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Billet spirituel - Page 20

  • Méditation sur le Prologue de l’Evangile de St Jean JOUR DE NOEL

                Les deux prologues lus aujourd’hui, celui de l’épître aux Hébreux et celui de l’évangile de St Jean, se complètent admirablement pour conduire notre contemplation de ce matin de Noël. Hier soir et ce matin à l’aurore, nous étions attendris à la crèche, devant l’Evénement.La lumière divine brillait dans notre cœur et nous demandions qu’elle brille dans toute notre vie.

                Dans ces magnifiques poèmes lus à la messe du Jour, l’auteur des hébreux et l’apôtre St Jean nous introduisent dans l’intimité divine et nous montrent successivement l’action du Verbe de Dieu, son Incarnation et les bienfaits que nous en recevons, rien moins que la divinisation des enfants de Dieu.

     

                L’INTIMITE DIVINE. Le 1erverset du prologue de St Jean  nous conduit en Dieu, avant la Création; le Verbe, Dieu lui-même, est tourné vers le Père comme on est tourné et tendu vers sa Source. Et tout à la fin du prologue, au verset 18, St Jean nous montre le Verbe, tourné vers Dieu dans le sein du Père: à la fois proximité, intimité entre le Père et le Fils unique, intériorité totale. Comme le dit l’épître aux Hébreux, ce Fils est « resplendissement de la Gloire du Père, expression parfaite de son être. »Pour nous introduire dans une telle intimité, St Jean emploie deux images complémentaires: Dieu est présenté comme l’Intelligence qui conçoit un Verbe et comme un Père qui engendre un Fils.  « Un Verbe ne fait pas un être distinct de l’esprit qui le conçoit et le fils est une personne distincte du père qui l’engendre. En Dieu, le Verbe est son Fils: dualité des personnes dans l’unité de leur nature »(Sœur Jeanne d’Arc dans son commentaire de St Jean en grec, p.6)

     

                L’ACTION DU VERBE DE DIEU. Elle est triple dans le prologue johannique. Le Verbe est CREATEUR ET ORGANISATEUR DU COSMOS. St Jean écrit: « Tout fut fait par Lui et sans lui rien ne fut... En Lui était la Vie. »  Et l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit: « Ce fils porte toutes choses par sa parole puissante... Par Lui, il a créé les mondes »La Genèse déjà nous montrait Dieu créant par sa Parole. Cette Parole, nous enseigne le livre de la Sagesse, tient toutes choses, fait tenir ensemble tout le cosmos, en fait justement un cosmos c’est-à-dire un monde organisé et intelligible!

    Le Verbe est ILLUMINATEUR DE L’INTELLIGENCE DE L’HOMME. Il vient dans le monde et en venant, « Il éclaire tout homme. »Ainsi tout au long des générations, le Verbe vient à la rencontre de tout homme. Comme St Paul l’écrit dans l’épître aux Romains: « Depuis la création du monde, Dieu se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres. » (Romains 1/19). Aucun homme n’est abandonné; secrètement, le Verbe vient à sa rencontre pour le conduire à la révélation plénière de Dieu, s’il est accueilli ! Et Jean note que malheureusement, il n’est pas accueilli, sauf pour quelques-uns qui « deviennent enfants de Dieu »

    Le Verbe enfin est L’EDUCATEUR DES JUIFS. Il est venu chez les siens; les « siens », son peuple choisi, élu depuis Abraham, les siens formés par les prophètes, les sages et les hommes de Dieu. Et là encore St Jean note avec tristesse « et les siens ne l’ont pas accueilli ».

     

                ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR.Ce Verbe, Fils du Père, Créateur et organisateur du cosmos, venant à la rencontre secrète de tout homme pour l’éclairer, s’adressant au peuple élu, ce Verbe devient un homme fragile, assume une chair humaine, mortelle; il devient humble créature. L’annonce est inouïe: l’Eternel dans le temps, le Créateur devenu créature; l’Inaccessible trois fois saint langé dans une crèche! Et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour voir la Gloire de Dieu dans l’humble humanité de Jésus; et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour se laisser éclairer par le climat paisible et extraordinaire de l’Evangile « plein de grâce et de vérité ». « Plein de grâce et de vérité, » comment mieux caractériser le climat de l’Evangile ?

     

                ET DE LUI NOUS AVONS TOUT RECU. Sa plénitude a débordé jusqu’à nous. Nous avons reçu la grâce et la vérité. Et désormais nous ne pouvons plus vivre autrement que dans le désir de vivre « plein de grâce et de vérité ».Ce n’est plus la Loi de Moïse qui nous conduit à Dieu: c’est la grâce et la vérité données par Jésus.Et nous avons reçu grâce sur grâce: abondance de grâce, variété infinie du don gracieux de Dieu, adaptable à toute situation, sans jamais épuiser ce don de Dieu. Comme Marie, nous sommes appelés à vivre totalement « dans la grâce et la vérité ».

    Et nous avons CONNU DIEU.

    St Jean commence par affirmer: « Nul n’a jamais vu  Dieu » Toute l’Ecriture en témoigne: l’homme ne peut voir Dieu. Toutes religions cherchent Dieu à  tâtons, tout homme cherche Dieu à tâtons car le désir de Dieu est naturel. Mais avec la naissance du Verbe dans la chair, Dieu vient au-devant de l’homme ! Le Verbe incarné vient faire connaître Dieu, il s’en fait « l’exégète » comme dit St Jean, « l’interprète » ! Et c’est le sommet: connaître Dieu ! C’est la vie éternelle. Jésus le déclare : « Telle est la vie éternelle, c’est qu’Ils te connaissant, Toi le Seul Vrai Dieu et Celui que Tu as envoyé, Jésus le Messie »(St Jean 17/3) Connaître, pour la Bible, c’est tout à la fois connaître par l’intelligence mais aussi contempler, établir une relation, vénérer et aimer. Dieu est désormais connu dans tous les sens du terme ! Et seulement par le Fils unique incarné. Et cette connaissance de Dieu est la Vie et la plénitude de l’homme !

     

                C’est ainsi que ces prologues décrivent la splendide manifestation de Dieu depuis la création jusqu’au sommet de l’Incarnation. C’est ainsi que l’intimité divine nous est montrée; c’est ainsi que l’intimité divine nous est OFFERTE. Le Fils récapitule tout en lui et nous donne de DEVENIR ENFANTS DE DIEU. Certes, ce que nous sommes n’est pas encore manifesté: mais nous le sommes vraiment. Puissions-nous nous réjouir dès maintenant dans cette connaissance de Dieu en attendant le Royaume « où nous connaîtrons comme nous sommes connus »comme dit le même St Jean dans sa première épitre. Amen.

  • Sermon de Noël 2018 messe de l’Aurore

                St Jean écrit voulant nous faire partager une joie de son cœur reçue du Christ lui-même : « Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. »[1]Mais St Paul nous avertit : « Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui qui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.[2] »

                Et pourtant, St Jean invite chaque croyant  à marcher dans la lumière pour être en communion avec Dieu et avec les frères : « Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. »[3]  Comment faire ? La liturgie de Noël nous répond magnifiquement par les oraisons des 3 messes de Noël :

                A la messe de la Nuit : « Seigneur tu as fait resplendir cette nuit très sainte des clartés de la vraie lumière : de grâce, accorde-nous, qu’illuminés dès ici bas par la révélation de ce mystère, nous goûtions dans le ciel la plénitude de sa joie... »(déjà à la messe de la nuit du temps de St Augustin 4ème/5èmesiècles)

                A la messe de l’Aurore : « Dieu tout-puissant en ton Verbe fait chair, une lumière nouvelle nous envahit : puisqu’elle éclaire déjà nos cœurs par la foi, fais qu’elle resplendisse dans toute notre vie... » (tirée d’un recueil d’oraisons du 6èmesiècle appelé l’Hadrianum, 8èmesiècle)

             A la messe du Jour : « Père toi qui a merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité. »(tirée du recueil d’oraison du sacramentaire de Vérone 6èmesiècle)

     

                Au cœur de la nuit de Noël,surgit la lumière véritable : la Lumière divine inaccessible s’approche des hommes dans la naissance du Fils qui est « lumière pour les hommes ». Ce qui est attendu de nous, c’est de Croire qu’en Jésus, Verbe Incarné, la Lumière divine nous est donnée.

