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Saint Pierre-Bonsecours - Page 50

  • Le dessein de Dieu

    Billet spirituel

                A partir du cantique qui ouvre l'épitre aux Ephésiens.

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                Quel texte extraordinaire ! Entre la rencontre de st Paul avec le Christ sur le chemin de Damas en 34-35 – rencontre ô combien violente et brutale – et la rédaction de cette épître au cours de la captivité à Césarée vers 60, il s’est passé presque 30 ans de méditation de  St Paul pour « digérer » ce qu’il a reçu de Dieu.

                Ce poème commence « avant la fondation du monde » et s’achève à la « récapitulation de tout dans le Christ, à la fin des temps et à l’accomplissement du Royaume » ! « Chacun de nous a été choisi avant la création »… et « a été prédestiné à devenir un fils, une fille adoptif/ve de Dieu dans le Christ ». Quelle centralité du Christ ! « Par Lui » « en Lui » ponctuent le texte avec force. Mais aussi quel sens de la création : Dieu crée les hommes pour faire d’eux ses enfants dans le Christ, récapitulant, incorporant, tout en lui dans le Royaume qui est la création accomplie. L’épitre aux Colossiens qui est de la même période précise : « tout a été créé par Lui et vers Lui et tout subsiste en Lui. » Nous avons dans le cœur, en lisant ce texte de Paul,  toutes les paraboles du Royaume que Jésus a enseignées qui nous montraient les petits débuts du Royaume mais aussi la splendeur de son accomplissement final : « l’arbre où tous les oiseaux viennent faire leur nid ! »

                Ce dessein divin, Dieu l’avait donné à l’homme dès le premier jour de la Création : c’est la lumière du premier jour. (Gn1/2) Mais l’homme n’a pu la recevoir puisqu’il a rompu avec Dieu. Aussi Jésus en donnant les paraboles – lumière cachée sur le dessein de Dieu – affirme qu’ « il révèle des choses cachées depuis les origines. » (Mt 13/35)

                Ce dessein se réalise dans l’histoire.

                Il doit s’affronter aux ténèbres, au péché et au refus des hommes : secrètement … «  Le Verbe était la Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. La lumière est venue dans le monde (avant l’incarnation dans le texte de St Jean) et brille dans les  ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. ». Le Christ rencontre l’opposition humaine et se trouve rejeté mis à mort. Et ce rejet devient pardon des hommes.

                Histoire aussi parce que les juifs ont été les premiers à attendre le Christ : c’est le « nous » des versets  11-12. Puis les païens ont été associés à la même promesse comme dit l’épitre aux Romains : ce sont les versets 13-14 de notre cantique.

                Concluons en retenant deux aspects pour notre vie chrétienne :

                1 – apprendre à penser et à situer tous les actes de notre vie dans ce dessein divin, loin de nos « politiques » mondaines, de nos logiques humaines, de nos intérêts. Tout voir et tout penser pour tout agir dans cette perspective qui donne sens et fécondité à notre vie.

                2 – Un refrain revient sans cette dans ce cantique : « à la louange de sa Gloire ». Franchement quand on nous voit vivre, est-ce si sûr que nous vivons « à la louange de la Gloire de Dieu » ?

  • Nul n'est prophète en son pays

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    Billet spirituel

                                        A propos de Marc 6/1-6

     

                      « Il vint dans sa patrie ». Voici donc Jésus à Nazareth pour quelques jours au milieu de sa famille et de son village. Le Sabbat, il est à la synagogue. La synagogue ? Une école pour étudier entre hommes la Parole de Dieu chaque jour au coucher du soleil ; étude commune pour échanger sur la Parole du seigneur avec les maîtres du passé et les hommes du village. «  Là où il y a quatre fils d’Israël, dit le proverbe, il y a cinq avis ! »Mieux connaître la Parole pour mieux la mettre en pratique. Une école de prière aussi, surtout le sabbat où se déroulent les trois offices. Une école… en lorrain, la synagogue se dit la « schoule » comme à Lunéville…La schoule… die schule en allemand, l’école. La communauté d’une synagogue n’est pas très nombreuse, tout le monde se connaît. Jésus revient chez lui : normalement, on lui donne la parole pour le commentaire des textes du jour… ce que tout homme sait faire depuis sa Bar Mitswa.

                      « Ils étaient choqués à son sujet. » : ils l’ont bien connu pendant trente ans, ils savant qu’i n’a pas étudié dans les écoles des grands rabbins de Jérusalem. Comme tout homme il a étudié à l’école de la synagogue[1], il sait lire, écrire, commenter l’Ecriture… Mais comme dit Marc un peu plus loin, Jésus parle « avec autorité ». Quand un israélite explique l’Ecriture, il se réfère à des autorités – tel ou tel rabbi célèbre, tel maître connu des contemporains -, il cite d’autres frères. Jésus lui, parle de lui-même : « Vous avez appris … mais moi, je vous dis :… » Ils admirent et en même tems doutent, sont choqués… « Il est l’artisan »… et non pas seulement le charpentier. Dans les évangiles, il y a plus de comparaisons avec la construction de maison qu’avec le charpente[2]. « Il est LE fils de Marie », Joseph est déjà mort… « UN frère de Jacques, José, Simon et Jude ». La Sœur Jeanne d’Arc commente : « Dans ce milieu d’ancienne polygamie qui donne plus d’importance au clan et à la tribu qu’à la famille étroite, le mot frère a un sens très large de cousins ou parents. D’ailleurs il n’existe pas de mot ni hébreu ni araméen pour dire « cousin ». Et Jacques et José ont une autre mère que la Vierge Marie puisqu’elle est nommée à la croix « Marie, mère de Jacques et de José » (Mt 27/56, MC 15/40) pour la différencier de Marie mère de Jésus et de Marie Madeleine. Ce qui est intéressant, c’est de noter que dans les Douze apôtres il est possible qu’il y ait des « cousins de Jésus » : Jacques dit le petit (le mineur), Simon et Jude… qui est sans doute le même que Thaddée de Marc 3/18. On lui donne son surnom pour ne pas le confondre avec l’autre Judas…

                      « Il est pour eux une occasion de chute ». Et Jésus confirme en avouant son échec : « un prophète n’est méprisé que dans son patrie, parmi ses proches et dans sa maison. ». La faiblesse du Christ qui n’impose rien mais propose et accepte donc le refus de l’homme. Il ne vient pas en puissance. Leur absence de confiance et de foi interdit tout miracle car la miracle n’est pas pour conduire à la foi mais pour répondre à la confiance totale exprimée par l »’homme dans sa foi en Jésus.

