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Billet spirituel - Page 20

  • Contempler Marie en sa Résurrection, c’est contempler notre propre avenir.

             C’est la 43èmefois que je contemple le mystère de l’Assomption pour prêcher. On ne se lasse pas de contempler le mystère.

             Aujourd’hui je voudrais parler de la mort et de l’accomplissement que Dieu offre à l’homme dans la Résurrection de Jésus que partage aujourd’hui la Vierge Marie sa mère.

             Devant la civière qui porte le corps du fils unique de la veuve de Naïm, Jésus intervient avec spontanéité et émotion : peut-être voit-il dans cette scène une figure de ce qu’il aura à vivre ainsi que sa mère, bientôt à Jérusalem ! Il touche la civière et ressuscite le jeune homme.

             Arrivé au tombeau de Lazare, Jésus pleure, profondément, secoué par le chagrin… alors qu’il vient d’annoncer à Marthe que son frère allait ressusciter par sa puissance à Lui Jésus : « Je suis la Résurrection »avait-il déclaré. « Crois-tu cela ? »

             Arrivé auprès de la petite fille de Jaïre, étendue morte sur son lit à l’étage, Jésus dira pour annoncer du nouveau : « elle dort »…et se fera moquer de lui par la foule assemblée.

             Pour Jésus la mort de l’homme est dramatique ; lui le Fils du Dieu Vivant, du Dieu de la Vie se heurte à cette expérience inconnue de Dieu. Pour lui, la réalité est brutale : pour l’homme, « la mort, c’est le rejet foncier de toute prétention à l’achèvement définitif » d’une vie humaine. « Sans l’ouverture de l’espace divin, la liberté de l’homme tourne dans le vide : elle est inachevable. »[1]Jésus ressent les choses profondément et pourrait dire les paroles du roi Ezéchias qui va mourir « Je disais : Au milieu de mes jours, 
je m’en vais ; 
j’ai ma place entre les morts 
pour la fin de mes années.
 Je disais : 
Ma demeure m’est enlevée, arrachée, 
comme une tente de berger. 
Tel un tisserand, j’ai dévidé ma vie : 
le fil est tranché… Mes yeux faiblissent : 
Seigneur, je défaille ! Sois mon soutien ». C’est si intenable que nos contemporains dont beaucoup ne croient plus à rien, ont décidé de cacher la mort, de ne plus en parler ; ils  sont même revenus de la pensée que résumait si bien le livre de la Sagesse : « Alors allons-y ! Jouissons des biens qui sont là ; vite, profitons des créatures, tant que nous sommes jeunes : enivrons-nous de bons vins et de parfums, ne laissons pas échapper la fleur du printemps, couronnons-nous de roses en boutons, avant qu’elles ne soient fanées ! Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies, laissons partout des signes de réjouissance, car c’est là notre part et c’est là notre lot ! »[2]Car cette attitude, au lieu de consoler de cet inachèvement inévitable, l’accentue !... et puis la consommation des biens a des limites, elle n’est pas infinie, elle lasse et abandonne dans le mal être malgré les promesses annoncées.

             Cette attitude de Jésus devant la mort est une parole de Dieu : notre dignité d’homme nous empêche de nier, de maquiller la réalité, de mentir. Mais « même l’homme Jésus n’a pas la possibilité de dépasser cette réalité. Dieu seul possède une telle puissance et une telle possibilité. Donc ce que Jésus en tant que vivant et mourant sur la terre, ne pouvait faire et dire n’était pas la totalité de la Parole de Dieu qu’il avait parfaitement conscience d’être et se déclarait être. La Révélation de Dieu en Jésus s’achève avec la résurrection de celui-ci. »[3]La Résurrection est l’accomplissement total de la Parole de Dieu, inséparable de tout le reste, au point de rendre insignifiant tout le reste si la Résurrection ne l’accomplit pas.La Résurrection est la clé de lecture de tout le reste qui ne se dévoile que dans cette lumière.

             Mais la Résurrection n’efface pas la mort : c’est pourquoi demeurent à Jérusalem, le tombeau vide du Christ et la pierre où il a été embaumé après sa mort… et le linceul, à Turin et la tunique à Trêves.

             C’est pourquoi demeure aussi à Jérusalem le tombeau vide delà Vierge Marie ressuscitée dans le Christet après lui, ouvrant la suite de la résurrection future des hommes devenus disciples de Jésus. Et ce tombeau est à côté de Gethsémani, là où Jésus a le plus gravement et terriblement affronté la mort humaine.

             « Le Christ est le chemin qui conduit l’homme du fini à l’infini. Il offre à l’homme la grâce de devenir soi en Dieu. »[4]La destinée de l’homme Jésus – le Nouvel Adam – ne s’accomplit que dans la Résurrection : ainsi son être humain est divinisé et retrouve la lumière dont Adam était vêtu aux origines. De même, à la suite de l’unique maître, Marie accomplit sa destinée dans la Résurrection que lui donne le Christ. L’être humain de Marie – la nouvelle Eve – retrouve la lumière dont Eve était vêtue aux origines – « une femme habillée du soleil »et le connaît plus les changements de la vie humaine – «  la lune, figure de la vie changeante est sous ses pieds ».

             Chacun de nous est appelé dans le Christ à la même destinée plénière. Le Christ conduit chacun de nous du fini à l’infini, le Christ offre à chaque homme qui l’accepte la grâce de devenir pleinement lui-même en Dieu, d’accomplir sa liberté dans le plein accueil du Don de Dieu. Amen.

     

    [1]Hans Urs von B. Dramatique divine11/2

    [2]Sagesse 2/8…

    [3]HU von B idem

    [4]H U von B idem.

  • Le Notre Père

                En ce dimanche, l’Evangile nous donne l’intimité de la prière du Christ : en effet, à ses apôtres qui le voient prier longuement seul à seul avec celui qu’il appelle Son Père, lui demande : « apprends-nous à prier ! »

                Et Jésus leur donne le texte du « Notre Père » (que nous avons en deux versions, l’une de St Matthieu et l’autre de St Luc).

                C’est l’Esprit qui prie en nous : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des enfants de Dieu qui vous fait crier « abba Père » dit St Paul dans le verset de l’Alleluia. « Abba »,papa, comme le disent  les petits enfants à leur père !! St Ignace d’Antioche + en 107, écrit aux Romains : « Coule en moi une eau vive qui murmure et dit au-dedans de moi: "Viens vers le Père". »Cette eau cette source que St Jean nous appris à comprendre comme l’Esprit saint donné par le Père jaillissant et coulant en nous, cette eua est donnée à chacun des baptisés pour le conduire dans sa prière.

                Jésus a donné le texte, les apôtres nous l’ont transmis, l’Eglise nous l’a donné et l’Esprit le murmure en nos cœurs : écoutons-le et prions avec Lui et en Lui.

     

    NOTREPERE  / QUI ES AUX CIEUX

     Contraste entre Père(= il prend soin de nous) et aux Cieux( = hors de la portée de l’homme, mystérieux, inaccessible). Notreet non pas mon : Père de tous, seul Jésus dit « Mon Père » comme Fils unique; nous sommes tous frères.

    Dieu Mystère, inaccessible à l’homme ! Mais, écrit St Cyrille de Jérusalem, « sous prétexte que je suis incapable de boire tout le fleuve, me priverai-je d’en prendre modestement ce qu’il m’en faut ? ou encore, sous prétexte qu’entré dans un grand verger je ne puis en manger  tous les fruits qui s’y trouvent, veux-tu que j’en sorte finalement avec la faim ? »   « Comme Moïse, cachons-nous dans le creux du rocher, c’est-à-dire en quelque page de l’Ecriture Sainte pour saisir, au moins indirectement, et comme en passant, un éclat de sa Gloire, quelque manifestation de sa vie. »(Cantalamessa). « En quel sens, demande St Ambroise, Dieu se promenait-il dans la paradis puisqu’il est toujours présent partout ? Cela signifie, je pense, que Dieu manifeste sa présence dans les différents textes des divines Ecritures où l’on rencontre partout sa présence. »

    ( De Paradiso 14,18)

     

    QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE

       Que ton Nom soit connu, aimé, loué de tous les hommes. Qu’ils le respectent comme un nom « saint ».

     

    QUE TON REGNEVIENNE

    Que Dieu soit présent dans les cœurs des hommes. Que la Paix y règne, l’harmonie, l’équilibre. Que Dieu soit aussi de plus en plus accueilli par les hommes !  Que vienne le paradis, la fin des temps ! Que la présence de Dieu dans les cœurs, entre les hommes et dans la nature, apporte paix, douceur, miséricorde et justice. « Dieu tout en tous » dit St Paul

     

    QUE TA VOLONTE SOIT FAITE  SUR LA TERRE COMME AU CIEL

    La volonté de Dieu est de sauver tous les hommes ( Jn 3/16-17)

    La volonté de Dieu, ce sont les conseils donnés pour notre vie dans l’Evangile et par l’Eglise  ( Jn14/21)

    La volonté de Dieu : on peut la refuser. C’est pourquoi on prie pour qu’elle se fasse en nous et par nous !

