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Billet spirituel - Page 19

  • Pour bien vivre et comprendre les préparatifs traditionnels de Noël ...

    L’arbre de Noël ?

             Il est parfois de bon ton de se moquer de la superstition populaire ou du paganisme de la fête de Noël que certains voudraient vivre dans une austérité, seule digne d’une fête. D’autres refusent de mettre des sapins dans une église !! ce qui est païen dans les coutumes de Noël, ce sont els branches de gui, de houx pour décorer les murs ou les suspensions dans les pièces. Le sapin est lui, d’origine chrétienne.

     

             En effet, cet arbre de Noël que nous confectionnons dans nos maisons provient de coutumes très religieuses du Moyen Age et des Mystères sacrés joués sur les parvis des églises, en particulier dans la région du Rhin et en Alsace. L’arbre de Noël est né en Alsace. Les plus anciens témoignages de cette coutume remontent au XIIIème siècle dans la vallée du Rhin. L’essor de la coutume se produit au XVIè siècle.[1]

     

             A côté des scènes qui montraient la crèche et les bergers, il y avait des scènes qui évoquaient le Paradis : Adam et Eve, le diable tentateur et l’ange au glaive qui fermait l’accès au Paradis !

             Au milieu se dressait l’arbre du paradis.[2]

     

             Et l’arbre du Paradis devint… le sapin – il était difficile de trouver un pommier au mois de décembre ! Et puis le sapin est toujours vert… il ne meurt pas !

             Sur ce sapin, on accrocha plusieurs pommes (le seul fruit disponible en décembre ! la fameuse petite pomme rouge d’Alsace[3] ) et des représentations d’Adam et Eve en pain d’épices.  La crèche au pied de l’arbre annonçait le salut : la fête de Noël, en effet, ouvre aux hommes à nouveau le Paradis !

     

             Comme le chante le vieux cantique de Noël datant de cette époque :

     

    « Aujourd’hui Dieu rouvre l’huis[4]

    Qui mène au beau Paradis.

    Le chérubin n’en défend plus l’accès

    A Dieu louange, honneur et majesté. »

     

     

             Progressivement le sapin de Noël passa de l’extérieur des églises à l’intérieur des maisons. En plus des pommes, on suspendit alors à l’arbre des hosties non consacrées : l’eucharistie donne la vie éternelle que l’arbre de vie devait donner ! Magnifique symbolisme : face à la « pomme[5] » qui a conduit l’homme à la mort, l’hostie le conduit à la Vie.

           Dès la fin du XVIe siècle vinrent s’ajouter des papillottes en forme de roses et autres fleurs en papier multicolore. Ces fleurs sont une allusion à un verset d’Isaïe[6] où il est question du « Rameau fleuri de l’arbre de Jessé ». C’était une manière d’évoquer l’ascendance de Jésus, « Fils de David » dont Jessé était le père. Elles nous rappellent aussi les paroles d’un chant ancien, très certainement composé à cette époque, intitulé en allemand actuel «Es ist ein Ros entsprungen» : une rose a jailli.

             Plus tard, par respect, on remplaça les hosties par des gâteaux en forme d’hosties qu’on accrocha dans l’arbre… Ces gâteaux, on les fabriquait durant tout l’Avent, avec un petit trou pour pouvoir les fixer aux branches du sapin  par un ruban. Les moules permirent de les décorer et de représenter sur les gâteaux des scènes de la Nativité. En alsacien, on appelle ces gâteaux des « springerle » (littéralement petits sauteurs). Ils sont à l’anis ; on confectionne aussi des pains d’épices pour les accrocher (lebrucken en alsacien).[7]

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    On remplaça aussi les pommes par des boules.

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    Boules de Meisenthal.

             En effet, selon la tradition, en 1858, une grande sécheresse priva les Vosges et le  des fruits et en particulier de pommes. Pas de pomme pour les sapins de Noël ! Un artisan verrier de Goetzenbrück travaillant à la verrerie de Meisenthal, eut l’idée de souffler des boules en verre. La mode était lancée.

     

     

             Et c’est au XVIIIème siècle qu’on fixa des bougies aux branches pour faire de cet arbre, un arbre de Lumière.

     

    [1][1] Un manuscrit de la bibliothèque humaniste de Sélestat de 1521 parle des sapins : les gardes forestiers sont payés pour surveiller les forêts en raison de la quête intempestive de sapins par le peuple !

    [2] Une fresque dans une chapelle d’un lycée de Haguenau (Nord de l’Alsace), datant du XVe siècle, concrétise ce symbolisme par un arbre dont la couronne est nettement partagée en deux zones dans le sens vertical. D’un côté les pommes, de l’autre les hosties. Voir Histoire de l’arbre de Noël p. 6

    [3] On l’appelle toujours aujourd’hui Christkindel Apfel : pomme du petit Christ

    [4] Mot ancien et poétique pour dire « la porte ».

    [5] Il n’est pas question d’une pomme dans le texte biblique mais d’un « fruit »…  La pomme était disponible en décembre. Il y a peut-être aussi un glissement- confusion avec la déesse des fruits , qui se  dit justement « pomona » est en latin ! 

    [6] Is. 11/1

    [7] On peut voir de magnifiques moules à gâteaux de Noël au Muée des Srpingerle à La Petite Pierre dans le 67. Le muséee st situé 11 rue des remparts, 67 290 La Petite Pierre.

  • 33ème dimanche de l'année C

    Billet spirituel                    St Luc 21/5-19

     

                Les textes d’aujourd’hui forment une belle cohérence pour notre vie chrétienne quotidienne.

     

                L’admiration du Temple : de fait, on comprend l’admiration des apôtres. Hérode est un grand constructeur, génial même quand on voit tout ce qu’il a fait : Hébron, les forteresses de Machéronte, Hérodium, Massada, son palais à Jérusalem mais surpassant le tout, le Temple qu’il a magnifiquement embelli. Les pierres : oui, si grandes et puissantes que même les légions romaines n’ont pu les déplacer complètement ! Et les « ex votos », notamment sans doute ceux qui sont accrochés devant la face du Temple, à l’Est. Une splendide vigne d’or sur un fond de marbre blanc à laquelle on attachait ses ex votos… c’est-à-dire des grappes d’or. Jésus dit : «  Il ne restera pas pierre sur pierre » Jésus pourtant, depuis son enfance, aimait le Temple où il était chaque jour quand il résidait à Jérusalem. Mais Jésus veut nous dire que nous ne devons pas nous confier dans nos œuvres – artistiques, politiques, économiques -, dans nos civilisations, même belles et réussies. Tout s’effondrera ! Les civilisations sont mortelles.

     

                L’état du monde jusqu’à la venue du Christ : Jésus, ensuite,  décrit ce qui attend ses disciples quand il les aura laissés, ses disciples c’est-à-dire ses apôtres, mais c’est-à-dire « nous » : « On se dressera nation contre nation,
 royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre 
et en divers lieux, des famines et des épidémies ;
des phénomènes effrayants surviendront
et de grands signes venus du ciel. » Nous voyons-là les événements dont nous entendons parler sans cesse. Notamment avec ces guerres que les hommes aiment… les puissants surtout … notre Europe en a donné un triste exemple avec trois guerres en 80 ans.

    « Mais ce n’est pas encore la fin » … car à cela s’ajoutent ces paroles : « Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ;
on vous livrera aux synagogues et aux prisons, 
on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs 
à cause de mon nom.
    Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit
que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. » Le lot des disciples est d’être persécutés : tant que les chrétiens et l’Eglise pensent comme tout le monde, ça va. Mais que les chrétiens défendent un autre point de vue dans la société, - par exemple concernant le respect de la vie - aussitôt la tyrannie du langage et de la pensée uniques – ce qu’est une  démocratie devenue tyrannique – persécute ceux qui pensent autrement, donc les chrétiens. Il nous faut assumer cette mission du témoignage contredit… Jésus ne nous dit par autre chose tout en nous invitant à la confiance en Lui : « mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
 C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » Et il nous inspirera lui-même notre témoignage.

     

                Alors écoutons Saint Paul aussi, dans l’épitre de ce jour aux Thessaloniciens, pour cette vie de chaque jour : faisons notre travail comme il faut, en paix, sans agitation inutile « affairé sans rien faire » - quelle belle expression ! – sans être « des agités du bocal » comme disait Céline, sans courir à droite ou à gauche : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer 
car beaucoup viendront sous mon nom 
et diront : ‘C’est moi’ 
ou encore : ‘Le moment est tout proche. 
Ne marchez pas derrière eux. »

     

                Mai vers qui allons-nous ? Nous pouvons être paisibles car nous savons vers où nous allons : vers le Soleil de Justice dont parle le prophète Malachie dans la première lecture : « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera :
il apportera la guérison dans son rayonnement. » Magnifique  façon de parler du Messie : il a la beauté du Soleil Levant – et pas de « l’astre d’en haut » comme la traduction liturgique nous fait chanter dans le « « benedictus, on ne pouvait pas faire plus tarte -, il est éblouissant par son rayonnement… dans lequel se trouve notre guérison, notre Gloire. Telle est la majesté du Christ de Gloire vers qui nous allons, celui que nous saluons joyeusement comme tel chaque matin à la prière des laudes dans le chant de Zacharie le père de Jean Baptiste : « Soleil levant, Orient levant qui vient nous visiter ». C’est le Christ du Royaume, celui dont nous venons d’accueillir la Parole dans cette liturgie autour de l’Evangile, celui auquel nous allons communier dans l’eucharistie au point de devenir « une seule chair avec Lui. » Celui qui est notre Maire bien aimé. Amen.

