses blessures… il les lui laisse mais travaille, dans cette faiblesse, pour se faire connaître. Nous voulons aller à Dieu avec nos vertus et c’est avec nos faiblesses qu’il faut y aller pour que Dieu déploie en notre faiblesse sa puissance à Lui.



    [1] A l’époque de Jésus, 8 hommes sur 10 savent lire et écrire en Israël et 6/7 femmes sur 10.

    [2] Une seule mention : « pour quoi t’occuper du copeau qui est l’œil de ton frère sans voir la poutre qui est dans le tien. »