                      St Paul dans l’épitre du jour explicite ce fait capitale : « Ma puissance se déploie dans ta faiblesse » répond Dieu à Paul qui se plaint de sa faiblesse. D’où sa conviction : « Je me glorifierai de mes faiblesses pour la puissance du Christ établisse en moi sa demeure. » Le chrétien témoin n’a pas de puissance ; il est comme il est, fort et faible, avec des blessures et des défauts et des péchés… Mais habite en lui le Christ. Et c’est dans cette présence, que nous témoignons. Dieu habite ce disciple mais ne lui enlève pas ses défauts, ses blessures… il les lui laisse mais travaille, dans cette faiblesse, pour se faire connaître. Nous voulons aller à Dieu avec nos vertus et c’est avec nos faiblesses qu’il faut y aller pour que Dieu déploie en notre faiblesse sa puissance à Lui.



    [1] A l’époque de Jésus, 8 hommes sur 10 savent lire et écrire en Israël et 6/7 femmes sur 10.

    [2] Une seule mention : « pour quoi t’occuper du copeau qui est l’œil de ton frère sans voir la poutre qui est dans le tien. »

  • Le Saint Sacrement

    année B 

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               Chaque année, la liturgie souligne un aspect de ce mystère extraordinaire de l’Eucharistie du Seigneur. Cette année, c’est le sacrifice… et les textes sont complexes. Voici quelques points pour aider à la compréhension.

          « Ceci est le Sang de l’Alliance » : cette expression est présente dans la première lecture quand Moïse scelle la première Alliance entre Dieu et son peuple au Sinaï. Il a offert des taureaux et recueilli le sang (symbole de la vie). Il asperge le peuple avec ce sang après avoir fait la lecture des Dix Paroles de Vie. Cette alliance, elle est à la vie et à la mort… Israël en recevant ce sang et en s’offrant pour accomplir la Loi, se lie à Dieu à la vie à la mort.

            Cette formule « Ceci est mon sang » ne se retrouve ensuite que dans l’Evangile de la cène… comme chez St Marc.  Il s’agit maintenant de l’Alliance « nouvelle et éternelle » comme l’annonçait Jérémie. Et il s’agit du Sang du Christ « mon sang » qui sera versé le lendemain sur la Croix.

            Entre ces deux moments, il y a ce dont parle l’épitre aux Hébreux. Face à la parfaite fidélité de Dieu à son alliance, il y a… la parfaite infidélité d’Israël, son péché, sa recherche d’autres dieux, son oubli de vivre selon la Parole de Dieu. Le peuple a bien conscience de ses manques… aussi chaque année, il demande pardon à la fête du Grand Pardon (Yom Kippour) ou plutôt le Grand Prêtre intercède pour le peuple auprès de Dieu. On offre des taureaux… on garde le sang, le grand prêtre entre dans le Saint des Saints et il dépose ce sang sur l’arche d’alliance, sur la plaque d’or qui la recouvre et qu’on appelle le propitiatoire. En rapprochant le sang et le propitiatoire où Dieu est il réunit le peuple (symbolisé par le sang), renouvelle l’alliance et demande pardon pour tous. Mais ce n’est pas très efficace dit l’auteur des hébreux et puis cela ne purifie que de l’extérieur.

                      Tandis qu’avec le Christ ! D’abord il EST LUI-MÊME l’ALLIANCE : vrai Dieu et vrai homme en un seul personne, il a réconcilié en lui, Dieu et tous les hommes dont il s’est fait solidaire (consubstantiel) par son incarnation. (voir Gaudium et Spes 22) Et ce Christ, il s’offre au Père : « non pas ma volonté mais la tienne » (à l’agonie) « Me voici je viens faire ta volonté » (Ps 39).  Malgré la haine des hommes qu’il reçoit, la violence et la souffrance qu’il subit, il s’offre à Dieu et rouvre aux hommes le chemin de l’offrande d’eux mêmes. Plus même : cette haine, il la détruit dans son amour immense et pardonne à tous : « Père, dit le fils, Dieu lui-même, pardonne leur » !! et le fils est exaucé au matin de Pâques. Ce n’est pas le poids du sang ou de la souffrance qui nous sauvent mais l’amour du Christ qui s’offre au Père, pardonne au cœur même de cette souffrance que les hommes lui font subir ! Et cette offrande du Christ, ce sacrifice est une fois pour toutes, il nous sauve de l’intérieur. A l’eucharistie, nous sommes rendus contemporains de l’événement unique du salut : en communiant nous le recevons, mais pour communier il faut d’abord s’offrir avec le Christ au Père dans l’Esprit : « Par lui, avec lui et en Lui, à toi Dieu le Père…. »

  • Les miracles attribués à l'intercession de Notre Dame de Bon Secours

    Conférence donnée à l’église le 22 mai 2015 par Monsieur Dominique Perrin.

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                L'évocation de cette question présente quelques difficultés dans la mesure où ce sujet n'a pas fait jusqu'à présent l'objet d'une étude d'ensemble. La documentation disponible n'a été que partiellement dépouillée. Nous disposons d'un travail de qualité pour le XVIIème siècle sous la forme d'un mémoire de maîtrise.

                Puis, au-delà, il n'y a plu grand-chose, sinon quelques informations très fragmentaires données par Mgr Jérôme, vicaire général de Nancy, dans sa monographie sur Notre Dame de Bonsecours, parue dans les années 1930.

                Pour la période contemporaine, il est possible d'utiliser comme source les ex-voto disposés dans le couloir qui longe, à droite, la nef de l'église.

