La Passion dans la dévotion espagnole

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sermon du jeudi saint 2019
Il faut avoir une attitude « liturgique » devant le mystère : « ce n’est point la connaissance qui éclaire le mystère, c’est le mystère qui éclaire la connaissance.»[1]
Alors laissons l’eucharistie nous enseigner.
1 – Que fait et que dit Jésus ? Sur le pain rompu, Jésus dit « Ceci est Mon Corps livré pour vous. » Sur la coupe donnée, il dit : « Ceci est mon Sang versé pour vous et pour la multitude. » et il ajoute « Faites ceci en mémoire de moi. »
Jésus annonce donc sa mort : le corps est livré, le sang est versé… Cette parole ne sera totalement vraie que le lendemain sur la Croix… mais en fait, elle est vraie depuis la conception du Verbe en Marie : il est né pour se donner, se livrer.
Jésus annonce sa mort donnée… et veut que « nous fassions ce geste en mémoire de Lui » : « mémoire » est un mot très fort ! Faire mémoire ce n’est pas seulement se rappeler le passé mais le rendre présent.
2 - Mais qui peut permettre à des hommes comme nous de faire mémoire à ce point, de rendre présent à ce point le Christ qui se donne ! Evidemment cette capacité est divine, elle nous est donnée par L’Esprit Saint : ainsi avant la consécration, au commencement de la prière eucharistique qui est adressée au Père, le prêtre invoque l’Esprit Saint en étendant la main sur les offrandes[2] pour que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.
Comme dit la 4ème prière eucharistique, cet Esprit demandé est le MEME Esprit saint…qu’on a vu à l’œuvre
Dans la création du monde (l’Esprit planait sur les eaux, couvait les eaux pour en faire jaillir la vie.
Dans la création de l’humanité de Jésus dans le sein de la Vierge Marie : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » dit St Luc : l’Esprit crée l’humanité du Fils de Dieu dans le corps de Marie.
Dans la création de l’Eglise à la Pentecôte : Marie et au milieu des premiers disciples et des apôtres quand le feu de l’Esprit descend sur eux.
Dans la création du Fils ou de la fille de Dieu que nous sommes : St Jean Baptiste annonçait : Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
Dans la rémission des péchés confiée à l’Eglise et aux apôtres : en St Jean : « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
3 - Mais vous avez aussi remarqué que ce n’est jamais l’Esprit tout seul. C’est l’Esprit et le Christ, mais c’est aussi l’Esprit, le Verbe et la créature : Très souvent, il faut une créature qui donne son consentement à l’œuvre de l’Esprit et du Verbe en lui ou/et par lui. Ainsi c’est l’Esprit qui fait parler le Verbe dans le cœur des prophètes, c’est Marie, c’est l’apôtre, c’est l’Eglise, nous tous… L’homme est associé à l’œuvre de Dieu.
Il en est de même dans l’eucharistie : c’est l’Esprit saint qui fait que la création (pain et vin) devienne la présence réelle absolue totale du Christ Mort et Ressuscité ; mais pour réaliser cette Présence, l’Esprit s’associe l’action de l’homme – les Apôtres le soir du Jeudi saint, le prêtre maintenant – qui prie l’Esprit Saint et prête son être et sa voix pour que le Christ accomplisse lui-même l’action du dernier repas, paroles et gestes plein de sens : prendre, prier, rompre et donner.
« C’est par l’Esprit et l’action du ministre que comme au matin de Pâques, Jésus se tient là avec ses disciples et il célèbre avec eux le mémorial. »[3]
4 - Mais attention ! Jésus se livre mais depuis bien avant le Jeudi Saint.
Depuis l’Annonciation, il est livré à la Vierge Marie. Et Marie a offert le Christ au Père à la Présentation au temple où il lui fut prophétisé un glaive de douleur… Elle a accompagné le Christ durant toute son ministère et jusqu’à la Croix où la prophétie de Siméon s’est réalisée dans l’offrande du Fils faite par Marie au Père en union avec l’offrande du Fils : « Père en tes mains je relmets mon esprit. » Depuis l’Annonciation jusqu’à la croix Marie dit « oui » à son Fils et au Père sous la mouvance de l’Esprit Saint.
Marie est présente à toute assemblée chrétienne : ainsi dans l’Eglise, il y a quelqu’un en qui cette offrande est parfaite : c’est la Vierge Marie. Elle n’est pas seulement présente : elle est l’icône de l’Eglise assemblée et unie au Christ, elle nous prend dans sa foi mariale et dans son offrande : elle prend les fidèles et parmi les fidèles le prêtre aussi. Sa foi est le modèle, la structuration de notre foi et de notre offrande, heureusement qu’elle est là !
5 - L’Eglise mariale est donc l’acteur de la célébration de l’eucharistie autant que le prêtre : c’est même à elle représentée par Marie que le Fils Jésus se donne d’abord avant les apôtres et le prêtre même.
On comprend que la seconde invocation de l’Esprit saint dans la prière eucharistique soit sur l’Eglise : c’est dans la continuité totale avec la Pentecôte. Nous savons que l’Eglise naît de l’Esprit et devient Corps du Christ par la communion eucharistique sous la mouvance de l’Esprit : « Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ » demandons-nous dans la prière.
