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Billet spirituel - Page 29

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 6ème jour : mercredi après l’Ascension

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    Luc 4/16-21 : « Jésus vint à Nazareth où il avait été élevé, il entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il est écrit: L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’Onction, pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres . Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue...proclamer une année de grâce du Seigneur. »

    Que ton Esprit nous obtienne, Seigneur, d’imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde. Amen

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 5ème jour : mardi après l’Ascension

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    St Jean 14/26: « le Paraclet, dit Jésus, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. »

    Dieu de puissance et de miséricorde, nous te supplions d’envoyer ton Esprit Saint : qu’il habite nos coeurs et fasse de nous le Temple de sa gloire; Amen

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 4ème jour : lundi après l’Ascension

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    St Jean 14/17: «17 C’est lui l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez car il demeure auprès de vous et il est en vous. »

    Tu pénétres Seigneur le coeur de tout homme, tu connais les désirs de chacun et rien ne te reste caché ; daigne purifier les pensées de nos cœurs en y répandant le St Esprit, afin que notre amour soit parfait et notre louange digne de Toi. Amen

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 3ème jour : dimanche après l’Ascension

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    St Jean 14/15-17: «  15 Si vous m’aimez, dit Jésus, vous garderez mes commandements. »

    Seigneur nous t’en prions: que descende sur nous la force de l’Esprit Saint pour que nous puissions discerner ta volonté et l’accomplir tout au long de notre vie. Amen.

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 2ème jour : samedi après l’Ascension

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    Jean 7/ 37-39: «  Si quelqu’un a soif, dit Jésus, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi. Comme l’a dit l’Ecriture «  De son coeur couleront des fleuves d’eau vive ».Jésus désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui: en effet, l’Esprit n’avait pas encore été donné parce que Jésus n’avait pas encore ressuscité. »

    Que ton Esprit Saint, Dieu créateur, nous transforme par ses dons: qu’il change notre cœur en un cœur que tu aimes, parfaitement accordé à ta volonté. Amen.

  • NEUVAINE A L’ESPRIT SAINT, 1er jour : vendredi après l’Ascension


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    St Jean 16/ 12 - 13 J’ai encore bien des choses à vous dire, disait Jésus aux apôtres juste avant de mourir,  mais actuellement, vous n’êtes pas à même de les supporter; 13 lorsqu‘il viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière »

    Que l’Esprit de vérité qui vient d’auprès de Toi, Dieu Très Saint, illumine nos âmes et, comme ton Fils l’a promis, qu’Il nous mène à la vérité tout entière. Amen

  • Discours du Cardinal Vingt-Trois à l'inauguration de la conférence des évêques de France le 16 avril dernier.

    Paru sur le site de la conférence des évêques de France ici

    Une remarquable réflexion sur la situation présente en France et sur l'avenir du catholicisme dans notre pays. A lire et à réfléchir!

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    France : le combat des chrétiens est d'abord une conversion.

    Discours du card. Vingt-Trois Assemblée des évêques, 16 avril 2013

    Les événements ont un peu bouleversé le calendrier de notre rendez-vous de printemps. Une des conséquences sera que plusieurs évêques, et notamment nos frères d'Outre-Mer, seront absents de notre assemblée.

    1.            Un nouveau pontificat.

     Le mois de février a été fertile en surprises. La renonciation du Pape Benoît XVI à l'exercice de sa charge d'évêque de Rome et de Souverain Pontife a été la première, dans tous les sens du terme. Nous connaissons tous suffisamment Benoît XVI pour savoir que ce fut, de sa part, une décision mûrement réfléchie avec le souci principal du bien de l'Église. Les Congrégations générales et le conclave ont abouti à l'élection du Pape François dans la liesse médiatique que nous avons constatée. Nous savons combien cet engouement risque d'être éphémère quand il ne s'attache qu'aux signes les plus superficiels. Mais, durable ou pas, la bienveillance ne fait jamais de mal. Ces deux événements ont constitué une épreuve de vitalité pour notre Église, avec les inquiétudes, voire le désarroi, que certains ont pu éprouver, mais aussi avec l'espérance à laquelle nous étions tous appelés : Dieu n'abandonne jamais son Église. Pendant quelques jours, cette Église a fait la « une » des médias. Ils ont montré que nous existons et que notre existence les intéresse. L'accueil très favorable réservé à l'élection du Pape François témoigne d'une attente réelle de nos contemporains. Je me permets de souligner quelques traits marquants de cette période de transition.

     Sans faillir à notre serment de ne rien révéler du conclave, je puis vous dire que les dix jours pendant lesquels les cardinaux ont procédé à l'élection du nouveau Pape ont été des journées d'une exceptionnelle intensité spirituelle. La prière que nous vivions ensemble, les échanges quotidiens pendant les congrégations générales furent des moments d'une belle gravité et d'une grande fraternité. Le vote lui-même, avec sa ritualisation et sa solennité, était une paraliturgie dans laquelle chacun cherchait comment accomplir au mieux la volonté de Dieu.

     L'élection du cardinal Bergoglio marque un tournant dans la vie de notre Église. Il est le premier pape à n'avoir du Concile Vatican II qu'une connaissance médiatisée. Il n'y a absolument pas participé à aucun titre, ni évêque, ni expert. Nous sommes entrés dans le temps des héritiers, que nous sommes tous, et il me semble que les modalités d'interprétation des textes conciliaires et de leurs applications vont devenir particulièrement importantes et significatives. Vous vous rappelez sans doute de la ligne donnée par Benoît XVI dans son discours à la Curie sur l'herméneutique de la continuité (22 décembre 2005). Elle prend une actualité nouvelle dans ce temps que nous vivons.

