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Billet spirituel - Page 29

  • L'histoire du salut

     

    Après le sermon lors du baptême d’Antoine B., plusieurs m’ont demandé de donner par écrit le contenu de mon homélie… qui n’était pas écrite ! Voici le texte fidèle à ma pensée… peut-être pas à la matérialité des mots de ce jour-là … de ce que j’ai voulu dire à l’homélie.

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    Antoinebaptême.jpg

    Histoire du salut

    L’homme jailli des mains de Dieu… est

                    A l’image de Dieu, c’est-à-dire, à l’image du Christ qui est l’Image. Capable d’aimer, de se donner, de parler, penser, dominer respectueusement la création qu’il doit achever…
                    A la ressemblance : l’homme vit d’une manière qui corresponde à l’image qu’il est.
                    Modelé de la terre (il est corps), il a reçu de Dieu son souffle (à la fois souffle de vie et Esprit Saint). Il est habillé de lumière et ne sait pas qu’il est nu.

    Cet homme est une créature de Dieu : il doit continuer à progresser, à acquérir une maturité spirituelle pour que tout son être soit divinisé. On peut penser que le Christ prendra, un jour du temps, la nature de la créature humaine pour la mener à sa perfection.
    Cet homme comme créature a une limite : il n’est pas Dieu même s’il est appelé à le devenir. Telle est l’ALLIANCE avec Dieu.

     

    Le refus de cette Alliance par l’homme a pour conséquences :

                    L’Image est enfouie mais jamais perdue.
                    La ressemblance est perdue comme l’Esprit Saint
                    L’homme se voit « nu », pauvre créature et la lumière l’a quitté
                    Les relations avec Dieu sont profondément troublées : l’homme en a peur
                    Les relations entre les humains sont bouleversées :

    • L’homme et sa femme se soupçonnent et tombent dans la domination et la convoitise
    • Le frère tue le frère (Caïn et Abel)
    • Le mal se propage  au point qu’il ne reste qu’un juste, Noé
    • La société elle-même est malade : folie de la puissance, domination et tyrannie, refus de la différence, totalitarisme… (Tour de Babel)

     

    Dieu poursuit son dessein bienveillant pour l’homme :

    Il appelle Abraham (auquel il fait un promesse : réunir un  jour toute l’humanité  dans une unique bénédiction), crée un peuple nouveau au sein duquel il choisit une tribu (Juda) une famille (David) pour préparer une    famille sainte quand sera venu le temps d’envoyer son Fils prendre une nature humaine de la Vierge Marie. Il devient semblable à l’homme en tout, sauf le péché.

                    Le Christ, Fils de Dieu UN avec le Père est Fils de l’homme UN avec nous !

                    Il nous réconcilie avec Dieu en Lui. Il est le premier homme totalement fidèle à Dieu.
                    Il décide de partager notre souffrance et notre mort : la mort atteint sa nature            humaine mais sa divinité tue la mort.

    Par le baptême, la confirmation et l’eucharistie, nous sommes en communion réelle, c’est-à-dire spirituelle et physique avec Lui

    Nous devenons un frère/une sœur du Christ
                                   un fils/une fille du Père
                                   un temple du St Esprit.
                                   L’image nous est rendue dans sa beauté
                                   La ressemblance nous est rendue possible par la grâce et notre combat spirituel
                                   Nous sommes devenues une créature nouvelle (vêtement blanc de lumière) et un enfant de lumière (cierge du baptême)

    Notre progression vers notre « perfection » se poursuit dans le Christ et peu à peu, notre divinisation s’accomplit dans l’Eglise avant d’être totale dans le Royaume de Dieu.

  • Splendeur de la Liturgie eucharistique

    La première partie de la messe - on l'appelle la liturgie de la Parole - nous a rassemblés autour de Jésus Notre Seigneur : en venant à la messe, nous nous sommes approchés de Lui, ensemble, comme le peuple de Dieu. Nous l'avons écouté nous expliquer les Ecritures et sa Parole a été efficace en nous, elle a effacé nos péchés. Nous avons prié par Lui notre Père, nous avons reçu le pardon des péchés. Bref, dans la joie, nous étions avec Lui en Galilée, autour du lac, avec les apôtres et les premiers disciples.

     

    Commence alors la seconde partie de la messe.

    eucharistie1.jpgLe climat change. Nous sommes montés à Jérusalem avec le Seigneur et bien vite, nous sommes mis devant son sacrifice, son offrande au Père sur la Croix pour nous, sa mise au tombeau et sa Résurrection découverte au matin de Pâques.

    Le Christ est seul dans son sacrifice, nous sommes devant Lui, au pied de la Croix avec Marie, Marie Madeleine et Jean, au tombeau[1] avec Nicodème et Joseph d'Arimathie, au matin de Pâques, au tombeau vide avec Pierre, Jean et Marie Madeleine. Dans cette seconde partie de la messe, nous allons davantage nous taire, regarder et écouter le prêtre qui agit « in persona Christi » « en la personne du Christ » : l'offrande du sacrifice est celle que fait le Christ d'abord seul (représenté sacramentellement par le prêtre), puis nous-mêmes « par Lui, avec Lui et en Lui », si nous le voulons. Mais cette solitude première du Christ s'exprime par le fait que nous sommes bien moins actifs extérieurement que dans la première partie de la messe et que notre participation est essentiellement intérieure, offrande de tout nous-mêmes à Dieu.

    Les rites utilisés par l'Eglise dans cette seconde partie de la messe sont inspirés, à la fois, du rituel du repas du sabbat (donc chaque semaine) et de celui du rituel du repas pascal, célébré chaque année. Et ce jusque dans bien des détails : la nappe blanche, le pain azyme, c'est-à-dire sans levain comme le pain de la Pâque juive, et la coupe de vin ; la lumière, le plateau sur lequel sont posées les hosties, l'eau mise dans le vin de la coupe[2], la parenté de certains textes. L'évangéliste St Luc - au chapitre 22 de son Evangile - raconte la dernière Cène au cours de laquelle Jésus institue l'Eucharistie, dans une évocation très précise des rites de repas pascal juif. Il nous indique par là que cette proximité des rites traditionnels juifs et chrétiens est voulue par le Seigneur lui-même.

    La prière eucharistique a commencé par une louange de Dieu prononcée par le prêtre qui s'achève par une acclamation solennelle de Dieu : »Saint, Saint Saint »...L'Eglise nous fait reprendre les acclamations des Anges entendues par Isaïe dans une vision au Temple. Gravité extrême du moment : nous sommes avec les Anges devant la majesté divine ! Nous sommes dans le Saint des Saint où se faisait chaque année le sacrifice pour le pardon des péchés. Nous sommes devant Dieu.

    eucharistie4.jpgAlors commence le récit de la Dernière Cène à l'atmosphère si pascale.