L’Eglise est donc constituée par l’Eucharistie comme Eglise, non seulement parce qu’elle reçoit le Corps du Christ et le devient vraiment mais aussi parce qu’elle s’offre au Père avec le Christ dans l’Esprit Saint. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »
Curieuse prière : on demande de pouvoir s’offrir ! En effet qui peut prétendre qu’il s’offre tout entier au Christ … qu’il peut le faire ! C’est pourquoi nous demandons à Dieu de le réaliser avec notre consentement. Et Dieu nous répond en nous unissant à Marie dans sa foi et son offrande juste et parfaite.
6 - Qui agit alors en mémoire du Christ ?
L’Esprit, le Christ, le prêtre, la communauté de l’Eglise assemblée et Marie en son sein : voici les acteurs principaux de toute eucharistie. Tous s’unifient dans l’offrande du Christ au Père et d’eux-mêmes au Père dans le Christ. Cette offrande culmine dans la doxologie « Par Lui avec Lui et en Lui… »
« Jamais, écrit le cardinal Daniélou, Dieu ne sera davantage aimé que par le Christ, c’est-à-dire par l’humanité revêtue par le Verbe sur la Croix. Nous ne pouvons donc plus qu’offrir à Dieu cet amour infini dont le Christ l’a aimé, c’est tout le sens du sacrifice de la messe. »[4]
« En cette offrande qui rend le Fils au Père, écrit le cardinal Balthasar, le geste de Marie au pied de la Croix croise le geste ministériel du prêtre célébrant qui, à l’autel, fait le geste – marial - de l’Eglise en unissant les croyants concrets rassemblés en un lieu, sans faire de séparation entre son geste propre et celui du peuple. Toutefois rappelons encore la primauté de ce qui est marial sur ce qui est liturgique étant donné que, dans l’incarnation et la naissance de Jésus, le Verbe incarné était déjà confié au soin de sa Mère avant qu’il ne soit remis plus tard au soin de l’Eglise en son ministère et sa communauté. »[5]
[1]Paul EVDOKIMOV la femme et le salut du monde Lethielleux et DDB 2009
[2]- 1 - « Sanctifie pleinement cette offrande par la puissance de ta Bénédiction, rends-la parfaite et digne de toi : qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur. » Le nom de l’Esprit est ici « Bénédiction »- 2 - « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur. »- 3 - « Dieu tout-puissant, nous te supplionsde consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : Sanctifie-les par ton Espritpour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère. »- 4 - « Que ce même Esprit Saint, nous t’en prions, Seigneur, sanctifie ces offrandes :qu’elles deviennent ainsi le corps et le sang de ton Fils dans la célébration de ce grand mystère que lui-même nous a laissé en signe de l’Alliance éternelle. »
[3]Jean-Claude CRIVELLI L'Esprit Saint dans l'Eucharistie
[4]p. 370-71. Daniélou Contemplation, croissance de l’Eglise. Fayard Paris 1977 p. 99
St Luc 22/39-47
Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. »
Méditons cette scène extraordinaire de l’agonie de Jésus à Gethsémani telle que nous la racontel’évangéliste St Luc.
1 - Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
C’est donc dans le lieuhabituel du Mont des Oliviers que Jésus et les siens se retrouvent après le dernier repas. C’est là que Jésus enseignait ses apôtres, priait et se détendait avec eux dans une des grottes qui gardait la fraicheur en été et préservait du froid et de la pluie en hiver dans cette ville à 900m d’altitude. C’est le dernier moment heureux de Jésus sur cette terre.
C’est aussi le moment où sa vie bascule : jusque-là, Jésus conduit par l’Esprit Saint a été un homme qui conduit sa missioncomme le Père le veut, qui prend les initiatives, organisent « certains mises en scène »… Maintenant, selon la volonté du Père, il va être livréaux hommes.
2 - Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Ce soir pas question d’enseignement ou de rencontre : Jésus est venu dans ce lieu familier pour prier. Cette prière est mentionnée 5 fois dans ces quelques lignes … savamment composées :
« Priez, pour ne pas entrer en tentation. » 40b
S’étant mis à genoux, il priait 41b
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance 44b
Puis Jésus se releva de sa prière 45a
priez, pour ne pas entrer en tentation. » 46d
… Et le centre est cette prière de combat(c’est le sens du mot agonie en grec) que le Christ doit mener dans ce jardin. Il faut nous approcher avec délicatesse et infini respect de cette prière unique dans la vie du Christ.Nous connaissons sa longue et habituelle prière de nuit dans l’unité d’amour avec le Père et l’Esprit Saint ; nous connaissons la prière avant les grands événements (le choix des apôtres, la transfiguration) ; nous connaissons sa prière d’exultation de joie dans l’Esprit quand la mission des apôtres rencontre le succès contre Satan. Mais ici c’est prière de combat.
3 - Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »Cette prière, Jésus veut la mener seul… même s’il a demandé l’aide de la prière de ses disciples… donc plus que les apôtres… le groupe plus large…d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de le suivre et dont St Luc soulignera l présence à la Croix. Marie était peut-être au milieu d’eux déjà.
Lui seul doit mener le combat… mais il compte sur la prière des siens. Mais quand il rejoignit ses disciples après sa prière il les trouva endormis, accablés de tristesse.N’est-ce pas notre tentation habituelle de « dormir » quand il faudrait être vigilant, éveillé, dans la prière pour soutenir le combat de l’Eglise … Nous sommes si souvent des disciples endormis… ?