                Dans les premières heures de l’aurore : nous sommes venus à na crèche avec les bergers, un chantier s’ouvre à nous : la lumière est dans nos cœurs par la foi,… elle doit rayonner maintenant dans toute notre vie…en fidélité avec la Lumière crue et reçue.

                Au matin du jour, le mystère est dévoilé dans toute son ampleur : il ne s’agit pas seulement de nous laisser illuminer, il nous est révélé que nous sommes appelés à devenir participant de cette Lumière divine,« participant de la nature divine »[4]comme dit St Pierre, appelés à être divinisés.

                D’où la célèbre parole des pères de l’Eglise sans cesse répétée à l’Orient comme à l’Occident, ici en St Augustin au 5èmesiècle en Afrique : « Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.

 Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps… Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. …Tu aurais péri, s’il n’était pas venu.

 »  Et il ajoutait affirmant le plus beau de cette fête : « Célébrons donc ce jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref.  En ce jour de grâce, réjouissons-nous : … Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d’homme et, en retour, il transforme des fils d’hommes en fils de Dieu ?

 »

     

     

     

    [1]1èrede St Jean 1/5

    [2]1èreà Timothée 6/16

    [3]1èreJean 1/7

    [4]2èmeépitre de St Pierre 1/4

  • Sermon de Noël 2018, messe de la Nuit.

    062d0a8ed0adf0b8176fb411cbab7b2c.jpg            Nous venons d’entendre une nouvelle fois le merveilleux récitde la naissance de Jésus selon l’évangéliste St Luc : « Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car ce n’était pas une place pour eux dans la salle commune. » (2/7)

                Une réalité inouïe que les anges annoncent aux bergers.

                Une réalité impensée, Un Dieu qui se fait homme ! Qui aurait osé penser cela ? Le prophète Isaïe nous avait prévenus. Ecoutons : « Maintenant, je te fais entendre des choses nouvelles, secrètes, inconnues de toi…
Eh bien non, tu n’avais rien entendu de pareil, non, tu ne savais rien de pareil, non. » 48/7-8 et St Paul lui-même écrit dans la première épître aux Corinthiens faisant écho à Iaïe : « nous parlons du Christ et de la sagesse du mystère de Dieu… et ce que nous proclamons, nous, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. »(1 Co. 2/7-9)

                Qui aurait pensé ce que nous vivons ce soir, à Noël, parmi les hommes même religieux, pieux de toutes les religions, surtout religieux…

                Le Dieu l’Eternel entre dans le temps des créatures

                Le Dieu Invisible se fait voir et toucher dans un enfant

                Le Dieu Infini se montre dans ce petit bébé emmaillotté !

                Le Dieu Grand  s’humilie en devenant ce bébé par amour pour les hommes

                Le Dieu Père qui donne son Fils et son Esprit Saint pour que les hommes qui le veulent puissent devenir ses enfants bien aimés, Dieu par participation.Nous venons de le chanter : « Par un échange admirable, le Verbe a pris chair de Marie et Il nous fait participer de sa divinité par la puissance de l’Esprit »

     

    Tout cela pourrait paraître une belle histoire de Noël, un de ces contesqu’on aime à raconter dans ce temps béni… Mais qui ne sont QUE des contes ! … avec leur magie enfantine certes… mais qui n’ont rien de réel. Ils sont bons pour un soir.

                Je ne vous raconte pas un conte ce soir !

                Ce bébé qui vient de naître va grandir comme un enfant juif dans son village de  Nazareth, caché de tous, apparemment banal, simple, effacé.

                Il deviendra un adulte mûr, paisible et ferme à la fois, clair et net dans ses propos, maître de sagesse qui prendra la parole et montrera les conditions nécessaires pour une vraie fraternité humaine : il parlera du Père commun– son Père – et parlant du Dieu Père, il pourra être le frère de tous, soulageant toute douleur et toute misère avec compassion. Il osera rappeler la dignité de la vie humaine et du cœur humain et montrer les exigences d’une telle vocation humaine.

                Non ce n’est pas un conte que je vous raconte ce soir !

    Car cet homme si fraternel, si humble et doux, ses contemporains le rejetteront, surtout le chefs et les responsables religieux. On l’exclura du peuple, on le rejettera, on le mettra à mort avec acharnement. Rappeler aux hommes les exigences de la foi et de la fidélité du CŒURà Dieu, les exigences d’une vie fraternelle RÉELLE, lui vaudra le mépris, la souffrance et la mort.

    Et pourtant tout le monde goûte la fraternité, la justice, le respect mutuel, du moins tout le monde en parle avec des sanglots dans la voix ! Et Dieu sait si on nous en parle de la fraternité ! dans les journaux et les discours !!

                Mais en réalité… en réalité, chez nous,  l’attrait du pouvoir, de l’argent, de la possession sous toutes ses formes, l’envie… habitent leur cœur des hommes et le tuent peu à peu.  Enfoui dans l’envie, le cœur humain meurt, l’argent tue le cœur des pauvres qui envient les riches et l’argent sclérose jusqu’à la mort, le cœur des riches qui ont tout.

                Tant que la fraternité est un conte, une belle histoire qui émeut, un thème de discours, une évocation qui dorlote un soir de Noël, au coin du feu ou après une bonne bouteille, cela plaît. Cela berce.

    Mais quand il s’agit de la vivre !... il n’y a plus personne. Il n’y a plus que les intérêts personnels ou particuliers à des groupes.

                Noël qui nous dit cette extraordinaire Bonne Nouvelle de notre filiation divine et de notre fraternité humaine nous dit AUSSI notre cœur blessé de tout homme.Avoir tué Jésus le Juste, le Bon, le Vrai – « je suis le chemin la vérité et la vie » avait-il dit – avoir tué Jésus a révélé l’ampleur de la blessure du cœur de tout homme. Le rejet du Père commun qui se donnait dans le Fils et nous faisait frères, nous a laissés individus sans amour fraternel et dans la tristesse de n’avoir pas assez ou trop !... peut-être beaucoup trop.

                Noël n’est pas un conte.

                Noël nous revoie à notre véritable histoire, à notre ÂME, au meilleur de nous-mêmes, à notre dignité humaine, tout cela souvent enfoui, englouti dans la consommation et la fausse idée que des choses peuvent nous combleret que si nous nous sentons  insatisfaits, c’est que nous avons pas assez de choses à notre portée ! NOËL NOUS RAPPELLE QUE L’HOMME N’EST PAS FAIT POUR LES CHOSES MAIS POUR DIEU ET POUR LE CŒUR DES AUTRES.

    Et Dieu a tout risqué pour NOUS le dire, nous le redire et nous aider à en sortir, nous les adultes.

    Et Dieu a tout risqué pour redire cela aux ENFANTS qui croulerontce soir sous les cadeaux dont beaucoup sont inutiles, fruits de la vanité et seront délaissés ou revendus demain.

    Frères et sœurs, cessons de nous enfouir dans le périssable, levons la tête ! Nous valons bien plus que d’être des consommateurs pour faire marcher le business.

    C’est le cadeau de Noël de nous le redire chaque année… et il faut être Dieu pour avoir une telle patience avec nous. Saurons-nous saisir notre chance cette année ? Amen 

  • 1er dimanche de l’Avent C

                En cette année liturgique qui s’ouvre, nous commençons la lecture suivie de l’Evangile de St Luc… et nous commençons par la fin ! Nous venons de lire un extrait du discours de Jésus sur la fin des temps. Après une description du siège de Jérusalem par les troupes romaines et des conseils de fuite que els chrétiens ont d’ailleurs parfaitement suivies, Jésus parle de sa Venue dans la Gloire, de son Avènement glorieux, de son Avent (Adventum contracté).