     

               A l'origine de ce sanctuaire, il y a une chapelle édifiée à la fin du XVème siècle (elle est achevée en 1498), construite à proximité du lieu où s'est livrée la bataille du 5 janvier 1477. Il s'agit d'un choix tout à fait délibéré du duc de Lorraine René II, comme le montrent les lettres patentes qu'il signe en octobre 1484 et par lesquelles il accorde toutes les autorisations nécessaires pour pouvoir :

    «  audit lieu que nous voulons estre nommé et intitulé Nostre Dame de bon secours, faire eriger, edifier et construire [la dite] chapelle... en recordation et perpetuelle mémoire de la victoire que moyennant la grace de Dieu et l'aide et interception de la glorieuse vierge Marie sa mère, avons obtenue en ce dit lieu...»

                Il semble bien que cette chapelle de Notre Dame de Bon-Secours, pourvue dès le début du XVIème siècle de la statue réalisée par Mansuy Gauvain et représentant une «Vierge au manteau», symbolisant le bon secours de Marie, soit devenue assez vite un lieu de pèlerinage. Mais le service du pèlerinage est mal assuré. Bonsecours est un ermitage desservi par un chapelain qui est souvent un laïc marié et père de famille et qui ne réside pas sur place. L'office divin n'est célébré à Bonsecours que de façon occasionnelle.

     

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               La situation change manifestement au XVIIème siècle sur lequel nous sommes, à vrai dire, mieux renseigné. D'abord l'administration du sanctuaire est confiée en 1609, par décision du duc de Lorraine Henri II à des religieux, les Minimes, qui vont s'acquitter fidèlement des charges qu'ils ont acceptées.

    Nicolas Julet, provincial des Minimes écrit : « Un bien en attire un autre ; une église ou place sacrée, décemment parée, honnêtement entretenue, eschauffe nos cœurs à l'amour du vray Dieu et des saincts à l'honneur desquels ces lieux sont consacrez. Dès lors, le peuple se mity en appetit de venir plus souvent offrir ses vœux en cette saincte chapelle et y représenter ses nécessitez à Dieu et à la Vierge Mère. »

                Le sanctuaire de Notre Dame de Bon Secours accueille un nombre croissant de pèlerins de toutes conditions, attirés par les récits de miracles qui s'y produisent grâce aux prières adressées à Marie.

                C'est cette situation qui conduit, en 1629, le duc de Lorraine Charles IV, à autoriser l'agrandissement de l'ancienne chapelle. Les lettres patentes de Charles IV sont ainsi rédigées :

     « Les grands, fréquents et admirables miracles qui se font presque journellement depuis quelque temps en ça, en la Chapelle de Nostre Dame de Bon Secours lez Nancy par les merites et intercessions de la tressacrée Vierge Marie, don luy en debvons la regnaissance ont meu et excité non seulement nos sbjects, mais aussy les estrangers, d'y accourir et advoler par chacun jour, pour y faire prieres  et rendre leurs vœux en ferveur, devotion et zele qui mieux mieux. »

                et le duc de Lorraine d'ajouter :

    « Nous...avons... approuvé ledit aggrandissement de ladite Chapelle...afin d'estre Dieu beny et servy et sadite Mère honnorée, invoquée et reverée par les Pèlerins à leur consolation et pour attirer les graces et bénédictions de Dieu sur nous, sur nos pays, et particulièrement sur nostredite ville de Nancy, par la faveur, credit et entremise de sadite Mere Royne des Cieux... »

                La réputation du sanctuaire de Notre Dame d Bon Secours étant désormais bien établie, c'est donc un important mouvement de dévotion à Marie qui s'y développe. On la supplie d'intercéder auprès de son Fils pour que soit mis fin à d'innombrables maux individuels mais aussi publics.

                C'est en effet à 2 niveaux que se manifeste un tel mouvement.

     Il y a d'abord les particuliers qui implorent Marie pour obtenir la guérison de toutes sortes de maladie. Il s'agit de soulager « les corps travaillez des fièvres les plus malignes, voire tenaillez des douleurs les plus insignes. » Dès cette époque, on a déjà observé qu'il n'y a pas seulement des maux physiques, comme le montre l'exemple d'une femme dont il est dit qu' « elle se trouve malade tant du corps comme de l'imagination. »

                On peut jouter que la maladie est parfois perçue comme résultant d'un sort jeté sur le malade. Nous disposons, pour la première moitié du XVIIème siècle, d'un ouvrage précieux rédigé par le provincial des Minimes de Lorraine Nicolas Julet, déjà mentionné, qui publie en 1630 un livre intitulé : « Miracles et grâces de Notre Dame de Bon Secours ».

                Cet ouvrage constitue, pour une part, un recueil de récits de guérisons miraculeuses. Nicolas Julet y montre, à travers les exemples présentés, ce qui conduit les fidèles malades à se rendre au sanctuaire de Notre » Dame de Bon Secours. Il montre que la première raison est l'écho des faits qui s'y produisent rapportés par la rumeur publique. On trouve dans ses récits des formules telles que « le bruit qui s'espendait des miracles, lesquels se faisaient à Notre Dame de Bon-Secours », ou encore « cette patiente... se souvient... de ce qu'entendait dire de la Chapelle de Nostre Dame ».

                Il y a les malades qui se rendent eux-mêmes à Notre Dame de Bon Secours et ceux qui y font prier pour eux s'ils ne peuvent se déplacer, à la suite de pieux conseils qu'ils ont pu recevoir, ou bien sous une inspiration divine directe qui leur dicte la conduite à tenir. Une chose frappe dans les récits de Nicolas Julet, c'est que le recours à l'intercession de la Vierge Marie est tentée en désespoir de cause, après que les personnes souffrant de maladies aient essayé tous les remèdes possibles de l'époque.