  • Saint John-Henry Newman

    Pour sa canonisation

     

     

    Dates

    1801 naissance à Londres

    1890 mort à Birmingham

    1845 9 oct. pleine communion

    1847 prêtre

    1877 fellow émérite d’Oxford (Trinity et Oriel)

    1879 Cardinal

     

     

    En quoi est-il un saint pour aujourd’hui ? 5 points parmi d’autres possibles ;

     

    1. Baptisé comme nous petit enfant, dans une famille de la bonne société au rapport distendu avec l’Eglise mais pas avec la Bible… Il découvre la réalité de la foi à 16 ans, durant un été. Il passe de la foi reçue et connue à la foi vécue et il met l’accent sur sa découverte : la foi est une relation extraordinaire et unique entre l’homme et son Dieu « Moi et mon Créateur ». Et Newman va passer sa vie avec son Créateur.

     

    Passage dont beaucoup de nous doivent prendre conscience ou qu’ils ont à faire.

     

    2. Newman cherche profondément la vérité : il ne veut pas des choses senties seulement – et pourtant il est romantique, passionné de Walter Scott, très sensible à la nature, musicien, il est violoniste… mais il veut fonder sa vie sur le solide : la vérité.

    Quel rappel alors que tout dans notre culture repose sur le senti/ le ressenti, l’émotionnel, uniquement … et que en même temps, on ment en manipulant la réalité, les chiffres, en se détournant des choses mauvaises en les appelant autrement pour ne plus être dérangé … Le mensonge est justifié s’il est bon pour la communication, c’est-à-dire la manipulation éhontée des gens.

     

    3. Face au mensonge de son temps, à l’effondrement de l’Eglise anglicane, à son côté « établie », confortable, accordée à tout et d’accord avec tout, complètement inféodée au pouvoir politique et à la mode sociale, notre cardinal va se dresser avec des amis pour relever son Eglise qu’il aime. C’est le mouvement tractarien où il se lance avec grande énergie. Revitaliser son Eglise ! et sa Foi !

     

    Voilà bien une tâche aussi pour nous aujourd’hui.

     

    4. Alors Newman travaille à fond : l’histoire de l’Eglise, des conciles, de la théologie, nourri au meilleur de la tradition et de l’anglicanisme… et là il découvre avec horreur que la véritable Eglise telle que le Christ l’a fondée, ce n’est pas l’Eglise anglicane mais l’Eglise catholique romaine qu’il a en horreur !

    A l’anglicanisme manque la succession apostolique ininterrompue voulue par le Christ et l’union dans une Eglise Une.

    A l’anglicanisme manque une part de la Foi tenue dans l’Eglise primitive et perdue par l’anglicanisme à la Réforme protestante : la place de la Tradition, des Pères, des sacrements.

    Le Choc est terrible pour Newman : il démissionne de son poste de professeur à Oxford, de curé de Sainte Marie et il se retire à Littelmore pour creuser encore pdt 3 ans, réfléchir et surtout suivre sa conscience.

    Newman a tout perdu pour vivre en vérité dans l’Eglise telle que le Christ l’a voulue s’appuyant sur des points essentiels que tant de catholiques d’aujourd’hui négligent ou refusent inconsidérément dans leur mépris profond de l’Eglise et leur orgueil de réformateur !

     

    5. Car Newman est le grand défenseur de la fidélité à la conscience… comme l’a été 4 siècles avant lui un autre anglais St Thomas More, laïc, chancelier d’Angleterre sous Henri VIII et qui ira jusqu’à la mort pour suivre sa conscience qui lui interdit de soutenir le roi dans son divorce et dans sa séparation avec l’Eglise catholique. Pour ces hommes, on ne cède pas au dictat du prince qui se croit tout puissant, ni à la majorité qui n’a pas la vérité parce qu’elle est majoritaire, ni à la mode parce que c’est plus commode et tranquille. L’homme doit vivre selon sa conscience éclairée et réfléchie, sinon il perd son âme et sa dignité… « Plutôt la sainteté et le prix à payer que la tranquillité » disait le saint canonisé aujourd’hui. Amen

     

    Lead, kindly light, poème de J-H Newman 

    Traduction :

    Conduis-moi, douce Lumière, au milieu des ténèbres :
    je t’en prie, conduis-moi.
    La nuit est sombre, et je suis loin de la maison :
    je t’en prie, conduis-moi. Veille sur mon chemin. Je ne demande pas
    à voir le but lointain :
    un seul pas me suffit.

    j’étais autre jadis,
    et je ne priai pas
    pour que tu me conduises. J’aimais choisir ma route. maintenant,
    Je t’en prie, conduis-moi. J’aimais le jour brillant
    et malgré mes frayeurs, l’orgueil me gouvernait.
    Oublie les jours passés.

    Ta puissance
    pendant si longtemps m’a béni
    que, j’en suis assuré,
    elle me conduira
    par landes et marais,
    montagnes et torrents,
    jusqu’au retour du jour.
    Et demain souriront les visages des anges depuis longtemps aimés,
    et que je ne vois plus.

     

  • La Croix Glorieuse

    La fête de ce jour a reçu plusieurs noms qui, chacun, dise un aspect du mystère. On l’ a appelée « Invention de la Sainte Croix » invention au sens de « découverte » de la Croix du Christ par l’impératrice Sainte Hélène… « Exaltation de la Sainte Croix » en souvenir du 14 septembre  335,  lendemain de la consécration de la basilique de la Résurrection (Anastasis) à Jérusalem où la Sainte Croix du Christ fut présentée à la vénération des fidèles. Aujourd’hui on dit « La Croix glorieuse » et c’est un sens très riche que je vais tenter de vous montrer.

    Quand nous sommes devant la croix le vendredi saint, nous sommes consternés devant ce qu’on a fait souffrir au Christ : une condamnation injuste, le double supplice - qui ne se faisait jamais - de la flagellation et de la crucifixion. Consternés et pleins de compassion, comme arrêtés devant tant de méchanceté et de souffrance infligées à un Juste. Mais nous risquons de nous arrêter à cette souffrance et de ne pas voir le sens profond de cet événement. La liturgie tente de nous tirer en nous faisant entendre au commencement de l’office du Vendredi saint le cri d’Isaïe que le Père nous adresse : « Mon Serviteur réussira » ! Et La passion selon saint Jean nous montre le Christ monter vers la Gloire ! Et pourtant nous sommes restés longtemps en Occident dans cette première partie de l’hymne des Philippiens que nous venons d’entendre : la Croix… la Résurrection apparaissant comme un miracle de confirmation que le salut était dans la Croix seulement. La Croix est glorieuse en ce sens que le mystère pascal de notre salut est UN SEUL MYSTERE, à deux faces, une de souffrance et une de Résurrection, les deux imbriquées l’une dans l’autre sans séparation possible.

    La Gloire, qu’est-ce c’est ? Attention au contre-sens ! Il ne s’agit pas d’honneur, de puissance, d’argent … La Gloire de Dieu, c’est son rayonnement, sa « manifestation » son resplendissement ! Et l’auteur des Hébreux nous enseigne – c’est ce que nous lisons le matin de Noël - : « À BIEN DES REPRISES et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils … par qui il a créé les mondes… Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils… »  Le rayonnement de Dieu, c’est le Fils ; la Gloire de Dieu, c’est le Fils devenu homme pour s’approcher des hommes et leur faire « voir » le Père : « Qui me voit, voit le Père » dit Jésus à l’apôtre Philippe. « Je ne dis rien que ce que le Père me dit de dire… je ne fais rien que je ne vois faire au Père… » Jésus nous le répète : tout son être manifeste le Père avec lequel il est UN. Tout son être est comme transparent à cette Présence divine pour révéler le Père Source et Origine de tout. Balthasar dit : «  Jésus fait de sa vie un mémorial du Père ». 

    Et c’est sur la Croix que ce resplendissement est  le plus total : « Quand vous m’aurez élevé de terre disait Jésus, vous saurez que Je Suis ». Saint Paul  le dit lui-même : « Puisque… le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile. Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. »

    C’est donc sur la Croix que se révèle la toute puissance de Dieu dans son impuissance volontaire, c’est-à-dire dans le renoncement à sa toute puissance ; Dieu qui assume en lui toute la désespérance des hommes - « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » - qui leur donne son pardon – « Père pardonne-leur » et les unit définitivement au Père - «  en toi je remets mon esprit » et en mourant « il remit l’Esprit ». Et la Résurrection l’éternise dans cette action.  Toutes nos fausses visions de Dieu doivent donc être corrigées dans la contemplation du resplendissement de Dieu sur la Croix dans le Christ.