                Le même événement que celui évoqué par Saint Marc dimanche dernier. Même si nous allons comme chaque année liturgique repasser en nos mémoires et revivre tous les mystères du Seigneur, notre conception chrétienne du temps n’est pas cyclique : au contraire elle est directionnelle si je puis dire, tout tendue vers la Venue glorieuse du Seigneur,accomplissement du salut réalisé totalement dans le Christ pascal et encore à venir en l’humanité appelée à devenir son Corps glorieux. Notre cœur, noter esprit est tendu – spirituellement bien sûr, par désir et non psychologiquement – vers cette Venue du Seigneur qui comblera notre attente.

                Toute la liturgie de la messe est marquée par cette attente désirée de la Venue glorieuse de Jésus :nous buvons le « Vin du Royaume » comme dit l’offertoire ; « nous attendons sa venue glorieuse » comme nous le chantons après la consécration ; nous « espérons le bonheur promis et l’Avènement de Jésus Christ notre Sauveur » ainsi que le demande la prière qui suit le Notre Père qui lui-même a exprimé cette prière : « Que ton Règne vienne ! »

                Cette attente joyeuse de la Venue de Jésus dans la Gloire repose  sur sa venue parmi nous, il y a 2000 ans, à Bethléem : Le Fils de Dieu, l’Eternel a assumé une nature humaine en la personne de Jésus de Nazareth, Vrai Dieu et Vrai homme sans mélange ni séparation comme du Chalcédoine. Cette union si intime de Dieu et de l’homme est pour l’éternité. Devenu homme, consubstantiel à nous, Jésus n’a pas cessé d’être Dieu ; glorifié auprès du Père, il demeure avec nous, attendant de nous unir à Lui dans la Gloire pour l’Eternité. Son union éternelle à nous nous assure de sa venue pour que nous soyons toujours avec Lui.

                En attendant, le Seigneur ne cesse de venir dans le secret.

    Il vient dans chaque Eucharistie et il  naît et demeure dans le fond du cœur de chaque croyant. Il demeure dans le Corps des chrétiens unis, - l’Eglise - aujourd’hui sur terre, Présence du Ressuscité au milieu des hommes Il visite secrètement tous les hommes, les sollicite à penser et à faire le bien, « Il éclaire tout homme en venant dans le monde »dit St Jean ; accueilli par les uns, « il leur donne de devenir enfants de Dieu », rejeté par d’autres « et les siens ne l’ont pas reçu » dit le même  St Jean. Mais Dieu en se lasse pas de venir et de frapper à la porte des cœurs.

  • SERMON DE LA FÊTE DU CHRIST ROI 2018 (année B)

    En cette magnifique fête du Christ Roi, je voudrais contempler avec le Christ tel que l‘Apocalypse nous le montre, nous le fait rencontrer ce matin. Nous sommes devant Lui…

    « À vous, la grâce et la paix, de la part de JÉSUS CHRIST,

                le témoin fidèle : fidèle à la mission confiée par le Père, fidèle sur els routes de Palestine comme sur la Croix

                le premier-né des morts, 
c’est sa victoire sur la mort. La Croix ouvre sur la Résurrection et Jésus est le premier né, le premier mort qui vit en Dieu pour toujours.

                le prince des rois de la terre, c’est son Ascension, c’est-à-dire son exaltation, « tous les rois le serviront » dit le psaume. Et l’ayant reçu, l’ayant accueilli au milieu de nous, assemblée du Christ, nous le louons… avec une très belle doxologie :

     

                À lui qui nous aime,
 au présent… il nous aime aujourd’hui, maintenant comme toujours, infiniment comme un fils de Dieu peut le faire, il nous prend dans son amour divin. C’est le seul endroit du Nouveau Testament où on nous le dit !

                qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,
 au passé, c’est fait, le mystère de Pâques est totalement et parfaitement accompli même si ce salut doit gagner tous les cœurs humains. Nous sommes entre le « Déjà là » de la victoire salvifique du Christ et le « Pas encore » de son accomplissement… même si aujourd’hui comme à toute messe, ce Royaume accompli  vient à nous et nous y vivons durant la messe.  

                qui a fait de nous un royaume
et des prêtres pour son Dieu et Père,
 j’y reviendrai un peu plus loin.

                à lui, la gloire et la souveraineté
pour les siècles des siècles. Amen.
  

     

    Puis tout à coup, St Jean tourne nos regards non plus seulement vers le Christ là au milieu de nous mais vers le Christ Glorieux qui vient à la fin de temps ! C’est le même… mais le même dans la Gloire finale ! comme personne ne l’a encore vu !

     

                Voici qu’il vient avec les nuées,
tout œil le verra,« Venir sur les nuées » Daniel nous en a parlé dans la première lecture de ce jour. Daniel parle du « Fils de l’homme », titre que Jésus s’est attribué (110 fois dans les Evangiles), qu’il a aimé et sur lequel il a  été condamné… Et cette venue n’est pas que pour els croyants ; elle est pour tous ! « Tout oeil le verra »

                
ils le verront, ceux qui l’ont transpercé Répétition de cette vision de tous les hommes, eux qui l’ont transpercé par le mal qu’ils ont fait. C’est une prophétie de Zacharie… comme le texte  qui suit et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre.

                
Oui ! Amen !

                Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
1èreet dernière lettre de l’alphabet grec. Jésus est au commencement et à la fin de        l’histoire : tout vient de Lui tout est pour Lui. Il est le Créateur, le Sauveur, le Récapitulateur de tout à la fin des temps, c’est le même qui crée, sauve, accompagne l’histoire de tout homme, et ressaisit en Lui tout, création matérielle et humaine. Notre cierge pascal porte tous ces titres sur lui-même : croix, clous, alpha et oméga, humble date de l’année, celle de l‘attente de la venue glorieuse.

                Celui qui est, qui était et qui vient,
le Christ s’applique la révélation du Nom de Dieu au Buisson ardent, « Qui est, était et qui VIENT » moins statique, actif, Dieu intervient, vraiment lui-même, dans la vie des hommes, c’est l’incarnation qui est évoquée.

                le Souverain de l’univers. »Le Pantocrator, l’icône que vous avez sans cesse sous le yeux, à l’Est, là où le soleil chaque matin annonce cette venue

    du Seigneur à la fin des temps.

     

    J’ai encore à ajouter une chose : ce Dessein divin si bien montré par St Jean  nous le VIVONS à chaque eucharistie.

    Et je le fais en citant le Pape St Jean Paul II dans l’encyclique que nous allons étudier toute cette année :

    Le Pape écrit au n° 8 :

    « Quand je pense à l'Eucharistie, tout en regardant ma vie de prêtre, d'évêque, de Successeur de Pierre, je me rappelle spontanément les nombreux moments et lieux où il m'a été donné de la célébrer. Je me souviens de l'église paroissiale de Niegowić, où j'ai exercé ma première charge pastorale, de la collégiale Saint-Florian à Cracovie, de la cathédrale du Wawel, de la basilique Saint-Pierre et des nombreuses basiliques et églises de Rome et du monde entier. J'ai pu célébrer la Messe dans des chapelles situées sur des sentiers de montagne, au bord des lacs, sur les rives de la mer; je l'ai célébrée sur des autels bâtis dans les stades, sur les places des villes...

    Ces cadres si divers de mes Célébrations eucharistiques me font fortement ressentir leur caractère universel et pour ainsi dire COSMIQUE.OUI, COSMIQUE !  Car, même lorsqu'elle est célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde.

    Elle est un lien entre le ciel et la terre.

    Elle englobe et elle imprègne toute la création.

    Le Fils de Dieu s'est fait homme pour restituer toute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l'a tirée du néant. C'est ainsi que lui, le prêtre souverain et éternel, entrant grâce au sang de sa Croix dans le sanctuaire éternel, restitue toute la création rachetée au Créateur et Père.