                On dispose notamment d'un long récit de l'histoire d'une dame souffrant « avec de très grandes douleurs par tout le corps », à la suite d'un sort qui lui aurait été jeté par des femmes soupçonnées d'être des sorcières, à l'instigation d'une fille huguenote qui aimait l'homme que cette dame avait épousé. Pour la soulager, on a recours à tous les moyens disponibles. On fait appel aux médecins tant catholiques, huguenots que juifs. Il y a l'intervention des chirurgiens qui «retaillent » la patiente «bien quinze ou seize fois par toutes les cuisses ». On consulte des exorcistes. On fait venir, à l'insu de la dame, des devins et magiciens. Or tout cela reste vain.  Alors, dit le texte :

    « Hors d'espérance de mieux par les voies que nous avons dictes ...elle se en dévotion (meue à ce par une inspiration divine) d'aller en pèlerinage à nostre Dame de Bon Secours, où elle fit deux neufvaines, pressant la Vierge par ses dévotes et ferventtes prières de l'ayder en ce très piteux estat. Cette saincte Dame qui se plaist à nous bien faire et obliger tout le monde exauça ses oraisons e sorte que sa dernière neufvaine parachevée dans la chapelle... elle s'en retourna à Metz saine et gaillarde et parfaitement guarie ».

     Le rédacteur du texte conclut en ces termes :

    «Et le tout à la consolation des catholiques qui bénissent Dieu et la Vierge ouvriers de es grandes merveilles et à l'estonnement des huguenots et juifs qui sont contraints de croire, bien qu'ils ne dédaignent pas le confesser que c'est Dieu qui fait des choses que la nature ne peut mais à l'instance de sa très béniste mère, tousiours et de tout temps victorieuse et triomphante en ses combats contre les démons et tous ceux de son party ».

                Dans beaucoup de récits, on retrouve cette idée que l'impuissance des hommes conduit à se tourner vers lez ciel. Voici, brièvement formulés, quelques exemples :

    « Cette pauvre créature voyant l'industrie humaine ne rien pouvoir pour sa consolation trouva bon de porter ses yeux et ses vœux sur la Vierge »,

     ou bien :

    « Desespérant en ce piteux estat des remèdes ordinaires dont l'art et la nature estoient courtes, il en veut espérer et attendre du ciel ».

                Le fait que ces récits soient faits par un religieux explique une présentation, qu'on, peut qualifier d'orthodoxe, des miracles. C'est bien Dieu qui guérit par l'intercession de la Vierge Marie qualifiée de «Thrésorière de  toute grâce » ou encore de « très chère Médiatrice du Seigneur ». C'est bien l'action conjuguée du Seigneur et de Marie qui opère le miracle : « Ce n'est pas la nature qui opère, peut-on lire, « mais le Dieu de la nature auquel toutes les choses se rendent souples: sa saincte mère a bonne part à ce pourvoir absolu »

    ou encore :

    « la dextre de Dieu et la bénignité de la Verge a fait des merveilles ».

    Le rédacteur du texte dit encore à propos de guérison d'une femme :

    « Vrayment ceux qui la virent après son pèlerinage pouvoient bien dire en bénissant le nom et le pouvoir de Nostre Dame.. . Le bon Dieu et sa Mère ont besogné ».

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                Un deuxième niveau de cette dévotion à la Vierge est celui des pouvoirs publics que les événements conduisent aussi à se mettre sous la protection de Marie. Au printemps 1630, la Lorraine et Nancy sont frappés par une épidémie de peste qui se prolonge en 1631 et contre laquelle on ne dispose à cette époque aucun moyen de lutte efficace. On ne peut que se borner à isoler les pestiférés pour tenter de limiter les effets de la contagion. C'est ainsi que les malades sont relégués au clos de l'Asné, près de Maréville.

                Alors, dans ces conditions, par une délibération solennelle du 14 juin 1631, le Conseil de Ville de Nancy décide de faire un vœu à Marie : « L'expérience journalière nous faisant voir que le remède le plus prompt à toutes sortes de maux est d'avoir recours à l'Immaculée et toute puissante Vierge, mère de Dieu, par les mérites et intercessions de la quelle l'on recongnoist que Dieu justement irrité contre les pescheurs apaisait son ire et détournoit les fléaux que méritoirement il décoche contre eux affin de les retirer du bourbier où leur indignité les plongent... Nous avons, affin d'apaiser son ire et retirer les fléaux desquels il nous mena ce et pour en détourner le coup, comme pour garantir la ville, et tout le pays, trouvé n'y avoir plus assuré t convenable momyen que de lui en demander très humblement pardon et supplier sa Très Sainte Mère, ainsi que nous faisons, d'interposer son nautoité et crédir pour empescher le mal de s'accroître et esteindre le fezu de contagion et austres qui s'allument ez quatre coins de la ville et en tout le pays, avec menace d'embraser le reste sy nous n'y apportons l'eau d'une sainte repentance et remedions. »

                Le texte du vœu se trouve gravé sur le monument adossé au mur sur le côté droit de la nef. C'est la ville de Nancy qui sy exprime en ces termes :

                « J'ai voulu et j'ai dû me lier plus étroitement par la solennité d'un vœu afin que, quand la terrible contagion...se répand impunément de toute part, vous en réprimiez le cours, et qu'ayant apaisé votre Fils(vous seule, en votre qualité de mère, avez coutume de le fléchir) vous arrachiez les verges de sa main vengeresse. » On reconnaît là la terrible théologie de la vengeance que Dieu exercerait à l'encontre des hommes.

                Le vœu de la Ville de Nancy consistait en la promesse de faire dire chaque semaine une messe basse en l'honneur de Marie, et une messe, dite haute, chaque année, le lendemain de la fête de l'Assomption. Il serait hasardeux d'avancer que ce vœu d Nancy à la Vierge a eu des effets miraculeux sur le cours de l'épidémie de peste.

     On  cite bien un répit durant des années 1632-34, mais la peste frappe de nouveau avec intensité à partir de 1635 pour ne s'atténuer, puis disparaître après 1640. Mais le vœu fait à Marie est fidèlement respecté jusqu'en 1791.