     

    DONNE-NOUS AUJOURD’HUI   NOTREPAINDE CE JOUR

                3 sens : * la nourriture terrestre, don de Dieu et fruit de la terre et du travail des hommes. Elle nourrit notre corps.

                * La Parole de Dieuqui nourrit notre intelligence, notre mémoire et notre cœur.

                * le Corps du Christ qui nourrit notre âme. C’est le Pain de Vie. Le Pain de la table donné par la Parole créatrice, la Parole et la Parole incarnée, donnée dans le sacrement, le Même et Unique Pain.

     

    PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS AUSSI À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES

    La condition pour être pardonné par Dieu est de pardonner à ceux qui nous ont offensés.

    ET NE NOUS LAISSE PAS ENTRER EN TENTATION 

    MAIS DELIVRE-NOUS DU MAL

    Nous sommes tentés de faire le mal… comme le Christ au désert. Nous demandons à Dieu de résister à cette tentation, - non seulement d ene pas y succomber mais plus : de ne pas nous laisser entrer en tentation et d’être délivrés du mal, c’est-à-dire du Mauvais, de Satan l’adversaire, le Diviseur, l’Accusateur, le Prince du mensonge.

  • A propos de l’Evangile de Thomas en St Jean ….

    Tout est paradoxal dans les textes d’aujourd’hui, entre l’apparition du Christ à St Jean dans l’Apocalypse et le récit de la 1èreapparition du ressuscité aux apôtres :

    • Nous sommes le soir de Pâques. Jésus a rencontré les femmes le matin, et seulement tard le soir les hommes… les laissant dans la foi seule et le travail pour digérer le témoignage des hommes dont on nous dit qu’ils se sont moqué.
    • « Il est là au milieu d’eux » : surprise devant une manifestation extraordinaire de quelqu’un qui demeure ordinaire (pas de lumière, pas d’éblouissement, pas de vêtement blanc mais les ordinaires, ceux d’avant, pas d’effet foudroyant sur les apôtres sauf la surprise et le désappointement, puis enfin la joie) « Jésus resplendit moins qu’à la transfiguration, … il afranchi la mort, il est remonté des enfers, et il est là malgré tout avec une pudeur inexplicable, à se manifester comme un passant. Les évangélistes insistent sur cette modestie, « il est là au milieu d’eux. »[1]Dois-je rappeler Marie Madeleine qui l’a pris pour le jardinier, les pèlerins d’Emmaüs  pour un étranger… et les apôtres pour un fantôme !!
    • «Jésus tient à se montrer simplement humain et rien que cela suffirait à prouver qu’il est Dieu (car un simple humain ne voudrait surtout pas paraître simplement humain, il aurait même cette fâcheuse tendance à en faire des tonnes pour paraître comme un dieu. Il ne veut pas briller comme une vedette. »1Les cicatrices de la passion demeurent… qui rappellent sa faiblesse et non sa force !
    • Le Christ leur fait deux dons : la paix ( je vous donne MA paix : harmonie avec Dieu, avec soi-même, avec els autres, avec la nature) et l’Esprit, ou plutôt le Souffle qui doit totalement dynamiser leur vie, le quotidien de leur vie, la pratique de leur vie. Car tout est là : après tout, Jésus a mieux à faire que de réaliser des choses extraordinaires ou de parler de choses extraordinaires… Il vient pour réjouir les siens, les apaiser et illuminer l’ordinaire de la vie humaine de l’intérieur… « cet ordinaire qu’il a, comme créateur, inventé et qu’il nous a donné… « La gloire du ressuscité épouse le quotidien des hommes »1lui toute sa beauté, sa profondeur, sa dimension divine.

                           Tout dans la Lumière pascale, lumière diffuse, est transformé à nos yeux : le monde divin affleure, éclaire nos actes, montre leur beauté, féconde nos paroles, bénit, fortifie, consacre notre amour, … nous fait apprécier tout acte, toute parole, tout sentiment à sa profondeur réelle,..  Quelle joie au lever de voir la lumière, les couleurs, la mélodie du vent, et même de la pluie… Quelle beauté d’être père ou mère, de se             rencontrer entre ami ! St François d’Assise et son magnifique chant des créatures est le disciple qui a compris que la rencontre aujourd’hui avec le Christ Ressuscité se fait dans l’amour de la création et de la créature.

                Mais alors,ayant évoqué et savouré l’être propre de chaque chose, nous pouvons faire un second pas : nous pouvons regarder à l’intérieur et au-delà de chaque chose, découvrir en elle et à travers elle la présence divine. Voilà que la création retrouve sa vocation première : conduire à Dieu qui l’habite en son secret.« le monde n’acquiert son vrai sens, ne retrouve son vrai sens  que lorsqu’il est considéré comme le reflet d’une réalité qui le transcende. » (Kallistos)

     

    • Le ressuscité apprend donc aux apôtres et aux disciples « à aimer la création pour elle-même, dans sa consistance et son intégrité propres… puis de permettre à cette création de devenir comme transparente, pour qu’elle nous révèle la présence du Ressuscité créateur en elle. Ce que nous ferons en recevant tout à l’heure le pain consacré comme un pain qui nous donne la présence incandescente du Seigneur, comme un buisson ardent.

               

    Lors de l’incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris, au milieu de toutes les déclarations et envolées plus ou moins lyrique et médiatiques, Mgr Aupetit a rappelé que cette splendeur de pierres sculptées, de verres, de bois a été élevée par les catholiques pour abriter un morceau de pain… dans lequel les catholiques voient et dorent la Présence de Dieu. La beauté de l’édifice veut surtout honorer et servir « ce morceau de pain »… mais la splendeur de la cathédrale, son « impact » et son message sont le rayonnement de ce « morceau de pain » au sein de la cité humaine.

    Dans cette église, il y a bien les 7 chandeliers d’or[2]que décrit l’Apocalypse… ils entourent l’autel sur lequel va reposer dans quelques instants le Seigneur Jésus ressuscité présent dans un peu de Pain.

    Amen.

     

     

    [1]Les citations sont de Fabrice Hadjadj « Résurrection mode d’emploi ».

     

    [2]Allusion à la disposition des grands chandeliers autour de l’autel dans le nouvel aménagement liturgique de notre église paroissiale Saint Pierre à Nancy.

  • Homélie de la veillée pascale 2019

               St Paul écrit avec émotion : « « L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul – le Christ -est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui. »[1]

     

                L’amour du Christ nous saisit : est-ce si vrai que cela ? Avons-nous ce sentiment d’affection dans notre cœur, au point d’être saisi devant tant d’amour ? C’est capital d’éprouver en soi ce saisissement : car la foi n’est pas adhésion à une doctrine, c’est d’abord accueil d’un amour infini,l’amour de Dieu le Père manifesté dans celui de son Fils donné par le St Esprit. Plus sans doute encore, c’est être bouleversé par cet amour pour moi personnellement.

                Emilien, Raphaël et Blanche, vous allez prendre la parole ce soir devant la communauté pour non pas réciter une formule apprise par cœur mais pour dire votre amitié pour Dieu en donnant votre amitié au Christ. Avant de partir, Jésus confie toute son Eglise à Pierre : avant de le faire, il ne lui fait pas réciter le credo mais dire par 3 fois son amour - comme vous tout à l’heure -.

                Mais vous tous aussi frères et sœurs, vous serez appelés à faire de même ce soir dans le renouvellement solennel de votre profession de foi. !

     

                L’amour du Christ nous saisitcar « il est mort pour tous et tous les hommes ont passé la mort. ». Un peu avant de mourir, Jésus avait expliqué aux siens le sens profond de sa mort : sa mort allait rouvrir le chemin vers la maison du Père. Jésus se présentait comme celui qui rouvrait le chemin et la maison paternelle … comme on rouvre une maison de famille après l’hiver, au printemps ou pour les premiers jours de l’été.

                Dans sa mort, Jésus a incorporé en lui tous les hommes« personne ne va vers le Père sans passer par moi »avait-il déclaré et donc, tous les hommes sans exception sont passés de la mort à la vie. « Tous les hommes sont « transformés dans leur être, avant même qu’ils en saisissent la réalité par la foi. »[2]

                Depuis Pâques, tout est maintenant neuf !La terre et le ciel sont aujourd’hui complètement rénovés dans cette Pâque du Christ, la délivrance du mal est accomplie dans la victoire sur le mal et la mort. Les promesses des prophètes sont réalisées.

                Mais si tout est accompli… tout est à accomplir en chaque homme, un par un jusqu’à la fin du monde.

                Cette mort en Christ si rénovatrice, nous la vivons personnellementdans le baptême comme l’enseigne le même St Paul dans l’épitre de ce soir : « baptisés dans le Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Devenus un même être avec Lui, par une mort semblable à la sienne » (Rm 6 :3b-11) ; Le baptême est donc comme di St Basile, un mime sacré qui fait revivre la mort, l’ensevelissement et la Résurrection de Jésus. En vivant « l’efficacité de ce sacrement, cher Nomel Serge, dans la foi, tu réalises en toi ce qui s’est passé objectivement dans l’événement historique de la Croix »[3]au printemps de l’année 30.