    Il le fait par le ministère sacerdotal de l'Église, à la gloire de la Trinité sainte. »

                Qu’est-ce que le « ministère sacerdotal de l’Eglise » ?

                C’est le sacerdoce baptismal que nous avons tous reçu au baptême : St Jean disait : « Jésusa fait de nous un royaume
et des prêtres pour son Dieu et Père. »INCORPORÉ AU CHRIST PAR LE BAPTÊME NOUS SOMMES TOUS INCORPORÉS AU CHRIST PRÊTRE.

                Quand exerçons-nous ce sacerdoce ? Surtout à la messe… à l’offertoire en apportant avec le pain et le vin toute votre vie, vous efforts pour la paix, la vie évangélique, le bien que vous avez reçu d’autres… Et au « Par Lui avec Lui »… où nous nous offrons tous au Père avec le Christ, tout nous-mêmes, corps, esprit, affectivité, volonté, désir …

                On comprend alors la finale du pape Jean Paul II au n° 8 :

    « C'est vraiment là lemysterium fidei (mystère de la foi)qui se réalise dans l'Eucharistie: LE MONDE, SORTI DES MAINS DE DIEU CRÉATEUR, RETOURNE À LUI APRÈS AVOIR ÉTÉ RACHETÉ PAR LE CHRIST. »

  • Charles de Habsbourg-Lorraine, homme de paix.

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    Je voudrais très rapidement expliquer pourquoi cette icône du Bienheureux Charles de Habsbourg Lorraine a toute sa place dans cette église Notre Dame de Bonsecours aux côtés des prières et vœux des 14 paroisses de Nancy et du vœu fait le 14 septembre 1914, par Général de Castelnau défenseur de Nancy. Mais aussi des prières très nombreuses qui s’élevèrent dans cette église de Bonsecours pour la Paix, l’arrêt de la guerre et dont témoignent dans le cloître de cette église plus de 600 ex votos. Au commencement de la guerre, puis durant la bataille de Verdun puis au cours de l’année 1918 « pour que cesse la guerre »,des milliers de nancéiens sont venus ici pour prier.

    Charles de Habsbourg Lorraine devint empereur le 21 novembre 1916. Sa visite sur le front et la situation des populations civiles, son attachement pour son peuple joint à un sens aigu de son devoir de souverain, lui firent tout de suite une obligation de chercher par tous les moyens à mettre fin à une guerre qui n’avait que trop duré. : « il faut arrêter cette boucherie »avait –il déclaré au retour du front, « il faut tout de suite arrêter cette guerre. »redisait-il en mars 1917.

    Il tenta, vainement, de s’opposer au projet de l’Allemagne d’engager une guerre sous-marine à outrance en disant «   C’est affreux  ! L’Allemagne sous-estime l’Amérique et surestime ses propres forces. Berlin est frappé de cécité et nous précipitera dans l’abîme   ».De même, jugea-t-il insensé l’appui que le quartier général du Kaiser accorda à Lénine en avril 1917, le faisant passer de Suisse en Russie, à seule fin d’y allumer sa révolution.

    Mais dans la pratique l’empereur était dépourvu de moyens de faire pression sur les belligérants… jusqu’au jour où il décida d’ouvrir des discussions secrètes directes avec l’Entente, c’est-à-dire avec la France et l’Angleterre, en vue de conclure la paix, entre soldats et dans l’honneur. Il exauçait ainsi tous les vœux et les 27 entreprises du Pape Benoît XV pour faire arrêter la guerre.

       L’empereur décida d’intervenir par l’entremise de la famille de sa femme, les Bourbon Parme. Après un bon début des négociations secrètes au début de 1917 surtout avec l’Angleterre, tout se heurta au refus des Français, d’Alexandre Ribot chef du gouvernement succédant à Briand en mars 1917; le refus fut relayé ensuite par Clémenceau chef du gouvernement à partir du 12 novembre 1917 qui sur se montrer arrogant et destructeur de l’empire austro-hongrois.

       La guerre de ce fait,  dura encore une grande année. Charles 1erfut contraint à l’exil sans bien, ni aide, à Madère où il mourut de faiblesse, de froid et de faim à 34 ans, le 1eravril 1922 laissant une veuve et huit enfants.

       Cet« ami de la Paix » comme l’appela St Jean Paul II à sa béatification, ce disciple de Christ qui subit comme son maître l’humiliation et le rejet injuste a toute sa place dans notre église et offre son exemple et son intercession à tous les fidèles qui le prieront ici.

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  • Impétuosité spirituelle…

    Voici comment un chrétien araméen de la région d’Edesse exprimait sa joie d’aller vers le Christ, Dieu fait chair. Allons-nous à l’eucharistie dominicale où le Verbe fait chair se donne à ses frères et sœurs avec le même « impétuosité » … le même « élan », le même émerveillement.

    Je vous souhaite à tous de vivre ainsi votre encontre dominicale…

    « Telle l'impétuosité de la colère contre l'impiété,

    l'impétuosité de la joie vers l'objet aimé

    Ma joie, c'est le Seigneur,

    et mon élan se porte vers lui.

    Belle est ma route vers le Seigneur,

    car il est mon soutien.

    Il s'est fait connaître à moi dans sa simplicité

    sa bienveillance a rapetissé sa grandeur,

    Il s'est fait semblable à moi pour que je le reçoive,

    Il s'est fait semblable à moi pour que je le revête.

    Je n'ai pas été effrayé en le voyant,

    car il est ma miséricorde.

    Il a pris ma nature pour que je le comprenne,

    et ma figure pour que je ne me détourne pas de lui. »

     

    (Odes de Salomon 7)

     

    De la part de votre curé en ce début d’année eucharistique dans nos paroisses de Nancy.

  • L'eucharistique est au centre de la vie de disciple

     

     

    20èmedimanche dans le temps B

                Nous venons d’entendre Jésus déclarer avec force : « Amen, amen, je vous le dis :  si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme,  et si vous ne buvez pas son sang,  vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang  a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »L’enseignement est clair : la manducation eucharistique est au centre de la vie de disciple du Christcomme accueil en nous de la Vie divine –éternelle – et comme gage de notre résurrection. Un peu plus loin Jésus insiste : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

                Je ne suis pas sûr que les catholiques français soient tout à fait convaincus de cette centralité de l’eucharistie, eux qui pratiquent si peu ! Il n’y a pas encore si longtemps qu’on expliquait que l’eucharistie n’était pas « obligatoire » et qu’on pouvait être chrétien sans y participer : il fallait seulement faire du bien.

                Car le fond de l’affaire est le suivant : on a fait du christianisme une morale, rigoriste personnelle pour les traditionnalistes, socialiste et collective pour les progressistes. Mais c’est toujours de la morale.Que de fois entend-on des parents expliquer qu’ils font baptiser leur enfant pour lui inculquer des « valeurs : tolérance, paix, amour … »

     

                Et cela vient de loin :de la seconde moitié du 19èmesiècle, en Allemagne ou en Angleterre dans les pays protestants : on a voulu faire une présentation « rationaliste » de la foi c’est-à-dire enlever du contenu tout ce que la raison scientifique ne pouvait tolérer : miracles, résurrection, eucharistie, divinité du Christ, résurrection finale … Que reste-t-il ? Un Jésus moral et moraliste. Ainsi Dieu existe, il nous veut moraux et il nous récompense à la fin. Voilà le credo qui reste.

                C’est la« Vie du Christ »de Strauss en Allemagne[1], c’est la réplique française d’Ernest Renan[2]et la déferlante libérale rationaliste qui envahit l’exégèse (= l’explication des textes bibliques. Exemple : dans une récente prédication télévisée sur la multiplication des pains, il fut expliqué que le miracle était que les gens avaient sorti de leur poche, le pique nique qu’ils avaient préparé par avance !)