                On peut noter également que les princes de la maison de Lorraine, eux-mêmes, ne manquent pas de venir se placer sous la protection de la Vierge. On retiendra ici seulement que les princes lorrains qui, à la tête des armées impériales, combattent victorieusement contre les Turcs, notamment dans la seconde moitié du XVIIème siècle, viennent déposer à Notre Dame de Bon Secours les drapeaux enlevés à l'ennemi, en signe d'action de grâces.

                Le prince Charles de Lorraine (le futur duc Charles V) fait apposer une plaque sur laquelle est gravée une longue inscription en latin pour célébrer le retournement de la situation militaire en faveur des armées chrétiennes. La conclusion de cette inscription peut être ainsi traduite :

     « CET HEUREUX CHANGEMENT DE NOTRE FORTUNE , TOUTE L'EUROPE L'ATTRIBUE A NOTRE PRINCE, MAIS POUR LUI, C'EST A VOUS

    O PUISSANTE ARBITRE DES BATAILLES, QU' ON LE DOIT.

    ET IL EST CERTAIN QU'IL NE CHERCHE A TIRER AUCUNE GLOIRE DE CETTE DEPOUILLE QUELCONQUE DES INFIDELES QUE LE FAIT QU'ELLE SOIT AUPR78S DE VOUS COMME LE SIGNE D'UN COEUR FIDELE ET UN MONUMENT PERPETUEL DE LA SOUMISSION QU'IL VOUS JUREE.

                Pour le futur Charles V, le doute n'est pas permis : c'est bien à la protection de la Vierge Marie, qui se voit qualifiée de « Puissante arbitre des batailles », qu'il doit la victoire remportée sur les Mahométans.

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                Si nous sommes assez bien renseignés sur le XVIIème siècle, il n'en va pas de même pour le XVIIIème siècle pour lequel nous n'avons pas de documentation aisément accessible. Les rares auteurs d'ouvrages sur Notre Dame de Bonsecours mettent l'accent sur la destruction de l'ancienne chapelle et la construction d'un nouvel édifice, qui est comme on le sait l'église actuelle, par la volonté du roi de Pologne Stanislas Leszczynski devenu duc de Lorraine en 1737.

                On sait que le pèlerinage à Notre Dame de Bons Secours reste florissant, mais les témoignages sur des miracles qui seraient attribués à l'intercession de la Vierge Marie font défaut. La Révolution française constitue pour le sanctuaire de Notre Dame Bonsecours une très rude épreuve. Nous n'avons pas à faire ici le récit des tribulations de 'époque révolutionnaire. Nous retiendrons seulement le fait que l'église, devenue bien national, est vendue en 1798 à un brasseur qui envisageait la destruction. Selon une tradition bien établie, une mobilisation de la population du secteur et des régions environnantes fit échec à ce projet et la vente fut résiliée.

                Le XIXème  siècle voit se produire une véritable renaissance de Notre Dame de Bonsecours, surtout à partir de son érection en paroisse de plein exercice en 1844, et grâce à l'activité inlassable du curé qui y était nommé, l'abbé& Nicolas-Jules Morel. Notre Dame de Bonsecours redevient un centre actif de pèlerinage, où se déroulent d'imposantes cérémonies dont la plus fameuse est celle du couronnement d la Vierge de Bon Secours, le 3 septembre 1865.

                Pour la période postérieure à 1870, la principale attestation de la dévotion populaire à Marie est constituée par les ex-voto disposés, comme il a été dit, dans le couloir parallèle à la nef de l'église. On en compte environ 600. Le plus ancien, semble-il, concerne un événement historique majeur, la guerre de 1870.

                Sur une plaque ornée d'une croix de lorraine, on peut lire :

     POUR NOTRE DAME DE BONSECOURS

     NANCY DELIVREE EN 1477

     SAUVEE DE L'ANNEXION EN 1870

     MERCI FILIAL A MARIE

                Le plus grand nombre de ces ex-voto concerne le demi-siècle qui va de 1870 à 1920 (en tenant compte du fait qu'une partie d'entre eux ne sont pas datés). Beaucoup d'entre eux ne sont pas explicites sur les raisons qui ont conduit les fidèles à la faire apposer . On trouve souvent la formule « reconnaissance à Marie » ou « reconnaissance pour grâce obtenue », sans autre précision.

                Néanmoins certains ex-voto mentionnent clairement une guérison obtenue par l'intercession de Marie. Telle ou telle formule rejoint directement les récits antérieurs qui ont été évoqués. Un ex-voto porte l'inscription suivante : « La science était impuissante, Marie m'a guéri (1910) ». On voit bien que ces inscriptions ont été rédigées par les fidèles eux-mêmes. Leur reconnaissance s'adresse à la seule personne de la Vierge, à qui sont attribuées directement les grâces reçues sans qu'il soit fait mention de son intercession au près de Dieu. 

    10% des ex-voto concernent le guerre 1914-18. On sait combien les Nancéiens ont afflué à Notre Dame de Bonsecours dans les moments cruciaux du conflit. Une plaque, d'une dimension respectable, est due aux paroissiens de Bonsecours. Elle est dédiée à leur céleste patronne avec cette formule latine :

    « Sub Dei Genitricis Praesidium Confugimus

    et a periculis cunstis liberavit nos »,

    ce qu'on peut traduire par : « Nous nous sommes réfugiés sous la protection de la Mère de Dieu et elle nous a délivré de tous les périls ».

                On ne peut manquer d'évoquer l'ex-voto offert par le général de Castelnau qui commandait en 1914 l'armée française d&éployée en Lorraine. Cet ex-voto, apposé dans le choeur de l'église, témoigne de la reconnaissance à Marie de ce chef militaire :

     A Notre Dame de Bon-Secours  Eternelle gratitude. » Cette invocation est suivie d'une citation du psaume 126 : « Si le Seigneur ne garde la ville, C'est en vain que veillent les gardes. »

                Ces démarches témoignent de la conviction de ceux qui les ont faites que si Nancy a pu être victorieusement défendue et a échappé ainsi à l'occupation allemande, elle le doit à la protection de la Vierge Marie.