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Voilà donc le contenu de cette prière, de ce combat que nous pouvons comprendre à plusieurs niveaux :
- nous pouvons comme assister à l’union des volontés dans le Christ, union de la volonté divine de sa nature divine et volonté humaine de sa nature humaine. Lentement, comme au ralenti, avec effroi la volonté humaine fait sienne la volonté divine. Là où Adam et Eve ont refusé d’obéir à Dieu dans le jardin du Paradis, dans le jardin du Mont des Oliviers, un autre Adam – le nouvel Adamdira St Paul – fait sienne, malgré son effroi, la volonté divine. Nous sommes dans cette volonté humaine de Jésus qui obéit car dans son Incarnation, le Verbe a pris la totalité de la nature humaine, la nôtre. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti (littéralement, il s’est vidé), prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2/6-8)
- la coupe ? « Le Père tend le calice des iniquités humaines à son Fils, l’appelle à dépasser le tremblement, la frayeur de sa nature humaine, non pas devant la souffrance physique, mais devant la charge écrasante du Péché universel, devant le passage mystérieux et redoutable par les portes de la mort. Le second Adam s’identifie avec le premier et s’enfonce à Gethsémani dans la nuit mortelle de l’angoisse… Le Christ devient le sujet du péché librement accepté. »[1]Dieu aurait pu sauver l’homme d’une parole comme la parole créatrice. Mais ici pour prouver son amour , le Christ est appelé par le Père à devenir lui-même pécheur par amourpour les hommes qu’il prend en lui pour leur donner en échange sa justice. St Paul le dit avec force : « l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes... Celui qui n’a pas connu le péché (Jésus), Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co. 5/14, 18, 21) C’est « l’amour fou de Dieu » pour l’homme.
4 - Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient sur la terre. C’est dire l’intensité du combat, le séisme intérieur au cœur du Christ : lui le Fils bien aimé, toujours uni au Père qu’il aime dans l’Esprit d’amour expérimente en lui-même, comme étant de lui, la haine des hommes envers Dieu ! « Pour le Christ, accepter la croix signifie introduire à l’intérieur de soi, par compassion, le Péché du monde comme le sien propre. La Croix fait culminer l’abîme de l’innocence et l’abîme des ténèbres dans le même cri Abba Père ! »[2]Dans ce jardin ... « Dieu prend sur lui sa réponse à sa propre Justice, assume la conséquence ultime de son acte de création [3]» d’un homme libre « imprévisible même pour Dieu »[4]comme disent les Pères.
5 - Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dieu le Père prend soin de son Fils dans son combat… comme il avait pris soin naguère des Moïse dans son œuvre de libération du peuple ou d’Elie[5]dans son combat pour le vrai Dieu. Dieu l’Impassible, par amour se fait passible, souffrant dans le Fils uni à la nature humaine mais en son cœur de Père : son amour transcende sa propre transcendance et nous devons vénérer en même tempssonimpassibilité et son grand amour. « L’Esprit Saint est la joie où le Trois se complaisent ensemble… A l’agonie, L’Esprit Saint devient la souffrance ineffable où les Trois s ‘unissent. Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. L’Esprit Saint amour réciproque du Père et du Fils s’offre en sacrifice, s’approprie à sa manière la Croix afin de devenir « la puissance invincible de la Croix ».[6]
« Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d’éternité par l’infini divin de la solitude. » dit Paul Evdokimov. On peut comprendre cet aspect si terrible de cette scène en contemplant Jésus qui crie « Abbé Père »et qui n’a comme réponse de Fils …qu’un ange…comme les hommes dans la détresse.
6 - Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples.
Jésus se relève comme apaisé. Conforté par cette prière et cette proximité réelle mais comme insensible du Père et de l’Esprit, Jésus dominera sereinement la situation et même sa mortqui sera accompagnée d’une prière paisible :
« Pèrepardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »,
« Aujourd’hui, tu seras avec moi au Paradis » et
« Père, entre tes mains je remets mon Esprit(pneuma en grec) »…
paisible jusqu’à la mort : « Jésus expire » dit St Luc et c’est un verbe composé du mot « esprit » en grec (exèpneusen). « Sur la Croix le Christ a assumé la mortalité même. La puissance de la mort est dans son autonomie mais la Christ donne sa mort au Père et c’est pourquoi, en Christ, c’est la mort qui meurt. Par sa mort, il a vaincu la mortchante le tropaire de Pâques. Dès lors aucun homme ne meurt plus seul – « Personne ne passa vers le Père sans passer par moi » (St Jean 14/6) – Le Christ meurt avec lui pour ressusciter avec lui. »[7]
[1]Paul Evdokimov l’art de l’icône, théologie de la beautép. 258 et 257
Jésus révèle une autre vision de la mort dans le peuple saint qui n’avait pas d’espérance en l’au-delà à l’époque de Jésus (chez les sadducéens et les grands prêtres comme dans une grande partie du peuple…) … ou une pensée confuse sur le sujet (ce fameux schéol où l’on descend à la mort pour y finir de mourir sans même pouvoir louer Dieu) et même, face à l’espérance pharisienne en la résurrection « au dernier jour » que Marthe confesse si bien devant Jésus.