    Et ce « buisson ardent » qu’est la Croix complète la révélation du Nom de Dieu commencée au « buisson de Moïse » : « Je suis qui Je suis »… « Dieu est » donc. Il EST. La Croix montre « Il est AMOUR » infini, inconditionnel comme l’enseigne St Jean dans sa première épître. « Mais proclame St Paul, ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé…Car il est écrit : Qui a connu la pensée du Seigneur et qui pourra l’instruire ? Eh bien nous, nous avons la pensée du Christ ! »

    Et Nous, nous allons recevoir dans l’eucharistie, ce Christ Ressuscité qui porte les traces de la crucifixion, « les cicatrices de son amour ». Amen

  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12/49-53

                L’Evangile de ce dimanche nous livre quelques confidences de Jésus sur sa mission. Elles sont passionnantes à méditer pour une fois que Jésus nous découvre un peu son cœur et son tempérament. Car s’il a eu une nature humaine comme la nôtre mais sans le péché, il a eu un tempérament comme chacun d’entre nous. Ce n’était pas une humanité abstraite ! Eh bien aujourd’hui Jésus nous dit son caractère passionné et ardent, peut-être même impatient « Je suis venu apporter un feu sur la terre 
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
 » mais aussi sa tension intérieure pour réaliser cette mission, jusqu’à une certaine angoisse : «  Je dois recevoir un baptême – il parle ainsi de sa mort et de résurrection -
 et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »  D’ailleurs une confirmation de cette tension un peu impatiente est la fréquence de l’adverbe «  aussitôt » dans l’Evangile de St Marc dès que la mission de Jésus commence ; Jésus paraît comme un homme pressé, attiré et passionné par l’essentiel de sa mission.

                Mais on peut aussi faire une lecture plus théologique de ces confidences.  «  Je suis venu apporter une feu sur la terre » : le Feu est élément qui nous approche de Dieu ! Le Feu du ciel qui est le Saint Esprit donné aux apôtres à la Pentecôte, « sous forme de langues de feu qui se posèrent sur chacun d ‘eux ». Jésus résumerait alors sa mission en déclarant qu’il est venu apporter sur la terre le feu de Dieu, le Feu l’Esprit saint lui-même. Et c’est vrai que l’Eglise a compris que l’Esprit Saint était LE DON par excellence de Jésus : « Donum Dei Altissimi » dit le Veni Créator : « Don du Dieu Très Haut ». Et Jésus déclarait en parlant de la prière : « si vous qui êtes mauvais, donnez de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » Que Dieu pourrait-il nous donner de plus ? Donner l’Esprit pour Dieu, c’est se donner lui-même !! Donner l’Esprit qui nous conduit au Christ, nous unit à Lui par le baptême et la communion qui nous font devenir « une seule Chair avec le Christ » ; ainsi l’Esprit et le Christ nous conduisent au Père qui nous aime dans l’amour qu’il porte au Fils.

                Que nous faudrait-il de plus ?

                Puis Jésus ajoute : « Pensez-vous que je sois venu
 mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis, 
mais bien plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront :
le père contre le fils 
et le fils contre le père,
 la mère contre la fille
 et la fille contre la mère,
 la belle-mère contre la belle-fille
et la belle-fille contre la belle-mère. » Comment comprendre cette affirmation si énigmatique ?

                Jésus vit au milieu du peuple juif, le peuple saint duquel on fait partie par naissanceOn naît juif et à l’époque du Christ, par la circoncision à 8 jours, on célèbre son entrée dans l’Alliance divine. Avec le Christ, les choses changent : chacun choisit de suivre le Christ ou non. Et tout le monde, dans la même famille, ne fait pas le même choix. Et le choix de l’un provoque souvent des incompréhensions, des tensions… Nous ne connaissions plus cette « division » liée à l’engagement chrétien : presque tout le monde était chrétien ou de morale et de sensibilité chrétienne. !  Mais aujourd’hui nous voyons notre société renier ses sources judéo-chrétiennes et s’effondrer : mais demeurer chrétien devient comme un « délit » devant la pensée unique qui gouverne partout, à la chambre des députés comme dans les médias et sur les réseaux dits sociaux. ! Nos catéchumènes adultes disent bien les tensions suscitées dans leur famille à l’annonce de leur baptême … sans parler de la situation très délicate de nos frères et sœurs musulmans qui deviennent chrétiens. Il faut bien lier cette « division » annoncée par le Christ au « choix personnel et libre » qu’il attend de tout disciple : c’est la marque suprême de la dignité de l’homme que Dieu souhaite dans ses disciples : des personnes libres et non serviles, de êtres de choix libre et non imposé par la coutume, l’habitude ou la pression sociale.

  • Contempler Marie en sa Résurrection, c’est contempler notre propre avenir.

             C’est la 43èmefois que je contemple le mystère de l’Assomption pour prêcher. On ne se lasse pas de contempler le mystère.

             Aujourd’hui je voudrais parler de la mort et de l’accomplissement que Dieu offre à l’homme dans la Résurrection de Jésus que partage aujourd’hui la Vierge Marie sa mère.

             Devant la civière qui porte le corps du fils unique de la veuve de Naïm, Jésus intervient avec spontanéité et émotion : peut-être voit-il dans cette scène une figure de ce qu’il aura à vivre ainsi que sa mère, bientôt à Jérusalem ! Il touche la civière et ressuscite le jeune homme.

             Arrivé au tombeau de Lazare, Jésus pleure, profondément, secoué par le chagrin… alors qu’il vient d’annoncer à Marthe que son frère allait ressusciter par sa puissance à Lui Jésus : « Je suis la Résurrection »avait-il déclaré. « Crois-tu cela ? »

             Arrivé auprès de la petite fille de Jaïre, étendue morte sur son lit à l’étage, Jésus dira pour annoncer du nouveau : « elle dort »…et se fera moquer de lui par la foule assemblée.

             Pour Jésus la mort de l’homme est dramatique ; lui le Fils du Dieu Vivant, du Dieu de la Vie se heurte à cette expérience inconnue de Dieu. Pour lui, la réalité est brutale : pour l’homme, « la mort, c’est le rejet foncier de toute prétention à l’achèvement définitif » d’une vie humaine. « Sans l’ouverture de l’espace divin, la liberté de l’homme tourne dans le vide : elle est inachevable. »[1]Jésus ressent les choses profondément et pourrait dire les paroles du roi Ezéchias qui va mourir « Je disais : Au milieu de mes jours, 
je m’en vais ; 
j’ai ma place entre les morts 
pour la fin de mes années.
 Je disais : 
Ma demeure m’est enlevée, arrachée, 
comme une tente de berger. 
Tel un tisserand, j’ai dévidé ma vie : 
le fil est tranché… Mes yeux faiblissent : 
Seigneur, je défaille ! Sois mon soutien ». C’est si intenable que nos contemporains dont beaucoup ne croient plus à rien, ont décidé de cacher la mort, de ne plus en parler ; ils  sont même revenus de la pensée que résumait si bien le livre de la Sagesse : « Alors allons-y ! Jouissons des biens qui sont là ; vite, profitons des créatures, tant que nous sommes jeunes : enivrons-nous de bons vins et de parfums, ne laissons pas échapper la fleur du printemps, couronnons-nous de roses en boutons, avant qu’elles ne soient fanées ! Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies, laissons partout des signes de réjouissance, car c’est là notre part et c’est là notre lot ! »[2]Car cette attitude, au lieu de consoler de cet inachèvement inévitable, l’accentue !... et puis la consommation des biens a des limites, elle n’est pas infinie, elle lasse et abandonne dans le mal être malgré les promesses annoncées.

             Cette attitude de Jésus devant la mort est une parole de Dieu : notre dignité d’homme nous empêche de nier, de maquiller la réalité, de mentir. Mais « même l’homme Jésus n’a pas la possibilité de dépasser cette réalité. Dieu seul possède une telle puissance et une telle possibilité. Donc ce que Jésus en tant que vivant et mourant sur la terre, ne pouvait faire et dire n’était pas la totalité de la Parole de Dieu qu’il avait parfaitement conscience d’être et se déclarait être. La Révélation de Dieu en Jésus s’achève avec la résurrection de celui-ci. »[3]La Résurrection est l’accomplissement total de la Parole de Dieu, inséparable de tout le reste, au point de rendre insignifiant tout le reste si la Résurrection ne l’accomplit pas.La Résurrection est la clé de lecture de tout le reste qui ne se dévoile que dans cette lumière.

