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Saint Pierre-Bonsecours - Page 50

  • La Visitation

    4ème dimanche d'avant, année C

    1364570600.jpg            Dans ce magnifique récit de St Luc, il y a comme deux plans : la scène extérieure telle qu’un observateur pourrait la voir….et l’événement intérieur eux deux femmes et aux deux enfants en leur sein.

                Voilà Marie qui quitte Nazareth et descend « vers le haut Pays, dans une ville de Juda » comme dit le texte réel et non la vague traduction liturgique qui aplatit tout. Car « le Haut Pays », c’est là où, du temps de David, a séjourné l’Arche d’Alliance… c’est là où asse « en hâte » la véritable arche d’Alliance qu’est Marie en qui la Parole s’incarne !

                Et Marie est accueillie avec soin, comme toujours dans le vieil Israël – Joseph sans doute aussi car on ne voit pas une femme voyager seule - : l’accolade entre Elisabeth « vieille » femme de 40 ans ou plus peut-être et Marie jeune épousée de 16 ans.

                Et puis tout à coup nous passons au plan le plus intérieur :

    Elisabeth prend la parole après avoir, comme elle en témoigne, senti en elle l’enfant, le futur Jean Baptiste, « tressaillir ». Elisabeth, envahie de l’Esprit Saint, chante sa propre joie … qui n’est pas d’avoir un enfant (et pourtant ! il fut attendu ! et demandé !) mais de se trouver devant Marie « Bénie entre toutes les femmes » et découvrir que la visite de Marie est, en fait, la visite de son Seigneur en Marie. ! « Comment ai-je ce bonheur que ma mère mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! » Employer le mot Seigneur qui désigne Dieu dans la Bible grecque est une véritable prophétie, une véritable profession de foi qui est la première publique de l’Evangile. Pour elle aussi vaut la remarque de Jésus à Pierre : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont fait découvrir cela Elisabeth, mais mon Père qui est aux cieux ». Et Elisabeth de conclure en reconnaissant la foi de Marie « qui a cru dans l’accomplissement des paroles qui lui furent dites d la part de Dieu. »

                Et Marie répond en chantant son magnificat ! Elle aussi est envahie de joie puisque toute son existence est « en Dieu son Sauveur ». Marie qui ne nie pas sa grâce : « toutes les générations me diront bienheureuse » mais qui chante Dieu qui l’a choisie… Un Dieu qui bouleverse les hommes, remet le monde à l’endroit : « Il renvoie les riches les mains vides, Il élève les humbles, comble les affamés, dépose les puissants de leur trône. »

                Ainsi Elisabeth, l’enfant Jean Baptiste, Marie exultent chacun à sa manière dans cette si intérieure rencontre. Et l’enfant Jésus ?

                Luc ne nous en dit rien. Il ne tressaille pas… d’ailleurs sauf une fois, nous ne verrons jamais Jésus exulter dans l’Esprit… Jésus est égal, il ne connaît ses soubresauts de nos psychologies tantôt exultantes tantôt déprimées sans plus de raison que cela. Jésus est égal sa psychologie est paisible même si nous le voyons souvent ému devant la misère des hommes. Pour savoir ce qui se passe en l’enfant Jésus, il nous faut aujourd’hui recourir à l’auteur des Hébreux que nous venons d’entendre : lui nous dit ce qui est dans le Christ « qui entre dans le monde. Me voici Seigneur je viens faire ta volonté ». Ce qui habite le cœur de l’enfant, c’est la joie intense d’accomplir le dessein de Dieu qui est aussi le sien. Ce qui habite le cœur du Christ c’est une offrande totale de sa vie. Et cette offrande va être vécue tout au long de sa vie d’homme quand il va assumer pleinement notre nature humaine – jusqu’à la souffrance et la mort – pour nous ramener à Dieu, pour nous reconduire à notre dignité première, pour nous faire participer à la nature divine. C’es pourquoi l’auteur de Hébreux peut dire : « c’est dans cette volonté sainte que nous sommes faits saints. »

                Cette offrande la Seigneur va la renouveler, devant nous, sur l’autel de l’eucharistie : et il attend que nous aussi, nous nous joignions à lui pour cette offrande au Père, nous offrant nous-mêmes avec tout ce que nous sommes, « par Lui, avec Lui et en Lui ». Amen.

     

  • POUR SE PREPARER A NOÊL

    RECOLLECTION D’AVENT Thème : Ce que la Bible dit de Bethléem

     Lecture de texte bibliques, archéologie, spiritualité

     Samedi 19H30 salle St Vincent de Paul Temps de pique nique puis enseignement et prière. Fin 22H

     Dimanche : 9H15 à l’ église St Pierre,  chant des laudes puis enseignement et messe.

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    Le concert du 13 décembre 17H00 : avec l’excellent ensemble « La Chapelle de Bonsecours » de la musique sacrée du temps liturgique. Nourrir sa foi et sa contemplation des grandes pièces du patrimoine chrétien. Cantates de Bach du temps de l’Avent, de Buxtehude et chants sacrés de Schütz

     __________________________________

     

    En cette année de la Miséricorde où le St Père nous invite à nous approcher davantage du sacrement de la réconciliation, vous avez une célébration pénitentielle à St Sébastien et plusieurs temps à la paroisse.

     Méditation

                La fête de Noël est une célébration de Dieu qui « fait toutes choses nouvelles ». Dieu devient un homme, il assume une nature humaine pour s’approcher de nous et nous ramener à Lui.

                Le judaïsme comme l’Islam refuse catégoriquement cette incarnation. Dieu ne peut pas devenir homme, c’est contraire à son être de Dieu. Pourtant chacun proclame Dieu tout Puissant ! Les deux  religions clament en même temps la Toute Puissance de Dieu… mais en même temps, ils lui mettent une limite : Dieu ne peut pas assumer une nature humaine qu’il a créée.

                La conséquence de ce trésor qu’est l’Incarnation, cette nouveauté totale, est de réaliser la communion entre Dieu et l’homme :

                Cette communion, elle est faite en Jésus de Nazareth Vrai Dieu et Vrai homme. Elle doit se faire en nous par grâce, avec notre consentement : nous devenons un seul être avec le Christ et par Lui, le ils, nous devenons enfants du Père. Et celui qui opère cette union et la réalise en nous, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de la Création et de la conception de Jésus en Marie. St Pierre a l’audace de dire que nous devenons « participants de la nature divine. » Cette communion avec Dieu est déclarée impossible elle aussi par le judaïsme et l’Islam.