    Quand les fils d'Israël célèbrent la Pâque chaque année, à la nouvelle lune de printemps, ils ont conscience non pas de se souvenir de la Sortie d'Egypte mais de la vivre ! Le rite n'est pas simplement moyen de se souvenir ; le rite, quand on l'accomplit, fait vivre dans le dynamisme de l'événement historique célébré, unit à Dieu qui libère son peuple, fait grandir la liberté du peuple saint qui célèbre la Pâque.

    Quand nous participons à la messe, nous faisons la même expérience : nous vivons le mystère pascal, nous entrons dans le dynamisme de la Pâque du Seigneur Jésus. C'est ce que signifie notre chant d'acclamation aussitôt après la consécration : « Nous rappelons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la Gloire. » Plus encore : puisque le pain est devenu vraiment son Corps et le vin son Sang, en communiant, nous sommes incorporés dans le Christ Ressuscité et nous devenons davantage « l'Eglise », le Corps du Christ.

    Le Père Louis Lallemand, un jésuite français du XVIIè siècle, explique cela magnifiquement : « Jésus a dit : « celui qui mange ma chair demeure en Moi et Moi en lui. » Ces paroles marquent l'union admirable que nous avons avec notre Seigneur dans le sacrement de l'Eucharistie. Par la communion, nous sommes unis directement au Corps et au Sang de Jésus-Christ et, par eux, à son âme et à sa divinité. Son Corps se mêle avec notre corps, son Sang avec notre sang, son Ame se joint à notre âme, son imagination règle la nôtre, son intelligence éclaire la nôtre, sa volonté enflamme et fortifie la nôtre; ses sens purifient les nôtres.

    Ainsi nous devenons un moment semblables à Notre Seigneur et nous pouvons devenir meilleurs. Ainsi les hommes se changent et se perfectionnent dans la sainte communion. A proportion que nous sommes disposés, Notre Seigneur vient demeurer en nous. Il unit réellement son corps au nôtre et son esprit au nôtre bien que nous ne sachions pas comment se fait cette union.

    Après la communion,.... ce que nous devons faire, c'est de nous abandonner à l'oeuvre que fait en nous Notre Seigneur, lui laisser effacer nos péchés et en arracher les racines. »

                Pour nous unir à ce qui se passe sur l'autel, avant de communier, il nous faut contempler les gestes du prêtre - ils ont tous un sens - écouter attentivement ses paroles et nous unir profondément à tout ce qui est dit comme prière puisque le prêtre parle au nom de tous : il dit « nous ».

                Ainsi, le Seigneur Jésus présent  sur l'autel après la consécration où le prêtre a refait les gestes de Jésus et prononcé ses paroles, est montré « comme immolé » : le Corps est placé sur la patène d'un côté et le Sang dans la coupe de l'autre côté, exactement comme on faisait pour immoler les Agneaux de la Pâque dans le Temple : le sang était recueilli minutieusement dans une coupe quand on immolait l'Agneau pascal. Bien sûr, on ne refait pas le sacrifice du Christ, « accompli une fois pour toutes » et sauveur une fois pour toutes ! Mais on  le représente comme immolé, séparé ... avant de réunir dans la même coupe le Corps et le Sang[3] pour proclamer sa Résurrection.

                Le prêtre prie seul pour nous montrer que le Christ s'est offert seul pour nous sauver. En étant en quelque sorte « spectateur » de ce sacrifice, dans notre cœur, dans l'élan de notre prière, nous devons alors nous unir à cette offrande du Christ : après avoir rassemblé dans le Christ le Pape, l'évêque du lieu et tous les évêques, les prêtres, les diacres, les fidèles défunts, les fidèles présents, tout le peuple de Dieu, les hommes qui cherchent Dieu avec droiture et tous les saints, le prêtre offre au Père le Christ « total » : « Par Lui, avec Lui et en Lui.... » Je dois être pris dans cette offrande pour, uni au Christ, devenir une louange à la Gloire de Dieu le Père. Voilà ma participation à l'offrande parfaite du Christ ! Voilà ma participation à la messe comme le demande le Concile : « Dans l'action liturgique, ... les fidèles participent de façon consciente, active et fructueuse...C'est pourquoi dans le sacrifice de la messe, nous demandons au Seigneur qu'ayant agréé l'oblation du sacrifice spirituel (du Christ à l'autel), il fasse pour lui de nous-mêmes une éternelle offrande. »[4]

    eucharistie5.jpg            Adorer, s'offrir, et communier, voilà la participation « consciente, active et fructueuse » à la cette seconde partie de la messe que nous venons de décrire et qui s'achève par la bénédiction et l'envoi en mission « allez dans la paix du Christ », comme autrefois ce fut le cas sur le Mont des Oliviers quand Jésus rassembla les siens avant de disparaître à leurs yeux.


    [1] Dans les livres liturgiques, souvent on appelle l'autel « le tombeau » sur lequel est déposé le pain qui va devenir le Corps Ressuscité du Christ.
    [2] En Palestine au temps de Jésus pour conserver le vin on le fait madériser. Il devient donc très alcoolisé et très épais ; pour le boire, on mêle de l'eau. Jésus a accompli ce geste le soir du jeudi saint et en souvenir, le prêtre le fait toujours aujourd'hui.
    [3] Le prêtre, pendant le chant de « l'Agneau de Dieu » fractionne l'hostie et en prend une petite parcelle qu' il met dans le calice.
    [4] Constitution sur la liturgie de Vatican II. N°11 et 12. Voir aussi la prière eucharistique III : « fais de nous une éternelle offrande à ta Gloire ».

  • A propos du sermon du dimanche 23-24 janvier 2010

    Splendeur de la liturgie de la Parole à la Messe.

    sefer torah.jpgEn 518 avant Jésus-Christ, un petit peuple hébreu rentre en Terre Sainte depuis la lointaine terre d'exil de Babylone. Ce sont les plus modestes qui reviennent au pays et leur installation est difficile de bien des manières. Mais ils possèdent un trésor entre leurs mains : le livre de la Parole de Dieu en partie écrit. Alors le scribe Esdras et le gouverneur Néhémie les convoquent sur la place du Temple encore bien en ruine : on dresse une estrade, le scribe Esdras lit alors la Parole de Dieu toute une matinée, il lit et s'arrête pour que les lévites puissent traduire au peuple les saintes paroles de Dieu. On chante l'alléluia, le peuple pleure de joie et quand on renvoie la foule après la lecture, Esdras leur rappelle : « Aujourd'hui il ne faut pas pleurer. La joie du Seigneur est notre rempart. »[1]

                La première grande liturgie de la Parole vient d'avoir lieu.