             Mais la Résurrection n’efface pas la mort : c’est pourquoi demeurent à Jérusalem, le tombeau vide du Christ et la pierre où il a été embaumé après sa mort… et le linceul, à Turin et la tunique à Trêves.

             C’est pourquoi demeure aussi à Jérusalem le tombeau vide delà Vierge Marie ressuscitée dans le Christet après lui, ouvrant la suite de la résurrection future des hommes devenus disciples de Jésus. Et ce tombeau est à côté de Gethsémani, là où Jésus a le plus gravement et terriblement affronté la mort humaine.

             « Le Christ est le chemin qui conduit l’homme du fini à l’infini. Il offre à l’homme la grâce de devenir soi en Dieu. »[4]La destinée de l’homme Jésus – le Nouvel Adam – ne s’accomplit que dans la Résurrection : ainsi son être humain est divinisé et retrouve la lumière dont Adam était vêtu aux origines. De même, à la suite de l’unique maître, Marie accomplit sa destinée dans la Résurrection que lui donne le Christ. L’être humain de Marie – la nouvelle Eve – retrouve la lumière dont Eve était vêtue aux origines – « une femme habillée du soleil »et le connaît plus les changements de la vie humaine – «  la lune, figure de la vie changeante est sous ses pieds ».

             Chacun de nous est appelé dans le Christ à la même destinée plénière. Le Christ conduit chacun de nous du fini à l’infini, le Christ offre à chaque homme qui l’accepte la grâce de devenir pleinement lui-même en Dieu, d’accomplir sa liberté dans le plein accueil du Don de Dieu. Amen.

     

    [1]Hans Urs von B. Dramatique divine11/2

    [2]Sagesse 2/8…

    [3]HU von B idem

    [4]H U von B idem.

  • Le Notre Père

                En ce dimanche, l’Evangile nous donne l’intimité de la prière du Christ : en effet, à ses apôtres qui le voient prier longuement seul à seul avec celui qu’il appelle Son Père, lui demande : « apprends-nous à prier ! »

                Et Jésus leur donne le texte du « Notre Père » (que nous avons en deux versions, l’une de St Matthieu et l’autre de St Luc).

                C’est l’Esprit qui prie en nous : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des enfants de Dieu qui vous fait crier « abba Père » dit St Paul dans le verset de l’Alleluia. « Abba »,papa, comme le disent  les petits enfants à leur père !! St Ignace d’Antioche + en 107, écrit aux Romains : « Coule en moi une eau vive qui murmure et dit au-dedans de moi: "Viens vers le Père". »Cette eau cette source que St Jean nous appris à comprendre comme l’Esprit saint donné par le Père jaillissant et coulant en nous, cette eua est donnée à chacun des baptisés pour le conduire dans sa prière.

                Jésus a donné le texte, les apôtres nous l’ont transmis, l’Eglise nous l’a donné et l’Esprit le murmure en nos cœurs : écoutons-le et prions avec Lui et en Lui.

     

    NOTREPERE  / QUI ES AUX CIEUX

     Contraste entre Père(= il prend soin de nous) et aux Cieux( = hors de la portée de l’homme, mystérieux, inaccessible). Notreet non pas mon : Père de tous, seul Jésus dit « Mon Père » comme Fils unique; nous sommes tous frères.

    Dieu Mystère, inaccessible à l’homme ! Mais, écrit St Cyrille de Jérusalem, « sous prétexte que je suis incapable de boire tout le fleuve, me priverai-je d’en prendre modestement ce qu’il m’en faut ? ou encore, sous prétexte qu’entré dans un grand verger je ne puis en manger  tous les fruits qui s’y trouvent, veux-tu que j’en sorte finalement avec la faim ? »   « Comme Moïse, cachons-nous dans le creux du rocher, c’est-à-dire en quelque page de l’Ecriture Sainte pour saisir, au moins indirectement, et comme en passant, un éclat de sa Gloire, quelque manifestation de sa vie. »(Cantalamessa). « En quel sens, demande St Ambroise, Dieu se promenait-il dans la paradis puisqu’il est toujours présent partout ? Cela signifie, je pense, que Dieu manifeste sa présence dans les différents textes des divines Ecritures où l’on rencontre partout sa présence. »

    ( De Paradiso 14,18)

     

    QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE

       Que ton Nom soit connu, aimé, loué de tous les hommes. Qu’ils le respectent comme un nom « saint ».

     

    QUE TON REGNEVIENNE

    Que Dieu soit présent dans les cœurs des hommes. Que la Paix y règne, l’harmonie, l’équilibre. Que Dieu soit aussi de plus en plus accueilli par les hommes !  Que vienne le paradis, la fin des temps ! Que la présence de Dieu dans les cœurs, entre les hommes et dans la nature, apporte paix, douceur, miséricorde et justice. « Dieu tout en tous » dit St Paul

     

    QUE TA VOLONTE SOIT FAITE  SUR LA TERRE COMME AU CIEL

    La volonté de Dieu est de sauver tous les hommes ( Jn 3/16-17)

    La volonté de Dieu, ce sont les conseils donnés pour notre vie dans l’Evangile et par l’Eglise  ( Jn14/21)

    La volonté de Dieu : on peut la refuser. C’est pourquoi on prie pour qu’elle se fasse en nous et par nous !

     

    DONNE-NOUS AUJOURD’HUI   NOTREPAINDE CE JOUR

                3 sens : * la nourriture terrestre, don de Dieu et fruit de la terre et du travail des hommes. Elle nourrit notre corps.

                * La Parole de Dieuqui nourrit notre intelligence, notre mémoire et notre cœur.

                * le Corps du Christ qui nourrit notre âme. C’est le Pain de Vie. Le Pain de la table donné par la Parole créatrice, la Parole et la Parole incarnée, donnée dans le sacrement, le Même et Unique Pain.

     

    PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS AUSSI À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES

    La condition pour être pardonné par Dieu est de pardonner à ceux qui nous ont offensés.

    ET NE NOUS LAISSE PAS ENTRER EN TENTATION 

    MAIS DELIVRE-NOUS DU MAL

    Nous sommes tentés de faire le mal… comme le Christ au désert. Nous demandons à Dieu de résister à cette tentation, - non seulement d ene pas y succomber mais plus : de ne pas nous laisser entrer en tentation et d’être délivrés du mal, c’est-à-dire du Mauvais, de Satan l’adversaire, le Diviseur, l’Accusateur, le Prince du mensonge.

  • A propos de l’Evangile de Thomas en St Jean ….

    Tout est paradoxal dans les textes d’aujourd’hui, entre l’apparition du Christ à St Jean dans l’Apocalypse et le récit de la 1èreapparition du ressuscité aux apôtres :

    • Nous sommes le soir de Pâques. Jésus a rencontré les femmes le matin, et seulement tard le soir les hommes… les laissant dans la foi seule et le travail pour digérer le témoignage des hommes dont on nous dit qu’ils se sont moqué.
    • « Il est là au milieu d’eux » : surprise devant une manifestation extraordinaire de quelqu’un qui demeure ordinaire (pas de lumière, pas d’éblouissement, pas de vêtement blanc mais les ordinaires, ceux d’avant, pas d’effet foudroyant sur les apôtres sauf la surprise et le désappointement, puis enfin la joie) « Jésus resplendit moins qu’à la transfiguration, … il afranchi la mort, il est remonté des enfers, et il est là malgré tout avec une pudeur inexplicable, à se manifester comme un passant. Les évangélistes insistent sur cette modestie, « il est là au milieu d’eux. »[1]Dois-je rappeler Marie Madeleine qui l’a pris pour le jardinier, les pèlerins d’Emmaüs  pour un étranger… et les apôtres pour un fantôme !!
    • «Jésus tient à se montrer simplement humain et rien que cela suffirait à prouver qu’il est Dieu (car un simple humain ne voudrait surtout pas paraître simplement humain, il aurait même cette fâcheuse tendance à en faire des tonnes pour paraître comme un dieu. Il ne veut pas briller comme une vedette. »1Les cicatrices de la passion demeurent… qui rappellent sa faiblesse et non sa force !
    • Le Christ leur fait deux dons : la paix ( je vous donne MA paix : harmonie avec Dieu, avec soi-même, avec els autres, avec la nature) et l’Esprit, ou plutôt le Souffle qui doit totalement dynamiser leur vie, le quotidien de leur vie, la pratique de leur vie. Car tout est là : après tout, Jésus a mieux à faire que de réaliser des choses extraordinaires ou de parler de choses extraordinaires… Il vient pour réjouir les siens, les apaiser et illuminer l’ordinaire de la vie humaine de l’intérieur… « cet ordinaire qu’il a, comme créateur, inventé et qu’il nous a donné… « La gloire du ressuscité épouse le quotidien des hommes »1lui toute sa beauté, sa profondeur, sa dimension divine.