                Réjouissons-nous de notre trésor et quand nous parlons de Noël, cessons de dire des niaiseries, doucereuses et infantiles. Ayons le courage de dire la nouveauté et la force de Noël

  • Fête du Christ Roi

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                Les Apôtres ont dû plusieurs fois abandonner leur vision du Messie. La première fois quand Jésus leur a annoncé qu’il allait souffrir et mourir de la main de son peuple. La seconde fois à la résurrection : aucun triomphe du Christ, une modestie dans les manifestations, une discrétion… même si Jésus est autre et le même à la foi ! Moins d’effet à la résurrection qu’à la Transfiguration ! Et pourtant Jésus a revendiqué le titre de « Fils de l’homme » tel que le prophète Daniel lu aujourd’hui le présente. Il a même déclaré dans son procès que bientôt « ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel »… et St Jean dans l’Apocalypse nous montre la beauté, la splendeur du Christ, sa majesté, sa puissance… mais c’est pour la fin des temps !

                Depuis l’effacement du Christ de l’Ascension, le royaume grandit invisiblement. « IL n’est pas ici, il n’est pas là, le royaume de Dieu est au milieu de/ en vous. » dit Jésus aux apôtres. En nous : le Père et le Fils par l’Esprit viennent faire en chaque baptisé leur demeure. Le cœur de chaque croyant, dit Origène repris par Ste Thérèse d’Avila, est un paradis où Dieu aime se promener et rencontrer l’homme.

                Depuis l’effacement du Christ, le Royaume grandit « de cœur à cœur ». Il grandit en nous si nous le laissons nous envahir… envahir notre cœur, notre esprit, notre âme, nos pensées, notre affectivité, notre raison… Lent cheminement où Dieu devient tout en moi.

                Depuis l’effacement du Christ, il compte sur nous pour le montrer, ce royaume et pour le DIRE. Le montrer par la nouveauté de nos vies, le dire par notre témoignage. ET là nous rencontrons une grave difficulté en France : nous ne savons plus dire notre foi, en rendre compte. Combien de fois on me dit : mon fils, ma fille, mes petits enfants m’ont critiqué la religion devant moi et je n’ai pas su quoi dire ! Dans un repas j’ai entendu dire beaucoup de mal de l’Eglise mais je n’ai pas su répondre… Dramatique ! A force de ne pas parler de religion ou de politique – selon la consigne si commune dans les familles -, on a perdu les mots et les idées. La foi, c’est comme une langue : si on ne la parle pas, on la perd ! Les mots ne viennent lus ; les idées, non plus… ou elles viennent longtemps après, trop tard …

                Même entre nous nous ne nous parlons pas ! C’est une perte pour la communauté qui s’enrichit de cet échange d ‘expériences chrétiennes multiples et variées.

                C’est un grand travail à entreprendre : que els catholiques se réapproprient leur foi, sache l’expliquer personnellement, dans un témoignage. Croyez moi si votre petit fils vous pose une question ou vous provoque et que vous pouvez lui dire : attends ! Asseyons-nous, je vais t’expliquer et que vous puissiez calmement, sans plus, lui témoigner votre expérience croyante personnelle… cela fera profondément son effet en lui ! Mais si vous ne savez pas quoi dire, il en conclura que croire ne signifie rien !

                Depuis deux ans, par les rencontres « B’Abba », B A Ba, avec un jeu de mot sur le nom du Père « Abba », la paroisse vous propose de réapprendre à exprimer votre expérience chrétienne avec du fruit pour ceux qui y ont participé.

                Nous proposons cette semaine à nouveau un temps de rencontre (mardi 24 et jeudi 26 de 20H30 à 22H) sur le thème : « qu’est-ce qu’être chrétien aujourd’hui ? » Je vous encourage vivement à y venir.

  • Concert lecture

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    Concert lecture

    Sainte Thérèse d’Avila

    A Bonsecours

     

    Dimanches 22 nov. 2015 à 17H

    Avec Luth

    Lecture de textes extraits du

    Château intérieur et du Chemin de la Perfection

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    Prochain concert lecture

    Dimanche 10 Janvier 2016 17H

    Bonsecours

    Lecture d’extraits de la Correspondance

  • La Toussaint

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    Dans la prière après la communion de la messe de la Toussaint, se trouvent résumés bien des aspects de cette belle fête : au moment où la nature, après avoir donné ses plus belles couleurs et ses plus beaux fruits, glissent tout doucement vers la mort et le sommeil de l’hiver, la liturgie nous fait contempler le Ciel et nous montre l’avenir que Dieu nous a préparé : le Royaume dans toute sa beauté et sa béatitude, la Vie surabondante divine partagée avec tous les élus, la beauté inimaginable des vies de ces saints, plus brillantes et plus scintillantes que toutes pierres précieuses réunies !

     

    « Dieu qui seul es SAINT

                Toute cette fête est centrée sur Dieu. Dieu est Saint, Dieu est Dieu, totalement séparé de nous, transcendant, inconnaissable, au-delà de tout ce qu’on peut penser de Lui, Lumière au-delà de toute lumière… Totalement séparé de nous, inaccessible.

                Nous nous rappelons Isaïe dans le Temple et les Anges chantant « Saint ! Saint ! Saint ! » … avec une telle force que les verrous des portes du saint lieu en sursautaient.

     

    Toi que nous admirons et adorons en célébrant la fête de tous les Saints,

    En cette fête de la Toussaint, c’est Dieu que nous adorons ; c’est sa Présence belle qui nous saisit ; c’est sa grandeur qui est admirable, qui nous rend muet, qui nous plonge dans l’adoration silencieuse.

     

    Nous implorons ta grâce :

    Et pourtant, ce Dieu séparé de nous, inaccessible à la créature que nous sommes, nous avons l’audace de la prier.

     

    Quand Tu nous auras sanctifié, dans la consommation de l’Eucharistie, dans la plénitude de Ton Amour,

    Voilà l’inouï ! Nous ne sommes pas dieu, nous ne sommes pas saints… mais nous sommes sanctifiables ! Dieu nous sanctifie, littéralement « nous fait saints, nous fait dieu, nous divinise »« participant à la nature divine » comme dit St Pierre. Les saints que nous fêtons aujourd’hui, cette multitude faite des enfants d’Israël «  « 12 000 de chacune des 12 Tribus d’Israël » - puis la foule innombrable des païens – « Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main » - tous ces saints connus et inconnus ne le sont pas devenus par la force de leur vert mais par l’œuvre de Dieu en eux à laquelle ils ont collaboré.

                Et ils ont été sanctifiés… « devenus saints et enfants de Dieu »… comme l’enseigne aujourd’hui St Jean – et comment ? ils ont été sanctifiés « dans la plénitude de l’Amour de Dieu » dit l’oraison… transformés par la plénitude de l’amour divin et devenus plénitude de l’amour divin !

                Et où recevaient-ils cet amour divin ? dans la consommation de l’eucharistie… mention hélas oubliée dans la traduction française ! « Consummentes » : c’est dans la réception du Christ eucharistique – visibilité et présence de l’Amour divin pour nous et en nous, que se fait notre sanctification…

     

    Fais-nous passer de cette table où Tu nous as reçus en pèlerins

    Au banquet préparé dans ta maison. »

    …. D’où la dernière demande de l’oraison. Après avoir qualifié la table eucharistique de « table où tu nous as reçus en pèlerins » - discrète allusion à la table d’Emmaüs – nous demandons de participer  « au banquet de la maison de Dieu » - le festin messianique préparé pour tous les peuples par Dieu lui même selon la prophétie d’Isaïe.