                Voilà cher Nomel Serge ce que tu vas vivre dans ton baptême ce soir ; accueillir en toi le Christ dans son puissance de salut, de vie et d’amour ! : St Paul a raison, quand il dit : « Si quelqu’un est en Christ, création nouvelle »« La seconde naissance comme le mot l’indique est le commencement d’une nouvelle vie. » (St Basile) Mais être dans le Christ à l’abri dans l’amour de Dieu qui pardonne, ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’exigences morales.  « Au contraire, dit encore Benoît XVI, les exigences morales doivent être vécues d’une manière nouvelle, avec le Christ, dans la liberté intérieure de l’amour. » [4]

     

                Mais ce soir, nous allons aussi célébrer l’eucharistie.Jésus va nous donner le pain de la Vie et la coupe du Salut, la coupe du Royaume, qui sont la Présence actuelle complète du Christ Ressuscité, Présence du Christ Sauveur : en communiant à Lui, c’est tout son amour puissant et sauveur qui nous envahit ; c’est une communion totale et intime entre Lui et nous à la mesure de notre foi et de notre désir. Ce qui est inauguré au baptême, se confirme, s’approfondit d’eucharistie en eucharistie.Et cette communion au Christ Ressuscité nous unit aussi au Père dans l’Esprit : toute eucharistie est une anticipation de la vie du Royaume au sein de la Trinité. Dieu vient faire chez nous et dans notre communauté sa Demeure.

     

                Et entre baptême et eucharistie, trouve place pour toi chez Nomel-Serge, le don de l’Esprit Saint qu’on appelle la confirmation. C’est le don commun du baptême et de la confirmation. Réconciliés avec Dieu par le baptême, nous avons besoin d’être intérieurement façonnés pour devenir capables de recevoir consciemment Dieu en nous, dans l’eucharistie ; nous avons besoin d’être préparé par l’Esprit pour que l’œuvre du salut accomplie par le Christ agisse en nous.

                Avec l’Esprit Saint t’est donnée aussi, comme à chaque disciple, une Mère dans la foi :la Vierge Marie. Sa foi parfaite, son accueil parfait du Christ sont pour nous non seulement modèle mais sont son œuvre à elle en nous. La Vierge Marie, c’est le visage de l’Eglise sainte pour nous disciples pécheurs et imparfaits, appelés à la conversion progressive.

                Je cite un passage de la prière sur l’eau baptismale que je vais chanter et qui prie pour l’Eglise comme pour une femme enceinte : « Et maintenant Seigneur, regarde avec amour ton Eglise : multiplie ses générations…Que de cette fontaine sacrée, comme d’un sein maternel très pur, émergent des enfants de Dieu, renés  de l’eau et de l’Esprit, comme une création nouvelle. » Que la Vierge Marie icône de l’Eglise, ravive en nos cœurs l’amour de la Mère Eglisequi nous enfante à Dieu et dont Marie est le vrai visage !

     

                On comprend que la célébration qui nous offre tous ces dons divins ait pu s’appeler : EUCHARISTIE, c’est-à-dire action de grâce !, le sens du mot grec. « Comment rendre au Seigneur tout le bien qu’il nous fait ? » demande le psalmiste. Et il poursuit avec audace : « j’élèverai la coupe du salut – la communion-, j'invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple – c’est notre profession de foi! Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce – c’est notre participation à l’eucharistie. »

                C’est tout ce que nous sommes en train de faire ce soir. Amen.

     

    [1]2 Co 5/14-18

    [2]UvB Dramatique III   p. 362

    [3]UvB p. 374

    [4]Les deux citations  sont tirées de « Les dons et l’appel sont sans repentir »Communio Parole et silence 2018 p. 31

  • Les acteurs de l’eucharistie :

    sermon du jeudi saint 2019

    Il faut avoir une attitude « liturgique » devant le mystère : « ce n’est point la connaissance qui éclaire le mystère, c’est le mystère qui éclaire la connaissance.»[1]

    Alors laissons l’eucharistie nous enseigner.

    1 – Que fait et que dit Jésus ?  Sur le pain rompu, Jésus dit « Ceci est Mon Corps livré pour vous. » Sur la coupe donnée, il dit : «  Ceci est mon Sang versé pour vous et pour la multitude. » et il ajoute « Faites ceci en mémoire de moi. »

    Jésus annonce donc sa mort : le corps est livré, le sang est versé… Cette parole ne sera totalement vraie que le lendemain sur la Croix… mais en fait, elle est vraie depuis la conception du Verbe en Marie : il est né pour se donner, se livrer.

    Jésus annonce sa mort donnée… et veut que « nous fassions ce geste en mémoire de Lui » : « mémoire » est un mot très fort ! Faire mémoire ce n’est pas seulement se rappeler le passé mais le rendre présent.

    2 - Mais qui peut permettre à des hommes comme nous de faire mémoire à ce point, de rendre présent à ce point le Christ qui se donne ! Evidemment cette capacité est divine, elle nous est donnée par L’Esprit Saint : ainsi avant la consécration, au commencement de la prière eucharistique qui est adressée au Père, le prêtre invoque l’Esprit Saint en étendant la main sur les offrandes[2] pour que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.

                Comme dit la 4ème prière eucharistique, cet Esprit demandé est le MEME Esprit saint…qu’on a vu à l’œuvre 

                Dans la création du monde (l’Esprit planait sur les eaux, couvait les eaux pour en faire jaillir la vie.

                Dans la création de l’humanité de Jésus dans le sein de la Vierge Marie : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » dit St Luc : l’Esprit crée l’humanité du Fils de Dieu dans le corps de Marie.

                Dans la création de l’Eglise à la Pentecôte : Marie et au milieu des premiers disciples et des apôtres quand le feu de l’Esprit descend sur eux.

                Dans la création du Fils ou de la fille de Dieu que nous sommes : St Jean Baptiste annonçait : Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.

                Dans la rémission des péchés confiée à l’Eglise et aux apôtres : en St Jean :  « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

                3 - Mais vous avez aussi remarqué que ce n’est jamais l’Esprit tout seul. C’est l’Esprit et  le Christ, mais c’est aussi l’Esprit, le Verbe et la créature Très souvent, il faut une créature qui donne son consentement à l’œuvre de l’Esprit et du Verbe en lui ou/et par lui. Ainsi c’est l’Esprit qui fait parler le Verbe dans le cœur des prophètes, c’est Marie, c’est l’apôtre, c’est l’Eglise, nous tous… L’homme est associé à l’œuvre de Dieu.

                Il en est de même dans l’eucharistie : c’est l’Esprit saint qui fait que la création (pain et vin) devienne la présence réelle absolue totale du Christ Mort et Ressuscité ; mais pour réaliser cette Présence, l’Esprit s’associe l’action de l’homme les Apôtres le soir du Jeudi saint, le prêtre maintenant – qui prie l’Esprit Saint et prête son être et sa voix pour que le Christ accomplisse lui-même l’action du dernier repas, paroles et gestes plein de sens : prendre, prier, rompre et donner.

                « C’est par l’Esprit et l’action du ministre que comme au matin de Pâques, Jésus se tient là avec ses disciples et il célèbre avec eux le mémorial. »[3]

                4 - Mais attention ! Jésus se livre mais depuis bien avant le Jeudi Saint.

                Depuis l’Annonciation, il est livré à la Vierge Marie. Et Marie a offert le Christ au Père à la Présentation au temple où il lui fut prophétisé un glaive de douleur… Elle a accompagné le Christ durant toute son ministère et jusqu’à la Croix où la prophétie de Siméon s’est réalisée dans l’offrande du Fils faite par Marie au Père en union avec l’offrande du Fils : « Père en tes mains je relmets mon esprit. » Depuis l’Annonciation jusqu’à la croix Marie dit « oui » à son Fils et au Père sous la mouvance de l’Esprit Saint.

                Marie est présente à toute assemblée chrétienne : ainsi dans l’Eglise, il y a quelqu’un en qui cette offrande est parfaite : c’est la Vierge Marie. Elle n’est pas seulement présente : elle est l’icône de l’Eglise assemblée et unie au Christ, elle nous prend dans sa foi mariale et dans son offrande : elle prend les fidèles et parmi les fidèles le prêtre aussi. Sa foi est le modèle, la structuration de notre foi et de notre offrande, heureusement qu’elle est là !

                5 - L’Eglise mariale est donc l’acteur de la célébration de l’eucharistie autant que le prêtre : c’est même à elle représentée par Marie que le Fils Jésus se donne d’abord avant les apôtres et le prêtre même.

                On comprend que la seconde invocation de l’Esprit saint dans la prière eucharistique soit sur l’Eglise : c’est dans la continuité totale avec la Pentecôte. Nous savons que l’Eglise naît de l’Esprit et devient Corps du Christ par la communion eucharistique sous la mouvance de l’Esprit : « Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ » demandons-nous dans la prière.

                L’Eglise est donc constituée par l’Eucharistie comme Eglise, non seulement parce qu’elle reçoit le Corps du Christ et le devient vraiment mais aussi parce qu’elle s’offre au Père avec le Christ dans l’Esprit Saint. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »

                Curieuse prière : on demande de pouvoir s’offrir ! En effet qui peut prétendre qu’il s’offre tout entier au Christ … qu’il peut le faire ! C’est pourquoi nous demandons à Dieu de le réaliser avec notre consentement. Et Dieu nous répond en nous unissant à Marie dans sa foi et son offrande juste et parfaite.