                Désormais le peuple d'Israël va prendre goût à cette proclamation commune de la Parole de Dieu. Chaque sabbat, dans les salles d'étude que sont les synagogues disséminées dans tout le pays, la Parole de Dieu retentit, proclamée, chantée, acclamée, efficace.

                Cinq siècles plus tard, Jésus est élevé à Nazareth et son père le conduit chaque semaine à la synagogue pour la liturgie de la Parole qui est célébrée. Au fil des siècles, elle s'est développée, elle s'est organisée. Elle est devenue une sainte habitude. Et même si les hommes se retrouvent durant la semaine, chaque soir, pour une étude commune des livres de la Bible, le jour du Sabbat la Parole de Dieu est dignement fêtée : on la sort solennellement de l'Arche qui la contient, on la montre au peuple qui chante l'Alléluia... Certains jours de fête, on voit même les plus pieux danser avec les rouleaux de la sainte Parole.

                Un jour, devenu adulte, Jésus revient à Nazareth[2] qu'il a quitté quelque temps avant pour s'établir à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade. Le jour du sabbat, comme de coutume, il se rend à l'assemblée de la synagogue. Il connaît tous ceux qui sont dans la pièce. Selon les habitudes juives, on lui propose de faire une des lectures du jour : en effet, le rythme des lectures avait été établi. On lisait toujours un extrait de la Loi (= les Cinq premiers livres de la Bible, la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome). Puis on lissait un extrait des livres des prophètes et un extrait d'autres livres. En tout trois lectures. On propose donc à Jésus de lire la seconde : il proclame alors un passage du prophète Isaïe.

                Puis la lecture finie, il s'assied. On attend qu'il prenne la Parole pour expliquer le texte lu. Alors Jésus dit : « Aujourd'hui cette Parole que vous venez d'entendre s'accomplit ». Ce n'est pas seulement une lecture, une parole, un texte : c'est un événement. Jésus parle au milieu de son peuple et cette Parole est efficace. Elle produit ce qu'elle annonce.

                A la fin de sa vie sur terre, autant pour les pèlerins d'Emmaüs que pour les apôtres réunis autour de lui, Jésus à nouveau proclame la Parole : aux pèlerins d'Emmaüs, il déclare : «O Cœur sans intelligence, lents à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire. Et commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. »[3]  Et aux apôtres sur le mont des Oliviers, au moment de les quitter, « il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures. »[4] Cette Ecriture comprise dans le Christ introduit dans la compréhension de la personne et de la vie de Jésus ; cette Ecriture annonce le salut dans le Christ et le réalise selon la promesse faite dans la synagogue de Nazareth. Le cœur des disciples d'Emmaüs devient « tout brûlant au-dedans d'eux quand il leur parlait en chemin, quand il leur expliquait les Ecritures. »[5]

    Christ enseignant.jpg            Depuis ce moment, chaque semaine, le dimanche, l'Eglise proclame les Ecritures à la suite d'Israël et surtout à la suite de Jésus. La Parole de Dieu n'est pas faite d'abord pour la lecture privée, chacun avec son livre. La Parole de Dieu est faite pour être proclamée et entendue dans l'assemblée des croyants. Le peuple de Dieu, c'est son « milieu naturel » : La Parole frappe les oreilles du peuple de Dieu et au milieu de ce peuple, retentit la Voix du Fils, le sommet de la Parole. C'est d'ailleurs Lui qui parle tout au long de la Bible ! « Après avoir, à maintes reprises et  sous maintes formes, parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par Le FILS qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui il a fait les siècles. Resplendissement de sa Gloire, effigie de sa substance, ce Fils soutient l'univers par sa Parole puissante. »[6]

                Cette Parole est efficace dans le cœur de ceux qui écoutent. En effet, l'audition liturgique et recueillie de l'Evangile purifie l'auditeur de ses péchés : quand les fidèles acclament le Christ après la proclamation de l'Evangile, en chantant « louange à Toi Seigneur Jésus », le prêtre en vénérant le livre prie ainsi : «  que ces paroles évangéliques purifient le peuple de ses péchés. » La proclamation liturgique de l'Evangile est un acte efficace de salut accompli par le Christ. Et c'est le Christ qu'on acclame...Pas le livre ! Le Catholicisme n'est pas une religion du livre contrairement à ce qui est dit. On acclame le Christ  par une parole qui s'adresse directement à Lui, mystérieusement présent au milieu des siens : « Louange à toi Seigneur Jésus ». On comprend la parole de St Ignace d'Antioche : « Je me réfugie dans l'Evangile comme dans la présence corporelle de Jésus-Christ ».

     Puis le livre disparaît : le Christ est là au milieu des siens, il a parlé et d'une certaine manière il continue à s'adresser à ses disciples par la parole du prêtre qui représente le Christ Tête et Pasteur de son peuple. On a porté solennellement le livre de s Evangiles dans la procession d'entrée mais après la proclamation, le livre s'efface, Le Christ est là.

                Cette efficacité se poursuit dans la seconde partie de la messe où le sacrifice unique du Christ, sa Mort et Sa Résurrection, est offert au Père et reçu en communion.


    [1] Voir livre de Néhémie 8
    [2] St Luc 4/16-21
    [3] St Luc 24/25-27
    [4] St Luc 24/44-45
    [5] St Luc 24/32
    [6] Épître aux Hébreux 1/1-3. épître lue le jour de Noël.

  • Homélie pour la Divine liturgie du 22 janvier 2010

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    Epître du jour : Deuxième lettre de saint Pierre Apôtre - Chapitre 1/1-4

    Dieu nous a fait don des grandes richesses promises, et vous deviendrez participants de la nature divine

     

             Voilà le verset central que je voudrais commenter devant vous ce soir, un des textes les plus osés du Nouveau Testament.Nous ne sommes pas simplement enfants de Dieu par image, par manière de dire mais nous le sommes au point de participer à la nature divine. St Pierre ici complète profondément St Paul !

    C'est dans la lumière de la réflexion des premiers siècles chrétiens et des premiers Conciles, sur le Christ et sur la Trinité qu'a jailli la compréhension du mystère profond de l'homme désigné par cette expression devenue si commune : la personne humaine. Il s'agissait de rendre compte avec le plus de respect et de minutie possibles du mystère du Christ, vrai Dieu et vrai homme en une seule « réalité » qu'on allait appeler « personne ». Il s'agissait de rendre compte du fait inouï que le Fils de Dieu incréé avait assumé une nature humaine créé, en un seul « être » qu'il fallait inventer car le mot n'existait pas. Mais en même temps, en sens inverse, cette assomption de la nature humaine par la nature divine traçait un chemin de la nature humaine vers la nature divine pour chaque homme uni au consubstantiellement au Christ, ne faisant qu'un être avec Lui comme dit St Paul.