                           Tout dans la Lumière pascale, lumière diffuse, est transformé à nos yeux : le monde divin affleure, éclaire nos actes, montre leur beauté, féconde nos paroles, bénit, fortifie, consacre notre amour, … nous fait apprécier tout acte, toute parole, tout sentiment à sa profondeur réelle,..  Quelle joie au lever de voir la lumière, les couleurs, la mélodie du vent, et même de la pluie… Quelle beauté d’être père ou mère, de se             rencontrer entre ami ! St François d’Assise et son magnifique chant des créatures est le disciple qui a compris que la rencontre aujourd’hui avec le Christ Ressuscité se fait dans l’amour de la création et de la créature.

                Mais alors,ayant évoqué et savouré l’être propre de chaque chose, nous pouvons faire un second pas : nous pouvons regarder à l’intérieur et au-delà de chaque chose, découvrir en elle et à travers elle la présence divine. Voilà que la création retrouve sa vocation première : conduire à Dieu qui l’habite en son secret.« le monde n’acquiert son vrai sens, ne retrouve son vrai sens  que lorsqu’il est considéré comme le reflet d’une réalité qui le transcende. » (Kallistos)

     

    • Le ressuscité apprend donc aux apôtres et aux disciples « à aimer la création pour elle-même, dans sa consistance et son intégrité propres… puis de permettre à cette création de devenir comme transparente, pour qu’elle nous révèle la présence du Ressuscité créateur en elle. Ce que nous ferons en recevant tout à l’heure le pain consacré comme un pain qui nous donne la présence incandescente du Seigneur, comme un buisson ardent.

               

    Lors de l’incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris, au milieu de toutes les déclarations et envolées plus ou moins lyrique et médiatiques, Mgr Aupetit a rappelé que cette splendeur de pierres sculptées, de verres, de bois a été élevée par les catholiques pour abriter un morceau de pain… dans lequel les catholiques voient et dorent la Présence de Dieu. La beauté de l’édifice veut surtout honorer et servir « ce morceau de pain »… mais la splendeur de la cathédrale, son « impact » et son message sont le rayonnement de ce « morceau de pain » au sein de la cité humaine.

    Dans cette église, il y a bien les 7 chandeliers d’or[2]que décrit l’Apocalypse… ils entourent l’autel sur lequel va reposer dans quelques instants le Seigneur Jésus ressuscité présent dans un peu de Pain.

    Amen.

     

     

    [1]Les citations sont de Fabrice Hadjadj « Résurrection mode d’emploi ».

     

    [2]Allusion à la disposition des grands chandeliers autour de l’autel dans le nouvel aménagement liturgique de notre église paroissiale Saint Pierre à Nancy.

  • Homélie de la veillée pascale 2019

               St Paul écrit avec émotion : « « L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul – le Christ -est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui. »[1]

     

                L’amour du Christ nous saisit : est-ce si vrai que cela ? Avons-nous ce sentiment d’affection dans notre cœur, au point d’être saisi devant tant d’amour ? C’est capital d’éprouver en soi ce saisissement : car la foi n’est pas adhésion à une doctrine, c’est d’abord accueil d’un amour infini,l’amour de Dieu le Père manifesté dans celui de son Fils donné par le St Esprit. Plus sans doute encore, c’est être bouleversé par cet amour pour moi personnellement.

                Emilien, Raphaël et Blanche, vous allez prendre la parole ce soir devant la communauté pour non pas réciter une formule apprise par cœur mais pour dire votre amitié pour Dieu en donnant votre amitié au Christ. Avant de partir, Jésus confie toute son Eglise à Pierre : avant de le faire, il ne lui fait pas réciter le credo mais dire par 3 fois son amour - comme vous tout à l’heure -.

                Mais vous tous aussi frères et sœurs, vous serez appelés à faire de même ce soir dans le renouvellement solennel de votre profession de foi. !

     

                L’amour du Christ nous saisitcar « il est mort pour tous et tous les hommes ont passé la mort. ». Un peu avant de mourir, Jésus avait expliqué aux siens le sens profond de sa mort : sa mort allait rouvrir le chemin vers la maison du Père. Jésus se présentait comme celui qui rouvrait le chemin et la maison paternelle … comme on rouvre une maison de famille après l’hiver, au printemps ou pour les premiers jours de l’été.

                Dans sa mort, Jésus a incorporé en lui tous les hommes« personne ne va vers le Père sans passer par moi »avait-il déclaré et donc, tous les hommes sans exception sont passés de la mort à la vie. « Tous les hommes sont « transformés dans leur être, avant même qu’ils en saisissent la réalité par la foi. »[2]

                Depuis Pâques, tout est maintenant neuf !La terre et le ciel sont aujourd’hui complètement rénovés dans cette Pâque du Christ, la délivrance du mal est accomplie dans la victoire sur le mal et la mort. Les promesses des prophètes sont réalisées.

                Mais si tout est accompli… tout est à accomplir en chaque homme, un par un jusqu’à la fin du monde.

                Cette mort en Christ si rénovatrice, nous la vivons personnellementdans le baptême comme l’enseigne le même St Paul dans l’épitre de ce soir : « baptisés dans le Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Devenus un même être avec Lui, par une mort semblable à la sienne » (Rm 6 :3b-11) ; Le baptême est donc comme di St Basile, un mime sacré qui fait revivre la mort, l’ensevelissement et la Résurrection de Jésus. En vivant « l’efficacité de ce sacrement, cher Nomel Serge, dans la foi, tu réalises en toi ce qui s’est passé objectivement dans l’événement historique de la Croix »[3]au printemps de l’année 30.

                Voilà cher Nomel Serge ce que tu vas vivre dans ton baptême ce soir ; accueillir en toi le Christ dans son puissance de salut, de vie et d’amour ! : St Paul a raison, quand il dit : « Si quelqu’un est en Christ, création nouvelle »« La seconde naissance comme le mot l’indique est le commencement d’une nouvelle vie. » (St Basile) Mais être dans le Christ à l’abri dans l’amour de Dieu qui pardonne, ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’exigences morales.  « Au contraire, dit encore Benoît XVI, les exigences morales doivent être vécues d’une manière nouvelle, avec le Christ, dans la liberté intérieure de l’amour. » [4]

     

                Mais ce soir, nous allons aussi célébrer l’eucharistie.Jésus va nous donner le pain de la Vie et la coupe du Salut, la coupe du Royaume, qui sont la Présence actuelle complète du Christ Ressuscité, Présence du Christ Sauveur : en communiant à Lui, c’est tout son amour puissant et sauveur qui nous envahit ; c’est une communion totale et intime entre Lui et nous à la mesure de notre foi et de notre désir. Ce qui est inauguré au baptême, se confirme, s’approfondit d’eucharistie en eucharistie.Et cette communion au Christ Ressuscité nous unit aussi au Père dans l’Esprit : toute eucharistie est une anticipation de la vie du Royaume au sein de la Trinité. Dieu vient faire chez nous et dans notre communauté sa Demeure.

     

                Et entre baptême et eucharistie, trouve place pour toi chez Nomel-Serge, le don de l’Esprit Saint qu’on appelle la confirmation. C’est le don commun du baptême et de la confirmation. Réconciliés avec Dieu par le baptême, nous avons besoin d’être intérieurement façonnés pour devenir capables de recevoir consciemment Dieu en nous, dans l’eucharistie ; nous avons besoin d’être préparé par l’Esprit pour que l’œuvre du salut accomplie par le Christ agisse en nous.

                Avec l’Esprit Saint t’est donnée aussi, comme à chaque disciple, une Mère dans la foi :la Vierge Marie. Sa foi parfaite, son accueil parfait du Christ sont pour nous non seulement modèle mais sont son œuvre à elle en nous. La Vierge Marie, c’est le visage de l’Eglise sainte pour nous disciples pécheurs et imparfaits, appelés à la conversion progressive.

                Je cite un passage de la prière sur l’eau baptismale que je vais chanter et qui prie pour l’Eglise comme pour une femme enceinte : « Et maintenant Seigneur, regarde avec amour ton Eglise : multiplie ses générations…Que de cette fontaine sacrée, comme d’un sein maternel très pur, émergent des enfants de Dieu, renés  de l’eau et de l’Esprit, comme une création nouvelle. » Que la Vierge Marie icône de l’Eglise, ravive en nos cœurs l’amour de la Mère Eglisequi nous enfante à Dieu et dont Marie est le vrai visage !

     

                On comprend que la célébration qui nous offre tous ces dons divins ait pu s’appeler : EUCHARISTIE, c’est-à-dire action de grâce !, le sens du mot grec. « Comment rendre au Seigneur tout le bien qu’il nous fait ? » demande le psalmiste. Et il poursuit avec audace : « j’élèverai la coupe du salut – la communion-, j'invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple – c’est notre profession de foi! Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce – c’est notre participation à l’eucharistie. »

                C’est tout ce que nous sommes en train de faire ce soir. Amen.