Jésus parle de la mort comme d’un sommeil d’où il va réveiller Lazare… idée tellement nouvelle que les apôtres ne comprennent pas et pensent que Lazare dort… pour sa guérison ! Au 15èmesiècles le vieux mot « aître »[1]sera remplacé par cimetière venant du grecancien koimêtêrion qui signifie « lieu pour dormir, dortoir ».
Cette mort est pour la Gloire de Dieu et la foi des disciples.
Face à Marthe qui confesse la foi pharisienne sur la résurrection finale des morts, - que ne conteste pas Jésus -, il affirme d’une manière forte ( Jn 11/ 25-26) :
- « Moi je suis la Résurrection et la Vie ».Il en est donc l’auteuret le contenu.
- « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».On peut donc mourir sur la terre et entrer malgré cette mort ou dans cet acte même de mourir, dans la Vie dont il parlait plus haut.
- « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »Il s’agit là d’une promesse de vie éternelle faite à celui qui croit en Jésus et vit en Lui qui est la Vie. » D’ailleurs cette phrase s’achève par la question à Marthe : « crois-tu cela ? »
Marthe croit mais ce que dit Jésus est si étonnant, incroyable, incompréhensible que devant le tombeau quand Jésus dit « enlevez la pierre », la réaliste et pratique Marthe proteste : « il sent déjà, il est là depuis 4 jours. »Mais si le Christ est la Résurrection, alors Marthe et si tu crois ?
« Et le mort sortit… pieds et mains liés de bandelettes avec le suaire sur la tête. A la vu du tombeau de Lazare qui est unpuits, avec des marches,je vous laisse imaginer la sortie spectaculaire et stupéfiante du mort.
[1]Du lat. atrium,proprement « pièce principale de la maison romaine » qui prit au 4èmes.le sens de « portique, parvis de basilique » en latin chrétien.
1 Porte d’entrée état actuel.
2 L’escalier pour descendre ou monter !
3 L’endroit où fut déposé le corps
A méditer…. Du Pape François.
Le pape a invité notamment à « dépasser l’herméneutique des Lumières » par une « herméneutique de la mémoire, de l’appartenance à un peuple, du fait que l’on a une histoire ; l’herméneutique du cheminement vers une espérance, l’herméneutique – je répète quelque chose que j’aime bien dire – des trois langages, ensemble, en harmonie : le langage de l’esprit, le langage du cœur et le langage des mains, de sorte que
l’on pense ce que l’on sent et ce que l’on fait ;
l’on sente ce que l’on pense et ce que l’on fait ;
l’on fasse ce que l’on sent et ce que l’on pense.
Cette herméneutique est nécessaire aujourd’hui pour dépasser l’héritage des Lumières. »
Billet spirituel
« Aujourd’hui, jour des cendres, c’est Pâques » !
Tout le temps qui commence est aimanté par Pâques, c’est vers Pâques que nous regardons. Vers ce sommet de l’année, ce jour de la libération totale accomplie par Dieu.
Dans la vigile pascale, nous lirons la sortie d’Egypte qui est le commencement de la Pâque : le premier acte ! Là Dieu a commencé à la libérer les hommes en libérant son peuple de l’esclavage d’Egypte et de la menace de génocide qui pesait sur lui. Moïse s’entend dire pas Dieu : « J’ai entendu le cri de mon peuple, j’ai vu sa misère je suis résolu à le libérer : va, fais sortir d’Egypte mon peuple. »
Ensuite, nous lirons le récit de la Pâque du Christ : sa mort, sa résurrection qu’est cet événement fabuleux. Là Dieu accomplit la Pâque d’Egypte – Jésus meurt à l’heure où les agneaux pascals sont immolés – en libérant l’homme de la mort et de l’esclavage de la mort qu’est le péché. Le souhait de Dieu est que chacun de nous soit libre, parfaitement libre. Nous sommes depuis notre baptême en chemin de libération… du grand esclavage qui est « l’esclavage du moi. »
L’Evangile de ce soir nous donne les remèdes à mettre en œuvre pour que Jésus puisse nous transformer ; c’est la grâce qui met à mort notre « moi » égoïste et égocentré avec notre accord.
1er remède : le secret. Faire tout en secret pour tuer en nous notre amour de la renommée, pour nous libérer de la recherche du regard des autres.
2ème remède : le jeûne alimentaire. SI quand j’ouvre une boîte de chocolat elle y passe toute entière… j’ai un rapport aux biens terrestres qui est déréglé. Certes la création est bonne, elle est don de Dieu… « Tu peux manger/tu dois manger se tous les arbres du jardin sauf de l’arbre »… il y a une limite, une maîtrise de soi qui fait user du monde donné par Dieu sans perdre de vue qu’il est le premier Bien pour nous.
3ème l’aumône : si je jeûne et que je garde ce que je ne prends pas, tout est encore pour moi ! Le jeûne conduit au don, au détachement volontaire de ce dont je pouvais jouir normalement mais dont je me sépare pour être libéré de l’enfouissement dans le matériel.
Enfin 4ème remède : la prière. Pas une petite prière comme cela, en passant en gardant pour moi tout le reste du temps de la journée… pas ma petite messe du dimanche et rien après… Non un vrai temps donné à Dieu, pour lui, gratuitement pour ne penser qu’à lui et plus à moi !