    Chaque être humain est une individualité : un être unique, sociologique, tourné vers son monde intérieur, la conscience de lui-même, qui passe par les âges de la vie et qui selon sa psychologie, s'approprie les qualités de sa nature.

    Cette individualité humaine doit être PERSONNIFIEE car cette individualité humaine naturelle est une personne possible, elle en a les capacités puisqu'elle est créée à l'image de Dieu. Mais cette individualité doit être faite personne. La personne ne s'ajoute pas à l'individualité naturelle ; la personne reprend cette individualité naturelle et assure son dépassement de l'humain seul vers l'autre (son semblable) et vers l'Autre (le Dieu transcendant) car comme le dit St Paul dans les Actes des Apôtres : « c'est en Dieu que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes. »

                Ce dépassement, cette personnification se fait d'abord dans l'ouverture à l'autre humain, mais n'atteint toute sa plénitude que dans la rencontre avec Dieu et l'accueil de la pensée que Dieu a de lui. Comme dit St Maxime le Confesseur , le moi le plus intime de la personne est « une identité par grâce » même si cette grâce personnelle s'appuie sur l'individualité humaine de chacun.  L'accomplissement de la personne humaine se fait dans la rencontre avec Dieu, plus même, comme dit St Pierre « dans la participation à la nature divine. »

                Cet accomplissement qui est cette participation à la nature divine, se fait dans le CHRIST. La personne est à l'image du Christ et dans le siècle futur, elle s'accomplira parfaitement comme dit St Jean « car le voyant tel qu'il est nous lui serons semblables» Notre vie est donc l'histoire de ce passage, par dépassement de grâce, de l'être naturel à l'être personnel, c'est-à-dire à l'être christique par le re-modèlement complet de notre individualité naturelle en Christ. C'est ce que l'Orient appelle la structure théandrique - divino-humaine - de l'homme en Christ. St Basile exprime cela de façon concise et frappante : « l'homme est une créature qui reçut l'ordre de devenir dieu. » Ou St Maxime le Confesseur : « l'homme est appelé pour devenir une personne, à réunir par l'amour, la nature créée avec la nature divine par acquisition de la grâce. »

    En Christ donc la nature humaine est déifiée, tel est le mode personnel d'exister. Tel est le passage de l'homme ancien  à l'homme nouveau pour parler comme St Paul. C'est ce que la philosophie bien souvent pressent et explicite dans l'idée que l'homme se réalise en se dépassant. Gabriel Marcel le philosophe a donné une bonne définition : «exister pour la personne, c'est se faire mais en se dépassant. La devise de la personne, ce n'est pas sum, mais sursum»

  • Le ministère du prêtre à l’école de St Paul (3)

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    L'apôtre aime ceux qu'il évangélise, parfois d'un amour jaloux, et la communauté devient sa fierté devant le Christ  (1 Co 9/2 ; Phil.4/1). Il a le souci de leur maturation dans la foi et la fidélité à Dieu :

    « ce n'est pas que je sois à la recherche de cadeaux; ce que je recherche, c'est le fruit qui s'accroît à votre actif. ». (Ph.4/10-17)

    L'amour apostolique de St Paul fait que les Corinthiens sont «  dans son coeur à la vie et à la mort. »

    Cet amour apostolique fait que l'apôtre se présente comme un «  paranymphe » (2 Co 11/2) chargé de marier la communauté avec le Christ comme un garçon d'honneur. C'est assez proche du thème de « l'ami de l'époux » tel qu'on le trouve sur les lèvres de St Jean Baptiste dans l'Evangile de St Jean 3/ 29.

    L'envers de cet amour pour les païens et les nouvelles communautés chrétiennes est le refus des juifs d'accueillir le Christ, refus dont St Paul se dit « bouleversé » jusqu'à vouloir être anathème pour les sauver. (Rm 9/2-3).

    St Paul ne cesse de chanter la grandeur du ministère de la Nouvelle Alliance à côté de celui de l'Ancienne Alliance, les prêtres descendants d'Aaron ou les Lévites descendants de Lévi, fils de Jacob. Cette grandeur est affirmée sans ambages en 2 Co 3 :

    « C'est le Christ qui nous a rendus capables d'être ministres d'une Alliance nouvelle...Or si le ministère de mort (= celui de Moïse) gravé en lettres sur la pierre a été d'une gloire telle que les Israélites ne pouvaient fixer le visage de Moïse à cause de sa gloire - pourtant passagère - combien plus le ministère de l'Esprit n'en aura-t-il pas plus encore ?...Nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur son visage pour que les Israélites ne voient la fin de cet éclat passager. Nous, le visage dévoilé, nous reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image par le Seigneur qui est Esprit. »

  • Le Royaume de Dieu 2

                L'Evangile du Christ Roi nous enseigne profondément sur le Royaume de Dieu que le Christ est venu créer et inaugurer. Sa réponse à Pilate - « es-tu le Roi des Juifs ? » - montre que la réalité terrestre de la royauté ne peut pas exprimer ce que Jésus est venu faire : « Mon Royaume n'est pas de ce monde ».

                Jésus tente d'expliquer à Pilate la royauté spirituelle de Dieu. Il a déjà dit : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous »... ne le cherchez pas là ou ailleurs. ... Il est en vous. Dieu règne par le cœur qui se laisse gagner par l'amour de Dieu. L'intelligence, l'affectivité, la volonté, les pensées, le corps...Dieu y règne petit à petit, sans forcer, par don mutuel...Et Dieu devient le centre de l'homme, son trésor. Et si Dieu règne sur son peuple, c'est parce qu'il règne « cœur par cœur » dans son peuple et non par la contrainte ou la loi extérieure. Ce Royaume n'est pas de ce monde, il est de l'intérieur.

    Christ roi.jpg            Comme Pilate, le païen, ne peut atteindre cette pensée - « Donc tu es Roi », Jésus reprend : « C'est toi qui le dit » ; jamais Jésus ne prend à son compte ce titre humain comme le titre de Messie d'ailleurs. Mais Jésus avec patience poursuit : « je suis venu pour rendre témoignage à la Vérité. Celui qui cherche la Vérité entend ma voix. » Cette manière de dire peut toucher un païen... mais elle ne trouve chez Pilate que le scepticisme : « qu'est-ce que la vérité ? »

                Alors si Jésus est Roi d'un Royaume qui n'est pas de ce monde on peut entendre tous les titres qui lui sont donnés par la liturgie aujourd'hui : Fils de l'homme venant sur les nuées du Ciel, à qui sont données domination éternelle, gloire et royauté qui ne sera pas détruite. Voici pour Daniel. Dans l'Apocalypse, le témoin fidèle à la vérité, Premier-Né d'entre les morts, vainqueur pour l'homme du péché et de la mort et rénovateur de l'homme et de la création, Souverain des rois de la terre, A lui gloire et puissance, l'Alpha et l'Omega, maître du temps et de l'histoire, Celui qui est, qui était et qui vient (révélation du Buisson Ardent) l'Eternel,  le Tout Puissant. Voilà pour l'Apocalypse.