     

    Amen.

  • Homélie de Monseigneur Papin

    pour le 150ème ANNIVERSAIRE DU COURONNEMENT DE NOTRE DAME DE BONSECOURS

    (10 octobre 2015)

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    Dans la première lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un passage, saint Paul utilise un vocabulaire sportif pour parler de celui qui annonce l’Evangile. De même que les coureurs du stade s’imposent une rude discipline pour se donner toutes les chances de remporter la couronne du vainqueur, de même le missionnaire de l’Evangile doit s’imposer une discipline de vie s’il veut être fidèle à son baptême et remporter non pas une couronne de laurier mais une couronne qui ne se fane pas, autrement dit recevoir en héritage la vie éternelle. Paul s’élève ici contre ceux qui se glorifient eux-mêmes d’annoncer l’Evangile et veulent en tirer honneur dès ici-bas. Ce n’est pas sa vision de l’évangélisateur, lui qui a connu tant de désagréments et affronté tellement de dangers au cours de ses voyages missionnaires. Annoncer l’Evangile fut son seul objectif. Il n’a jamais voulu s’en glorifier lui-même ni en tirer un quelconque avantage. Aussi, de sa prison romaine, il put écrire à son disciple et ami Timothée : « Le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse » (2 Tm 4,78). La couronne promise au témoin fidèle, on ne se la donne pas à soi-même. On la reçoit du Seigneur.

    Frères et sœurs, chers amis, nous célébrons ce soir le 150ème anniversaire du couronnement de la Vierge Notre Dame de Bonsecours dont l’histoire nous a été rappelée avant la messe. Parler de couronnement de la Vierge Marie peut nous paraître non seulement d’un autre âge, mais aussi tellement éloigné de ce qu’elle fut, femme et mère discrète, accompagnant son fils humblement et dans la foi depuis Bethléem jusqu’au Golgotha. Aussi, pour comprendre avec justesse un tel couronnement, laissons-nous éclairer par un autre couronnement, celui de Jésus, au moment de sa Passion. Couronne d’épines, tressée et posée sur sa tête par les soldats de Pilate en même temps qu’ils le revêtaient d’un manteau rouge et plaçaient dans sa main un roseau en forme de sceptre dérisoire. Que pouvait-il y avoir de royal chez cet homme que l’on moquait et sur lequel on crachait en lui disant : « Salut, roi des Juifs » ? Il faudra la résurrection et le don de l’Esprit Saint pour que la signification de cette mise en scène  paradoxalement royale soit clairement manifestée.

    Ce qu’il y a de royal en Jésus couronné d’épines, c’est l’amour, un amour incandescent, un amour porté à l’extrême, qui l’a conduit librement à sa Passion. Amour indéfectible envers son Père auquel il se remet en toute confiance : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46). Amour miséricordieux pour ceux qui le font mourir : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). C’est dans l’événement de sa Passion et de sa Croix que Jésus advient véritablement comme Roi comme en témoigne sa parole à l’un des deux larrons : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis » Saint Jean a su exprimer cela merveilleusement en proclamant dans son évangile que l’élévation de Jésus sur la Croix fut dans le même mouvement son élévation dans la gloire.

    Nous comprenons alors, à la lumière du Christ, que le couronnement de Marie ne contredit pas ce qu’elle a été et ce qu’elle demeure à jamais. Marie a été totalement habitée par l’amour de Dieu, mettant toute sa foi en lui comme en témoigne son fiat au jour de l’Annonciation. De même que transparaît sa charité discrète au jour de la Visitation lorsqu’elle partit en hâte auprès de sa vieille cousine Elisabeth pour l’aider dans les dernières semaines de sa grossesse. Ou encore aux noces de Cana lorsqu’elle s’aperçut que le vin venait à manquer et que cela pouvait ternir la fête. Marie pleine de foi, Marie très aimante dans les beaux jours de la vie de son Fils comme dans les jours d’inquiétude et d’épreuves, jusqu’au pied de la Croix où elle se tint debout, Stabat Mater Dolorosa, avant de recevoir sur ses genoux le corps de son Fils. « Un glaive te transpercera l’âme », avait prophétisé le vieux Syméon lors de la Présentation de Jésus au temple. La mémoire de Notre Dame des Douleurs au lendemain de la fête de la Croix Glorieuse célèbre la Compassion de Marie, c’est-à-dire l’écho dans son cœur de la Passion de son Fils. Ayant été pleinement associée à sa Passion, elle l’est pleinement à sa résurrection et à son Royaume. C’est pourquoi l’événement de sa mort fut aussi celui de son Assomption dans sa gloire. Voilà ce que signifie son couronnement. Marie, Reine des cieux !

    « La première en chemin, Marie, tu nous entraines », chantons-nous parfois. Celle que Jésus nous a donnée pour mère au pied de la Croix nous montre son Fils et nous entraîne à sa suite. Elle nous invite à écouter sa Parole et à la mettre en pratique afin que, nous aussi, nous vivions fidèlement dans la foi, l’espérance et la charité. Alors, comme à Marie, comme à Paul et comme à la multitude des disciples bienheureux du Christ, la couronne de justice nous est promise et nous sera remise par le Seigneur. Telle est notre espérance.

    « Nous te saluons, Marie, couronnée d’étoiles…
    Emportée dans la gloire, sainte Reine des cieux,
    Tu nous accueilleras un jour auprès de Dieu » 
    AMEN.

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  • Recevoir la couronne de vie.

    Conférence du jeudi 8 octobre par le Père Jacques Bombardier 

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                Introduction.

                Au XVIIè un grand seigneur romain, le comte Alexandre Sforza Pallavicini (mort en 1638) avait légué une forte somme au chapitre de St Pierre pour confectionner deux ou trois couronnes d’or par an à des statues de la Vierge.

                Sur la demande Mgr Lavigerie, le Pape Pie IX, par un bref du 27 mai 1864, accorda une couronne à Bonsecours. L’évêque était désigné comme représentant du pape pour couronner en son nom la statue. On agrandissait alors le chœur de l’église de Bonsecours : on hâta les travaux pour que le couronnement ait lieu en 1865 comme le Pape le demandait.

                La célébration eut lieu le 3 septembre 1865 présidée par le Cardinal Césaire Matthieu (1796-1834-1875), alors archevêque de Besançon avec Mgr Lavigerie de Nancy et Dupont des Loges de Metz.

                Nous fêtons cette année le 150ème anniversaire de cette célébration. Mais quel est le sens de cet acte de couronner la statue de la Vierge ? Qu’est-ce qu’être couronné dans le Bible ? Quel sens spirituel nos livres saints donnent –ils à cet acte ?

