Je suis heureux de vous accueillir ce soir dans ma prière en cette belle fête de St Joseph. Vous pourrez lire sa vie réelle de jeune époux et père adoptif de Jésus. Nous pouvons en lisant cette vie penser à tous les jeunes couples que nous connaissons, ceux de nos familles, de nos amis, de nos voisins… les 5 couples de notre paroisse qui vont se marier en juin ou août. Pour vous qui êtes mariés, songez à vos jeunes années toujours présentes et vivantes en vous, cherchez un peu, ce n’est pas loin ! et prenez non pas un coup de vieux mais un coup de « jeune » !... dans le sens de l’esprit d’enfance de Jésus.
Avec mon amitié.
Intentions de prière : nous prions pour tous les malades, les personnels soignants, tous ceux qui assurent la vie de notre société (commerçants, force de l’ordre…). Nous demandons au Seigneur la grâce que l’épidémie cesse. Nous prions les uns pour les autres dans une grande amitié spirituelle.
La Parole de Dieu.
1ère lecture : 2ème livre de Samuel 7/4-…16
Promesse faite à David pour Dieu que le Messie sera dans sa descendance. Ce qui s’est réalisé quand Joseph a accepté de prendre Marie pour épouse et d’être le père du Fils né en elle de l’Esprit Saint.
Psaume 88
Rappel des promesses faites par Dieu à David concernant le Messie son lointain Fils
2ème lecture Romains 4/13-… 22
St Paul rappelle l’exemple de la foi d’Abraham. Celle de Joseph est de la même trempe !
Croire qu’on va avoir un fils alors qu’on est âgé et au-delà des possibilités humaines d’enfanter…et croire, quand votre fiancée vous révèle qu’elle est en enceinte de l’Esprit Saint : Même audace, même foi, même saut dans l’inconnu, même confiance en la Parole du Dieu Vivant… Même fécondité dans le Dessein de Dieu.
Evangile de St Matthieu 1/16-24
Non pas doute de Joseph !
Mais foi de Joseph qui le fait être plein d’effroi à l’idée d’accompagner la mère du Messie ! D’être associé à cette mission, il ne s’en croit pas digne. Alors il échafaude des stratagèmes. Dieu le conforte dans sa vocation et le confirme dans son couple. Tout devient lors possible, même dans l’extraordinaire et l’impossible !!!
Suite : Le beau couple de Joseph et Marie.
Joseph : en hébreu[1] le nom signifie « Dieu en donnera un autre ». Et de fait il y a aura un « autre Joseph » pour s’occuper du Christ mort, Joseph d’Arimathie.
Il est de la famille de David (= le Bien Aimé), roi d’Israël en l’an 1000 avant le Christ. Depuis l’exil à Babylone,[2] la famille royale était devenue très modeste mais très consciente de sa dignité.
Joseph vivait à Nazareth (en Galilée, nord du Pays) bien que la ville d’origine de la famille soit Bethléem (en Judée) où Joseph a toute sa famille.
Quand il épouse Marie, il a environ 18 ans. Il exerce le métier de « teknon » c’est-à-dire d’artisan au sens large, architecte, constructeur de maison, travaillant autant la pierre que le bois ou le fer. L’Evangile dit que c’était un homme juste, fidèle à Dieu et à l’Ecriture sainte.
Marie (= Dame), est de Nazareth et si les coutumes ont été appliquées, de la même tribu que Joseph, la tribu de Juda qui était celle de David. La tradition nous a donné les noms de ses parents : Anne (= la grâce) et Joachim (Dieu met debout). Elle a sans doute une sœur ou une demi-sœur à Nazareth qui a des enfants – les cousins du Christ – Joset, Jude et Simon.