                Mais l'Evangile nous rappelle une chose capitale : Ce Roi si majestueux, si extraordinaire, si divin...il est Fils de David - un homme donc - (verset de l'Evangile) et c'est le Roi humilié devant Pilate, Celui qui va être flagellé et crucifié, le Tout Puissant totalement Impuissant, Celui qui règne sans forcer, Celui qui règne en conquérant le cœur de l'homme par son amour.

  • Le ministère du prêtre à l’école de St Paul (2)

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    L'apôtre n'a pas le rôle principal qui revient à Dieu mais un rôle d'intendant des mystères de Dieu ( 1 Co 3 et 4/1-4 ). Les « mystères » pour l'apôtre, c'est d'abord l'annonce de l'Evangile. Comprenons bien : quand St Paul parle d'Evangile, il n'y a encore aucun de nos évangiles (St Matthieu, St Marc, St Luc et St Jean) écrits ! Pour St Paul, l'Evangile c'est le CHRIST aussi bien dans son mystère pascal que dans son enseignement mais c'est aussi le baptême et l'Eucharistie qui permettent au Christ d'agir dans l'homme. Pas de Parole  sans sacrement mais la Parole active dans les sacrements, « les mystères ».

    Dans la première épître aux Corinthiens, nous avons au chapitre 15 le premier credo de l'Eglise reçu par Paul à Damas lors de son baptême dans les années 34-36. Et au chapitre 12 le rituel de l'Eucharistie qu'il a reçu à la même époque et qu'il transmet fidèlement aux communautés chrétiennes qu'il fonde.

    L' apôtre est ministre de la réconciliation

    Cette réconciliation est le fruit de la Pâque du Christ. Si l'apôtre est sacrement du Christ pascal, il en donne donc les fruits de Pâques : c'est toute la présentation de l'apôtre comme  serviteur de la réconciliation :

    voir 2 Co 5/11- 6/13 et Eph 2/11-22 ( ce n'est pas tant le ministère qui est décrit que la réconciliation elle-même mais on voit bien que cette réconciliation décrite est donnée aux fidèles par l'apôtre St Paul.)

    L'apôtre enfante au Christ / le Christ dans le disciple

    Cet enfantement est même le but de son apostolat, même si parfois c'est un enfantement dans la douleur:  Ga 4/19-20:« mes petits enfants que, dans la douleur,j'enfante à nouveau jusqu'à ce que Christ soit formé en vous; oh je voudrais être auprès de vous en ce moment pour trouver le ton qui convient car je ne sais comment m'y prendre avec vous. »

    C'est la paternité pour une communauté :cela apparaît bien souvent sous la plume de l'apôtre. En 1 Co 4/14-15 :« je vous écris...pour vous avertir comme mes enfants bien aimés.En effet quand vous auriez dix mille pédagogues en Christ, vous n'avez pas plusieurs pères. C'est moi qui par l'Evangile, vous ai engendrés en Jésus Christ. »

    ou la paternité pour un disciple particulier: 1 Co 4/17 où Timothée est appelé : « mon enfant chéri et fidèle dans le Seigneur » cf aussi : 1 Tm 1/18, 2 Tm 1/3-5, 2/1. Idem pour Tite ( Tte 1/4) et même Onésime ( 10).

    Parfois cette paternité prend des allures de maternité comme avec les Thessaloniciens que St Paul aime particulièrement: « nous avons été au milieu de vous pleins de douceur comme une mère réchauffe sur son sein les enfants qu'elle nourrit. Nous avions pour vous une telle affection que nous étions prêts à vous donner non seulement l'Evangile de Dieu mais même notre propre vie tant vous nous étiez devenus chers. » ( 1 Thess. 2/7-8)

    (à suivre)                             relire la première partie

  • Le Royaume de Dieu 1

    A propos du sermon du dimanche 17-18 octobre 2009. Certains ont demandé de pouvoir reprendre l'enseignement donné. Voici la trame de ce sermon.

    • Rosaire.jpgPour les apôtres Jacques et Jean qui demandent à Jésus les premières places dans le Royaume ou «quand Jésus viendra dans son royaume de gloire» et pour les Douze qui les critiquent, un point commun: comme tous les juifs de leur époque, ils pensent que le royaume de Dieu est un royaume qui se manifestera sur cette terre, dans le cadre de l'histoire humaine. Dieu va chasser les Romains, rétablir la royauté en Israël, construire le «Grand Israël» et le cœur des Israélites reviendra vers le Seigneur dans la fidélité au culte et à la Loi. Tout est sur cette terre, dans le cadre de notre histoire humaine.

     

    • Pour Jésus, évidemment, rien de tout cela! Son « Royaume n'est pas de ce monde », il est « au milieu de nous » intérieur à nous-même. Il vient de Dieu, il est connaissance de Dieu, amour de Dieu, union à Dieu. Le Royaume, c'est Dieu qui vit en nous et nous qui sommes en Dieu. C'est tout notre être envahi par Dieu et transformé en Lui. Le Royaume c'est tous les disciples unis en Dieu les uns aux autres, ne formant plus qu'un  seul Corps. Ce Royaume vient en Jésus et on attend sa venue dans la Gloire pour la fin des temps. OU plutôt le fin des temps, c'est la venue glorieuse du Royaume.
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    • Les premiers Chrétiens vivaient dans l'attente de cette venue. Parfois même de façon trop fiévreuse au point que Paul les dispute et les encourage à travailler et à vivre normalement. Puis comme cette venue ne s'est pas faite, peu à peu, les Chrétiens se sont dit: le royaume c'est pour la fin des temps, ce n'est pas pour maintenant.
    • y1pJp_srogMCKJRUuBkAUL_UW_tCT0kEa8ivjXMT6NZRJBfJH9mv_LPJoxdTdq30utfUChiurzBUSzuGrjDLlP_Fw.jpgDu coup, l'attente de ce Royaume s'est estompée... elle a même disparu si ce n'est par la prière dite machinalement le dimanche à la messe «nous attendons ta venue dans la Gloire» ou la demande du Notre Père «que ton règne vienne».Attendez-vous vraiment le Royaume de Dieu? Avec impatience? Joie?.... L'infidélité à la pensée du Christ est complète. Et la foi chrétienne n'est plus une attente «du monde qui vient» mais une tranquille vie dans ce monde.
    • Du coup la messe a cessé d'être le SACREMENT DU ROYAUME. A l'Eucharistie, Dieu vient vers nous et nous allons vers Lui. Le Royaume de Dieu (c'est-à-dire la Vie avec Dieu, l'Union avec Lui, la Vie en Lui) vient à nous et nous l'accueillons et nous en vivons, AUJOURDHUI, MAINTENANT, en ATTENDANT son ACCOMPLISSEMENT dans le monde à venir. A l'Eucharistie, le Royaume est au milieu de nous et fait de nous un seul peuple. «L'Esprit et l'Epouse (= l'Eglise) disent «Viens!» Que ce monde passe, que vienne ta grâce et Tu seras Tout en tous». Voilà ce que nous allons chanter dans le temps de l'Avent! Ce sont les dernières lignes de l'Apocalypse, les dernières lignes de la Bible.