Enfin dernière chose : vous arriverez déçu à la fin du carême. Tant mieux vous aurez ainsi un peu plus vu votre misère, votre pauvreté intérieure, votre piètre volonté, votre mensonge à Dieu que vous prétendez aimer sans pouvoir lui donner du temps… Vous serez plus vrai devant le Seigneur, plus humble, plus malléable à la grâce qui vous sera généreusement accordée au matin de Pâques.
A télécharger ICI
13 janvier 2019
L’autel est aspergé au début de la célébration avant l’aspersion de l’assemblée.
Procession d’arrivée de la pierre d’autel, déjà consacrée par Mgr Turinaz en 1900 et contenant des reliques de martyrs.
La pierre est montrée avant d’être insérée au milieu de l’autel.
La pierre est insérée dans l’autel par le diacre.
L’autel est encensé
L’autel est alors « vêtu » des nappes. On allume alors les cierges.
L’autel est de forme carrée, en chêne massif. C’est la raison pour laquelle il na pas été consacré : on ne peut consacrer que des autels en pierre. Seule une pierre d’autel en marbre, contenant des reliques et consacrée en 1900 par Mgr Turinaz évêque de Nancy et de Toul a été insérée dans la table de bois de l’autel.
L’autel c’est le Christ.
La façade porte une sculpture inspirée d’un sarcophage chrétien du 4ème siècle : Le Christ dans la jeunesse éternelle de sa Résurrection donne sa Croix à Pierre qui porte les clés du Royaume et transmet à Paul le rouleau de l’Évangile. Chaque apôtre est appuyé à une colonne en référence aux colonnes de l’Église qu’ils sont.
La sculpture est l’œuvre de Gérard Charrier qui avait déjà sculpté la croix suspendue au-dessus de l’autel de la Crypte.
Fin de la célébration.
DIMANCHE 3 FEVRIER 2019 16H30
SALLE MAGDALA
(sous l’église St Pierre. Entrée en descendant rue Lionnois côté pair)
CONCERT LECTURE
FRERE LAURENT DE LA
RESURRECTION
« LES MAXIMES SPIRITUELLES »
DIALOGUANT AVEC LA MUSIQUE
DE MONSIEUR DE SAINTE COLOMBE
ET DE MARIN MARAIS
A LA VIOLE DE GAMBE
Père Jacques Bombardier
Entrée libre.
Journaliste : St Luc, nous aimerions faire davantage connaissance avec vous, l’auteur de l’Evangile que nous allons lire tout au long de cette année et des Actes des Apôtres dont la lecture nous accompagne chaque année durant le temps de Pâques. Merci de nous recevoir et de répondre à nos questions qui sont sans doute celles des lecteurs de votre Evangile.
D’où êtes-vous originaire?
Luc: Mon pays est la Syrie et je suis né à Antioche sur l’Oronte. C’est dans cette très grande ville que les disciples de Jésus ont reçu pour la première fois le nom de « Chrétiens ».
J: Antioche est en effet une très grande ville.
Luc: 500/600 000 Habitants. Ma ville natale est située dans une vaste plaine fertile au climat agréable, au bord du fleuve Oronte, bordée de deux hautes montagnes. C’est une ville cosmopolite où vivent des Grecs, des Chypriotes, des Syriens, et des Juifs, une des plus grandes colonies juives de l’Empire (50 000 juifs environ). C’est une ville de fonctionnaires, de diplomates, d’artistes, de commerçants et d’esclaves. De nombreux artistes en ont fait une ville magnifique, où l’eau coule partout. Ce qui est remarquable, c’est, en particulier, notre grande avenue de 4 km de long, bordée de 4 colonnades de marbre, qui traverse la ville. Antioche est devenue la rivale d’Alexandrie d’Egypte !
J: On voit poindre en vous une légitime fierté de votre ville d’origine! Vous avez fait vos études à Antioche?
Luc: Oui, à l’université de la ville. J’ai étudié la littérature et la philosophie grecques et j’ai aussi appris la médecine. Dans le milieu des étudiants de cette époque, le bouillonnement religieux était intense. Tout le monde cherchait, s’interrogeait sur le sens de l’existence et les réponses habituelles paraissaient vieilles et sans intérêt.
J: C’est dans cette atmosphère que vous êtes devenu chrétien?
Luc: je suis païen d’origine. Vous savez à Antioche les religions sont prospères! Tout est mêlé: les déesses locales comme Astarté à qui on sacrifie des enfants et des adultes, les dieux romains: Hercule, Apollon. Les temples, très nombreux, sous le couvert d’un culte rendu au mystère de la nature et de la fécondité, sont des lieux de prostitution sacrée. Plus tous les cultes à mystère: Cybèle venue d’Asie mineure, Attis venue de Phrygie, Isis et Osiris hérités d’Egypte, Dionysios et ses orgies venu par la Grèce des profondeurs de l’Asie.
J: Par quel chemin êtes-vous sorti de ce paganisme?
Luc: C’est une grande insatisfaction devant ces religions qui m’a fait me tourner vers la religion des juifs, très nombreux, dans notre cité. J’ai fréquenté la communauté de la Synagogue de la Porte et peu à peu, j’ai lu les Ecritures juives dans le Grec de la magnifique traduction des Septante. Je suis devenu alors un « craignant Dieu ». Et puis en l’année 34 -35, des Chrétiens chassés de Jérusalem par le martyre d’Etienne et la persécution qui avait suivi, sont arrivés à Antioche. A la synagogue, ils ont commencé à parler du Christ.