                Le christianisme est devenu une morale. Cela nous rapproche du questionnement des juifs au commencement du chapitre 6 de St Jean : « Que devons-nous faire pour travailler aux  œuvres de Dieu ? » Jésus répond : « l’œuvre de Dieu(au singulier !), c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

    Ce que Jésus réclame, c’est la foi parce que le christianisme n’est pas une morale, même pas d’abord une doctrine, mais une foi, une adhésion au Christ envoyé du Père ; être chrétien, c’est être une seule chair avec le Christ, un seul être avec lui.

     

                Au milieu de ce siècle rationaliste qui a contaminé profondément la foi des chrétiens – le modernisme de Loisy en France au début du 20èmesiècle et l’exégèse rationaliste -, c’est la lutte de l’Eglise contre cette redoutable déviance qui pour un croyant, fait prévaloir la raison dans sa réduction scientifique, sur la foi ! C’est la réaction par la contrainte des serments, c’est la réaction de grands théologiens – protestants comme catholiques - contre cette déviance, des moines comme Dom Chautard de Sept Fons avec son livre « L’âme de tout apostolat », comme ceux qui réfléchissaient sur la liturgie comme Dom Odon Casel ou Dom Lambert Beauduin… le renouveau patristique d’après guerre…

                Le Concile Vatican II est à la fois l’aboutissement de cette vivante rechercheet une présentation nouvelle de la vraie foi,présentation toute centrée sur la source des sacrements et surtout de l’eucharistie qui est déclarée « source et sommet » de l’être et de la vie de l’Eglise, de sa mission, de la vie des prêtres et des chrétiens…

                On est loin de la pensée commune dans notre pays d’une foi devenue pure morale… et d’une morale qu’on peut acquérir par soi-même d’où le baptême suivi de rien d’autre ! On est loin de vivre cela dans nos paroisses !! Vatican II n’a pas été vraiment reçu chez nous.

                D’où notre année eucharistique entre nos paroisses du Centre ville dont nous reparlerons bientôt, pour retrouver le centre de notre vie chrétienne et savourer la joie de la vivre chaque semaine.

                Une dernière remarque : chers frère set sœurs, il y a parmi vous de retraités… je ne dirai pas qu’ils n’ont rien à faire… je sais la garde des petits enfants et les voyages familiaux. Mais malgré tout, je reste stupéfait de vous voir si peu aux messes de semaines ! Vous ne ferez pas croire que vous n’avez pas le temps… une fois ?? Venir la semaine, c’est du « gratuit » qui montre qu’on sort de l’obligation dominicale (quelle horreur !)… qu’on veut davantage s’approcher du Seigneur…

     

    [1]Parue en 1835  et traduite aussitôt par une force du rationalisme français Emile Littré en 1839 ! pour le 1ervolume et 1853 pour le 2ème.

    [2]Vie de Jésus1863

  • Le Royaume de Dieu

    Billet spirituel.                                                                                  11èmedimanche dans le temps. B

                Le « Royaume des cieux ou de Dieu » voilà bien une expression propre à Jésus dans sa prédication… 157 fois dans les Evangiles.

                Le Royaume de Dieu « n’est pas de ce monde »[1],c’est dans le cœur des hommes que cette royauté s’exerce. Le projet divin en créant l’humanité – « son merveilleux dessein »[2]comme dit St Paul – c’est de « récapituler tout dans le Christ »,créer une seule humanité et l’unir à Lui dans la communion divine et la vie éternelle. Pour dire autrement, Dieu crée l’humanité pour en faire une Eglise, dont l’Eglise de la terre en est le commencement : quand sur la place St Pierre, on vous annonce qu’il y a présentes 115 nationalités différentes, on mesure là que cette humanité une est commencée dans l’Eglise du Christ par le Christ et son Esprit. St Paul résume cette vision grandiose en 4 mots : « Dieu tout en tous ».[3]

                Ce dessein divin avait été donné à l’homme au 1erjour de création : c’est la lumière qui « fut » créée[4]… et retirée, perdue pour l’homme, quand il n’a pas voulu entrer dans cette Alliance. Seuls quelques-uns connurent ce dessein : Abraham, Moïse, les prophètes… les justes, puisqu’il est écrit dans le Psaume 96 : « Une lumière est  semée pour le juste ». St Paul a bien raison quand il écrit aux Corinthiens, extrait que nous lisions à l’instant : « nous cheminons dans la foie et non dans la claire vision ».[5]

                Jésus explique, à la fin du discours des paraboles, qu’il révèle « des choses cachées depuis les origines »[6]…ce dessein divin donc, ce mystérieux royaume de Dieu.

                Deux petites paraboles ce dimanche :

                La première insiste sur la certitude de la réalisation de ce dessein divin qui s’opère dans le secret de la terre de l’histoire – comme la petite gaine semée – qui pousse, que le cultivateur dorme ou soit éveillé, par la seule force de Dieu – « tu ne sais comment » - et qui aboutit à la moisson fructueuse. Certes, il faut semer le grain, c’est notre tâche de croyants. Le reste c’est « Dieu qui donne la croissance. »[7]

                La seconde parabole insiste sur la disproportion entre la petitesse de la graine semée – la moutarde – et le résultat final « un grand arbre où tous les oiseaux du ciel viennent y faire leur nid »[8].Jésus est très optimiste et même « un peu de Marseille » comme on dit,  en exagérant la grandeur de cette plante : mais c’est pour montrer la belle réussite divine et son ampleur.

                Même si à certains moments nous croyons voir le Mal vainqueur, Jésus nous détourne de cette vision par un acte de foi en la réussite divine que nous ne voyons pas encore mais qui est certaine depuis que la Croix est victorieuse dans la Résurrection de Jésus.

     

    [1]St Jean 19/36

    [2]Ephésiens 1/9-10

    [3]1 Co. 15/28

    [4]Genèse 1/2

    [5]2 Co. 5/6

    [6]Mt 13/31-35

    [7]1 Co. 3/2

    [8]St Marc  4/26-34

  • Sermon de la Vigile pascale 2018

    1 – quel Evangile déroutant… 8

             Les femmes n’ont l’air d’avoir pour grande préoccupation que l’enlèvement de la pierre du tombeau… comme d’ailleurs autrefois Rachel se demandait qui lui enlèverait la pierre qui était grande et qui fermait le puits. Le commentaire des rabbins disaient : « le patriarche Jacob revêtu d’une rosée de résurrection avait pu lui tout seul déplacer la pierre. » Vous avez entendu « une rosée de résurrection » ! Quelle magnifique formule ! Elle conviendrait bien à notre Jacob – il y a ici plus que Jacob – le Christ Ressucité.

             Et après le message de l’ange, elles s’enfuient et ne disent rien !

             Pourquoi ? Personne n’attendait la résurrection maintenant. Pour la fin des temps oui ! et pour tous… Mais pour un tout seul ? Tout est si neuf, inattendu, impensable, incompréhensible… Les apôtres eux mêmes comme les saintes femmes, durent voir, entendre, toucher, palper même comme dit Jésus, embrasser, manger avec lui comme dit Pierre…pour devenir croyants. La résurrection est si charnelle !! Tout passe par les sens qu’il faut en même temps dépasser… « Ne me retiens pas ! »

    2 – Mais pourquoi St Marc arrête-t-il brutalement son évangile comme cela ? Nous savons bien que la suite des quelques versets n’est pas de lui. Pourquoi ne rien montrer des manifestations de Jésus ? Une belle hypothèse : cet évangile était lu en entier aux futurs baptisés avant leur baptême. Tout s’arrêtait brutalement : ils étaient conduits à la piscine baptismale, vivaient leur baptême puis habillés de blanc et un cierge à la main, ils entraient dans l’église et là, le signe magnifique de la Résurrection de Jésus leur était donné : l’EGLISE, l’Eglise de Jésus assemblée elle est qui est née de la Pâque du Seigneur. Cette Assemblée sainte de l’Eglise, c’est le peuple de Dieu le Père, c’est le Corps du Christ ressuscité selon le témoignage même de Jésus qui dit à Paul sur le chemin de Damas, qui dit au persécuteur des chrétiens : Pourquoi ME persécutes-tu ? Toucher au chrétien c’est toucher au Christ. Cette Eglise enfin est le temple de l’Esprit Saint.