     

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  • Le ministère du prêtre à l’école de St Paul (1)

    Notre St Père le Pape nous invite très fortement durant cette année 2009-2010 à prier pour tous les prêtres de l’Eglise Catholique par l’intercession du St Curé d’Ars et à redécouvrir la beauté du sacerdoce des prêtres au sein de la communauté chrétienne.

    Pour répondre à son appel, plusieurs réalisations sont proposées dans notre paroisse. Un numéro spécial de Familles Chrétiennes consacré aux prêtres vous est remis ce dimanche. Vous y lirez les témoignages intéressants de jeunes prêtres français contemporains.

    De plus je vous propose chaque mois une réflexion sur ce sujet.

    Je le ferai d’abord en nous mettant à l’écoute de St Paul.

    Père J Bombardier

     

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    Prédication de Saint Paul par Le Sueur
    Le ministère du prêtre à l’école de St Paul

     

           

    Pour St Paul, le salut est une personne : Jésus Christ Mort et Ressuscité, Jésus Ressuscité portant les marques de la Passion.

                Comment est-on sauvé ?    Par communion personnelle au Christ Pascal.

    Qui permet cette communion de salut ?

    Un homme choisi par Dieu : l’Apôtre et son successeur l’Evêque, l’Ancien collaborateur de l’apôtre et de l’évêque (ancien= presbuteros en grec qui a donné « prêtre » en français).

    St Paul est conscient d’avoir reçu la charge du ministère apostolique comme une grâce dont il était totalement indigne. (Eph 3/7-8) D’ailleurs qui est digne d’un tel ministère?  (2 Co 2/16b) Il a reçu cette vocation de Dieu et non des hommes (Ga 1/1). Ce qui ne l’empêche pas d’être très fier et jaloux de son ministère !

    Mais l’envoyé de Dieu vit lui-même en sa propre chair le mystère pascal qu’il est chargé d’annoncer et de donner. IL n’est pas extérieur au mystère qu’il annonce. (2 Co 4; Ga 2/20-21)

    St Paul se présente comme un homme habité par le mystère du Christ Pascal (Eph3/1-13) « Vous pouvez constater en me lisant quelle intelligence j’ai du mystère du Christ....j’ai reçu cette grâce d’annoncer aux païens l’impénétrable richesse du Christ. »; et il lui arrive de contempler en lui-même l’oeuvre de Dieu sachant que, dans son expérience personnelle, il devient exemplaire pour les autres croyants (1 Tm 1/12-17) « s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi, le premier, Christ démontrât toute sa générosité, comme exemple pour ceux qui allaient croire en Lui, en vue d’une vie éternelle. ». En effet, l’apôtre – le prêtre - vit profondément  le mystère pascal, en sa propre chair, de bien des manières:

     

    * Les apôtres sont exposés comme le rebut des hommes, méprisés « fous à cause du Christ » (1 Co 4/9-13)

     

    * Combats et souffrances de l’apôtre sont sa participation à la Pâque du Seigneur Jésus (2 Co 2/14 et 10/3 à 11  fin) et leur acceptation par l’apôtre en fait une force apostolique pour perfectionner les disciples (2 Co 2/14-16; 4/15 et 13/9). C’est très explicitement dit en Col 1/24...:« je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair en faveur de son corps  qui est l’Eglise. »

     

    * Sa faiblesse, dans la parole comme dans la vie quotidienne et dans les aventures des routes apostoliques, manifeste la seule force de l’Evangile. (1 Co 2/1-5) (2 Co 4/7-15 et ch. 11). Cette faiblesse apparaît comme une condition nécessaire à la fécondité apostolique : « ma parole et ma prédication n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2/4-5) . C’est le vase d’argile (2 Co 4/7...)

     

    * L’inquiétude apostolique elle-même, si fréquente dans les écrits de St Paul, participe de cette passion (2 Co 2/12-13; 1 Thess 3/5-10) et la Consolation est  déjà douceur de la résurrection (2 Co 1/3-6; Ga 4/20)

     

    * L’apôtre agit pour plaire à Dieu et non pour plaire aux hommes (Ga 1/10; 1 Thess 2/1-13)

     

    * L’apôtre n’a pas le rôle principal qui revient à Dieu mais un rôle d’intendant des mystères de Dieu (1 Co 3 et 4/1-4 )

  • ITINERAIRE DE PIERRE

    A la suite du Christ....

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    En ce jour de notre fête patronale de St Pierre en la paroisse St Pierre-Notre-Dame-de- Bonsecours, voici quelques références évangéliques qui permettront à ceux qui le désirent de suivre le cheminement de St Pierre à la suite du Christ, ses élans, ses chutes, ses incompréhensions et son extraordinaire témoignage de foi.

    1 - Une rencontre et un appel. Jn 1/40-42 et Mt 4/18-20

    Un rêve habite Pierre et son frère André ( qui en est à ce point travaillé qu'il s'est mis à la suite de Jean-Baptiste. Il serait bien étonnant que les deux frères si proches n'aient pas beaucoup parlé de leurs espérances !) : le règne de Dieu, c'est-à-dire la venue de Dieu sur la terre d'Israël, de justes rapports entre les hommes et Dieu , la liberté pour Israël, un temps de bonheur ...  Jésus ne serait-il pas celui par qui ce règne arrive sur la terre ?