J: Quel a été l’accueil de cette nouveauté?
Luc: beaucoup de débats et de discussions animées. Mais certains juifs sont devenus chrétiens. Cette communauté nouvelle d’Antioche a attiré l’attention des apôtres de Jérusalem: ils ont envoyé Barnabé, un homme remarquable. Il est venu aussi parler à la synagogue et c’est lui le premier qui m’a ébranlé. Mais celui qui m’a attiré définitivement au Christ, c’est Paul de Tarse que Barnabé avait été cherché pour l ‘aider à Antioche. C’est Paul qui m’a baptisé.
J: et vous ne l’avez plus quitté!
Luc: presque! Une grande amitié est née entre nous et de ma part, une grande dette envers le maître Paul qui m’a tant appris sur le Mystère de Dieu et associé à son apostolat.
J: Vous l’avez suivi dans tous ses voyages apostoliques?
Luc: en fait, je l’ai rejoint dans son deuxième voyage à Troas et j’ai fait avec lui tous les autres voyages, à pied, à cheval, en bateau. J’ai mis par écrit tous ces souvenirs dans le livre des Actes des Apôtres que j’ai rédigé après mon Evangile. Lors du premier voyage de Paul avec Marc et Barnabé, je n’étais pas encore chrétien. J’ai accompagné Paul dans sa première captivité à Rome et surtout dans la seconde où il a été condamné à mort en 67.
J: A Rome, vous avez rencontré Pierre.
Luc: Oui, et ce fut un grand bonheur. J’ai vécu trois ans à Rome avec Paul, Pierre, Marc, Sylvain et tous les disciples de la communauté de Rome. Je me suis beaucoup entretenu avec Pierre: il m’a parlé beaucoup de Jésus, de sa vie et de son enseignement en Galilée et à Jérusalem. Il m’a raconté les commencements de l’Eglise à Jérusalem, les premières prédications qu’il a faites, ce qu’il disait. Je connaissais bien la prédication de Paul que j’entendais depuis des années; à Rome, j’étais heureux d’entendre Pierre et de lire ce qu’il écrivait.
J: Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire votre Evangile?
Luc: je l’explique très bien dans le prologue de mon Evangile. J’ai écrit ceci: « après m’être soigneusement informé de tout à partir de origines, il m’a paru bon à moi aussi d’en écrire pour toi un récit ordonné très honorable Théophile, afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus. » (1/3-4) J’avais besoin d’assurer, pour certains chrétiens, l’enseignement qu’ils avaient reçu. J’ai fait alors une enquête minutieuse: j’ai interrogé les témoins, en plus de Pierre, Jean l’apôtre, Marie la Mère de Jésus et en particulier des Chrétiens venus de l’entourage d’Hérode Antipas, j’ai lu les textes qui circulaient entre les Eglises chrétiennes, j’ai rassemblé mes propres souvenirs. Et j’ai rédigé mon texte, l’Evangile et les Actes.
J: Vous avez écrit à Rome?
Luc: Non. Après le non-lieu de Paul en 62, j’ai quitté Rome et je me suis établi en Grèce: c’est là que j’ai écrit mon Evangile et les Actes, dans les années 62-63.
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ce dimanche 19-20 Janvier
REPAS PAROISSIAL
SAMEDI 26 JANVIER
12H -16H
Salle Claude Deruet
S’inscrire pour le repas (merci de dire le nombre)
et pour proposer un plat salé ou sucré
(merci de dire pour combien de personnes)
Frère Laurent de la Résurrection
de Lunéville Carme du 17èmesiècle
4 rendez-vous pour mieux le connaître
et s’initier à sa méthode de prière.
Dimanche 13 janvier 2019 Salle MAGDALA SOUS L’ÉGLISE ST PIERRE, rue Lionnois à 16H30
1erConcert lecture de Frère Laurent par Martine Boiché
Lecture d’extraits des lettres d’accompagnement spirituel du Frère et en contre point extraits de musique d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, compositrice et claveciniste française, la plus célèbre compositrice de l'Ancien Régime sous Louis XIV et Louis XV.
Samedi 19 janvier 2019 au CENTRE SPIRITUEL, après la messe de 9H
« Frère Laurent dans son époque » par Père Jacques Bombardier
Une belle promenade dans le 17èmesiècle lorrain et français, siècle merveilleux de créativité, mystique, ravagé par les guerres et les luttes religieuses…
Samedi 26 janvier 2019 au CENTRE SPIRITUEL, après la messe de 9H
Lecture du Frère Laurent par Martine Boiché.
Biographie de Frère laurent de la Résurrection.et commentaire sur les textes qu'il nous a laissé.
Dimanche 3 février 2019 Salle MAGDALA SOUS L’ÉGLISE ST PIERRE, rue Lionnois à 16H30
2èmeconcert lecture de Fr Laurent par Père Jacques Bombardier.
Lecture des Maximes spirituelles du Frère Laurent et, en contre point musical, extraits de musique de Marin Marais (1656-1728) à la viole de gambe, élève de Monsieur de Sainte Colombe.
Comme je devais commenter devant vous à nouveau ce texte… je me suis dit que je devais le reprendre de fond en comble pour renouveler mon regard sur lui. J’ai repris le texte grec et notamment les verbes avec leur nuance et leur temps. Je me suis rendu compte que le texte de St Luc est très complexe, nuancé, riche même de nuances fines qui échappent à nos traductions. Je ne veux pas tout reprendre mais seulement un point qui a nourri ma méditation.