     

                Avant de parcourir la Bible, donnons tout de suite le sens du couronnement tel que la piété et la théologie l’ont compris depuis le lancement de la théologie mariale au concile d’Ephèse en 431 :

                Par le Couronnement de la Vierge, Mère de Dieu,  - sans être elle-même divine mais divinisée comme tout homme est appelé à l’être - , est placée par Dieu au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes. Le premier témoignage de cette vision se trouve dans les mosaïques anciennes, IVè/Vè siècles, de la basilique Ste Marie Majeure à Rome. Les litanies de la Vierge l’explicitent : Reine des Anges, 
Reine des Patriarches,
 Reine des Prophètes,  Reine des Apôtres, Reine des Martyrs, Reine des Confesseurs, Reine des Vierges, Reine de tous les Saints.

                Le Couronnement de tout disciple – « Dieu lui-même sera ta couronne » dit Isaïe - est l’expression de sa divinisation et de l’accomplissement de son être et de sa vocation au sein de l’œuvre du dessein de Dieu.

                Marie est la première couronnée puisqu’elle a accompli totalement son parcours humain, morte et ressuscitée aussitôt après une vie tout entière donnée, dans la foi et l’espérance,  à l’œuvre de Dieu.

     

                C’est le moment, dans un premier temps,  de partir à la découverte dans la Bible.

    La surprise, c’est la très grande quantité de références bibliques tant dans l’ancien que dans le nouveau Testament. Ce n’est pas du tout un thème marginal.

                          

                Dans l’Ancien Testament, la couronne (il existe 6 mots différents pour désigner les différentes formes de couronnes !) se rencontre souvent ; faisons rapidement l’inventaire :

    1 – zèr :  La couronne désigne la bordure ornementale probablement tressée, qui entoure l'arche, l'autel des parfums et la table des pains de proposition (Ex 25/11 et 30/5). La couronne souligne ici la préciosité sacrée des objets de culte.

    2.  nèzèr.  Le mot désigne primitivement le bandeau/turban pour retenir les cheveux; il s'y ajoute l'idée de séparation et de consécration, soit royale (2 Sa 1/10, 2 R 11/12 ), soit sacerdotale (Ex 29/6 et ss ). Dans ce dernier cas et pour le grand prêtre, le turban, large de deux doigts, fixé par des attaches et rehaussé d'une plaque d'or sur le devant du turban, sur laquelle il est gravé: «Consacré à JHVH» (Ex 28/37. Evoqué en Sir 45/12 pour le grand prêtre Aaron : « un diadème d’or par-dessus le turban, portant, gravée, l’inscription de consécration, décoration superbe, travail magnifique, délices pour les yeux que ces ornements. »). C'est le « turban à la fleur d’or » remis par Moïse à Aaron (Le 8/9).

                Les sens plus ordinaires ou négatifs :

    3. kéther. Couronne, sans idée de consécration (Est 1/11 2/17 6/9). On le retrouve aussi dans Pr14/18 dans un sens profane et symbolique : « La part des niais, c’est la folie ; les gens avisés se font du savoir une couronne. »

    4. atârâh . Il s’agit de la Couronne des rois, juifs ou étrangers (Ps 21:4,Est 8:15 etc.), ou celle que l'on tressait lors des banquets et des fêtes (Ez 23/42).  Souvent un sens négatif : Dans Is. 28/1,3,  on parle de la «couronne orgueilleuse des buveurs d'Éphraïm» : c’est une condamnation cinglante de la capitale royale, Samarie, qui dominait comme une couronne la fertile plaine d'Éphraïm et donnait au royaume l'exemple des excès de vin.

    Dans 2 Sa 12/26-31 =1Ch 20/2 et ss, il s’agit de la couronne des idoles: «David enleva la couronne du roi des Ammonites; elle pesait un talent d'or; on la mit sur la tête de David»;

                diadêma  désigne le plus souvent la couronne royale, l'insigne du souverain 1Ma 1/9 : « tous les officiers d’Alexandre ceignirent le diadème à sa mort. » 6/15, 8/14, 12/39 13/32; c'était une sorte d'étroit bandeau autour du front, et l'on pouvait en ceindre plusieurs pour marquer plusieurs royaumes: 1 Ma 11/13 « Ptolémée fit son entrée à Antioche et ceignit le diadème de l’Asie de sorte qu’il mit à son front deux diadèmes, celui de l’Egypte et celui de l’Asie ».  Ainsi s'expliquent les diadèmes du Roi des rois :Ap 19/12 « sur sa tête de nombreux diadèmes »… mais aussi « les 7 diadèmes » du dragon usurpateur  (Ap 12/3 ou « les dix diadèmes » du même  13/1).

     

    5 - La couronne peut  aussi avoir un sens figuré, symbolique et spirituel : Is. 28/5 « Ce jour-là C’est le Seigneur Sabaoth qui deviendra une couronne de splendeur et un superbe diadème pour le reste de son peuple. ». Dieu lui-même est l’ornement d’un peuple redevenu fidèle.L'âge peut devenir couronne d’honneur ! Pr 16/31 : « C’est une couronne d’honneur que des cheveux blancs, sur les chemins de la justice, on la trouve. » Couronne d’honneur aussi que Dieu donne : dans le Ps 8/8 « A peine  fis-tu l’homme  moindre qu’un dieu : tu le couronnes de gloire et de beauté ».  Ps 102/ 4 : « N’oublie aucun des bienfaits de Dieu lui qui te couronne d’amour et de tendresse. ».

                Le mot « couronne » est souvent employé symboliquement: équité (Job 29/14), vertu (Pr 12/4), bienfaits divins Ps 64/12 « Tu couronnes un année de bienfaits »,  récompense de la sagesse Sir 1/18,  6/31 : « le couronnement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, elle fait fleurir bien-être et santé. » Adressé à l’homme qui cherche la sagesse : « Comme un vêtement d’apparat tu la revêtiras, tu la ceindras comme un diadème de joie. » 19/8 : « le sage – laissé à son conseil 15/14 - trouve le bonheur et une couronne de joie » 17/23 : « un jour le juge se lèvera et les récompensera, sur leur tête il fera venir leur récompense ».

     

    6. qodqod. Sommet de la tête.  Les fiancés portaient une couronne, la couronne des noces : Dans leCt des Ct 3/11, nous lisons : « Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l’a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son cœur. » On lit dans Is.61/10, « Je suis plein d’allégresse en Dieu, mon âme

    exulte en mon Dieu, car il m’a revêtue du vêtement du salut, il m’a drapée dans un manteau de justice, comme l’époux qui coiffe un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux. » C’est Jérusalem qui parle !

                Nous voyons déjà, rien que dans l’Ancien testament, la richesse de cette « couronne ». Passons maintenant au Nouveau testament.                     