    2 - Pierre fait partie du groupe autour de Jésus. Mt 10/1-5

    Pierre est associé à la mission apostolique de Jésus.Il est même associé de plus près au Christ: il fait partie des intimes  avec Jacques et Jean, ceux qui seront présents à la Transfiguration, à la guérison de la fille de Jaïre, à l'agonie. Il recevra sûrement un enseignement plus développé que les autres apôtres : l'Evangile nous le montre même en conversation intime et privée avec le Maître.( à propos de l'impôt Mt 17/24...). Et n'oublions pas que Jésus habite chez lui à Capharnaüm ( lire Marc 1/29-31 ; 2/1...)

    3 - Confession de foi de Pierre à Césarée. Mt 16/13-20

    Pierre en est sûr: Jésus est bien celui par qui le règne arrive! Il a l'audace de la foi et déjà il parle au nom des 12. Et cet acte de foi est grand: il est le premier à le faire... et Jésus lui révèle que cela fut possible grâce à une révélation particulière de Dieu. Quelle a été la médiation de sa découverte ?  Ce sont les miracles de Jésus, sa prière, son enseignement.

    4 - Le scandale devant la vision que JESUS a de sa mission  Mt 16/21-23 ( voir aussi comme en écho en  St Jean 13 : le lavement des pieds)

    Pierre est profondément choqué: toutes ses idées sur Jésus s'effondrent! le Règne de Dieu ne peut pas s'établir autrement que dans la FORCE. Or Jésus parle de souffrir! Pierre s'oppose à Jésus et Jésus le remet très vivement en place! 

    5 - Le mystère de Jésus. 

    Pierre va être affronté au mystère éclatant de Jésus. A la Transfiguration (Mt 17/1...) et lorsque Jésus les rejoint en marchant sur les eaux. «  Eloigne-toi de moi qui suis un homme pécheur »...affronté aussi à sa foi... et à son manque de foi: il peut marcher sur les eaux...mais dès qu'il se confie en lui en non plus en Jésus, il coule!( Mt 14/22-33) Pierre peut être téméraire et faire des choses extraordinaires, s'il fixe les yeux sur Jésus et ne fait pas attention à lui .

    6 -Le reniement et la fuite. Mt 26/69-75.

    Pierre, dérouté, manque de foi.L'épisode de la marche sur les eaux l'annonçait. La peur est mauvaise conseillère. Pierre craint pour sa vie ! 

    7- Un acte de foi difficile. Jean 20/1-10.

    Ce récit est comme un constat de police de l'état des lieux du tombeau. Vide et ouvert! Pierre ne comprend rien; Jean qui a vu Jésus dans le linceul déposé dans le tombeau comprend; les linges sont vides: le Christ est sorti du tombeau. Mais Pierre qui a renié le Christ et n'a pas assisté à la mise au tombeau ne comprend rien!

    8 - L'amour de Jésus est la source de la mission. Jean 21/15-19  

    Le triple reniement est effacé par la triple profession d'amour.Le Seigneur demande à Pierre de l'aimer plus qu'il n'aime tous les autres disciples et de l'aimer plus que les autres disciples ne l'aiment ! C'est dire la relation intime de Pierre à Jésus !  même s'il en paraît peu, ce qui  est sans doute un trait du caractère de Pierre: une très grande réserve sur ses sentiments (cf son émotion à dire son amour devant les autres)

    9 - Une force et une très grande noblesse:

    On ne peut être que saisi du contraste entre le portrait de Pierre avant sa profession d'amour à Jésus et après cette profession, tel qu'il apparaît dans les Actes des Apôtres. Pierre sait gouverner l'Eglise, ose témoigner avec beaucoup de force et d'à propos sans peur des risques  (prisons et coups) , sait s'imposer dans les assemblées de l'Eglise (comme le Concile de Jérusalem pour l'accueil des païens). Il manifeste beaucoup de force, de noblesse et donne raison avec éclat au choix du Christ.

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  • Méditation pour la fête du Saint Sacrement

    L'ADORATION

    Le soir du Jeudi Saint, nous vivons grâce à la liturgie, la première institution de l'Eucharistie au cours du repas pascal du Seigneur. Nous sommes à quelques heures de sa Passion et de sa Résurrection...L'institution de l'Eucharistie nous met devant le Christ Pascal, nous rend présent le Christ Pascal.

                    Au jour de la Fête Dieu, l'Eglise veut nous éduquer à l'ADORATION. Certes, l'Eucharistie est célébrée pour rendre présent le Christ de Pâques et pour communier à Lui. Mais la Fête Dieu nous rappelle la NECESSITE de l'ADORATION du CHRIST PRESENT comme attitude fondamentale de l'âme croyante qui va communier.

                    De nombreux moments de la messe sont faits pour nous introduire à l'ADORATION.

    IMG_1141.JPGEn entrant dans l'église, adoration intérieure

     Kyrie : ce n'est pas à proprement parlé un acte pénitentiel. C'est une adoration, c'est l'effroi sacré : nous sommes devant Dieu ! C'est la confusion d'un pécheur devant la sainteté de Dieu. « Eloigne-toi de moi qui suis un homme pécheur » dit Pierre à Jésus.

    Gloria : « Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te rendons grâce pour ton immense gloire »... Joie et profonde adoration de Dieu d'abord uniquement parce qu'il est Dieu...Union à l'adoration des anges telle qu'elle apparaît dans l'apparition aux bergers à Noël. Le texte du Gloria prolonge, explicite l'adoration Seulement après, dans le texte, vient l'action de grâce pour l'histoire du salut. Mais le chant exprime d'abord une adoration gratuite de Dieu.

    Sanctus : union à l'adoration permanente des anges révélée à Isaïe dans le Temple de Jérusalem. Adoration de la majesté divine, « sainte » c'est-à-dire « séparée », le Tout Autre, l'Eternel, le Dieu Transcendant....

    Consécration : deux fois, adoration profonde du Christ présent sur l'autel dans l'hostie et le vin consacrés. A genoux - normalement ou très profondément inclinés - et génuflexion du prêtre.

    Cette attitude d'adoration silencieuse se poursuit durant toute la prière eucharistique.

    La doxologie du « Par Lui, avec Lui en en Lui.. » est certes une offrande du Christ à Dieu son Père mais c'est aussi un acte d'adoration parfaite, celle du Christ à laquelle nous nous unissons : «  A Toi Dieu le Père tout puissant, Tout honneur et toute Gloire pour les siècles  

    « Seigneur je ne suis pas digne » nouvelle expression de l'effroi sacré devant la majesté divine qu'on va recevoir dans la communion !

    La communion : Adoration de l'eucharistie avant de communier (génuflexion ou inclinaison profonde demandées) et action de grâce/adoration ensuite.

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    Adoration du jeudi soir à Bonsecours
  • Méditation sur la Trinité

    trinite.jpg« Dieu, de toujours à toujours Tu ES ». (Ps 89/2)                   

    Tu habites une lumière inaccessible,

    TU ES « hors des cieux ».