Selon les coutumes du pays d’Israël, le mariage de Marie et Joseph fut célébré dans le village de Nazareth au cours d’une grande fête qui dura près d’une semaine. Les familles, les amis, les habitants du village, tout le monde était convié aux festivités. Au commencement, les garçons fêtaient de leur côté avec Joseph et les femmes avec Marie. Puis vint le moment officiel des noces : après la lecture du contrat de mariage et les prières dites par le père de la mariée et les fidèles, plusieurs jours de joie, de danses, de lectures de textes bibliques. A la fin, le marié et la mariée retournaient habiter chez leurs parents, pendant une année durant laquelle le jeune marié pouvait bâtir ou améliorer la future maison du couple. A l’anniversaire du mariage, le marié venait chercher sa femme et l’introduisait dans leur maison : commençait alors la vie commune.
Un jour, il est clair que Marie est enceinte. L’heureux événement commence à être connu dans le village. Personne n’est étonné : donner la vie est vraiment l’acte le plus merveilleux qu’un homme et une femme puissent accomplir. Personne ne sait le secret du jeune couple, personne ne sait comment Marie s’est trouvée enceinte avant qu’ils aient mené vie commune ; personne ne sait le drame secret du jeune marié qui d’abord, s’est cru indigne de devenir l’époux de la mère du Messie avant d’être invité expressément par Dieu à accomplir son rôle d’époux et de père…
Dans cet événement, les deux époux ont appris à se respecter l’un et l’autre, chacun dans leur vocation. Joseph accueille Marie comme Dieu la lui donne et Marie reconnaît que Joseph est lui aussi inspiré, il est celui que Dieu lui donne comme compagnon, elle se confie à lui dans toutes les péripéties de leur vie de couple. L’extraordinaire maternité est devenu le lieu de l’équilibre de leur couple. Tout le monde les voit heureux et selon la coutume, chacun dit à l’autre : « Dieu est bon ! Il a donné un enfant à Joseph »
Assez rapidement, au commencement de leur vie commune, le jeune couple a effectué un long voyage en Judée(plusieurs jours de marche) pour se rendre auprès d’une parente de Marie – Elisabeth (= mon Dieu est plénitude) et de son mari Zacharie (Dieu se souvient) – qui attendaient eux aussi un heureux événement : le couple est déjà un peu âgé et il a besoin d’aide. Marie reste environ 3 mois auprès de sa parente jusqu’à la naissance de Jean (= Dieu fait grâce) celui qui deviendra le Baptiste.
Puis vint la naissance de l’enfant de Marie. Elle eut lieu au plus mauvais moment, lors d’un voyage effectué en Judée, à Bethléem, pour un recensement. Le jeune couple fut reçu dans leur famille.
Marie accoucha dans la grotte que presque toutes les maisons de Bethléem possédaient : une femme ne peut accoucher en public, la loi et la bienséance ne le permettent pas !… la grotte, pièce chaude et à l’écart, est le lieu idéal pour Marie et les femmes qui l’aident dans son accouchement. La première visite est celle de bergers qui gardaient les troupeaux dans le voisinage. Ce qui place la naissance de Jésus soit à la fin du printemps, durant l’été ou au début de l’automne. Huit jours après, Jésus est circoncis[3], il entre dans le peuple saint et reçoit le nom de Jésus (=Dieu sauve)
Puis, après le rétablissement de la maman, 40 jours après la naissance, c’est le voyage à Jérusalem – 4 kms – et la montée[4] au Temple pour « racheter cet enfant » : coutume qui rappelle que « nous appartenons au Seigneur » et non à nos parents ! Marie porte l’enfant, Joseph les deux petites tourterelles, la famille accompagne sans doute et tous rencontrent Siméon et la prophétesse Anne. C’est le meilleur d’Israël rassemblé autour du Fils du Dieu Béni.