                6 - Qui agit alors en mémoire du Christ ?

                L’Esprit, le Christ, le prêtre, la communauté de l’Eglise assemblée et Marie en son sein : voici les acteurs principaux de toute eucharistie. Tous s’unifient dans l’offrande du Christ au Père et d’eux-mêmes au Père dans le Christ. Cette offrande culmine dans la doxologie « Par Lui avec Lui et en Lui… »

                « Jamais, écrit le cardinal Daniélou, Dieu ne sera davantage aimé que par le Christ, c’est-à-dire par l’humanité revêtue par le Verbe sur la Croix. Nous ne pouvons donc plus qu’offrir à Dieu cet amour infini dont le Christ l’a aimé, c’est tout le sens du sacrifice de la messe. »[4]

                « En cette offrande qui rend le Fils au Père, écrit le cardinal Balthasar, le geste de Marie au pied de la Croix croise le geste ministériel du prêtre célébrant qui, à l’autel, fait le geste – marial - de l’Eglise en unissant les croyants concrets rassemblés en un lieu, sans faire de séparation entre son geste propre et celui du peuple.  Toutefois rappelons encore la primauté de ce qui est marial sur ce qui est liturgique étant donné que, dans l’incarnation et la naissance de Jésus, le Verbe incarné était déjà confié au soin de sa Mère avant qu’il ne soit remis plus tard au soin de l’Eglise en son ministère et sa communauté. »[5]

     

    [1]Paul EVDOKIMOV la femme et le salut du monde Lethielleux et DDB 2009

    [2]- 1 - « Sanctifie pleinement cette offrande par la puissance de ta Bénédiction, rends-la parfaite et digne de toi : qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur. »        Le nom de l’Esprit est ici « Bénédiction »- 2 - « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur. »- 3 - « Dieu tout-puissant, nous te supplionsde consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : Sanctifie-les par ton Espritpour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère. »- 4 - « Que ce même Esprit Saint, nous t’en prions, Seigneur, sanctifie ces offrandes :qu’elles deviennent ainsi le corps et le sang de ton Fils dans la célébration de ce grand mystère que lui-même nous a laissé en signe de l’Alliance éternelle. »

     

    [3]Jean-Claude CRIVELLI L'Esprit Saint dans l'Eucharistie

     

    [4]p. 370-71. Daniélou Contemplation, croissance de l’Eglise. Fayard Paris 1977 p. 99

    [5]p. 375

  • MEDITATION SUR L’AGONIE DE JESUS A GETHSEMANI

    St Luc 22/39-47

    Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. »

               

    Méditons cette scène extraordinaire de l’agonie de Jésus à Gethsémani telle que nous la racontel’évangéliste St Luc.

     

    1 - Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.

    C’est donc dans le lieuhabituel du Mont des Oliviers que Jésus et les siens se retrouvent après le dernier repas. C’est là que Jésus enseignait ses apôtres, priait et se détendait avec eux dans une des grottes qui gardait la fraicheur en été et préservait du froid et de la pluie en hiver dans cette ville à 900m d’altitude. C’est le dernier moment heureux de Jésus sur cette terre.

    C’est aussi le moment où sa vie bascule : jusque-là, Jésus conduit par l’Esprit Saint a été un homme qui conduit sa missioncomme le Père le veut, qui prend les initiatives, organisent « certains mises en scène »… Maintenant, selon la volonté du Père, il va être livréaux hommes.

     

    2 - Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Ce soir pas question d’enseignement ou de rencontre : Jésus est venu dans ce lieu familier pour prier. Cette prière est mentionnée 5 fois dans ces quelques lignes … savamment composées :

    « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » 40b

                S’étant mis à genoux, il priait 41b

                      Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance 44b

                Puis Jésus se releva de sa prière 45a

    priez, pour ne pas entrer en tentation. » 46d

    … Et le centre est cette prière de combat(c’est le sens du mot agonie en grec) que le Christ doit mener dans ce jardin. Il faut nous approcher avec délicatesse et infini respect de cette prière unique dans la vie du Christ.Nous connaissons sa longue et habituelle prière de nuit dans l’unité d’amour avec le Père et l’Esprit Saint ; nous connaissons la prière avant les grands événements (le choix des apôtres, la transfiguration) ; nous connaissons sa prière d’exultation de joie dans l’Esprit quand la mission des apôtres rencontre le succès contre Satan. Mais ici c’est prière de combat.

     

    3 - Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »Cette prière, Jésus veut la mener seul… même s’il a demandé l’aide de la prière de ses disciples… donc plus que les apôtres… le groupe plus large…d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de le suivre et dont St Luc soulignera l présence à la Croix. Marie était peut-être au milieu d’eux déjà.

    Lui seul doit mener le combat… mais il compte sur la prière des siens. Mais quand il rejoignit ses disciples après sa prière  il les trouva endormis, accablés de tristesse.N’est-ce pas notre tentation habituelle de « dormir » quand il faudrait être vigilant, éveillé, dans la prière pour soutenir le combat de l’Eglise … Nous sommes si souvent des disciples endormis… ?

     

    « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Voilà donc le contenu de cette prière, de ce combat que nous pouvons comprendre à plusieurs niveaux :

     

                - nous pouvons comme assister à l’union des volontés dans le Christ, union de la volonté divine de sa nature divine et volonté humaine de sa nature humaine. Lentement, comme au ralenti, avec effroi la volonté humaine fait sienne la volonté divine. Là où Adam et Eve ont refusé d’obéir à Dieu dans le jardin du Paradis, dans le jardin du Mont des Oliviers, un autre Adam – le nouvel Adamdira St Paul – fait sienne, malgré son effroi, la volonté divine. Nous sommes dans cette volonté humaine de Jésus qui obéit car dans son Incarnation, le Verbe a pris la totalité de la nature humaine, la nôtre. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti (littéralement, il s’est vidé), prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2/6-8)

     

                - la coupe ? « Le Père tend le calice des iniquités humaines à son Fils, l’appelle à dépasser le tremblement, la frayeur de sa nature humaine, non pas devant la souffrance physique, mais devant la charge écrasante du Péché universel, devant le passage mystérieux et redoutable par les portes de la mort. Le second Adam s’identifie avec le premier et s’enfonce à Gethsémani dans la nuit mortelle de l’angoisse… Le Christ devient le sujet du péché librement accepté. »[1]Dieu aurait pu sauver l’homme d’une parole comme la parole créatrice. Mais ici pour prouver son amour , le Christ est appelé par le Père à devenir lui-même pécheur par amourpour les hommes qu’il prend en lui pour leur donner en échange sa justice. St Paul le dit avec force : « l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes... Celui qui n’a pas connu le péché (Jésus), Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co. 5/14, 18, 21) C’est « l’amour fou de Dieu » pour l’homme.

     

    4 - Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient sur la terre. C’est dire l’intensité du combat, le séisme intérieur au cœur du Christ : lui le Fils bien aimé, toujours uni au Père qu’il aime dans l’Esprit d’amour expérimente en lui-même, comme étant de lui, la haine des hommes envers Dieu ! « Pour le Christ, accepter la croix signifie introduire à l’intérieur de soi, par compassion, le Péché du monde comme le sien propre. La Croix fait culminer l’abîme de l’innocence et l’abîme des ténèbres dans le même cri Abba Père ! »[2]Dans ce jardin ...  « Dieu prend sur lui sa réponse à sa propre Justice, assume la conséquence ultime de son acte de création [3]» d’un homme libre « imprévisible même pour Dieu »[4]comme disent les Pères.

     

    5 - Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.

                Dieu le Père prend soin de son Fils dans son combat… comme il avait pris soin naguère des Moïse dans son œuvre de libération du peuple ou d’Elie[5]dans son combat pour le vrai Dieu.     Dieu l’Impassible, par amour se fait passible, souffrant dans le Fils uni à la nature humaine mais en son cœur de Père : son amour transcende sa propre transcendance et nous devons vénérer en même tempssonimpassibilité et son grand amour. « L’Esprit Saint est la joie où le Trois se complaisent ensemble… A l’agonie, L’Esprit Saint devient la souffrance ineffable où les Trois s ‘unissent. Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. L’Esprit Saint amour réciproque du Père et du Fils s’offre en sacrifice, s’approprie à sa manière la Croix afin de devenir « la puissance invincible de la Croix ».[6]

    « Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. » dit Paul Evdokimov. On peut comprendre cet aspect si terrible de cette scène en contemplant Jésus qui crie « Abbé Père »et qui n’a comme réponse de Fils …qu’un ange…comme les hommes dans la détresse.

     

    6 - Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples.