     Comme tout le monde, vous aurez remarqué comment le pape a mis en valeur sa mission d'évêque de Rome qui est le fondement de sa charge universelle. Il ne s'est pas contenté de le faire le premier soir à la loggia de Saint Pierre. Il a repris avec persévérance cette ligne dans ses interventions et ses prédications. Peut-être faut-il y voir une intention d'infléchir au moins la représentation que l'on se fait du pape et les attitudes à son égard ? Certains, sautant allègrement par-dessus la tête des évêques ne voient-ils pas dans le pape une sorte de super évêque, ou, mieux encore de curé du monde... ? Il me semble que la manière de faire suivie par le pape François induira une pratique plus conforme à la tradition et à l'ecclésiologie. Le pape n'est pas en séjour à Rome comme il pourrait être ailleurs. Il est pape parce qu'il est évêque de Rome. Comme les cardinaux français ont eu le privilège de le faire de vive voix, je renouvelle ici, en notre nom à tous, l'expression de notre profonde communion au Pape François et l'assurance de notre prière pour son ministère.

     L'insistance du pape pour appeler l'Église à se porter à la « périphérie » de notre monde est sans doute beaucoup plus riche de sens que ne le laisserait supposer une écoute rapide. Il est clair qu'il vise bien les périphéries sociales de nos sociétés et qu'il nous invite à rejoindre tous ceux que la vie malmène. Mais, et cela est moins entendu et souligné, il parle aussi beaucoup des « périphéries existentielles » qui ne visent pas seulement la marginalité sociale, mais aussi les drames intérieurs de la liberté humaine et le désespoir qui résultent d'un monde qui prodigue des jugements sévères sans annoncer l'espérance de la miséricorde. Ne voyons-nous pas que, sous les apparences d'un libéralisme moral ou, pour mieux dire, d'un libertarisme moral, nos sociétés secrètent une avidité pour dénoncer les coupables qui ne se soumettent pas à la loi commune ? La « nouvelle évangélisation », engagée depuis plus de vingt ans, doit se développer en intégrant cet objectif prioritaire d'annoncer une espérance à ceux que la vie afflige.

    2.            Notre engagement dans la nouvelle évangélisation.

     Pour nous, la nouvelle évangélisation se présente dans une société en pleine mutation et les signes de cette mutation ne manquent pas. Les longs mois de débat à propos du projet de loi de mariage pour les personnes de même sexe ont fait apparaître des clivages qui étaient prévisibles et annoncés. Ces clivages sont un bon indicateur d'une mutation des références culturelles. L'invasion organisée et militante de la théorie du genre particulièrement dans le secteur éducatif, et, plus simplement, la tentation de refuser toute différence entre les sexes en est un signe. C'est le refus de la différence comme mode d'identification humaine, et en particulier de la différence sexuelle. C'est l'incapacité à assumer qu'il y ait des différences entre les gens. On se refuse à gérer le fait que les gens ne sont pas identiques. Ils ne sont pas identiques dans leur identité sexuelle mais ils ne sont pas plus identiques dans leur personnalité, et le principe incontournable de la vie sociale c'est précisément de faire vivre ensemble des gens qui ne sont pas identiques, de gérer les différences entre les individus sur un mode pacifique et non pas sur un mode de violence.

     Or, si l'on fait disparaître les moyens d'identification de la différence dans les relations sociales, cela veut dire que, par un mécanisme psychologique que nous connaissons bien, on entraîne une frustration de l'expression personnelle, et que la compression de la frustration débouche un jour ou l'autre sur la violence pour faire reconnaître son identité particulière contre l'uniformité officielle. C'est ainsi que se prépare une société de violence. Ce que nous voyons déjà dans le fait que l'impuissance à accepter un certain nombre de différences dans la vie sociale, aboutit à la cristallisation de revendications catégorielles de petits groupes, ou de sous-ensembles identitaires, qui pensent ne pouvoir se faire reconnaître que par la violence. Notre société a perdu sa capacité d'intégration et surtout sa capacité d'homogénéiser des différences dans un projet commun.

     Pour ma part, je pense que la loi pour le mariage des personnes homosexuelles participe de ce phénomène et va l'accentuer en le faisant porter sur le point le plus indiscutable de la différence qui est la différence sexuelle, et donc va provoquer ce que j'évoquais : l'occultation de l'identité sexuelle comme réalité psychologique et la fermentation, la germination d'une revendication forte de la reconnaissance de la sexualité différenciée. Cette explication simple échappe à un certain nombre d'esprits avisés, qui devraient pourtant se préoccuper de la paix sociale dans les années qui viennent. Que tous les moyens aient été mis en œuvre pour éviter le débat public, y compris dans le processus parlementaire, peut difficilement masquer l'embarras des promoteurs du projet de loi. Passer en force peut simplifier la vie un moment. Cela ne résout aucun des problèmes réels qu'il faudra affronter de toute façon. Pour éviter de paralyser la vie politique dans un moment où s'imposent de graves décisions économiques et sociales, il eût été plus raisonnable et plus simple de ne pas mettre ce processus en route.

     Ainsi, se confirme peu à peu que la conception de la dignité humaine qui découle en même temps de la sagesse grecque, de la révélation judéo-chrétienne et de la philosophie des Lumières n'est plus reconnue chez nous comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique. L'espérance chrétienne est de moins en moins reconnue comme une référence commune et, comme toujours, ce sont les plus petits qui en font les frais. C'est un profond changement d'abord pour les chrétiens eux-mêmes. Vouloir suivre le Christ nous inscrit inéluctablement dans une différence sociale et culturelle que nous devons assumer. Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu'elles défendent notre vision de l'homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements. La suite du Christ ne s'accommode plus d'un vague conformisme social. Elle relève d'un choix délibéré qui nous marque dans notre différence.

     Cette fracture se manifeste aussi dans les intentions de légiférer sur la laïcité. Nous avions déjà exprimé notre perplexité devant les projets de loi limitant la liberté individuelle dans l'habillement ou les signes distinctifs des religions. Autant il est compréhensible que la vie commune, notamment dans les entreprises, soit régie par des règles de cohabitation pacifique, autant il serait dommageable pour la cohésion sociale de stigmatiser les personnes attachées à une religion et à sa pratique, spécialement les juifs et les musulmans. Dans ce domaine, les mesures coercitives provoquent plus de repliement et de fermeture que de tolérance et d'ouverture. Faut-il voir un signe inquiétant dans le fait que, à ce jour, aucun des cultes connus en France n'a été consulté ni même contacté sur ces sujets et qu'aucun n'est associé au travail préparatoire ?