                Voici en détails,  les couronnes dont il est parlé dans le Nouveau Testament. A cela s’ajoutent pour une véritable méditation chrétienne,

                Les 2 couronnes du Christ :

                La couronne d’épines. Mat 27/29 Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s’agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs !
 (cf aussi Mc 15/17, 
Jn 19/2,5 ). C’est la couronne de la dérision, de l’insulte, de l’infamie. La couronne d'épines imposée à Jésus est bien la couronne royale, parodie comme le manteau de pourpre et le sceptre de roseau, mais aussi douloureuse que dérisoire.

                La couronne d’or du Juge : Apo 14/14  « Je regardai, et voici, il y avait une nuée blanche, et sur la nuée était assis quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et dans sa main une faucille tranchante. »  C’est la couronne de la gloire humiliée       

                … Les  6 couronnes destinées aux chrétiens

    … indiquées ici dans l’ordre des livres bibliques de notre Nouveau testament. Nulle part on établit une liste ordonnée selon l’importance.

    1 - Couronne impérissable :

                St Paul compare la couronne impérissable qui attend les disciples à la couronne qui se fane que reçoivent les coureurs du stade. Il s’inspire là des jeux isthmiques de Corinthe qu’il a vus quand il séjournait dans le ville, au printemps. 1 Co. 9/24 -27 « Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. »

                Cette couronne, c’est donc la victoire remportée sur soi-même dans la discipline spirituelle que le croyant s’impose à lui-même. C’est le contraire du laisser-aller. La suite du Christ suppose un combat.

    2 - Couronne de joie :

                Cette couronne est décrite dans l’épitre aux Philippiens:
4/1 C’est pourquoi, mes bien–aimés, et très chers frères, vous qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien aimés ! »… ou 1 Thessaloniciens 
2/19 « Quelle est, en effet, notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est–ce pas vous aussi, devant notre Seigneur Jésus, lors de son avènement ? »

                Notre couronne de joie, c’est toute la peine prise à l’annonce de l’Evangile et à l’expansion de la Bonne Nouvelle. La joie infinie  de connaître le  Christ et de l’annoncer. Joie de la terre d’abord et joie du ciel dans la connaissance du Christ comme je suis connu, selon St Jean.

     

    3 - Couronne de justice :

    2è Tm 4/6-8 « Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse »

                Ici l’apôtre exprime sa confiance que le bon combat de la persévérance qu’il a mené dans sa vie pour faire connaître le Christ et attendre ardemment sa venue –gardant la foi, ayant couru pour l’Evangile et son désir de la venue du Seigneur – sera récompensé par le Seigneur  qui lui remettra la couronne de Justice, reconnaissant par là la sainteté de la vie de Paul.

     

    4 - Couronne de vie

    « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu. » (Jc. 1/12) rejoint par St Jean  dans l’Apocalypse :

    « À l’ange de l’Église qui est à Smyrne, écris : Ainsi parle celui qui est le Premier et le Dernier, celui qui était mort et qui est entré dans la vie : Je sais ta détresse et ta pauvreté ; pourtant tu es riche ! Sois sans aucune crainte pour ce que tu vas souffrir. Voici que le diable va jeter en prison certains des vôtres pour vous mettre à l’épreuve, et vous serez dans la détresse pendant dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de la vie. » (Apo. 2/10)

                St Jacques exalte ici la personne qui supporte les afflictions. Lorsqu’un tel homme aura supporté la tentation, il recevra la couronne de vie. La couronne ici n’est pas le diadème du roi, mais la couronne de la victoire qui sera donnée le jour du jugement au tribunal de Christ. Idem pour l’Eglise de Smyrne qui aura tenu bon jusqu’au bout.

     

    5 - Couronne de gloire

    « Soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévouement ; non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau. Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 P. 5/2-4)

     Pierre  évoque la couronne de ceux qui auront bien rempli leur charge pastorale.

     

    6 - Couronnes d'or des 24 vieillards: 

    « Tout autour de ce Trône, vingt-quatre trônes, où siègent vingt-quatre Anciens portant des vêtements blancs et, sur leurs têtes, des couronnes d’or.Les vingt-quatre Anciens se jettent devant Celui qui siège sur le Trône, ils se prosternent face à celui qui vit pour les siècles des siècles ; ils lancent leur couronne devant le Trône en disant :« Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé. » (Apo. 4/4 et 10)

                Les 24 vieillards – les 12 ancêtres des tribus d’Israël et les 12 apôtres, deux fois 12, deux fois la plénitude - symbolisent tous les rachetés à la fois de l’Ancienne Alliance et de la Nouvelle. Le fait qu’ils portent des couronnes d’or et qu’ils soient assis sur des trônes suggère qu’il s’agit de sauvés, divinisés.

                « Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas »[1] Ainsi s’exprime St Pierre dans sa première lettre. Et l’Apocalypse présente les élus avec une couronne d’or.[2]

                Le croyant est donc appelé à la Couronne de Gloire, la couronne d’or ! La Vierge Marie, la disciple la plus parfaite du Seigneur sur cette terre, a reçu cette couronne de Gloire. St Jean, dans l’Apocalypse[3], décrit Marie Ressuscitée dans la splendeur du Soleil, la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

     

             Récapitulons en conclusion notre moisson

                Selon l’Ancien Testament, la couronne indique une séparation, une « mise à part » des objets du culte, mais aussi des prêtres, des rois et des prophètes, une idée de consécration.

                Au sens figuré ou symbolique, elle est signe de noblesse, de fidélité à Dieu. Dieu lui-même devient couronne de son peuple !

                C’est la couronne des fiancés et des noces (encore comme cela dans le rite du mariage oriental).

                Enfin, être couronné, signifie avoir accompli parfaitement sa vie, par la vertu, les bienfaits, la fidélité, la vieillesse, la sagesse recherchée, trouvée, vécue et enseignée.

     

                Le Nouveau testament hérite de cette vision et l’enrichit en la précisant :

                Tout le peuple est appelé à être couronné (les 24 vieillards) c’est-à-dire divinisé par participation à la nature de Dieu comme dit St Pierre ( précision de l’AT qui disait : « Dieu lui-même sera ta couronne »)…

                A la suite de son maître… qui a connu la couronne de dérision (épines) et la couronne de gloire de la victoire.

                Cette couronne donnée par Dieu au croyant se décline en 6 qualificatifs :

                           1 – impérissable       c’est la couronne qui récompense le combat spirituel   sur soi-même pour vivre selon l’Evangile.

                           2 – de joie                 c’est la couronne qui récompense la joie d’avoir                       annoncé l’Evangile

                           3 – de justice             c’est la persévérance dans la connaissance du Christ,   dans son annonce et dans le désir de sa venue

                           4 – de vie                  c’est le couronnement de la victoire dans la tentation et l épreuve que fait subir le monde  aux chrétiens.