                Passé 1920, les ex-voto se font plus rares. La plus belle inscription de l'époque d l'entre deux guerres mérite d'être citée : elle date de 1933 « Notre Dame de Bonsecours qui m'avez protégé, Qui avez exaucé mon vœu, Etendez votre protection sur ceux qui ont fait fleurir sous mes pas l'affection et l'amitié ».

                La seconde Guerre mondiale ne suscite nullement un mouvement comparable à celui de 1914-18. Après1945, la pratique des ex-voto s'éteint. Le dernier qui gravé dans la pierre date de 1959.

                Notre Dame de Bonsecours est alors de moins en moins perçue comme un lieu de pèlerinage où les fidèles viennent se mettre sous la protection de la Vierge. Mais si les pèlerins se font plus rares, si les témoignages sur les grâces reçues ne sont plus guère recueillis, il n'en reste pas moins que les prières adressées à Notre Dame de Bonsecours ne demeurent pas sans effet.

                Il continue de se produire là des guérisons que la science s'avère incapable d'expliquer, ce dont témoigne une bannière brodée en l'honneur de Marie, datant de 2011, visible dans le couloir des ex-voto.

                La grâce de Dieu est toujours féconde. Encore faut-il la solliciter avec foi pour qu'elle puisse être agissante.

    
Dominique Perrin

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  • Pèlerinage paroissial

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    Pèlerins de St Pierre devant la stèle qui commémore la canonisation de St Augustin Schoeffler, devant sa maison natale à Mittelbronn

  • Fête de Notre Dame de Bonsecours le 22 mai

    à 18H30

    Conférence : les miracles à Bonsecours,

    procession par le cloître des ex votos,

    prière pour les malades et messe.

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  • PELERINAGE DANS LA MOSELLE DES ETANGS

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    PELERINAGE DU JOUR DE L’ASCENSION            14 MAI 2015

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    Devant Saint Pierre.

    A travers le beau pays des étangs de la Moselle,  nous allons découvrir trois jeunes gens de petits villages qui vont tout quitter et partir pour porter l’Evangile dans le lointain Orient.

         Bienheureux Jean-Martin MOYE, missionnaire en Chine

         Saint Augustin Schoeffler, missionnaire martyr au Tonkin

         Serviteur de Dieu Nicolas KRICK, missionnaire au Tibet

    Et nous gagnerons au pied des Vosges, le petit sanctuaire de Notre Dame de Bonnefontaine pour le repas et la messe.

    RETOUR 19H
    Devant St Pierre.

    On vient avec son pique nique.

    Prix de participation au bus : 15 €

    Télécharger le fichier d'inscription

     

     

  • Sur l’Evangile de la Vigne (Jean 15)

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                Déjà Isaïe avait parlé de la Vigne de Dieu, « son Bien Aimé » (Isaïe 5)… vigne qu’il avait plantée avec soin, avec amour, dont il attendait un bon cru et qui n’a donné que du verjus. « La vigne du Seigneur Sabaoth, c’est la maison d’Israël.Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. » La vigne désignait dans ce texte le peuple pris dans son ensemble.

                Ici Jésus change la perspective : c’est Lui le cep, nous sommes les sarments. Le Père est toujours le vigneron qui agit pour que cette vigne donne du fruit. Ce qui prime ici c’est la relation personnelle du Christ/cep avec les fidèles qui sont les sarments. Ce qui est privilégié par Jésus c’est la relation d’intimité entre lui et chacun de ses disciples.    

                La description de cette intimité va se poursuivre dans les discours de la Cène dont ce chapitre 15, lu en partie aujourd’hui, est extrait. Le Père vient demeurer avec le Fils dans chaque disciple fidèle aux enseignements de Jésus. Ils font leur demeure chez le disciple !

                C’est la fin, le sommet de l’enseignement de Jésus : inhabitation de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. ! Dieu Trinité d’Amour n’est pas seulement devant moi il est en moi si je suis en état de grâce. L’amour du Père pour le Fils, redu au Père par le Fils dans la communion de l’Esprit Saint se passe en moi, j’y suis même associé par union au Christ – « une seule chair avec Lui » - à cette circulation d’amour divin.

                On peut même faire un pas de plus : c’est l’oraison des offrandes de ce dimanche qui permet de la faire. Je cite : « Seigneur dans l’admirable échange du sacrifice eucharistique, tu nous fais participer à ta propre nature divine. ». Cette Présence de Dieu en nous, préparée par le baptême et rendue possible par la confirmation, se réalise dans la communion au sacrifice eucharistique (une seule chair avec le Christ) : l’inhabitation de Dieu en nous nous transforme peu à peu, à la mesure que nous nous laissons faire, en Celui qui nous habite. « Devenez ce que vous recevez » disait St Augustin aux chrétiens qu’il communiait.

                Voilà l’extraordinaire don de Dieu qui nous est fait. « Si tu savais le Don de Dieu… »disait Jésus à la Samaritaine…

  • Le bon pasteur

    Billet spirituel

                Evangile du Bon Pasteur.

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        Le 4ème dimanche de Pâques nous fait entendre chaque année un extrait des paroles de Jésus sur le Bon Pasteur qu’il est pour nous. Et c’est aussi le dimanche où nous prions pour les vocations sacerdotales… En France dans une situation critique.

        Si nous voulons comprendre pourquoi le prêtre est essentiel dans l’expérience chrétienne, il nous faut partir du salut. Qu’est-ce qu’être sauvé ?

         Le salut est un Nom dit St Pierre, et ce Nom c’est celui de Jésus de Nazareth. Le salut, c’est donc une PERsonne par une théorie, un savoir, une philosophie, une morale, une position ou engagement  politique… Une PERSONNE. Et une personne, cela se rencontre.

         Si le salut est une personne, être sauvé c’est être une seule chair avec elle, ÊTRE SAUVE, C’EST ÊTRE UNE SEULE CHAIR AVEC LE CHRIST.