     C'est dans ce contexte général que nous devons réfléchir aux conditions de la nouvelle évangélisation. Pour vivre dans notre différence sans nous laisser tromper et tenter par les protections trompeuses d'une organisation en ghetto ou en contre-culture, nous sommes appelés à approfondir notre enracinement dans le Christ et les conséquences qui en découlent pour chacune de nos existences. À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l'éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? À quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains, si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l'avortement dans leur propre vie ? À quoi bon nous battre contre l'euthanasie si nous n'accompagnons pas humainement nos frères en fin de vie ? Ce ne sont ni les théories ni les philosophes qui peuvent convaincre de la justesse de notre position. C'est l'exemple vécu que nous donnons qui sera l'attestation du bien-fondé des principes.

     La mobilisation impressionnante de nos concitoyens contre le projet de loi autorisant le mariage des personnes de même sexe a été un bel exemple de l'écho que notre point de vue pouvait avoir dans les préoccupations de tous. Au-delà des sondages prédigérés, l'expression des préoccupations profondes rencontre une inquiétude réelle sur l'avenir qui se prépare. Réduire ces manifestations à une manie confessionnelle rétrograde et homophobe ne correspond évidemment pas à ce que tout le monde a pu constater.

     Nous savons bien que les alertes que nous formulons devant des risques que l'on impose à la société sans aucune application du principe de précaution ne sont pas toujours comprises ni acceptées. Mais nous ne pouvons pas rester muets devant les périls. Comment se taire quand nous voyons les plus fragiles de notre société menacés ? Les enfants et les adolescents formatés au libertarisme sexuel, les embryons instrumentalisés dans des recherches au mépris des derniers résultats internationaux, des personnes en fin de vie dévalorisées dans leurs handicaps et leur souffrance et encouragées au suicide assisté, les lenteurs ou les incohérences de la prise en charge des demandeurs d'emploi, des familles dans la misère soumises aux rigueurs des expulsions sans alternative, les camps de roms démantelés en nombre croissant, etc.

     La pointe du combat que nous avons à mener n'est pas une lutte idéologique ou politique. Elle est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons : plus que de dénoncer, il s'agit de s'impliquer positivement dans les actions qui peuvent changer la situation à long terme. Il s'agit de nous laisser nous-mêmes évangéliser par la bonne nouvelle dont nous sommes les témoins. Alors, l'écart qui doit apparaître entre notre manière de vivre et les conformismes de la société ne pourra pas être perçu comme un jugement pharisien, mais comme un espace d'appel et comme une espérance. Nous pouvons nous souvenir de l'épître de Pierre que nous avons lue dernièrement à l'Office des Lectures : « Ayez une belle conduite parmi les païens, afin que, sur le point même où ils vous calomnient comme malfaiteurs, ils soient éclairés par vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour de sa venue. » (I P. 2, 12).

     Sans doute aurons-nous l'occasion d'échanger sur tout cela au cours de cette assemblée.

    3.            Notre programme de travail.

     Le déplacement du calendrier de notre assemblée en réduit la durée, et donc nos possibilités de travail. Je vais donc réduire aussi cette intervention liminaire au maximum. Trois sujets principaux sont inscrits à notre programme : les statuts de l'enseignement catholique, le diaconat permanent et le groupe de travail sur la présence des catholiques dans la société contemporaine. Mais, comme nous l'avons décidé en novembre dernier, nous aurons aussi à procéder à un certain nombre d'élections pour les postes arrivés à échéance. Parmi ceux-ci, il y a ceux du Président, des deux vice-présidents et du secrétaire général dont aucun n'est rééligible dans sa fonction. C'est donc une occasion pour moi de vous exprimer ma reconnaissance pour votre confiance et la bienveillance avec laquelle vous m'avez permis d'exercer ma charge de président et de remercier Mgr Laurent Ulrich et Mgr Hippolyte Simon pour leur collaboration fraternelle et Mgr Antoine Hérouard pour sa gestion efficace des services de la Conférence. Nous avons essayé de faire de notre mieux pour que la conférence épiscopale joue au maximum son rôle d'instance de partage et de communion et vous me permettrez de profiter de l'occasion pour exprimer notre reconnaissance commune aux secrétaires généraux adjoints et à toutes les personnes qui assurent une mission dans les services de la Conférence.

  • "Ta main s'est posée sur moi"

    Nous poursuivons la méditation faite sur le chant d'entrée de la messe Pâques

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    Le Seigneur Jésus ne parle pas seulement à son Père: il parle aussi à son Eglise et à chacun d’entre nous! « Je suis ressuscité et désormais, je suis toujours avec toi » Promesse magnifique: le Seigneur ressuscité est le compagnon merveilleux de chacun d’entre nous. Toute notre vie, nous pouvons la passer dans sa communion; chaque instant de notre existence est lourd de sa présence; malheureusement nous oublions souvent cette sainte Présence !! Nous vivons comme si le Seigneur n’était pas notre compagnon quotidien. Le Frère Laurent de la Résurrection, un carme lorrain du XVIIè siècle, insistait beaucoup sur cette Présence. «  Nous devons pendant notre travail et autres actions, même pendant nos lectures et écritures, je dis plus, pendant même nos dévotions extérieures et prières vocales, cesser quelque petit moment, le plus souvent même que nous pourrons, pour adorer Dieu au fond de notre coeur, le goûter quoiqu’en passant et comme à la dérobée.... pour le louer, lui offrir votre coeur, le remercier. »

    Ces moments d’adoration intime et personnelle sont déjà contenus dans le verset: au Christ qui dit à chacun  « Je suis ressuscité et désormais je suis toujours avec toi » le croyant répond avec toute l’Eglise: « Tu as posé ta main sur moi pour me sauver ! Ta sagesse est vraiment admirable! »

    Frères et sœurs, en matin lumineux de Pâques, ne nous laissons pas déborder par notre   joie de fin de carême comme Marie-Madeleine qui retenait le Christ avec trop d’effusion! Laissons éclater une joie intime ! Unissons-nous à la joie de la Trinité: s’il y a tant de joie au ciel pour un pécheur qui se repent, quelle doit être celle du retour du Fils dans son corps glorieux ! Mais cette joie nous demeure secrète. Ecoutons la douce parole du Maître qui assure  chacun  de sa présence et dans la paix, revenons au centre de notre être, là où le Maître habite désormais, pour le louer et l’aimer.