Au verset 43, le texte dit ceci : « Comme les jours sont accomplis, ils reviennent, Jésus l’enfant reste à Jérousalem et ses parents n’ont pas compris : quoi ? qu’il devait rester à Jérousalem.Pensant qu’il est dans la caravane de pèlerins … » Et à la fin du récit, au verset 48 Marie dit à Jésus « mon enfant, pourquoi nous as-tu fait une chose pareille ? Vois, ton père et moi te cherchions avec angoisse. 49 Il leur dit : « vous me cherchiez : est-ce possible ? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père. ? » 50 Mais eux n’avaient pas compris la parolequ’il leur avait dite ? », antérieurement, évoquée au verset 43 et prononcée à Jérusalem avant le départ.
Nous sommes à Jérusalem (Luc dit à la manière ancienne Jérousalem), pour la Pâque. On se trouve en chemin et on a perdu Jésus. On le cherche, on est dans l’angoisse et la tristesse, on revient à Jérusalem et là on le trouve 3 jours après… et il fait un reproche, celui de ne pas avoir compris la parole qu’il leur a dite : « Vous me cherchiez, comment est-ce possible ? Ne saviez-vous pas … »
Tout ce cheminement en rappelle un autre… du même St Luc.
Le soir de Pâque, deux disciples tristes quittent Jérusalem vers Emmaüs. Ils ont perdu Jésus… voilà 3 jours ! Ils ne comprennent rien aux événements… un mystérieux personnage leur fait des reproches : « o cœurs lents à croire la parole qu’ont dit les prophètes … Puis des yeux s’ouvrent, on revient à Jérusalem où enfin on découvre qu’il est ressuscité et apparu à Pierre.
Deux routes, deux incompréhensions malgré toutes les paroles données, deux tristesses, deux cheminements longs purificateurs pour, enfin, trouver Jésus !
Le livre de l’Evangile de St Luc est encadré de deux cheminements qui affirment tous deux la même réalité capitale : nous ne possédons pas Jésus, il nous échappe toujours, nous ne comprenons pas ce qu’il fait, ce qu’il dit … si ce n’est après un cheminement purificateur, quand nous avons perdu tout ce que nous pensions de Lui nous, au lieu, nous, de l’écouter, Lui.
Trois points de méditation :
1 – Marie et Joseph aujourd’hui - et tout parent à travers eux - apprennent que Jésus ne leur appartient pas, il est « aux affaires du Père » comme il l’entend lui. Aucun enfant n’appartient à ses parents. Marie et Joseph doivent l’apprendre comme tous les parents. L’amour parental légitime peut être étouffant et destructeur s’il n’est pas contrebalancé par l’attention prudente et constante à la liberté de l’enfant pour découvrir qui il est vraiment – pas ce que je veux de lui ou j’imagine de lui -, quels sont ses talents, ses grâces naturelles et surnaturelles, sa vocation…
2 – Nous ne possédons pas Jésus, nous ne le connaissons pas si ce n’est par un long chemin purificateur qui nous dépouille de toutes nos fausses bonnes idées sur Lui, pour nous laisser saisir par son mystère sans désir de le réduire à notre compréhension… au Jésus que nous fabriquions ave ce que nous aimons bien… à condition de se mettre vraimentl’écoute de Sa Parole…
3 – Enfin un dernier point qui montre que Jésus n’est pas un adolescent révolté comme on le montre parfois dans ce texte, le réduisant à nos humeurs pécheresses d’adolescent mal luné. Au verset 51, il nous est dit que Jésus était soumisà ses parents. Voilà un mot fort… il veut dire « disposé à l’obéissance » ! Non Jésus n’est pas un enfant révolté. Sa nature humaine – la même que la nôtre – n’est pas marqué par le péché comme la nôtre et pour devenir un adulte, Jésus n’a pas besoin de passer par les nombreux péchés de l’adolescence, souvent suscités par l’inconnu sur nous-mêmes de ce temps, ce qui n’est pas l’expérience de Jésus comme le montre ce texte évangélique.
Les deux prologues lus aujourd’hui, celui de l’épître aux Hébreux et celui de l’évangile de St Jean, se complètent admirablement pour conduire notre contemplation de ce matin de Noël. Hier soir et ce matin à l’aurore, nous étions attendris à la crèche, devant l’Evénement.La lumière divine brillait dans notre cœur et nous demandions qu’elle brille dans toute notre vie.
Dans ces magnifiques poèmes lus à la messe du Jour, l’auteur des hébreux et l’apôtre St Jean nous introduisent dans l’intimité divine et nous montrent successivement l’action du Verbe de Dieu, son Incarnation et les bienfaits que nous en recevons, rien moins que la divinisation des enfants de Dieu.