         Comment ? Ce salut, il est  donné pas conquis. Dieu est toujours à l’initiative, à la source de tout. Nous sommes nous, toujours dans l’attitude de la réception ou du refus. Ce salut – c’est-à-dire la communion avec le Christ – nous est donné par les sacrements de l’initiation : le baptême et la confirmation –«  Nul à moins de renaître de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans la Royaume de Dieu » dit Jésus à Nicodème (Jean 3), baptême et confirmation POUR communier dans l ‘Eucharistie et S’OFFRIR avec le Christ au Père : - « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. » dit Jésus (Jean 6).

         Dans l’Eucharistie qui est le centre de la vie chrétienne – sommet et source de tout selon le Concile Vatican II- nous sommes une seule chair, une seule vie avec le Christ et nous pouvons nous offrir au Père avec lui. Tel est le culte en esprit et en vérité dont veut le Père. (Jean 4).

          Ce Corps et ce Sang, cette vie divine, il faut bien que quelqu’un la donne au nom du Christ. Ce salut qu’on ne prend pas, qu’on ne conquiert pas,  mais qu’on reçoit : il faut bien quelqu’un qui le donne ! Le sacerdoce des prêtres a été inauguré par le Seigneur en même temps qu’il créait l’eucharistie. Le prêtre a la charge de ces missions fondamentales : donner l’eucharistie, le pardon et le sacrement des malades  au Nom du Christ et veiller à l’unité du troupeau. Les autres sacrements peuvent être donnés aussi par les diacres et la confirmation par l’évêque.

          Tout le peuple de Dieu est PRÊTRE chargé de la prière et de s’offrir à Dieu avec le Christ dans l’eucharistie afin que tout revienne à Dieu. Et au sein de ce peuple de prêtres, certains sont préposés au don du salut au Nom du Christ, à la célébration et au don de l’eucharistie pour que tous ne fassent qu’une seule chair, un seul Corps avec le Christ.

  • Saint Thomas

    Billet spirituel

                      A propos de l’Evangile de Thomas.

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                      C’est le soir de Pâques – le soir du premier Jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche – que Jésus se montre aux siens. Thomas est absent… et il devra attendre le dimanche suivant pour rencontrer le Christ ! et de dimanche et dimanche…jusqu’à ce dimanche 12 avril 2015, à Nancy. Le dimanche, c’est le Jour du Seigneur, le Jour où on le rencontre longuement, où l’on se fait disciple, où l’on se laisse construire, façonner, affermir par le Maître. Un chrétien, c’est un homme qui va à la rencontre du Seigneur, le dimanche. Arrêtons de nous mentir en minimisant cette rencontre hebdomadaire : nous voyons bien que ceux qui ne fréquentent pas ou plus le Seigneur le dimanche perdent peu à peu la foi : regardons et écoutons autour de nous et cessons de parler de « croyant non pratiquant ». Cela n’existe pas. 

                      « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Dernière parole de Jésus. Paradoxe : pour découvrir qui est le Christ, la foi est le meilleur moyen de connaissance, le moyen adapté.

                      D’abord, l’acte de foi est ce que nous faisons le plus souvent, des centaines de fois dans la journée : nous lisons le journal et nous croyons – sans vérifier -  ce qui y est dit. Pour beaucoup, c’est même plus sûr que l’Evangile !… Mais nous nous faisons mutuellement confiance, nous nous croyons mutuellement… et c’est pourquoi le mensonge qui détruit cette possibilité, cette confiance, est très grave. S’il faut tout vérifier à longueur de journée, c’est la folie qui nous guette !

                      Croire dans la vie religieuse, est une application de cet acte de foi humain : il s’agit de faire confiance au témoignage des apôtres et des disciples qui ont vu le Seigneur mort et le Seigneur vivant. Les récits sont importants : leur incrédulité aussi ! Leurs efforts pour se tourner vers cette nouveauté avec leurs difficultés… les détails qu’ils donnent… Pas de preuves mais « faisceau de probabilités convergentes » dit Newman.

                      Contre preuve : depuis 1836 – date de la première Vie de Jésus de Strauss – toutes les présentations qu’on nous donne de Jésus sont rationalistes : pour mieux connaître Jésus, il faut supprimer la foi. Alors pas de divinité de Jésus, pas de naissance virginale, pas de miracles, pas de résurrection… Qu’est-ce qui reste ? Un maître de morale qui est tantôt un révolutionnaire politique tantôt un anarchiste tantôt un doux épicurien…La Croix n’a pas de sens… et surtout pas du martyre – ils sont tous fanatiques. Chaque livre reprend ces idées, inlassablement… Croyez vous que 2 milliards d’hommes sur la terre font confiance au Christ jusqu’à être tué pour lui uniquement pour ce pauvre homme que nous montrent Duquesne, Lenoir, Renan et autres….. Sans la foi, Jésus est incompris. C’est comme vouloir parler d’un homme sans interroger sa femme sous prétexte que, comme elle l‘aime, elle est impliquée envers lui et lui fait confiance. Allez à l’état civil ce sera plus simple.

  • Le jeune homme de l'Evangile de Marc....

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             Dans la passion de St marc au chapitre 14 : « À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. »

             Voilà un épisode que l’on ne retrouve que dans l’Evangile de St Marc. C’est comme une signature. Marc – tout jeune – suivait de loin les événements au jardin des Oliviers. Quand les apôtres s’enfuirent tous pour ne pas être arrêtés avec Jésus, lui reste. Du coup, les soldats veulent l’arrêter. Lui se sauve en lâchant le drap. Elément autobiographique… mais plus aussi.

             Il y a un autre jeune homme arrêté celui-là : c’est Jésus. Les soldats le tiennent, pensent-ils. Mais les soldats auront beau monter la garde au tombeau, il ne leur restera entre les mains … que le drap du suaire laissé par le Christ au matin de Pâques !

             Ainsi au moment le plus dramatique de la Passion, - l’arrestation du maître – Marc par ce petit événement nous découvre la suite de l’histoire : ils tiennent bien Jésus maintenant, mais il leur échappera par sa résurrection. N’ayez pas peur.

             « Dis nous Marie, qu’as-tu vu au tombeau ?
             J’ai vu les Anges ses témoins et le suaire.
             Le Christ mon espérance est ressuscité ! »

                                        Prose de la messe de Pâques.