     Encore Joyeuses et Saintes Pâques à tous !

  • "Ta sagesse est vraiment admirable"

    Nous poursuivons la méditation faite sur le chant d'entrée de la messe Pâques

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    Mais ce verset du psaume a aussi des accents très personnels: « Je suis ressuscité » dit le Christ et dans cette affirmation au Père, nous lisons aussi la joie du Christ qui a opéré sa propre résurrection en vertu de sa puissance divine. A ses apôtres Jésus avait annoncé : « j’ai le pouvoir de donner ma vie et de la reprendre » (Jn 10/17-18) Certes la mort de Jésus le Vendredi Saint a séparé son âme et son corps comme pour tout homme; mais la nature divine est restée unie aux deux qui étaient séparées et comme dit St Grégoire de Nysse,  « par la nature divine,... elles s’unissent à nouveau. Ainsi la mort se produit par la séparation du composé humain, et la Résurrection par l’union des deux parties séparées » (caté. 650). A l’admiration de son Père, le Christ ajoute la joie de sa victoire; la joie d’avoir mené à bien l’œuvre confiée par le Père: par son incarnation, il a ressaisi toute l’humanité; par sa mort sur la Croix, il a libéré l’humanité du péché et par sa résurrection, il a ouvert à tout homme qui le confesse dans la foi, l’accès à la vie nouvelle et la communion parfaite en Dieu. Oui! la Sagesse de Dieu est  vraiment admirable ! Admirable aussi le Fils qui l’a si parfaitement accomplie.

    A suivre...

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  • "Je suis ressuscité"

    Joyeuses fêtes de Pâques à tous !

    La méditation d'aujourd'hui, pour la Résurrection, est faite à partir du chant d'entrée grégorien de la messe de Pâques. Le texte est un extrait du psaume 138, d'abord une partie du verset 18, puis les versets 5 et 6 :

    Resurrexi, et adhuc tecum sum : posuisti super me manum tuam, mirabilis facta est scientia tua.
    Je suis ressuscité et  désormais, je suis toujours avec Toi. Ta main s’est posée sur moi, Ta sagesse est vraiment admirable.

    Vous pouvez l'entendre ici :

    Contrairement à ce qu’on pourrait attendre, la liturgie du jour de Pâques n’est pas très exubérante et triomphante. Elle est empreinte d’une joie profonde mais contenue et discrète.     L’Evangile ne montre pas le Christ terrassant ses adversaires… et l’Eglise respecte les volontés de son Epoux: la résurrection fut discrète, invisible aux hommes: « O nuit chante l’Exultet de la vigile, toi seule as pu connaître le moment où le Christ est sorti vivant du séjour des morts ».

    Jésus s’est fait reconnaître de ses disciples seulement... L’Eglise respecte les volontés de discrétion de son Seigneur et partage sa joie avec Lui intimement. Nous ne devons pas refreiner notre joie, nous ne pouvons pas la taire; mais nous devons la mettre à l’unisson des sentiments de Jésus notre bon Seigneur. Mais quels sont ses sentiments?

    L’Eglise répond à notre question en plaçant sur les lèvres du Christ au chant d’entrée de ce jour, un verset du psaume 138 :«Je suis ressuscité et  désormais, je suis toujours avec Toi. Ta main s’est posée sur moi, Ta sagesse est vraiment admirable ». Mais …à qui Jésus parle-t-il ainsi ?

    A son Père: C’est la puissance du Père opérant par l’Esprit Saint, qui a ressuscité le Christ son Fils. Ainsi, il a introduit son humanité - avec son corps - dans la Trinité. Car l’Incarnation ne cesse pas et c’est là sans doute l’inouï de ce que nous proclamons en ce jour : Le Fils de Dieu, la seconde personne de la Trinité s’est incarnée et aujourd’hui, par la Résurrection, son corps glorieux est introduit dans la Ste Trinité. L’un de nous est en Dieu ; par solidarité humaine et par charité divine, chacun de nous est en quelque sorte «  caché en Dieu » comme dit St Paul dans l’épitre de ce jour.

    A suivre...

  • L'histoire du salut

     

    Après le sermon lors du baptême d’Antoine B., plusieurs m’ont demandé de donner par écrit le contenu de mon homélie… qui n’était pas écrite ! Voici le texte fidèle à ma pensée… peut-être pas à la matérialité des mots de ce jour-là … de ce que j’ai voulu dire à l’homélie.

    Version imprimable ici

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    Histoire du salut

    L’homme jailli des mains de Dieu… est

                    A l’image de Dieu, c’est-à-dire, à l’image du Christ qui est l’Image. Capable d’aimer, de se donner, de parler, penser, dominer respectueusement la création qu’il doit achever…
                    A la ressemblance : l’homme vit d’une manière qui corresponde à l’image qu’il est.
                    Modelé de la terre (il est corps), il a reçu de Dieu son souffle (à la fois souffle de vie et Esprit Saint). Il est habillé de lumière et ne sait pas qu’il est nu.