     

    [1]2 Co 5/14-18

    [2]UvB Dramatique III   p. 362

    [3]UvB p. 374

    [4]Les deux citations  sont tirées de « Les dons et l’appel sont sans repentir »Communio Parole et silence 2018 p. 31

  • Les acteurs de l’eucharistie :

    sermon du jeudi saint 2019

    Il faut avoir une attitude « liturgique » devant le mystère : « ce n’est point la connaissance qui éclaire le mystère, c’est le mystère qui éclaire la connaissance.»[1]

    Alors laissons l’eucharistie nous enseigner.

    1 – Que fait et que dit Jésus ?  Sur le pain rompu, Jésus dit « Ceci est Mon Corps livré pour vous. » Sur la coupe donnée, il dit : «  Ceci est mon Sang versé pour vous et pour la multitude. » et il ajoute « Faites ceci en mémoire de moi. »

    Jésus annonce donc sa mort : le corps est livré, le sang est versé… Cette parole ne sera totalement vraie que le lendemain sur la Croix… mais en fait, elle est vraie depuis la conception du Verbe en Marie : il est né pour se donner, se livrer.

    Jésus annonce sa mort donnée… et veut que « nous fassions ce geste en mémoire de Lui » : « mémoire » est un mot très fort ! Faire mémoire ce n’est pas seulement se rappeler le passé mais le rendre présent.

    2 - Mais qui peut permettre à des hommes comme nous de faire mémoire à ce point, de rendre présent à ce point le Christ qui se donne ! Evidemment cette capacité est divine, elle nous est donnée par L’Esprit Saint : ainsi avant la consécration, au commencement de la prière eucharistique qui est adressée au Père, le prêtre invoque l’Esprit Saint en étendant la main sur les offrandes[2] pour que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.

                Comme dit la 4ème prière eucharistique, cet Esprit demandé est le MEME Esprit saint…qu’on a vu à l’œuvre 

                Dans la création du monde (l’Esprit planait sur les eaux, couvait les eaux pour en faire jaillir la vie.

                Dans la création de l’humanité de Jésus dans le sein de la Vierge Marie : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » dit St Luc : l’Esprit crée l’humanité du Fils de Dieu dans le corps de Marie.

                Dans la création de l’Eglise à la Pentecôte : Marie et au milieu des premiers disciples et des apôtres quand le feu de l’Esprit descend sur eux.

                Dans la création du Fils ou de la fille de Dieu que nous sommes : St Jean Baptiste annonçait : Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.

                Dans la rémission des péchés confiée à l’Eglise et aux apôtres : en St Jean :  « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

                3 - Mais vous avez aussi remarqué que ce n’est jamais l’Esprit tout seul. C’est l’Esprit et  le Christ, mais c’est aussi l’Esprit, le Verbe et la créature Très souvent, il faut une créature qui donne son consentement à l’œuvre de l’Esprit et du Verbe en lui ou/et par lui. Ainsi c’est l’Esprit qui fait parler le Verbe dans le cœur des prophètes, c’est Marie, c’est l’apôtre, c’est l’Eglise, nous tous… L’homme est associé à l’œuvre de Dieu.

                Il en est de même dans l’eucharistie : c’est l’Esprit saint qui fait que la création (pain et vin) devienne la présence réelle absolue totale du Christ Mort et Ressuscité ; mais pour réaliser cette Présence, l’Esprit s’associe l’action de l’homme les Apôtres le soir du Jeudi saint, le prêtre maintenant – qui prie l’Esprit Saint et prête son être et sa voix pour que le Christ accomplisse lui-même l’action du dernier repas, paroles et gestes plein de sens : prendre, prier, rompre et donner.

                « C’est par l’Esprit et l’action du ministre que comme au matin de Pâques, Jésus se tient là avec ses disciples et il célèbre avec eux le mémorial. »[3]

                4 - Mais attention ! Jésus se livre mais depuis bien avant le Jeudi Saint.

                Depuis l’Annonciation, il est livré à la Vierge Marie. Et Marie a offert le Christ au Père à la Présentation au temple où il lui fut prophétisé un glaive de douleur… Elle a accompagné le Christ durant toute son ministère et jusqu’à la Croix où la prophétie de Siméon s’est réalisée dans l’offrande du Fils faite par Marie au Père en union avec l’offrande du Fils : « Père en tes mains je relmets mon esprit. » Depuis l’Annonciation jusqu’à la croix Marie dit « oui » à son Fils et au Père sous la mouvance de l’Esprit Saint.

                Marie est présente à toute assemblée chrétienne : ainsi dans l’Eglise, il y a quelqu’un en qui cette offrande est parfaite : c’est la Vierge Marie. Elle n’est pas seulement présente : elle est l’icône de l’Eglise assemblée et unie au Christ, elle nous prend dans sa foi mariale et dans son offrande : elle prend les fidèles et parmi les fidèles le prêtre aussi. Sa foi est le modèle, la structuration de notre foi et de notre offrande, heureusement qu’elle est là !

                5 - L’Eglise mariale est donc l’acteur de la célébration de l’eucharistie autant que le prêtre : c’est même à elle représentée par Marie que le Fils Jésus se donne d’abord avant les apôtres et le prêtre même.

                On comprend que la seconde invocation de l’Esprit saint dans la prière eucharistique soit sur l’Eglise : c’est dans la continuité totale avec la Pentecôte. Nous savons que l’Eglise naît de l’Esprit et devient Corps du Christ par la communion eucharistique sous la mouvance de l’Esprit : « Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ » demandons-nous dans la prière.

                L’Eglise est donc constituée par l’Eucharistie comme Eglise, non seulement parce qu’elle reçoit le Corps du Christ et le devient vraiment mais aussi parce qu’elle s’offre au Père avec le Christ dans l’Esprit Saint. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »

                Curieuse prière : on demande de pouvoir s’offrir ! En effet qui peut prétendre qu’il s’offre tout entier au Christ … qu’il peut le faire ! C’est pourquoi nous demandons à Dieu de le réaliser avec notre consentement. Et Dieu nous répond en nous unissant à Marie dans sa foi et son offrande juste et parfaite.

                6 - Qui agit alors en mémoire du Christ ?

                L’Esprit, le Christ, le prêtre, la communauté de l’Eglise assemblée et Marie en son sein : voici les acteurs principaux de toute eucharistie. Tous s’unifient dans l’offrande du Christ au Père et d’eux-mêmes au Père dans le Christ. Cette offrande culmine dans la doxologie « Par Lui avec Lui et en Lui… »

                « Jamais, écrit le cardinal Daniélou, Dieu ne sera davantage aimé que par le Christ, c’est-à-dire par l’humanité revêtue par le Verbe sur la Croix. Nous ne pouvons donc plus qu’offrir à Dieu cet amour infini dont le Christ l’a aimé, c’est tout le sens du sacrifice de la messe. »[4]

                « En cette offrande qui rend le Fils au Père, écrit le cardinal Balthasar, le geste de Marie au pied de la Croix croise le geste ministériel du prêtre célébrant qui, à l’autel, fait le geste – marial - de l’Eglise en unissant les croyants concrets rassemblés en un lieu, sans faire de séparation entre son geste propre et celui du peuple.  Toutefois rappelons encore la primauté de ce qui est marial sur ce qui est liturgique étant donné que, dans l’incarnation et la naissance de Jésus, le Verbe incarné était déjà confié au soin de sa Mère avant qu’il ne soit remis plus tard au soin de l’Eglise en son ministère et sa communauté. »[5]

     

    [1]Paul EVDOKIMOV la femme et le salut du monde Lethielleux et DDB 2009

    [2]- 1 - « Sanctifie pleinement cette offrande par la puissance de ta Bénédiction, rends-la parfaite et digne de toi : qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur. »        Le nom de l’Esprit est ici « Bénédiction »- 2 - « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur. »- 3 - « Dieu tout-puissant, nous te supplionsde consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : Sanctifie-les par ton Espritpour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère. »- 4 - « Que ce même Esprit Saint, nous t’en prions, Seigneur, sanctifie ces offrandes :qu’elles deviennent ainsi le corps et le sang de ton Fils dans la célébration de ce grand mystère que lui-même nous a laissé en signe de l’Alliance éternelle. »

     

    [3]Jean-Claude CRIVELLI L'Esprit Saint dans l'Eucharistie

     

    [4]p. 370-71. Daniélou Contemplation, croissance de l’Eglise. Fayard Paris 1977 p. 99

    [5]p. 375

  • MEDITATION SUR L’AGONIE DE JESUS A GETHSEMANI

    St Luc 22/39-47

    Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. »

               

    Méditons cette scène extraordinaire de l’agonie de Jésus à Gethsémani telle que nous la racontel’évangéliste St Luc.

     

    1 - Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.

    C’est donc dans le lieuhabituel du Mont des Oliviers que Jésus et les siens se retrouvent après le dernier repas. C’est là que Jésus enseignait ses apôtres, priait et se détendait avec eux dans une des grottes qui gardait la fraicheur en été et préservait du froid et de la pluie en hiver dans cette ville à 900m d’altitude. C’est le dernier moment heureux de Jésus sur cette terre.