  • la Résurrection de Lazare

    Billet spirituel

         A propos de l’évangile de la Résurrection de Lazare.

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                La liturgie de ce dimanche nous fait lire en première lecture un passage du prophète Ezéchiel où Dieu déclare solennellement : « Voici que je vais ouvrir vos tombeaux ; vous saurez que je suis le Seigneur quand j’ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux »[1] … et nous montre Jésus faire ouvrir le tombeau de Lazare à Béthanie et faire remonter le mort : « Lazare viens dehors ! Et le mort sortit. »

                Promesse divine… et réalisation divine. Juste avant d’accomplir ce geste, Jésus qui a pleuré, prie avec grande solennité comme s’il accomplissait vraiment ce pourquoi il est venu : « Père je te rends grâce car tu m’as exaucé… » La réanimation de Lazare atteste les mots qu’il vient de dire : « Je suis la Résurrection et la Vie ».

                Entre ces deux moments séparés de presque 600 ans, il y a un long cheminement d’Israël. Dans le prophète Ezéchiel, on parle d’ouvrir les tombeaux et de ramener les exilés sur leur terre : c’est encore dans le cadre d’un vison uniquement terrestre de la vie humaine sans au-delà. Ouvrir les tombeaux, faire revivre, cela veut d’abord dire revenir sur notre terre d’une manière miraculeuse grâce à Dieu.

                Mais peu à peu, la promesse – ouvrir les tombeaux – va trouver tout son sens : d’abord dans le cri de Job contre la vision uniquement terrestre de la vie humaine et son appel: « je sais, moi, que mon Sauveur est vivant et qu’au dernier jour, je surgirai de la terre et je verrai Dieu mon rédempteur. Et quand je le regarderai,  Il ne se détournera pas de moi. »

                Puis c’est la réflexion des sages qui fera déclarer au livre de la Sagesse : « Dieu  a créé l’homme pour une existence impérissable. »

                Puis la réflexion des pharisiens qui a abouti à la foi proclamée par Marthe : « Je sais que mon frère ressuscitera au dernier jour »… foi à laquelle, nous le savons depuis l’entretien  avec les sadducéens sur le sujet,-  Jésus adhère.

                Et puis c’est l’action d’aujourd’hui. Commencée avec les apôtres : « Lazare dort »… expression qu’ils comprennent de travers. Jésus doit alors préciser « Lazare est mort » … et s’il parle de sommeil, comme pour la fille de Jaïre, c’est que la mort est désormais un sommeil jusqu’au réveil de la résurrection… Le cimetière signifie étymologiquement « dortoir. »

                Puis c’est l’acte de la résurrection. 600 ans ! Pour bouleverser la vision des fils d’Israël et ouvrir l’au-delà.

                Voilà pourquoi Jésus est venu : pour libérer l’homme de la mort que le péché avait introduite dans la création bonne et exempte de mort que Dieu avait confiée à l’homme. La Résurrection de Lazare ouvre bien le temps e la Passion, de la morte t de la Résurrection du Seigneur, l’acte central de notre foi.



    [1] Ez 37/12-14

  • Jubilé de la naissance de Saint Philippe Néri

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    Le Saint de la joie chrétienne

    Saint Philippe Néri, appelé par le Pape Jean-Paul II “le Saint de la joie chrétienne”, est né le 21 juillet 1515 il y a 500 ans. Ce dossier vous présentera en des mots simples son histoire et celle de la Congrégation de l'Oratoire qu'il fonda à Rome au XVIe. siècle ainsi que l’actualité des maisons oratoriennes en France.
    Elles entrent dans une année de Jubilé. Ce dossier vous apprendra l’essentiel sur cette démarche. 

    Télécharger le dossier

  • La samaritaine

    Billet spirituel
                La samaritaine, 3ème dimanche de carême de l’année A.

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    Catacombe, Rome IVème siècle

                Quel merveilleux conteur que Jean ! En l’écoutant, nous sommes assis au puits de Jacob, nous écoutons cet étrange dialogue entre la samaritaine, femme de mœurs légères (venir chercher de l’eau à midi ! cela ne trompe personne !!) et Jésus le pur maître, fatigué et assoiffé.

                Et Jésus va lui parler de l’Esprit Saint et de lui le Messie, la première personne à qui il confiera « je le suis, moi qui te parle » ! Quelle audace ! Il l’a conduit au cœur du mystère à partir de l’humble eau du puits de Jacob.

                L’Eau vive, Eau qui donne la vie, qui donne l’Esprit … comme plus tard  le Pain de Vie donnera le Christ Ressuscité.

                L’Eau vive… insaisissable comme l’Esprit… Comme le « vent »… « Regarde le vent, tu ne sais ni d’où il vient ni où il va ; il en est de même pour tout homme qui vit dans l’Esprit. » … comme le feu. Tous les symboles habituels de l’Esprit Saint sonty insaisissables ! Qui peut tenir l’Esprit, re-tenir l’Esprit ? C’est lui qui nous tient, qui nous envahit, qui circule en nous et irrigue notre être. Et cette Eau Vive donnée par le Christ, elle jaillit en nous, elle devient une eau jaillissante pour la Vie Eternelle, - comme la belle source de Jérusalem, la source du Gihon - pour nous rendre éternels. L’Esprit nous divinise.

                Et le Père désire que les hommes deviennent des adorateurs « en esprit et en vérité »… en Esprit et en Vérité : des hommes qui adorent dans l’Esprit Saint et selon le Christ Messie qui est la Vérité. L’Esprit fait venir en nous le Christ maître de Vérité et nous tourne vers le Père par le Christ. Ainsi l’Eau vive donne la vie éternelle en nous donnant Dieu, en faisant de nous une demeure de Dieu, un Temple – alors le Garizim ou Jérusalem peu importe ! – où l’adoration est enfin parfaite.

                Comme nous l’avons appris du Christ Vérité,

                            Unis par le même Esprit qui conduit notre prière,

                                       Nous osons dire : Notre Père.