             Voilà le Ressuscité Total si je puis dire, le Christ-Eglise, le Christ total dont parle St Augustin. La rencontrer cette Eglise, c’est rencontrer le Christ.

     

             C’est l’Eglise des martyrs qui ont donné leur vie pour attester leur foi en Christ et leur amour débordant pour Lui, « fous » pour le Seigneur. Martyrs des premiers siècles, martyrs si nombreux de nos jours.

             Cette Eglise, c’est l’Eglise des Saints, de tous âges et de toutes conditions jeunes comme Dominique Savio ou Pier Giorgio Frassati, ouvrier comme Marcel Callo, professeur d’université et homme politique comme Frédéric Ozanam, servante des pauvres mourants comme Mère Teresa ou St Rosalie Rendue du quartier Mouffetard en plein Paris misérable du 19è siècle… bergère comme Bernadette Soubirous à Lourdes, Pape comme St Jean Paul II ou St Paul VI, reines comme Mathilde ou Elisabeth de Hongrie.

             Cette Eglise, c’est ce soir cette noble et pauvre assemblée de disciples à Bonsecours : nobles et saints car Dieu habite en chaque chrétien et rayonne à partir de lui, pauvres car, en même temps, bien faible, fragile, pécheur si facilement… Cette Eglise pauvre et petite, Jésus l’aime avec tendresse. Jean Luc, ne craignez pas de vivre en elle et d’être reçue à la table du Christ avec elle.

     

    3 – Cette noble et pauvre Eglise vous donne aujourd’hui, à vous Jean-Luc et à vos enfants Yvan et Ambroise, vous donne son plus beau trésor : le Christ ressuscité qui l’habite, l’Esprit Saint qui est déposée en elle pour le donner. Elle vous donne avec joie la Nouveauté de Dieu pour vous renouveler au point de faire de vous, et chacun de vos enfants, un homme nouveau, pour illuminer votre intelligence et vous faire connaître le mystère de Dieu. Cette Eglise noble et pauvre veut vous accueillir sans vous accaparer, vous accompagner sans vous forcer à un chemin unique.

             Mais en même temps, cette Eglise attend de vous une chose : votre jeunesse dans la foi, votre émerveillement pour réveiller le nôtre, vos questions pour nous pousser à approfondir notre foi, vos remarques pour grandir dans la sainteté. Vous le voyez, c’est un échange de cadeaux… car la communauté de Jésus se nourrit fondamentalement du Don de Dieu et du partage entre frères et sœurs.

             Yvan et Ambroise vont suivre un autre chemin tout aussi beau et fort : une découverte au fur et à mesure de leur avancée en âge, un patient apprentissage de l’Evangile jusqu’au moment où ils auront à ratifier ou non le baptême reçu ce soir.

     

             Voilà qui est aujourd’hui la Présence du Ressuscité : l’Eglise… et dans ce quartier la noble et petite communauté de St Pierre Bonsecours dont Jean-Luc vous faites déjà partie depuis votre entrée en catéchuménat.

             Nous naissons sans cesse de la Résurrection du Seigneur, nous vivons d’abord fondamentalement de l’Eucharistie du Seigneur, de sa Parole, de son Esprit Saint et de l’échange de foi entre nous. Nous vous invitons à vivre cette humble vie chrétienne avec nous, selon votre grâce, vos possibilités et ce que le Seigneur saura bien vous suggérer. Nous vous accueillons avec garde joie. Amen

  • Le Carême

    Mes frères, nous commencerons le soir du Mercredi des Cendres, une longue période d’intense vie chrétienne : 90 jours !

                90 jours composés des 40 jours du Carême, des 40 jours du temps pascal avec le Ressuscité et 10 jours entre Ascension et Pentecôte dans l’attente du don renouvelé de l’Esprit Saint qui vient accomplir toutes choses !!

                Ces 90 jours sont les jours du mystère pascal aussi bien dans sa face de mort au péché que dans celle de Vie Nouvelle, toute orientée et façonnée par Dieu, sous l’inspiration bienfaisante de l’Esprit. Trois mois centraux de notre année chrétienne.

                Ce mystère pascal, c’est notre bien le plus précieux depuis notre baptême qui nous l’a fait vivre réellement sous le mode du sacrement. Depuis ce jour, toute notre vie est pascale. Toute notre vie est accueil du Seigneur Ressuscité Lumineux, Vivant, Splendide et plein d’amour à notre égard. Toute notre vie est façonnée par sa main, toute notre vie est Passage, sans cesse renouvelé, de la mort à la Vie, des ténèbres à la Lumière, de l’amour de nous-mêmes à l’amour de Dieu.

                Alors pourquoi ce carême ?

                C’est que vous le savez bien, le temps, le tumulte de la vie, l’insouciance et l’indifférence de cœurs qui n’aiment pas assez, … tout cela fait que nous perdons de vue ce Bien précieux entre tous, nous nous y habituons ou ce qui serait pire, nous nous soustrayons à son action en nous.

                Le carême est d’abord le temps du souvenir joyeux de l‘amour pascal que Dieu nous porte. Commençons ce Carême dans l’action de grâce pour notre baptême, « pour avoir été arrachés au mal, aux ténèbres et à la mort, pour être plantés dans le royaume lumineux du Christ. » Le carême, c’est le temps de la gratitude : laissons-la monter du fond de notre cœur vers Dieu, laissons cette gratitude envahir notre âme pour que tout ce que nous entreprendrons comme effort de sainteté soit dans ce climat de joyeuse gratitude pour Dieu qui nous a tant aimés, le premier.

                Le Carême est aussi le temps de l’espérance réaffirmée : nous ne pouvons pas grand-chose pour nous faire être un peu mieux ! Notre médiocrité nous accable parfois au-delà de toute mesure : mais le carême nous fait nous tourner avec une confiance accrue vers le Seigneur Victorieux du mal, toujours, ce Seigneur éblouissant de Vie et d’Amour que nous rencontrerons dans la prière, la communion ou la méditation des Ecritures qui sont les lettres d’affection qu’il nous a adressées depuis si longtemps !

                Dans ce climat de douce gratitude peuvent alors s’exercer les œuvres de conversion du carême. Ce sont celles que Jésus lui-même nous indique : une prière intime avec lui, plus longue et plus donnée de notre part. Un jeûne de ce qui nous encombre (nourriture, objets,) de ce qui nous rend esclaves (passivité devant la télévision, abus du portable et abus d’Internet), un jeûne pour briser nos chaînes secrètes, en un mot un jeûne pour aller avec plus de fraîcheur et de jeunesse enthousiaste à la rencontre du Christ. Enfin, partage, générosité renouvelée, limite imposée à notre égoïsme ou à notre instinct de possession.

                Le résultat, au bout de 40 jours ? Un chrétien renouvelé, rajeuni, heureux de croire, enthousiaste de vivre avec le Christ et de chanter avec lui les louanges du Père. Cette transformation à laquelle nous nous serons prêtés pendant 40 jours, manifestera pleinement que dans le Carême, c’est la force de Pâques qui agit et que le but de ces jours est de devenir davantage vivants de la Vie nouvelle qui jaillit sans cesse du Christ.

                Bon 90 jours à tous ! Et commencez votre chemin pascal le soir des Cendres. Tout de suite ! Si vous attendez, vous allez avoir tout de suite mille fausses raisons de ne rien faire, que vous justifierez comme toujours avec des raisons qui ne tiennent pas, … et vous le savez bien !

               Allons ! tout de suite en marche, c’est le sens des cendres que vous viendrez chercher auprès du Christ que le prêtre représente. Amen.

     

  • Le baptême du Seigneur.