La Tradition chrétienne a retenu comme confidence que le couple n’eut jamais de relation conjugale, non pas parce que ce serait mauvais – toute la tradition biblique dit le contraire – mais parce qu’il n’était pas possible d’avoir un enfant après le Christ ! Mais ce fait n’a pas privé Marie et Joseph d’une véritable vie de couple, de tendresse, d’affection et d’intimité spirituelle très profonde. Dans l’histoire de l’Eglise, plusieurs couples ont connu la même expérience « pour un amour plus grand encore » selon la confidence de Raïssa et Jacques Maritain au début du 20èmesiècle.
Puis c’est l’installation à Bethléem. Un peu de temps a passé depuis la crèche… nous sommes dans une maison,…l’enfant a grandi, il peut avoir près de deux ans comme l’indique le massacre des Sts Innocents : Hérode qui « se fait préciser par les mages le moment où a brillé l’étoile » (Mt 2/7), « envoie exécuter tous les enfants dans Bethléem et dans toutes ses frontières, de deux ans et en dessous selon le moment qu’il s’était fait préciser par les mages. » (Mt 2/16) Joseph et Marie avaient donc continué à résider à Bethléem, pensant qu’il convenait sans doute au Messie d’habiter cette cité de David.
Ces Mages, nous les connaissons assez bien par les historiens de l’époque et par Hérodote. Prêtres, astrologues autant qu’astronomes, médecins… les mages sont des sages, des curieux du ciel et il n’est pas étonnant que Dieu ait pu leur faire signe… dans le ciel justement ! La conjonction d’astres dans un ciel plutôt immuable était toujours vue comme une annonce de la naissance d’un homme exceptionnel de même que l’apparition d’une nouvelle étoile.
Ces Mages, païens intrigués et mis en route par cet événement astrologique, ne savent pas bien ce qu’ils cherchent. Ils ont besoin d’Israël et des Saintes Ecritures juives. C’est le point capital : c’est Israël qui sait qui est l’homme exceptionnel qui vient de naître – le Messie du Seigneur – et qui sait où il faut le chercher : Bethléem, selon l’oracle de Michée. Comme dit Jésus à la Samaritaine avec une certaine brutalité : « Nous adorons nous qui nous savons, car le salut vient des juifs ». (Jean 4/22)
Ce qui est vécu aujourd’hui dans la maison de Bethléem n’est pas une jolie histoire pour les enfants. St Paul dans l’épitre nous l’enseigne : « le mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps et à la même promesse que les juifs ». Pendant des siècles, Dieu a tout fait pour séparer son peuple – les juifs – des nations païennes. Et les règles alimentaires étaient faites pour cela.
Mais maintenant, dans le Christ, « par l’annonce de l’Evangile », « les deux peuples sont réunis en un seul homme nouveau » dit encore St Paul (Eph. 2/15).
L’enfant Jésus reçoit la visite des juifs d’abord – les bergers - puis des païens - les mages. Les païens n’ont pas un chemin direct vers le Christ, qui se passerait d’Israël. Ils sont unis au peuple saint par le Christ et reçoivent de cette union réalisée dans le Christ, tous les dons promis par Dieu à Abraham : « en ta descendance se béniront toutes les nations de la terre. » ce qui sera accompli sur la Croix –« il a abattu le mur de séparation entre juifs et païens » (Eph 2/14) – s’inaugure aujourd’hui dans l’humble maison de Bethléem.
Commencent alors les turbulences, l’exil, l’inquiétude. La menace d’Hérode sur l’enfant les fait fuir vers l’Egypte pour se cacher. A la mort du roi en - 4, ils songent à rentrer à Bethléem. Mais l’arrivée sur le trône de d’Hérode, d’Archelaüs – pire que son père ! - les fait remonter, au retour d’Egypte, à Nazareth pour y habiter. (Mt 2/21-22).