                           5 – de gloire              en particulier pour les pasteurs du troupeau

                           6 – de gloire et d’or…. Couronne de gloire rouge, précise St Cyprien, pour   les martyrs et blanches pour autres disciples non martyrs.

                Le couronnement est donc perçu par toute l’Ecriture comme une « récompense » donnée par Dieu au disciple méritant. C’est le geste qui accomplit tous les combats spirituels et moraux du disciple qui attend la venue de son maître et demeure fidèle dans l’épreuve et la contradiction. C’est une vision dynamique, progressante de la vie chrétienne, le contraire de la tiédeur.

                Mais, la préface des saints nous prévient contre tout orgueil ou suffisance , lorsqu’elle déclare à Dieu : « Quand tu couronnes les mérites des saints, Tu couronnes tes propres dons. »  

                C’est Dieu qui donne la grâce de la victoire et couronne cette victoire !

                Mais il la couronne cette victoire en la mettant à notre compte (c’est cela le mérite en théologie) même si c’est sa grâce qui nous la fait obtenir avec notre combat. Il donne la vertu, le mérite de la vertu et la récompense du mérite de la vertu. C’est ce que nous demandons dans le Veni sancte spiritus : « Da virtutis meritum ». Ce qui veut dire « donne le mérite de la vertu ».

                 La liturgie, enfin, pourrait nous instruire.

     

    Dans le baptême.

                Il paraît certain aujourd’hui que dans le rite baptismal primitif (chez les tout premiers chrétiens qu’on appelle les « judéo-chrétiens »), on remettait au nouveau baptisé le vêtement blanc et une couronne, souvent de fleurs.  Cette couronne était censée montrer la présence du Christ dans le nouveau baptisé, présence de renouveau. Le Christ était ainsi pensé « comme la couronne du croyant » dans toute sa vie nouvelle de chrétien, selon la promesse en Isaïe : « Dieu sera lui-même ta couronne ».

                On a donc vêtement blanc et couronne… d’où la mention du vêtement blanc et de la couronne pour les élus de l’Apocalypse. Au moment où le texte est écrit, on pratique encore ce rite. Les premiers chrétiens rattachaient le baptême autant à Pâques qu’à la fête des Tentes : vêtement blanc, couronne, palmes à la main… rites liés à la fête des tentes.

                Pourquoi alors, cette coutume a-t-elle disparu? Cet usage typiquement juif disparaît quand l’Eglise passe massivement aux païens car la couronne était liée au culte idolâtrique chez les cultes païens de l’époque, y compris dans les cultes à mystère… De plus les prêtres païens portaient une couronne ! Cela rendait le rite équivoque. Il n’est resté que le vêtement blanc.

    Dans le mariage.

                Dans les rites orientaux, après l’échange des consentements et la bénédiction /remise des alliances, les époux sont couronnéscomme le Christ victorieux.Le symbole du couronnement indique aussi l’âge adulte de la femme et sa capacité de donner naissance. Il équivaut à la velatio – «  l’imposition du voile » - dans la culture romaine.     

                La célébration  du mariage orthodoxe se poursuit par l'office du couronnement des mariésdevant une table préparée au milieu de la nef.   Les jeunes mariés sont introduits dans la nef par le prêtre et tiennent chacun un cierge allumé, relié l'un à l'autre par un ruban. Le prêtre couronne les deux mariés, mais souvent quelqu'un tient la couronne au dessus de leur tête. Le couronnement est le signe sacramentel du mariage.  -  On lit deux textes du Nouveaux Testament. Le prêtre donne à boire une coupe de vin aux deux mariés. Puis, guidés par le prêtre, ils font, main dans la main, trois fois le tour de l'autel ou du lutrin où sont déposés les évangiles. Couronnés, ils dansent liturgiquement autour de l’autel avec le prêtre. Les nouveaux mariés vénèrent les icônes et s'embrassent l'un l'autre.  



    [1] 1 Pierre 5/2

    [2] Apo. 4/4 et 10

    [3] Apo. 12/1 et ss

  • Sainte Thérèse d'Avila

    Jeudi 15 octobre : 500ème anniversaire de la naissance de Ste Thérèse d'Avila : messe à 18H à Bonsecours et à 20H30 à Bonsecours, La vie et le cheminement spirituel de Ste Thérèse par Martine Boiché. Cette soirée introduit les deux concerts lecture des œuvres de la sainte.

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  • Lettre aux paroissiens

    3 Septembre 2015 

    Très chers paroissiens et habitués du Sanctuaire de Bonsecours,

     bs.png           Je m’adresse à vous à l’occasion du 150ème anniversaire du couronnement de la statue de Notre Dame de Bonsecours par le Bx Pape Pie IX le 3 septembre 1865 sous l’épiscopat à Nancy de Mgr Lavigerie.

                Il ne s’agit pas d’une commémoration historique qui a peu d’importance. Il s’agit de profiter de cet anniversaire pour grandir dans la ferveur de notre foi.

             Vous connaissez tous l’état du catholicisme dans notre pays… à la fois effondrement et naissance d’une foi plus intérieure naissant d’un attachement plus personnel au Christ, à une vie plus intense dans l’Esprit Saint. Certains diocèses de France sont plus ardents que d’autres qui ressemblent à la « belle au bois dormant ».Dans les semaines qui vont venir et nous conduire aux Journées du Jubilé – 8, 9 et 10 octobre 2015 –

    je vous ferai des propositions pour vous préparer personnellement ou en couple ou en petit groupe – comme vous voudrez – à cet événement. Je vous invite à bien accueillir ces propositions et à vous y engager courageusement afin que nous arrivions tous plus fervents le 10 octobre à la messe autour de notre évêque.

             Dans toutes les périodes difficiles de la vie de l’Eglise, Dieu a suscité les saints dont les disciples ont besoin à ce moment-là : il y a les saints cachés que Dieu seul connaît et qui sont les foyers de l’Eglise ; il y a les saints proclamés par l’Eglise : St Jean Paul II, Sainte Mère Teresa de Calcutta, St Jean XXIII et le Bienheureux Paul VI ; St Padre Pio, Bienheureux Charles de Foucault, solitaire du Sahara,  Charles de Habsbourg dernier empereur d’Autriche, artisan de paix, … Louis et Maria Beltramme-Quattorchi, époux du XXème siècle, béatifiés ensemble en 2001 … comme le seront prochainement Louis et Zélie Martin… le père René Dubroux, originaire de notre diocèse et martyrisé au Laos en 1959… et tout le patrimoine de sainteté de l’Eglise à travers les siècles ; la sainteté ne vieillit pas mais sans cesse se renouvelle et s’enrichit.

             La seule tristesse, c’est que nous, nous ne soyons pas des saints !

                      Profitons donc tous de cette préparation au Jubilé du Couronnement de notre Dame de Bonsecours pour progresser sur ce chemin de la sainteté que le Seigneur désire pour chacun de nous.