               St Jean écrit : « Bien-aimés,
 celui qui croit que Jésus est le Christ,
 celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui… C’est lui, Jésus Christ
 qui est venu par l’eau et par le sang :
non pas seulement avec l’eau
mais avec l’eau et avec le sang.
 Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit
car l’Esprit est la vérité.
 En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, 
l’Esprit, l’eau et le sang 
et les trois n’en font qu’un.
 Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; 
or, le témoignage de Dieu a plus de valeur 
puisque le témoignage de Dieu,
 c’est celui qu’il rend à son Fils. »


                Voilà la clé de lecture que nous donne la liturgie.

                Jésus est venu par l’eau et le Sang : nous songeons tout de suite à l’épisode de la Croix que seul St Jean rapporte : la lance qui perce le cœur du Christ dont il sort de l’eau et du sang. Cette descente de Jésus dans l’eau par solidarité avec les pécheurs qui accomplissent ce rite de Jean Baptiste pour se préparer à l’accueillir, lui, le Christ et cette remontée de l’eau avec l’Esprit qui vient sur lui, annonce le mystère pascal du salut des hommes, mort et résurrection du Christ qui donne l’Esprit Saint et salut qui nous parvient par le baptême dans l’eau et l’Esprit et par le Sang de l’eucharistie reçu dans la communion.

                L’eau, le Sang et l’Esprit du baptême dans le Jourdain et du baptême dans la mort dont parle Jésus en Luc 12/49 : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Jésus appelle donc son mystère pascal «  son baptême ».

                Mais le récit de St Marc ajoute quelques précisions : visiblement quand il raconte le baptême de Jésus, St Marc a dans l’esprit la création : l’eau, la parole du Père qui est le Fils et l’Esprit qui place au-dessus des eaux. Voilà une 11ème parole de Dieu : la désignation de son Fils comme son « Fils, son Aimé, en qui lui-même se plaît. » St Marc pense aussi au cri d’Isaïe et de tous ceux qui attendaient, avec tant d’ardeur, la venue du Messie : « Les cieux se déchirent » au-dessus du Christ dans le Jourdain/ « Ah ! si tu fendais les cieux et si tu descendais »  écrit Isaïe 63/19. Et enfin, bien entendu, St Marc songe au déluge avec la colombe qui apporte la réponse que la création a repris après l’abondance des eaux et son travail purificateur.

                Nous avons donc plusieurs épisodes bibliques superposés qui donnent le sens profond de cette scène du baptême : la création, le Déluge - et sa réplique que fut le passage de la mer par le peuple de Moïse – le désir des fidèles du Seigneur –, le baptême de Jésus dans le Jourdain par Jean Baptiste et la mort de Jésus sur la Croix (sang, eau et Esprit donnés)

                Ce baptême est donc le commencement du salut des hommes, la victoire de Dieu sur le Mal, la rénovation et l’achèvement de la Création, le commencement de la révélation du Mystère divin de l’amour du Père du Fils et de l’Esprit, l’annonce que le Ciel est ré - ouvert et que Dieu dans le Fils bien Aimé, est au milieu des hommes pécheurs, solidaire avec eux jusqu’à partager leur pénitence sans avoir lui-même péché.

  • Et le Verbe s’est fait chair. Méditation de Noël 2017.

    Le fait rapporté par St Luc sur les souvenirs de Marie (St Luc écrit en 2/19 « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » Il indique sa source.)

                Marie et Joseph sont mariés mais ne vivent pas ensemble ou tout juste ( En Israël, une année sépare la célébration du mariage et l’habitation commune)

                Avant la vie commune, Marie est enceinte par l’œuvre de l’Esprit Saint Créateur (Gn 1/1. AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre.La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et l’Eprit de Dieu planait (le verbe évoque le vol spécifique de l’oiseau au-dessus du nid qu’il couve piour faire naître la vie) au-dessus des eaux. ») Dieu doit insister auprès de Joseph pour qu’il prenne sa femme tant il se sent indigne

                Ils sont tous les deux en voyage vers Bethléem, la patrie de Joseph, descendant de David. C’est le moment de l’accouchement : ils sont reçus dans leur famille, comme toujours en Orient. Les maisons de Bethléem sont souvent construites devant une grotte qui sert d’étable. Marie ne va pas accoucher en public ( !)… en présence des hommes, des enfants ! Elle se place dans l’étable – pièce plus chaude de plus – « car ce n’était pas une place pour eux dans la pièce commune » dit sobrement et pragmatiquement St Luc. L’âne qui a conduit Marie est là, le bœuf qui sert aux labours de la famille d’accueil, aussi. La paille est fournie. La mangeoire (généralement le rocher du fond est taillé pour constituer une mangeoire pour les animaux).

                St Luc dit tout le mystère en une phrase. Dieu fait toujours simple.

     

    St Jean décrypte l’événement à l’aide de l’enseignement de Jésus et de l’Ancien Testament… aidé par le recul de méditation.

                Il découvre assez vite que Jésus est « la Présence de Dieu sur terre ». Quand Jésus chasse les marchands du Temple et proclame « Détruisez ce temple et moi je le rebâtirai en 3 jours », St Jean dit : « il parlait du Temple de son Corps » et évoque la résurrection.

                En entendant Jésus parler de Dieu comme de « Mon Père » ou « le Père et moi nous sommes UN » ou encore « Qui me voit, voit le Père » et de lui-même comme « Fils de l’homme », l’apôtre St Jean exprimera cette certitude par le titre de « Fils de Dieu »… s’appuyant aussi sur le chapitre 7 du prophète Daniel : « 13 Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.14 Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. »

             Jean appelle ce Fils de Dieu avant son incarnation par « le Verbe » : Le Verbe, c’est la Parole de Dieu créatrice (dans la Genèse, on a 10 fois « Dieu DIT), celle qui est annoncée par les prophètes (les fameuses expressions prophétiques « Oracle du Seigneur ». « Ainsi parle le Seigneur » ), la Parole qui est Sagesse selon l’enseignement du Livre de la Sagesse au chapitre 7, par exemple : 21 Toute la réalité, cachée ou apparente, je l’ai connue, car la Sagesse, artisan de l’univers, m’a instruit.22 Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, 23 irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils.24 La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté.25 Car elle est la respiration de la puissance de Dieu, l’émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers ; aussi rien de souillé ne peut l’atteindre.26 Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté.27 Comme elle est unique, elle peut tout ; et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle l’univers. D’âge en âge, elle se transmet à des âmes saintes, pour en faire des prophètes et des amis de Dieu.28 Car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse.29 Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure,30 car le jour s’efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien. »

    Ainsi, dans cet événement si discret de Bethléem, St Jean y découvre une réalité inouïe que Dieu a réalisée : La Parole de Dieu, divine elle-même, le Fils divin de Dieu est devenu chair ; la Parole/sagesse appelée Verbe est devenu homme. Il trouve confirmation de cela dans le prophète Isaïe : « Le prophète Isaïe parle d’abord par un cri : « Ah si tu déchirais les Cieux et si tu descendais ! » Ce grand contemplatif qu’est Isaïe désire la communion avec Dieu. Sa vision du manteau de Dieu dans le Temple l’a tellement comblé, qu’il désire plus ! Et il emporte son peuple dans ce désir. Que le Ciel ne soit plus fermé à cause du péché des hommes, qu’il se déchire et que Dieu descende ! Remarquons combien de fois dans la Bible, Dieu est sujet du verbe « descendre » !