    Cet homme est une créature de Dieu : il doit continuer à progresser, à acquérir une maturité spirituelle pour que tout son être soit divinisé. On peut penser que le Christ prendra, un jour du temps, la nature de la créature humaine pour la mener à sa perfection.
    Cet homme comme créature a une limite : il n’est pas Dieu même s’il est appelé à le devenir. Telle est l’ALLIANCE avec Dieu.

     

    Le refus de cette Alliance par l’homme a pour conséquences :

                    L’Image est enfouie mais jamais perdue.
                    La ressemblance est perdue comme l’Esprit Saint
                    L’homme se voit « nu », pauvre créature et la lumière l’a quitté
                    Les relations avec Dieu sont profondément troublées : l’homme en a peur
                    Les relations entre les humains sont bouleversées :

    • L’homme et sa femme se soupçonnent et tombent dans la domination et la convoitise
    • Le frère tue le frère (Caïn et Abel)
    • Le mal se propage  au point qu’il ne reste qu’un juste, Noé
    • La société elle-même est malade : folie de la puissance, domination et tyrannie, refus de la différence, totalitarisme… (Tour de Babel)

     

    Dieu poursuit son dessein bienveillant pour l’homme :

    Il appelle Abraham (auquel il fait un promesse : réunir un  jour toute l’humanité  dans une unique bénédiction), crée un peuple nouveau au sein duquel il choisit une tribu (Juda) une famille (David) pour préparer une    famille sainte quand sera venu le temps d’envoyer son Fils prendre une nature humaine de la Vierge Marie. Il devient semblable à l’homme en tout, sauf le péché.

                    Le Christ, Fils de Dieu UN avec le Père est Fils de l’homme UN avec nous !

                    Il nous réconcilie avec Dieu en Lui. Il est le premier homme totalement fidèle à Dieu.
                    Il décide de partager notre souffrance et notre mort : la mort atteint sa nature            humaine mais sa divinité tue la mort.

    Par le baptême, la confirmation et l’eucharistie, nous sommes en communion réelle, c’est-à-dire spirituelle et physique avec Lui

    Nous devenons un frère/une sœur du Christ
                                   un fils/une fille du Père
                                   un temple du St Esprit.
                                   L’image nous est rendue dans sa beauté
                                   La ressemblance nous est rendue possible par la grâce et notre combat spirituel
                                   Nous sommes devenues une créature nouvelle (vêtement blanc de lumière) et un enfant de lumière (cierge du baptême)

    Notre progression vers notre « perfection » se poursuit dans le Christ et peu à peu, notre divinisation s’accomplit dans l’Eglise avant d’être totale dans le Royaume de Dieu.

  • Splendeur de la Liturgie eucharistique

    La première partie de la messe - on l'appelle la liturgie de la Parole - nous a rassemblés autour de Jésus Notre Seigneur : en venant à la messe, nous nous sommes approchés de Lui, ensemble, comme le peuple de Dieu. Nous l'avons écouté nous expliquer les Ecritures et sa Parole a été efficace en nous, elle a effacé nos péchés. Nous avons prié par Lui notre Père, nous avons reçu le pardon des péchés. Bref, dans la joie, nous étions avec Lui en Galilée, autour du lac, avec les apôtres et les premiers disciples.

     

    Commence alors la seconde partie de la messe.

    eucharistie1.jpgLe climat change. Nous sommes montés à Jérusalem avec le Seigneur et bien vite, nous sommes mis devant son sacrifice, son offrande au Père sur la Croix pour nous, sa mise au tombeau et sa Résurrection découverte au matin de Pâques.

    Le Christ est seul dans son sacrifice, nous sommes devant Lui, au pied de la Croix avec Marie, Marie Madeleine et Jean, au tombeau[1] avec Nicodème et Joseph d'Arimathie, au matin de Pâques, au tombeau vide avec Pierre, Jean et Marie Madeleine. Dans cette seconde partie de la messe, nous allons davantage nous taire, regarder et écouter le prêtre qui agit « in persona Christi » « en la personne du Christ » : l'offrande du sacrifice est celle que fait le Christ d'abord seul (représenté sacramentellement par le prêtre), puis nous-mêmes « par Lui, avec Lui et en Lui », si nous le voulons. Mais cette solitude première du Christ s'exprime par le fait que nous sommes bien moins actifs extérieurement que dans la première partie de la messe et que notre participation est essentiellement intérieure, offrande de tout nous-mêmes à Dieu.

    Les rites utilisés par l'Eglise dans cette seconde partie de la messe sont inspirés, à la fois, du rituel du repas du sabbat (donc chaque semaine) et de celui du rituel du repas pascal, célébré chaque année. Et ce jusque dans bien des détails : la nappe blanche, le pain azyme, c'est-à-dire sans levain comme le pain de la Pâque juive, et la coupe de vin ; la lumière, le plateau sur lequel sont posées les hosties, l'eau mise dans le vin de la coupe[2], la parenté de certains textes. L'évangéliste St Luc - au chapitre 22 de son Evangile - raconte la dernière Cène au cours de laquelle Jésus institue l'Eucharistie, dans une évocation très précise des rites de repas pascal juif. Il nous indique par là que cette proximité des rites traditionnels juifs et chrétiens est voulue par le Seigneur lui-même.

    La prière eucharistique a commencé par une louange de Dieu prononcée par le prêtre qui s'achève par une acclamation solennelle de Dieu : »Saint, Saint Saint »...L'Eglise nous fait reprendre les acclamations des Anges entendues par Isaïe dans une vision au Temple. Gravité extrême du moment : nous sommes avec les Anges devant la majesté divine ! Nous sommes dans le Saint des Saint où se faisait chaque année le sacrifice pour le pardon des péchés. Nous sommes devant Dieu.

    eucharistie4.jpgAlors commence le récit de la Dernière Cène à l'atmosphère si pascale.

    Quand les fils d'Israël célèbrent la Pâque chaque année, à la nouvelle lune de printemps, ils ont conscience non pas de se souvenir de la Sortie d'Egypte mais de la vivre ! Le rite n'est pas simplement moyen de se souvenir ; le rite, quand on l'accomplit, fait vivre dans le dynamisme de l'événement historique célébré, unit à Dieu qui libère son peuple, fait grandir la liberté du peuple saint qui célèbre la Pâque.