    C’est aussi le moment où sa vie bascule : jusque-là, Jésus conduit par l’Esprit Saint a été un homme qui conduit sa missioncomme le Père le veut, qui prend les initiatives, organisent « certains mises en scène »… Maintenant, selon la volonté du Père, il va être livréaux hommes.

     

    2 - Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Ce soir pas question d’enseignement ou de rencontre : Jésus est venu dans ce lieu familier pour prier. Cette prière est mentionnée 5 fois dans ces quelques lignes … savamment composées :

    « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » 40b

                S’étant mis à genoux, il priait 41b

                      Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance 44b

                Puis Jésus se releva de sa prière 45a

    priez, pour ne pas entrer en tentation. » 46d

    … Et le centre est cette prière de combat(c’est le sens du mot agonie en grec) que le Christ doit mener dans ce jardin. Il faut nous approcher avec délicatesse et infini respect de cette prière unique dans la vie du Christ.Nous connaissons sa longue et habituelle prière de nuit dans l’unité d’amour avec le Père et l’Esprit Saint ; nous connaissons la prière avant les grands événements (le choix des apôtres, la transfiguration) ; nous connaissons sa prière d’exultation de joie dans l’Esprit quand la mission des apôtres rencontre le succès contre Satan. Mais ici c’est prière de combat.

     

    3 - Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »Cette prière, Jésus veut la mener seul… même s’il a demandé l’aide de la prière de ses disciples… donc plus que les apôtres… le groupe plus large…d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de le suivre et dont St Luc soulignera l présence à la Croix. Marie était peut-être au milieu d’eux déjà.

    Lui seul doit mener le combat… mais il compte sur la prière des siens. Mais quand il rejoignit ses disciples après sa prière  il les trouva endormis, accablés de tristesse.N’est-ce pas notre tentation habituelle de « dormir » quand il faudrait être vigilant, éveillé, dans la prière pour soutenir le combat de l’Eglise … Nous sommes si souvent des disciples endormis… ?

     

    « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Voilà donc le contenu de cette prière, de ce combat que nous pouvons comprendre à plusieurs niveaux :

     

                - nous pouvons comme assister à l’union des volontés dans le Christ, union de la volonté divine de sa nature divine et volonté humaine de sa nature humaine. Lentement, comme au ralenti, avec effroi la volonté humaine fait sienne la volonté divine. Là où Adam et Eve ont refusé d’obéir à Dieu dans le jardin du Paradis, dans le jardin du Mont des Oliviers, un autre Adam – le nouvel Adamdira St Paul – fait sienne, malgré son effroi, la volonté divine. Nous sommes dans cette volonté humaine de Jésus qui obéit car dans son Incarnation, le Verbe a pris la totalité de la nature humaine, la nôtre. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti (littéralement, il s’est vidé), prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2/6-8)

     

                - la coupe ? « Le Père tend le calice des iniquités humaines à son Fils, l’appelle à dépasser le tremblement, la frayeur de sa nature humaine, non pas devant la souffrance physique, mais devant la charge écrasante du Péché universel, devant le passage mystérieux et redoutable par les portes de la mort. Le second Adam s’identifie avec le premier et s’enfonce à Gethsémani dans la nuit mortelle de l’angoisse… Le Christ devient le sujet du péché librement accepté. »[1]Dieu aurait pu sauver l’homme d’une parole comme la parole créatrice. Mais ici pour prouver son amour , le Christ est appelé par le Père à devenir lui-même pécheur par amourpour les hommes qu’il prend en lui pour leur donner en échange sa justice. St Paul le dit avec force : « l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes... Celui qui n’a pas connu le péché (Jésus), Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co. 5/14, 18, 21) C’est « l’amour fou de Dieu » pour l’homme.

     

    4 - Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient sur la terre. C’est dire l’intensité du combat, le séisme intérieur au cœur du Christ : lui le Fils bien aimé, toujours uni au Père qu’il aime dans l’Esprit d’amour expérimente en lui-même, comme étant de lui, la haine des hommes envers Dieu ! « Pour le Christ, accepter la croix signifie introduire à l’intérieur de soi, par compassion, le Péché du monde comme le sien propre. La Croix fait culminer l’abîme de l’innocence et l’abîme des ténèbres dans le même cri Abba Père ! »[2]Dans ce jardin ...  « Dieu prend sur lui sa réponse à sa propre Justice, assume la conséquence ultime de son acte de création [3]» d’un homme libre « imprévisible même pour Dieu »[4]comme disent les Pères.

     

    5 - Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.

                Dieu le Père prend soin de son Fils dans son combat… comme il avait pris soin naguère des Moïse dans son œuvre de libération du peuple ou d’Elie[5]dans son combat pour le vrai Dieu.     Dieu l’Impassible, par amour se fait passible, souffrant dans le Fils uni à la nature humaine mais en son cœur de Père : son amour transcende sa propre transcendance et nous devons vénérer en même tempssonimpassibilité et son grand amour. « L’Esprit Saint est la joie où le Trois se complaisent ensemble… A l’agonie, L’Esprit Saint devient la souffrance ineffable où les Trois s ‘unissent. Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. L’Esprit Saint amour réciproque du Père et du Fils s’offre en sacrifice, s’approprie à sa manière la Croix afin de devenir « la puissance invincible de la Croix ».[6]

    « Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. » dit Paul Evdokimov. On peut comprendre cet aspect si terrible de cette scène en contemplant Jésus qui crie « Abbé Père »et qui n’a comme réponse de Fils …qu’un ange…comme les hommes dans la détresse.

     

    6 - Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples.

    Jésus se relève comme apaisé. Conforté par cette prière et cette proximité réelle mais comme insensible du Père et de l’Esprit, Jésus dominera sereinement la situation et même sa mortqui sera accompagnée d’une prière paisible :

                 « Pèrepardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »,

                 « Aujourd’hui, tu seras avec moi au Paradis » et

                « Père, entre tes mains je remets mon Esprit(pneuma en grec) »…

    paisible jusqu’à la mort : « Jésus expire » dit St Luc et c’est un verbe composé du mot « esprit » en grec (exèpneusen). « Sur la Croix le Christ a assumé la mortalité même. La puissance de la mort est dans son autonomie mais la Christ donne sa mort au Père et c’est pourquoi, en Christ, c’est la mort qui meurt. Par sa mort, il a vaincu la mortchante le tropaire de Pâques. Dès lors aucun homme ne meurt plus seul – « Personne ne passa vers le Père sans passer par moi » (St Jean 14/6) – Le Christ meurt avec lui pour ressusciter avec lui. »[7]

     

    [1]Paul Evdokimov l’art de l’icône, théologie de la beautép. 258 et 257

    [2]Evdokimov op. cit. p. 260

    [3]p. 260

    [4]idem p. 260

    [5]1 Rois 19/4-8

    [6]idem p. 258

    [7]idem p. 261

  • Résurrection de Lazare

    Jésus révèle une autre vision de la mort dans le peuple saint qui n’avait pas d’espérance en l’au-delà à l’époque de Jésus (chez les sadducéens et les grands prêtres comme dans une grande partie du peuple…) … ou une pensée confuse sur le sujet (ce fameux schéol où l’on descend à la mort pour y finir de mourir sans même pouvoir louer Dieu) et même, face à l’espérance pharisienne en la résurrection « au dernier jour » que Marthe confesse si bien devant Jésus.

    Jésus parle de la mort comme d’un sommeil d’où il va réveiller Lazare… idée tellement nouvelle que les apôtres ne comprennent pas et pensent que Lazare dort… pour sa guérison ! Au 15èmesiècles le vieux mot « aître »[1]sera remplacé par cimetière venant du grecancien koimêtêrion qui signifie « lieu pour dormir, dortoir ».

    Cette mort est pour la Gloire de Dieu et la foi des disciples.

    Face à Marthe qui confesse la foi pharisienne sur la résurrection finale des morts, - que ne conteste pas Jésus -, il affirme d’une manière forte ( Jn 11/ 25-26) :

    - « Moi je suis la Résurrection et la Vie ».Il en est donc l’auteuret le contenu.

    - « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».On peut donc mourir sur la terre et entrer malgré cette mort ou dans cet acte même de mourir, dans la Vie dont il parlait plus haut.

    « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »Il s’agit là d’une promesse de vie éternelle faite à celui qui croit en Jésus et vit en Lui qui est la Vie. » D’ailleurs cette phrase s’achève par la question à Marthe : « crois-tu cela ? »

    Marthe croit mais ce que dit Jésus est si étonnant, incroyable, incompréhensible que devant le tombeau quand Jésus dit « enlevez la pierre », la réaliste et pratique Marthe proteste : « il sent déjà, il est là depuis 4 jours. »Mais si le Christ est la Résurrection,  alors Marthe et si tu crois ?