    Jésus se relève comme apaisé. Conforté par cette prière et cette proximité réelle mais comme insensible du Père et de l’Esprit, Jésus dominera sereinement la situation et même sa mortqui sera accompagnée d’une prière paisible :

                 « Pèrepardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »,

                 « Aujourd’hui, tu seras avec moi au Paradis » et

                « Père, entre tes mains je remets mon Esprit(pneuma en grec) »…

    paisible jusqu’à la mort : « Jésus expire » dit St Luc et c’est un verbe composé du mot « esprit » en grec (exèpneusen). « Sur la Croix le Christ a assumé la mortalité même. La puissance de la mort est dans son autonomie mais la Christ donne sa mort au Père et c’est pourquoi, en Christ, c’est la mort qui meurt. Par sa mort, il a vaincu la mortchante le tropaire de Pâques. Dès lors aucun homme ne meurt plus seul – « Personne ne passa vers le Père sans passer par moi » (St Jean 14/6) – Le Christ meurt avec lui pour ressusciter avec lui. »[7]

     

    [1]Paul Evdokimov l’art de l’icône, théologie de la beautép. 258 et 257

    [2]Evdokimov op. cit. p. 260

    [3]p. 260

    [4]idem p. 260

    [5]1 Rois 19/4-8

    [6]idem p. 258

    [7]idem p. 261

  • Résurrection de Lazare

    Jésus révèle une autre vision de la mort dans le peuple saint qui n’avait pas d’espérance en l’au-delà à l’époque de Jésus (chez les sadducéens et les grands prêtres comme dans une grande partie du peuple…) … ou une pensée confuse sur le sujet (ce fameux schéol où l’on descend à la mort pour y finir de mourir sans même pouvoir louer Dieu) et même, face à l’espérance pharisienne en la résurrection « au dernier jour » que Marthe confesse si bien devant Jésus.

    Jésus parle de la mort comme d’un sommeil d’où il va réveiller Lazare… idée tellement nouvelle que les apôtres ne comprennent pas et pensent que Lazare dort… pour sa guérison ! Au 15èmesiècles le vieux mot « aître »[1]sera remplacé par cimetière venant du grecancien koimêtêrion qui signifie « lieu pour dormir, dortoir ».

    Cette mort est pour la Gloire de Dieu et la foi des disciples.

    Face à Marthe qui confesse la foi pharisienne sur la résurrection finale des morts, - que ne conteste pas Jésus -, il affirme d’une manière forte ( Jn 11/ 25-26) :

    - « Moi je suis la Résurrection et la Vie ».Il en est donc l’auteuret le contenu.

    - « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».On peut donc mourir sur la terre et entrer malgré cette mort ou dans cet acte même de mourir, dans la Vie dont il parlait plus haut.

    « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »Il s’agit là d’une promesse de vie éternelle faite à celui qui croit en Jésus et vit en Lui qui est la Vie. » D’ailleurs cette phrase s’achève par la question à Marthe : « crois-tu cela ? »

    Marthe croit mais ce que dit Jésus est si étonnant, incroyable, incompréhensible que devant le tombeau quand Jésus dit « enlevez la pierre », la réaliste et pratique Marthe proteste : « il sent déjà, il est là depuis 4 jours. »Mais si le Christ est la Résurrection,  alors Marthe et si tu crois ?

    « Et le mort sortit… pieds et mains liés de bandelettes avec le suaire sur la tête. A la vu du tombeau de Lazare qui est unpuits, avec des marches,je vous laisse imaginer la sortie spectaculaire et stupéfiante du mort.

     

    [1]Du lat. atrium,proprement « pièce principale de la maison romaine » qui prit au 4èmes.le sens de  « portique, parvis de basilique » en latin chrétien.

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    1 Porte d’entrée état actuel.    

     

    2 L’escalier pour descendre ou monter ! 

     

    3 L’endroit où fut déposé le corps

  • Dépasser les lumières !

    A méditer…. Du Pape François.

     

    Le pape a invité notamment à « dépasser l’herméneutique des Lumières » par une « herméneutique de la mémoire, de l’appartenance à un peuple, du fait que l’on a une histoire ; l’herméneutique du cheminement vers une espérance, l’herméneutique – je répète quelque chose que j’aime bien dire – des trois langages, ensemble, en harmonie : le langage de l’esprit, le langage du cœur et le langage des mains, de sorte que

    l’on pense ce que l’on sent et ce que l’on fait ;

    l’on sente ce que l’on pense et ce que l’on fait ;

    l’on fasse ce que l’on sent et ce que l’on pense.

    Cette herméneutique est nécessaire aujourd’hui pour dépasser l’héritage des Lumières. »

  • Entrée en carême

    Billet spirituel

    « Aujourd’hui, jour des cendres, c’est Pâques » !

    Tout le temps qui commence est aimanté par Pâques, c’est vers Pâques que nous regardons. Vers ce sommet de l’année, ce jour de la libération totale accomplie par Dieu.

    Dans la vigile pascale, nous lirons la sortie d’Egypte qui est le commencement de la Pâque : le premier acte !  Là Dieu a commencé à la libérer les hommes en libérant son peuple de l’esclavage d’Egypte et de la menace de génocide qui pesait sur lui.  Moïse s’entend dire pas Dieu : « J’ai entendu le cri de mon peuple, j’ai vu sa misère je suis résolu à le libérer : va, fais sortir d’Egypte mon peuple. »

    Ensuite, nous lirons le récit de la Pâque du Christ : sa mort, sa résurrection qu’est cet événement fabuleux. Là Dieu accomplit la Pâque d’Egypte – Jésus meurt à l’heure où les agneaux pascals sont immolés – en libérant l’homme de la mort et de l’esclavage de la mort qu’est le péché. Le souhait de Dieu est que chacun de nous soit libre, parfaitement libre. Nous sommes depuis notre baptême en chemin de libération… du grand esclavage qui est « l’esclavage du moi. »

    L’Evangile de ce soir nous donne les remèdes à mettre en œuvre pour que Jésus puisse nous transformer ; c’est la grâce qui met à mort notre « moi » égoïste et égocentré avec notre accord.

    1er remède : le secret. Faire tout en secret pour tuer en nous notre amour de la renommée, pour nous libérer de la recherche du regard des autres.

    2ème remède : le jeûne alimentaire. SI quand j’ouvre une boîte de chocolat elle y passe toute entière… j’ai un rapport aux biens terrestres qui est déréglé. Certes la création est bonne, elle est don de Dieu… « Tu peux manger/tu dois manger se tous les arbres du jardin sauf de l’arbre »… il y a une limite, une maîtrise de soi qui fait user du monde donné par Dieu sans perdre de vue qu’il est le premier Bien pour nous.

    3ème l’aumône : si je jeûne et que je garde ce que je ne prends pas, tout est encore pour moi ! Le jeûne conduit au don, au détachement volontaire de ce dont je pouvais jouir normalement mais dont je me sépare pour être libéré de l’enfouissement dans le matériel.

    Enfin 4ème remède : la prière. Pas une  petite prière comme cela, en passant en gardant  pour moi tout le reste du temps  de la journée… pas ma petite messe du dimanche et rien après… Non un vrai temps donné à Dieu, pour lui, gratuitement pour ne penser qu’à lui et plus à moi !

    Enfin dernière chose : vous arriverez déçu à la fin du carême. Tant mieux vous aurez ainsi un peu plus vu votre misère, votre pauvreté intérieure, votre piètre volonté, votre mensonge à Dieu que vous prétendez aimer sans pouvoir lui donner du temps… Vous serez plus vrai devant le Seigneur, plus humble, plus malléable à la grâce qui vous sera généreusement accordée au matin de Pâques.

  • Recouvrement au Temple. Fête de la Sainte famille.

                Comme je devais commenter devant vous à nouveau ce texte… je me suis dit que je devais le reprendre de fond en comble pour renouveler mon regard sur lui. J’ai repris le texte grec et notamment les verbes avec leur nuance et leur temps. Je me suis rendu compte que le texte de St Luc est très complexe, nuancé, riche même de nuances fines qui échappent à nos traductions. Je ne veux pas tout reprendre mais seulement un point qui a nourri ma méditation.

                Au verset 43, le texte dit ceci : «  Comme les jours sont accomplis, ils reviennent, Jésus l’enfant reste à Jérousalem et ses parents n’ont pas compris : quoi ? qu’il devait rester à Jérousalem.Pensant qu’il est dans la caravane de pèlerins … » Et à la fin du récit, au verset 48 Marie dit à Jésus « mon enfant, pourquoi nous as-tu fait une chose pareille ? Vois, ton père et moi te cherchions avec angoisse. 49 Il leur dit : « vous me cherchiez : est-ce possible ? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père. ? » 50 Mais eux n’avaient pas compris la parolequ’il leur avait dite ? », antérieurement, évoquée au verset 43 et prononcée à Jérusalem avant le départ.

             Nous sommes à Jérusalem (Luc dit à la manière ancienne  Jérousalem), pour la Pâque. On se trouve en chemin et on a perdu Jésus. On le cherche, on est dans l’angoisse et la tristesse, on revient à Jérusalem et là on le trouve 3 jours après… et il fait un reproche, celui de ne pas  avoir compris la parole qu’il leur a dite : « Vous me cherchiez, comment est-ce possible ? Ne saviez-vous pas … »

                Tout ce cheminement en rappelle un autre… du même St Luc.

                Le soir de Pâque, deux disciples tristes quittent Jérusalem vers Emmaüs. Ils ont perdu Jésus… voilà 3 jours ! Ils ne comprennent rien aux événements… un mystérieux personnage leur fait des reproches : « o cœurs lents à croire la parole qu’ont dit les prophètes … Puis des yeux s’ouvrent, on revient à Jérusalem où enfin on  découvre qu’il est ressuscité et apparu à Pierre.