             Dans la joie de faire ce chemin avec vous,

                               Votre curé.

    Les propositions sont contenues dans le tract du Jubilé du Couronnement. Ce sont les propositions élaborées avec l’Equipe d’animation du Sanctuaire de Bonsecours.

    Dans les semaines qui précéderont l’événement, je vous fournirai des feuillets adaptés pour vous préparer personnellement à cet événement.

  • « Tu es le Christ, le Messie »

    Billet spirituel

                            A propos de l’Evangile de St Marc 8/27-38

                Nous sommes au milieu de l’Evangile de St Marc… qui débutait ainsi : « Commencement de la l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. ». … le plan du texte. « Fils de Dieu » titre donné au Christ par le centurion à la mort du Seigneur ;  « Christ » titre donné au Seigneur par Pierre à Césarée de Philippe. Les premiers chapitres nous apprenaient que cet homme est « Jésus de Nazareth » avec son mystère.

                Nous sommes à Césarée de Philippe, bien loin de Jérusalem !... qui aurait pu être la ville de la révélation de la messianité de Jésus… ni à Bethléem, la ville de David ! Non, en plein pays païen, près d’une ville païenne…. Au nord de la Galilée des nations… face au grand large de la Décapole et du pays de Tyr et de Sidon.

                Pierre affirme au nom des 12 : « Tu es le Christ, le Messie »… confirmant la parole d’André tout au début de l’Evangile de Jean quand le Baptiste a fait passer ses deux disciples au Christ : « nous avons trouvé Celui dont parlent les prophètes, nous avons trouvé le Christ ». Les premiers mois passés avec Jésus ont convaincu Pierre et les 12, il est bien le Messie.

                Ces apôtres appartiennent donc  au courant juif qui attend le Messie davidique… ce qui n’est pas le cas de tous ! Il y a ceux qui attendent un Messie davidique, d’autres un Messie sacerdotal, d’autres un Maître de Justice, d’autres un Chef de guerre politique à la Maccabée,  d’autres rien du tout. Les attentes sont multiples, les écrits trouvés dans les grottes de Qûmran ont montré la grande  diversité des judaïsmes et de leurs attentes.

                Car rien dans l’Ancien Testament ne permet de définir le Messie attendu !

                Chacun a son idée du Messie, du Messie de son groupe.

                Et le Christ Jésus créée la figure messianique, toute nouvelle, absolument nouvelle, radicalement nouvelle. Bousculant toutes les petites constructions humaines qui font du neuf avec du vieux. !

                Il commence par imposer le silence : n’en parlez pas ! Jésus ne veut pas renouveler les expériences messianiques désastreuses des faux messies qui l’ont précédé et qui ont entraîné le peuple dans une catastrophe et des crucifixions inutiles.

                Ensuite il commence à présenter la véritable figure messianique : il est le Messie de David… mais il va souffrir à la manière du Mystérieux serviteur Souffrant d’Isaïe dont nous avons lu un poème en première lecture. Bientôt il ajoutera la figure sacerdotale… mais pas celle d’Aaron mais celle de Melchisédec – un obscur dont on ne parle qu’un fois dans la Bible dans la Genèse – puis il complètera par la figure du Fils de l’Homme de Daniel… On voit Jésus –contrairement à ce qu’on nous raconte jusqu’au blasphème – sait ce qu’il est … et il ne s’en laisse pas compter : « Passe derrière moi Satan » dit –il à Pierre qui s’oppose à ses vues ! Non c’est Jésus qui sait qui il est et la soit-disant communauté chrétienne qui aurait créée tout cela… elle doit passer « derrière », y compris les exégètes.

                Alors : « conformément aux Ecritures » ?  C’est la nouveauté absolue du Christ qui comme un  aimant, rassemble des textes épars et fragmentaires comme dit l’épître aux Hébreux, disséminés dans l’Ecriture, cachés dans l’Ecriture et qui en lui, avec d’autres, créent une lumière sur son être profond !

             Ce n’est pas AVANT lui qu’on sait ce qu’est le Messie. C’est LUI qui crée la figure nouvelle dont on découvre, APRES, les éléments épars et cachés dans le texte de l’Ancien Testament.

  • Pour approfondir la lecture de la Bible… VILLES ET LIEUX DE TERRE SAINTE

    Sous forme de courte récollection :

    Samedi 19H30-22H

    Dimanche 9H-11H et messe

    Paroisse St Pierre
    Salle St Vincent de Paul

    Sous l’église, rue Lionnois, en face de l’ancien établissement français du sang.

    12-13 décembre 15, Bethléem et Nazareth

     

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    30-31 janvier 16, Capharnaüm

     

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    5-6 mars, Jérusalem

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  • LECTURE COMMUNE DU PROPHETE MICHEE

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                                        A chaque séance :

     

    -        lecture d’un chapitre

    -        échange sur le texte lu à l’avance : quel écho a ce texte dans mon cœur, dans mon expérience, dans l’histoire.

    -        Enseignement : remise dans le contexte, reprise de l’échange et explications.

    -        Prière

     

    Dates des rencontres

    Salle Saint Vincent de Paul, sous l’église, rue Lionnois, en face de l’ancien Etablissement Français du Sang.    20H30 précises - 22H

    Lancement : mardi 29 sept. 20H30-22H salle St Vincent de Paul

    MARDIS

    10 novembre             
    15 décembre             
    5 janvier                    
    27 janvier    
    2 mars       
    19 avril    
    3 mai  
    7 juin

  • Eléments pour sermon du 15 août 2015 sur la première lecture de l’Apocalypse.

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    Rappelons-nous que St Jean présente souvent dans ses écrits le Nouvel Adam et la Nouvelle Eve.

         A CanaJésus s’adresse à Marie en disant « Femme » comme l’époux à son épouse

         A la croix :« Femme » idem

         Dans Apoc : une « Femme » (ch 12)

    En écho au premier couple de la création Adam et Eve.
    Pour la Nouvelle Création, Nouvel Adam et Nouvelle Eve.

    Voyons ce couple dans l’Apocalypse.

    Le Christ, d’abord,  apparaît à Jean au chapitre 1.    Voici le texte :

    « Moi, Jean, votre frère, je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette.  Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme, revêtu d’une longue tunique, une ceinture d’or à hauteur de poitrine ; sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente… et sa voix était comme la voix des grandes eaux ; il avait dans la main droite sept étoiles ; de sa bouche sortait un glaive acéré à deux tranchants. Son visage brillait comme brille le soleil dans sa puissance.

    « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. »

    Chapitre 12  la « Femme » vêtue du soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de Douze étoiles. Cette « Femme » est…

    A la fois   * l’humanité dans les douleurs de l’enfantement. Cf Paul aux Rm. 
    Elle est Eve la « Mère des Vivants ». Elle donne le Messie.