               Et puis une affirmation extraordinaire : « Voici que tu es descendu:
les montagnes furent ébranlées devant ta face.» C’est comme si tout à coup Isaïe voyait la réponse de Dieu à son appel dans la venue du Verbe de Dieu sur terre, assumant une nature humaine dans la Vierge Marie. On pourrait appliquer à ce texte ce que St Jean dit dans son Evangile au chapitre12/41 : « Ces paroles, Isaïe les a prononcées parce qu’il avait vu la gloire de Jésus, et c’est de lui qu’il a parlé. » Isaïe est saisi par ce qu’il voit. Alors il ajoute : «  Jamais on n’a entendu,
 jamais on n’a ouï dire, 
nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi
 agir ainsi pour celui qui l’attend.
 Tu viens rencontrer
 celui qui pratique avec joie la justice,
 qui se souvient de toi 
en suivant tes chemins. » Isaïe exprime là son étonnement absolu devant l’incarnation de Dieu ! On n’a jamais entendu cela, on n’a jamais ouï dire une telle chose, on n’a jamais vu un dieu agir comme toi… Tu viens toi-même à la rencontre de l’homme !!! Les montagnes en sont ébranlées ! Lui qui avait écrit un peu plus loin dans son chapitre 40/6-8 : « Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs : 07 l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe sur elle le souffle du Seigneur. Oui, le peuple est comme l’herbe ; 08 l’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la Parole de notre Dieu demeure pour l’Eternité. » Voici que la Parole éternelle de Dieu devient chair fragile !!! Nous sommes dans ce texte d’Isaïe tout près de l’annonce de Bethléem !

                St Paul reprendra ce texte étonné d’Isaïe dans la même ferveur et le même étonnement stupéfait, mais lui devant le mystère pascal : « Mais ce que nous proclamons ( c’est-à-dire la Croix du Christ folie de l’amour de Dieu), c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé » (1 Co. 2/9) C’est une parfaite continuité entre les deux fêtes de Noël et de Pâques.

     

  • Consolez, consolez mon peuple...

    Billet spirituel 2ème de l’Avent B

    Nous lisons en ce deuxième dimanche, le commencement du livre de la Consolation d’Isaïe qui commence au chapitre 40. « Consolez, consolez mon peuple,
– dit votre Dieu – 
parlez au cœur de Jérusalem. » La consolation est un très beau mot et une belle réalité : l’homme que nous sommes est douloureux, incertain sur lui-même, parfois totalement désolé de lui-même, de sa faiblesse, de sa volonté sans cesse défaillante, de son peu d’amour, de son ingratitude envers Dieu ou le prochain qui pourtant lui font du bien… Le Seigneur est Celui qui console au cœur, à l’intime, là où les paroles et les gestes des hommes ne peuvent atteindre.. La Consolation divine, c’est le Nom de l’Esprit Saint « le Consolateur » (Paraclet en grec).

         Une voix proclame:
«Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; 
tracez droit, dans les terres arides, 
une route pour notre Dieu.
 Que tout ravin soit comblé,
 toute montagne et toute colline abaissées !
que les escarpements se changent en plaine
et les sommets, en large vallée !
 » Une « Voix » se lève… C’est le texte avec lequel St Jean Baptiste a défini sa mission quand on lui a demandé compte de son action : en St Jean 1/22-23 : « Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »

        Et pourquoi doit-on opérer en soi-même tant de travaux de terrassement contre notre orgueil, nos bassesses, corriger nos voies tortueuses… C’est pour accueillir la consolation divine. Or la Consolation divine, c’est Dieu lui-même qui vient ! dit Isaïe. « Alors se révélera la gloire du Seigneur, 
et tout être de chair verra
 que la bouche du Seigneur a parlé. »

Monte sur une haute montagne, 
toi qui portes la bonne nouvelle à Sion.
 Élève la voix avec force, 
toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem.
 Élève la voix, ne crains pas.
 Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! »
Voici le Seigneur Dieu !
Il vient avec puissance;
son bras lui soumet tout.
 Voici le fruit de son travail avec lui
et devant lui, son ouvrage ». La nouveauté absolue, c’est que Dieu n’envoie pas cette consolation par un prophète, un sage, un message… mais c’est qu’il va venir lui-même. Le prophète ne dit pas encore comment … sinon par une comparaison qui parle au cœur de ce peuple toujours un peu nomade : « Comme un berger, il fait paître son troupeau :
son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, 
il mène les brebis qui allaitent. »
Jésus reprendra cette comparaison pour se l’approprier, se dire « le Bon Pasteur » et par des paraboles expressives. Le prophète ne ment pas même s’il ne dit pas encore tout ! Il nous faudra entendre la nuit de Noël pour que soit proclamée l’annonce stupéfiante d’Isaïe (chapitre 9) : « Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : 05 Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».06 Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers ! »

  • Pour un Avent secrètement joyeux …

    Billet spirituel

    Un rappel : l’Avent tourne notre attention et notre amour vers 2 Avénements… et un 3ème ! Le 1er dimanche de l’Avent nous tourne d’abord vers l’Avènement Glorieux et Victorieux de Jésus Ressuscité à la fin des temps… comme la liturgie du Christ Roi de dimanche dernier.

    Car si la liturgie nous fait revivre chaque année le cycle de la vie du Christ pour nous Le faire contempler et nous Le faire vivre chaque année de plus en plus intensément, le temps n’est pas cyclique. Toutes les civilisations indo-européennes (romaine, grecque, hindoue…) ont une conception cyclique du temps. Le judaïsme et le christianisme seuls parlent d’un temps qui se dirige vers une fin qui l’accomplira. C’est le Dessein de Dieu voulu par Lui avant la fondation du monde, réalisé dans la Création et accompli dans le Christ qui récapitule toutes choses à la fin des temps pour constituer le Royaume de Dieu de l’humanité sauvée. Nos contemporains qui ne veulent plus du judéo-christianisme qu’ils entourent de mépris… sont ceux qui parlent le plus de progrès, demain sera mieux qu’aujourd’hui… ce en quoi ils demeurent de vrais judéo-chrétiens !

    Le prophète Isaïe parle lui, de la venue de Noël.

    D’abord par un cri : « Ah si tu déchirais les Cieux et si tu descendais ! » Ce grand contemplatif qu’est Isaïe désire la communion avec Dieu. Sa vision du manteau de Dieu dans le Temple l’a tellement comblé, qu’il désire plus ! Et il emporte son peuple dans ce désir. Que le Ciel ne soit plus fermé à cause du péché des hommes, qu’il se déchire et que Dieu descende. Remarquons combien de fois dans la Bible, Dieu est sujet du verbe « descendre » !

    Et puis une affirmation extraordinaire : « Voici que tu es descendu :
 les montagnes furent ébranlées devant ta face.» C’est comme si tout à coup Isaïe voyait la réponse de Dieu à son appel dans la venue du Verbe de Dieu sur terre, assumant une nature humaine dans la Vierge Marie. On pourrait appliquer à ce texte ce que St Jean dit dans son Evangile au chapitre12/41 : « Ces paroles, Isaïe les a prononcées parce qu’il avait vu la gloire de Jésus, et c’est de lui qu’il a parlé. » Isaïe est saisi par ce qu’il voit. Alors il ajoute : «  Jamais on n’a entendu,
 jamais on n’a ouï dire, 
nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi
 agir ainsi pour celui qui l’attend.
 Tu viens rencontrer
 celui qui pratique avec joie la justice,
 qui se souvient de toi 
en suivant tes chemins. » Isaïe exprime là son étonnement absolu devant l’incarnation de Dieu ! On n’a jamais entendu cela, on n’a jamais ouï dire une telle chose, on n’a jamais vu un dieu agir comme toi… Tu viens toi-même à la rencontre de l’homme !!! Les montagnes en sont ébranlées ! St Paul cite ce texte d’Isaïe dans la même ferveur et le même étonnement stupéfait devant le mystère pascal : « Mais ce que nous proclamons ( c’est-à-dire la Croix du Christ folie de l’amour de Dieu), c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé » (1 Co. 2/9)

     

    Frères, tout cela nous est donné aujourd’hui, en ce commencement de l’Avent, pour que nous retrouvions d’ici Noël cette capacité d’émerveillement qui nous fera entendre l’annonce de l’incarnation à Noël comme une nouveauté éblouissante et stupéfiante. Ne nous laissons pas ensevelir sous les cadeaux, les rivalités pour faire le meilleur cadeau, la surabondance alimentaire … et tout le reste sous lequel nos contemporains font disparaître Noël.

    Serons-nous capable de l’émerveillement ? Ou resterons-nous blasés, comme le sont souvent les français… incapables d’émerveillement… c’est-à-dire bons pour la maison de retraite.