    Quand nous participons à la messe, nous faisons la même expérience : nous vivons le mystère pascal, nous entrons dans le dynamisme de la Pâque du Seigneur Jésus. C'est ce que signifie notre chant d'acclamation aussitôt après la consécration : « Nous rappelons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la Gloire. » Plus encore : puisque le pain est devenu vraiment son Corps et le vin son Sang, en communiant, nous sommes incorporés dans le Christ Ressuscité et nous devenons davantage « l'Eglise », le Corps du Christ.

    Le Père Louis Lallemand, un jésuite français du XVIIè siècle, explique cela magnifiquement : « Jésus a dit : « celui qui mange ma chair demeure en Moi et Moi en lui. » Ces paroles marquent l'union admirable que nous avons avec notre Seigneur dans le sacrement de l'Eucharistie. Par la communion, nous sommes unis directement au Corps et au Sang de Jésus-Christ et, par eux, à son âme et à sa divinité. Son Corps se mêle avec notre corps, son Sang avec notre sang, son Ame se joint à notre âme, son imagination règle la nôtre, son intelligence éclaire la nôtre, sa volonté enflamme et fortifie la nôtre; ses sens purifient les nôtres.

    Ainsi nous devenons un moment semblables à Notre Seigneur et nous pouvons devenir meilleurs. Ainsi les hommes se changent et se perfectionnent dans la sainte communion. A proportion que nous sommes disposés, Notre Seigneur vient demeurer en nous. Il unit réellement son corps au nôtre et son esprit au nôtre bien que nous ne sachions pas comment se fait cette union.

    Après la communion,.... ce que nous devons faire, c'est de nous abandonner à l'oeuvre que fait en nous Notre Seigneur, lui laisser effacer nos péchés et en arracher les racines. »

                Pour nous unir à ce qui se passe sur l'autel, avant de communier, il nous faut contempler les gestes du prêtre - ils ont tous un sens - écouter attentivement ses paroles et nous unir profondément à tout ce qui est dit comme prière puisque le prêtre parle au nom de tous : il dit « nous ».

                Ainsi, le Seigneur Jésus présent  sur l'autel après la consécration où le prêtre a refait les gestes de Jésus et prononcé ses paroles, est montré « comme immolé » : le Corps est placé sur la patène d'un côté et le Sang dans la coupe de l'autre côté, exactement comme on faisait pour immoler les Agneaux de la Pâque dans le Temple : le sang était recueilli minutieusement dans une coupe quand on immolait l'Agneau pascal. Bien sûr, on ne refait pas le sacrifice du Christ, « accompli une fois pour toutes » et sauveur une fois pour toutes ! Mais on  le représente comme immolé, séparé ... avant de réunir dans la même coupe le Corps et le Sang[3] pour proclamer sa Résurrection.

                Le prêtre prie seul pour nous montrer que le Christ s'est offert seul pour nous sauver. En étant en quelque sorte « spectateur » de ce sacrifice, dans notre cœur, dans l'élan de notre prière, nous devons alors nous unir à cette offrande du Christ : après avoir rassemblé dans le Christ le Pape, l'évêque du lieu et tous les évêques, les prêtres, les diacres, les fidèles défunts, les fidèles présents, tout le peuple de Dieu, les hommes qui cherchent Dieu avec droiture et tous les saints, le prêtre offre au Père le Christ « total » : « Par Lui, avec Lui et en Lui.... » Je dois être pris dans cette offrande pour, uni au Christ, devenir une louange à la Gloire de Dieu le Père. Voilà ma participation à l'offrande parfaite du Christ ! Voilà ma participation à la messe comme le demande le Concile : « Dans l'action liturgique, ... les fidèles participent de façon consciente, active et fructueuse...C'est pourquoi dans le sacrifice de la messe, nous demandons au Seigneur qu'ayant agréé l'oblation du sacrifice spirituel (du Christ à l'autel), il fasse pour lui de nous-mêmes une éternelle offrande. »[4]

    eucharistie5.jpg            Adorer, s'offrir, et communier, voilà la participation « consciente, active et fructueuse » à la cette seconde partie de la messe que nous venons de décrire et qui s'achève par la bénédiction et l'envoi en mission « allez dans la paix du Christ », comme autrefois ce fut le cas sur le Mont des Oliviers quand Jésus rassembla les siens avant de disparaître à leurs yeux.


    [1] Dans les livres liturgiques, souvent on appelle l'autel « le tombeau » sur lequel est déposé le pain qui va devenir le Corps Ressuscité du Christ.
    [2] En Palestine au temps de Jésus pour conserver le vin on le fait madériser. Il devient donc très alcoolisé et très épais ; pour le boire, on mêle de l'eau. Jésus a accompli ce geste le soir du jeudi saint et en souvenir, le prêtre le fait toujours aujourd'hui.
    [3] Le prêtre, pendant le chant de « l'Agneau de Dieu » fractionne l'hostie et en prend une petite parcelle qu' il met dans le calice.
    [4] Constitution sur la liturgie de Vatican II. N°11 et 12. Voir aussi la prière eucharistique III : « fais de nous une éternelle offrande à ta Gloire ».

  • A propos du sermon du dimanche 23-24 janvier 2010

    Splendeur de la liturgie de la Parole à la Messe.

    sefer torah.jpgEn 518 avant Jésus-Christ, un petit peuple hébreu rentre en Terre Sainte depuis la lointaine terre d'exil de Babylone. Ce sont les plus modestes qui reviennent au pays et leur installation est difficile de bien des manières. Mais ils possèdent un trésor entre leurs mains : le livre de la Parole de Dieu en partie écrit. Alors le scribe Esdras et le gouverneur Néhémie les convoquent sur la place du Temple encore bien en ruine : on dresse une estrade, le scribe Esdras lit alors la Parole de Dieu toute une matinée, il lit et s'arrête pour que les lévites puissent traduire au peuple les saintes paroles de Dieu. On chante l'alléluia, le peuple pleure de joie et quand on renvoie la foule après la lecture, Esdras leur rappelle : « Aujourd'hui il ne faut pas pleurer. La joie du Seigneur est notre rempart. »[1]

                La première grande liturgie de la Parole vient d'avoir lieu.