    Marie, la Fille de Sion, qui enfante le Messie

    L’Eglise qui enfante des chrétiens et qui vit une retraite au désert… en particulier pendant les persécutions, aidée par Dieu.

    Regardons là plus en détail.

    Elle est vêtue du soleil. Dieu a revêtu Adam et Eve après le péché. Dans Isaïe il revêt Jérusalem de vêtement précieux et Sion chante : «  Il m’a revêtu du manteau de la justice. » Le soleil exprime la transcendance de Dieu : Marie est habillée de Dieu, du Christ « soleil de justice », elle qui fut comblée de grâce, divinisée comme chaque humain doit l’être un  jour. Elle est dans la « lumière de Dieu ». Voici comment le Christ est décrit au chapitre 1 que j’ai lu à l’instant : « sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente ». Ainsi commente Benoît XVI, 

    « Et voici alors que la «pleine de grâce», l’«Immaculée», reflète par toute sa personne la lumière du «soleil» qui est Dieu. »

         La lune sous ses pieds : symbole de mort. La mort vaincue :

     « En effet, Marie est pleinement associée à la victoire de Jésus Christ, son Fils, sur le péché et sur la mort; elle est libre de toute ombre de mort et totalement comblée de vie. » (Benoît XVI)

          12 étoiles : les 12 tribus, les 12 apôtres.

    « La Vierge Marie est au centre du Peuple de Dieu, de toute la communion des saints. » (Benoît XVI)

     

    En face de la Femme, le dragon rouge feu,  qui est…

    §  A la fois     Le serpent du premier jour et du péché. 7 têtes= ses multiples inventions pour tromper, 10 cornes : son pouvoir n’est pas invincible…

    §  L’adversaire du Christ/Messie prêt à le dévorer sur la croix mais qui lui échappe par la Résurrection… « enlevé auprès du trône de Dieu, le berger, le sceptre… »

    §  Satan qui persécute l’Eglise, l’expérience historique des premiers chrétiens à qui s’adresse St Jean.

     

    Aussitôt, dans les versets qui suivent la texte lu aujourd’hui,  (12/7), l’Apocalypse parle du combat entre Michel et Satan…  dont Satan sort vaincu entraînant des anges dans sa chute.

    Jean révèle ainsi aux chrétiens :

    §  La victoire acquise sur la mort et le mal par le Christ est pour sa mère, d’abord, en second comme l’expliquait St Paul dans l’épître du jour.

    §  Le combat n’est pas achevé même si la victoire est acquise : la Femme Eglise déjà dans le manteau de lumière  est aussi et encore celle qui fuit dans le désert…

    §  Le Christ et Marie sont impliqués dans ce combat auprès des croyants persécutés et Michel combat et vainc le dragon.

    §  Enfin que chacun se rappelle son avenir glorieux, avec le Christ et Marie, persévère dans la fidélité et vive tout combat, intérieur ou pour la justice et le vérité, avec le Christ et Marie.

  • L’Assomption de Marie 2

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    Toute une tradition liturgique

                Plus parlant encore, tant en Orient qu’en Occident, les solennités liturgiques qui ont pu être célébrées en l’honneur de l’Assomption ou de la Dormition.



                Dès l’époque carolingienne, le Sacramentaire d’Adrien le mentionne en disant : «Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de cette mort, elle qui engendra de sa chair ton Fils, notre Seigneur».

                Quant à la liturgie byzantine qui aime, à ce propos, parler de Dormition, s’adressant directement à Marie, elle déclare : «Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des dons qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda vierge parmi l’enfantement, de même il préserva ton corps de la corruption dans le tombeau et le glorifia par une divine translation».



                Ainsi peut-on relever toute une série de fêtes solennelles instituées en l’honneur de Marie montée au ciel, par des papes comme saint Serge Ier, saint Léon IV et saint Nicolas Ier, qui jalonnent en quelque sorte, au fil des siècles, cette constance dans la foi de l’Église à l’égard de ce que la définition dogmatique du pape Pie XII, en 1950, n’a fait en somme qu’entériner. Il n’est pas sans intérêt de noter combien cette foi s’enracine dans toute une tradition (bien antérieure à la Réforme) de l’Église indivise. Cette suite dans les siècles et cette unanimité entre l’Orient et l’Occident ne peuvent manquer d’impressionner. Si la «vox populi» est bien la «vox Dei», il importe de bien entendre ici la voix du peuple chrétien, chantant ainsi la gloire de la Mère du Christ.

    La voix des Pères

                Devant la vitalité d’une telle foi s’exprimant spontanément dans toute une liturgie, les Pères et les théologiens ne sont pas demeurés en retrait.

Ainsi saint Jean Damascène (mort en 754) interpelle la foi des fidèles : «Celle qui, pour tous, a fait jaillir la vraie vie, comment tomberait-elle au pouvoir de la mort ? Certes, comme fille d’Adam, elle se soumet à la sentence (de mort) portée contre son père, car son Fils, qui est la Vie même, ne s’y est pas dérobé. Mais, comme mère du Dieu Vivant, il est juste qu’elle soit élevée jusqu’à lui». Et il s’interroge : «Celle qui n’a commis aucun péché... comment le paradis pourrait-il ne pas la recevoir et le ciel ne pas lui ouvrir joyeusement ses portes ?» Il en conclut : «Il fallait que celle qui avait conservé sans tache sa virginité pendant l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort... Celle qui avait hébergé le Verbe de Dieu en son sein, ne pouvait qu’être logée dans la demeure de son Fils».

Toujours au VIIIe siècle, saint Germain de Constantinople (mort en 733) écrit, lui aussi, plein d’enthousiasme : «Mère de Dieu, vraiment je te le redis avec action de grâces, ton Assomption ne t’a nullement éloignée des chrétiens... Comment la dissolution de la chair aurait-elle pu te réduire en cendre et poussière, toi qui as délivré l’homme de la ruine de la mort par l’Incarnation de ton Fils ?» Et il poursuit en toute logique : «La mère de la Vie devait elle-même demeurer avec la Vie ; la mort ne pouvait être pour elle qu’un sommeil, et l’Assomption comme un réveil pour la mère de la Vie». Et il conclut à son tour : «Ainsi, morte aux choses qui finissent, tu as émigré vers les demeures incorruptibles de l’éternité où Dieu réside. Tu as été corporellement sa demeure et maintenant c’est lui qui, en retour, est devenu le lieu de ton repos».



                Dans la même ligne, et toujours en Orient, saint Modeste de Jérusalem n’hésite pas à affirmer : «À titre de très glorieuse mère du Christ, l’auteur de la Vie et de l’Immortalité, Marie est vivifiée dans l’incorruptibilité éternelle de son corps, par celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui de la manière que lui seul connaît». On comprend, relisant cela, toute la ferveur des chrétiens de Jérusalem à l’égard de la Dormition de la Vierge.

    (Texte inspiré par les Fraternités monastiques de Jérusalem)