L’INTIMITE DIVINE. Le 1erverset du prologue de St Jean nous conduit en Dieu, avant la Création; le Verbe, Dieu lui-même, est tourné vers le Père comme on est tourné et tendu vers sa Source. Et tout à la fin du prologue, au verset 18, St Jean nous montre le Verbe, tourné vers Dieu dans le sein du Père: à la fois proximité, intimité entre le Père et le Fils unique, intériorité totale. Comme le dit l’épître aux Hébreux, ce Fils est « resplendissement de la Gloire du Père, expression parfaite de son être. »Pour nous introduire dans une telle intimité, St Jean emploie deux images complémentaires: Dieu est présenté comme l’Intelligence qui conçoit un Verbe et comme un Père qui engendre un Fils. « Un Verbe ne fait pas un être distinct de l’esprit qui le conçoit et le fils est une personne distincte du père qui l’engendre. En Dieu, le Verbe est son Fils: dualité des personnes dans l’unité de leur nature »(Sœur Jeanne d’Arc dans son commentaire de St Jean en grec, p.6)
L’ACTION DU VERBE DE DIEU. Elle est triple dans le prologue johannique. Le Verbe est CREATEUR ET ORGANISATEUR DU COSMOS. St Jean écrit: « Tout fut fait par Lui et sans lui rien ne fut... En Lui était la Vie. » Et l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit: « Ce fils porte toutes choses par sa parole puissante... Par Lui, il a créé les mondes »La Genèse déjà nous montrait Dieu créant par sa Parole. Cette Parole, nous enseigne le livre de la Sagesse, tient toutes choses, fait tenir ensemble tout le cosmos, en fait justement un cosmos c’est-à-dire un monde organisé et intelligible!
Le Verbe est ILLUMINATEUR DE L’INTELLIGENCE DE L’HOMME. Il vient dans le monde et en venant, « Il éclaire tout homme. »Ainsi tout au long des générations, le Verbe vient à la rencontre de tout homme. Comme St Paul l’écrit dans l’épître aux Romains: « Depuis la création du monde, Dieu se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres. » (Romains 1/19). Aucun homme n’est abandonné; secrètement, le Verbe vient à sa rencontre pour le conduire à la révélation plénière de Dieu, s’il est accueilli ! Et Jean note que malheureusement, il n’est pas accueilli, sauf pour quelques-uns qui « deviennent enfants de Dieu »
Le Verbe enfin est L’EDUCATEUR DES JUIFS. Il est venu chez les siens; les « siens », son peuple choisi, élu depuis Abraham, les siens formés par les prophètes, les sages et les hommes de Dieu. Et là encore St Jean note avec tristesse « et les siens ne l’ont pas accueilli ».
ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR.Ce Verbe, Fils du Père, Créateur et organisateur du cosmos, venant à la rencontre secrète de tout homme pour l’éclairer, s’adressant au peuple élu, ce Verbe devient un homme fragile, assume une chair humaine, mortelle; il devient humble créature. L’annonce est inouïe: l’Eternel dans le temps, le Créateur devenu créature; l’Inaccessible trois fois saint langé dans une crèche! Et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour voir la Gloire de Dieu dans l’humble humanité de Jésus; et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour se laisser éclairer par le climat paisible et extraordinaire de l’Evangile « plein de grâce et de vérité ». « Plein de grâce et de vérité, » comment mieux caractériser le climat de l’Evangile ?
ET DE LUI NOUS AVONS TOUT RECU. Sa plénitude a débordé jusqu’à nous. Nous avons reçu la grâce et la vérité. Et désormais nous ne pouvons plus vivre autrement que dans le désir de vivre « plein de grâce et de vérité ».Ce n’est plus la Loi de Moïse qui nous conduit à Dieu: c’est la grâce et la vérité données par Jésus.Et nous avons reçu grâce sur grâce: abondance de grâce, variété infinie du don gracieux de Dieu, adaptable à toute situation, sans jamais épuiser ce don de Dieu. Comme Marie, nous sommes appelés à vivre totalement « dans la grâce et la vérité ».
Et nous avons CONNU DIEU.
St Jean commence par affirmer: « Nul n’a jamais vu Dieu » Toute l’Ecriture en témoigne: l’homme ne peut voir Dieu. Toutes religions cherchent Dieu à tâtons, tout homme cherche Dieu à tâtons car le désir de Dieu est naturel. Mais avec la naissance du Verbe dans la chair, Dieu vient au-devant de l’homme ! Le Verbe incarné vient faire connaître Dieu, il s’en fait « l’exégète » comme dit St Jean, « l’interprète » ! Et c’est le sommet: connaître Dieu ! C’est la vie éternelle. Jésus le déclare : « Telle est la vie éternelle, c’est qu’Ils te connaissant, Toi le Seul Vrai Dieu et Celui que Tu as envoyé, Jésus le Messie »(St Jean 17/3) Connaître, pour la Bible, c’est tout à la fois connaître par l’intelligence mais aussi contempler, établir une relation, vénérer et aimer. Dieu est désormais connu dans tous les sens du terme ! Et seulement par le Fils unique incarné. Et cette connaissance de Dieu est la Vie et la plénitude de l’homme !
C’est ainsi que ces prologues décrivent la splendide manifestation de Dieu depuis la création jusqu’au sommet de l’Incarnation. C’est ainsi que l’intimité divine nous est montrée; c’est ainsi que l’intimité divine nous est OFFERTE. Le Fils récapitule tout en lui et nous donne de DEVENIR ENFANTS DE DIEU. Certes, ce que nous sommes n’est pas encore manifesté: mais nous le sommes vraiment. Puissions-nous nous réjouir dès maintenant dans cette connaissance de Dieu en attendant le Royaume « où nous connaîtrons comme nous sommes connus »comme dit le même St Jean dans sa première épitre. Amen.