                Deux routes, deux incompréhensions malgré toutes les paroles données, deux tristesses, deux cheminements longs purificateurs pour, enfin, trouver Jésus !

                Le livre de l’Evangile de St Luc est encadré de deux cheminements qui affirment tous deux la même réalité capitale : nous ne possédons pas Jésus, il nous échappe toujours, nous ne comprenons pas ce qu’il fait, ce qu’il dit … si ce n’est après un cheminement purificateur, quand nous avons perdu tout ce que nous pensions de Lui nous, au lieu, nous, de l’écouter, Lui.

                Trois points de méditation :

    1 – Marie et Joseph aujourd’hui - et tout parent à travers eux - apprennent que Jésus ne leur appartient pas, il est « aux affaires du Père » comme il l’entend lui. Aucun enfant n’appartient à ses parents. Marie et Joseph doivent l’apprendre comme tous les parents. L’amour parental légitime peut être étouffant et destructeur s’il n’est pas contrebalancé par l’attention prudente et constante à la liberté de l’enfant pour découvrir qui il est vraiment – pas ce que je veux de lui ou j’imagine de lui -, quels sont ses talents, ses grâces naturelles et surnaturelles, sa vocation…

    2 – Nous ne possédons pas Jésus, nous ne le connaissons pas si ce n’est par un long chemin  purificateur qui nous dépouille de toutes nos fausses bonnes idées sur Lui, pour nous laisser saisir par son mystère sans désir de le réduire à notre compréhension… au Jésus que nous fabriquions ave ce que nous aimons bien… à condition de se mettre vraimentl’écoute de Sa Parole…

    3 – Enfin un dernier point qui montre que Jésus n’est pas un adolescent révolté comme on le montre parfois dans ce texte, le réduisant à nos humeurs pécheresses d’adolescent mal luné. Au verset 51, il nous est dit que Jésus était soumisà ses parents. Voilà un mot fort… il veut dire « disposé à l’obéissance » ! Non Jésus n’est pas un enfant révolté. Sa nature humaine – la même que la nôtre – n’est pas marqué par le péché comme la nôtre et pour devenir un adulte, Jésus n’a pas besoin de passer par les nombreux péchés de l’adolescence, souvent suscités par l’inconnu sur nous-mêmes de ce temps, ce qui n’est pas l’expérience de Jésus comme le montre ce texte évangélique.

  • Méditation sur le Prologue de l’Evangile de St Jean JOUR DE NOEL

                Les deux prologues lus aujourd’hui, celui de l’épître aux Hébreux et celui de l’évangile de St Jean, se complètent admirablement pour conduire notre contemplation de ce matin de Noël. Hier soir et ce matin à l’aurore, nous étions attendris à la crèche, devant l’Evénement.La lumière divine brillait dans notre cœur et nous demandions qu’elle brille dans toute notre vie.

                Dans ces magnifiques poèmes lus à la messe du Jour, l’auteur des hébreux et l’apôtre St Jean nous introduisent dans l’intimité divine et nous montrent successivement l’action du Verbe de Dieu, son Incarnation et les bienfaits que nous en recevons, rien moins que la divinisation des enfants de Dieu.

     

                L’INTIMITE DIVINE. Le 1erverset du prologue de St Jean  nous conduit en Dieu, avant la Création; le Verbe, Dieu lui-même, est tourné vers le Père comme on est tourné et tendu vers sa Source. Et tout à la fin du prologue, au verset 18, St Jean nous montre le Verbe, tourné vers Dieu dans le sein du Père: à la fois proximité, intimité entre le Père et le Fils unique, intériorité totale. Comme le dit l’épître aux Hébreux, ce Fils est « resplendissement de la Gloire du Père, expression parfaite de son être. »Pour nous introduire dans une telle intimité, St Jean emploie deux images complémentaires: Dieu est présenté comme l’Intelligence qui conçoit un Verbe et comme un Père qui engendre un Fils.  « Un Verbe ne fait pas un être distinct de l’esprit qui le conçoit et le fils est une personne distincte du père qui l’engendre. En Dieu, le Verbe est son Fils: dualité des personnes dans l’unité de leur nature »(Sœur Jeanne d’Arc dans son commentaire de St Jean en grec, p.6)

     

                L’ACTION DU VERBE DE DIEU. Elle est triple dans le prologue johannique. Le Verbe est CREATEUR ET ORGANISATEUR DU COSMOS. St Jean écrit: « Tout fut fait par Lui et sans lui rien ne fut... En Lui était la Vie. »  Et l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit: « Ce fils porte toutes choses par sa parole puissante... Par Lui, il a créé les mondes »La Genèse déjà nous montrait Dieu créant par sa Parole. Cette Parole, nous enseigne le livre de la Sagesse, tient toutes choses, fait tenir ensemble tout le cosmos, en fait justement un cosmos c’est-à-dire un monde organisé et intelligible!

    Le Verbe est ILLUMINATEUR DE L’INTELLIGENCE DE L’HOMME. Il vient dans le monde et en venant, « Il éclaire tout homme. »Ainsi tout au long des générations, le Verbe vient à la rencontre de tout homme. Comme St Paul l’écrit dans l’épître aux Romains: « Depuis la création du monde, Dieu se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres. » (Romains 1/19). Aucun homme n’est abandonné; secrètement, le Verbe vient à sa rencontre pour le conduire à la révélation plénière de Dieu, s’il est accueilli ! Et Jean note que malheureusement, il n’est pas accueilli, sauf pour quelques-uns qui « deviennent enfants de Dieu »

    Le Verbe enfin est L’EDUCATEUR DES JUIFS. Il est venu chez les siens; les « siens », son peuple choisi, élu depuis Abraham, les siens formés par les prophètes, les sages et les hommes de Dieu. Et là encore St Jean note avec tristesse « et les siens ne l’ont pas accueilli ».

     

                ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR.Ce Verbe, Fils du Père, Créateur et organisateur du cosmos, venant à la rencontre secrète de tout homme pour l’éclairer, s’adressant au peuple élu, ce Verbe devient un homme fragile, assume une chair humaine, mortelle; il devient humble créature. L’annonce est inouïe: l’Eternel dans le temps, le Créateur devenu créature; l’Inaccessible trois fois saint langé dans une crèche! Et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour voir la Gloire de Dieu dans l’humble humanité de Jésus; et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour se laisser éclairer par le climat paisible et extraordinaire de l’Evangile « plein de grâce et de vérité ». « Plein de grâce et de vérité, » comment mieux caractériser le climat de l’Evangile ?

     

                ET DE LUI NOUS AVONS TOUT RECU. Sa plénitude a débordé jusqu’à nous. Nous avons reçu la grâce et la vérité. Et désormais nous ne pouvons plus vivre autrement que dans le désir de vivre « plein de grâce et de vérité ».Ce n’est plus la Loi de Moïse qui nous conduit à Dieu: c’est la grâce et la vérité données par Jésus.Et nous avons reçu grâce sur grâce: abondance de grâce, variété infinie du don gracieux de Dieu, adaptable à toute situation, sans jamais épuiser ce don de Dieu. Comme Marie, nous sommes appelés à vivre totalement « dans la grâce et la vérité ».

    Et nous avons CONNU DIEU.

    St Jean commence par affirmer: « Nul n’a jamais vu  Dieu » Toute l’Ecriture en témoigne: l’homme ne peut voir Dieu. Toutes religions cherchent Dieu à  tâtons, tout homme cherche Dieu à tâtons car le désir de Dieu est naturel. Mais avec la naissance du Verbe dans la chair, Dieu vient au-devant de l’homme ! Le Verbe incarné vient faire connaître Dieu, il s’en fait « l’exégète » comme dit St Jean, « l’interprète » ! Et c’est le sommet: connaître Dieu ! C’est la vie éternelle. Jésus le déclare : « Telle est la vie éternelle, c’est qu’Ils te connaissant, Toi le Seul Vrai Dieu et Celui que Tu as envoyé, Jésus le Messie »(St Jean 17/3) Connaître, pour la Bible, c’est tout à la fois connaître par l’intelligence mais aussi contempler, établir une relation, vénérer et aimer. Dieu est désormais connu dans tous les sens du terme ! Et seulement par le Fils unique incarné. Et cette connaissance de Dieu est la Vie et la plénitude de l’homme !

     

                C’est ainsi que ces prologues décrivent la splendide manifestation de Dieu depuis la création jusqu’au sommet de l’Incarnation. C’est ainsi que l’intimité divine nous est montrée; c’est ainsi que l’intimité divine nous est OFFERTE. Le Fils récapitule tout en lui et nous donne de DEVENIR ENFANTS DE DIEU. Certes, ce que nous sommes n’est pas encore manifesté: mais nous le sommes vraiment. Puissions-nous nous réjouir dès maintenant dans cette connaissance de Dieu en attendant le Royaume « où nous connaîtrons comme nous sommes connus »comme dit le même St Jean dans sa première épitre. Amen.