                Désormais le peuple d'Israël va prendre goût à cette proclamation commune de la Parole de Dieu. Chaque sabbat, dans les salles d'étude que sont les synagogues disséminées dans tout le pays, la Parole de Dieu retentit, proclamée, chantée, acclamée, efficace.

                Cinq siècles plus tard, Jésus est élevé à Nazareth et son père le conduit chaque semaine à la synagogue pour la liturgie de la Parole qui est célébrée. Au fil des siècles, elle s'est développée, elle s'est organisée. Elle est devenue une sainte habitude. Et même si les hommes se retrouvent durant la semaine, chaque soir, pour une étude commune des livres de la Bible, le jour du Sabbat la Parole de Dieu est dignement fêtée : on la sort solennellement de l'Arche qui la contient, on la montre au peuple qui chante l'Alléluia... Certains jours de fête, on voit même les plus pieux danser avec les rouleaux de la sainte Parole.

                Un jour, devenu adulte, Jésus revient à Nazareth[2] qu'il a quitté quelque temps avant pour s'établir à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade. Le jour du sabbat, comme de coutume, il se rend à l'assemblée de la synagogue. Il connaît tous ceux qui sont dans la pièce. Selon les habitudes juives, on lui propose de faire une des lectures du jour : en effet, le rythme des lectures avait été établi. On lisait toujours un extrait de la Loi (= les Cinq premiers livres de la Bible, la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome). Puis on lissait un extrait des livres des prophètes et un extrait d'autres livres. En tout trois lectures. On propose donc à Jésus de lire la seconde : il proclame alors un passage du prophète Isaïe.

                Puis la lecture finie, il s'assied. On attend qu'il prenne la Parole pour expliquer le texte lu. Alors Jésus dit : « Aujourd'hui cette Parole que vous venez d'entendre s'accomplit ». Ce n'est pas seulement une lecture, une parole, un texte : c'est un événement. Jésus parle au milieu de son peuple et cette Parole est efficace. Elle produit ce qu'elle annonce.

                A la fin de sa vie sur terre, autant pour les pèlerins d'Emmaüs que pour les apôtres réunis autour de lui, Jésus à nouveau proclame la Parole : aux pèlerins d'Emmaüs, il déclare : «O Cœur sans intelligence, lents à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire. Et commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. »[3]  Et aux apôtres sur le mont des Oliviers, au moment de les quitter, « il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures. »[4] Cette Ecriture comprise dans le Christ introduit dans la compréhension de la personne et de la vie de Jésus ; cette Ecriture annonce le salut dans le Christ et le réalise selon la promesse faite dans la synagogue de Nazareth. Le cœur des disciples d'Emmaüs devient « tout brûlant au-dedans d'eux quand il leur parlait en chemin, quand il leur expliquait les Ecritures. »[5]

    Christ enseignant.jpg            Depuis ce moment, chaque semaine, le dimanche, l'Eglise proclame les Ecritures à la suite d'Israël et surtout à la suite de Jésus. La Parole de Dieu n'est pas faite d'abord pour la lecture privée, chacun avec son livre. La Parole de Dieu est faite pour être proclamée et entendue dans l'assemblée des croyants. Le peuple de Dieu, c'est son « milieu naturel » : La Parole frappe les oreilles du peuple de Dieu et au milieu de ce peuple, retentit la Voix du Fils, le sommet de la Parole. C'est d'ailleurs Lui qui parle tout au long de la Bible ! « Après avoir, à maintes reprises et  sous maintes formes, parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par Le FILS qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui il a fait les siècles. Resplendissement de sa Gloire, effigie de sa substance, ce Fils soutient l'univers par sa Parole puissante. »[6]

                Cette Parole est efficace dans le cœur de ceux qui écoutent. En effet, l'audition liturgique et recueillie de l'Evangile purifie l'auditeur de ses péchés : quand les fidèles acclament le Christ après la proclamation de l'Evangile, en chantant « louange à Toi Seigneur Jésus », le prêtre en vénérant le livre prie ainsi : «  que ces paroles évangéliques purifient le peuple de ses péchés. » La proclamation liturgique de l'Evangile est un acte efficace de salut accompli par le Christ. Et c'est le Christ qu'on acclame...Pas le livre ! Le Catholicisme n'est pas une religion du livre contrairement à ce qui est dit. On acclame le Christ  par une parole qui s'adresse directement à Lui, mystérieusement présent au milieu des siens : « Louange à toi Seigneur Jésus ». On comprend la parole de St Ignace d'Antioche : « Je me réfugie dans l'Evangile comme dans la présence corporelle de Jésus-Christ ».

     Puis le livre disparaît : le Christ est là au milieu des siens, il a parlé et d'une certaine manière il continue à s'adresser à ses disciples par la parole du prêtre qui représente le Christ Tête et Pasteur de son peuple. On a porté solennellement le livre de s Evangiles dans la procession d'entrée mais après la proclamation, le livre s'efface, Le Christ est là.

                Cette efficacité se poursuit dans la seconde partie de la messe où le sacrifice unique du Christ, sa Mort et Sa Résurrection, est offert au Père et reçu en communion.


    [1] Voir livre de Néhémie 8
    [2] St Luc 4/16-21
    [3] St Luc 24/25-27
    [4] St Luc 24/44-45
    [5] St Luc 24/32
    [6] Épître aux Hébreux 1/1-3. épître lue le jour de Noël.