    « Et le mort sortit… pieds et mains liés de bandelettes avec le suaire sur la tête. A la vu du tombeau de Lazare qui est unpuits, avec des marches,je vous laisse imaginer la sortie spectaculaire et stupéfiante du mort.

     

    [1]Du lat. atrium,proprement « pièce principale de la maison romaine » qui prit au 4èmes.le sens de  « portique, parvis de basilique » en latin chrétien.

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    1 Porte d’entrée état actuel.    

     

    2 L’escalier pour descendre ou monter ! 

     

    3 L’endroit où fut déposé le corps

  • Dépasser les lumières !

    A méditer…. Du Pape François.

     

    Le pape a invité notamment à « dépasser l’herméneutique des Lumières » par une « herméneutique de la mémoire, de l’appartenance à un peuple, du fait que l’on a une histoire ; l’herméneutique du cheminement vers une espérance, l’herméneutique – je répète quelque chose que j’aime bien dire – des trois langages, ensemble, en harmonie : le langage de l’esprit, le langage du cœur et le langage des mains, de sorte que

    l’on pense ce que l’on sent et ce que l’on fait ;

    l’on sente ce que l’on pense et ce que l’on fait ;

    l’on fasse ce que l’on sent et ce que l’on pense.

    Cette herméneutique est nécessaire aujourd’hui pour dépasser l’héritage des Lumières. »

  • Entrée en carême

    Billet spirituel

    « Aujourd’hui, jour des cendres, c’est Pâques » !

    Tout le temps qui commence est aimanté par Pâques, c’est vers Pâques que nous regardons. Vers ce sommet de l’année, ce jour de la libération totale accomplie par Dieu.

    Dans la vigile pascale, nous lirons la sortie d’Egypte qui est le commencement de la Pâque : le premier acte !  Là Dieu a commencé à la libérer les hommes en libérant son peuple de l’esclavage d’Egypte et de la menace de génocide qui pesait sur lui.  Moïse s’entend dire pas Dieu : « J’ai entendu le cri de mon peuple, j’ai vu sa misère je suis résolu à le libérer : va, fais sortir d’Egypte mon peuple. »

    Ensuite, nous lirons le récit de la Pâque du Christ : sa mort, sa résurrection qu’est cet événement fabuleux. Là Dieu accomplit la Pâque d’Egypte – Jésus meurt à l’heure où les agneaux pascals sont immolés – en libérant l’homme de la mort et de l’esclavage de la mort qu’est le péché. Le souhait de Dieu est que chacun de nous soit libre, parfaitement libre. Nous sommes depuis notre baptême en chemin de libération… du grand esclavage qui est « l’esclavage du moi. »

    L’Evangile de ce soir nous donne les remèdes à mettre en œuvre pour que Jésus puisse nous transformer ; c’est la grâce qui met à mort notre « moi » égoïste et égocentré avec notre accord.

    1er remède : le secret. Faire tout en secret pour tuer en nous notre amour de la renommée, pour nous libérer de la recherche du regard des autres.

    2ème remède : le jeûne alimentaire. SI quand j’ouvre une boîte de chocolat elle y passe toute entière… j’ai un rapport aux biens terrestres qui est déréglé. Certes la création est bonne, elle est don de Dieu… « Tu peux manger/tu dois manger se tous les arbres du jardin sauf de l’arbre »… il y a une limite, une maîtrise de soi qui fait user du monde donné par Dieu sans perdre de vue qu’il est le premier Bien pour nous.

    3ème l’aumône : si je jeûne et que je garde ce que je ne prends pas, tout est encore pour moi ! Le jeûne conduit au don, au détachement volontaire de ce dont je pouvais jouir normalement mais dont je me sépare pour être libéré de l’enfouissement dans le matériel.

    Enfin 4ème remède : la prière. Pas une  petite prière comme cela, en passant en gardant  pour moi tout le reste du temps  de la journée… pas ma petite messe du dimanche et rien après… Non un vrai temps donné à Dieu, pour lui, gratuitement pour ne penser qu’à lui et plus à moi !

    Enfin dernière chose : vous arriverez déçu à la fin du carême. Tant mieux vous aurez ainsi un peu plus vu votre misère, votre pauvreté intérieure, votre piètre volonté, votre mensonge à Dieu que vous prétendez aimer sans pouvoir lui donner du temps… Vous serez plus vrai devant le Seigneur, plus humble, plus malléable à la grâce qui vous sera généreusement accordée au matin de Pâques.

  • Recouvrement au Temple. Fête de la Sainte famille.

                Comme je devais commenter devant vous à nouveau ce texte… je me suis dit que je devais le reprendre de fond en comble pour renouveler mon regard sur lui. J’ai repris le texte grec et notamment les verbes avec leur nuance et leur temps. Je me suis rendu compte que le texte de St Luc est très complexe, nuancé, riche même de nuances fines qui échappent à nos traductions. Je ne veux pas tout reprendre mais seulement un point qui a nourri ma méditation.

                Au verset 43, le texte dit ceci : «  Comme les jours sont accomplis, ils reviennent, Jésus l’enfant reste à Jérousalem et ses parents n’ont pas compris : quoi ? qu’il devait rester à Jérousalem.Pensant qu’il est dans la caravane de pèlerins … » Et à la fin du récit, au verset 48 Marie dit à Jésus « mon enfant, pourquoi nous as-tu fait une chose pareille ? Vois, ton père et moi te cherchions avec angoisse. 49 Il leur dit : « vous me cherchiez : est-ce possible ? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père. ? » 50 Mais eux n’avaient pas compris la parolequ’il leur avait dite ? », antérieurement, évoquée au verset 43 et prononcée à Jérusalem avant le départ.

             Nous sommes à Jérusalem (Luc dit à la manière ancienne  Jérousalem), pour la Pâque. On se trouve en chemin et on a perdu Jésus. On le cherche, on est dans l’angoisse et la tristesse, on revient à Jérusalem et là on le trouve 3 jours après… et il fait un reproche, celui de ne pas  avoir compris la parole qu’il leur a dite : « Vous me cherchiez, comment est-ce possible ? Ne saviez-vous pas … »

                Tout ce cheminement en rappelle un autre… du même St Luc.

                Le soir de Pâque, deux disciples tristes quittent Jérusalem vers Emmaüs. Ils ont perdu Jésus… voilà 3 jours ! Ils ne comprennent rien aux événements… un mystérieux personnage leur fait des reproches : « o cœurs lents à croire la parole qu’ont dit les prophètes … Puis des yeux s’ouvrent, on revient à Jérusalem où enfin on  découvre qu’il est ressuscité et apparu à Pierre.

                Deux routes, deux incompréhensions malgré toutes les paroles données, deux tristesses, deux cheminements longs purificateurs pour, enfin, trouver Jésus !

                Le livre de l’Evangile de St Luc est encadré de deux cheminements qui affirment tous deux la même réalité capitale : nous ne possédons pas Jésus, il nous échappe toujours, nous ne comprenons pas ce qu’il fait, ce qu’il dit … si ce n’est après un cheminement purificateur, quand nous avons perdu tout ce que nous pensions de Lui nous, au lieu, nous, de l’écouter, Lui.

                Trois points de méditation :

    1 – Marie et Joseph aujourd’hui - et tout parent à travers eux - apprennent que Jésus ne leur appartient pas, il est « aux affaires du Père » comme il l’entend lui. Aucun enfant n’appartient à ses parents. Marie et Joseph doivent l’apprendre comme tous les parents. L’amour parental légitime peut être étouffant et destructeur s’il n’est pas contrebalancé par l’attention prudente et constante à la liberté de l’enfant pour découvrir qui il est vraiment – pas ce que je veux de lui ou j’imagine de lui -, quels sont ses talents, ses grâces naturelles et surnaturelles, sa vocation…

    2 – Nous ne possédons pas Jésus, nous ne le connaissons pas si ce n’est par un long chemin  purificateur qui nous dépouille de toutes nos fausses bonnes idées sur Lui, pour nous laisser saisir par son mystère sans désir de le réduire à notre compréhension… au Jésus que nous fabriquions ave ce que nous aimons bien… à condition de se mettre vraimentl’écoute de Sa Parole…

    3 – Enfin un dernier point qui montre que Jésus n’est pas un adolescent révolté comme on le montre parfois dans ce texte, le réduisant à nos humeurs pécheresses d’adolescent mal luné. Au verset 51, il nous est dit que Jésus était soumisà ses parents. Voilà un mot fort… il veut dire « disposé à l’obéissance » ! Non Jésus n’est pas un enfant révolté. Sa nature humaine – la même que la nôtre – n’est pas marqué par le péché comme la nôtre et pour devenir un adulte, Jésus n’a pas besoin de passer par les nombreux péchés de l’adolescence, souvent suscités par l’inconnu sur nous-mêmes de ce temps, ce qui n’est pas l’expérience de Jésus comme le montre ce texte évangélique.