  • Sermon de Noël 2018 messe de l’Aurore

                St Jean écrit voulant nous faire partager une joie de son cœur reçue du Christ lui-même : « Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. »[1]Mais St Paul nous avertit : « Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui qui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.[2] »

                Et pourtant, St Jean invite chaque croyant  à marcher dans la lumière pour être en communion avec Dieu et avec les frères : « Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. »[3]  Comment faire ? La liturgie de Noël nous répond magnifiquement par les oraisons des 3 messes de Noël :

                A la messe de la Nuit : « Seigneur tu as fait resplendir cette nuit très sainte des clartés de la vraie lumière : de grâce, accorde-nous, qu’illuminés dès ici bas par la révélation de ce mystère, nous goûtions dans le ciel la plénitude de sa joie... »(déjà à la messe de la nuit du temps de St Augustin 4ème/5èmesiècles)

                A la messe de l’Aurore : « Dieu tout-puissant en ton Verbe fait chair, une lumière nouvelle nous envahit : puisqu’elle éclaire déjà nos cœurs par la foi, fais qu’elle resplendisse dans toute notre vie... » (tirée d’un recueil d’oraisons du 6èmesiècle appelé l’Hadrianum, 8èmesiècle)

             A la messe du Jour : « Père toi qui a merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité. »(tirée du recueil d’oraison du sacramentaire de Vérone 6èmesiècle)

     

                Au cœur de la nuit de Noël,surgit la lumière véritable : la Lumière divine inaccessible s’approche des hommes dans la naissance du Fils qui est « lumière pour les hommes ». Ce qui est attendu de nous, c’est de Croire qu’en Jésus, Verbe Incarné, la Lumière divine nous est donnée.

                Dans les premières heures de l’aurore : nous sommes venus à na crèche avec les bergers, un chantier s’ouvre à nous : la lumière est dans nos cœurs par la foi,… elle doit rayonner maintenant dans toute notre vie…en fidélité avec la Lumière crue et reçue.

                Au matin du jour, le mystère est dévoilé dans toute son ampleur : il ne s’agit pas seulement de nous laisser illuminer, il nous est révélé que nous sommes appelés à devenir participant de cette Lumière divine,« participant de la nature divine »[4]comme dit St Pierre, appelés à être divinisés.

                D’où la célèbre parole des pères de l’Eglise sans cesse répétée à l’Orient comme à l’Occident, ici en St Augustin au 5èmesiècle en Afrique : « Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.

 Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps… Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. …Tu aurais péri, s’il n’était pas venu.

 »  Et il ajoutait affirmant le plus beau de cette fête : « Célébrons donc ce jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref.  En ce jour de grâce, réjouissons-nous : … Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d’homme et, en retour, il transforme des fils d’hommes en fils de Dieu ?

 »

     

     

     

    [1]1èrede St Jean 1/5

    [2]1èreà Timothée 6/16

    [3]1èreJean 1/7

    [4]2èmeépitre de St Pierre 1/4

  • Sermon de Noël 2018, messe de la Nuit.

    062d0a8ed0adf0b8176fb411cbab7b2c.jpg            Nous venons d’entendre une nouvelle fois le merveilleux récitde la naissance de Jésus selon l’évangéliste St Luc : « Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car ce n’était pas une place pour eux dans la salle commune. » (2/7)

                Une réalité inouïe que les anges annoncent aux bergers.

                Une réalité impensée, Un Dieu qui se fait homme ! Qui aurait osé penser cela ? Le prophète Isaïe nous avait prévenus. Ecoutons : « Maintenant, je te fais entendre des choses nouvelles, secrètes, inconnues de toi…
Eh bien non, tu n’avais rien entendu de pareil, non, tu ne savais rien de pareil, non. » 48/7-8 et St Paul lui-même écrit dans la première épître aux Corinthiens faisant écho à Iaïe : « nous parlons du Christ et de la sagesse du mystère de Dieu… et ce que nous proclamons, nous, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. »(1 Co. 2/7-9)

                Qui aurait pensé ce que nous vivons ce soir, à Noël, parmi les hommes même religieux, pieux de toutes les religions, surtout religieux…

                Le Dieu l’Eternel entre dans le temps des créatures

                Le Dieu Invisible se fait voir et toucher dans un enfant

                Le Dieu Infini se montre dans ce petit bébé emmaillotté !

                Le Dieu Grand  s’humilie en devenant ce bébé par amour pour les hommes

                Le Dieu Père qui donne son Fils et son Esprit Saint pour que les hommes qui le veulent puissent devenir ses enfants bien aimés, Dieu par participation.Nous venons de le chanter : « Par un échange admirable, le Verbe a pris chair de Marie et Il nous fait participer de sa divinité par la puissance de l’Esprit »

     

    Tout cela pourrait paraître une belle histoire de Noël, un de ces contesqu’on aime à raconter dans ce temps béni… Mais qui ne sont QUE des contes ! … avec leur magie enfantine certes… mais qui n’ont rien de réel. Ils sont bons pour un soir.

                Je ne vous raconte pas un conte ce soir !

                Ce bébé qui vient de naître va grandir comme un enfant juif dans son village de  Nazareth, caché de tous, apparemment banal, simple, effacé.

                Il deviendra un adulte mûr, paisible et ferme à la fois, clair et net dans ses propos, maître de sagesse qui prendra la parole et montrera les conditions nécessaires pour une vraie fraternité humaine : il parlera du Père commun– son Père – et parlant du Dieu Père, il pourra être le frère de tous, soulageant toute douleur et toute misère avec compassion. Il osera rappeler la dignité de la vie humaine et du cœur humain et montrer les exigences d’une telle vocation humaine.

                Non ce n’est pas un conte que je vous raconte ce soir !

    Car cet homme si fraternel, si humble et doux, ses contemporains le rejetteront, surtout le chefs et les responsables religieux. On l’exclura du peuple, on le rejettera, on le mettra à mort avec acharnement. Rappeler aux hommes les exigences de la foi et de la fidélité du CŒURà Dieu, les exigences d’une vie fraternelle RÉELLE, lui vaudra le mépris, la souffrance et la mort.

    Et pourtant tout le monde goûte la fraternité, la justice, le respect mutuel, du moins tout le monde en parle avec des sanglots dans la voix ! Et Dieu sait si on nous en parle de la fraternité ! dans les journaux et les discours !!

                Mais en réalité… en réalité, chez nous,  l’attrait du pouvoir, de l’argent, de la possession sous toutes ses formes, l’envie… habitent leur cœur des hommes et le tuent peu à peu.  Enfoui dans l’envie, le cœur humain meurt, l’argent tue le cœur des pauvres qui envient les riches et l’argent sclérose jusqu’à la mort, le cœur des riches qui ont tout.

                Tant que la fraternité est un conte, une belle histoire qui émeut, un thème de discours, une évocation qui dorlote un soir de Noël, au coin du feu ou après une bonne bouteille, cela plaît. Cela berce.

    Mais quand il s’agit de la vivre !... il n’y a plus personne. Il n’y a plus que les intérêts personnels ou particuliers à des groupes.

                Noël qui nous dit cette extraordinaire Bonne Nouvelle de notre filiation divine et de notre fraternité humaine nous dit AUSSI notre cœur blessé de tout homme.Avoir tué Jésus le Juste, le Bon, le Vrai – « je suis le chemin la vérité et la vie » avait-il dit – avoir tué Jésus a révélé l’ampleur de la blessure du cœur de tout homme. Le rejet du Père commun qui se donnait dans le Fils et nous faisait frères, nous a laissés individus sans amour fraternel et dans la tristesse de n’avoir pas assez ou trop !... peut-être beaucoup trop.

                Noël n’est pas un conte.

                Noël nous revoie à notre véritable histoire, à notre ÂME, au meilleur de nous-mêmes, à notre dignité humaine, tout cela souvent enfoui, englouti dans la consommation et la fausse idée que des choses peuvent nous combleret que si nous nous sentons  insatisfaits, c’est que nous avons pas assez de choses à notre portée ! NOËL NOUS RAPPELLE QUE L’HOMME N’EST PAS FAIT POUR LES CHOSES MAIS POUR DIEU ET POUR LE CŒUR DES AUTRES.

    Et Dieu a tout risqué pour NOUS le dire, nous le redire et nous aider à en sortir, nous les adultes.

    Et Dieu a tout risqué pour redire cela aux ENFANTS qui croulerontce soir sous les cadeaux dont beaucoup sont inutiles, fruits de la vanité et seront délaissés ou revendus demain.

    Frères et sœurs, cessons de nous enfouir dans le périssable, levons la tête ! Nous valons bien plus que d’être des consommateurs pour faire marcher le business.

    C’est le cadeau de Noël de nous le redire chaque année… et il faut être Dieu pour avoir une telle patience avec nous. Saurons-nous saisir notre chance cette année ? Amen 

  • 1er dimanche de l’Avent C

                En cette année liturgique qui s’ouvre, nous commençons la lecture suivie de l’Evangile de St Luc… et nous commençons par la fin ! Nous venons de lire un extrait du discours de Jésus sur la fin des temps. Après une description du siège de Jérusalem par les troupes romaines et des conseils de fuite que els chrétiens ont d’ailleurs parfaitement suivies, Jésus parle de sa Venue dans la Gloire, de son Avènement glorieux, de son Avent (Adventum contracté).