  • Homélie pour la Divine liturgie du 22 janvier 2010

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    Epître du jour : Deuxième lettre de saint Pierre Apôtre - Chapitre 1/1-4

    Dieu nous a fait don des grandes richesses promises, et vous deviendrez participants de la nature divine

     

             Voilà le verset central que je voudrais commenter devant vous ce soir, un des textes les plus osés du Nouveau Testament.Nous ne sommes pas simplement enfants de Dieu par image, par manière de dire mais nous le sommes au point de participer à la nature divine. St Pierre ici complète profondément St Paul !

    C'est dans la lumière de la réflexion des premiers siècles chrétiens et des premiers Conciles, sur le Christ et sur la Trinité qu'a jailli la compréhension du mystère profond de l'homme désigné par cette expression devenue si commune : la personne humaine. Il s'agissait de rendre compte avec le plus de respect et de minutie possibles du mystère du Christ, vrai Dieu et vrai homme en une seule « réalité » qu'on allait appeler « personne ». Il s'agissait de rendre compte du fait inouï que le Fils de Dieu incréé avait assumé une nature humaine créé, en un seul « être » qu'il fallait inventer car le mot n'existait pas. Mais en même temps, en sens inverse, cette assomption de la nature humaine par la nature divine traçait un chemin de la nature humaine vers la nature divine pour chaque homme uni au consubstantiellement au Christ, ne faisant qu'un être avec Lui comme dit St Paul.

    Chaque être humain est une individualité : un être unique, sociologique, tourné vers son monde intérieur, la conscience de lui-même, qui passe par les âges de la vie et qui selon sa psychologie, s'approprie les qualités de sa nature.

    Cette individualité humaine doit être PERSONNIFIEE car cette individualité humaine naturelle est une personne possible, elle en a les capacités puisqu'elle est créée à l'image de Dieu. Mais cette individualité doit être faite personne. La personne ne s'ajoute pas à l'individualité naturelle ; la personne reprend cette individualité naturelle et assure son dépassement de l'humain seul vers l'autre (son semblable) et vers l'Autre (le Dieu transcendant) car comme le dit St Paul dans les Actes des Apôtres : « c'est en Dieu que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes. »

                Ce dépassement, cette personnification se fait d'abord dans l'ouverture à l'autre humain, mais n'atteint toute sa plénitude que dans la rencontre avec Dieu et l'accueil de la pensée que Dieu a de lui. Comme dit St Maxime le Confesseur , le moi le plus intime de la personne est « une identité par grâce » même si cette grâce personnelle s'appuie sur l'individualité humaine de chacun.  L'accomplissement de la personne humaine se fait dans la rencontre avec Dieu, plus même, comme dit St Pierre « dans la participation à la nature divine. »

                Cet accomplissement qui est cette participation à la nature divine, se fait dans le CHRIST. La personne est à l'image du Christ et dans le siècle futur, elle s'accomplira parfaitement comme dit St Jean « car le voyant tel qu'il est nous lui serons semblables» Notre vie est donc l'histoire de ce passage, par dépassement de grâce, de l'être naturel à l'être personnel, c'est-à-dire à l'être christique par le re-modèlement complet de notre individualité naturelle en Christ. C'est ce que l'Orient appelle la structure théandrique - divino-humaine - de l'homme en Christ. St Basile exprime cela de façon concise et frappante : « l'homme est une créature qui reçut l'ordre de devenir dieu. » Ou St Maxime le Confesseur : « l'homme est appelé pour devenir une personne, à réunir par l'amour, la nature créée avec la nature divine par acquisition de la grâce. »

    En Christ donc la nature humaine est déifiée, tel est le mode personnel d'exister. Tel est le passage de l'homme ancien  à l'homme nouveau pour parler comme St Paul. C'est ce que la philosophie bien souvent pressent et explicite dans l'idée que l'homme se réalise en se dépassant. Gabriel Marcel le philosophe a donné une bonne définition : «exister pour la personne, c'est se faire mais en se dépassant. La devise de la personne, ce n'est pas sum, mais sursum»

  • Le ministère du prêtre à l’école de St Paul (3)

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    L'apôtre aime ceux qu'il évangélise, parfois d'un amour jaloux, et la communauté devient sa fierté devant le Christ  (1 Co 9/2 ; Phil.4/1). Il a le souci de leur maturation dans la foi et la fidélité à Dieu :

    « ce n'est pas que je sois à la recherche de cadeaux; ce que je recherche, c'est le fruit qui s'accroît à votre actif. ». (Ph.4/10-17)

    L'amour apostolique de St Paul fait que les Corinthiens sont «  dans son coeur à la vie et à la mort. »

    Cet amour apostolique fait que l'apôtre se présente comme un «  paranymphe » (2 Co 11/2) chargé de marier la communauté avec le Christ comme un garçon d'honneur. C'est assez proche du thème de « l'ami de l'époux » tel qu'on le trouve sur les lèvres de St Jean Baptiste dans l'Evangile de St Jean 3/ 29.

    L'envers de cet amour pour les païens et les nouvelles communautés chrétiennes est le refus des juifs d'accueillir le Christ, refus dont St Paul se dit « bouleversé » jusqu'à vouloir être anathème pour les sauver. (Rm 9/2-3).

    St Paul ne cesse de chanter la grandeur du ministère de la Nouvelle Alliance à côté de celui de l'Ancienne Alliance, les prêtres descendants d'Aaron ou les Lévites descendants de Lévi, fils de Jacob. Cette grandeur est affirmée sans ambages en 2 Co 3 :

    « C'est le Christ qui nous a rendus capables d'être ministres d'une Alliance nouvelle...Or si le ministère de mort (= celui de Moïse) gravé en lettres sur la pierre a été d'une gloire telle que les Israélites ne pouvaient fixer le visage de Moïse à cause de sa gloire - pourtant passagère - combien plus le ministère de l'Esprit n'en aura-t-il pas plus encore ?...Nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur son visage pour que les Israélites ne voient la fin de cet éclat passager. Nous, le visage dévoilé, nous reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image par le Seigneur qui est Esprit. »