NAZARETH, la patrie de Jésus qui va façonner son rapport au monde et son imagination : les paysages – de grandes plaines bordées de montagnes, la mer toute proche – la vie quotidienne que Jésus a tant observée et goûtée comme en témoignent toutes les paraboles, les gestes familiers, les attitudes, les petits côtés… la maison paternelle, les travaux des champs, le commerce à Séphoris la ville toute proche, le métier d’architecte artisan… Nous sommes tous façonnés par notre maison, notre ville, notre village… jusqu’à notre accent, et Jésus avait celui du Nord comme Pierre.
La famille de Jésus était pratiquante. Les célébrations du sabbat à la synagogue,[5] la liturgie domestique[6], les prières quotidiennes qui sanctifient bien des gestes de tous les jours et leur donnent toute leur profondeur… Et puis les pèlerinages[7] à Jérusalem, à la ville sainte, au temple « voir la Face de Dieu »… Au cours d’une de ces fêtes à Jérusalem,(Luc 2) Jésus est resté fasciné par le Temple et par la recherche spirituelle des docteurs. Il dialogue avec eux, posant questions, donnant des réponses à leurs questions… Admiration mutuelle des docteurs et du Christ. C’est la même passion qui court à travers toute le peuple : mieux lire la Loi pour mieux la connaître, cette Parole Sainte, pour mieux la vivre. C’est pourquoi, à chaque synagogue est attachée une école : en Israël, ils sont nombreux les garçons, elles sont nombreuses les filles à savoir lire et écrire (elles étudient à la maison) ! Marie et Joseph inquiets cherchent leur fils ! « Ton père et moi » dit Marie ! Si Jésus a accompli le rite de la Bar mistwa[8] durant ce séjour, il a entendu son père Joseph déclarer : « Béni soit l’Eternel qui aujourd’hui m’a déchargé de l’éducation de ce fils » D’où la question étonné du jeune Jésus : « Pourquoi me cherchiez-vous ? »
Et il redescendit soumis à Nazareth, sous la conduite de Joseph. Et c’est là dans l’ombre de la vie quotidienne, formé par Marie et Joseph que Jésus va grandir et devenir l’homme accompli qu’il est. Quelle discrétion, quelle humilité pour Dieu ayant pris une nature humaine en Jésus !
Au moment où il commence son ministère – au printemps de l’année 28 – Joseph est déjà mort sans que l’on sache ni quand ni comment. Depuis un certain temps tout de même, car dans on village, on appelle Jésus « le fils de Marie ».
[1] L’hébreu est la langue dans laquelle la Bible de l’Ancien Testament est écrite. Notre Bible catholique comprend deux parties :
A – Les textes que nous avons en commun avec les Juifs nos frères aînés qu’on appelle l’Ancien Testament. Ecrit en hébreu et en grec.
B – Les textes propres à Jésus et aux chrétiens le Nouveau Testament, écrit en grec.
[2] Cet événement capital pour le peuple d’Israël eut lieu en 587 avant Jésus Christ. Le peuple a été déporté en Babylonie, Jérusalem a été détruite, le roi tué… Grande désolation.
[3] La circoncision consiste en l'ablation du prépuce, c'est à dire la peau qui recouvre le gland du sexe masculin. Il est en Israël signe de l’Alliance entre Dieu et son peuple.
[4] La présentation de Jésus au Temple est fêtée le 2 février chque année, 40 jours après Noël.
[5] Salle d’étude de la Bible et de prière par quartier. Les hommes s’y réunissent chaque soir pour lire et étudier ensemble la Bible.
[6] Il y a beaucoup de gestes et de prières pour les repas, le lever, l’habillement… tout est dans la prière.
[7] A Jérusalem au Temple, au moins 3 fois l’an : à Pâques au printemps, Pentecôte au début de l’été et à la Fête de Tentes à l’automne.On peut y ajouter, chez les plus pieux comme Jésus et sa famille, Pentecôte et Hanoukka au mois de décembre.
[8] L’enfant devient un adulte « un fils du commandement divin » selon le sens du mot « bar mitswa ».
ANNONCE : Jean-Paul Baert nous signale la programmation de KTOTV