                Le même événement que celui évoqué par Saint Marc dimanche dernier. Même si nous allons comme chaque année liturgique repasser en nos mémoires et revivre tous les mystères du Seigneur, notre conception chrétienne du temps n’est pas cyclique : au contraire elle est directionnelle si je puis dire, tout tendue vers la Venue glorieuse du Seigneur,accomplissement du salut réalisé totalement dans le Christ pascal et encore à venir en l’humanité appelée à devenir son Corps glorieux. Notre cœur, noter esprit est tendu – spirituellement bien sûr, par désir et non psychologiquement – vers cette Venue du Seigneur qui comblera notre attente.

                Toute la liturgie de la messe est marquée par cette attente désirée de la Venue glorieuse de Jésus :nous buvons le « Vin du Royaume » comme dit l’offertoire ; « nous attendons sa venue glorieuse » comme nous le chantons après la consécration ; nous « espérons le bonheur promis et l’Avènement de Jésus Christ notre Sauveur » ainsi que le demande la prière qui suit le Notre Père qui lui-même a exprimé cette prière : « Que ton Règne vienne ! »

                Cette attente joyeuse de la Venue de Jésus dans la Gloire repose  sur sa venue parmi nous, il y a 2000 ans, à Bethléem : Le Fils de Dieu, l’Eternel a assumé une nature humaine en la personne de Jésus de Nazareth, Vrai Dieu et Vrai homme sans mélange ni séparation comme du Chalcédoine. Cette union si intime de Dieu et de l’homme est pour l’éternité. Devenu homme, consubstantiel à nous, Jésus n’a pas cessé d’être Dieu ; glorifié auprès du Père, il demeure avec nous, attendant de nous unir à Lui dans la Gloire pour l’Eternité. Son union éternelle à nous nous assure de sa venue pour que nous soyons toujours avec Lui.

                En attendant, le Seigneur ne cesse de venir dans le secret.

    Il vient dans chaque Eucharistie et il  naît et demeure dans le fond du cœur de chaque croyant. Il demeure dans le Corps des chrétiens unis, - l’Eglise - aujourd’hui sur terre, Présence du Ressuscité au milieu des hommes Il visite secrètement tous les hommes, les sollicite à penser et à faire le bien, « Il éclaire tout homme en venant dans le monde »dit St Jean ; accueilli par les uns, « il leur donne de devenir enfants de Dieu », rejeté par d’autres « et les siens ne l’ont pas reçu » dit le même  St Jean. Mais Dieu en se lasse pas de venir et de frapper à la porte des cœurs.

  • SERMON DE LA FÊTE DU CHRIST ROI 2018 (année B)

    En cette magnifique fête du Christ Roi, je voudrais contempler avec le Christ tel que l‘Apocalypse nous le montre, nous le fait rencontrer ce matin. Nous sommes devant Lui…

    « À vous, la grâce et la paix, de la part de JÉSUS CHRIST,

                le témoin fidèle : fidèle à la mission confiée par le Père, fidèle sur els routes de Palestine comme sur la Croix

                le premier-né des morts, 
c’est sa victoire sur la mort. La Croix ouvre sur la Résurrection et Jésus est le premier né, le premier mort qui vit en Dieu pour toujours.

                le prince des rois de la terre, c’est son Ascension, c’est-à-dire son exaltation, « tous les rois le serviront » dit le psaume. Et l’ayant reçu, l’ayant accueilli au milieu de nous, assemblée du Christ, nous le louons… avec une très belle doxologie :

     

                À lui qui nous aime,
 au présent… il nous aime aujourd’hui, maintenant comme toujours, infiniment comme un fils de Dieu peut le faire, il nous prend dans son amour divin. C’est le seul endroit du Nouveau Testament où on nous le dit !

                qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,
 au passé, c’est fait, le mystère de Pâques est totalement et parfaitement accompli même si ce salut doit gagner tous les cœurs humains. Nous sommes entre le « Déjà là » de la victoire salvifique du Christ et le « Pas encore » de son accomplissement… même si aujourd’hui comme à toute messe, ce Royaume accompli  vient à nous et nous y vivons durant la messe.  

                qui a fait de nous un royaume
et des prêtres pour son Dieu et Père,
 j’y reviendrai un peu plus loin.

                à lui, la gloire et la souveraineté
pour les siècles des siècles. Amen.
  

     

    Puis tout à coup, St Jean tourne nos regards non plus seulement vers le Christ là au milieu de nous mais vers le Christ Glorieux qui vient à la fin de temps ! C’est le même… mais le même dans la Gloire finale ! comme personne ne l’a encore vu !

     

                Voici qu’il vient avec les nuées,
tout œil le verra,« Venir sur les nuées » Daniel nous en a parlé dans la première lecture de ce jour. Daniel parle du « Fils de l’homme », titre que Jésus s’est attribué (110 fois dans les Evangiles), qu’il a aimé et sur lequel il a  été condamné… Et cette venue n’est pas que pour els croyants ; elle est pour tous ! « Tout oeil le verra »

                
ils le verront, ceux qui l’ont transpercé Répétition de cette vision de tous les hommes, eux qui l’ont transpercé par le mal qu’ils ont fait. C’est une prophétie de Zacharie… comme le texte  qui suit et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre.

                
Oui ! Amen !

                Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
1èreet dernière lettre de l’alphabet grec. Jésus est au commencement et à la fin de        l’histoire : tout vient de Lui tout est pour Lui. Il est le Créateur, le Sauveur, le Récapitulateur de tout à la fin des temps, c’est le même qui crée, sauve, accompagne l’histoire de tout homme, et ressaisit en Lui tout, création matérielle et humaine. Notre cierge pascal porte tous ces titres sur lui-même : croix, clous, alpha et oméga, humble date de l’année, celle de l‘attente de la venue glorieuse.

                Celui qui est, qui était et qui vient,
le Christ s’applique la révélation du Nom de Dieu au Buisson ardent, « Qui est, était et qui VIENT » moins statique, actif, Dieu intervient, vraiment lui-même, dans la vie des hommes, c’est l’incarnation qui est évoquée.

                le Souverain de l’univers. »Le Pantocrator, l’icône que vous avez sans cesse sous le yeux, à l’Est, là où le soleil chaque matin annonce cette venue

    du Seigneur à la fin des temps.

     

    J’ai encore à ajouter une chose : ce Dessein divin si bien montré par St Jean  nous le VIVONS à chaque eucharistie.

    Et je le fais en citant le Pape St Jean Paul II dans l’encyclique que nous allons étudier toute cette année :

    Le Pape écrit au n° 8 :

    « Quand je pense à l'Eucharistie, tout en regardant ma vie de prêtre, d'évêque, de Successeur de Pierre, je me rappelle spontanément les nombreux moments et lieux où il m'a été donné de la célébrer. Je me souviens de l'église paroissiale de Niegowić, où j'ai exercé ma première charge pastorale, de la collégiale Saint-Florian à Cracovie, de la cathédrale du Wawel, de la basilique Saint-Pierre et des nombreuses basiliques et églises de Rome et du monde entier. J'ai pu célébrer la Messe dans des chapelles situées sur des sentiers de montagne, au bord des lacs, sur les rives de la mer; je l'ai célébrée sur des autels bâtis dans les stades, sur les places des villes...

    Ces cadres si divers de mes Célébrations eucharistiques me font fortement ressentir leur caractère universel et pour ainsi dire COSMIQUE.OUI, COSMIQUE !  Car, même lorsqu'elle est célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde.

    Elle est un lien entre le ciel et la terre.

    Elle englobe et elle imprègne toute la création.

    Le Fils de Dieu s'est fait homme pour restituer toute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l'a tirée du néant. C'est ainsi que lui, le prêtre souverain et éternel, entrant grâce au sang de sa Croix dans le sanctuaire éternel, restitue toute la création rachetée au Créateur et Père.

    Il le fait par le ministère sacerdotal de l'Église, à la gloire de la Trinité sainte. »

                Qu’est-ce que le « ministère sacerdotal de l’Eglise » ?

                C’est le sacerdoce baptismal que nous avons tous reçu au baptême : St Jean disait : « Jésusa fait de nous un royaume
et des prêtres pour son Dieu et Père. »INCORPORÉ AU CHRIST PAR LE BAPTÊME NOUS SOMMES TOUS INCORPORÉS AU CHRIST PRÊTRE.

                Quand exerçons-nous ce sacerdoce ? Surtout à la messe… à l’offertoire en apportant avec le pain et le vin toute votre vie, vous efforts pour la paix, la vie évangélique, le bien que vous avez reçu d’autres… Et au « Par Lui avec Lui »… où nous nous offrons tous au Père avec le Christ, tout nous-mêmes, corps, esprit, affectivité, volonté, désir …

                On comprend alors la finale du pape Jean Paul II au n° 8 :

    « C'est vraiment là lemysterium fidei (mystère de la foi)qui se réalise dans l'Eucharistie: LE MONDE, SORTI DES MAINS DE DIEU CRÉATEUR, RETOURNE À LUI APRÈS AVOIR ÉTÉ RACHETÉ PAR LE CHRIST. »