Le fait rapporté par St Luc sur les souvenirs de Marie (St Luc écrit en 2/19 « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » Il indique sa source.)
Marie et Joseph sont mariés mais ne vivent pas ensemble ou tout juste ( En Israël, une année sépare la célébration du mariage et l’habitation commune)
Avant la vie commune, Marie est enceinte par l’œuvre de l’Esprit Saint Créateur (Gn 1/1. AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre.La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et l’Eprit de Dieu planait (le verbe évoque le vol spécifique de l’oiseau au-dessus du nid qu’il couve piour faire naître la vie) au-dessus des eaux. ») Dieu doit insister auprès de Joseph pour qu’il prenne sa femme tant il se sent indigne
Ils sont tous les deux en voyage vers Bethléem, la patrie de Joseph, descendant de David. C’est le moment de l’accouchement : ils sont reçus dans leur famille, comme toujours en Orient. Les maisons de Bethléem sont souvent construites devant une grotte qui sert d’étable. Marie ne va pas accoucher en public ( !)… en présence des hommes, des enfants ! Elle se place dans l’étable – pièce plus chaude de plus – « car ce n’était pas une place pour eux dans la pièce commune » dit sobrement et pragmatiquement St Luc. L’âne qui a conduit Marie est là, le bœuf qui sert aux labours de la famille d’accueil, aussi. La paille est fournie. La mangeoire (généralement le rocher du fond est taillé pour constituer une mangeoire pour les animaux).
St Luc dit tout le mystère en une phrase. Dieu fait toujours simple.
St Jean décrypte l’événement à l’aide de l’enseignement de Jésus et de l’Ancien Testament… aidé par le recul de méditation.
Il découvre assez vite que Jésus est « la Présence de Dieu sur terre ». Quand Jésus chasse les marchands du Temple et proclame « Détruisez ce temple et moi je le rebâtirai en 3 jours », St Jean dit : « il parlait du Temple de son Corps » et évoque la résurrection.
En entendant Jésus parler de Dieu comme de « Mon Père » ou « le Père et moi nous sommes UN » ou encore « Qui me voit, voit le Père » et de lui-même comme « Fils de l’homme », l’apôtre St Jean exprimera cette certitude par le titre de « Fils de Dieu »… s’appuyant aussi sur le chapitre 7 du prophète Daniel : « 13 Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.14 Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. »
Jean appelle ce Fils de Dieu avant son incarnation par « le Verbe » : Le Verbe, c’est la Parole de Dieu créatrice (dans la Genèse, on a 10 fois « Dieu DIT), celle qui est annoncée par les prophètes (les fameuses expressions prophétiques « Oracle du Seigneur ». « Ainsi parle le Seigneur » ), la Parole qui est Sagesse selon l’enseignement du Livre de la Sagesse au chapitre 7, par exemple : 21 Toute la réalité, cachée ou apparente, je l’ai connue, car la Sagesse, artisan de l’univers, m’a instruit.22 Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, 23 irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils.24 La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté.25 Car elle est la respiration de la puissance de Dieu, l’émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers ; aussi rien de souillé ne peut l’atteindre.26 Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté.27 Comme elle est unique, elle peut tout ; et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle l’univers. D’âge en âge, elle se transmet à des âmes saintes, pour en faire des prophètes et des amis de Dieu.28 Car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse.29 Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure,30 car le jour s’efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien. »
Ainsi, dans cet événement si discret de Bethléem, St Jean y découvre une réalité inouïe que Dieu a réalisée : La Parole de Dieu, divine elle-même, le Fils divin de Dieu est devenu chair ; la Parole/sagesse appelée Verbe est devenu homme. Il trouve confirmation de cela dans le prophète Isaïe : « Le prophète Isaïe parle d’abord par un cri : « Ah si tu déchirais les Cieux et si tu descendais ! » Ce grand contemplatif qu’est Isaïe désire la communion avec Dieu. Sa vision du manteau de Dieu dans le Temple l’a tellement comblé, qu’il désire plus ! Et il emporte son peuple dans ce désir. Que le Ciel ne soit plus fermé à cause du péché des hommes, qu’il se déchire et que Dieu descende ! Remarquons combien de fois dans la Bible, Dieu est sujet du verbe « descendre » !
Et puis une affirmation extraordinaire : « Voici que tu es descendu:
les montagnes furent ébranlées devant ta face.» C’est comme si tout à coup Isaïe voyait la réponse de Dieu à son appel dans la venue du Verbe de Dieu sur terre, assumant une nature humaine dans la Vierge Marie. On pourrait appliquer à ce texte ce que St Jean dit dans son Evangile au chapitre12/41 : « Ces paroles, Isaïe les a prononcées parce qu’il avait vu la gloire de Jésus, et c’est de lui qu’il a parlé. » Isaïe est saisi par ce qu’il voit. Alors il ajoute : « Jamais on n’a entendu,
jamais on n’a ouï dire,
nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi
agir ainsi pour celui qui l’attend.
Tu viens rencontrer
celui qui pratique avec joie la justice,
qui se souvient de toi
en suivant tes chemins. » Isaïe exprime là son étonnement absolu devant l’incarnation de Dieu ! On n’a jamais entendu cela, on n’a jamais ouï dire une telle chose, on n’a jamais vu un dieu agir comme toi… Tu viens toi-même à la rencontre de l’homme !!! Les montagnes en sont ébranlées ! Lui qui avait écrit un peu plus loin dans son chapitre 40/6-8 : « Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs : 07 l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe sur elle le souffle du Seigneur. Oui, le peuple est comme l’herbe ; 08 l’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la Parole de notre Dieu demeure pour l’Eternité. » Voici que la Parole éternelle de Dieu devient chair fragile !!! Nous sommes dans ce texte d’Isaïe tout près de l’annonce de Bethléem !
St Paul reprendra ce texte étonné d’Isaïe dans la même ferveur et le même étonnement stupéfait, mais lui devant le mystère pascal : « Mais ce que nous proclamons ( c’est-à-dire la Croix du Christ folie de l’amour de Dieu), c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé » (1 Co. 2/9) C’est une parfaite continuité entre les deux fêtes de Noël et de Pâques.