    Depuis toujours, le PÈRE se donne tout entier au FILS,

    Le FILS se reçoit du Père tout entier et s'offre à LUI sans rien garder.

    Dans la communion de l'ESPRIT, leur AMOUR.

    « Tu es mon Fils bien Aimé, en qui je me plais, en qui j'ai mis tout mon amour, aujourd'hui je t'ai engendré » (la Voix au baptême selon St Mat, Marc et Luc)

    Plénitude de Joie, Océan d'Amour, Paix du Don mutuel, Infinie Douceur du Don et de la Réception.

    « Le Dieu tranquille tranquillise tout » (St Bernard)

     

    En un commencement du temps, Dieu Père-et-Fils-et-Esprit-Saint, DIEU CREE

    Et, depuis ce commencement, sans cesse, il fait ETRE toute la Création,

    Anges, Hommes, animaux, plantes, matière.

    A Sainte Catherine de Sienne, Dieu dit :

    « Souviens-toi bien de ces deux choses pour te réjouir :

    Moi JE SUIS, toi, tu n'es pas. »

    Toute la Création - Anges, humains et univers -  tient sa cohérence du Fils (Verbe, Sagesse)

    puisque, comme dit St Paul,

    « Tout a été créé par Lui et pour Lui et tout subsiste en Lui. » (Col 1/16-17)

     

    michelangelo-creation.jpgDepuis toujours, Dieu CREE pour « combler ses créatures de ses bénédictions

    Et que beaucoup se réjouissent de sa lumière ». (préface de la prière eucharistique 4)

    Il a « choisi les hommes, il les a prédestinées, avant la fondation du monde,

    A être, par le Christ Premier-né de tout, des fils adoptifs. » (Ephésiens 1/4-5)

     

    Ce « dessein bienveillant de Dieu » (Eph 1/2) commencé à la Création

    S'est heurté au refus de l'homme, dès les commencements. (Gen. 3)

    Dieu reprend alors l'humanité perdue ; il poursuit son dessein bienveillant et part à la recherche de la brebis perdue :

                Par son Verbe (Fils)

                Il appelle Abraham et leur promet une descendance universelle :

                « Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre » (Gen.22/18)

    Il appelle Moïse et le conduit à libérer le peuple de la servitude d'Egypte.

    Il parle avec Moïse face et face

    et fait reposer sur lui de son Esprit.

    Le même Esprit saisit les Rois (Saül, David, Salomon...),

    Les prophètes et leur fait porter devant les rois, les responsables et le peuple,

    La PAROLE de DIEU.

    Le Verbe s'exprime par eux par l'Esprit Saint :

    « Il a parlé par les prophètes » dit le Credo.

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     Le Verbe éclaire tout homme en venant dans  le monde (Jn 1/9)

    N'abandonnant aucun homme, mais l'assistant dans sa conscience,

    Oeuvrant dans les cultures des hommes.

    A la plénitude des temps, du point de vue de Dieu,

    Par l'Esprit Saint reposant sur Marie,

    « Le Verbe s'est fait chair (= homme fragile, corps et âme)

    Et il a habité parmi nous.» (Jn 1/ 14)

    Vrai Dieu et Vrai homme,

    Jésus de Nazareth, en proclamant la Parole,

    Fait retentir dans une voix humaine

    Le Verbe de Dieu par qui les mondes furent créés,

    Parole que les prophètes avaient proclamée,

    Sagesse que les sages avaient méditée.

    En venant dans le monde,

    Le Fils unique récapitule tout en lui : la nature humaine, toute l'histoire des hommes, les âges de la vie, les activités humaines, la faiblesse, la fatigue... pour donner en échange sa Divinité.

    La communion et le bonheur prévu par Dieu pour les hommes

    Depuis toute éternité,

    La Béatitude promise et la divinisation de l'homme dans le Christ,

    Tous les dons de Dieu, toutes ses promesses.

    Tout s'est heurté au refus de l'homme,

    Même du peuple issu d'Abraham qui y avait été lentement préparé.

     

    vigneron.jpgDieu espérait qu'ils respecteraient tout de même son Fils,

    Comme le dit la parabole des vignerons homicides. (St Mt 21/33-46).

    Juifs et païens se sont ligués contre le Fils.

    Ils l'ont jeté hors de la Vigne

                Et l'ont fait mourir.

    Le Fils a aimé les hommes jusqu'au bout,

                Il a tout pris sur Lui,

                La trahison, la souffrance, le sentiment d'abandon,

                L'horreur du péché et la mort qui en est le salaire.

                Il a pardonné à tous ceux qui l'avaient livré,

                Il s'est donné jusqu'au bout.

     

    Comme homme, il est mort et a été mis au tombeau.

    Son âme fut avec les morts de jadis

    Pour leur annoncer la Bonne Nouvelle et les sauver, eux aussi :

    « Il est descendu aux enfers » dit le Symbole des Apôtres.

    Le Fils de Dieu demeurait uni

                Au corps déposé » dans le tombeau

                A l'âme au séjour des morts.

                Au matin de Pâques, dans le secret le plus absolu,

                Le Fils de Dieu a réuni en lui la nature humaine qu'il avait assumée,

    Corps et âme,

                Et dans l'Esprit Saint l'a divinisée.

                C'est la Pâque :

                            Délivrance de l'esclavage du péché

                            Délivrance de la mort

                            Communion parfaite avec Dieu, possible dans le Christ et l'Esprit,

                            Unité de l'humanité possible dans l'Eglise, prémices du Royaume accompli,

    Désormais, un homme ressuscité est en Dieu.

                Promesse faite à Abraham, accomplie

                            Et même dépassée,

                Tout homme maintenant

    peut connaître Dieu,

    peut l'aimer,

    peut devenir son fils adoptif dans le Fils unique,

    peut hériter de Dieu, être divinisé.

    Ainsi s'accomplit la prière du « Fils qui était dans le sein du Père »(Jn 1/18) :

    « Père, comme Tu es en moi et moi en Toi,

    Qu'eux aussi soient en Nous.

    Je leur ai donné la Gloire que Tu m'as donnée

    Pour qu'ils soient UN comme nous sommes UN.

    Père, ceux que Tu m'as donnés,

    Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi...

    Pour que l'amour dont  Tu m'as aimé soit en eux Et moi en eux. »(prière de Jésus. Jean 17/21....)

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  • Toussaint 2021

             « 12000 de chacune des tribus d’Israël… 144000 Quand on sait que l chiffre 12 signifie la totalité… et puis une foule immense de toutes les nations, tribus, peuples et langues ! » Voilà ce que nous fait voir l’Eglise en nous faisant lire l’Apocalypse de St Jean.

     

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